Accueil Blog Page 462

[Primeurs 2013] Thierry Desseauve : la fin des petits millésimes ?

On ne le cachera pas, 2013 n’est pas un « grand » millésime. Les conditions climatiques de l’année ont été à la fois inédites et ultra compliquées à gérer par les vignerons. Un hiver très froid suivi d’un printemps glacial et pluvieux entraînèrent un retard et une hétérogénéité terrible dans la floraison de la vigne. En juin, quelques orages de grêle ravagèrent en outre certains crus. Mais les mois de juillet et d’août furent chauds, ensoleillés, splendides en un mot : la vigne rattrapa une partie de son retard, même les rendements apparaissaient déjà extrêmement limités et les différences de maturité d’un raisin à l’autre souvent énormes. Septembre fut agréable jusqu’à ce que des murs de pluie se déversent à la fin du mois, puis après le 9 octobre. Au final, petite récolte et grosses difficultés. Ce millésime me rappelle l’un des premiers millésimes bordelais que j’ai suivi, 1984. Pas en primeur, mais dès la mise en bouteille. Avec 1992, 1984 est certainement le plus mauvais millésime bordelais de ces trente dernières années. À l’époque, on parlait plus de vinification et d’élevage que de viticulture. En dégustant ces 1984, j’avais été surpris par la raideur des tanins et souvent la dilution du vin provenant de raisins gorgés d’eau et souvent attaqués par la pourriture. Pourtant, cette mauvaise matière première avait subi des cuvaisons plus longues que dans les millésimes précédents-pour extraire plus de tanins et faire des vins plus charpentés- et avait été élevée dans des barriques de chêne plus récentes, parfois neuves. Les redégustant quelques années plus tard, on découvrait des vins décharnés, aux tanins secs et verts et toujours dominés par des arômes qui rappelaient ceux d’une planche de bois. J’en avais tiré une leçon : récolter un raisin à la meilleure maturité possible est la clé des vins réussis.
Précisément, ce millésime 2013 montre à quel point la viticulture a progressé et sait aujourd’hui maîtriser ce type de conditions. Au milieu de vins dilués ou au contraire raides, on trouve aussi beaucoup d’échantillons harmonieux, jouant avec intelligence la finesse et la fraîcheur plutôt que la puissance, témoignant du génie de leur terroir plutôt que du savoir-faire de leurs œnologues. « Il n’y a plus de mauvais millésimes », entend-on de plus en plus. C’est certainement vrai si l’on considère que l’on sait aujourd’hui s’adapter à beaucoup d’aléas climatiques. Mais il reste des mauvais vignerons…

12 vins accessibles et à ne pas manquer

  • Château Figeac, parce qu’il se rapproche des plus grands et que son prix restera sage
  • Château Jean Faure, confirmant son statut de super challenger à Saint-Émilion
  • Château Laroze, une vraie personnalité pour connaisseurs
  • Clos Saint Julien, minuscule propriété de Saint-Émilion, mais grande classe
  • Clos du Clocher, toujours bon et encore cette fois-ci
  • Château Haut-Carles, parce qu’il serait temps que l’on s’aperçoive de l’excellence de ce cru de Fronsac
  • Château Croix-Mouton, le bordeaux de Philippe Janoueix a du nerf, de la profondeur et beaucoup de personnalité
  • Château Le Boscq, discret saint-estèphe qui s’impose avec force et sérénité
  • Château Monbrison, la classe de Margaux, tout simplement
  • Château Durfort-Vivens, incontestablement revenu dans son rang
  • Château Dauzac, ou le début d’un renouveau ?
  • Château Pédesclaux, où le renouveau se confirme.

… et un blanc extraordinaire

  • Château de Valandraud, bordeaux blanc

Thierry Desseauve

Le nouveau Montrose

Au terme d’un chantier de rénovation d’envergure, débuté en 2007 et inscrit dans une démarche de développement durable, le grand cru médocain Château Montrose a accueilli son millésime 2013 dans un tout nouveau chai de 1 000 m2 (et 11 mètres de hauteur sous plafond) doté d’équipements viti-vinicoles pointus. Racheté en 2006 par Martin et Olivier Bouygues, ce vignoble de 95 hectares dont l’encépagement est dominé à 60 % par le cabernet-sauvignon (merlot 32 %, cabernet franc 6% et petit verdot 2%) a bénéficié depuis d’important moyens, consacrés à l’embellissement de la propriété autant qu’à l’amélioration et à la valorisation de son potentiel.

©Saison d'or
©Saison d’or
Ce chantier de sept ans, durée justifiée par la volonté de respecter les grands cycles d’activité de la propriété, a été supervisé par Bouygues Rénovation Privée et Yves Grémont, architecte des Bâtiments de France. La réalisation a été confiée à l’Atelier Bernard Mazières, spécialiste des rénovations viti-vinicoles. Portant sur 10 000 m², il a répondu aux quatre enjeux majeurs fixés par les nouveaux propriétaires. D’abord donner à Montrose les meilleurs équipements pour un élevage sur mesure de ses grands vins (Château Montrose, La Dame de Montrose et le saint-estèphe de Montrose). Ensuite, mettre en œuvre toutes les opportunités d’économie et de production d’énergie (il y a 3000 m² de panneaux photovoltaïques sur la toiture des bâtiments). Evidemment, respecter l’environnement et réduire de façon significative l’empreinte carbone du domaine.

©H.Fabre
©H.Fabre
Enfin, il s’agissait aussi de maintenir l’ensemble architectural dans son style XVIIIe, typique de la région bordelaise. Surnommé « le latour de Saint-Estèphe », Montrose a connu seulement trois familles en deux siècles. Elles ont porté et maintenu à un haut niveau ce grand cru classé (le plus proche de la Gironde) dont le vignoble d’un seul tenant situé sur un plateau graveleux bien drainé bénéficie d’un microclimat très tempéré. Sous la présidence de Mélissa Bouygues et la gérance d’Hervé Berland, qui apporte au domaine 35 années d’une expérience acquise notamment à la direction générale d’un premier grand cru classé, l’équipe qui travaille aujourd’hui à Montrose se compose de professionnels de la vigne et du vin, spécialistes du terrain et universitaires.

©GuyChameau
©GuyChameau



La photo du grand chai de Montrose figurant en une de l’article est signée Alain Benoit

Trophées Mumm 2014

La douzième édition du concours organisé par le ministère de l’Education nationale et la la Maison de champagne G.H.Mumm, récompensant les finalistes des mentions complémentaires « sommellerie » et « bar » des lycées hôteliers de France, s’est déroulée le lundi 31 mars à Reims, en public. Cinq lycéens ont concouru dans chacune des catégories et ont démontré au jury leurs compétences en situation professionnelle. Cette compétition pédagogique, qui permet aux enseignants et aux professionnels de penser ensemble l’évolution des métiers du secteur, est aussi un atout pour la future carrière de sommelier ou de barman des lauréats, qui peuvent faire valoir leur créativité et leur talent auprès d’établissements de prestige qui leur offriront peut-être leur première tribune.

Cette année, Didier Mariotti (chef de caves de la Maison G.H.Mumm) faisait partie du jury de la catégorie « sommellerie » aux côtés de Jean-Loup Dezaphi, chef de travaux au lycée Oehmichen de Châlons-en-Champagne et Antoine Woerle, professeur de restaurant au lycée hôtelier de Strasbourg/Illkirch et Meilleur ouvrier de France 1993. Côté « bar », on trouvait Johan Costet, le chef barman de l’hôtel Hyatt Paris Etoile, également responsable des concours de l’Association des barmen de France (ABF) et Stéphane Ginouves, chef barman du Fouquet’s Barrière Paris (Meilleur ouvrier de France 2011), aux côtés de Maurice Cauderlier et Jean-Luc Barral, professeurs de restaurant aux lycées hôteliers de Montpellier et de Blois.
 
En photo ci-dessus, les deux élèves qui se sont distingués cette année en faisant preuve de finesse, d’audace et de professionnalisme, s’appellent Alexandre Guillin (Trophée G.H. Mumm du Meilleur jeune sommelier 2014, lycée de Chamalieres) et Alexandre Robin (Trophée G.H. Mumm du Meilleur jeune barman 2014, lycée de Saint-Nazaire). Ils ont reçu leur récompense des mains du parrain de cette édition 2014, Philippe Faure-Brac, (Meilleur sommelier du monde 1992). Un cocktail et un dîner de gala ont suivi l’annonce des résultats. Organisés dans les caves du champagne G.H.Mumm, ils ont été préparés et servis par les élèves du lycée hôtelier Gustave Eiffel et du lycée hôtelier de Bazeilles, sous la direction de Richard Demoulin, cofondateur du trophée G.H.Mumm.

Primeurs 2013, les coups de cœur de Michel Bettane

2013 fut certainement l’une des années les plus difficiles du dernier quart de siècle pour le vigneron bordelais. Sans parler de larges zones complètement ravagées par la grêle et n’ayant rien pu produire, l’alternance schizophrénique de périodes trop froides ou trop chaudes, trop sèches ou trop humides et toujours au mauvais moment a été un vrai cauchemar. D’immenses progrès techniques au niveau des matériels de tri du raisin et de réception des vendanges ont permis de produire des vins d’une qualité qui aurait été inconcevable il y a encore vingt ans.

Les blancs secs récoltés à la mi-septembre ont profité de leur précocité. Nerveux, très aromatiques, très denses en raison des petits rendements, ils réconcilieront peut-être le public international avec leur style bien tranché. Les raisins rouges n’ont pu aller jusqu’au bout d’une maturité tardive en raison du développement galopant de la pourriture, mais le mois de juillet très chaud a paradoxalement brûlé les marqueurs aromatiques d’une vendange rentrée pas assez mûre et on trouvera rarement des arômes excessifs de poivron qui déplaisent tant aux professionnels.

Les meilleurs rouges sont certes nerveux, mais très francs et on se réjouira de l’habileté avec laquelle la nouvelle génération de vinificateurs a su éviter les excès d’extraction. Enfin, les vins liquoreux ont été les grands gagnants de cette vendange. Ici, le développement de la pourriture noble était nécessaire pour l’obtention de la qualité. Les vins sont riches, frais, sans aucune lourdeur dans leur liqueur et devraient faire de très belles bouteilles.

Voici 10 vins d’un futur rapport qualité prix probable

  • Château Olivier, pessac-léognan rouge
  • Château Labégorce, margaux
  • Château Durfort-Vivens, margaux
  • Château Meyney, saint-estèphe
  • Château Pédesclaux, pauillac
  • Château Sigalas-Rabaud, sauternes
  • Château Fonplégade, saint-émilion
  • Château Marjosse, bordeaux blanc
  • Château Rahoul, graves blanc
  • Château de Cérons, cérons

Château Climens à Barsac n’a pas été noté
Comme d’habitude, l’assemblage du vin n’est pas fait et nous dégustons les lots successifs en suivant l’ordre des vendanges. La base du vin sera formée d’une première trie de fin septembre somptueuse et d’un passage plus tardif après la mi-octobre ayant bénéficié d’une très chanceuse accalmie des pluies. Ce sera certainement un très beau climens, opulent, dense, noblement aromatique, mais évidemment on ne peut pas encore noter un vin qui n’existe pas. Certains le feront peut-être…

Michel Bettane

Photo : Guy Charneau

Tous les mondes du vin, tous les vins du monde

Le vin en tant que patrimoine culturel universel aura bientôt son lieu, la Cité des civilisations du vin. Dans cet endroit encore en construction (en lire plus ici), dont l’ouverture est prévue pour 2016, le visiteur pourra découvrir toutes les facettes historiques et géographiques du vin. Tous ses mondes. Aujourd’hui, pour alimenter ce voyage dans les différentes cultures du vin, une société de production bordelaise s’apprête à partir à la rencontre des femmes et des hommes qui font le vin aux quatre coins du monde, parfois dans des conditions extrêmes, et à réaliser des images spectaculaires des grands vignobles de la planète. Ces interviews et ces prises de vues aériennes en hélicoptère de vingt-deux régions viticoles se dérouleront sur quinze mois, au long d’un tour du monde sur cinq continents effectué par les équipes de Grand Angle Productions, associé à Moving Stars (spécialiste en muséographie, théâtres virtuels, installations vidéos et multimédia complexes, ayant notamment travaillé à Shanghai pour l’Exposition universelle).

Citedescivilisationsduvin2

Pour ce programme de tournage exceptionnel, Grand Angle Productions – qui réalise entre autres pour la télévision française plus d’une centaine de documentaires et de reportages chaque année – a fait le choix d’une technologie embarquée du futur, permettant de capter des images qui mettront le visiteur de la Cité des civilisations du vin en totale immersion. Ce projet d’envergure a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par les interprofessions viticoles mondiales et par les organismes culturels de chacun des pays concernés par ce tour du monde. Les contacts établis depuis la création du projet de la Cité des civilisations du vin ont permis une sélection fine des terroirs et des vignerons à filmer, et la collaboration à l’échelle internationale de tout un réseau viticole, qui devrait se renforcer encore lors de ces tournages, montre à quel point ce lieu dédié aux civilisations du vin suscite d’adhésion. Steffen Schindler, directeur marketing du Deutsches Weininstitut explique ainsi avoir été impressionné par l’ampleur du projet lors de sa présentation à Vinexpo en 2013. « J’ai vu d’autres centres consacrés au vin et à la culture du vin, mais rien d’aussi grand et visionnaire. Plus tard, informé plus en détails sur le contenu, j’ai trouvé cette Cité encore plus inspirante. L’ampleur et la profondeur de l’information sont incroyables et je suis sûr que je vais passer de nombreuses heures dans ce lieu lorsqu’il sera ouvert. » Gageons qu’il ne sera pas le seul. Vivement 2016.

Citedescivilisationsduvin1

Flavescence dorée, un jugement et après ?

Les réactions n’ont pas tardé après que le tribunal correctionnel de Dijon a rendu son verdict dans ce qui est devenu « l’affaire Giboulot ». Le soutien au vigneron travaillant en biodynamie ne se dément pas et il a d’ailleurs annoncé son intention de faire appel (lire ici ). Du côté de l’interprofession bourguignonne, on a pris acte de la décision de justice sans la commenter. Le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) considère que « cette affaire est désormais close » et préfère se concentrer sur la lutte contre la flavescence dorée, « enjeu majeur pour le vignoble bourguignon. » La mobilisation des professionnels en 2013 a permis d’établir un état des lieux précis de la maladie. « Dès lors, la filière, toutes sensibilités confondues, n’a cessé d’échanger et de travailler à l’établissement d’un plan de lutte 2014 concerté et ajusté à chaque situation. »

Si la volonté de l’ensemble des acteurs impliqués est de réduire au minimum le nombre de traitements insecticides, ainsi que la surface concernée, le BIVB rappelle qu’à ce jour « il n’existe, hélas, aucune alternative pour lutter contre cette maladie très épidémique et mortelle pour la vigne. » Il précise aussi que la lutte est loin reposer uniquement sur l’emploi de produits phytosanitaires, mais s’appuie sur trois autres piliers (prospection, arrachage des pieds malades, traitement à l’eau chaude des plants de vigne) dont le principal est bien la surveillance du vignoble. « La guerre contre cette maladie ne se gagne pas en une seule bataille, elle nécessite un engagement prolongé de tous. L’expérience nous l’a prouvé, les vignobles où la mobilisation s’est relâchée ont vu la maladie revenir en force. Dans ce domaine, la Bourgogne souhaite conserver un comportement exemplaire. »


Une responsabilité également prônée de façon plus alarmiste par la Fédération française des pépiniéristes viticoles (FFPV) qui estime que si le tribunal a bien reconnu Monsieur Giboulot coupable, « cette condamnation légère n’a pas pris en compte la gravité de la situation. » Pour les pépiniéristes, face à une maladie mortelle de la vigne, c’est l’irresponsabilité qui a été cautionnée. « L’impunité (ou presque) d’un viticulteur qui refuse de traiter ses vignes contre la cicadelle de la flavescence dorée crée un précédent qui risque, en se propageant, d’exposer l’ensemble de la filière viticole à un risque sanitaire grave. » Représentant près de 40 % de l’offre européenne, la pépinière viticole française est la plus importante au monde. En première ligne dans la lutte contre la maladie, elle souhaite que pépiniéristes et vignerons fassent front « ensemble » et déclare urgent « pour la défense de toute la filière de la vigne et du vin » de protéger l’outil de production par un contrôle renforcé des vignobles.

Dans les pépinières viticoles et les vignes mères de porte-greffe ou de greffons, la lutte contre la cicadelle est obligatoire sur tout le territoire national depuis 1988 et, tous les ans, 100 % des vignes-mères sont prospectées. Dès janvier, la FFPV demandait à la viticulture et aux pouvoirs publics de s’assurer de l’efficacité des produits, de renforcer la lutte contre les vignes abandonnées et de « veiller au bon positionnement des insecticides. » Le nouvel arrêté relatif à la lutte contre la flavescence dorée de la vigne généralisait le principe de précaution en renforçant le recours au traitement à l’eau chaude, loin de faire l’unanimité chez les pépiniéristes qui ont toujours souligné le danger de la systématisation de cette technique. Il a depuis été nuancé par l’introduction de la notion de risque (en lire plus ici). Déjà acteurs majeurs de la recherche contre la maladie, les pépiniéristes sont demandeurs de plus de travaux, comme l’ensemble des acteurs de la filière. Le mérite de l’affaire Giboulot est d’avoir mis en lumière la position des uns et des autres.

iDealwine dans le monde entier

Plate-forme sur laquelle les amateurs peuvent acheter et revendre leurs grands crus et estimer la valeur de leur cave, le site iDealwine propose des ventes aux enchères et d’autres à prix fixe (vins proposés en achat immédiat en direct des domaines ou des négociants). Sur le marché de la vente de vins en ligne, le modèle des enchères on line, c’est-à-dire 100 % électroniques, a vite connu un grand succès. Parallèlement à cette nouvelle et moderne façon d’envisager l’achat de vin, iDealwine a mis en place une gamme complète d’outils d’information (dont une cote des vins devenue une référence), de gestion de cave et d’analyse du marché à destination de ses membres, plus de 350 000 amateurs à travers le monde. Aujourd’hui, iDealwine voit plus grand. 
Devenu l’un des leaders français de vente de vins sur internet, le site vient de signer un partenariat avec LM Holding, société détenue à 100% par Madame May-Eliane de Lencquesaing, dont la finalité est de créer un leader mondial des ventes aux enchères et de la distribution de vins fins.

Grande figure du monde du vin, celle qui fait son entrée au capital d’iDealwine sur la base d’une vision commune de l’évolution du marché des grands crus porte l’héritage d’une très ancienne famille de courtiers en vin de Bordeaux, installée au XVIIIe siècle. Madame de Lencquesaing a géré pendant près de 30 ans le domaine familial de Pichon Longueville Comtesse de Lalande (Pauillac) avant de le céder, en 2007, à la Maison de Champagne Louis Roederer. Ancrée en Médoc depuis toujours, mais particulièrement active sur le plan international, elle a créé en 2003 le domaine viticole de Glenelly à Stellenbosch, en Afrique du Sud. C’est fidèle à son histoire familiale et forte d’une connaissance intime du marché des grands crus qu’elle accompagne aujourd’hui, via LM Holding, l’ambitieux projet de développement à l’international d’iDealwine. « En ce troisième millénaire, je suis heureuse de me tourner vers une nouvelle approche commerciale alliant tradition et modernité. » L’accord signé entre sa société et le site créé en 2000 par Cyrille Jomand, Lionel Cuenca et Angélique de Lencquesaing, prévoit un plan d’investissement de deux millions d’euros.

Issus des plus belles caves européennes ou provenant d’allocations de domaines prestigieux, les vins échangés sur iDealwine sont recherchés par les amateurs du monde entier. Particuliers ou professionnels, ils habitent l’Europe, l’Asie (iDealwine y a ouvert un bureau il y a un an) ou le continent américain. Au total, 40 pays sont représentés. Un développement international piloté depuis Londres par Arthur de Lencquesaing, qui a évolué dans l’univers des vins et champagne en Asie, puis en Europe au sein du groupe LVMH. Le président d’iDealwine, Cyrille Jomand, estime que « ce partenariat de nature entrepreneuriale consacre les valeurs partagées avec Madame de Lencquesaing. » Désormais dotée des moyens, humains et financiers, qui lui sont nécessaires pour franchir cette nouvelle étape, la société va pouvoir « parachever la construction d’une plate-forme efficace, sécurisée et conviviale qui permettra aux amateurs et collectionneurs du monde entier d’accéder à l’univers des grands vins et de vivre leur passion. Offrant un écrin naturel aux grands crus, iDealwine se veut aussi le partenaire naturel des châteaux et négociants dans leur démarche de valorisation de leur savoir-faire. »

Vers une prévention sans exagération ?

Dans un communiqué daté de lundi, le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) annonce que les professionnels de la filière viticole bordelaise se félicitent de l’arrêt rendu par la cour d’appel de Versailles le 3 avril dernier. Non, estime la justice, la campagne de publicité « Portraits de Vignerons » mise en place par le CIVB en 2005 ne contrevenait pas aux dispositions du code de la santé publique. Ainsi, l’Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie (ANPAA) se trouve déboutée de toutes ses demandes pour la troisième fois*.

La cour a considéré que l’ANPAA était mal fondée à soutenir que toute évocation en termes positifs de la consommation de vins tomberait sous le coup de la loi Evin et c’est avec des mots réjouissants de bon sens qu’elle a conforté la position du CIVB, qui souhaite pouvoir représenter des professionnels de la filière viti-vinicole dans ses campagnes publicitaires (en lire plus ici au sujet de la loi Evin et de l’insécurité juridique en matière de publicité sur les boissons alcoolisées).

Les annonceurs ne peuvent évidemment être tenus, sous le prétexte de satisfaire aux exigences légales, de représenter des professionnels grincheux, au physique déplaisant et paraissant dubitatifs, afin d’éviter au consommateur toute tentation d’excès. L’image donnée de professions investies par des jeunes, ouvertes aux femmes, et en recherche de modernité est enfin pleinement en accord avec les dispositions légales autorisant une référence aux facteurs humains liés à une appellation d’origine.

* Le 1er août 2005 l’Association nationale de prévention de l’alcoolisme, devenue depuis l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et en addictologie) a assigné le CIVB devant le tribunal de grande instance de Paris afin d’obtenir l’interdiction de sa campagne publicitaire. Par jugement du 19 décembre 2006, le TGI de Paris a débouté l’ANPAA de toutes ses demandes. Par arrêt du 26 février 2010, la cour d’appel de Paris, saisie par l’ANPAA, a confirmé le jugement. Sur pourvoi de l’ANPAA, la Cour de cassation a, par arrêt du 23 février 2012, cassé l’arrêt de la cour d’appel de Paris et renvoyé les parties devant la cour d’appel de Versailles. Le 3 avril 2014, cette dernière a donc confirmé le jugement du TGI de Paris (2006) et débouté l’ANPAA, qui a la possibilité de se pourvoir à nouveau en cassation.

Au nom des AOC (la suite)

Nous vous avions parlé ici du problème que pose l’exploitation des noms de domaines de premier niveau .vin et .wine*. Depuis que l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a décidé le 22 mars dernier de poursuivre l’évaluation de ces noms de domaine sans exiger le respect du nom des AOC, les gouvernements concernés ont réagi, dénonçant « des violations de procédure. » Quant aux vignerons, ils demandent à la Commission européenne et à leurs gouvernements de s’impliquer très activement dans la préparation du sommet mondial sur la gouvernance de l’internet qui aura lieu à Sao Paulo les 23 et 24 avril. « Notre dossier est la parfaite illustration que le modèle promu par l’Union européenne en faveur d’un Internet géré en association avec les parties prenantes (multi-stakeholders) doit devenir une réalité et s’appliquer. ».

Le 4 avril, l’ICANN a annoncé qu’elle donnait un nouveau délai de 60 jours aux parties intéressées pour s’entendre, en contestant toute violation de procédure. Devant cette décision, les vignerons européens, engagés depuis juillet 2013 dans des discussions avec les sociétés candidates à l’exploitation de ces nouveaux noms de domaines, sont sceptiques. Par la voix d’EFOW (European Federation of Origin Wines) et de la CNAOC (Confédération nationale des producteurs de vin et eaux-de-vie de vin à appellation d’origine contrôlée), ils ont exprimé leur crainte d’une prochaine délégation des .vin et .wine sans protection des appellations d’origine et ont annoncé leur intention, si tel était le cas, d’organiser le boycott de ces noms de domaine et de demander leur blocage sur le territoire de l’Union européenne.

Les présidents respectifs de la CNAOC et d’EFOW, Bernard Farges et Riccardo Ricci Curbastro, ont rappelé leur position. « Nous répétons depuis le début que nous soutiendrons et promouvrons les noms de domaine .vin et .wine à partir du moment où ceux-ci assureront la protection de nos noms d’AOC et empêcheront l’utilisation de ces noms par n’importe qui. Nous avons déjà fait beaucoup d’efforts pour inciter les sociétés candidates à dialoguer avec nous, mais nous constatons que des pressions sont organisées sur eux pour empêcher la conclusion d’un accord. Nous allons redoubler d’efforts pour aboutir mais nous allons aussi nous organiser face à la perspective d’une délégation sans condition ». La CNAOC et EFOW envisagent également un « recours contre les deux décisions successives de l’ICANN ».

* Constatant la saturation des noms de domaine existants, l’ICANN, autorité de régulation des noms de domaine sur internet, a décidé en 2011 d’ouvrir des nouveaux noms de domaine de premier niveau. Plus de 1000 nouveaux noms de domaine de premier niveau générique vont bientôt s’ajouter à la vingtaine existante. Dès avril 2011, à Pékin, les gouvernements – représentés au sein du GAC (comité consultatif gouvernemental) à l’ICANN – soulignaient les difficultés posées par les dossiers .vin et .wine, appelant l’ICANN à ne pas déléguer ces noms de domaine tant que des mesures de protection des indications géographiques n’auraient pas été mises en place.

Adriana Karembeu, l’interview en rouge

Mercredi 2 avril. La température monte dans les chais du château Beauséjour-Bécot. Adriana Karembeu, micro robe blanche sur collants noirs, 1 m 85 en équilibre sur ses stilettos, cheveux blonds déployés sur sa cape de fourrure noire, s’avance tranquillement, s’asseoit sur une barrique, sourit. Adriana ! Adriana ! Adriana ! Son prénom fuse en mode rafale, au rythme des flashes qui crépitent. En pleine Semaine des primeurs, lors de la 4e édition des Clés de Châteaux organisée par Dany et Michel Rolland (150 vins de 88 propriétaires à la dégustation), l’ex top-model est venue promouvoir Marojallia, le margaux de Philippe Porcheron*.

Vous êtes une star, Marojallia n’en est pas une dans son appellation…
Je ne connaissais pas ce vin, je l’ai goûté, il m’a plu, tellement même que c’est par lui que je me suis mise à aimer et comprendre le vin. Une belle rencontre.

Dans quelles circonstances ?
Lors d’un dîner à l’Ami Louis à Paris début 2013. J’étais avec des amis. Nous dégustions un petrus. À la table d’à-côté, on me reconnaît et on me demande si je veux bien goûter ce vin, Marojallia, que les convives sont en train de partager. On, c’est Philippe Porcheron, le propriétaire du cru. Je trouve le vin très bon. On discute un peu et Philippe me propose de venir à la propriété lors des prochaines vendanges. Pour m’expliquer comment il fait son vin. J’ai accepté.

Et donc à Margaux …
Avant ça, j’avais eu un aperçu de ce que sont les vendanges, chez Lanson. Mais je n’avais pas encore le goût du vin. Je n’aimais tout simplement pas ça. Je ne comprenais rien quand j’entendais framboise ou bois ou réglisse. Mais j’admirais les gens qui savaient en parler. J’ai eu le déclic, j’aime le vin et ça change tout. Dans les vignes, je veux tout savoir sur tout. Et je trouve ça dingue. Maintenant que j’ai découvert le plaisir du vin, je me rends compte que je suis passée à côté de beaucoup de choses. Je suis heureuse de pouvoir enfin profiter de ça. Le vin est intéressant sur tous les plans, c’est un objet de passion et d’histoire qui créé des liens entre les gens. L’année dernière, j’ai été intronisée dans la Commanderie du Bontemps, très impressionnée.

Pourquoi aimez-vous ce Marojallia en particulier ?
C’est une cuvée de perfectionniste, il me correspond. J’aime sa profondeur. Philippe s’y consacre depuis quinze ans, c’est un vin magnifique.

Quels vins aimez-vous ?
Bien sûr, j’ai la chance de déguster de très grands vins. Je pense avoir les bons outils : un palais, je suis très gourmande et, surtout, un nez. Ça, je l’ai découvert à Grasse quand j’ai créé mon parfum (Adriana Karembeu For Him and For Her) en choisissant chaque élément. Je sais ce que j’aime : les vins avec une colonne vertébrale, longs, corsés, tanniques, ça ne me fait pas peur. J’aime aussi les vins gras. Et les muscats. Enfin, j’adore le blanc de château Font du Broc (AOC Côtes de Provence). J’ai une petite cave personnelle chez moi à Monaco, mais j’ai une consommation très modérée : plutôt le week-end et un à deux verres, pas plus. J’aime partager avec mes amis ces moments-là, ainsi que les grands crus que je peux découvrir au cours de mes voyages.

Posséder un vignoble, c’est une tentation ?
Oui, j’adorerais faire mon vin, j’ai même déjà cherché dans le sud de la France. Mais avoir un vignoble, c’est une façon de vivre en soi. Si j’en avais un, je passerais ma vie dans les vignes, du matin au soir en bottes de caoutchouc et je le ferais par plaisir. C’est incompatible avec mon mode de vie actuel. Mais je me vois bien vieillir comme ça. Un magnifique vignoble dans le sud…

Propos recueillis par Paz Biziberri

*Marojallia, AOC margaux, 1,5 ha, 24% merlot, 76% cabernet sauvignon, âge moyen des vignes 50 ans.