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Le Gorille Blanc


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Menus : Formule à 16€ (au déjeuner, en semaine)
Accueil : jusqu’à 22h30. Terrasse. Fermé le dimanche.

4, impasse Guéménée – 75004
Métro : Bastille ou Saint-Paul
01 42 72 08 45
www.legorilleblanc.fr
Bernard Arény, Dominique Dubert

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Ne vous étonnez pas de voir figurer sur les murs de cette demeure du Marais (pierres, poutres et brocante), qui fut aussi une table de Maigret avec sa plaque en cuivre, des photos et dessins d’un gorille blanc : le patron, basque, a vécu en Afrique et a connu ce spécimen unique à ce jour. Et si l’on sent une petite pointe d’exotisme à la carte, le registre reste traditionnel, à tonalité sud-ouest, et fort bien réalisé.

À LA CARTE:

  • Velouté à l’oseille, patate douce et lait de coco 9€
  • Filets de maquereau marinés à l’orange 8€
  • Fondant de petits pois aux amandes et salade de roquette 7€

 

  • Confit de canard croustillant et pommes de terre paysannes 18€
  • Rognon de veau poêlé, spätzles et sauce moutarde 19€
  • Rognon de veau poêlé, spätzles et sauce moutarde 19€

 

  • Crème brûlée à la lavande 8€
  • Panna cotta au café 8€

 

Notre sélection

  • Châteauneuf-du-pape Vieilles Vignes 2009, Domaine de Villeneuve 66 €
  • Vouvray moelleux Le Mont 2009, Domaine Huet 49 €
  • Coteaux-du-languedoc-pic-saint-loup, Château de Lascaux 2010 29 €

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DÉCOUVREZ LA SÉLECTION LEBEY

LOGO-LEBEY

 

Un dîner Faiveley

Vendredi soir, à l’initiative du caviste parisien Crus, l’un des plus grands domaines bourguignons fera l’objet d’un menu tout particulier pour lequel il faut vite réserver sa place (en écrivant à [email protected]), juste avant de se plonger dans la lecture de cette histoire-. Accordée à un menu spécialement conçu pour l’occasion, la dégustation de vins du domaine Faiveley proposée par la maison Crus aux amateurs mettra en évidence « la qualité du tandem » formé par Bernard Hervet et Erwan Faiveley et leur recherche de perfection et de justesse aromatique et portera sur les vins ci-après.

Blanc :

Mercurey « Clos Rochette » 2013,

Meursault 1er Cru « Blagny » 2011. 


Rouge :

Mercurey 1er Cru « Clos du Roy » 2012, 

Beaune 1er Cru « Clos de l’Écu » 2011, 

Nuits Saint-Georges 1er Cru « Les Porêts Saint-Georges » 2011,

Gevrey-Chambertin 1er Cru « Clos des Issarts » 2011.

Domaine des Deux Roches, Saint-Véran


 

Cuvée PRC, blanc 2012

L’actualité de ce domaine qualitatif du sud bourguignon voit la reprise du domaine Rijckaert connu également pour ses vins du Maconnais mais également pour ses juras de qualité.
Ne cherchez pas de signification ésotérique ou décalée au nom de la cuvée, c’est tout simplement un assemblage des climats Pommards, Roncevaux et Carrettes.
Le vin a évolué favorablement en bouteille depuis notre dernière dégustation. Il est désormais en place. Fin, frais, long, très mûr, racé, c’est une bonne définition du style de Saint-Véran.

 

16/20

Environ 16,60 euros la bouteille
CONTACTER LE PRODUCTEUR


Le domaine est issu de l’association de Jean-Luc Terrier et Christian Collovray. Non seulement il a prospéré en s’adjoignant une petite structure de négoce au nom de ces deux amis d’enfance, mais il a aussi exporté son savoir-faire en reprenant le château d’Antugnac à Limoux. Il produit également « Les Vignes de Joanny », issues du vignoble en bio de Julien Collovray, le fils de Christian, de plus en plus impliqué, et désormais associé à Florent Rouve dans la reprise Rijckaert. C’est dire le dynamisme de cette maison, désormais incontournable dans le Mâconnais ! Le cœur de gamme reste les saint-vérans, dont la famille exploite une mosaïque de terroirs cultivés et vinifiés avec recherche et précision.

deuxroches

Classé ne puis, bourgeois je suis


Avec trente millions de bouteilles, le tiers de la production du Médoc, les deux cent cinquante-six châteaux de l’Alliance des crus bourgeois revendiquent une offre qualitative et abordable. Encore en quête de reconnaissance, mais bienvenue dans un contexte de crise.


 

À SUIVRE >Jeudi 11 décembre : la dégustation…

Jean-Michel Marle, qui dirige Château Belle-Vue, « le plus margaux des haut-médoc, 13 % d’alcool, 87 % de passion », a le sens de la formule. « Avec les crus bourgeois, on a la sensation de rouler en Ferrari pour le prix d’une Twingo. Le cahier des charges du label nous rapproche de l’exigence des grands crus classés, mais nous ne commettons pas de péché d’orgueil, nous ne sommes pas dans le luxe, nous visons la partie premium du marché avec des quantités suffisantes et des prix accessibles. Un vin à 20 euros n’est pas forcément cinq fois moins bon qu’un vin à 100 euros. Belle-Vue (entre 17 et 22 euros selon les millésimes) est à la fois distribué par la place de Bordeaux et disponible chez Auchan, notamment pendant la Foire aux vins. » Une aubaine pour les amateurs et une période-clé pour Frédéric de Luze, président de l’Alliance des crus bourgeois du Médoc. « Le contexte économique nous sert. Les vins chers se vendent moins, les distributeurs cherchent des vins attractifs qui présentent des volumes importants. Les consommateurs, eux, sont en quête de bons rapports qualité-prix et veulent être sûrs de ce qu’ils achètent. C’est ce qu’ils trouvent avec la famille des crus bourgeois. Les prix vont de 7 à 25 euros et les vignerons s’engagent sur la qualité et la traçabilité. » Mi-septembre sera dévoilée la nouvelle sélection officielle consacrant le millésime 2012. Comme chaque année depuis le millésime 2008, le nombre devrait avoisiner les 250 châteaux (il y en avait 256 pour le 2011). Sur les huit appellations médoc, haut-médoc, listrac-médoc, moulis, margaux, saint-julien, pauillac, saint-estèphe, les trois quarts des vins proviennent des deux premières et 15 % des trois plus prestigieuses.
Comment devient-on bourgeois ? « La démarche valide la qualité d’un vin sur un millésime pour un volume donné et la garantit au consommateur », résume Frédéric de Luze. Chaque domaine et chaque étape de la labellisation sont contrôlés et certifiés par l’Alliance et par le bureau Veritas. Un comité de dégustateurs définit dans un premier temps le vin « référent » du millésime à l’aune duquel ceux des candidats seront ensuite dégustés et notés à l’aveugle par six experts qui ne se concertent pas. Si la moyenne des notes obtenues est supérieure ou égale à celle du référent, le vin est agréé “cru bourgeois”. Chaque bouteille est obligatoirement dotée du sticker du label, sécurisé et à code unique. « Les Anglais, qui veulent des vins avec une histoire, faciles à boire, de qualité et à bon prix, ont été les premiers à s’intéresser à nous », poursuit le président de l’Alliance. « Ils s’étaient détournés des bordeaux, ils y reviennent avec les crus bourgeois. La Chine est en forte croissance, 167 crus bourgeois y sont déjà distribués. Aux États-Unis, en un an, on est passé de 120 à 180 vins référencés, tous millésimes confondus. Le marché français, lui, s’y est mis plus tard. »
Si la dénomination remonte au XVe siècle, si les courtiers de la place dénombrent 444 crus bourgeois en 1932 et si un syndicat est créé en 1962, c’est seulement en 2003 qu’un arrêté ministériel homologue le premier classement officiel des crus bourgeois du Médoc qui consacre 247 châteaux. Problème, les 243 recalés portent l’affaire devant les tribunaux et le classement est invalidé en 2007. Inimaginable cependant de se priver du label. Le président de l’Alliance, à l’époque Thierry Gardinier (Phélan-Ségur), élabore une nouvelle démarche de sélection qualitative des crus bourgeois du Médoc homologuée en 2009 par les pouvoirs publics et mise en œuvre en 2010. On ne classe plus, on labellise, sous le contrôle du bureau Veritas. Mais les catégories “cru bourgeois”, “cru bourgeois supérieur”, “cru bourgeois exceptionnel” disparaissent. Nouveau problème. Les exceptionnels et certains supérieurs se retirent, estimant que leur nom ou leur appellation suffit à leur promotion. « Tout cela est derrière nous », assure Frédéric de Luze. « Avec le 2012, nous en sommes à notre cinquième millésime, nous installons la marque. »

Une nouvelle révolution se prépare chez les crus bourgeois

Aujourd’hui, tout en conservant des critères de sélection et un cahier des charges exigeants, 80% des membres souhaitent à nouveau définir une élite. Et ne plus remettre en jeu leur « titre » chaque année. « Pas de péché d’orgueil mais deux raisons à cela, explique Frédéric de Luze : les consommateurs doivent savoir pourquoi tel cru bourgeois coûte 8 euros et tel autre 25 ; et être en mesure de retrouver sur plusieurs millésimes le vin qui les a séduit. Etre cru bourgeois une année, ne plus l’être la suivante, ce qui est le cas actuellement si le vin n’atteint pas l’exigence de qualité définie pour le millésime, déstabilise l’amateur, les propriétés et les distributeurs. Mais la famille a beaucoup progressé, il est temps d’évoluer ». Révolution avec l’assentiment de la majorité qui verra son accomplissement en 2016 avec le millésime 2014. Didier Cuvelier, propriétaire de Léoville Poyferré, 2e grand cru classé de saint-julien, de château Le Crock, cru bourgeois de saint-estèphe, et dont le frère Olivier est vice-président de l’Alliance, prédit déjà « le retour de certains », ex supérieurs ou exceptionnels. Quand d’autres claquaient la porte au nez de la famille, estimant que leurs seuls nom ou AOC suffisaient à leur prestige, lui est resté fidèle. « Les crus bourgeois sont une marque forte qui fait partie de notre patrimoine. Il aurait été stupide de s’en passer ».

Pour Jérôme Bibey, gérant de Château Labadie (Médoc), vainqueur 2014, qui réalise 70 % de ses ventes en France et 30 % à l’export, « le label est un gage de qualité. » Jusqu’à présent, la moitié de sa production était en cru bourgeois. Pour le 2012, ce sera la totalité. « C’est une très belle vitrine. Quant à la coupe, c’est motivant, c’est une reconnaissance supplémentaire qui me permet de mieux vendre, en l’occurrence 8 000 bouteilles de plus pour le 2011, et j’ai pu majorer mon prix. » Même satisfecit au Château Belle-Vue, dont 100 % de la production est en cru bourgeois, soit 90 000 bouteilles : « Les trois fois où nous avons été distingués par la coupe, nos ventes ont bondi de 20 à 25 %. L’impact du label lui-même n’est pas chiffrable, mais la mention cru bourgeois est un critère indiscutable. Revendiquer une marque forte qui existait avant le classement de 1855 est un élément important dans ce contexte ultra concurrentiel et dans le rapport qualité-prix où nous nous trouvons. C’est aussi consubstantiel de la force de notre propre marque. » Avec 80 % des ventes réalisées à l’export, il précise qu’être un cru bourgeois est un prérequis pour les professionnels chinois et européens. « Certes, l’effort financier n’est pas neutre (la cotisation à l’Alliance, en hausse de 30 % l’année dernière, est calculée sur le nombre d’hectolitres labellisés, NDLR), mais c’est marginal par rapport au coût de production. Et l’optimisation coût-efficacité est remarquable. ».
Message entendu par l’Alliance qui consacre une grande partie de son budget à la promotion de ses châteaux « tous si différents », vignobles de deux hectares ou de plus de cent qui sont la propriété de familles (tels Paveil de Luze, Taillan, Le Crock), d’investisseurs privés (Lilian Ladouys, Branas-Grand-Poujeaux) ou institutionnels (Blaignan et La Tour de Mons) ou qui sont des actifs de grands groupes comme Castel (Barreyres) ou Fayat (Clément-Pichon) et dont les vins peuvent être distribués par la place de Bordeaux ou vendus en direct. « Dans les prochains mois, nous serons présents sur une centaine de manifestations pour le grand public et pour les professionnels, soit une tous les trois jours », indique Frédéric de Luze. Favoriser la découverte des vins au château est également un objectif au programme, via un circuit œnotouristique des crus bourgeois du Médoc. À suivre.

Béatrice Brasseur

Maximilian, le onzième des Riedel

C’est un village de bout de vallée autrichienne, pimpant et attendu, avec les géraniums aux balcons, les neiges éterrnelles et les vaches dont on sent très bien qu’elles sont là, tout autour. Nous sommes tout près de la fameuse station de sports d’hiver de Kitzbühel. L’endroit s’appelle Kufstein et c’est là qu’est installée depuis longtemps la cristallerie Riedel. Aujourd’hui, Maximilian Riedel a pris les rênes de l’entreprise des mains de son père Georg, figure emblématique du verre œnologique….lire la suite sur le blog bonvivant

Duclot, une marque uniquepour les particuliers

La toute récente fusion de l’enseigne de distribution parisienne 3C-Châteaux Cash&Carry et du site internet Chateaunet, deux entités détenues par le négociant bordelais Duclot, vient de donner naissance a une marque unique d’achat de vins en ligne et en magasins, « Chateaunet ». Dans les deux cas, les amateurs ont accès depuis début décembre aux mêmes produits (plus de 2 000 références issues d’un stock de plusieurs millions de bouteilles) et aux mêmes prix. Créé en 1999 – ce fut l’un des tout premiers acteurs du commerce de vin en ligne, le site internet a été doté de nouvelles fonctionnalités ergonomiques, notamment l’accès depuis un smartphone. Grâce à sa nouvelle synergie avec les magasins, les internautes se voient offrir le choix de se faire expédier leur commande ou de venir la chercher à Malakoff (92), Saint-Denis (93) ou Martignas (33).

ChateaunetHomeSi les dégustations régulièrement organisées pour découvrir les vins et, parfois, rencontrer un vigneron de passage sont accessibles à tous les clients, un tout nouveau « club » permet aux plus fidèles d’entre eux de bénéficier d’avantages exclusifs (remises, conseils personnalisés sur la constitution de sa cave ou les accords mets-vins). Les bordeaux constituent depuis toujours le cœur de l’offre de ce négociant installé en 1886, mais la gamme s’est enrichie de vins de Bourgogne, du Rhône, de la Loire et d’autres vignobles encore, français et étrangers, eux aussi systématiquement achetés aux domaines. Elle couvre également un grand nombre de millésimes, de formats, de la demi-bouteille au nabuchodonosor (l’équivalent de vingt bouteilles) et de prix, de 4,90 à plusieurs milliers d’euros.

Visuel Chateaunet1

Malartic-Lagravière 2014


A l’heure où les vins commencent à s’exprimer (en blanc, « sauvignons comme sémillons sont absolument superbes, tendus, racés, très aromatiques et avec de belles acidités », en rouge « les merlots sont denses, ronds, opulents et offrent beaucoup de volume, les cabernets sont très droits, purs et longs, d’un fruit éclatant, presque solaire, à la sucrosité marquante, les cabernets francs montrent des notes florales très élégantes et les petits verdots arborent une expression très typique, poivrée, épicée, cerise griotte »), le château Malartic-Lagravière qualifie la météo de 2014 de compliquée mais salvatrice.

Un travail approfondi des équipes, des pratiques culturales “bio-exigeantes” où la maîtrise de l’agriculture raisonnée est poussée au plus loin et un mois de septembre exceptionnel ont permis de de récolter « des raisins très concentrés donnant des moûts puissants et aromatiques, tendus par de très bonnes acidités. » Cet équilibre parfait a été obtenu par un travail d’arrache-pied sur les parcelles de ce grand cru classé de Graves dont la remise à niveau culturale a été amorcée en 1997.

Tout au long de la période végétative, il a fallu contrebalancer les conditions climatiques très particulières : échardages exhaustifs, rognages très réguliers pour contenir la pression sanitaire et préserver l’essentiel du feuillage, effeuillages précoces, des deux côtés à la mi-août pour garantir le développement aromatique des blancs et un état sanitaire parfait, vendanges en vert pour réguler les maturités des rouges. Les vendanges se sont terminées le 21 octobre sous un soleil toujours radieux, promesse d’un bel avenir pour un millésime 2014 « qui devrait au moins égaler les dernières plus belles réussites de Malartic. »

La révolution Coppola

J’ai rendu visite au mois d’août dernier à Philippe Bascaules, qui dirige depuis trois ans le domaine californien de Francis Ford Coppola, Inglenook, installé à Santa Helena au cœur de la Napa Valley. Le hasard de nos pérégrinations viticoles m’a fait redéguster l’ensemble de ces vins à l’autre bout du monde, à Shanghai. Dans les deux cas, leur équilibre, leur fraîcheur, leur fruit et leur finesse tannique m’a énormément impressionné. Je reviendrai en détail sur cette propriété historique prochainement, mais je voudrais ici m’arrêter sur l’inflexion brillante qu’a apporté Bascaules au style des vins du domaine et sur le choix fort qu’il a fait. Clairement encouragé par son propriétaire, Bascaules a recherché en priorité le fruit rouge plutôt que le fruit noir confituré, la fraîcheur en bouche plutôt que la richesse alcoolique, le soyeux des tanins plutôt que la puissance de la charpente, bref l’équilibre plutôt qu’un caractère massif. Il a ainsi joué sur tous les paramètres viticoles, rendements, maturité du raisin et, surtout, gestion de l’eau (puisque la Napa utilise généreusement le goutte à goutte) pour redéfinir drastiquement le style de ces vins. En faisant cela, il renoue avec un style californien inspiré des grands bordeaux que les illustres Beaulieu vineyards et, justement, Inglenook des années cinquante et soixante avaient porté haut, mais que la Californie contemporaine avait largement oublié.
Ce retour à un style fondé sur la buvabilité est brillant – et risqué, tant il va à l’opposé des habitudes de la production et des notes des critiques locaux – et il dépasse largement le cadre d’Inglenook. Il existe peu de domaines où l’on n’échappe pas à une uniformisation des goûts et des philosophies de production : la mode, la gastronomie ou le cinéma nous en fournissent des preuves tous les jours. En allant drastiquement à l’encontre de la tendance générale, le tandem Coppola-Bascaules rappellent avec panache le mot clé du grand vin : l’équilibre.

"Des résultats très différents d'un guide de vins à l'autre"


Interview réalisée pour Les Echos par Hélène Dupuy


La « méthode » Accad 1978/1998 (suite)


Le Cas Pernin Rossin et la « méthode » Accad 1978/1998 – Deuxième partie


 

À LIRE >Le Cas Pernin Rossin et la « méthode » Accad 1978/1998 – Deuxième partie…

Il était tout le contraire de sa réputation de dernier « recours » pour les cuvées abîmées que tous ses autres confrères renonçaient à « corriger ». J’aurais ici la charité de ne pas révéler le nom de domaines célèbres et très médisants pour lui, dont j’ai vu passer des échantillons épouvantables dans son petit laboratoire de Nuits, apportés par eux en désespoir de cause. Pour avoir tout essayé, il s’était forgé une vraie morale pour ses bons clients : donner au sol la nourriture dont il a besoin et seulement elle, sans aucun apport de potasse, grâce à des analyses précises de terre qu’il était le seul à faire faire. Il demandait au vigneron de vendanger le raisin le plus mûr possible, sans jamais corriger son tannin ou son acidité, et il contrôlait avec précision la cinétique des fermentations, en mathématicien virtuose, comme souvent avec les œnologues libanais. Il avait compris en 1978 en vinifiant la récolte des hospices de Beaune (qui n’ont rien conservé de ce millésime hélas) l’intérêt d’un raisin rentré froid dans le cuvier et les effets d’une macération pré fermentaire à basse température aussi longue que possible. La polémique est née de la protection en soufre de cette phase fermentaire. Pour avoir assisté à quelques vinifications dans ma phase d’apprentissage chez Confuron, je peux certifier qu’il n’utilisait que 1,5 à 2 litres de solution de SO2 par tonne de raisins, soit 10 à 12 grammes /hl une dose pas si importante que cela, et encore très fréquente chez nombre de grands viticulteurs actuels.

Mais comme les choses s’enflent facilement dans le petit monde paysan et jaloux de la côte d’Or l’œnologie officielle avait décrété que le protocole suicidaire de vinification accadien était de 5 à 6 litres de solution, et qu’il fallait le combattre énergiquement, sans même se demander si avec cette dose le raisin est encore capable de fermenter ! La femme de Guy tenait parfaitement leur petit laboratoire, mais après leur séparation Guy s’est montré moins scrupuleux dans ses analyses œnologiques et s’est enfermé dans une recherche de l’extrême en matière de refroidissement du raisin, allant jusqu’à les congeler pour extraire davantage par le différentiel de température les anthocyanes contenues dans la peau des raisins, avec leurs précurseurs aromatiques.Il eut quand même en 1988 la bonne idée de retarder le plus possible dans une glorieuse arrière-saison la date des vendanges chez ses clients qui ont été les rares, je dis bien les très rares à cueillir les raisins au-dessus du degré minimum légal de 11,5° pour les premiers et grands crus, avec une réussite absolument remarquable. En revanche les approximations de ses analyses et sa fâcheuse habitude de ne vivre que la nuit et de venir dans les caves après 10 heures du soir ont peu à peu découragé ses clients.

André Pernin cessera de travailler avec lui à partir de 1987.Mais entre-temps Baudinet avait pris sa retraite et Pernin n’aura jamais plus confiance en ses tonneliers, entonnant tard, trop tard en barrique et n’arrivant plus à donner assez d’oxygène pour combattre les fortes réductions nées des cuves en plastique à chapeau flottant dont il s’était entiché. Ces réductions soufrées à dominante intense de bourgeon de cassis ont naturellement fait couler beaucoup d’encre. On a bien sûr accusé le vigneron de toutes les triches qu’on réservait pour soi, à commencer par celle d’ajout d’arômes aromatiques. Les services de la répression des fraudes ont dans leurs archives le nom de quelques figures connues qui ont largement triché par acidification illégale ou additions d’arômes, mais dans le cas Pernin il était évident que la stabilité de ces arômes de réduction ne pouvait venir que du ferment. Ce cassis était certainement une simplification du bouquet habituel du pinot noir mais au moins il permettait d’éviter les énormes défauts d’éthyls phénols produits par les levures bretannomyces si fréquents à cette époque, et les déviations acétiques qui l’étaient tout autant ! Les 1986 de pernin, exceptionnellement frais et issus de raisin mûr (12°8 naturels pour la Richemone, que j’ai en partie vendangée) mais au fort arôme de bourgeon de cassis, commencent seulement aujourd’hui à diversifier leur bouquet même si le cassis perdure. Rappelons quand même que le cassis est un des marqueurs naturels de certains terroirs de Nuits Saint-Georges. Ils ont encore aujourd’hui une vivacité et un éclat que j’aimerais bien trouver chez les autres. Christophe Perrot-Minot, un des vinificateurs les plus accomplis et idéalistes de sa génération a beaucoup aimé ces Richemones, et vinifie désormais pour lui les vins de ce climat : il doit bien s’amuser devant la légèreté de certains commentaires qu’on aimerait croire plus naïfs que perfides !