Accueil Blog Page 488

Chambertin

chambertin

Avec 12 hectares 90 ares 31 centiares, c’est le cœur historique de l’ensemble, le champ d’un certain Bertin qui aurait imité les moines de Bèze en défrichant la terre voisine et en la plantant en vigne comme eux. Mais c’est le fameux Claude Jobert qui va rendre le cru célèbre dans la première moitié du 18e siècle en nommant d’ailleurs Chambertin ses vignes du clos de Bèze.

En fait, depuis la nuit des temps la vigne du Chambertin proprement dit a toujours été morcelée. Le journaliste, écrivain et homme politique, Jean- François Bazin rappelle qu’on comptait douze propriétaires en 1829, quinze en 1910, vingt-cinq en 1990.

Situé directement sous le bois qui coiffe le coteau et descendant jusqu’à la route des grands crus, le chambertin possède un dénivelé de plus de vingt mètres, avec une pente beaucoup plus forte dans sa partie haute. Au dessus, la marne blanche tranche avec la couleur brun-rouge du bas où la terre semble plus profonde, moins sujette au ravinement.

Mais le plus surprenant est la nature des courants d’air avec un tout petit couloir de vent froid issu de la combe Grisard et qui retarde un peu la maturité du raisin, sur les parcelles des domaines Tortochot, du clos Frantin et la partie haute du domaine Rousseau.

Ce vent froid disparaît complètement de la partie nord du cru, en limite du clos de Bèze (vignes Damoy, Rebourseau, Leroy- Elvina et Prieur) dont le raisin peut mûrir une semaine avant. L’idéal serait d’avoir des parcelles couvrant toute la pente mais les hasards des constitutions des propriétés l’ont permis sur le clos de Bèze et moins sur le Chambertin .

Les domaines Trapet, Rossignol- Trapet, Camus et, pour partie, les héritiers Latour et un hectare du domaine Rousseau sont seuls à avoir cette chance. Mais même dans le cas de parcelles découpées dans le sens de la pente, le micro-climat du côté Latricières sera toujours un peu plus froid qu’à l’approche du clos de Bèze .

Typicité

Comparé à ses voisins directs, le chambertin à sa naissance est toujours un peu plus strict et austère dans sa définition aromatique, plus ferme dans son tannin, plus linéaire dans sa forme, plus lent à vieillir.

Beaucoup sont encore inférieurs à ce que le public attend : les raisins sont souvent rentrés à maturité insuffisante (largement inférieure à 12°) sur des vignes pas assez soigneusement cultivées, trop chargées, mal équilibrées dans leur feuillage.

Ces raisins ne donneront jamais le nectar dont tous les livres parlent. De mauvais partis pris de vinification comme le chauffage excessif de la vendange, des extractions de tannins trop violentes et surtout des corrections intempestives et souvent stupides (chaptalisation calamiteuse de plus de deux degrés dans les années 70 et 80, acidifications systématiques ou l’addition précautionneuse de tannins exogènes) ont trop souvent masqué le naturel véritable du raisin par des arômes cuits ou animaux aussi lourds que vulgaires.

Mais si l’on travaille avec plus de précision ou de discipline d’un millésime sur l’autre, une constante apparaît : le raisin atteint une vraie maturité de peaux avec un peu moins de richesse en sucre que sur les terroirs plus sudistes du clos de Vougeot, de Vosne-Romanée ou de Nuits-Saint-Georges. Il donnera donc un vin moins capiteux, mais paradoxalement plus marqué par une saveur de réglisse de raisin complètement mûr.

Avec l’âge et d’autant plus que le raisin aura mécaniquement été plus respecté (vendanges plus ou moins entières, comme au domaine Leroy ou délicatement égrappées) cette note reglissée évolue vers la violette et, après vingt ou vingt cinq ans en beau millésime, vers la rose fanée, un arôme particulièrement noble et émouvant.

Les vins mythiques

Un grand chambertin affirme vraiment sa différence ou sa supériorité à trente ans d’âge ou même davantage comme le montrent le sublime 1949 du domaine Trapet, les merveilleux 1961 de Remy, les 1962, 1964, 1969 de Leroy ou les incroyables 1945 de Faiveley (que je soupçonne d’ailleurs provenir du clos de Bèze), de Camus ou de Rousseau.

Quand on tombe sur la bouteille parfaite, épargnée par le bouchon et conservée en cave fraîche, on reste éberlué par le fait que le vin a conservé toute l’intensité et la jeunesse de sa forme avec un bouquet irradiant et kaléidoscopique où la fameuse note de réglisse se reconstitue miraculeusement à partir d’innombrables nuances de cuir frais, de musc, de rose-pivoine, de réséda, de vanille-bourbon délicatement maltée dont la subtilité, le cachet et la poésie vous tirent littéralement des larmes d’émotion.

Dans le cas du vin du domaine Rousseau, autre référence indiscutable depuis plus d’un demi-siècle, où la partie plus haute du cru joue un rôle important, cette saveur reglissée se minéralise davantage et tend à rejoindre l’esprit du clos de la Roche de Morey avec un peu plus de finesse et de tension dans la saveur.

Déviations

Mais tous les chambertins à la saveur appuyée de cuir et de renard doivent leur caractère plus à des déviations fermentaires qu’au terroir. Leurs producteurs commencent à en prendre conscience et, dans le futur, on trouvera peut être plus d’homogénéité dans la qualité et on pourra mieux vérifier l’hypothèse intuitive suivante : Chambertin tend à s’affiner progressivement du sud au nord et gagne peut-être en élégance aromatique ce qu’il perd un peu en individualité.

C’est donc en son « centre » (des vignes des héritiers Latour aux dernières vignes de Camus) qu’il est peut être le plus lui-même. Bien entendu, tous les contre exemples possibles et imaginables se rencontreront en dégustation et c’est sans doute mieux ainsi.

Michel Bettane
Crédit photo : BIVB / MONNIER H.

Charmes-Chambertin et Mazoyères-Chambertin

Charmes Chambertin

Avec plus de trente hectares la réunion de ces deux climats (12 ha 24 a pour Charmes et 18 ha 58 ca pour Mazoyères) sous le nom global de Charmes-Chambertin, plus facile à mémoriser en fait le grand cru de Gevrey le plus populaire et le plus accessible. C’est aussi celui qui est le plus difficile à décrire et à définir, voire à recommander, tant les différences de situation, de culture et vinification influent ici sur la qualité et la typicité des vins.

Le cas le plus désolant concerne les vins étiquettés Mazoyères, puisque quelques producteurs s’amusent à vendre sous ce nom leur cuvée la plus faible, réservant à leur vieille vigne, même situés sur les Mazoyères, le nom de Charmes. Pas étonnant alors que le vin soit indigne d’un grand cru.

Il y a ensuite les nombreuses différences de terroir. Si tous les Charmes-Chambertin et les Mazoyères bénéficient d’une excellente insolation, sous le Chambertin mais complètement abrités de l’influence des vents froids qui circulent au dessus d’eux, l’avis général est que les terres de la partie haute, celles qui bordent la route des grands crus, sont les meilleures. Mais comme leur niveau de viticulture a souvent été inférieur à l’excellence souhaitable, les vins ne brillent pas par une forte personnalité, mais plutôt par une indéniable finesse qui cache un manque cruel de corps.

On n’en dira pas autant de la partie fortement caillouteuse et accidentée du bas des Charmes qui grâce à des vignerons exceptionnels donne des vins nbso online casino reviews complets, moins réglissés que les cuvées récoltées de l’autre côté de la route, mais plus soyeux de texture et souvent plus affinés en vin jeune.

Le cœur des Mazoyères donne aussi des vins remarquables, plus chambertin dans leur goût et dans leur forme que les charmes, mais sans doute moins raffinés.

Enfin, la partie basse des Mazoyères est située trop en bas de pente pour produire des vins vraiment distingués et sur ce point la délimitation du cru a été en 1936 un peu trop laxiste.

Les vins vendus par le négoce n’ont pas toujours fait honneur à l’appellation. Ils ont tendance à manquer de caractère car faits à partir de raisins moins bien cultivés ou vendus par des producteurs parce qu’ils sont moins bons que ceux qu’ils gardent pour eux. Ce n’est heureusement pas le cas pour les deux Chambertin où des fournisseurs très consciencieux livrent des raisins ou des vins très accomplis.

Michel Bettane

Chambertin-Clos de Bèze

clos-de-bezeLe clos de Bèze est l’aîné des deux chambertins puisque fondé par les moines de Bèze au VIIe siècle. Mais paradoxalement il a fallu attendre plus de dix siècles pour que le champ de Bertin, son voisin, lui accorde l’honneur de le précéder de son nom.

Le vieux clos longtemps entouré comme il se doit d’une fière muraille (dont il ne reste hélas plus grand chose) étend ses 15 ha 38 a 87 ca au cœur de la côte, avec une exposition un peu plus tournée vers l’est et donc plus solaire que le Chambertin.

Comme ce dernier il repose sur des sols argilo-calcaires du Bajocien, un peu plus marneux et blancs dans sa partie haute, un peu plus bruns et ferrugineux dans sa partie basse, mais par chance presque tous les propriétaires possèdent des vignes s’étageant sur toute la longueur de la pente et bénéficiant donc de la diversité créée par l’érosion et par la nature. Ils sont donc en état de produire des vins porteurs de toute l’originalité du terroir.

La propriété est d’ailleurs moins divisée que celle du Chambertin : le principal propriétaire, le domaine Damoy, en possède le tiers. Contrairement à ce qu’on a souvent écrit et malgré leur proximité, le chambertin et le chambertin-clos-de-bèze (qui peut aussi porter l’appellation chambertin sans la mention de clos-de-bèze) se ressemblent peu.

Dans toutes les dégustations comparatives de vins jeunes, le clos-de-bèze apparaît plus souple, plus longiligne, plus raffiné dans sa texture que le chambertin.

Les notes caractéristiques de réglisse s’accompagnent de nuances florales plus nombreuses qui parfois rappellent le musigny. Il lui arrive de naître très discret et de désespérer ses producteurs par la lenteur de son évolution en cours d’élevage et sa timidité dans ses premières années de bouteille, mais son comportement au long vieillissement est sécurisant sauf comme ce fut le cas trop souvent dans les années 1970 et 1980 si les rendements n’ont pas été assez maîtrisés.

Michel Bettane
Crédit photo : BIVB / MONNIER H.

Latricières-Chambertin

Latricières-ChambertinÉtendu sur 7 hectares et 35 ares, le Latricières-Chambertin est le pendant du Mazis-Chambertin, côté sud, séparé du Chambertin au nord et du clos de la Roche au sud par un tout petit chemin.

Autant le coteau s’ouvre quand on se rapproche du village, autant la vigne en Latricières forme un tapis très étroit d’un peu plus de sept hectares, limité par un bois qui rafraîchit considérablement le micro-climat de la partie haute de la vigne.

Le sol y est très maigre ce qui explique peut-être le nom du lieu dit, le mot Tricières dérivant d’un mot latin signifiant terre stérile.

La petite partie proche des Combottes semble bénéficier d’un micro-climat un rien plus chaud, mais n’est pas celle qui à la dégustation donne les vins les plus complets. Ils semblent se situer à l’autre bout du climat, au voisinage direct du Chambertin.

Latricières-Chambertin donne certainement le vin le plus secret du village, celui qui est le plus mal compris par les experts étrangers qui reportent sur le cru les maladresses de vinification dont il a été souvent victime dans les trente dernières années.

La situation s’arrange et l’on perçoit parfaitement aujourd’hui la classe unique du terroir : son vin est plus fin, plus longiligne et plus racé que celui du Mazis, moins charnu, moins enveloppé et un peu moins lourd.

Son fruit semble masqué les premières années par une minéralité plus affirmée que dans toute la zone des grands crus mais tranquillement prend le dessus et vers quinze à vingt ans ressemble étrangement à celui du Chambertin, avec encore plus de subtilité dans la palette aromatique. Mais on trouvera aussi des cuvées indifférentes ou vulgairement animales, hélas.

Michel Bettane
Crédits photo : BIVB / GADENNE D.

Ruchottes-Chambertin

Ruchottes-ChambertinLa vigne (3 ha 30) se situe dans la partie la plus pittoresque et la plus accidentée du coteau de Gevrey, dans le prolongement des Mazis, et a su conserver ses petits murs et ses talus qui lui donnent certainement la même apparence qu’aux siècles derniers.

Une partie du haut forme un clos, monopole du domaine Armand Rousseau, mais partout le sol est très maigre, blanc et caillouteux dans sa partie haute, directement sur la roche dans la partie basse, ce qui explique la finesse et la tension des vins, jamais gras et même assez proches du point de vue de leur forme des latricières, mais plus rapides à s’ouvrir en bouteille et parfois plus bouquetés.

L’état sanitaire du raisin y est toujours supérieur à la moyenne ce qui, en année pluvieuse, n’est pas à négliger. Les prix sont en général inférieurs à ceux des mazis bien que l’offre soit sérieusement limitée par la petitesse du cru.

Michel Bettane
Crédit photo : BIVB / MONNIER H.

Mazis-Chambertin

mazisLes neuf hectares et dix ares du cru prennent la suite du clos de Bèze dans la direction du village de Gevrey et sont divisés de façon égale depuis fort longtemps en une partie haute et une partie basse par un petit chemin qui prend naissance juste après la cabane du domaine Damoy qui borne le clos de Bèze.

Les vieux classements donnaient une prime de qualité à la partie haute, mais l’érosion au cours du dernier siècle a fortement unifié le haut et le bas et, aujourd’hui, les dégustations comparatives montrent que le caractère du vin est rigoureusement le même.

On y trouvera le même type de sol que le clos de Bèze, avec la roche pratiquement apparente dans la partie haute et quelques centimètres de terres brunes tout en bas, mais ce qui fait l’originalité et la beauté de cette vigne reste la présence de petits murs de pierre sèches comme aux siècles derniers qui a permis de conserver la forme un peu plus accidentée de la pente.

Les Hospices de Beaune y possèdent leur cuvée la plus réputée, celle qui atteint régulièrement les prix les plus élevés, la cuvée Madeleine Collignon.

Un mazis-chambertin (mais on l’écrit aussi Mazy ou Mazys) réussi est un des vins les plus colorés de Gevrey et celui sans doute doté du corps le plus puissant : la saveur de réglisse s’anise un peu plus et sa texture est souvent plus voluptueuse et immédiatement séduisante que celle du clos-de-bèze, rappelant parfois par son côté opulent et terrien le richebourg.

Extrêmement régulier, il lui arrive de réussir là où ses voisins échouent mais ce privilège dû à de nombreuses vieilles vignes est appelé à disparaître. Il demande en général de 12 à 15 ans de bouteille pour s’épanouir mais n’atteint que rarement la finesse du Chambertin après trente ans.

Michel Bettane
Crédit photo : BIVB / GADENNE D.

Chapelle-Chambertin

Chapelle-ChambertinIl y eut jadis une petite chapelle érigée sur ce lieu-dit et le cru (5 ha 48 a) en a immortalisé dans son nom le souvenir. Situé à côté du cru Griotte, sous la partie centrale du clos de Bèze, Chapelle réunit sous son nom deux lieux- dits, Chapelle et les Gémeaux, absolument semblables par leur pente, plus faible qu’ailleurs et par leur sol marno-calcaire très classique, un peu plus profond que celui de Griotte.

Son vin est le plus méconnu des grands crus, sans doute parce que ses principaux producteurs ont tous une cuvée plus prestigieuse qui lui a fait de l’ombre : le chambertin pour la famille Trapet et le clos-de-bèze pour la famille Damoy. Cette dernière en particulier possède de très vieilles vignes qui donnent un vin profond et racé, plus chambertin dans son style que la plupart des autres chapelle, voire des charmes-chambertin voisins. Quelques cuvées manquent de corps et de style pour des vignes aussi bien situées.

Michel Bettane
Crédit photo : BIVB / MONNIER H.

Silvio Denz achète Château Lafaurie-Peyraguey, premier grand cru classé de Sauternes

L’homme d’affaires suisse Silvio Denz vient d’acheter les 36 hectares de vignes du Château Lafaurie-Peyraguey, premier grand cru classé de Sauternes. Le prix de vente n’a pas été divulgué, mais la transaction est l’une des plus importantes réalisées dans le vignoble sauternais ces derniers mois.

Situé à Bommes, au cœur des plus grands crus de Sauternes, le Château Lafaurie-Peyraguey appartenait, depuis 1984, à la Société de Participations financières et foncières du groupe GDF-Suez. Un passionné remplace un investisseur institutionnel, ce n’est pas si fréquent. Le vignoble se trouve sur la partie haute du terroir de graves de Sauternes, pas loin du château d’Yquem.

Les vignes y sont cultivées en lutte raisonnée, sans aucun herbicide chimique. L’encépagement est composé à 93% de sémillon, 6% de sauvignon et 1% de muscadelle, avec un âge moyen de vignes de 40 ans (les plus anciennes sont de 1926) et des rendements moyens de 18 hl/ha.

Silvio Denz est déjà propriétaires de sept domaines à Bordeaux, en Espagne et en Toscane, dont les deux grands crus classés de Saint-Emilion, Château Péby-Faugères et Château Faugères, ainsi que les vins de Château de Chambrun en AOC Lalande de Pomerol et de Château Cap-de-Faugères en AOC Castillon-Côtes de Bordeaux. Il est également co-propriétaire avec Peter Sisseck du Château Rocheyron à Saint-Émilion.

Dans un communiqué de presse, l’homme d’affaires affirme que son objectif est de produire de « très grands vins liquoreux, sur les meilleures terroirs classés en 1855, c’est-à-dire l’Enclos et Les Maisons Rouges», mais aussi des « grands vins secs de Sauternes » sur le reste des parcelles.

Il souhaite également développer l’oenotourisme de prestige dans cette région, dont le Sauternais manque cruellement aujourd’hui. Les treize chambres du château Lafaurie-Peyraguey seront donc transformées en hôtellerie de luxe pour accueillir professionnels, amateurs et visiteurs.

En outre, Silvio Denz envisage de créer une bouteille gravés par la maison Lalique, dont il est aussi le propriétaire, dans la continuité des deux lignes de carafes et de verres créées par Réne Lalique, «Yquem » en 1934 et « Barsac » en 1939.

Crédit photo : Leif Carlsson

Cinquante hectares d’exception




chateauchalon

Le succès était au rendez-vous, comme chaque année, pour la dix-huitième Percée du Vin Jaune. 43 000 visiteurs ont été accueillis ce week-end dans les villages de Perrigny et Conliège (Jura). Après un élevage de plus de 6 ans, cette édition 2014 a permis de découvrir un millésime 2007 puissant, aux arômes de noix et d’épices bien relevés, d’un bel équilibre. Les vendanges avaient été précoces, les vins sont frais et on les attendra un peu, c’est un millésime de garde. Du côté de la vente aux enchères de vieux millésimes, un vin de paille Château-Chalon 1893 de Henri Bouveret a été adjugé 3 000 € tandis qu’un marc du Jura 1868, du Domaine Bourdy, trouvait preneur pour 2 000 € (les résultats complets ici). L’année prochaine, la fête du vignoble du Jura aura lieu dans un autre village, comme le veut la tradition. Ce sera Montigny‐les-Arsures, les samedi 31 janvier et dimanche 1er février 2015.

Un vin, son terroir et ses hommes

En attendant cette prochaine percée des tonneaux, on pourra se plonger dans le bel ouvrage consacré au vin jaune de Château-Chalon. Trente-neuf auteurs, scientifiques et humanistes, se sont associés pour livrer une monographie complète, la première dans son genre, qui répondra à toutes les questions que l’amateur se pose au sujet de ce vin si singulier. Pourquoi ce terroir ? Quelle est son histoire ? Pourquoi le cépage savagnin s’est-il imposé ? Comment les lois de l’œnologie ont-elles été défiées pour aboutir à ce mode d’élevage si original ? Qui sont les vignerons et qui sont les consommateurs ? Comment s’est construite la notoriété du cru ? De récentes recherches en génétique, microbiologie et biochimie, ainsi que la découverte des clichés de Victor Regnault (ce vignoble a sans doute été le premier à avoir été photographié) éclairent de façon nouvelle les différentes facettes du château-chalon.

« Ces cinquante petits hectares de vignes d’exception et leur écrin paysager valent bien ce portrait savant. »

Dans la préface qu’il consacre à ce beau livre, dont on trouvera ici le sommaire en détail, Jean-Robert Pitte, membre de l’Institut, président de l’Académie du Vin de France, rappelle que Curnonsky le considérait comme
l’un des cinq meilleurs vins blancs de France « en compagnie – excusez du peu ! – du château-grillet, de la coulée-de-serrant, du montrachet et d’yquem. Venant de lui, chantre accompli du mariage des mets et des vins qui signe le repas gastronomique des Français, aujourd’hui entré au patrimoine immatériel mondial de l’UNESCO, c’était un hommage réfléchi. ». Il écrit aussi qu’habiter « sur un nid d’aigle et cultiver un vignoble aussi funambulesque donne aux Castel-Chalonnais le goût du risque, un sentiment tragique de la vie, mais aussi une aspiration à la grandeur
et à la pureté.
»

Le Château-Chalon, un vin, son terroir et ses hommes, édité par l’association Meta Jura. 272 pages, 35 €


chateauchalon2

© P. Marcel


Les projets de la Cave de Tain



Fief de Gambert de Loche et vignes

En 2013, la Cave de Tain l’Hermitage fêtait ses 80 ans et profitait de cet anniversaire pour dessiner son avenir.
Les décisions prises, voici 2014 et leur mise en place. D’abord, on continue avec les cuvées parcellaires issues
de ce vignoble de 1 000 hectares, d’une grande diversité de terroirs, dont une gamme est venue peu à peu compléter celle des vins classiques. Ensuite, le développement durable. Les pratiques culturales initiées par
la Cave sur les 26 hectares dont elle est propriétaire (dont 21 en Hermitage) ont fait des émules parmi ses trois-cents adhérents et cette quête de qualité est devenue « naturelle ». L’audit Vignerons en Développement Durable s’est déroulé « avec succès » au mois de décembre et le verdict est attendu ces jours-ci.

Riche d’une nouvelle gamme de quatre AOC bios, la Cave a également obtenu les certifications exigées par
ses marchés export (IFS, BRC, etc.). Spécialiste de la syrah, la Cave de Tain vinifie à elle seule environ 50 % des appellations des Côtes du Rhône septentrionales, dont elle est le porte-drapeau dans de nombreux pays. En plein développement, ces expéditions à l’international représentent désormais 25 % de ses ventes. Enfin, outre la poursuite de ses projets œnotouristiques au Fief de Gambert, la Cave investit dans un outil de vinification plus performant couplé à un nouveau pôle de tourisme viticole dont l’inauguration est prévue pour novembre 2014.
Cet investissement est estimé à 10 millions d’euros. Le chiffre d’affaires de la Cave est de 24 millions d’euros pour
5 millions de bouteilles commercialisées. Des vins qui seront présents sur le salon Vinisud fin février.