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Deux printemps, deux étés, deux vendanges




« Désastre ou miracle ? », c’est la question que pose ici Charles Philipponnat, propriétaire de la maison
de Champagne du même nom, dans un texte en forme de mise au point sur le millésime 2013.
De la floraison aux vendanges, retour précis sur une année compliquée.

« Je suis un peu étonné par les commentaires que je commence à lire. D’aucuns généralisent le mauvais temps
qui aurait enveloppé tous les vignobles français de juin à octobre. Quelques champenois avancent que nenni,
notre région a été épargnée et bénie de conditions ayant permis un millésime qui tutoierait les plus grands.
Chez Philipponnat, à Mareuil sur Ay, j’ai vu deux printemps, deux étés et deux vendanges.

Les terroirs hâtifs, dont le Clos des Goisses et les meilleurs coteaux de la « Grande Vallée » de la Marne et de
la « Côte des Blancs », ont fleuri vers la mi-juin, dans un temps froid et pluvieux. Les rendements y sont faibles
et modérés, la coulure, le millerandage et le filage des grappes ayant pris leur tribut. Les terroirs plus classiques, comme à Avenay, ou plus tardifs, ont fleuri fin juin, voire début juillet, dans des conditions de température et de lumière plus favorables. Ils ont subi un retard inhabituel par rapport aux premiers, et ont bénéficié de rendements potentiels d’autant plus importants que la sortie de grappes était très généreuse en nombre et en taille. A ce moment critique de la floraison, les grappes développées plus précocement ont parfois été affectées par des infections de botrytis, qui ont séché par la suite, mais ont parfois repris de la vigueur lors de la maturation.

Après un mois de juin très arrosé, le mois de juillet est resté humide, mais avec des périodes de rémission suffisantes pour permettre de maîtriser le mildiou, très peu présent cette année. En revanche, l’oïdium, qui s’était
par endroit installé en juin, a pu toucher certains vignobles de chardonnay en l’absence de précaution et de réactivité. Comme on sait, Philipponnat cultive essentiellement des pinots noirs et n’a pas eu ce souci. Les uniques chardonnays du Clos des Goisses, très bien aérés, ventés, aux grappes lâches, ont été totalement épargnés. Les derniers jours de juillet, le mois d’août et les premiers jours de septembre ont quant à eux été exceptionnellement secs. C’est le miracle qui a permis d’éviter le désastre, d’éviter de vendanger à la mi-octobre, et de terminer de dessécher les atteintes fongiques.

Les vendanges se sont annoncées avec la menace redoutée de fortes précipitations pendant quelques jours
autour du 10 septembre. Fort heureusement, ces précipitations de l’ordre de 50 millimètres se sont interrompues pour laisser place à un temps sec et chaud jusqu’au début de la cuillette, le 30 septembre à Mareuil. Cependant,
les pluies qui ont touché les régions plus méridionales ont été plus abondantes (dans le sud de la Marne et, surtout, dans l’Aube). Sur les terroirs les plus hâtifs, des baies ont parfois éclaté, favoridant la reprise désagréable du botrytis, voire quelquefois de la piqûre acétique. Là où le botrytis n’a pas été prévalent, essentiellement dans
les premiers et grands crus, le début de la vendange s’est révélé très beau, avec une belle voire forte maturité, accompagnée d’acidités très fraîches, sans toutefois (et heureusement) égaler celles de 1996. Dans les Clos des Goisses et au « Léon » à Ay, nous avons retrouvé des maturités similaires à celles de 2000 et 2012, entre 11,5°
et 12°, et des acidités proches de celles de ce dernier millésime ou de 2008.

Les terroirs plus tardifs sont assez hétérogènes. Deux grands facteurs ont joué. D’une part, les précipitations, avec leur effet de dilution, et en fin de vendanges, le développement d’un botrytis classique, gras puis sec. D’autre part,
la charge en raisins qui a influé sur l’atteinte, ou pas, d’une vraie maturité physiologique, toujours problématique au mois d’octobre quand les rendements sont élevés. Il y a cependant de très belles choses quand ces écueils ont été évités, notamment dans les vallées de la Marne et de l’Ardre. Toutefois, cette période de la vendange aura produit des vins de potentiel alcoolique plus habituel que ceux de la première période, avec des acidités souvent très fermes.

Il est bien difficile de faire des pronostics sur les vins à ce stade. Nous attendrons les assemblages en avril pour nous prononcer. D’ores et déjà, nous savons que la matière existe pour créer de grandes cuvées, à condition d’être sélectifs. Dans ce sens, 2013 n’est pas un grand millésime universel. Mais c’est peut-être un très très grand millésime pour les lots d’exception. L’acidité des éléments de maturité moyenne sera délicate à gérer, car elle sera quelquefois très vive. Nous avons pris la décision de n’empêcher aucune fermentation malolactique en cuve cette année. Dans les fûts, en revanche, nous l’éviterons comme d’habitude. Nous y avons donc logé la « première vendange », la plus mûre. Une nouvelle évaluation sera faite au printemps prochain, et dans quatre, six ou dix ans, pour vérifier le résultat dans le Royale Réserve, le Blanc de Noirs millésimé ou le Clos des Goisses 2013. »

Patrick Bize nous a quitté


Nous avons appris avec une infinie tristesse la disparition de Patrick Bize, qui dirigeait avec un talent reconnu de tous le domaine Simon Bize à Savigny les Beaune, dont le cœur a trop prématurément lâché prise. D’une très vive et attachante sensibilité, il avait de nombreux amis dans le monde du vin et particulièrement de joyeux compagnons de randonnées sportives et gastronomiques à bicyclette qui eux aussi doivent être bien tristes. Nous connaissons la force de caractère de son épouse japonaise qui aura à cœur, avec l’aide de toute sa famille, de continuer à produire des bourgognes blancs et rouges d’une insigne élégance. A tous nous adressons ici nos plus vives condoléances.

Les cinq meilleurs blancs du monde

« Les vins de France sont, à peu près, les seuls au monde que l’on puisse boire “en mangeant”. » L’auteur de ces mots est une célèbre plume (il fut, entre autres, le nègre du premier mari de Colette) devenu un grand critique gastronomique, Maurice-Edmond Sailland, dit Curnonski. Au début des années 30, celui qui fut élu Prince des Gastronomes a distingué cinq vins blancs comme étant les plus grands. Depuis, son souhait de voir réunies au long d’un même repas les étiquettes de Château Grillet (Vallée du Rhône), Château Yquem (Sauternes), Montrachet (Bourgogne), Château Chalon (Jura) et La Coulée de Serrant (Anjou) relevait du fantasme.

Plus de cinquante ans ans après sa disparition, ces cinq vins gardent une place à part. Les servir tous, en se posant la question de savoir dans quel ordre, et en accord avec quels mets, est un beau défi que relève Le Taillevent (depuis une semaine et jusqu’au 10 janvier) dans un menu en forme d’hommage à celui qui fut un hôte d’honneur de la Maison.

André Vrinat, fondateur du Taillevent, écrivit à propos de Curnonski qu’il avait appris à ses contemporains « que la véritable gastronomie se fondait sur la sincérité et le simplicité culinaires ainsi que sur l’authenticité des denrées et des boissons. » Célébration d’une époque, instantané de l’art culinaire français d’avant-guerre (service au plat et dressage particulier en vogue à l’époque), cet exercice de style exige un minimum de dix personnes à table, qui seront installées dans le salon Guimet ou Saturne de la Maison. Pour une critique plus complète de ce menu, que seuls quelques heureux du monde auront la chance de déguster, on lira cet article.

Menu « Les 5 de Curnonski », 1 200 € par personne. Sur réservation uniquement.

L'abus de modération nuit

Ceux qui l’ont rencontré, en Alsace ou ailleurs, ne l’ont certainement pas oublié. La vigneron alsacien Seppi Landmann aime écrire des lettres et il a des choses à dire (comme ici, au tout nouvellement élu François Hollande). Aujourd’hui, il donne des nouvelles de ses vignes, de ses vins et de ses toutes nouvelles étiquettes dont le message ne saurait passer inaperçu.

« La plupart d’entre vous m’ont rencontré en Alsace, à Soultzmatt. D’autres m’ont vu animer des dégustations,
un peu partout en France, souvent pour des clubs œnologiques. Ma barbe, de plus en plus grisonnante, trahit maintenant mon âge. J’ai dépassé la soixantaine et il a fallu me rendre à l’évidence que le travail de la vigne
et de la cave se faisait de plus en plus difficile. J’ai donc confié ces tâches à Thomas Rieflé, avec l’appui de son frère Paul et du Domaine Rieflé, à Pfaffenheim, qui m’aident à faire rayonner la signature Seppi Landmann et
les vins de la Vallée Noble en France et à l’étranger.
Thomas, 25 ans, franchit régulièrement depuis trois ans le col qui sépare Pfaffenheim de Soultzmatt pour venir travailler mon vignoble entièrement en reconversion bio avec certification en vue pour le millésime 2014.
Le fruit de son travail et notamment la réintroduction des labours s’apprécie déjà dans la qualité des millésimes 2011 et 2012 comme le font remarquer les amateurs éclairés et les professionnels. Les flacons sont désormais proposés sous un nouvel habillage.
C’est Paul, 27 ans, qui a choisi de moderniser les étiquettes et de réorganiser les vins sous trois gammes mettant fortement en avant les origines
Alsace, Vallée Noble et Grand Cru Zinnkoepflé, ainsi que mon nom sous la forme d’un logo à l’intérieur duquel les plus perspicaces reconnaitront la silhouette du Zinnkoepflé. Vallée Noble étant depuis peu une appellation d’origine à part entière au périmètre délimité, il a été nécessaire de créer la gamme Alsace pour tous les vins issus des parcelles ne pouvant prétendre à cette toute jeune appellation. En guise
de pied de nez à la mouvance prohibitionniste, ma devise
“L’abus de modération nuit gravement à la santé
et encore plus au moral” se retrouve sur chacune des bouteilles de la gamme Alsace, à côté de mon portrait. »

Seppi aborde sereinement sa retraite. Son site internet a fait peau neuve et l’ensemble de ses vins y est disponible à la vente. Son caveau de Soultzmatt a été transféré à Pfaffenheim, où le public est accueilli toute l’année sauf les jours fériés et les dimanches. Pour le voir personnellement, mieux vaut cependant prendre rendez-vous.
Les traditionnels week-ends de vendanges avec ses clients et amis ont clos une année viticole d’abord compliquée (floraison délicate à cause du froid, puis pluie), qui s’est poursuivie par une météo magnifique en juillet et août.
Si la récolte est la plus petite en volume de ces 30 dernières années, le vigneron affirme que « 2013 est un grand millésime, avec d’excellents vins en devenir. » On en saura plus dans son traditionnel Courrier de Noël.

Pas de Vinexpo à Pékin

Le projet Vinexpo in Beijing initialement programmé pour début juin 2014 est annulé, faute de délivrance
par les autorités chinoises de la licence nécessaire, et ce « malgré les nombreuses démarches et les accords préalablement obtenus » par la société Vinexpo Overseas (on en lira plus ici et ), en anglais). Le salon est donc reporté « par respect pour les exposants et les organisateurs du salon qui ne souhaitent pas être confrontés
à un risque d’annulation tardive.
» Il est dommage que cet événement, le premier en Chine continentale,
ne puisse avoir lieu pour le moment. En attendant, Vinexpo va recentrer ses efforts sur le fort développement
de Vinexpo Asia-Pacific qui se tiendra à Hong Kong en mai. Afin de satisfaire une demande grandissante,
15 000 m2 de stands sont prévus cette année sur deux niveaux d’exposition du Hong Kong Convention and Exhibition Center. Leur commercialisation avance à un rythme soutenu, supérieur aux années précédentes.

Des grands vins, les vrais prix

Voilà trois grands vins dans différents millésimes. Tous produits par l’iconique Henri Jayer, longtemps métayer du domaine Méo-Camuzet. Un type excellent, un maître de la Bourgogne.
Ce sont des prix de marché, pas d’épouvantables lubies de commerçants mus par un esprit de lucre hautement condamnable. Ce sont des prix de caviste, quoi. Haut de gamme, certes, mais caviste.

Il s’agit de bouteilles de 75 centilitres.
Les prix indiqués s’entendent hors taxes.
Ceux qui en veulent peuvent envoyer un mail de candidature à…lire la suite

Edonys TV. Les Français parlent aux Français (de vin)

C’est tout nouveau et c’est une excellente nouvelle. Vous avez tous entendu parler d’Edonys TV, la chaine de télévision de la vigne et du vin. Émise depuis le Luxembourg et auparavant seulement visionnable par l’adsl via le bouquet SFR et le site internet de la chaîne, il est désormais possible de regarder Edonys via Dailymotion sur PC et Mac. Ce flux « live » est également disponible en haute définition sur les tablettes (Ipad, Android, Windows) et smartphones. Pour ceux qui utilisent le bouquet Free, les abonnés auront accès à Edonys via l’application Dailymotion.
Pour résumer, vous pouvez désormais regarder Edonys TV partout avec une connexion internet. Allez, qu’attendez-vous ?

Vendanges 2013


Les vendanges du millésime 2013 sont pratiquement partout terminées à la date du 20 octobre et il y a peu d’espoir pour que le peu de raisin qui reste sur pied s’améliore. L’année restera dans les mémoires comme l’une des plus difficiles de ce nouveau millénaire, mais sans doute encore plus surprenante que difficile. Un printemps extrêmement froid et pluvieux a retardé la floraison et surtout l’a étalée sur plus de quinze jours partout en France, sauf en Roussillon. Cet étalement sera le cauchemar de tous les vignerons. Chaque pied de vigne, chaque grappe de raisin contiendra jusqu’aux vendanges plusieurs niveaux de maturité de raisin obligeant tous les producteurs sérieux à un tri minutieux et fatigant de toute la récolte. Heureusement, l’été (juillet et août) fut l’un des plus chauds et des plus lumineux des trente dernières années et, même si ces six splendides semaines n’ont pas permis de rattraper le retard de la floraison, elles ont certainement donné du goût et de la densité au raisin. Un été indien comme celui de 2010 aurait certainement donné naissance à un très grand millésime. Hélas, du 15 septembre au 15 octobre sur toute une moitié de la France, de très nombreuses averses se sont déversées du Pays basque jusqu’en Alsace en traversant la France, épargnant un peu toutefois la Champagne et Chablis. Un grand nombre d’hectares de vignes furent sévèrement ravagés en juillet par la grêle en Aquitaine (dans l’Entre-deux-mers et à Bergerac), en Touraine (Vouvray et Montlouis), en Bourgogne (Volnay, Pommard, Beaune, Savigny, Pernand-Vergelesses) et dans quelques secteurs de la Champagne, du Jura, du Beaujolais. Pour les vignerons concernés, c’est une véritable tragédie, trop peu d’entre eux ayant une trésorerie suffisante pour souscrire une assurance contre la grêle.
En attendant de déguster pendant l’hiver et le printemps les premiers vins, voici un petit aperçu de ce que mes collaborateurs et moi-même avons pu voir des vendanges.

Alsace
Les volumes de récolte seront inférieurs à la moyenne comme partout en France. Les cépages les plus précoces comme les pinots blancs, les pinots gris et les pinots noirs ont été rentrés par beau temps dans un état sanitaire excellent, avec des degrés très convenables et une acidité vive, mais pas excessive. Ils feront certainement des vins secs de qualité et de bon potentiel de vieillissement. La grande interrogation concerne les rieslings dont l’état sanitaire s’est dégradé dans de nombreux secteurs et qui n’ont pas encore atteint leur pleine maturité. Les raisins rentrés avant le 15 octobre sont un peu trop acides et il y a peu d’espoir pour récolter des vins riches de vendanges tardives et encore moins des sélections de grains nobles. Mais sur les vignes les mieux conduites et les moins chargées, on produira quelques bons vins.

Bordeaux
Les vendanges se sont déroulées entre le 2 et le 15 octobre pour toute la région, blancs secs, liquoreux et rouges récoltés dans les mêmes semaines, ce qui est très rare. Bordeaux retrouve donc des vendanges d’octobre comme il y a trente ans, avec un cycle végétatif particulièrement compliqué. Un printemps atrocement froid et pluvieux a fortement étalé la floraison et l’a retardé de plus de deux semaines par rapport à l’an dernier. La pression des maladies et en particulier du mildiou fut terrible et il fallait protéger la vigne pratiquement chaque semaine pendant deux mois. Juillet fut un des plus chauds et des plus lumineux de l’histoire laissant espérer encore une fois un retournement de situation, sauf pour le volume de récolte qui, à cause de la coulure des merlots, était réduit de moitié. Mais, à partir d’août, des périodes de chaleur et de pluie alternées ont à nouveau fait peur au vigneron et hélas sur des milliers d’hectares, dans l’Entre-deux-mers et les vignobles proches, de terribles orages de grêle ont détruit toute la récolte de façon irréversible, tandis que 5 à 10 % des surfaces des autres secteurs étaient touchés. Septembre chaud et humide créait à nouveau la crainte de départ de botrytis, ralenti heureusement par quelques très belles journées sèches. Les merlots ont commencé à être rentrés à partir du 3 octobre et les cabernets une petite semaine plus tard. Les terroirs riches en argile ont bien résisté et donneront de loin les meilleurs raisins,
les sols plus légers et sableux ont demandé un tri minutieux de la vendange, avec élimination de 20% des raisins, ce qui fut fait dans toutes les bonnes propriétés. En blanc, les secs furent rentrés très sains début octobre avec une acidité supérieure à la moyenne, et la pourriture noble s’est très vite développée à Sauternes, demandant de vendanger assez vite, mais rendant optimistes les producteurs. Les rendements sont faibles partout, 20hl /ha ou moins à Pomerol et Saint-Émilion, 25 à 30 hl/ha en Médoc, sans parler des vignobles grêlés qui n’ont même pas été vendangés. Il faudra attendre la fermentation malolactique pour bien juger les vins, mais la couleur est déjà bien soutenue et les arômes de fruits sont purs et prometteurs. Les degrés d’alcool seront plus faibles que dans les derniers millésimes, environ 13% après un degré de chaptalisation.

Bourgogne et Beaujolais
Chablis a été en grande partie épargné par la grêle, mais pas par le mauvaise floraison : la récolte sera donc faible mais encore honorable (30 à 50 hl/ha selon les endroits), avec une qualité sans doute moins homogène et accomplie qu’en 2012, mais au moins égale à 2011. Les vins sont nerveux, précis, représentatifs de leur terroir.
En Côte-d’Or, la côte de Nuits a été elle aussi épargnée par la grêle, mais la charge en raisin était minuscule en raison de la coulure importante du pinot noir liée à une mauvaise floraison. Les rendements seront très petits, rarement supérieurs à 20hl/ha, ce qui causera certainement d’importantes augmentations de prix pour les crus les plus recherchés, et pour les autres de graves difficultés financières pour les producteurs. Le risque de pourriture grise était important dans de nombreux terroirs et les vignerons ont parfois accéléré les vendanges, avant qu’une pleine maturité soit atteinte. Les vins réussis ont de la couleur, une teneur importante en acidité malique, et des parfums très frais. Ils rappellent dans certains cas les 1978 ou les 1988 et devraient bien vieillir. En côte de Beaune, la plus terrible grêle depuis trente ans a détruit une grande partie de la récolte sur Pommard, Beaune, Savigny et Pernand Vergelesses, qui ne produiront pratiquement rien, et sans grand espoir de qualité. Les chardonnays sans atteindre une grande maturité ont moins souffert dans le secteur de Puligny et les vins seront honorables mais moins concentrés que les très rares 2012. Les blancs du Mâconnais sont nerveux et assez réguliers, ils seront très recherchés. Enfin, en Beaujolais, c’est partout une petite moitié de récolte normale mais avec des raisins en général assez sains, plus réguliers que les pinots plus au nord, et de solides promesses de qualité pour les crus comme Moulin à Vent, Morgon et Fleurie.

Champagne
La Champagne est sans doute le vignoble qui a eu le plus de chance en 2013, sauf dans les vignobles de l’Aube gravement touchés par les grêles de juillet. Les autres vignobles ont généreusement produit plus de 10 000 kilos/ha, soit plus de 60 hl/ha, avec une belle moyenne de maturité, surtout pour les pinots noirs de la vallée de la Marne et les chardonnays. Les vins clairs sont élégants, nerveux, tendus, denses, assez racés et même pour le secteur d’Ay remarquables. Il y aura de nombreuses cuvées millésimées et les prix ne baisseront pas, les raisins ayant été payés plus cher qu’en 2012.

Loire
Partout une petite récolte, voire une récolte nulle sur le secteur de Vouvray, ravagé en grande partie par la grêle. Les chenins secs et surtout les sauvignons du Sancerrois seront honorables, denses, nerveux, les moelleux plus réussis qu’en 2012 et les rouges inégaux, avec parfois des vins très parfumés et assez tanniques. J’ai préféré les pinots du Sancerrois aux cabernets de Touraine.

Languedoc
Une belle année dans de nombreux secteurs, avec des vins d’excellente maturité de raisin mais sans trop de degré alcoolique, un peu moins exceptionnelle qu’en Roussillon.

Roussillon
La grande réussite du millésime, les grenaches ayant moins coulé que dans la vallée du Rhône. Les degrés seront modérés par rapport aux millésimes précédents, mais les blancs et les rouges sont souvent magnifiques, avec des syrahs et des mourvèdre exceptionnels, et les vins doux naturels de grenache grandioses.

Vallée du Rhône
Les vignerons du Nord sont heureux. Certes les quantités sont réduites, surtout en raisin blanc, mais les raisins avaient beaucoup de matière et de saveur, ce qui devrait donner des côtes-rôtie, des hermitages, des cornas,
des saint-joseph au moins aussi beaux qu’en 2012 et des condrieus exceptionnels, mais très rares. Le Sud a souffert d’une coulure catastrophique du grenache dans certains secteurs et les quantités seront parfois minuscules, privilégiant les vignobles avec une belle proportion de mourvèdre et syrah. Mais la qualité des blancs et des rouges est certaine.

Provence et Corse
Comme dans les autres vignobles du Sud, les raisins ont mieux mûri qu’ailleurs, mais avec une faible production.
Il y aura certainement des vins de haute qualité et très représentatifs de leur terroir, avec des degrés alcooliques raisonnables.

Sud-Ouest
Les vignobles fortement grêlés à Cahors ou Bergerac ne produiront pas grand-chose, avec des conséquences dramatiques pour les vignerons concernés. Les autres ont produit une petite récolte en volume, mais avec beaucoup de caractère, d’intensité aromatique et de personnalité de terroir, en blanc sec ou moelleux comme en rouge.

Michel Bettane
Photo : Pierre Grenié

Le dentifrice de Smith-Haut-Lafitte




Parmi les différents travaux dans lesquels Smith-Haut-Lafitte investit (on en lira plus ici), le dernier-né est un chai
dit “furtif”, bâti dans une ancienne gravière, entouré de grand arbres et si bien intégré au paysage à l’entour qu’il
en devient quasiment invisible. Une discrétion esthétique qui va de pair avec sa mission écologique. L’objectif
est ici la neutralité énergétique. L’isolation thermique est donc bien supérieure aux normes et des panneaux solaires fournissent l’électricité nécessaire. L’éclairage se fait au moyen de diodes electroluminescentes et le rafraîchissement des chais à barriques grâce à un puits canadien.

A cette consommation frugale des énergies s’ajoute une volonté de minimiser l’impact sur l’environnement illustrée, entre autres innovations, par un système de collecte des eaux de pluie d’une capacité de 700 hl et un système unique de récupération et de fixation du gaz carbonique issu de la fermentation du vin. Après de longues journées de réglages de la machine, « stressantes et excitantes », la “première” s’est très bien déroulée. Ca marche, comme le montre la photo ci-dessus. On peut transformer un rejet du processus de vinification en une matière première, ce bicarbonate de sodium pouvant servir à l’industrie pharmaceutique.

Cette réussite est importante. En effet, comme le précise Château Smith-Haut-Lafitte, « si toute la région de Bordeaux décidait de recycler les 55 000 tonnes de CO2 dégagées pendant la fermentation des 5,5 millions d’hectolitres de vin qu’elle produit chaque année, cela économiserait l’équivalent de 150 personnes voyageant
en avion de Paris à New-York aller-retour, chaque jour, durant toute une année
» Souhaitons que cette éco-initiative se propage durablement.

Qu'est-ce qu'on fait ce week-end ?





C’est sur le thème du cirque que les domaines accueilleront le public pour ce week-end de Portes Ouvertes
dans les Graves
. Plus de soixante-dix châteaux proposeront des visites de leurs chais, des dégustations,
des expositions et des activités pour enfants (leur liste, accompagnée d’une carte, est à télécharger ici). Ces
deux journées dédiées à l’initiation aux vins de Graves, durant lesquelles se tiendront des ateliers gratuits proposés en en partenariat avec l’Ecole du Vin et le CIVB, seront rythmées par démonstrations du Cirque de Bordeaux.
Le programme complet des festivités est .


Il y a quelques années, l’Hérault comptait vingt-cinq de ces vins qu’on appelait « de pays ». En 2009, ils se sont
regroupés sous huit IGP, pour indication géographique protégée, qui produisent chaque année 133 millions
de bouteilles (en lire plus ici). Ce vendredi soir, le grand public est invité à découvrir cette production, qui représente 80 % des vins du département, au domaine départemental d’art et culture Domaine d’O, à Montpellier. A partir de 19h, de nombreux producteurs seront présents et les dégustations se feront autour d’un buffet de produits locaux.
Hérault du vin, 5 € l’entrée.


C’est en famille qu’il faut se rendre aux Automnales de Pommard. Samedi, dans un village découpé en quatre « saisons », la journée œnoludique proposera des ateliers aux petits comme aux grands. Dès 10 h, différents parcours permettront de s’initier à la dégustation, aux accords mets-vins, de jouer à des quizz ou avec ses sens
(tarif : entre 6 et 14 € le parcours comprenant 2 à 6 ateliers d’environ une demi-heure). Samedi soir, la Confrérie
du Bailliage de Pommard
organise un dîner au restaurant de Christophe Quéant. Pour participer à cette Paulée des Automnales, placée sous le signe de la sérénité du vigneron qui a rentré sa récolte, il faut réserver directement par mail à [email protected] (tarif : 50 € par personne). Enfin, une journée Caves Ouvertes aura
lieu dimanche, de 10 h à 17h. Tous les domaines viticoles de Pommard investis dans ces Automnales 2013 ouvriront leurs portes au public pour présenter leur production.

Précisons que dans une démarche collective de promotion de l’appellation, il n’est pas prévu de vente directe
de vins le samedi. Une petite sélection sera cependant proposée à la boutique éphémère des Automnales.