Pourquoi lui C’est une vie nouvelle qui commence à Terrebrune avec l’arrivée de Jean d’Arthuys dans le capital du domaine de la famille Delille. Un investisseur passionné avec des vignerons surdoués, on imagine sans peine le beau travail. Terrebrune est là, plus que jamais. Les rosés, comme les autres couleurs, sont des vins de longue
Six lieux, six origines, six interprétations magistrales. Pas besoin de prendre la mer pour suivre la route du rhum
Brugal mène une double vie
Riche de ses 135 années de savoir-faire, la maison Brugal, installée sur l’île de la République dominicaine, a fait du double vieillissement sa singularité. La première maturation de ce 1888 s’est faite dans des fûts de chêne américain dans lesquels où s’était logé du bourbon pendant six à huit ans. Cette première étape lui a apporté de la rondeur et des notes boisées et vanillées. La seconde, de quatre à six ans dans des fûts de xérès en chêne européen, offre de la rondeur et de l’équilibre. Brugal 1888, 49,90 euros
Vivant prend son envol
Ce rhum fait partie de la nouvelle gamme de la marque Vivant, qui propose aussi un gin et un whisky. Cette marque française propose des spiritueux 100 % biologique placés sous le signe de l’expressivité et de la modernité. Il plaira aux amateurs de rhums légers. Vivant, Envol, 48 euros (50 cl.)
Les agents doubles d’Isautier
Isautier, référence des rhums de l’île de la Réunion, propose deux subtils assemblages de rhums agricoles et de rhums traditionnels de mélasse. Le premier s’appelle Agent Double 01. Un rhum blanc végétal et doux issu de 65 % de rhum agricole et de 35 % de rhum de mélasse. Le second, Agent Double 02, plus frais et intense, inverse les proportions. Les deux sont tirés à 55° d’alcool. Isautier, Agent Double 01, 38 euros Isautier, Agent Double 02, 38 euros
Hampden et ses cahiers d’esters
Pour se faire une idée complète des savoir-faire de cette emblématique distillerie jamaïcaine, ce coffret propose huit fioles de rhum blanc (de 20 cl), chacune avec un niveau d’ester différent mentionné sur l’étiquette. Un voyage, une expérience et une expression aromatique unique à chaque flacon. Hampden Estate, The 8 Marks Collection, 139 euros
Shani night party
Originaire d’Indonésie, le rhum vieux Naga Shani a été vieilli dix ans en fût de chêne au cœur du Royaume de Siam. Affiné quinze mois en ex-fûts de xérès Pedro Ximénez, il séduit par sa robe ambrée et son nez gourmand et ouvert sur des notes de fruits secs et de tabac. Dans ce pays, les couleurs ont une importance particulière. Chacune est associée à un jour de la semaine. Shani veux dire violet en thaïlandais. Cette couleur représente Saturnes, et par extension, le samedi. Rhum vieux Naga Shani, 75 euros
Eminente et l’île du crocodile
Après le Ambar Claro et le Reserva 7 ans, le rhum Eminente, installé au cœur de Cuba, dévoile son grand-reserva 10 ans d’âge, édition N°1 : 80 % d’aguardientes (des eaux-de-vie de canne cubaines aromatiques et produites à partir de mélasses distillées) et un finish dans des fûts de chêne français ayant contenu du cognac XO. Il est signé par César Marti, le plus jeune primer maestro del ron cubano (premier maître du rhum cubain). Élégant, fin et complexe, ce ron est rythmé par des notes de café torréfié, de miel, de fruits et de bois de santal. À déguster seul ou sur un glaçon. Eminente Grand Reserva Édition N°1, 79,90 euros
Un siècle à Mercurey • Cairanne s’amuse • Hennessy dans tous les sens • Laurent-Perrier en fleur • Mailly au naturel • Chaque jour du nouveau, en voici cinq
Dans le vignoble
Un siècle à Mercurey
Ce samedi 8 juillet, Mercurey donne rendez-vous à ses amateurs et aux curieux dans les deux communes de son aire d’appellation (Mercurey et Saint-Martin-sous-Montaigu) pour fêter son centième anniversaire. Au programme : survol de l’air d’appellation en montgolfière, parcours découverte, dégustations, rallyes pédestres, restauration et animations divers.
Le cru Cairanne célèbre cette année la 48e édition de la Fête du Vin. Le rendez-vous est fixé de 16h à 22h le dimanche 23 juillet au cœur du village. Vingt domaines feront découvrir leurs vins autour d’une ambiance musicale festive et en admirant le coucher du soleil.
Mobilis, c’est le nom de la nouvelle installation créative et immersive qui vient étoffer l’offre œnotouristique de la maison Hennessy à Cognac. Signée Olivier Kuntzel et Florence Deygas, cette création visuelle, sonore et sensorielle, mêle approche artisanale et haute technologie. Les visiteurs pourront aussi découvrir, en réalité virtuelle, l’univers de la maison.
Toujours délicate et raffinée, la signature des champagnes Laurent-Perrier s’appuie sur la maturité toujours juste et beaucoup d’harmonie. Après les éditions Maillage, Constellation, Zèbre, Papillon et Bambou, elle présente la robe « Pétales » pour habiller son cuvée-rosé. Un habit de lumière où sont tissés des pétales de Dalhia ou de Strelitzia aux couleurs finement irisées.
Maison d’excellence, Mailly Grand Cru fait figure de modèle du monde coopératif, avec un fonctionnement comme un domaine et une démarche environnementale engagée de la vigne jusqu’à la bouteille. Elle lance un nouveau coffret pour habiller la cuvée L’Intemporelle dans le millésime 2017. La fibre entièrement naturelle et d’origine naturelle bénéficie de la thermo-formation, une technique novatrice.
Mailly Grand Cru, L’intemporelle 2017, 79 euros le coffret
Le rosé a depuis longtemps étendu son empire au-delà des frontières de la Provence. Tous les vignobles de notre pays ont ajouté la couleur à leur palette de plaisirs. L’amateur n’en fera jamais le tour
Cette sélection est parue dans son intégralité (Champagne, Vallée du Rhône, Languedoc, Roussillon, Provence et ailleurs) dans En Magnum #32. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.
Champagne Domaine Alexandre Bonnet, La Forêt 2018, rosé des Riceys
Pas un champagne rosé, mais un rosé de Champagne pour commencer. Le pinot noir
de cette maison à l’approche bourguignonne ne nous laisse pas indifférent. Robe magnifique, arômes frais de fruits des bois, vinosité en bouche, on le boit d’ici deux ou trois ans ou bien on l’oublie dans sa cave pour encore plus d’émotions. Un peu moins de 4 000 bouteilles, il faut se dépêcher.
47 euros
Abelé 1757, Brut Rosé
Deux cent soixante ans ans d’histoire ont fait de cette maison une marque de référence
dans le paysage champenois. Nous nous réjouissons de son retour au premier plan, porté
par une solide direction générale et technique. Vin fruité, vif et finement acidulé, on apprécie la fraîcheur de sa finale élégante.
49,50 euros
Ayala, Rosé Majeur
Excellence, pureté, droiture, voilà les fondamentaux de cette maison née à Aÿ en 1860. Des champagnes d’esthètes, onctueux de noblesse, faits pour la meilleure des gastronomies. Grande couleur, nez ouvert et franc, on aime le naturel de ce beau rosé.
50 euros
De Sousa, Brut Rosé
Quelle chance que cette maison ne fasse jamais rien comme les autres. La famille qui s’en occupe cultive avec entêtement sa différence et son humilité à toute épreuve. Avec un rare sens du vin, elle propose cet assemblage singulier, 90 % de chardonnay, 10 % de pinot noir, qui donne un rosé fin et croquant, construit comme un blanc. Ça tombe bien, c’est la spécialité de cette maison d’Avize.
45 euros
Joseph Perrier, Esprit de Victoria 2010
Cette petite maison de Châlons-en-Champagne brille par la régularité de ses champagnes ciselées, toujours harmonieux et largement apéritifs. Dans cette cuvée hommage à l’une des reines d’Angleterre, le capricieux millésime 2010 exprime haut et fort son caractère savoureux et gourmand. On se régale et c’est à boire maintenant.
90 euros
Laurent-Perrier, Cuvée Rosé
Orange sanguine, fruits rouges et noirs sauvages, notes de clémentine, mandarine, grenadine, grands tannins réglissés et poivrés, ce rosé est dans lignée des champagnes de la maison, toujours délicats et raffinés. Dans cette catégorie qu’elle a très tôt développée,
la maison reste une référence. Y a-t-il quelque chose qu’elle ne sache pas faire ?
72 euros
Mumm, Le Rosé
Marque parmi les plus célèbres au monde, Mumm signe une gamme classique et complète qui a beaucoup progressé ces derniers millésimes. Engagée sur la voie de l’excellence, la maison propose ce rosé ample en bouche et fruité, parfait pour un apéritif en toute simplicité.
38,90 euros
Lanson, Le Rosé
La maison à la croix n’est pas novice dans l’exercice des rosés. Avec sa longue expérience de la couleur et son savoir-faire actuel, elle réalise ce champagne superbe, finement fruité, d’une grande fraîcheur et d’un équilibre exemplaire. Nouvelle preuve (s’il en fallait une) que Lanson joue dans la cour des plus grands.
44 euros
Moët & Chandon, Grand Vintage Rosé 2015
Sous l’impulsion de son chef de caves Benoît Gouez, la « grande maison » affirme ses valeurs universelles : fruité, fraîcheur, faculté au vieillissement. Six ans en cave ont permis à ce champagne d’initié de briller par ses arômes aériens de fraises des bois et d’épices tout en affichant beaucoup de gourmandise. Pur régal.
100 euros
Palmer & Co, Rosé Réserve
Cette maison aux installations ultramodernes affiche un sérieux qui force notre admiration.
Elle profite d’approvisionnements dans les meilleurs secteurs de la montagne de Reims
pour signer des champagnes droits. Framboisé, impeccable de fraîcheur et de souplesse,
ce réserve est un modèle du genre, produit à partir d’une solera de pinot noir unique en son genre.
48 euros
Pommery, Cuvée Louise Rosé 2004
Il faut absolument découvrir cette cuvée, hommage à Louise Pommery, dans sa version
rosée (et dans les autres). On ne peut qu’être ému devant la pureté de ses notes qui évoluent sereinement vers un registre complexe de fruits noirs, d’épices et de sous-bois. Harmonie idéale, rare élégance.
265 euros
Rare,
Rosé Millésime 2012
Nous ne pouvons pas cacher notre admiration sans limite pour ce rosé au panthéon de nos souvenirs de dégustation pour la catégorie. Magnifique par sa délicatesse, envoûtant par son parfum, irrésistible par sa force profonde, à l’image de la maison et de sa nouvelle direction, il emporte tout sur son passage. Pure merveille déjà si proche de la perfection.
400 euros
Ruinart, Dom Ruinart 2009
Toute l’élégance de la cuvée icône de cette maison icône tient sans doute dans la forte proportion de chardonnays (85 %), principalement issus de la côte des Blancs. Pour son vingt et unième anniversaire, ce rosé au charme fou invite à entrer dans son univers à la fois salin et floral. Bref, un tableau de maître.
250 euros
Taittinger, Comtes de Champagne rosé 2011
La cuvée la plus complexe de la maison n’en finit pas de nous impressionner. Elle raconte la magie des grands pinots noirs de Bouzy et d’Ambonnay. Fruits noirs, cerise, cassis, rose, pivoine, arômes de sous-bois grandioses et parfums de truffe noire. Majestueux et captivant, prêt à défier les années.
165 euros
Veuve Clicquot, Rosé
Fruit intense, vinosité et profondeur, ce beau rosé de grand caractère brille par sa complexité et sa persistance. Il faut souligner la grande réussite de cette cuvée au regard
de son accessibilité. Modèle pour la région, la maison est dans une forme éblouissante.
56 euros
Veuve Fourny, Rosé Vinothèque MV15
Les frères Fourny ont fait de cette maison familiale, installée à Vertus, une adresse sûre pour les amateurs de champagnes précis et vineux. Ainsi de ce vinothèque issu en majorité du millésime 2015 et complété par des vins de réserve vieillis sous bois. Grande énergie, crémeux hors pair, c’est de la dentelle.
70 euros
Jean-Michel Cazes nous a quitté hier, à 88 ans. C’est peu dire qu’avec lui disparait l’un des plus grands acteurs d’une période majeure de l’histoire des vins de Bordeaux et même de l’ensemble de la viticulture mondiale. Quand il décide au début des années 1970, après une première carrière brillante chez IBM, de prendre en charge le château Lynch Bages, propriété de la famille Cazes depuis 1939, le vin de Bordeaux vit encore, sous bien des aspects, comme au XIXe siècle. En cinquante ans, à force d’énergie, de talent visionnaire et de charisme, il aura été l’un de ceux qui auront fait passer le vignoble, ses vins et ses marchés dans une autre ère.
L’œuvre immense de Jean-Michel Cazes a touché à tous les aspects de la viticulture moderne. Il y a bien sûr la renaissance des crus, à commencer par ce Lynch Bages transformé en porte-drapeau international de l’excellence bordelaise dès les années 1980. Il y aussi la découverte de nouveaux vignobles, en France comme à l’étranger. Il y aura eu cette direction fondamentale d’Axa Millésimes, créé par son ami Claude Bébéar, menée en parallèle de ses activités familiales. Il y a eu son rôle d’ambassadeur des vins de Bordeaux qu’il tint sous toutes les latitudes avec la Commanderie du Bontemps. Et également son implication pionnière dans l’œnotourisme qui a trouvé une merveilleuse traduction avec le renouveau de son village de Bages.
Avec l’âge, l’infatigable globe-trotter s’était enraciné dans son Médoc aimé. Volubile et passionnant, il nous avait raconté longuement ses débuts puis sa riche vie de vigneron. Un peu plus tard, il a fait de ses souvenirs un livre superbe et foisonnant, paru l’an dernier chez Glénat. Il avait su aussi transmettre la direction de l’œuvre familiale à son fils Jean-Charles qui poursuit avec brio la destinée vigneronne de l’une des plus grandes familles du vin.
Au revoir, Jean-Michel.
À son épouse Thereza, à son fils Jean-Charles et à ses filles Kinou, Marina et Catherine, à sa sœur Sylvie, l’équipe de Bettane+Desseauve adresse ses plus vives condoléances.
Figuière fait son nid • Le N°9 de Delamain • La brocante de la Casa Eminente • La reco’ de la semaine : un sancerre expressif • La gourmandise de la semaine : champagne et chocolat • Chaque jour du nouveau, en voici cinq
Dans le vignoble
Figuière fait son nid
Ou plutôt celui des mésanges et des chauves-souris. Ce domaine de Provence, conduit en agriculture biologique depuis près de quarante ans, a déployé plus de 200 nichoirs depuis trois ans. François Combard, propriétaire, est convaincu qu’« en favorisant la nidification des oiseaux, le domaine créé une symbiose où la nature et la viticulture se soutiennent mutuellement ». Les mésanges et les chauves-souris sont des insectivores. Les mésanges mangent les « tordeuses de la grappe », des vers qui percent les raisins et favorisent la pourriture. Les chauves-souris s’occupent des papillons de ces vers. Ensemble, elles régulent de manière naturelle l’impact des ravageurs de la vigne.
Delamain, maison de cognac installée à Jarnac, propose de découvrir le N°9 de la rue Jacques et Robert Delamain, un lieu d’exposition à la gloire de culture et de l’art, à découvrir l’histoire de l’artisanat et le monde exceptionnel de ses eaux-de-vie. Jusqu’au 31 juillet, Delamain ouvre ses portes à Emmanuel de Cockborne, sculpteur sur métal. Adepte du surcyclages, il exposera ses créations figuratives dont les formes évoquent la nature et le vivant. Le métal se prête à toutes les contorsions selon l’artiste : « Coupé, tordu, frappé, étiré, fondu, percé, soudé. Il passe sous le chalumeau, la torche plasma, le feu de la forge, entre le marteau et l’enclume, sous la morsure de le meuleuse ». Il cherche avec cette matière à provoquer la curiosité et l’observation minutieuse des spectateurs.
Vous avez pu suivre ici (https://www.mybettanedesseauve.fr/2023/02/22/volcan-le-reveil-de-la-tequila/) l’histoire de la création de ce nouveau rhum cubain. Nous avons aussi évoqué ici (https://www.mybettanedesseauve.fr/2023/01/18/le-mondovino-de-la-semaine-184-tourne-a-fond/) l’installation éphémère de la Casa Eminente, une maison cubaine en plein cœur de Paris. À la fin de chaque saison, la casa ferme ses portes et une brocante est organisée. Pour cette deuxième édition, une vente caritative de l’ensemble du mobilier qui a servis à créer et décorer la Casa sera mis en vente le 22 juillet prochain. L’intégralité des fonds récoltés servira à financer un projet local en partenariat avec la Finca Tungasuk, une ferme biodynamique située près de la Havane qui produit des fruits et légumes vendus localement.
Minéralité, pureté et élégance. Ce sancerre issu d’une parcelle d’argile à silex de 1,3 hectare et élevé sur lies, profitent de vieilles vignes de 30 ans pour afficher le tranchant et l’équilibre généreux du millésime. La vinification en cuve inox révèle les fruits à noyau. Gardez-en une bouteille au frais cet été, elle sublimera un plateau de fruits de mer.
Joseph Mellot, les vignes du rocher 2020, 28 euros
La gourmandise de la semaine : champagne et chocolat
Amateur de champagne et amoureux du chocolat, vous allez certainement adorer L’Atelier Chocolat-Champagne proposé par l’office de tourisme d’Épernay. Au menu : dégustation de six grands crus de Cacao, créations du chocolatier Emmanuel Briet et l’exploration des arômes de trois vins de champagne élaborées par des producteurs engagés en viticulture biologique et biodynamique.
Pourquoi lui
La beauté des lieux, ce rare amphithéâtre de vignes, la vue spectaculaire sur la mer immense, vaut tous les détours, y compris pendant vos vacances. La qualité des vins aussi, dans les trois couleurs, dont ce rosé. Le domaine, fondé il y a plus de trente ans par les parents d’Éric de Saint-Victor, est vite devenu un…
La Cité des climats et vins de Bourgogne a ouvert ses portes le 17 juin dernier. Un site qui s’inscrit dans la dynamique du classement des Climats à l’Unesco, obtenu en 2015
Beaune capitale des vins de terroirs ? Il manquait un lieu pour l’incarner. C’est chose faite depuis quelques jours. Le bâtiment : 3 600 m2 orné d’une vrille, rappelant celle de la vigne, qui s’élève à 21 mètres de haut. Le tout couronné d’une terrasse panoramique offrant une vue sur la côte viticole. L’objectif : « Présenter la Bourgogne comme la dépositrice du modèle des vins de terroirs par rapport à d’autres grands modèles comme Bordeaux et ses châteaux, la Champagne et ses marques, etc. », expose Benoit de Charrette, président de la Cité des climats et vins de Bourgogne.
Le projet, imaginé il y a dix ans déjà, s’inscrit dans la dynamique du classement des Climats à l’Unesco, obtenu en 2015. Le maire de Beaune, Alain Suguenot, et le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) s’entendaient alors sur la nécessité de créer un « vaisseau amiral » pour la communication régionale. Le BIVB précisait ainsi ses ambitions : « Il faut que les visiteurs venant en Bourgogne puissent trouver un point d’entrée par lequel ils pourront ensuite essaimer », exposait Pierre-Henry Gagey, président du BIVB, en juillet 2013.
Une mère et deux filles
La Cité des Climats a donc donné naissance à deux « filles ». L’une à Mâcon, l’autre à Chablis. Deux sites plus modestes mais à l’unisson de Beaune. « On pourra y découvrir la totalité de la Bourgogne mais avec un approfondissement sur les vignobles du Mâconnais ou de l’Yonne. Le parcours et la muséographie ne seront pas les mêmes. Ils ont été pensés pour qu’il n’y ait pas de redondance », précise Benoit de Charette.
À Beaune, le parcours d’un peu plus d’une heure amènera les visiteurs à se pencher sur tout ce qui fait les spécificités du vignoble bourguignon : géologie, histoire, millésime, etc. Il doit aussi permettre de comprendre le travail de la vigne et de mieux connaitre les hommes qui ont mis en valeur ces terroirs. Le prix d’entrée, fixé à 14 euros (9 euros à Mâcon et Chablis), donne également accès à la dégustation de deux vins. Le site de Beaune sera par ailleurs le nouveau siège de l’École des Vins de Bourgogne. Cette dernière proposera des ateliers dégustation thématiques pour les amateurs désireux d’aller plus loin.
Le pari est d’atteindre 150 000 visiteurs par an pour équilibrer les comptes. « Des centaines de milliers de visiteurs viennent en Bourgogne pour les vins, rencontrer les producteurs, les comprendre… Jusqu’à présent, il n’existait pas de lieu qui puisse leur permettre d’avoir une introduction nécessaire à une compréhension générale du vignoble. C’est ce qui nous permet d’être très confiant. Je pense que l’on s’est fixé des objectifs assez modestes par rapport au visitorat lié aux vins en Bourgogne », précise Laurent Delaunay, président du BIVB. Les premiers chiffres ne manqueront pas d’être scrutés avec attention.
L’entrée de Jbeil, au Nord de Beyrouth, premier port Phénicien, d’où partait déjà le vin, il y a quatre mille ans.
Les liens entre la France et le Liban sont historiques. Il n’y avait pas de raison que la situation soit différente entre ses vignobles. Comme souvent, Bordeaux montre la voie de la fraternité
Cet article est paru dans En Magnum #32. Vous pouvez l’acheter en kiosque, sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.
« Avec Bordeaux, par Bordeaux, pour Bordeaux », ces mots étaient au centre de la rencontre organisée au mois d’avril au Liban par la commanderie de Bordeaux à Beyrouth. Venus de Paris, Bordeaux, Stockholm, Atlanta, Dallas ou encore Philadelphie pour promouvoir les vins de Gironde et découvrir la culture du pays hôte, vingt-huit membres de commanderies de Bordeaux à travers le monde ont répondu présent.
L’idée de cette réunion a germé en septembre dernier durant le congrès mondial des commanderies. Cet événement, organisé tous les quatre ans par le grand conseil du vin de Bordeaux, réunit environ quatre cents personnes (en tout, il y a quatre mille commandeurs dans le monde). Évidemment, différentes visites de châteaux sont au programme. « Un soir, nous étions au château Siran à Margaux et j’ai aperçu nos amis libanais en grande conversation », raconte Hubert de Boüard, grand maître du grand conseil du vin de Bordeaux. « Ils étaient en train de programmer une visite dans leur pays. Une vraie première. » Maître de la Commanderie à Beyrouth, Étienne Debbané confirme : « Plusieurs commanderies ont exprimé le désir de venir au Liban. Nous leur avons écrit et avons fixé une date. Nous sommes heureux d’avoir pu les accueillir. C’est une grande réussite et une preuve de dynamisme ».
La cérémonie d’intronisation de quatre nouveaux membres à Ixsir.
La Commanderie à Beyrouth
Créée en 2015 à l’initiative d’Étienne Debbané et d’Hubert de Boüard, la commanderie de Bordeaux au Liban regroupe trente-six membres, dont quatre ont été intronisés à cette occasion (Véronique Hraoui, Leyla Nassar, Wajdi Diab et Michel Gédéon) lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à Ixsir, le domaine viticole installé sur les hauteurs de Batroun co-fondé par Étienne Debbané. Désormais commandeur, Michel Gédéon a raconté sa rencontre avec le vin : « Je suis né en 1992. Après avoir fini mes études secondaires à Beyrouth, j’ai rejoint l’université américaine de Paris pour suivre des études de commerce. C’est là que j’ai découvert ce qui, depuis, est devenu une passion ». Véronique Hraoui a quant à elle évoqué la joie de rentrer dans un cercle d’amis amoureux des vins de Bordeaux et l’importance de pouvoir bénéficier d’une ouverture vers l’extérieur : « C’est aussi un message d’espoir pour le Liban qui a toujours eu la vocation de s’ouvrir sur le monde. Là, c’est par le biais du vin, avec le plaisir en plus ».
Les vingt-huit membres de commanderies de Bordeaux visitent le site romain de Baalbek, dans la plaine de la Bekaa, où se trouve le temple de Bacchus.
La culture de l’accueil
Les Libanais sont amateurs de bons vins en général et de bordeaux en particulier. « Quand on parle de vin au Liban, on évoque immédiatement la France. Quand on dit vin français, on cite Bordeaux en premier », explique Étienne Debbané. « Les Libanais ont forgé leur goût pour le vin avec Bordeaux. Ils sont douze millions à vivre en dehors du pays et sont de grands ambassadeurs. Le Liban a aussi une grande histoire viticole. » Ce rassemblement ne pouvait donc passer à côté de la culture locale du vin et du sens de l’accueil, de la convivialité et de la générosité des Libanais, notamment exprimé par ces familles qui ont su rebâtir sur les ruines de maisons détruites pendant la guerre, telle celles de Philippe Jabre (Bois-de-Boulogne) et de Farid Abdelnour, à Bhamdoun. Au programme, route du vin et visite du temple de Bacchus à Baalbeck, caves historiques du château Ksara, détour par l’emblématique château Musar et visite d’Ixsir, domaine construit de toute pièce en 2008 dont le chai enterré a été distingué par la chaîne de télévision CNN comme l’un des bâtiments les plus écologiques au monde. Les membres de la commanderie ont aussi pu marcher sur les traces des Phéniciens et des Ottomans en visitant la ville de Byblos dans le nord et de Saïda, au sud.
Hubert de Boüard, grand maître du grand conseil du vin de Bordeaux et Étienne Debbané, maître de la Commanderie à Beyrouth.
Une question de valeurs
Les Libanais puisent leurs forces dans ce glorieux passé pour construire leur avenir, d’autant plus que cet avenir est principalement porté par les initiatives privées des femmes et des hommes qui ont choisi de rester pour donner une chance aux générations futures. Ainsi d’Étienne Debbané, dont la famille a été chassée de sa maison entre 1975 et 1991 : « Je suis né à Saïda, nos racines sont ici et nous sommes fiers de transmettre ce patrimoine ». Si nul ne songe à nier les difficultés financières et politiques de ce pays en crise, cette situation n’empêche pas les gens de vivre, de construire, de faire du vin. Et de progresser en la matière. « Je suis venu au Liban pour la première fois il y a vingt-cinq ans. Les Libanais n’étaient pas très fiers de leurs vins », se souvient Hubert de Boüard. « Ils ont demandé conseil, mis les moyens et ont appris à connaître leurs terroirs, la climatologie du pays et l’adaptation de cépages. Ils sont désormais fiers de ce qu’ils peuvent offrir au monde. L’amour du vin au Liban s’exprime avec les vins de Bordeaux, mais aussi, petit à petit, avec les vins libanais. »
Le passé et l’avenir
La culture viticole du pays du Cèdre remonterait au VIIe siècle avant notre ère, au temps des Phéniciens, ancêtres des Libanais. Ces derniers étaient présents sur un territoire qui correspond en grande partie au Liban actuel. Des fouilles archéologiques entreprises dans le Sud-Liban sur le site de Tell el-Burak, à environ huit kilomètres de la grande ville côtière de Sidon, ont confirmé cette hypothèse phénicienne. Elles ont même apporté une nouvelle certitude, celle de la fabrication du vin par les Phéniciens eux-mêmes, grâce à la mise au jour d’un pressoir vieux de 2 600 ans (voir l’article « Vins du Liban, gloire et brouillard », En Magnum #21).
L’Empire ottoman a anéanti ce savoir-faire qui fut réintroduit par les Jésuites au XIXe siècle. Dès 1857, les moines installés dans la plaine de la Bekaa cultivent et produisent un vin destiné à leur consommation personnelle. Une grotte naturelle est découverte, puis agrandie pour atteindre une longueur de deux kilomètres. Elle appartient désormais au château Ksara. Aujourd’hui, le Liban compte environ cinquante producteurs de vin. Parmi eux, Kefraya, Ksara, Musar et Ixsir sont les ambassadeurs des vins libanais à travers le monde.
Cet article est paru dans En Magnum #31. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.
L’histoire se passe entre deux palaces de Curia, au centre du Portugal. Je quitte l’un, où nous logeons, pour rejoindre l’autre, situé à quelques centaines de mètres. Des copains m’ont proposé de boire une bière au bar après une journée de dégustation au concours mondial de Bruxelles. Jusque-là, que du classique. À 22 h 30, il fait frais, comme toutes les nuits dans cette région viticole située à quelques kilomètres de l’océan. Arrivée dans le superbe hall du Curia Palace, l’une des étapes du groupe hôtelier Almeida, je tombe sur d’autres membres du jury que je ne connais pas encore. Peter d’Afrique du Sud, Lisse de Londres et Liam d’Irlande m’invitent à me joindre à eux. Peter a appelé son pote, António Rocha. Même en ces heures tardives, il a accepté de nous ouvrir sa cave. Vingt-cinq ans qu’il fait les vins de la famille Almeida et qu’il veille sur les bouteilles à Curia comme à Bussaco, dans le Dão, la région voisine. Créée pour honorer les clients de ces deux palaces, la cave contient des vins juste à point, vieillis le temps qu’il faut et servis le jour J de leur apogée. Le jeu en vaut la chandelle. La bière au bar (fermé, en fait) s’éloigne et l’expérience unique se rapproche. Lisse, grande blonde d’un inépuisable enthousiasme, est tout excitée et me dit que les Anglais qualifient ce genre de situation de serendipitous.
Le Curia Palace, à Curia, appartient à la famille Almeida. Son atmosphère Belle Époque permet de s’échapper quelques jours dans l’espace et dans le temps. La cave gérée par António Rochas regorge de trésors du Bairrada et du Dão voisin.
En dentelle
António nous montre les coulisses de cet hôtel Belle époque encore dans son jus (cabine téléphonique, relais de poste, etc.) et nous invite à le suivre, dehors, dans la nuit. Il ouvre une vieille porte en bois et dévoile son antre. Des murs de bouteilles couchées sans étiquette. Il nous mène à travers les millésimes, nous tend les flacons comme des trophées. Les millésimes 1967, 1956 ou encore 1922 dorment bien ordonnés derrière l’hôtel, dans un espace climatisé. António est chez lui. Il tient à nous montrer le lieu des réjouissances. On sort à nouveau dans le noir pour faire le tour du vieux bâtiment aux murs de chaux. La mini cuverie apparaît encore plus belle dans l’imprévu. Des lagares de ciment et de granit, quelques fûts français (de chez Sylvain), quelques cuves inox pimpantes, des bouteilles de bulles couchées dans un box-palette. « Un essai », explique le maître de chai. De quoi faire 20 000 bouteilles par an, pas plus, tout confondu. Nous retournons aux vieilles bouteilles. Notre hôte surprise – thank you Peter – décide d’attraper une quille de 1983. « Parce que j’aime bien ce millésime », dit-il simplement. Du rouge, cépage baga en majorité. Il ajoute : « Si elle n’est pas bonne, j’en ouvrirai une autre ». Il connaît chaque bouteille par cœur, ne se trompe jamais. Il pose l’heureuse élue sur une toute petite table en bois d’un autre siècle. Nous l’admirons.
Pour faire les choses jusqu’au bout, il appose une étiquette délicieusement dessinée, un peu de travers. C’est le contenu qui compte. Il ôte le bouchon, délicatement. Il a l’habitude. Il fait lui-même le reconditionnement de toutes ses ouailles, nous montre ses outils de bricoleur. La bonbonne d’azote, les pinces et même de fines couches de bébé en coton pour nettoyer ses goulots. Il récupère cinq verres, amples et ronds, « à bourgogne », rincés dans l’évier. La couleur est tuilée comme celle d’un vieux pinot noir. Le nez, ah le nez, Lisse manque de tomber dans les pommes. Le vin explose, parle franchement de son histoire. Framboise, épices, pointe de rose. Pour moi, c’est la bouche. Loin de m’effondrer, je m’envole, je plane, nous planons. Dentelle de petits fruits délicats, longueur inouïe, finesse redoutable avec cette touche saline qui signe les grands vins. Un léger dépôt nous fait de l’œil. Nous échangeons nos regards, les yeux humides. Le vin se met à nu, avec douceur, attention, respect et humilité. Bienvenue au pays du baga. Minuit largement passé, nous laissons António rejoindre son oreiller. Ce n’est pas le seul à nous dévoiler la grandeur des vins issus des cépages portugais. La plus vieille cave de la région, São João, nous a ouvert un 1995, élégant, magnifique de souplesse en milieu de bouche. Presque trente ans pour en arriver là.
Le baga est le cépage roi du Bairrada.Vinifié en rouge, il s’épanouit sur de l’argilo-calcaire bien visible ici.
L’argile et l’océan
Comme l’Italie, le pays regorge de cépages autochtones capables d’offrir des sensations nouvelles et originales. Il en existerait 350 ici. D’autres minimisent, ce serait plutôt 200, répartis du nord au sud. Pourquoi seraient-ils originaires de cette région plutôt que d’une autre ? Pas toujours facile de le savoir. Ce qui est sûr, c’est qu’ici, dans le Bairrada (qui signifie terre d’argile), le baga est roi. Dans les vieilles parcelles, il est complanté. Il partage sa notoriété avec le touriga nacional et le tinta roriz ou aragonez (le tempranillo) et, en blanc, le bical, le maria gomes qui s’appelle aussi fernão pires, l’arinto et le cercial. L’appellation Bairrada est née en 1979. Elle fait partie de la dénomination régionale Beira Atlântico et couvre 8 129 hectares (source : commission viticole du Bairrada, 2021) répartis dans les mains de petits propriétaires terriens qui vendent leurs raisins et d’une quarantaine de producteurs actifs. Le chiffre est à prendre avec des pincettes car les vignes abandonnées sont pléthore. Les viticulteurs vieillissent et la relève manque, comme dans de nombreux vignobles européens. Les raisins prospèrent, bénéficiant des amplitudes thermiques entre le jour et la nuit.
Le domaine de Carlos Campolargo, à Anadia. La cave fut construite en 2004. Juste devant, on distingue plusieurs hectares de baga et touriga nacional qui vont être arrachés pour planter du pinot noir.
Début juillet, au moment de notre reportage, les nuits sont bien fraîches. Les journées sont chaudes, mais pas trop. L’océan n’est pas loin et provoque une brume matinale, même en plein juillet, dont la fraîcheur est bienvenue. Il apporte des pluies, aussi, qui fragilisent les raisins et entraînent des poussées de mildiou et d’oïdium. On ne peut pas tout avoir. Le baga est, de la même manière, la force et la faiblesse de la région. Il est sensible aux maladies, mûrit tardivement, craint les pluies d’équinoxe. On le dit rustique dans sa jeunesse, tannique et acide. C’est peut-être pour cela qu’à la fin du XIXe siècle, l’idée est venue, appuyée par quelques Champenois, de le ramasser plus tôt pour éviter les risques et le transformer en bulles. D’où sa force ainsi découverte, son côté magique. En 1887, à la fin de sa vie, le professeur António Augusto de Aguiar fonde l’École pratique de viticulture. Le premier exercice y fut l’élaboration d’un vin mousseux. Ainsi, le vignoble de Bairrada est devenu leader des espumante. Les méthodes traditionnelles représentent aujourd’hui 53 % de la production nationale de bulles. Quelle bonne idée. Le vin s’est taillé une réputation grâce à l’association avec le leitão, spécialité culinaire locale, un cochon de lait cueilli au berceau – plus il est jeune, plus il est tendre. L’espumante est son compagnon de table. Tous les Portugais le savent. Qu’ils traversent la région entre deux réunions à Lisbonne et Porto, qu’ils viennent se dorer sur les plages et profiter de quelques jours de vacances, ils font une pause obligée pour déguster sur place la chair de ce cochon, fondante et recouverte d’une pellicule croquante. La peau croustille. La conversation va bon train. Le vin me parle, pas en portugais mais en attaque soyeuse et délicate. Tout est fin, même le gras. Les bulles, salées et acides, le contrebalancent et le rendent digeste. Des tranchettes d’orange accompagnent le supplice. C’est redoutable.
Monsieur baga
Le baga s’impose comme le cépage roi, versatile à souhait comme le chenin ou encore mieux, car il est noir, le pinot. Il enfante ses mousseux tôt en saison, des blancs de noirs, des rosés et des rouges (toujours mousseux). Ramassé trois semaines plus tard, il est parfait pour de grands rouges tranquilles, de garde. Du coup, dans une même vigne, Luis Pato procède à plusieurs tries, comme on le fait pour les liquoreux. Luis Pato, c’est « Monsieur Baga ». Quarante-deux ans de carrière à se battre pour les cépages locaux, à coup d’expérimentations en tout genre. Il est né dans une famille notable de vignerons. Son grand-oncle Mario Pato fut le premier œnologue à enseigner la vinification au Portugal. Son père João est le premier à mettre en bouteille dans les années 1970. Luis a révolutionné la région à son tour. En 1985, il égrappe le baga, le fait vieillir en fûts français. Au début des années 1990, il fait craquer Jancis Robinson avec ses monocépages, puis Robert Parker avec sa cuvée Pé Franco, un vin issu de vignes non greffées plantées dans les terres sablonneuses. Il s’ouvre des portes, les bonnes. Toujours à la même époque, il est juge à l’International Wine Challenge en compagnie des critiques britanniques à la dent dure. Il a accès aux vins du monde entier et peut comparer ses bébés aux autres pointures. L’insatiable Géo Trouvetou, chimiste de formation, n’aura de cesse de bousculer les codes, de pousser le baga jusque dans ses retranchements. Il sort de l’appellation, comme les grands de Toscane, préfère la liberté de la plus large dénomination Beiras. Trente ans plus tard, toujours aussi inventif et enthousiaste, il connaît parfaitement ses terroirs, ses climats, ses raisins et s’est rôdé aux forces du marché. Il cultive son image comme un chef, tire la langue face à l’objectif, Einstein de la viticulture. Clin d’œil british, il use et abuse sur ses étiquettes du pato (canard) sous toutes ses formes. éternel rebel, son autre surnom qu’il affiche sur son t-shirt, il pétille d’idées et de dérision tout en nous montrant une quantité incroyable de vins issus aussi de bical, de maria gomes, de cercial et de son protégé, le sercialinho.
Soupe de fraises
Il a entraîné bien du monde dans son sillon. Ses filles ont toutes (ou presque) été contaminées par sa passion. Luisa, 43 ans, João, 40 ans, qui fait des pet’nat et des vins nature sous la marque Duckwine, et Filipa qui a lancé son propre projet en 2001 à Quinta do Riberinho avec le sommelier et restaurateur belge d’Anvers, William Wouters, épousé en 2008. Avec sa force de caractère, elle a préféré créer sa propre cave, pas trop loin de papa quand même. En biodynamie. Même histoire, même profil que le tout aussi charismatique Emidio Pepe dans les Abruzzes italiennes et ses trois filles dont l’une, Stefania, s’est éloignée pour embrasser la biodynamie (cf. En Magnum n°26). Luis a aussi fondé les « Baga Friends » qui, comme le nom l’indique, défendent corps et âme le cépage noir : António Rocha (Buçaco Wines), Dirk Niepoort (Niepoort), François Chasans (Quinta da Vacariça), Mário Sérgio Nuno (Quinta das Bágeiras), Paulo Sousa (Sidónio de Sousa Wines) et Filipa, bien sûr (Filipa Pato Wines). Le Bairrada ne serait pas ce qu’il est sans sa petite dose de piment. Carlos Campolargo, le « Mister No » local, a une voix de stentor qu’il balance à travers ses vignes, fier et provocateur. Volubile et expansif, ce producteur connu pour ses velléités de résistance prétend que le baga est « bien trop rustique » et que sa superficie fond en réalité comme neige au soleil. Il dit aussi que les mousseux du Bairrada sont constitués de « tout sauf de baga », caladoc, merlot, syrah, tempranillo, qu’importe. Son sourcil se fait soupçonneux : « Moi, je connais mes raisins et ce qu’il y a dans ma vigne. Le reste… ». Lui préfère le pinot noir. L’immense terrasse qui prolonge sa cave familiale donne sur un parterre de vignes dont plusieurs parcelles (en tout neuf hectares) semblent à deux doigts de l’arrachage. Là, il compte remplacer les trésors locaux par le cépage bourguignon en lui offrant, à terme, trente-cinq hectares d’expression. Il n’empêche, lors d’un dîner somptueux autour d’huîtres et d’un énorme maigre tendrement cuisiné, il sert en dessert, sur une soupe de fraises à tomber de sa chaise, un assemblage de baga et de castelão des plus fins, carafé pour l’occasion. Bref, il l’a dans la peau.
10 à suivre
Luis Pato, la région lui doit tout 56 hectares, dont 45 en production
300 000 bouteilles
Le producteur le plus connu du Bairrada eut la bonne idée de présenter ses vins à Londres dans les années 1980. Exigence à l’anglo-saxonne, défense des cépages locaux, expérimentations et prises de risque. Un vigneron comme on les aime. luispato.com
Filipa Pato, la relève biodynamique 30 hectares, dont 20 en propriété 120 000 bouteilles
La fille de Luis Pato, elle aussi chimiste de formation, a démarré son projet en 2001 en achetant des raisins de vieux pieds de vignes pour comprendre le terroir et les cépages. Avec son mari, le sommelier belge William Wouters, elle a fait un pas de plus en 2006 en créant le domaine. Ils étaient au Japon quand je suis passée, mais j’ai découvert un de leur vin au restaurant Rei dos Leitões, servi sur une entrée qui rassemble les produits de la côte (gambas, couteau, ameijoas ou palourdes, langouste). Filipa s’inspire, entre autres, des délicieuses Lalou Bize-Leroy et Marie-Thérèse Chappaz. patowouters.com
Luis Gomes, vive la craie 5 hectares 20 000 bouteilles
Luis Gomes est venu à la vigne récemment. Il a vendu sa boîte (il était dans la chimie) pour se lancer dans l’aventure. Son idée : mettre la main sur des vieilles parcelles qualitatives peu à peu abandonnées par des viticulteurs trop vieux (il les loue ou les achète). S’il manque de main d’œuvre, il arrive que ces mêmes papys viennent lui donner un coup de main ! Il privilégie les terrains calcaires et en a fait sa marque (Giz). gizbyluisgomes.com
Mário Sérgio Alves Nuno, du grand classique 30 hectares, dont 25 en production 110 000 bouteilles
Il faut l’appeler le vigneron de Bairrada. Sur sa Quinta das Bágeiras, qu’il a créée en 1989, il vinifie ses propres raisins issus de 25 hectares, n’en achète ni n’en vend. Sa cave vous fera rêver. Des foudres, des lagares, des lits de bouteilles couchées au frais en attendant le temps. Un alambic pour les finitions. « Toutes les bouteilles ont une histoire », raconte-t-il.
Il a travaillé dix ans avec son grand-père. Emotion garantie. quintadasbageiras.pt
Rui Prior Lucas, la nouvelle vague 6 hectares, 20 000 bouteilles (dont 15 000 d’espumante)
Cet ex-manager dans le bâtiment s’est lancé comme Luis Gomes il y a peu. Il partage un hangar à Souselas avec sa sœur qui fait de l’huile d’olive. Sa production montre un sacré savoir-faire. Il bouillonne d’idées et d’initiatives. Il utilise notamment, pour ses vins tranquilles, des bouteilles qu’il recycle lui-même en faisant le tour des commerçants
et des restaurateurs.
São Domingos, bulles au pluriel 100 hectares + achat de raisin 4 millions de bouteilles
Cette maison fondée en 1937 produit quatre millions de bouteilles par an, dont un million dort dans les caves creusées dans la roche. cavesaodomingos.com
Adega de Cantanhede, une coop’ au top 1 000 hectares 5 millions de bouteilles
Lancée en 1954 avec une centaine d’associés, la plus grande coopérative de la région en compte aujourd’hui cinq cents, répartis sur un millier d’hectares. Elle produit 30 à 40 % des volumes régionaux selon les années, d’où une grande responsabilité locale et sociale. La gamme est large et les vins sont bien faits. cantanhede.com
São João, premières pierres 37 hectares, dont 27 en production et achat de raisin Entre 400 000 et 800 000 bouteilles
C’est la plus vieille cave de la région, aujourd’hui entre les mains de huit propriétaires. Elle produit du mousseux et du vin tranquille dans un équilibre différent selon le millésime, soit plus de mousseux dans les années fraîches et pluvieuses. La quinta Poço do Lobo est entrée dans son escarcelle en 1971 : 37 hectares d’un seul tenant replantés de baga, moreto (cultivé dans l’Alentejo) et castelão, mais aussi de cabernet-sauvignon et, en blanc, d’arinto et de chardonnay. cavessaojoao.com
Carlos Campolargo, l’anti-baga 170 hectares 500 000 bouteilles
Carlos a repris les vignes familiales et embouteillé ses vins sous la marque Campolargo en 2000. Le domaine est réparti entre les quintas de Vale de Azar et de São Mateus où fut construite la cave, immense, en 2004. campolargovinhos.com
Sidónio de Sousa, l’autre roi du baga 12 hectares 70 000 bouteilles
Il fait partie des grands défenseurs du baga et, donc, des Baga Friends. Sidónio de Sousa exprime autour de la commune de Sangalhos la grandeur du cépage avec des cuvées aussi bien effervescentes que rouges.
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