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25 ans d'âge+ 700 ans de savoir-faire

A quelques jours de la belle vente aux enchères caritative de cognacs La Part des Anges, la maison Frapin lance un cognac « hors du temps » présenté en flacon numéroté. Cette série limitée, dont l’authenticité a été certifiée à toutes les étapes de fabrication par le Bureau national interprofessionnel du Cognac (BNIC) est une très vieille réserve élaborée uniquement à partir d’ugni blanc provenant des vignes situées au sud-est du vignoble de 240 hectares de la Maison (propriété de la famille Cointreau, qui possède aussi les champagnes Gosset). Vendangé, distillé, puis vieilli vingt-cinq ans en fûts de chêne du Limousin avant d’être assemblé et mis en bouteille au château, ce millésime 1988, 100 % Grande Champagne, premier cru de Cognac, possède « le charme des cognacs d’antan » et ses arômes racontent une histoire que Patrice Piveteau, maître de chai de la Maison, a accompagnée. « Les faibles rendements ainsi que des conditions climatiques chaudes et sèches de fin d’été ont favorisé les conditions d’une bonne maturation des grappes. Dans ces circonstances, le lot dont est issu le Millésime 1988 présentait des caractéristiques aromatiques parfaites et surtout une structure et un équilibre qui nous ont conduits à le millésimer, sitôt sa distillation terminée.

Cognac Frapin, Trésor du château Fontpinot, Millésime 1988, 25 ans d’âge.

141 €, prix conseillé, cavistes et vente directe au 03 26 56 99 56.

Succès pour les vins suisses

La vingt et unième édition du salon Vinea, qui s’est tenu ce week-end à Sierre en Suisse, a accueilli plus de 8 000 visiteurs. Un chiffre comparable à celui de l’édition anniversaire de 2013. Le public a pu découvrir plus de 1 200 vins proposés à la dégustation et apprécier à nouveau l’ouverture du salon aux accords mets-vins, qu’il s’agisse de gastronomie étoilée ou de salaisons du Valais. Un nouveau stand a également été inauguré avec succès, avec pour objectif de lever le voile sur le monde parfois un peu secret des concours de vins. « Nous avons joué la carte de la transparence en permettant au public de se mettre à la place d’un membre de jury pour déguster et noter une partie des vins primés au Mondial des pinots et au Mondial des merlots », explique Elisabeth Pasquier, la directrice du salon. Enfin, même si ce n’est pas l’objet principal de ce rendez-vous convivial dont le président, François Murisier, indique qu’il « compte dans l’agenda des amateurs de crus helvétiques d’ici et d’ailleurs », les exposants ont noté qu’un nombre important de commandes de vins a été effectué, ce qui devrait réjouir toute la filière. La vingt-deuxième édition de Vinea se tiendra du 4 au 6 septembre 2015.

La garde des vins

Sur sa liste des indispensables fournitures de la rentrée (voir ici), l’amateur de vins peut inscrire ce livre de cave paru début août aux éditions Artémis et signé par Géraldine Martin, auteur spécialisé dans le vin qui fut longtemps sommelière. Doté d’un tableau des grands millésimes région par région, cet outil de gestion et de référencement est constitué de 200 fiches à remplir pour répertorier ses vins (région, date d’achat, fournisseur, prix, nombre de bouteilles et emplacement, commentaires de dégustation, etc.) ainsi que de nombreux conseils pour se constituer une cave, bien aménager les lieux, bien conserver ses bouteilles, mais aussi bien acheter.

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Livre de cave, Mes vins de garde, 256 pages. Artémis Editions, 19,90 €

Chine éternelle, poésieet art contemporain

Stèles, Li Chevalier

Tous les samedis de septembre, le château Haut-Bailly ouvrira ses portes aux visiteurs qui souhaitent venir découvrir le travail de l’artiste franco-chinoise Li Chevalier. Cette dernière, dont l’exposition à la Base sous-marine de Bordeaux au printemps dernier a rencontré un grand succès, poursuit ici son expérimentation de lieux insolites en investissant le chai de ce grand cru classé situé à Léognan.

Créée en 2013, l’installation visible à Haut-Bailly jusqu’à fin septembre porte le même titre que l’œuvre du poète à qui elle rend hommage, Victor Segalen, grand explorateur et amoureux de la Chine qu’il parcourt en tous sens au début du XXe siècle. Il est fasciné par la poésie des stèles qui animent les bords des routes et des chemins de montagne, s’adressant à qui les rencontre et “parlant” d’amitié, d’amour, de faits militaires, d’Empire ou de pouvoir, selon leur orientation.

Porteuses de poèmes calligraphiés, les stèles de Li Chevalier « forcent à s’arrêter, elles sont une pause, une ponctuation dans la lecture de l’espace. On s’en approche, on les consulte, comme on consulte les étoiles avant de poursuive son chemin. ». Ces mots sont ceux de Marc Fontana, responsable de la médiathèque de l’Institut français de Chine (Pékin), qui fut le commissaire de l’exposition montée en 2012 pour commémorer le centenaire de la parution de l’ouvrage de Segalen (en lire plus ici).

Stèles, Li Chevalier. Château Haut-Bailly, visite sur réservation au 05 56 64 75 11 ou ici.

©LiChevalier

Le week-end du Val de Loire


Premier vignoble pour la qualité de son accueil, ex-æquo avec l’Alsace, le Val de Loire est engagé depuis de nombreuses années dans la construction d’une relation durable avec ses visiteurs (ils sont six millions, dont 60 % entre mai et septembre). Sur les 1 000 caves de ce territoire viticole proposant de la vente directe, 350 sont dotées du label “cave touristique”, assorti d’une mention “accueil d’excellence” pour 20 % d’entre elles. Et, chaque année, les vignerons et négociants se font guides le temps d’un week-end devenu un événement phare de l’œnotourisme. Organisé depuis plus de 10 ans par l’interprofession des vins du Val de Loire (InterLoire), qui fédère 2 700 viticulteurs, 190 négociants et 13 coopératives opérant sur 41 000 hectares dans 50 appellations du pays Nantais, de l’Anjou, de Saumur et de la Touraine, « Vignes, vins, randos » est un incontournable de la rentrée.

En 2012, on comptait 8 000 randonneurs. Pour l’édition anniversaire de l’année dernière, ils étaient
9 000 à découvrir les paysages de vignes classés au patrimoine mondial de l’Unesco en compagnie de ceux qui y travaillent, au long de randonnées conçues pour tous les genres de marcheurs.
 Cette onzième édition décline quinze parcours sur cinq départements et deux régions et chacun peu trouver ici celui qui lui convient en fonction de différents critères, randonnée du samedi ou du dimanche, à pied ou à vélo, avec un handicap, etc. Une attention toute particulière a été portée aux plus petits, afin qu’ils ne finissent pas sur les épaules de leurs parents. Des balades plus courtes ont été mises en place, une heure à une heure et demie au lieu des classiques trois heures, et un sac à dos rempli de surprises les attend. La participation des enfants de moins de 12 ans est gratuite.

Tarif : 8 euros par personne, kit de randonneur et verre de dégustation inclus.
Tarif spécial : 5 euros en s’inscrivant en ligne avant vendredi 5 septembre (clôture à midi).

LoireRandos2014

Le nouveau château du propriétaire d'Ausone

Après toutes les spéculations d’usage (voir ici) quant à son potentiel acquéreur, le château La Clotte
a changé de mains. C’est Alain Vauthier, propriétaire du célèbre château Ausone voisin, qui est désormais en charge des quatre hectares de vignes de ce cru classé situé au cœur de Saint-Emilion.

D’après cet article paru hier dans Terre de Vins (et citant cette interview du journal Sud-Ouest),
c’est la société Mazière, structure familiale dont Alain Vauthier est le gérant mais dont Ausone ne fait pas partie, qui a pris une large majorité des parts de la société propriétaire de La Clotte.

Le sans faute de Philipponnat

Au delà des Goisses

Longtemps, Philipponnat fut une maison connue pour un unique vin. Nous l’écrivions dans notre premier guide, millésimé 1996 : « Philipponnat se distingue d’abord par un vin étonnant, mono-cru, le Clos des Goisses, extrêmement corsé, riche et plein, grand champagne de raisins noirs fait absolument pour la table ». Près de deux décennies plus tard, la maison, acquise un an plus tard par le groupe BCC (propriétaire également de Lanson, Boizel, Tsarine, etc.), est devenue une marque passionnante produisant une gamme foisonnante et ultra excitante : outre le Clos des Goisses qui, pour rester étonnant, n’en a pas moins démontré désormais une finesse et une subtilité formidables, il faut absolument découvrir les racés et complets non millésimés (rosé, brut et extra-brut) et la brillantissime cuvée 1522, pure expression du terroir d’Aÿ.

Cinq siècles de Philipponnat

1522 est l’année où un soldat originaire de Fribourg en Suisse, April de Philipponnat fut récompensé par François 1er de quelques terres à Aÿ, sur les bords de la Marne. Créée en 1910 dans le village voisin de Mareuil, la maison qui porte son nom doit sa progression au lointain descendant d’April qui la dirige depuis 2000. Fils d’un ancien chef de cave de Moët et lui-même ancien de la « Grande Maison », Charles Philipponnat n’était pourtant pas destiné à cette mission, mais, avec discrétion et une folle ténacité, il a peu à peu hissé la maison éponyme au sommet de la Champagne.

Les clés du succès

Elles résident d’abord dans la volonté de s’appuyer sur des approvisionnements remarquables en maîtrisant ses volumes. La maison ajoute à ses 17 hectares de vignes très axés sur les grands pinots noirs (Aÿ, Mareuil, Avenay) des fournisseurs tous situés dans un cercle d’une quinzaine de kilomètres autour de Mareuil qui lui permettent de travailler sur toutes les origines de grands vins offertes par la Champagne. Précision des vinifications ensuite qui s’appuient notamment sur l’incorporation généreuse de vins de réserve vieillis sous bois. Enfin et surtout, un sens du détail et du grand champagne que développe avec une grande finesse Charles Philipponnat et son équipe, bien aidés il est vrai par la liberté de manœuvre que leur laisse l’actionnaire.

Gérard Bertrand, le sud c'est lui

L’ambassadeur

Hormis en Champagne, ceux qui ont réussi à imposer leur signature sont rares. Le lieu prime habituellement sur l’homme. Ce n’est pas faire injure à leur talent que d’affirmer que les vignerons, les administrateurs ou les propriétaires des crus classés de Bordeaux ou des domaines mythiques de Bourgogne doivent d’abord la célébrité mondiale de leur production à l’emplacement privilégié de leurs vignes, de surcroît reconnu comme tel depuis des siècles. Faire de son nom la garantie d’un certain style, l’assurance d’une régularité de qualité quel que soit le tarif et, surtout, l’ambassadeur d’une région entière sous toutes les latitudes est une autre affaire. Celle de Gérard Bertrand.

Appétit de terroirs

Gérard Bertrand, ancien rugbyman du RC Narbonne puis du Stade Français, mais vigneron et fils de vigneron des Corbières, a donné une excellente traduction viticole du fameux « think local, act global ». Ancré dans son terroir majestueux, mais austère des Corbières, Gérard Bertrand a fait du terme générique « Sud », systématique leitmotiv de sa communication, à la fois une quasi propriété privée et une définition de sa production. À travers des propriétés dans l’ensemble des grands terroirs du Languedoc-Roussillon, Corbières bien sûr, mais aussi Limoux, Cabardès, Tautavel, Rivesaltes, Minervois, Larzac, mais aussi désormais un centre de vinification aussi écologique qu’ultra moderne aux portes de sa ville de Narbonne pour les différentes gammes de vins qui portent sa marque, tout définit cette idée du sud de la France aussi bien dans sa diversité que dans son unité.

Grand Cru

Que l’on soit un consommateur français, chinois ou américain, il n’y a donc pas besoin d’avoir sillonné le Languedoc et le Roussillon par toutes ses départementales pour comprendre les forces et la variété des vins de Gérard Bertrand. Il manque certes à cette construction brillante l’étage suprême, celui dont on parlait en citant Bordeaux ou Bourgogne : le (très) grand cru. S’il avait existé dans sa région un domaine mythique, célèbre dans le monde entier, il aurait certainement tout fait pour l’acquérir. Mais, comme la perle rare n’existe pas, il l’a tout simplement créé. Sur un terroir escarpé du cru La Livinière, en Minervois, entre grenache, syrah et carignans centenaires, il signe le premier millésime, 2012, d’un cru aussi ambitieux qu’authentique, le Clos d’Ora.

Le grand retour de Saumur Champigny

Sous le signe des deux couleurs

Alors que l’on commémore le centenaire du début de la Grande Guerre, comment résister à la célébration du Père Cristal, grand ami de Clémenceau qui sauva le vignoble saumurois à la fin du XIXe siècle. Il reste un modèle pour les générations actuelles qui, comme lui, jouent sur l’élégance des rouges de Champigny et l’énergie des blancs de Saumur. Ces deux couleurs sont d’ailleurs présentes dans tous les domaines référents du Saumurois.

L’autre côte des Blancs

La côte des Blancs du Saumurois se situe autour de trois grands secteurs qualitatifs. Brézé autour de son château, la région de la butte du Puy-Notre-Dame où affleure un substrat d’argile à silex spécifique et la région la plus précoce de Parnay, dans le secteur historique du Père Cristal qui y créa son célèbre clos d’Entre-les-murs. Ici, en règle générale, on travaille les sols, les vendanges s’effectuent à la main, on ne fait pratiquement pas de fermentation malolactique et l’on utilise autant que faire se peut des levures indigènes. Le chenin y a gagné en pureté avec une minéralisé épanouie. Ces crus se situent aujourd’hui au niveau des meilleurs blancs secs de l’hexagone.

Une tradition historique

Saumur-Champigny forme un triangle délimité au nord par la rive gauche de la Loire, à l’ouest par son affluent le Thouet et à l’est par la forêt de Fontevraud, permettant la meilleure moyenne de température pour la maturité du cabernet franc. Au début du XXe siècle, les champignys sont très recherchés, ainsi l’arrière-grand-père de Charly et Nadi Foucault vendait ses rouges aussi chers que les seconds crus classés du Médoc. Après la déconvenue de l’après-1945 et les gros rendements des années 1980, grâce à la statue de Commandeur du Clos Rougeard, toute une génération se remet en marche avec comme capitaines de route Thierry Germain et Jean-Pierre Chevalier. On travaille de la façon la plus naturelle possible, on limite les rendements pour obtenir des vins profonds tout en s’inscrivant dans le développement durable et la sélection parcellaire. Les vins au fruité pur et à la texture raffinée se multiplient, à l’image des 2013 du domaine des Roches Neuves, tout à fait exceptionnels.

Mas Saint-Louis, le merveilleux inconnu de Châteauneuf-du-Pape

Ne pas être sourd à l’aveugle

On pense ce qu’on veut des dégustations comparatives à l’aveugle, mais elles ont le double et insurpassable avantage de hiérarchiser loyalement les vins d’un même millésime et d’une même appellation, tout en permettant de révéler de nouveaux talents. Ce fut le cas pour la seconde année consécutive à Châteauneuf-du-Pape où tous les échantillons de 2012 et 2011 du Mas Saint-Louis ont montré une étonnante élégance et constance de style.

Une résurrection

Tout le monde avait oublié le vieux Mas, et même l’encyclopédique Harry Karis dans son indispensable somme sur les vignobles de l’appellation ne trouve rien à dire de précis. Pourtant, Louis Geniest, propriétaire du cru en 1936 lors de la création de l’AOC était une figure très connue localement et un ami proche du légendaire Baron Le Roy. Il avait constitué un confortable vignoble d’une trentaine d’hectares tout au sud, en grande partie sur la commune de Sorgues (lieu-dit Crousroute), autour d’un vieux mas qui sert de cave d’élevage. La vinification se fait au cœur du bourg de Châteauneuf, près de la Maison des vignerons, avec une petite boutique de vente. La propriétaire ne présentait jamais ses vins, mais l’arrivée d’un neveu et le dynamisme d’un jeune chef-adjoint de culture l’ont fait changer d’avis. Tant mieux.

David au pays des Goliath

La dégustation des 2012 et 2011 du domaine sera pour beaucoup une révélation surtout si leur palais a été éduqué par les finesses de Château Rayas. Le grand type classique d’un châteauneuf brille par la puissance et la chaleur de la matière et par des arômes puissants de cuir, de laurier, de truffe et d’épices. Mais ici, le grenache se fait pinot et développe des arômes de rose, de pivoine, de violette et de griotte, ce qui donne le sentiment que le vin contient beaucoup plus de syrah que les 10 % de la réalité, la délicatesse merveilleuse de sa texture sont à mettre au compte du caractère sablo-graveleux des sols de son secteur, souvent sous-estimé par les connaisseurs locaux, mais idéal pour une maturité équilibrée du raisin, avec l’aide, parfaitement légale dans l’appellation, d’une intelligente irrigation les étés trop secs. Il faut aussi féliciter les élaborateurs qui savent parfaitement doser les extractions et affiner le vin à l’élevage, ainsi que leur conseiller œnologique, le trop timide et discret Serge Mouriesse. Le vin risque assez vite de devenir culte. Qu’on en profite.