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Soleil levant sur le Taillevent

La cuisine, c’est la technique. C’est aussi des produits et bien sûr des accords. Au restaurant Taillevent, le bœuf Joshu Wagyu se marie avec un étonnant vin du Japon. Inédit

Le temps d’un déjeuner chez Taillevent, nous avons pu apprécier la dextérité, et le sens du risque, du chef Giuliano Sperandio. Sa mission du jour ? Mettre en valeur le Joshu Wagyu, un bœuf japonais de la province de Gunma, connu pour sa graisse persillée. D’abord, l’assortiment de bouchées crues permet de l’apprécier pour lui-même en entrée. Il apparait plus ferme en plat de résistance, enrobé de sa sauce périgourdine, complété de lamelles de truffe noire. Le chef révèle le secret de cette fermeté : cuisiner la noix de gîte plutôt que le faux-filet, plus tendre.

Pour accompagner le Joshu Wagyu, le chef sommelier Guillaume Dussaussoy a fait des choix audacieux lui aussi. Plutôt qu’une coupe de champagne, une bière qui ouvre le repas. Choix déconcertant, mais excellent. Une gueuze 100 % lambic bio de Cantillon, célèbre brasserie bruxelloise, qui offre de la profondeur et des saveurs subtiles. Un très classique château-malartic-lagravière blanc 2014 accompagne l’entrée tandis qu’un côtes-du-vivarais 2018, la cuvée Gallety, apparait pour le plat. Audace encore quand surgit un vin japonais : le tennoshizuku 2019 de la Jyoshu Numata Winery. Un vin original, qui assemble du merlot au yama-budo, un raisin sauvage de montagne, délicat et caressant comme un jus de cerise. Surprenant, presque enfantin dans sa séduction fruitée, pas vraiment adapté à la sauce de la viande qui réclame du tannin. Reste le souvenir d’une expérience unique, et le plaisir de voir converser longuement Giuliano Sperandio et le chef Takashi Kinoshita, du château de Courban en Bourgogne, autour des subtilités de ce bœuf que le Taillevent propose à la carte jusqu’à mi-mars.

Taillevent
15 rue Lamenais
75008 Paris.
Tél : 01 44 95 15 01

Œnoexpress, une nouvelle formation au service du vin et des restaurateurs

Sophie Dupaigne et Sophie Morgaut.

Sophie Dupaigne et Sophie Morgaut côtoient le monde de la restauration depuis 30 ans. Ensemble, elles lancent Œnoexpress, un programme de formation spécialisé en vin et spiritueux dédié aux professionnels de la restauration et de l’hôtellerie. Une session par mois, avec six à douze personnes, sur trois jours

« 30 % à 50 % du chiffre d’affaires des restaurants est réalisé grâce à la vente de vin. Sur les 175 000 établissements recensés, seulement 2 500 sommeliers y travaillent » explique Sophie Morgaut, fondatrice de l’agence de communication Force 4. « Il faut donc donner les clefs aux 150 000 établissements qui restent pour leur permettre d’augmenter leur chiffre d’affaires » ajoute Sophie Dupaigne, experte en formation et fondatrice de SoBox formation. Cette nouvelle offre de formation accompagnée de sa box a pour but de proposer une solution aux restaurateurs et hôteliers qui ont en besoin.

La première journée est consacrée à la connaissance du vin. « Savoir vendre du vin à ses clients passe par une étape indispensable, celle de connaître les différentes régions viticoles françaises, avec leur diversité de cépages et leur typicité. Les participants disposeront d’une meilleure culture du vin et d’une bonne connaissance de la France viticole avec sa mosaïque de cépages et de vins » souligne Sophie Morgaut.

La deuxième journée aborde l’optimisation des ventes de vins. « Elle sera animée par un sommelier professionnel qui mettra le vin en situation avec la mission d’apprendre aux participants la manière d’optimiser les ventes dans leur établissement. Les participants seront alors aptes à conseiller, à valoriser le vin et à développer les ventes tout en maîtrisant les stocks et les ratios » précise Sophie Dupaigne.

La troisième journée sera placée sous le signe de la transmission et de la vision. À la fin des trois jours de formation, chaque participant repartira avec une box Œnoexpress et sera en mesure de transmettre les compétences acquises à son équipe, devenant formateur au sein de son établissement.

Informations :
Pierre Hartmanshenn
01 44 40 27
30
[email protected]

 

Le paradis sur mesure d’Hennessy

En février, la maison de cognac Hennessy a ouvert un nouvel espace, dédié à la personnalisation des carafes XO et Paradis, au troisième étage de la Samaritaine. Son nom, Hennessy Hands

Dans cet écrin épuré, fait de merrains (ces lattes de bois dont sont tirées les douelles pour fabriquer les barriques qui servent au vieillissement des cognacs), la maison propose de customiser sa carafe à l’envie. C’est désormais possible de faire graver sur mesure sa carafe avec une dorure à l’or ou à l’argent et de choisir un code couleur, grâce à un clip en cuir qui s’adapte autour de son col, afin de repartir avec un flacon unique.

Le luxe est aussi dans le flacon. Comme l’explique Benoît Gindraud, directeur qualité et vieillissement des eaux-de-vie et membre du comité de dégustation, pour obtenir sa cuvée Paradis, c’est un long voyage où la patience est reine. Ce cognac d’exception assemble des eaux-de-vie dont la plus jeune à au minimum 20 ans et le plus vieille autour de 70. Parmi les 4 000 lots dégustés chaque année, le travail consiste à sélectionner celles qui ont le potentiel d’y entrer. « Ce sont des eaux-de-vie qui nous marquent par une extrême finesse, une belle élégance, une structure tout en légèreté, mais très présente. Pour protéger cela, on doit les faire vieillir dans des fûts anciens pour éviter que l’on apporte trop de bois qui viendrait atténuer cette finesse et cette élégance, afin qu’elles évoluent d’elles-mêmes ».

Maison Hennessy
Samaritaine Paris Pont-Neuf
9, rue de la Monnaie, Paris 1er

Le mondovino de la semaine #188 tourne à fond

Boizel est dans la Place (de Bordeaux) • La Champagne à Paris • La femme du grand Charles (Heidsieck) • Double récompenses • Un rosé exclusif • Trois + un • Chaque jour du nouveau, en voici six

Dans le vignoble


Boizel est dans la Place (de Bordeaux)

Une partie de la commercialisation de la cuvée Joyau de la maison Boizel est désormais confiée à cinq maisons de négoce bordelaises (Crus et Domaines, Diva, Joanne Rare Wines, Sobovi et Veyret Latour). Le partenariat concrétise la volonté de la maison champenoise d’acroître la notoriété de cette cuvée de prestige en Europe et en Asie. « Nous sommes ravis de nous appuyer sur l’expertise de grandes maisons de négoce bordelaises pour offrir à Joyau une distribution plus internationale mais également plus fine, adaptée à notre volonté de renforcer l’image de ce vin exceptionnel » précise Florent Roques-Boizel.

La Champagne à Paris

Dans le cadre de sa Carte Blanche, la maison Ruinart exposera du 10 au 12 mars au Carreau du Temple l’œuvre de l’artiste Eva Jospin, intitulée Promenade(s) en Champagne. L’événement, ouvert au public, dévoile sa réinterprétation artistique de l’édition limitée Ruinart 2023 et du coffret en édition limitée (25 pièces seulement) créé par l’artiste autour de la cuvée Blanc de Blancs. « L’histoire, la géographie, mais aussi la culture et les savoir-faire de ce territoire constituent un terroir, c’est cela qui m’a inspiré. Ma proposition pour cette réinterprétation artistique prend la forme d’un parcours dans un décor sculptural qui rend hommage à ce paysage » précise Eva Jospin. Frederic Panaïotis, chef de cave de Ruinart ajoute : « J’ai été interpellé par la façon dont Eva Jospin laisse deviner les éléments visibles et invisibles qui font un grand champagne. C’est une artiste qui a intégré le temps dans son processus de création ». L’exposition est complétée par un programme d’expériences immersives, gastronomiques et œnologiques.

Réservations sur www.ruinart.com

La femme du grand Charles (Heidsieck)

Fondée à Reims par le voyageur Charles Camille Heidsieck, la maison Charles Heidsieck continue sa marche en avant, bien conduite par la famille Descours. Le style des champagnes se caractérise par beaucoup d’onctuosité et par une harmonie d’ensemble que le temps sublime. Cyril Brun a veillé sur ce patrimoine exceptionnel depuis 2015 en tant que chef de cave. Il passe le flambeau à Elise Losfelt, ingénieur agronome diplômée de l’AgroParisTech et qui a occupé plusieurs postes chez Moët & Chandon depuis dix ans.

Informations sur www.charlesheidsieck.com

Double récompenses

Mi-février, Gérard Bertrand a été sacré « The Master Winemaker 100 » et « Master Winemaker of the Year 2023 » par le magazine britannique The Drink Business. « Deux distinctions qui viennent récompenser Gérard Bertrand « le vigneron » pour la qualité exceptionnelle de ses vins, mais également « le citoyen » pour son engagement dans la biodynamie » précise le magazine. Avec ces deux nouveaux titres, Gérard Bertrand place les vins du Languedoc au sommet du monde. Deux belles récompenses pour l’homme au 17 domaines et au 980 hectares.

Dans le verre


Un rosé exclusif

Bénéficiant d’une palette d’approvisionnement sans égal, avec plus de 2 200 hectares de vignes, Nicolas Feuillatte a su faire preuve de dynamisme et d’inventivité. Pour bien accueillir les beaux jours, la maison propose un champagne éclatant où pinot noir et meunier composent l’assemblage, complétés par 10 % de chardonnay. Ses notes de pâtisserie aux fruits rouges lui donnent une dimension riche et fraîche.

Nicolas Feuillatte, Réserve exclusive rosé, 35 euros

Trois + un

Delos est la deuxième édition limitée de la collection The Extinct Blends Quartet lancée en 2022 par la maison anglaise Compass Box. Une ode aux blends écossais du passé associés à la grandeur de la mythologie grecque. Delos est le fruit d’un assemblage de trois whiskies de malt et un whisky de grain. Nez fin, bouche ronde, finale élégante, on recommande.

Compass Box, Delos, 340 euros, édition limitée à 960 bouteilles pour la France

Trente nouveaux domaines au Grand Tasting Pro 2023

Cette 10e édition du Grand Tasting Pro accueillera une centaine de domaines. Trente d’entre eux y participent pour la première fois. Château Brown, un caractère léognan affirmé ; Château Giscours, un margaux coloré et corsé ; Pierre Amadieu, l’un des plus anciens domaines de Gigondas, et bien d’autres…

Le Grand Tasting Pro, c’est le rendez-vous des professionnels du vin. Un salon idéal pour constituer ou renouveler sa cave et dénicher de nouvelles pépites sélectionnées et validées par les experts Bettane+Desseauve.

Beaujolais, Bordeaux, Bourgogne, Champagne, Cognac, Jura, Languedoc, Provence, Roussillon, Sud-Ouest, Vallée de la Loire, Vallée du Rhône, Allemagne, Portugal, ils viennent de presque partout et sont à retrouver le 3 avril au Carreau du Temple à Paris.

Obtenez votre badge sur https://pro.grandtasting.com/

Le « Taittinger » sacre un jeune chef néerlandais

Pour sa 55e édition, le prix international de cuisine d’auteur lancé par la maison rémoise organisait pour la première fois sa finale hors de France, dans les cuisines de l’école Le Cordon bleu de Londres. Jan Smink a reçu le trophée convoité des mains de la famille Taittinger

Imaginé par Claude Taittinger et dédié à Pierre Taittinger, fondateur de la maison et fin gourmet qui suivait de près l’histoire de la gastronomie, ce prix lancé en 1967 est surnommé par les chefs « l’Everest de la gastronomie ». Joël Robuchon, Michel Roth, Bernard Leprince, Régis Marcon, pour ne citer qu’eux, en ont tous atteint le sommet. Au fil du temps, à l’image de la gastronomie qui s’est redéfinie au travers des voyages et d’influences variées, il a pris des couleurs internationales. Cette année, huit finalistes de huit pays (Etats-Unis, Belgique, Japon, Suède, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse et France) étaient en compétition. Récompensant une cuisine d’auteur, Vitalie Taittinger rappelle que « ce prix entre en résonnance avec l’esprit de notre maison. Le métier de chef fait écho à ce que l’on veut faire en Champagne. Créer de l’émotion, faire rêver, révéler quelque chose de soi. La générosité, c’est le pilier de la maison Taittinger et c’est un ingrédient essentiel. Tout comme le partage. Sans la table, qui permet de partager, nous n’existons pas ».

2023, l’année du cochon
Dès le départ de la finale, donné le 31 janvier à l’aube, l’effervescence était palpable dans les cuisines où les finalistes s’activaient sous l’œil aiguisé d’un jury de pairs illustres, certains venus en voisins comme Michel Roux, président d’honneur de cette édition anglaise (et président du prix Taittinger pour le Royaume-Uni depuis plusieurs années), qui dirige Le Gavroche, institution londonienne depuis 1967. Ou Mark Flanagan, chef des cuisines de Buckingham Palace. La première épreuve consistait à exécuter une « recette libre » autour du thème révélé quelques mois plus tôt : le porc. « L’une des viandes les plus consommées au monde, un produit que l’on retrouve dans tous les pays avec un bon niveau de qualité et représentatif d’une identité culturelle forte. En cuisine, toutes les parties du porc peuvent être valorisées. C’est cette créativité que nous sommes allés chercher auprès des candidats », explique le chef et président du jury Emmanuel Renaut (Flocons de Sel, restaurant trois étoiles Michelin à Megève).

Le filet de porc à la truffe cuit en brioche, peau croustillante au shii take, sauce porc et ail soufflé, boudin noir, pomme Terrine au céleri-rave et jambon signé par Jan Smink.

« Animal encyclopédique » (selon Grimod de La Reynière), le porc se mange des pieds à la tête et se révèle en phase avec l’exigence actuelle du « zéro gaspillage », un critère pris en compte par le jury. Il s’agissait ce jour-là de l’exceptionnel middle white pork de Peter Vaughan, éleveur dans les Midlands de l’Ouest qui avait fait le déplacement jusqu’à Londres. « La cuisine, c’est aussi le talent du producteur » souligné Vitalie Taittinger. « Le produit occupe une place importante dans la compétition, témoignant d’un savoir-faire et d’une conscience aigüe de l’environnement ». Après avoir laissé libre cours à son imagination, sa culture et ses inspirations pour créer un plat qui lui ressemble autour de cette Rolls du cochon, chaque candidat devait affronter la seconde épreuve de la « recette imposée ». Celle-ci n’ayant été dévoilée que la veille, les jeunes compétiteurs n’ont disposé que d’une nuit pour imaginer un « potage de légumes ou soupe ou consommé sans protéines animales ». Au bout du timing et après le verdict des deux jurys, cuisine et dégustation**, Jan Smink, chef propriétaire au Smink à Wolwega aux Pays-Bas, est sorti vainqueur avec, entre autres, son filet de porc à la truffe cuit en brioche, peau croustillante au shii take, sauce porc et ail soufflé, boudin noir, pomme Terrine au céleri-rave et jambon. Le Japonais Hirofumi Kanbe, chef chez Prunier à Tokyo (une étoile au Michelin), et le Français Alexandre Vuillin montent respectivement sur la 2e et la 3e marche de ce podium très disputé. Alexandre Vuillin travaille comme second de cuisine à la Pyramide à Vienne (deux étoiles Michelin), table mythique créée par Fernand Point (premier chef à obtenir trois étoiles au Guide Michelin en 1933) qui était un ami de Pierre Taittinger. Tout un symbole.

La présentation du gagnant en vidéo :

 

Ma bande de chouchous (1 de 4), par Nicolas de Rouyn

Voilà les six premiers d’une sélection de 35 vins. Pas les plus grands, juste tout ceux que j’ai adoré ces temps derniers. À suivre très vite sur ce blog

Château Climens
Asphodèle 2019
Blanc sec de Barsac
Impossible de faire vivre une propriété du Sauternais sans un blanc sec. Bérénice Lurton n’échappe pas à la règle et s’en sort avec les honneurs et cet Asphodèle 100 % sémillon, rondeur et suavité hors-norme, un modèle de vin aimable, l’avantage du sémillon. Et puis, Bérénice a vendu Climens…

Clos des Fées
Œil-de-perdrix,
rosé de pinot noir 2020
Hervé Bizeul a fait du rosé par hasard. Une cuve

 

Lire la suite ici sur le blog bonvivant

Le mondovino de la semaine #187 tourne à fond

Moins c’est mieux • Paris gagnant • La Calisse voit plus grand • Moët Hennessy voit rose • La nature gagne toujours • Tradition moderne • Brut délicat • Chaque jour du nouveau, en voici sept

Dans le vignoble


Moins c’est mieux

Lors des derniers Global Wine Masters organisés par Drink Business, la médaille d’or du meilleur packaging a été remise au concept « No packaging » de la cuvée Réserve de la Terre de la maison Telmont. « Cette médaille d’or récompense nos choix parfois radicaux. Elle confirme que notre intuition était la bonne. Parfois, l’absence de packaging est le meilleur packaging. C’est un encouragement à continuer sur cette voie, toujours au nom de la terre. Nous avons pris cette décision d’arrêter les coffrets cadeaux en juin 2021. La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons dire avec notre historique de plus de 20 mois que cela n’impacte pas négativement les ventes. L’impact est même positif. Oui, il y a une nouvelle génération de clients qui ne veulent plus de coffrets cadeaux ou étuis écolo, etc, une nouvelle génération adepte du best packaging is no packaging » souligne Ludovic du Plessis, président de Telmont.

Vous pouvez regardez notre série « Au nom de la Terre » ici

Paris gagnant

Nous avions annoncé ici la tenue le 15 février de la vente aux enchères de trois étiquettes mythiques du vignoble français organisée par le Crédit Municipal de Paris. La vente des vins a atteint un montant total de 876 000 euros. Le résultat dépasse largement l’estimation de départ. « L’exceptionnelle qualité tant des domaines que des bouteilles, de leur niveau et de leur vieillissement ou encore de leur millésime et de leur taille de contenant sont autant de facteurs importants pour les collectionneurs qui ont contribué à tirer les prix vers le haut ». se félicite Nicolas Chwat, directeur des ventes.

La Calisse voit plus grand

Patricia Ortelli dirige ce vignoble situé à près de 400 mètres d’altitude en appellation coteaux-varois-en-provence. Son fils Etienne l’a rejoint. À La Calisse, les rendements sont faibles et la vigne est menée en agriculture biologique. Douze hectares supplémentaires ont été achetés : « C’était une magnifique opportunité à saisir. Les parcelles sont situées juste à côté de la Calisse avec des sols en parfait état sanitaire » souligne la propriétaire. Les 28 hectares du site profitent aussi d’une influence continentale qui rafraîchit la vigne et tempère les chaleurs estivales. Autre nouvelle, la construction d’un nouveau chai, opérationnel en 2024.

Informations sur www.chateau-la-calisse.fr

Moët Hennessy voit rose

« Une nouvelle alliance stratégique » entre Moët-Hennessy et Minuty. La nouvelle a fait du bruit. L’accord prévoit une prise de participation majoritaire de Moët Hennessy dans le capital du cru classé de Provence. Jean-Étienne et François Matton, les deux dirigeants actuels, descendants du fondateur, restent aux commandes du domaine. « Il s’agit d’une nouvelle étape dans la relation de confiance développée depuis deux ans entre le groupe et la Famille Matton avec la distribution de ses vins dans la région Asie-Pacifique. Cette alliance, mue par une forte demande à l’export, permettra de renforcer le développement des vins Minuty à l’international, ce qui profitera à l’ensemble de la filière Rosé de Provence », précise Philippe Schaus, président-directeur général de Moët Hennessy.

La nature gagne toujours

Coopérative d’excellence, Mailly Grand Cru fait figure de modèle, revendiquant un fonctionnement en tant que domaine et une démarche environnementale engagée. Elle le prouve une nouvelle fois avec le projet « Grandeur Nature ». L’objectif est « de créer et renforcer des corridors écologiques, plusieurs opérations vont être réalisées comme le prolongement des haies, la plantation d’arbres et d’arbustes, l’aménagement des lisières de bois, l’implantation de mélanges fleuris, etc. D’autres initiatives viendront compléter ces actions avec notamment l’éco pâturage et le travail équin », précise Xavier Millard, directeur de Mailly Grand Cru. Ce projet sera complété par d’autres actions locales comme « Les Chemins du Vivant » qui a pour but de favoriser les espaces écologiques sur la Montagne de Reims. La cave a aussi débuté un audit sur la consommation énérgetique de l’entreprise. Excellence et environnement vont de pair.

Dans le verre


Tradition moderne

Ce magnifique domaine, où Henri IV avait sa chasse, mérite le détour. Hugh Ryman gère la propriété familiale acquise en 1973. Depuis 2005, le vignoble de 46 hectares est mené en agriculture biologique. Cette cuvée Tradition donne la part belle au merlot (60 %), complétée par 30 % de malbec et 10 % de cabernet franc. Fruits rouges et épices, un beau bergerac.

Château de la Jaubertie, Tradition rouge  2019, 8,30 euros

Brut délicat

Après la Martinique, nous prenons la direction du Nord avec ce whisky Release No.3 signé par Highland Park. Ce brut de fût des Îles Orcades, au nord de l’Ecosse, est le nouvel ambassadeur de cette distillerie créée en 1798. Avec ses 64,1 % d’alcool, ce whisky a le caractère bien affirmé, rythmé par des arômes fumés apportés par une plus grande proportion de tourbe que les éditions précédentes. Le tout, avec délicatesse, harmonie et une pointe de vanille.

Highland Park Cask Strength Release No.3, 100 euros

Moët et Chandon, une vision de la technique

Benoît Gouez, chef de cave de Moët et Chandon, décrypte les travaux et les savoirs exercés pour créer des champagnes à la hauteur de l’immense aura de la « Grande Maison ». Une leçon de maître où le moindre détail compte

Cet article est paru dans En Magnum #30. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.

Une année comme 2022, extrême dans sa météo, rebat quelques cartes pour la Champagne. C’est inquiétant ?
Je ne suis pas inquiet, mais la situation m’interroge. Je pense qu’il faut se préparer à une évolution stylistique fondamentale du champagne. Jusqu’à présent, c’est plutôt favorable. On a des outils œnologiques pour gérer ça. Moët est là depuis 1743, on en a vu d’autres. C’est vrai, il va falloir accepter que le profil de nos vins évolue. On ne peut pas s’entêter dans cette idée qu’ils restent avec les mêmes équilibres que ceux du passé.

Sur ce point, la maison est en avance.
Même si l’on a les capacités de s’adapter, ça n’empêche pas de se poser des questions. C’est important d’expérimenter. C’est dans la culture de Moët & Chandon. Par notre taille, par notre activité, nous pouvons voir la Champagne dans sa globalité. Chaque année, nous nous sommes habitués à faire des essais. On est avance sur des sujets techniques, comme le pilotage des fermentations, la gestion de l’oxygène, etc. Le vignoble n’est pas immobile, même s’il progresse peut-être moins vite d’un point de vue œnologique que d’un point de vue viticole.

L’année 2003 avait déjà été un millésime charnière.
C’est l’année où l’on a commencé à faire du sulfitage différé. L’idée était de se dire que si l’on a une charge oxydable dans nos vins, celle-ci va inexorablement s’oxyder, à un moment ou à un autre. Pour nous, plus tôt ce moment intervient, mieux c’est. Il vaut donc mieux que ces oxydations se passent sur jus. Le processus d’élaboration champenois oblige à baisser la garde, à un moment, dans la protection des vins. Ce n’est pas le cas pour les vins tranquilles. On peut avoir l’assurance qu’ils sont bien protégés jusqu’au consommateur.

À cause de la prise de mousse ?
Pour avoir lieu, la seconde fermentation nécessite d’avoir un vin qui ne soit pas protégé. Le risque, c’est que celui-ci s’oxyde pendant la prise de mousse. Notre processus permet de se débarrasser de ces éléments fragiles le plus tôt possible. C’est certes une perte sur le moment, mais cela permet d’avoir des vins nets. Bien sûr, c’est plus simple à faire avec des vendanges saines.

Cette variabilité du climat risque aussi de modifier le style du brut sans année. Comment limiter son impact ?
La réponse est dans les vins de réserve. Entre 40 % et 50 % de ces réserves entrent désormais dans l’assemblage de Moët Impérial. Cette gestion est notre priorité, au même titre que la vendange du millésime. En 2021, par exemple, j’ai décidé de ne pas faire de millésime parce que je n’avais pas le volume pour renouveler nos réserves. C’est ce qui nous permet d’avoir plus de constance.

C’est nouveau pour la maison ?
Cela s’inscrit finalement dans l’histoire de la Champagne. La région n’est pas assez résistante. De tout temps, il a fallu trouver des solutions d’adaptation, comme les vins de réserve ou l’assemblage. Il y a vingt-cinq ans, seuls 15 à 20 % de vins de réserve entrait dans l’assemblage de notre impérial. C’est un changement positif, qui nous permet de tamponner les épisodes. Mais ça nous oblige aussi à être encore plus rigoureux dans la sélection et la construction de ces réserves.

L’autre élément d’adaptation, c’est le dosage.
Quand j’ai été nommé chef de cave en 2005, la cuvée Impérial affichait un dosage entre 13 et 14 grammes par litre. Aujourd’hui, c’est 7 grammes, voire 5. Même constat pour Grand Vintage, passé d’un dosage autour des 11 grammes à 5 maximum. Un champagne n’est pas meilleur lorsqu’il est moins dosé. C’est juste une manière de s’adapter à des vins qui sont plus riches riche et moins acides. Les équilibres changent.

Tout commence à la vigne. Pour Moët & Chandon aussi ?
Le changement de viticulture est un défi que la Champagne a pris à bras le corps. Pour nous, cela passe dans la recherche de leviers pour motiver nos partenaires à être plus vigilants dans leurs pratiques, dans le choix des dates de vendanges, dans le tri des raisins. Ce nouvel état d’esprit est quelque chose de récent. Le système champenois repose sur l’achat de raisins au kilo. Ce n’est pas une relation contractualisée en fonction de la qualité. Notre démarche doit convaincre l’ensemble des partenaires. La Champagne n’a pas le monopole de la qualité. Sa réputation historique ne doit pas inviter à nous reposer sur nos lauriers. La recherche de cette qualité n’est pas compliquée à mettre en place. Ce sont les détails et leur accumulation qui font la différence.

Après le millésime 2013, vous lancez Grand Vintage 2015. Deux années aux profils très différents.
Avec ses vendanges d’octobre, 2013 est vraiment atypique. En 25 ans, c’est la seule fois où nous avons vendangé aussi tard. 2015 n’a rien à voir. Un hiver classique, des gelées appuyées en début de printemps et un été de chaleur et de sécheresse – le plus chaud après 1969 – qui conduit à un déficit hydrique de près de 30 %. Bref, une année extrême avec quelques pluies fin août, un peu comme en 2022, qui ont permis d’éviter les blocages de maturité.

Pourtant ce 2015 affiche une fraîcheur certaine. Quel est le secret ?
J’ai le sentiment qu’on s’en est bien sorti dans une année qui aurait pu donner un profil aromatique lourd et manquer de légèreté. Le nez est assez floral et fruité entre fruits blancs et jaunes, sans tomber dans le fruité trop coloré et marqué. Pourtant, c’est un profil construit autour des cépages noirs. Cette fraîcheur est d’autant plus inattendue dans ce type d’année un peu chaude. Les chardonnays sont assez réguliers en Champagne. C’est un cépage résistant. Pinot noir et meunier sont plus sensibles et donneront, à l’avenir, plus de variations qualitatives. Quand ils sont sains et équilibrés, on a naturellement envie de les mettre en valeur.

On a l’impression que l’acidité n’est plus la seule clé de voûte de l’équilibre.
Il y a un jeu sur les amers qui est assez récent à l’échelle de la Champagne. C’est un sujet d’avenir. Le seul instrument de mesure dont nous disposons, c’est la dégustation. Avec l’expérience, c’est un paramètre auquel je suis de plus en plus sensible. Les amers peuvent compenser des acidités en baisse. Mais il faut bien les extraire, ni trop, ni trop peu, les affiner pour qu’ils ne soient pas grossier et asséchants. La sélection de vins de base dans ce registre est le seul moyen de le retrouver dans nos champagnes. La fraîcheur sera un enjeu pour 2022. Mais elle n’est pas monofactorielle.

Ces questions de style sont les mêmes pour la construction du brut Impérial ?
Pour le non millésimé, l’enjeu est différent. Les vins sont plus faciles d’accès et pensés pour des rotations rapides. Il y a un côté plus libre sur le millésime. On recherche la complexité, la longévité et l’identité. Impérial est une figure imposée, c’est comme ça depuis 1869. Il faut le faire avec une identité définie à l’avance, pour répondre à une attente précise. Il n’y a pas de vignobles dédiés au millésime, ni de vinifications spécifiques. On a une vendange par cépage, par secteur, par villages, différente selon nos vignobles ou ceux de nos partenaires. L’idée est de faire le mieux possible partout.

On parle souvent du style Moët.
C’est un profil de champagne autour d’un fruit juste mûr et croquant, avec une forme de tendreté en bouche, où l’attaque contraste avec la finale. Je revendique ce confort d’attaque, ce charnu, tout en essayant de travailler la finale sur une forme de fraîcheur jamais agressive. Ce caractère est moins appuyé sur Imperial dans la mesure où c’est un champagne d’apéritif par excellence. Il doit être accessible. La cuvée Grand Vintage s’adresse à un public de consommateurs avertis, qui ont une certaine attente vis-à-vis de la catégorie.

Comment expliquer les progrès spectaculaires de la maison sur ce point ?
On recherche beaucoup plus l’individualité au sein même de notre vendange. On a aussi gagné en précision. Chaque lot est analysé, dégusté, fiché et identifié en fonction de son potentiel initial. Nos grands principes de pilotage des fermentations sont ajustés en fonction des équilibres sucre-acidité-azote. Ce qui nous permet de mieux adapter nos températures, nos apports en oxygène, etc. On enregistre beaucoup de données afin d’affiner, d’une année sur l’autre, notre manière d’approcher chaque cuve selon sa propre singularité.

Moët & Chandon, c’est les trois cépages. C’est aussi le socle de l’universalité de cette marque.
Oui, parce que Moët & Chandon, c’est la Champagne. Et la Champagne, c’est les trois cépages. Je revendique toujours cette universalité. Nous représentons, en raison de notre taille, ce vignoble dans son ensemble partout dans le monde. Si je pouvais avoir accès à l’ensemble des villages de la Champagne, j’en serais ravi. Le cœur du champagne, c’est l’assemblage. Pour le réussir, il faut de la diversité. Plus j’ai de diversité entre les mains, plus je suis confiant dans ma capacité à créer des choses solides, équilibrés et complètes.

Sans confondre universalité et simplicité, c’est la difficulté.
Il y a un degré d’exigence dans la maison qui nous permet de gagner en sophistication, en étant plus vigilant quant aux détails. Cette idée de précision dans les détails, c’est ce qui différencie l’artisan et l’industriel. Je n’ai pas de problème à la dire, malgré notre taille. On ne peut pas se cacher, nous sommes le leader en Champagne. Mais cette taille est une richesse si elle permet de générer de la diversité. Si on travaille avec une seule et même recette, on tombe dans la banalité. Un travail sur mesure permet d’accueillir cette diversité, de la créer avant de la réconcilier dans nos bouteilles. C’est cette vision que j’essaye d’apporter depuis le début.

Photo : Benoit Gouez est chef de cave de la maison depuis presque vingt ans. Dix années séparent cette photo de cet entretien. L’homme n’a pas changé. Son enthousiasme est intact. (crédit : Mathieu Garçon)

Volcan, le réveil de la téquila

Moët-Hennessy crée une nouvelle marque de téquila. Bonne nouvelle pour les amateurs de la catégorie. La tendance vient des états-Unis. Comme souvent

Inutile de s’étendre sur les aptitudes de Moët-Hennessy en matière de construction de marque. Ni d’ailleurs sur ses ambitions quant à l’excellence de ses produits. Sur le marché des vins comme des spiritueux, au regard de ses résultats, la division de LVMH aux vingt-cinq maisons maîtrise son sujet. Loin du vignoble, l’aventure a commencé par une longue phase d’acquisition de marques premium bien établies dans leurs univers respectifs. Le cognac en Charente (Hennessy), les whiskys en Écosse (Ardbeg et Glenmorangie), la vodka en Pologne (Belvedere), le bourbon aux États-Unis (Woodinville), etc. Elle a pris un autre chemin avec la création ex nihilo de marques dans des univers de prime abord assez éloignés du périmètre initial de la branche. Eminente, sa création cubaine, avait concrétisé cette ambition et ce besoin de créer, dans un univers où l’innovation est la norme. Fort du succès de ce rhum, Moët-Hennessy s’est intéressé à l’univers de la téquila, en pleine révolution outre-Atlantique depuis une petite dizaine d’années, notamment du fait de l’émergence du craft making et du cobranding entres marques et célébrités. Longtemps dominée en volume par des alcools de qualité moyenne, voire médiocre, la catégorie semble tendre vers une « premiumisation », signe d’un marché arrivé à maturité. Fidèle à ses convictions, le groupe de luxe s’est positionné directement au sommet en s’appuyant, comme à son habitude, sur un artisanat remarquable et un produit de qualité.

On pourrait croire qu’on se trouve dans une cave d’un grand cru bordelais. Dans ces barriques, la téquila évolue lentement. Une histoire de temps, aussi.

Vieillir
Produite dans le sud-ouest du Mexique, dans la région volcanique de Jalisco, cette téquila élaborée au pied du bien nommé volcan Tequila est née d’un « partenariat entrepreneurial solide entre la famille Galado et le groupe ». Ce dernier a été immédiatement séduit par « l’artisanat exigeant de cette famille passionnée par le produit », explique Julien Morel, président directeur-général de la marque. « Nous avons décidé de nous donner les moyens de nos ambitions tout en gardant notre identité et notre savoir-faire. » Autrement dit, la maîtrise du vieillissement et de l’assemblage, propre au cognac mais aussi au champagne, spécialités du groupe.

Il faut attendre sept ans avant de récolter des agaves de qualité. Julien Morel est patient. Au fond, le volcan Tequila endormi.

Le projet n’a pas perdu de temps. D’abord, la construction d’une nouvelle cave. Sans équivalent dans la production de téquila au Mexique, ce chai à barriques situé à huit mètres de profondeur permet un vieillissement lent et en douceur. Ensuite, une vision neuve – et aboutie avec le lancement de la téquila X.A – basée sur un assemblage de différentes « qualités », 100 % issu d’agave bleu et vieilli sous bois. « Progressivement, nous aurons nos propres agaves. Aujourd’hui, nous faisons appel à des familles de fermiers autour de l’hacienda. » La plante est récoltée à la main tous les sept ans, attente incompressible pour créer des vins de qualité avant distillation. « Jusqu’ici, dans cet univers de production, personne ne parlait de terroir. On fait tout du début à la fin avec la conviction que cette notion est essentielle pour créer des téquilas de goût. Nous avons notre propre distillerie et nous n’y produisons que notre marque, c’est finalement assez peu répandu. »

Exister
Une base de reposado pour l’intensité et la saveur, complétée par une anejo et extra-anejo pour la complexité. « Volcan X.A est pensé comme un assemblage d’âges qui doit illustrer tout le potentiel en termes de goût et de qualité. C’est l’expression ultime de ce que nous voulions faire. Après des années d’essais et de travail sur des assemblages différents, nous sommes arrivés là où nous voulions être. » Éloignée du profil classique de la téquila, il faut reconnaître que celle-ci surprend par sa complexité et sa finesse aromatique. Dans cette eau-de-vie où le goût de l’alcool peut parfois prendre le dessus sur le goût de l’agave, la dernière création de Volcan séduit par son premier nez élégant, sa bouche nerveuse et sa finale ronde et délicate. Reste à assurer la distribution de ce produit haut de gamme – lié par sa nature au monde de la nuit et de la mixologie – élaboré et pensé pour être dégusté presque comme un vin.

L’hacienda traditionnelle de la famille abrite ce projet innovant.