Accueil Blog Page 119

Voyage autour de ma cave par Michel Bettane #8

Je continue mon parcours aléatoire des rieslings que je possède, avec d’autant plus de délectation et aussi de tristesse liée à leur conformisme, que mes invités snobs et sans une vraie curiosité d’amateur, me demandent toujours d’ouvrir une bouteille de chardonnay bourguignon (ils connaissent ma cave). Je ne leur ai pourtant jamais caché mes goûts et mon envie de les faire partager. En Bourgogne, les chablis qu’ils méprisent dans leurs délires sur les vins de Côte d’Or et les rieslings des deux rives du Rhin. Donc je me rattrape. Après la Rheingau, ma chère Alsace, si souffrante en ce moment. Pendant de nombreuses années, le regretté Jean Meyer fut mon collègue à l’Académie du vin de France. Merveilleux gourmet, homme raffiné et d’une rare culture, il rédigeait comme personne le compte rendu des voyages d’étude des académiciens dans les vignobles du monde. Dans sa propriété de Turckheim, il s’était spécialisé dans la production de vins secs délicats, digestes qu’il adorait boire tous les jours. Sans négliger les vins de crus avec ses belles parcelles du fameux coteau du Brand. Ses filles continuent magnifiquement son œuvre, après avoir converti l’ensemble du vignoble à la viticulture biodynamique, ce qu’il aurait bien sûr encouragé.

Ce 2004, dans mon esprit, devait contraster complètement avec le Gräfenberg allemand ouvert il y a deux jours. Le Brand est un terroir granitique, au sol très différent du métamorphisme de Kiedrich. Le micro-climat chaud et sec du sud de Colmar pousse parfois le cru à se caricaturer quand, sur les sables, le manque d’eau de l’été stresse la vigne. Les années d’alternance de soleil et de pluie l’exaltent et, parfois, encouragent le développement du botrytis. La robe de ce 2004 était encore jeune, avec un début d’évolution vers l’ambre. Avec les vieux rieslings de 15 à 30 ans, à leur apogée dans l’expression du terroir, la température de service joue un rôle capital. Trop froid, en dessous de 10°C, le vin reste muet. Il s’ouvre lentement à partir de 12°C et trouve son expression la plus juste vers 14°C. En l’occurrence une expression discrète et qui demande une certaine culture du vieux vin pour être comprise du premier coup. Le premier coup de nez évoque la prune quetsche cuite, celle des tartes, avec une touche de cannelle, ce qui n’est plus un arôme à la mode florale comme on les aime aujourd’hui. Si on lui laisse dix minutes pour devenir plus complexe dans le verre, cette petite note oxydative se rafraîchit et le vin part avec discrétion sur l’abricot et les fruits jaunes, rehaussé d’un soupçon d’amertume terpénique liée au cépage. Le botrytis se sent de plus en plus, apportant ses nuances de confiserie et cachant la salinité du granit. Ici aussi, une pointe de sucre résiduel équilibre une forte acidité, avec un peu plus de lourdeur que dans le Gräfenberg de l’autre jour. Il faut naturellement un peu d’imagination pour lui trouver un plat le mettant en valeur. J’imagine, par exemple, une quiche salée au saumon et potimarron. Bon, le problème est que, confinement oblige, je ne peux pas me faire livrer les ingrédients sur l’instant et que j’aurais eu bien du mal d’ailleurs à en optimiser la cuisson. Le feuilleton riesling n’est pas terminé, tant pis pour les snobs.

Josmeyer, brand, riesling grand cru 2004

Voyage autour de ma cave par Thierry Desseauve – Jour 10

Voyage autour de ma cave, ou la chronique quotidienne d’un amateur pas désespéré par temps de confinement. Aujourd’hui, Thierry Desseauve reçoit Michel Bettane qui déniche, ouvre et raconte une bouteille mémorable de sa cave.
Jour 10 : Domaine Courbet, château chalon 2010

Voyage autour de ma cave par Michel Bettane #7

Depuis un séjour lointain à Oxford, je suis devenu un inconditionnel des meilleurs rieslings allemands et je possède plusieurs centaines de flacons issus des meilleurs vignobles et des meilleurs producteurs, ce qui n’est hélas pas fréquent chez nous. Au siècle de nos grands romanciers, le vin dit du Rhin était sans doute le plus réputé et le plus populaire de tous les vins blancs et le fait que la plupart des vignobles bordaient les frontières françaises en rendait le transport facile. Les absurdes conflits germano-français ont créé une barrière infiniment plus stupide et efficace que notre fumeuse ligne Maginot, mais dans l’autre sens.

Le cœur du vignoble rhénan s’appelle la Rheingau avec comme épicentre, au confluent du Rhin et de la Nahe, le beau village de Rüdesheim et ses imposants coteaux. Kiedrich n’est pas loin et possède un vignoble aussi prestigieux dont le lieu-dit le plus connu est le Gräfenberg, la colline des comtes. Remarquable par sa pente, son exposition et la qualité de son terroir de schistes du Taunus, différent des sols plus alluvionnaires des zones les plus proches du fleuve. Il appartient en quasi-totalité à une des propriétés les plus respectées d’Allemagne, la Weingut Robert Weil, acquise par le géant japonais Suntory.

L’instrument de travail a bénéficié des investissements considérables de la firme japonaise et permet au perfectionnisme de Wilhelm Weil, descendant direct du fondateur, lui-même originaire du cœur de terroir de la Moselle, de pratiquer une viticulture et une vinification d’élite. Je sais que le mot choque quelques-uns de nos beaux esprits, mais sans élite il n’y a jamais de progrès et rarement du beau et du grand. La célébrité de la propriété est née de ses vins de vendanges tardives, largement botrytisées, de la famille des auslese, en raison d’un micro-climat très favorable au développement du botrytis. Wilhelm Weil a donc pris son temps avant de mettre au point un grand type de vin sec. Le cahier des charges de ces vins a été mis au point dans les années 1990 par le VDP, très influent regroupement privé de producteurs, pour regagner tous les marchés perdus par une législation antérieure trop difficile à comprendre. Il a fallu sélectionner les terroirs dignes de le produire, définir les conditions de production, donner un nom au produit, en l’occurrence Erstes ou Grosse Gewächs (premier ou grand cru). Les meilleurs d’entre eux reçoivent désormais un accueil enthousiaste des grands amateurs du monde entier et, par comparaison, font apparaître la routine qui banalise trop souvent nos rieslings alsaciens. Ce 2002 en est un excellent exemple. Après 18 ans, sa couleur n’a presque pas varié, d’un jaune tirant encore sur le citron, son impeccable fraîcheur aromatique montre les bienfaits d’un usage intelligent du SO2 qui permet de conserver et même de magnifier l’éclat de naissance d’un vin à l’acidité vivifiante et à la concentration impressionnante en extrait sec. Une touche de sucre résiduel équilibre cette acidité sans préjudice à l’usage gastronomique, comme je me le suis imposé en l’associant à une belle tranche d’Espadon au beurre blanc, légèrement aromatisé au zeste de mandarine. La saveur noble n’aime pas le glaçage et il faudra attendre que la température du vin atteigne et dépasse 10° dans le verre pour que les plus fins arômes de fleur blanche, de fruits blancs et jaunes (abricot, en particulier), relevé d’une pointe d’agrume amer se développent en liberté. À 12°C, on commence à entrevoir une touche plus minérale ou fossile, pouvant rappeler le pétrole, ce qui est la signature du riesling, mais comme une caresse, presque aérienne, et qui allonge et rend plus complexe la fin de bouche. Un triomphe qui a pris du temps pour trouver sa perfection en bouteille et qui l’a trouvée.

Weingut Robert Weil, riesling, kiedrich gräfenberg, erstes gewächs 2002  

Voyage autour de ma cave par Thierry Desseauve – Jour 9

Voyage autour de ma cave, ou la chronique quotidienne d’un amateur pas désespéré par temps de confinement. Chaque jour Thierry Desseauve déniche, ouvre et raconte une bouteille mémorable de sa cave.
Jour 9 : Château Haut-Marbuzet, saint-estèphe 2008

Voyage autour de ma cave par Thierry Desseauve – Jour 8


Voyage autour de ma cave, ou la chronique quotidienne d’un amateur pas désespéré par temps de confinement. Chaque jour Thierry Desseauve déniche, ouvre et raconte une bouteille mémorable de sa cave.
Jour 8 : Champagne Taittinger, Comtes de champagne, blanc de blancs 2004

Voyage autour de ma cave par Michel Bettane #6

Une super coop
Je ne sais pas si cette cuvée est toujours produite par la cave coopérative, en tout cas elle l’a embouteillée en 2016. J’aime cette petite cave, qui défend pratiquement l’intégralité d’une appellation méconnue du Sud-Ouest, sauf évidemment des joueurs de rugby agenais ou toulousains. C’est l’une des plus engagées de France dans la pratique certifiée d’une agriculture respectueuse et l’une qui respecte le plus ses adhérents sur le plan moral, sanitaire et économique. La méconnaissance vient du crime que constitue pour certains snobs – c’est à cela qu’on les reconnait – l’adoption des cépages bordelais, cabernets et merlots, au lieu d’auto-proclamés autochtones. On le sait, ce dernier concept est scientifiquement faux, les cépages dits bordelais étant justement nés entre le Pays basque, la vallée de l’Adour et les piémonts espagnols et français.

De l’importance du bouchon
Par ailleurs, j’ai payé un lourd tribut depuis deux ans à l’inégalité de la qualité des bouchons produits par la filière du liège et encouragée par ceux qui se voilent la face en ne la dénonçant pas. Entre pétrus et léoville-las-cases 1989 et la-tâche 1990, quel que soit le prix payé pour le bouchon, les vins ont fini à l’évier. Pire, dans ma dernière tournée bordelaise et sur des millésimes récents comme 2012 ou 2017, à de très nombreuses reprises, j’ai fait ouvrir une seconde bouteille et, à la grande surprise des propriétaires et œnologues embarrassés, on voyait nettement les différences entre un bon bouchon et un bouchon liégeux, voilant les arômes, le goût et l’origine. Cela fait de nombreuses années que j’entendais les discours de la filière sur les améliorations, mais je me faisais une petite collection de vins bouchés de façon alternative. Je les ai laissé dormir dix ans ou plus et je commence à les ouvrir. Ce 2007 est bouché synthétique Nomacorc, voir la photo, et douze ans plus tard son aspect est nickel, facile à ouvrir et d’une impeccable intégrité mécanique.

Plaisir total et imprévu
J’ai rarement dégusté depuis quelque temps un vin aussi immédiatement net, aussi frais, aussi facilement lisible et goûtable que ce délicieux 2007, parfaitement équilibré, au tannin délicat et intégré, à la maturité de raisin idéale et, je le dis tout net, supérieur à plus de la moitié des crus classés bordelais du même millésime. Je n’ose imaginer ce que donnerait une dégustation à l’aveugle entre buveurs de bonne foi. Et quand un vin n’a ni déviation vaguement liégeuse, ni réduction ou petite oxydation ou petite présence animale ou de décomposition de la matière liée à de mauvaises levures ou une mauvaise protection du bouchon, le plaisir est total et vraiment imprévu. Sans parler du rapport qualité-prix pour un vin qui valait certainement bien moins de 10 euros. Bravo et merci Buzet.

Les Vignerons de Buzet, Astris Cabernet-Merlot, Buzet 2007
https://www.nouslesvigneronsdebuzet.fr/boutique/

Six blancs pour prendre le large

Exit les balades sur la plage, les promenades en forêt et les randos en montagne. À défaut de pouvoir prendre le large (et surtout un peu l’air), voici six blancs printaniers, légers et frais pour se changer les idées. De bronze, d’or ou d’argent, ils sont médaillés au concours Prix Plaisir 2019.

Le menetou qu’il vous faut
Domaine de l’Ermitage, menetou-salon 2018
C’est vrai (et c’est dommage), la réputation de sancerre et de pouilly-fumé fait un peu d’ombre aux vignobles de l’Orléanais et du Centre-Loire. On trouve pourtant dans ces appellations d’excellents sauvignons, fins et racés, et des vignerons de talents qui redonnent à ces vins le rang qu’ils méritent. Parmi eux, ce domaine de neuf hectares qui signe ce menetou ciselé, à la bouche fruitée et fondante. À suivre de près.
14,90 euros
Médaille de bronze

Un petit chablis pas si petit
Closerie des Alisiers, petit chablis 2018
La « petite » appellation de chablis est loin d’être un fourre-tout pour les chardonnays de moins bonne qualité. Bon nombre de vignerons talentueux y produisent des jolis vins, dans un style plus facile d’accès que les villages. Stéphane Brocard a posé son négoce dans l’Yonne et livre à partir d’excellentes parcelles un blanc citronné, vif et bien équilibrée.
13,50 euros
Médaille d’argent

La java, c’est tout le temps
Domaine des Grandes Espérances, La Java, touraine 2017
Entre les mains de la famille Saget, le domaine des Grandes Espérances ne cesse d’étonner par son dynamisme et par la progression de l’ensemble de sa gamme. Avec La Java, on retrouve ce qui fait le charme du sauvignon de Touraine lorsqu’il est bien conduit et vinifié, expressif, équilibré et long en bouche. Jamais lourd, toujours au top.
9,50 euros
Médaille d’or

Entre-deux-mers et pas entre deux styles
Château Turcaud, entre-deux-mers 2018
Au cœur de ce vignoble trop souvent victime de préjugés, la nouvelle génération de la famille Turcaud a repris le flambeau et a su maintenir un haut niveau de qualité. Elégance des arômes et de la texture, équilibre et harmonie sont ici de mise. Parfait pour se rappeler que Bordeaux sait aussi faire des blancs digestes et gourmands. Bref, tout ce qu’on aime.
8,90 euros
Médaille d’or

Amour, été, gascogne
Domaine de Pellehaut, Été gascon, côtes-de-gascogne moelleux 2018
Un peu d’été et de sud-ouest dans l’hiver. Vignerons et éleveurs, les frères Béraut ont de quoi s’occuper entre les 280 hectares de vignes et leur troupeau de soixante vaches. Bien équipé, Mathieu et Martin produisent ce blanc moelleux gourmand, ample, à la saveur fruitée. Une jolie réussite. Quand ils sont faits comme ça, les moelleux des côtes-de-gascogne ont vraiment tout pour eux.
6,55 euros (en vente flash jusqu’au 27/03)
Médaille d’or

Le blanc est le nouveau rose
Les domaines Paul Mas, Côté Mas Blanc, pays d’oc 2018
L’homme qui vaut vingt médailles est un incontournable du sud de la France. Sa marque qui a conquis le monde. Nés de l’esprit visionnaire de Jean-Claude Mas, les domaines Paul Mas produisent bon nombre d’étiquettes (notamment les rosés), appréciées du grand public et largement distribuées. Net, moderne, réussi, voilà un pays d’oc aux fruit bien mûr et harmonieux. Hautement recommandable.
7,50 euros
Médaille de bronze

Ces cuvées sont en vente sur le site de Vinatis, qui continue d’assurer son service livraison pendant la période de confinement.
Domaine de l’Ermitage, menetou-salon 2018
https://www.vinatis.com/31781-menetou-salon-blanc-2018-domaine-de-l-ermitage

Closerie des Alisiers, petit chablis 2018
https://www.vinatis.com/33634-petit-chablis-2018-closerie-des-alisiers?search_query=brocard&results=15

Domaine des Grandes Espérances, La Java, touraine 2017
https://www.vinatis.com/28287-touraine-blanc-la-java-2017-domaine-des-grandes-esperances?search_query=java&results=3

Château Turcaud, entre-deux-mers 2018
https://www.vinatis.com/35948-entre-deux-mers-2018-chateau-turcaud?search_query=turcaud&results=4

Domaine de Pellehaut, Été gascon, côtes-de-gascogne moelleux 2018
https://www.vinatis.com/31898-l-ete-gascon-2018-domaine-pellehaut?search_query=pellehaut&results=7

Les domaines Paul Mas, Côté Mas Blanc, pays d’oc 2018
https://www.vinatis.com/33703-cote-mas-blanc-2018-domaines-paul-mas

C’est possible de lancer une nouvelle marque de champagne ? Oui, c’est possible

Frèrejean Frères, brut premier cru, champagne NM

Pourquoi lui
J’adore l’histoire des marchands de canons Frèrejean Frères qui vendaient leur production à Napoléon III, puis à Clémenceau. À l’époque, l’usine était rue de Réaumur, à Paris. La fratrie du moment est plus champenoise, installée à Avize depuis 2005.

On l’aime parce que
Ces trois jeunes frères Frèrejean sont issus d’une branche de la famille Taittinger et voilà qu’ils nous présentent des champagnes de finesse, d’élégance et de ciselure, plutôt marqués chardonnay.

Lire la suite ici sur le blog bonvivant

Voyage autour de ma cave par Thierry Desseauve – Jour 7

Voyage autour de ma cave, ou la chronique quotidienne d’un amateur pas désespéré par temps de confinement. Chaque jour Thierry Desseauve déniche, ouvre et raconte une bouteille mémorable de sa cave.
Jour 7 : in vino veritas, Pierre Bert, Albin Michel

Voyage autour de la cave de Michel Bettane, #5

Les saveurs les plus originales des cépages languedociens
Pour faire la paire avec ma conscrite de Mélanie 2010, voici les Grands Carmes de Simone. Ce n’est pas que je souhaite à Mélanie de finir ses jours dans ce type de maison d’accueil, mais tout simplement parce que j’adore ce vin qu’on boit toujours trop jeune. On ne présente plus la gloire du vignoble aixois, Château Simone, ni la famille exemplaire qui l’a en charge depuis plusieurs générations, les Rougier. Sur une pente d’éboulis calcaires d’origine lacustre, exposée plein nord et abritée des violences climatiques (sauf, hélas, des sécheresses d’été des derniers millésimes), les meilleurs cépages languedociens, blancs en particulier, donnent leurs saveurs les plus originales, les plus fortes et les plus durables. Les Grands Carmes n’est pas un second vin mais un peu comme Alter Ego par rapport à Palmer, une autre expression du terroir, née de sols un peu différents, très voisins géographiquement des vignes qui jouxtent le château et d’un assemblage particulier qui privilégie la clairette (80 %) épaulée par 10 % de viognier pour le parfum et 10 % d’ugni blanc assez âgé, pour le mariage des deux autres.

Le cœur de la Provence, c’est ici
On le présente comme plus immédiat à boire qu’un château-simone, c’est bien dommage. Si son fruit est plus tentateur, il n’exprime qu’imparfaitement le génie de la clairette avant huit à dix ans d’âge. Ce cépage à l’amertume légère soulignant ses arômes fermentaires propres, hésitants entre le tilleul, la verveine et surtout le fenouil, est en fait une sorte de riesling languedocien qui a besoin de l’affirmation de son caractère terpénique pour s’accomplir. Ce caractère qui fait parfois penser à une odeur de pétrole renforce les notes de fenouil et a une résistance incroyable à l’oxydation. Après dix ans, la couleur et l’éclat de ce vin restent intacts, construits sur une matière noble, profonde, comme on n’en trouve plus que rarement dans nos chardonnays bourguignons modernes délavés ou vendangés verts. Grande viticulture, évidemment petits rendements et aussi art du pressurage et de l’élevage, considérablement aidés par la cave fraîche et enterrée dont bénéficie ce domaine. Rappelons que le cœur de la Provence est ici, pas plus au sud, et que les cépages blancs autochtones sont plus anciens que les cépages espagnols, aussi nobles et adaptés soient-ils, qui font le triomphe des rosés du Var.

Château Simone, Les Grands Carmes de Simone blanc, IGP bouches-du-rhône 2010
https://chateau-simone.fr/