1990-2013, l’éventail n’est pas très large et pourtant voici dix préférés qui n’ont rien d’autre que le riesling en commun.
Domaine Zind-Humbrecht,
Clos Saint Urbain, alsace grand cru Rangen 2008
Le grand terroir volcanique du sud de l’Alsace, aux pentes impressionnantes, doit sa renaissance à la fin des années 1970 à l’intuition étonnante de Léonard Humbrecht, le père d’Olivier, qui le vinifie depuis 1986. Sa partie haute convient parfaitement à la production d’un vin de type sec, moins sensible au botrytis que la partie basse, près de la rivière, et très corsé, d’une rare capacité à se dépasser encore après dix ans de bouteille. Ungehauer, aurait dit Bismarck (« immense » en français) comme le cru du même nom en Palatinat.
Domaine Kientzler,
alsace grand cru Geisberg 2008
Une parfaite exposition plein sud, tout en petites terrasses soigneusement entretenues, le Geisberg est une des perles absolues du vignoble alsacien. Son sol riche en fossiles et en magnésium est idéal pour le riesling qui part dans la vie discret et fluide, comme l’eau minérale de la source Carola qui naît à ses pieds et, peu à peu, prend des nuances d’un raffinement extrême. Depuis plusieurs générations, les Kientzler en exaltent l’élégance naturelle, dans un type sec, mais sans amertume ni dureté.
Domaine Pfister,
alsace grand cru Engelberg 2007
Les vignobles du Bas-Rhin, plus proches de Strasbourg et de ses évêques, grands connaisseurs en vin, ont connu la gloire et le riesling sans doute bien avant le secteur de Colmar, mais n’ont pas eu la chance de connaître des vignerons et des négociants pour être appréciés à l’étranger. Une nouvelle génération, dont Mélanie Pfister est l’une des plus brillantes représentantes, leur rend enfin justice et on peut admirer toute la finesse d’expression et la subtile minéralité de terroirs marno-calcaires en tout point dignes de leurs homologues du sud.
Domaine Weinbach,
alsace grand cru Schlossberg 2012
Le fameux granit à deux mica donne à de nombreux grands crus proches de Colmar une souplesse et un fruité prestigieux qui les fait admirer à tout âge. Colette Faller et sa fille Catherine ont raffiné à un degré remarquable les techniques de vinification à partir d’un vignoble respectueusement travaillé, et laissent à Théo, fils de Catherine, un patrimoine dont il doit se montrer digne.
Domaine Trimbach,
alsace Clos Sainte-Hune 2005
Le clos Sainte-Hune fait partie intégrante du grand cru Rosacker, mais son nom l’avait rendu célèbre à travers la planète avant la création des grands crus d’Alsace. Sa longévité, sa race, son éclat, sa grande finesse et, évidemment, une extraordinaire série de millésimes très bien vinifiés par deux générations de la famille Trimbach, en font le vin alsacien le plus recherché dans le monde.
Domaine Hugel & Fils,
alsace Vendange Tardive 1998
Le regretté Jean Hugel, oncle d’Étienne et de Marc, a largement contribué à définir les critères de production des vendanges tardives et des sélections de grains nobles alsaciennes. Pour le riesling, les vendanges doivent être manuelles, le vin non chaptalisé et le moût supérieur à 220 grammes de sucre (13 à 13,5 % d’alcool potentiel). Chez Hugel, comme chez tous les bons producteurs, les normes sont encore plus sévères et souvent les VT dépassent 15 % d’alcool potentiel, sous l’effet de l’augmentation de la richesse en sucre par le passerillage ou le botrytis et, évidemment, des vendanges retardées. Le vin provient toujours du grand cru Schoenenburg de Riquewihr, marno-calcaire et gréseux, tardif, très sujet au botrytis, qui confère une extraordinaire race aromatique au bouquet du vin où l’on croit percevoir souvent une note de quina ou d’orange amère qui équilibre à merveille la forte acidité et le sucre résiduel. 2008, parfaitement à point aujourd’hui, est un modèle du genre.
Weingut (domaine) Von Bühl,
Forster Ungeheuer 2013
L’Ungeheuer, cousin allemand du Rangen de Thann, se situe en Palatinat. Il produit un des rieslings les plus corsés d’Allemagne. L’Alsacien Mathieu Kauffmann, après Bollinger à Aÿ où il avait produit de glorieux millésimes, a rejoint le domaine en 2013. Premier millésime et coup de maître ou comment conduire un moût de riesling proche de 14 degrés sans sucre, sans lourdeur et sans amertume et d’une extraordinaire amplitude de texture.
Weingut Georg Breuer,
Rüdesheimer Berg Schlossberg 2008
Voilà plus de dix ans que Bernhard Breuer nous a quittés. Ses brillantes intuitions et son don de vinification ont inspiré toute une nouvelle génération dont sa fille Térésa, aussi volontaire et perfectionniste que lui. L’imposant coteau du Berg, avec ses larges terrasses qui surplombent le Rhin, au confluent de la Nahe, mérite sa notoriété. Le sol de schistes rouges du Schlossberg donne le vin le plus racé, où l’on retrouve parfois l’orange amère du Schoenenburg alsacien.
Weingut Dr. Loosen,
Wehlener Sonnenuhr Auslese 2008
Le coteau d’ardoises bleu-noir du Sonnenuhr (qui signifie « cadran solaire » en allemand) de Wehlen incarne toutes les qualités de finesse et d’harmonie du cœur de la Moselle allemande. On y trouve beaucoup de vieilles vignes non greffées en très haute densité de plantation (pas de phylloxera sur l’ardoise locale). Ernie Loosen reste fidèle à des vins classiques avec un équilibre idéal. Son 2008 est d’un fruité et d’une harmonie fascinants.
Weingut Egon Müller,
Scharzhofberger Beerenauslese 1990
Le vin le plus légendaire et le plus coûteux d’Allemagne. Petite quantité et 25 ans de vieillissement l’ont rendu encore plus rare tout en affirmant sa finesse et son éternelle jeunesse. Egon Müller sait comme nul autre favoriser le développement de la pourriture noble sur le coteau schisteux pentu surplombant la Sarre. Il sait aussi prendre des risques en limite nord de la culture de la vigne pour obtenir la maturité qui exprime son terroir.