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Entre la maison Drouhin et la Bourgogne, une longue passion mise en image

A l’heure de célébrer ses 140 ans, notamment sur les réseaux sociaux avec le partage du film ci-dessus, la maison familiale Joseph Drouhin rappelle que c’est bien « une passion immense pour la Bourgogne » qui lui a permis de bâtir, entre 1880 et 2020, de Mâcon à Chablis, un domaine exceptionnel mené en bio (et ce depuis plus de trente ans). Et que c’est ce même esprit pionnier qui a mené la maison jusqu’en Oregon afin de « révéler au monde une facette encore méconnue des deux cépages phares bourguignons, le chardonnay et le pinot noir. » C’était en 1987. Il y a longtemps.

Président du directoire de la maison, et représentant de la quatrième génération, Frédéric Drouhin explique que le souhait qui accompagne cet anniversaire est d’ouvrir les portes au plus grand nombre : « C’est important pour nous, car Joseph Drouhin est la garantie d’une qualité sans concession, du bourgogne chardonnay ou pinot noir accessible à tous jusqu’aux grands crus les plus rares et les plus recherchés. Mettre le consommateur au cœur de cet art et de ce savoir-faire ancré dans notre Bourgogne natale, voici le thème de l’ensemble des initiatives que nous mènerons tout au long de l’année. »

Baptisé Inside Joseph Drouhin et fait de partages sur les réseaux aussi bien que d’événements consacrés à l’histoire de la maison à travers les siècles, ce voyage au cœur d’une institution bourguignonne « qui n’a jamais suivi les modes mais qui a su créer les tendances » commence ici.

Bordeaux ou Bourgogne, les amoureux dans le vignoble

©Cote d'Or Tourisme

Pas besoin d’aller au bout du monde pour se balader en amoureux. La Saint-Valentin approche et, enfin, cette célébration ouvre un week-end. La raison est toute trouvée d’aller promener son cœur d’amateur en Côte-d’Or ou sur la route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes, deux destinations viticoles, parmi d’autres, qui font les yeux doux à ceux qui s’aiment

Fall in love au cœur de la Bourgogne

Succession de maisons d’hôtes et de restaurants à découvrir en amoureux, le site officiel du tourisme en Côte-d’Or regorge de bonnes adresses spécialement sélectionnées pour cette Saint-Valentin. Mais il décline aussi des idées tirées de l’application Balades en Bourgogne, romantique compilation de « petits coins insolites et de balades merveilleuses à partager en amoureux » à découvrir ici. Enfin, cadeau pour les gourmands, le site dévoile la recette d’une Tarte d’amour qui a les couleurs de la passion. Elle est signée par le chef du restaurant Ed.Em, à Chassagne-Montrachet.

Balade moelleuse au sud de Bordeaux

La route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes se mobilisera également en ce 14 février. Outre les deux belles adresses que sont l’hôtel Lalique du château Lafaurie Peyraguey (Sauternes) et Les Sources de Caudalie, nichée dans les vignes de Smith Haut Lafitte, les valentins pourront hésiter entre le quizz amoureux proposé par le château Jouvente (20 euros par couple, réservation au 05 56 62 49 69), l’apéritif vigneron du château Haut-Claverie (10 euros, réservation au 06 38 57 65 03) ou encore le confidentiel récital qui se tiendra autour du piano à queue familial du château Bardins (40 euros pour deux, réservation au 05 56 30 78 01);

Hôtel & Restaurant Lalique – Château Lafaurie Peyraguey.
Photo : AgiSimoes-RetoGuntli
Les Sources de Caudalie.
Photo : RValerio

Premier grand cru classé de Saint-Emilion et table doublement étoilée, c’est mardi à Paris

Le 11 février, le restaurant Taillevent, tout récemment un peu plus distingué par le Michelin (nous vous en avons parlé ici), servira aux amateurs un dîner unique autour des vins du château Figeac, premier grand cru classé de Saint-Emilion : « Par son style, unique et reconnaissable, le vin de Château-Figeac représente la quintessence de l’élégance et du raffinement des grands bordeaux. Propriété remarquable par son site, son terroir, son histoire et les hommes qui l’ont incarnée, Figeac participe depuis toujours à l’histoire de Saint-Emilion. » Dans différents millésimes, ce grand vin sera sublimé par le chef David Bizet, comme le montre la succession d’accords dévoilée ci-dessous. Menu proposé à 375 euros par personne, réservation ici.

Dîner Château-Figeac au Taillevent, le menu :

Gougère comté et truffe noire
Tartelette au foie blond
La Fleur Pourret 2015

L’œuf fumé et la truffe noire
Espuma de pomme ratte, ragoût végétal au gingembre
Château-Figeac 2011

Salsifis dorés au genièvre, lard de Colonnata
Mimolette et châtaigne au miel, beurre blanc sarrasin
Château-Figeac 2009

Rouget barbet confit
Concentré torréfié, potimarron et foie gras
Château-Figeac 2004

Dos de chevreuil laqué à l’arbousier
Lait de bufflonne à la truffe, raviolis d’une gibelotte d’échalote grise
Château-Figeac 1989

Croustillant de cacao
Crémeux arabica au cognac, tabac torréfié
Château-Figeac 2015

Bourgogne : chez Albert Bichot, 2020 sera l’année du bio

Vins bio et bio-rencontres au programme du domaine du Clos Frantin à Nuits-Saint-Georges.

En apposant la mention de “vin biologique” sur les étiquettes des flacons de ses domaines de Côte-d’Or et de la côte chalonnaise, dont le millésime 2018 sort tout juste de cave, la maison indépendante et familiale implantée à Beaune depuis 1831 annonce concrétiser « une étape cruciale de son développement », point d’orgue d’une démarche environnementale entamée il y a près de vingt ans. En effet, après avoir travaillé ses vignes selon les principes de l’agriculture raisonnée durant les années 1990, la maison Albert Bichot a débuté la conversion progressive de ses parcelles au bio sous l’impulsion d’Alain Serveau, le directeur technique, et de Christophe Chauvel, arrivé au début des années 2000 en tant que régisseur des domaines de Côte-d’Or et de la côte chalonnaise (Domaine du Clos Frantin, Château-Gris, Domaine du Pavillon, Domaine Adélie).

Ce dernier précise qu’il ne faut pas négliger « les difficultés, coûts, contraintes, risques et imperfections » de la viticulture bio. «  Un long travail préparatoire et progressif, une bonne connaissance de ses terroirs, un sens de l’observation de tous les instants, sont autant de facteurs permettant la réussite. » En tout, près de quinze ans de réflexions et d’investissements matériels et humains pour aboutir à l’obtention du label “agriculture biologique” en 2014, suivi par celui de “vin biologique” en 2018, deux certifications menées par Ecocert. Si le premier n’avait pas donné lieu à un quelconque changement sur les étiquettes, le second s’affiche enfin. Un geste nécessaire, comme l’explique le président de la maison, Albéric Bichot : « Lorsque nos domaines ont été certifiés, nous avons choisi de ne pas mentionner le label sur nos étiquettes. Mais ces dernières années, les mentalités ont changé. Nos clients et prescripteurs perçoivent le label bio comme une véritable valeur ajoutée. »

Il n’en reste pas moins que le bio – qui concerne 35 hectares de vignes en propre (sur un total de 107), des achats de raisins certifiés et une gamme de vins forte de 47 étiquettes, cas unique en Bourgogne – n’est qu’un moyen parmi d’autres pour la maison Bichot d’envisager la viticulture durable. Sa démarche environnementale se poursuit sur l’ensemble de ses propriétés, en particulier au Domaine Long-Depaquit (Chablis), récemment récipiendaire certification HVE. Pour terminer, précisons que le domaine du Clos Frantin à Nuits-Saint-Georges (photo ci-dessus) servira de cadre aux “bio-rencontres” qui se tiendront le 10 mars prochain, en marge de l’édition 2020 des rencontre internationales Les Grands Jours de Bourgogne. Plus de 800 professionnels y sont attendus pour déguster les cuvées de plus de 90 vignerons en bio et biodynamie de Bourgogne-Franche-Comté.

Les chiffres clés de la viticulture bio en Bourgogne-Franche-Comté :

Bordeaux tient salon à Paris et dîne à Versailles

©Château de Versailles - Galerie des Batailles

Pour accompagner l’ouverture du salon Vinexpo qui se tiendra du 10 au 12 février, la Commanderie du Bontemps, qui est l’une des plus anciennes et des plus importantes confréries viticoles françaises, donnera ce lundi « un majestueux dîner » autour des grands vins du Médoc, des Graves, de Sauternes et de Barsac dans le non moins majestueux décor en photo ci-dessus, la galerie des Batailles, qui occupe quasiment la totalité de l’étage de l’aile sud du château de Versailles. Elle est consacrée à l’illustration de près de quinze siècles de succès militaires français, de Clovis à Napoléon, en une trentaine de tableaux et n’a pas été modifiée depuis son inauguration. Ces lieux prestigieux accueilleront près de 650 invités pour une soirée emblématique qui fait son retour à Paris après de nombreuses années.

Coopératives, une sélection en or

Le secteur coopératif a décroché les plus hautes places du podium lors du concours Prix Plaisir 2019. Rien d’étonnant quand on voit les progrès réalisés depuis quelques années. On peut faire beaucoup et bon à la fois. La preuve en six médailles d’or.

Ici c’est l’Ardèche

Vignerons Ardéchois, Amandier, IGP ardèche blanc 2017
La cave ?
1967, les douze caves se rassemblent pour former la cave des Vignerons Ardéchois telle qu’on la connait aujourd’hui. Depuis elle n’a jamais cessé de progresser et atteint maintenant un niveau de haut vol. Les cuvées d’entrée de gamme comme les grands vins profitent en plus d’un excellent sens du marketing. Bien occupé avec 6 000 hectares de vignes, la cave n’oublie pas de s’engager vers une agriculture vertueuse et sensible à la protection de la biodiversité. Mille familles de vignerons travaillent avec la même passion dans un souci d’unité et d’entraide. La force du nombre permet de grandes choses et surtout de bien faire. En voilà la preuve.
Le vin ?
Un chardonnay solaire, gourmand, frais et digeste, au nez agréable légèrement beurré. On y revient facilement. C’est tout ce qu’on lui demande.
Le détail ?
Toutes les sélections parcellaires de la cave portent le nom d’un arbre. Un excellent moyen mnémotechnique pour s’y retrouver dans cette gamme très large.
Le prix ?
8,30 euros

Le blanc de la colline

Cave de Tain, Première Note, IGP collines-rhodaniennes blanc 2018
La cave ?
C’est la réunion réussie de la noblesse des grands terroirs du Rhône nord et de l’énergie d’une poignée de jeunes vignerons plein d’ambition et de talent. Si elle est devenue le plus important producteur de vins de syrah dans la région, elle signe aussi des blancs d’excellente facture, autant sur les appellations que sur les IGP. Il y a de quoi être fier. Les apporteurs cultivent leurs raisins sur des parcelles toujours bien situées. Ce bon monde marche de concert sous la direction d’une excellente équipe technique et depuis 2014, la cuverie refaite à neuve permet d’exprimer complètement le potentiel des terroirs.
Le vin ?
Légèrement sur la retenue, première-note est aussi complexe au nez qu’il est ample et généreux en bouche. De fins amers en finale lui donne un surplus de tonus bienvenu.
Le détail ?
La cave décline cette cuvée en viognier ou en marsanne pour les blancs et syrah pour le rouge.
Le prix ?
5,10 euros

Un géant tout en rose

Estandon Vignerons, La Vigne et la Roche, côtes-de-provence sainte-victoire rosé 2018
La cave ?
Elle est à elle seule 10 % de la production des vins de Provence. La marque Estandon est à l’origine de la création de l’appellation côtes-de-provence et ce n’est pas pour rien que l’une des plus importantes réunions de caves coopératives de la région a repris cette identité en 2010 pour porter au plus haut la couleur du rosé. Formidable élément de promotion du secteur coopératif en France, c’est aussi un modèle d’engagement dont il faut s’inspirer.
Le vin ?
Un rosé séduisant, équilibré, parfumé, bien dans l’esprit des vins d’été. Il aura tout autant de succès au cœur de l’hiver ou au début du printemps. Le rosé c’est tout le temps. Surtout quand l’assiette fait la saison.
Le détail ?
20 millions de bouteilles par an. On peut douter un peu du sérieux de ce colosse mais c’est aussi un excellent élève et une bête à concours qui décroche médailles sur médailles. L’or du Prix Plaisir ne lui a pas échappé.
Le prix ?
13 euros

Une bonne surprise

Cellier des Dauphins, Les Grès Bleus, côtes-du-rhône-villages Plan de Dieu rouge 2018
La cave ?
Les chiffres donnent un peu le tournis, certes. 13 caves coopératives, 16 000 hectares de vignes, 3 000 vignerons et 52 millions de bouteilles produites. Cette coopérative monstre, l’un des premiers metteurs en marché de vins en France, souffre d’une image souvent négative et réduite au marché où elle règne, celui de l’entrée de gamme. Par ailleurs présente sur d’excellents crus du vignoble, comme ici à Plan de Dieu, elle est capable de produire des vins bien faits, sérieux et recommandables, à apprécier sur leur jeunesse.
Le vin ?
Bien équilibré, c’est assurément un beau vin de repas, avec ses arômes de fruits frais.
Le détail ?
Une fois encore, le concours Prix Plaisir montre qu’en matière de dégustation à l’aveugle, les préjugés n’existent pas.
Le prix ?
8,50 euros

Un vrai basque

La Cave d’Irouléguy, Kattalingori, irouléguy rouge 2017
La cave ?
Neuf viticulteurs passionnés sont à l’origine de cette coopérative dynamique qui représente aujourd’hui 60 % des surfaces plantées de la petite appellation d’irouleguy (250 hectares). Elle est le fer de lance de ce vin basque encore un peu méconnu. Parce que la région attire beaucoup de visiteurs, la cave développe une offre oenotouristique bien construite et fournie. Dans un vignoble où les exploitations sont de très petites tailles, l’esprit coopératif joue ici un rôle déterminant dans la promotion des terroirs et des vins.
Le vin ?
Le tannat prend des parfums d’encre de Chine et de fruits noirs. Sa forte structure invite à l’oublier un peu en cave. Mais une chose est sûre, ça promet.
Le détail ?
Le site internet de la cave, à l’interface fluide et moderne, propose de découvrir les vignerons coopérateurs de la cave grâce à une série de portrait plutôt réussie. On peut acheter les vins en ligne, c’est bien.
Le prix ?
12,90 euros

La petite reine

Rhonéa, L’Amicale de la Pédale, Ventoux rouge 2018
La cave ?
La réunion de deux caves importantes du Vaucluse, celle de Beaumes de Venise et de Vacqueyras, a donné un nouvel essor à la coopération viticole dans le Rhône sud. Toute la gamme gagne à chaque millésime en précision et en modernité. Ici aussi, le marketing est au service de la qualité et permet une belle mise en avant des cuvées sur le marché, en optant pour des étiquettes innovantes et joyeuses. Des treize vignerons fondateurs, la cave s’est renforcée est travaille aujourd’hui avec 200 artisans passionnés.
Le vin ?
Avec un nom comme ça, cette petite cuvée fera à coup sur son effet sur la table surtout auprès de l’amateur de vélo. Sur le fruit, ce vin franc et frais apporte de la gaieté dans le verre. Simple mais bien fait, il est parfait en apéritif, avec de bons copains.
Le détail ?
C’est la brillante et expérimentée Dany Rolland, œnologue de référence du Bordelais (mais pas que), qui conseille la cave. Une solide référence.
Le prix ?
5,50 euros

Michael Huang, d’après lui

Il a 47 ans. Il est Chinois, de Pékin. Il a acquis le Château Bonnange, à Blaye, pour sa retraite. Mais c’était un vignoble et la vigne n’attend pas. Que dit-il ?

« J’ai acheté ce château, il y a quatre ans. J’ai commencé à boire du vin vers l’âge de 30 ans. Ce qui me plaisait bien. Rien de comparable avec la passion qui m’anime maintenant. Au début, je venais un peu l’été, un peu l’hiver, en vacances. J’ai fini par comprendre qu’un vignoble exigeait un engagement énorme. Je me suis impliqué à la chinoise, c’est-à-dire à toute vitesse. Je voulais redresser ce vignoble en deux ans. Mais la vigne ne l’entend pas de cette oreille. C’est ce qui est beau. Mais ce n’est pas facile de devenir un propriétaire responsable. Michel Bettane m’avait prévenu. J’ai suivi le conseil »

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Bordeaux : 416 000 personnes ont visité la Cité du vin en 2019

Trois ans après son ouverture, le chiffre de fréquentation du centre culturel bordelais consacré au vin lui permet de se classer comme le quatrième musée le plus visité en France en 2019*, hors Ile-de-France, à la suite du trio de tête composé du musée des Confluences (Lyon), du Louvre Lens et du Mucem (Marseille). A propos de ce classement, Solène Jaboulet, directrice marketing et communication de la Cité du vin, évoque une belle récompense et une grande satisfaction «  pour toute l’équipe qui, chaque jour, accueille les visiteurs et a à cœur de leur proposer une expérience inoubliable. » Représentant 178 nationalités, les 416 000 visiteurs accueillis en 2019 portent le nombre d’entrées total du musée à plus d’1,5 million.

De plus en plus international, ce visitorat a vu la part des visiteurs étrangers s’établir l’an dernier à 46 %, soit une augmentation de 20 % par rapport à 2018. Les Britanniques, les Espagnols (avec un chiffre en hausse de 41 %) et les Américains ont été les plus nombreux, suivis des Italiens (+ 50 %) et des Allemands (en progression de 27 %). A la fois équipement culturel, site touristique et lieu de vie et de sortie pour les Bordelais, la Cité du vin met à l’honneur les vignobles du monde entier à travers un parcours permanent, des expositions temporaires, des ateliers et de nombreux rendez-vous dont nous nous faisons souvent le relais. Ces temps-ci, le musée est ouvert tous les jours de 10 h à 18 h, par ici la visite.

* Source : Etude News Tank – janvier 2020, sur la base des résultats (collections permanentes et expositions temporaires) collectés auprès des musées et monuments français.

Les belles références de la maison Eugen

Eugène Raoux et Emmanuel Coiffe lors de l'Eugen Tasting qui s'est tenu à Paris en novembre dernier.

Maison de négoce en grands vins fondée en 2001 par Eugène Raoux, Eugen a pris « une nouvelle ampleur » à l’automne dernier avec l’arrivée à sa tête d’Emmanuel Coiffe. C’est fort de ses expériences dans les affaires en France et à l’étranger, de ses racines viticoles et du soutien d’Eugène Raoux que son « successeur naturel » entreprend développer la maison, dans le respect des valeurs qui ont prévalu jusqu’alors. En mettant ses méthodes au service de la progression d’Eugen, Emmanuel Coiffe avait pour projet d’en structurer l’activité et de lui apporter de nouveaux axes avec l’appui d’une équipe « étoffée et formée pour répondre toujours plus efficacement aux attentes des partenaires de la maison. »

Envisagée pour ces derniers, cette évolution se fait avec eux. Concrètement, ce passage au niveau supérieur de l’activité d’Eugen s’accompagne de l’accentuation de sa dynamique vers l’export et du développement et de l’amélioration de la structure logistique et du stockage. La gamme des vins de la maison s’élargit également « avec les plus belles références. » De quoi satisfaire les amateurs les plus exigeants, tout comme la série d’événements exclusifs qui s’annonce et qui devrait faire d’Eugen « l’intermédiaire indispensable et fidèle entre des consommateurs prestigieux et les plus belles propriétés. »

Uniquement réservé aux professionnels, l’Eugen Tasting qui s’est déroulé au sein du Palais Brongniart fin novembre. 80 grands vins de Bordeaux, Bourgogne, Champagne, de la Loire et du Rhône y ont été présentés par leurs propriétaires, ainsi que quelques spiritueux

La confusion règne en Bourgogne

Coup de tonnerre sur les appellations bourguignonnes et levée de boucliers chez les vignerons concernés. Ce n’est pas la réforme des retraites, mais presque. À propos, on attend la retraite de l’Inao et de son projet. Michel Bettane a une meilleure idée

Cela devient une habitude dans notre pays, la colère gronde chez les vignerons bourguignons qui aimeraient bien embrocher les experts et la direction de l’Inao, à défaut de s’en prendre à notre royal président. Et, comme d’habitude aussi, les noms d’oiseaux et les faux arguments fusent dans toutes les directions, interdisant une discussion constructive et bloquant tout compromis intelligent. De quoi s’agit-il, en fait ? Il semblerait que notre vénérable institut veuille redéfinir le parcellaire de l’appellation régionale bourgogne, personne d’ailleurs ne sait pourquoi. Il n’y a même pas eu sur ce point de concertation avec l’ensemble de la viticulture locale ni même d’information préalable, en toute bonne foi technocratique. Soixante-quatre villages pouvant actuellement revendiquer cette appellation en seraient exclus et les villages chanceux font naître une grosse jalousie chez les malchanceux, ce qu’on peut comprendre. Mais au fait, au nom de quoi cette redéfinition a-t-elle été entreprise ?

Au nom de l’unité de terroir et du style des vins ? Vaste plaisanterie et réitération des mensonges qui ont fait rêver les amateurs du monde entier tout en les bernant. Après plusieurs siècles de querelles et de débats, la Bourgogne viticole a abouti au compromis satisfaisant que nous connaissons aujourd’hui et qui la divise en trois grandes zones. Au nord, le département de l’Yonne ; au centre celui de la Côte-d’Or et le nord de la Saône-et-Loire ; au sud, le sud de la Saône-et-Loire et le nord du Rhône. Cela n’a rien à voir avec le terroir. L’Yonne prolonge les formations du Bassin parisien avec les fameuses marnes calcaires identiques à celles des bords de Seine et de la Champagne. Les coteaux sud et sud-est qui s’enchaînent du sud de Dijon au nord de Chalon-sur-Saône n’ont rien à voir avec ces marnes, mais malgré de menues différences adoptent des substrats assez voisins et, certainement, les plus originaux. Si on avait défini la Bourgogne en la limitant à cette partie centrale on n’aurait eu rien à redire. Reste, au sud, le cas du Beaujolais dont on sait à son sujet qu’il est né schizophrénique avec une géologie granitique complètement différente, jumelle de celle du nord des côtes du Rhône et une histoire commerciale qui le rattache à la Bourgogne du centre. Ainsi, les premières appellations contrôlées ont permis de planter au sud de Villefranche du pinot noir et du chardonnay, intelligente souplesse car le terroir retrouve ici ou là un rapport avec celui de la Bourgogne centrale : retour de l’argile et du calcaire, disparition du granit. Au nord de Villefranche, les crus étant commercialisés pour une immense majorité par le négoce, celui-ci tient à les réunir aux terroirs de la Côte-d’Or. En faisant fi du casse-tête né de la création des régions par la Ve République qui divise quelques crus entre les régions Bourgogne et Rhône-Alpes. Avouons-le, il n’y a pas là crime, simplement le commerce définit les limites de la Bourgogne viticole et pas le terroir.

C’est aussi le commerce qui a modelé la fameuse pyramide hiérarchique des appellations. En créant des disparités, de plus en plus étrangères à la qualité réelle des vins, entre villages vedettes et villages voisins et méconnus même si, en théorie, ils peuvent prétendre aux mentions premier cru, voire grand cru. Et, surtout, en acceptant que l’appellation régionale bourgogne ait le statut d’une entrée de gamme à petit prix, même pour un vigneron travaillant ses parcelles avec une discipline digne d’un premier cru. L’argument avancé d’un terroir moins bon ne tient pas la route quand il s’agit d’excellentes vignes de coteau et aussi difficiles à travailler, comme celles qu’on voit au sud de Givry, par exemple, ou au nord de Chablis. Reste ce qui n’est pas le moins important, le confort et le volume des approvisionnements et leur rapport aux besoins du marché. Le pinot noir est-il un peu faible en couleur, les volume sont-ils insuffisants ? On obtiendra que de larges zones du nord-Beaujolais, sur les granits, et plantés avec du gamay honni en Côte-d’Or, mais excellent vin médecin à Chénas ou Moulin-à-Vent, puissent se déclasser (quel mot charmant) en appellation bourgogne générique.

Fallait-il réformer ce monstre vitivinicole, au nom des progrès du savoir, mais surtout des principes fondateurs des appellations d’origine ? Peut-être. Force est de constater que nos technocrates s’y sont pris comme des manches. On a d’abord essayé de diviser l’appellation bourgogne régionale en sous-zones. Première créée, sans doute par clientélisme, la côte châlonnaise. On a élargi à quelques villages de l’Yonne, sans approcher, même de très loin, les 30 000 hectares du vignoble préphylloxérique, l’appellation au nom magique. Sans que la magie ne prenne. Le bourgogne-côte-chalonnaise n’a pas décollé économiquement et n’a fait que susciter la rancœur des vignerons de Côte-d’Or, particulièrement ceux des villages célèbres qui se sont pris pour les aristocrates du bourgogne. Et personne ne s’est mis d’accord pour trouver un nom aux vins génériques de ce cœur de la Côte-d’Or. On avait créé avec succès bourgogne-hautes-côtes-de-beaune et hautes-côtes-de-nuits, on refuse le bourgogne-côte-de-beaune ou côte-de-nuits et le bourgogne-côte-d’or, à la demande des prolétaires de la côte chalonnaise qui ne voulaient pas se laisser dépasser par les nouveaux venus et d’un département qui ne voulait pas prêter son nom. Le secteur de Chablis, traumatisé par les extensions des années 1960 et par l’idiote invention du petit chablis, pour le bas de sa gamme, était bien incapable de reprendre une appellation comme coteaux-du-chablisien. On essaie alors le mouvement contraire, transformer des bourgognes en appellations dites villages, premier accès à la noblesse. On accorde donc au bourgogne-marsannay ou au bourgogne-irancy l’effacement du mot “bourgogne”. Mais il y avait pire, le bas de gamme du bas de gamme, le sinistre bourgogne-grand-ordinaire ou le ridicule bourgogne-passe-tout-grains. On décide alors de les supprimer et de redéfinir une nouvelle entrée de gamme de l’entrée de gamme sous le nom de coteaux-bourguignons. La qualité du vin pouvait y gagner, et y gagne d’ailleurs chez les bons faiseurs. Mais c’est une catastrophe au niveau de la communication, on veut remarier autrement Bourgogne et Beaujolais, pinot noir et gamay, à la confusion générale du public et même des professionnels. Restait donc la redéfinition géographique. On l’a voulue géographique, avec des experts peut-être compétents en géologie, mais buveurs abstèmes, incapables d’imaginer le lien de qualité et de style par rapport au terroir. Incapables aussi d’écouter les viticulteurs sérieux, préférant tendre l’oreille aux colériques ou aux agités.

Y aurait-il une réponse plus consensuelle et donc plus intelligente pour résoudre ce casse-tête ? Certainement. En voici une. Conservons tous les villages concernés, sans suppression, ajoutons en même quelques-uns, si sol et climat ont du potentiel, pour éviter toute jalousie ou querelle de clocher et pour anticiper de façon optimiste d’éventuelles extensions du marché. Mais fixons des règles de production plus strictes, avec engagement écrit du viticulteur à respecter chaque année un cahier des charges plus contraignant. Ouvrons la possibilité, pour ceux qui ne pourraient pas maintenir un prix de vente décent du vin, de se contenter de vendre du raisin à de bons élaborateurs, éventuellement en les y aidant financièrement, à condition qu’ils s’engagent vers une viticulture plus vertueuse. Et cessons de mettre le mot terroir à toutes les sauces en le remplaçant par celui de vin de qualité.

 

Photo : Aurélien Ibanez