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Un déjeuner en Bourgogne

Beaune accueillera ce dimanche à midi au bastion médiéval des Hospices la deuxième édition de sa paulée, traditionnel repas bourguignon célébrant la fin des vendanges auquel « chaque convive pourra apporter ses meilleurs flacons afin de les partager avec sa tablée » (il sera également possible d’acheter du vin sur place). L’année dernière, 130 convives ont participé à l’événement et les bénéfices ont été reversés à l’association beaunoise Les Papillons Blancs.

Cette année la récolte ira au fonds créé par Sylvain Augier avec pour objectifs « de concourir à la sauvegarde des paysages, d’agir en faveur de la protection de l’environnement et de promouvoir l’éducation à l’environnement » (cliquez pour en apprendre plus). L’animateur sera d’ailleurs présent ce dimanche pour présider cette Paulée de Beaune 2015 dont le menu est à découvrir ici (95 euros par convive). Réservation au 03 80 26 22 12.


Photo ci-dessus, ©Clément Bonvalot

Champagne sur Seine


Cette sixième édition du « Champagne Day » est une bonne occasion d’aller rencontrer aujourd’hui à Paris, sur la péniche Rosa Bonheur sur Seine, amarrée près du pont Alexandre III, les sept vigneronnes réunies depuis 2014 en une association baptisée Les Fa’Bulleuses.

Sous cette bannière fédératrice basée sur l’entraide, Laureen Baillette-Prudhomme (Champagne Baillette-Prudhomme), Hélène Beaugrand (Champagne Beaugrand), Claire Blin (Champagne Mary Sessile), Mathilde Bonnevie (Champagne Rochet Bocart), Charlotte De Sousa (Champagne De Sousa), Florence Duchêne (Champagne Florence Duchêne) et Sophie Milesi (Champagne Guy Méa) à travers différents axes comme la transmission de la culture du vin par l’éducation, l’information et la pédagogie de la consommation, le regroupement de femmes impliquées professionnellement dans la production de vins de Champagne, l’échange d’informations techniques, commerciales et générales, le partage de leurs expériences et bonnes pratiques, la promotion de leur région et de ses savoir-faire et « le développement d’une réflexion globale sur le présent et l’avenir de leur activité viti-vinicole. »

Elles organisent également des événements réguliers au rang desquels figure la dégustation parisienne de ce jour, ouverte aux professionnels de 11 h à 17 h et au public des amateurs de 15 h à 17 h. Plus de détails ici.

Ca pétille et ça pépie

Ce vendredi, les amateurs et professionnels du champagne du monde entier célébreront le « Champagne Day », sixième édition d’un événement très relayé, en images comme en mots, sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs avec un concours de photos sur Facebook, cliquer pour en apprendre plus, que le comité du tourisme de L’Aube en Champagne participe à cette journée pour la troisième fois.

En plus d’un accueil fait aux blogueurs sur les terres champenoises (rencontres, dégustations, accords mets-vins, etc), l’association dédiée au tourisme créée par le conseil départemental de l’Aube, associée à des partenaires chaque année plus nombreux, a décidé de faire « pétiller » l’événement avec des cadeaux. Le plus désirable, réservé au grand gagnant du concours, est un vol en montgolfière dans le ciel de Champagne (tous les lots sont à découvrir ).

Enfin, les vignerons de l’association Cap’C ont mis en place de quoi amplement relayer le buzz avec un compte Instagram et un Twitter Wall (cliquez ici pour y accéder) permettant aux internautes de suivre tout ce qui se dira dans le monde sous le hashtag #ChampagneDay ce jour-là.

Il n’y a pas qu’un muscadet

C’est sous une bannière commune que les grands terroirs du vignoble du muscadet, territoire d’un cépage unique appelé melon de Bourgogne, comptent désormais communiquer auprès des amateurs autant que faire avancer leurs démarches de reconnaissance des spécificités des différents crus communaux producteurs. Si la dénomination « Les crus de Nantes » servira désormais à parler de ces vins au grand public et aux professionnels de la restauration, elle désigne aussi le groupement de vignerons concernés par cette mise en avant du savoir-faire nantais et de la diversité de ses cuvées, que leurs vins disposent déjà d’une AOC communale (c’est le cas des muscadet-sèvre-et-maine Clisson, Gorges et Le Pallet) ou pas encore (la démarche est en cours pour Château-Thébaud, Goulaine, La Haye Fouassière, Monnières-Saint-Fiacre, Mouzillon-Tillières et Vallet)

« L’objectif des Crus de Nantes est de faire connaître une typicité liée au terroir sur des zones spécifiques localisées au sein des AOC régionales (muscadet-sèvre-et-maine, muscadet-côteaux-de-la-loire et muscadet-côtes-de-grandlieu). En effet, il existe “des” muscadets, avec notamment des cuvées spécifiques. (…) Les crus de Nantes visent également à la mise en valeur d’un savoir-faire local et d’une qualité exceptionnelle dans la production des grands vins du Val de Loire. Ceux-ci offrent un haut de gamme authentique, fruit d’une véritable expertise des vignerons. Issus d’un élevage sur lie prolongé (18 ou 24 mois minimum), de faibles rendements et surtout expression de grands terroirs où le sous-sol s’exprime, les crus du Muscadet affirment leur rang de vins de tout premier ordre. »

Ce nouveau positionnement fait pour encadrer, valoriser et mieux faire comprendre la diversité des territoires de ce vignoble s’accompagne de la mise en place d’un cahier des charges commun à tous les vignerons garantissant le respect par chacun d’une manière de faire et d’une qualité d’exécution. Présente sur plus de 300 tables étoilées et plus de 100 pays à travers le monde, cette production du Val de Loire est également soutenue par une deuxième structure, « Les Vignes de Nantes », co-créée en 2011 par Fabien Chéneau et Marie Chartier-Luneau. Cette plateforme de vignerons représentant une sélection de vins de référence est la partenaire de belles tables et caves, de nombreux événements culinaires et salons de dégustation ainsi que d’associations de chefs étoilés.

muscadetsèvresetmaine

Etudes à la française

Après plus d’un an passé à la rénovation et à l’aménagement d’un château édifié au XIXe siècle pour la branche française de la famille de Rothschild et entouré d’un parc de 130 hectares, l’école Ferrières, consacrée à la formation de haut niveau des professionnels des métiers de « l’excellence à la française » (hôtellerie, gastronomie, luxe), a pris possession de ce cadre situé à 25 kilomètres de Paris où « tout respire la qualité et la sérénité. »

Une première promotion de trente-cinq élèves y a fait sa rentrée, accompagnés par un comité de parrainage et des partenaires au rang desquels figure en bonne place Moët Hennessy. Ces étudiants seront initiés aux savoir-faire des différentes maisons du groupe, qui souhaite ici « promouvoir l’art de vivre à la française. » Premier à bénéficier de cette « atmosphère unique en France qui met les étudiants dans les meilleures conditions pour apprendre », le groupe d’élèves en photo-ci dessus portera le nom de « Promotion Moët Hennessy ».

Pour en savoir plus sur les formations proposées par l’école Ferrières aux étudiants, aux professionnels ou aux particuliers (dès janvier 2016), cliquez .

Secrets de sommelier

Meilleur sommelier de France en 1992, puis d’Europe (1994), vice-meilleur sommelier du monde en 1998, Eric Beaumard a d’abord développé la cave de La Poularde du chef doublement étoilé Gilles Etéocle avant de se lancer, en 1999, dans l’aventure de l’hôtel George V. Là, en étroite collaboration avec les chefs de la maison, Philippe Legendre puis Christian Le Squer, il a composé une cave qui est l’une des plus prestigieuses au monde. Aujourd’hui directeur du restaurant Le Cinq du désormais nommé Four Seasons George V, Eric Beaumard gère en outre les caves de tous les établissements européens sous bannière Four Seasons.

Cela ne l’a pas empêché de livrer cet ouvrage à paraître le 12 novembre aux Editions de La Martinière, recueil de secrets d’un dégustateur autodidacte, au parcours atypique, à mettre entre les mains de tous les amateurs. « Pétrus, Château Ausone ou Lafleur dans le Bordelais, les domaines de la Romanée Conti ou les vins de Jean-Baptiste Bouzerau en Bourgogne, ceux des châteaux Rayas et Grillet dans la vallée du Rhône », Eric Beaumard rend ici un hommage littéraire aux 75 vins qui l’ont marqué à jamais et à ce qui les a fait naître, les vignes comme les hommes.

Les Vins de ma vie, Eric Beaumard. Editions de la Martinière, 35 euros

Deux œnologues pour le 2015

Au sortir d’une récolte débutée sous le soleil le 21 septembre avec les merlots, Chateau Lanessan (Haut-Médoc) annonce que ce millésime se fera avec les conseils d’Hubert de Boüard, dont l’expertise viendra compléter celle de l’œnologue historique de la propriété, Eric Boissenot. Côté raisin, les baies de cabernet sauvignon rentrées la première semaine d’octobre « sont de très petite taille et ont fait chuter les rendements, mais offrent des jus d’une magnifique concentration » et les petits verdots sont racés, denses et très aromatiques. Dans les cuves actuellement en macération, « les jus laissent entrevoir des vins d’une grande finesse et concentration, intenses et denses, d’une remarquable fraîcheur. »

Pour un point complet sur ces vendanges 2015, région par région, se reporter à cet article de Michel Bettane.

Laroche : secrets de fabrication


Grégory Viennois a repris la direction technique du Domaine Laroche à la fin de l’année 2010, le millésime 2011 étant le premier intégralement maîtrisé. De ses expériences passées à Bordeaux et ensuite en vallée du Rhône, où il a longtemps œuvré pour les maisons Chapoutier et Ferraton, il en a retiré des idées bien arrêtées en matière d’identité de vin et de respect du terroir. Il nous explique sa démarche en quelques points clefs.


Grégory Viennois, lorsqu’AdVini est né de la fusion de Laroche et de Jeanjean, Stéphane Derenoncourt a été appelé comme conseil technique, on en avait parlé à l’époque dans nos colonnes. Est-ce toujours le cas ? Comment travaillez-vous ensemble ?

Bien sûr, Stéphane Derenoncourt est toujours là, Julien Lavenu (son associé, NDLR) aussi, ils viennent ici régulièrement. C’est important, par rapport à notre démarche, d’avoir un recul, notamment en viticulture, cela nous permet d’avoir une vision extérieure sur nos vins, de ne pas tomber dans la routine. Oui, on continue d’améliorer les choses, continuellement, on connaît l’ensemble des points clefs, maintenant on fait des réglages. Avec Stéphane, c’est aussi une aventure humaine, puisque j’ai débuté ma carrière avec lui. Il fait partie de ma construction professionnelle, on pourrait dire qu’il y a une idée de compagnonnage avec lui, comme autrefois. Donc tout se fait en bonne intelligence.

Dans quel état était le vignoble à votre arrivée ? Comment en êtes-vous arrivé à miser plus sur le parcellaire ?

Le vignoble était bien tenu, soigné, il fallait simplement aller un peu plus loin dans le détail, dans les interventions manuelles. L’une de mes premières actions a été de faire le tour des vignes, c’est la base de notre métier, de l’observation avant tout. J’ai très vite compris l’énorme potentiel en termes de diversités (de climats, de sols), et j’ai découvert une appellation plus complexe que je ne le pensais. J’ai découvert des vins avec des équilibres superbes, des textures, différents calcaires, différentes pentes ou expositions, différents vents dominants, différentes vallées, une architecture polymorphe et complexe. Le parcellaire, c’est le premier maillon de la chaîne. J’ai identifié près d’une centaine de parcelles sur le domaine, dont pas moins de sept rien que sur les Blanchots. Pour mieux comprendre encore, j’ai d’ailleurs été goûter les vins des différents confrères.

Une fois appréhendées les différentes parcelles du domaine, je crois que vous avez engagé un ambitieux programme de replantation…

Oui, tout à fait, plusieurs chantiers sont déjà en cours. On a mis en place un programme d’arrachage et de replantation de 2 hectares chaque année, ce qui est tout à fait normal compte tenu de la vaste étendue du vignoble, cela va nous occuper pour les 20 années qui viennent au moins. Il faut assurer le renouvellement sans attendre que la situation devienne critique : l’objectif d’âge moyen est de 45-50 ans, mais on garde aussi des vieilles vignes de 70 ans sur les Fourchaumes ! C’est aussi pour cette raison qu’on ne passe plus les machines à vendanger sur les premiers crus, ça secoue les vignes ! Grâce au travail des équipes précédentes, Laroche a la chance d’avoir un vignoble assez âgé, même en Chablis (10-50 ans), cela nous permet de faire nos propres sélections massales, de préserver ainsi l’héritage du domaine.
Par exemples sur Blanchots, on a arraché une parcelle de 50 ares en 2012, elle est aujourd’hui en repos, on la plantera en 2016, c’est très important cette période de repos de 3 ans même si cela a un coût. Sur les Clos, on réfléchit à arracher 25 ares après la récolte 2015. En Chablis (village, NDLR), on a déjà fait un énorme travail de complantation, de remplacement dans les vignes, et on commence un programme de replantation et d’arrachage. Dorénavant, on replante à 10 000 pieds hectares, contre 6600 avant. Ainsi, on use moins la vigne tout en améliorant le ratio pulpe/peau, avec des peaux plus épaisses et plus de structure.

Cette prise en compte du parcellaire a-t-elle modifié la manière de vendanger et de réceptionner le raisin ?

Une fois passé tout ce temps dans les vignes, on ne pouvait pas, dans la chaîne de valeur, ne pas accorder plus de soins aux premiers et grands crus. J’ai donc décidé que tous les premiers crus et grands crus seraient faits à la main, alors qu’avant seuls les grands crus l’étaient, il nous fallait aller plus loin. Notre expertise sur les grands crus nous permet même d’affiner le travail sur les chablis, puisqu’aujourd’hui on commence à vendanger certaines parcelles de chablis village à la main.
L’un de nos tout premiers chantiers, dès 2011, a été d’investir sur la réception de vendange. On a acheté des tables de tri vibrantes, de nouveaux pressoirs, mais aussi plusieurs petites cuves inox thermorégulées de 15/20/30/40 hectolitres, pour séparer la moindre petite parcelle en débourbage, en vinification, et pour finir les élevages. Ainsi, grâce aux tailles des nouveaux pressoirs et aux petites cuves, nous pouvons désormais séparer toutes les parcelles (par exemple le Butteaux du Montmains, les différents Blanchots, etc.).

Quelle est votre conception de la maturité pour le raisin ? Avez-vous changé quelque chose quant au choix de la date de vendanges ?

On vendange quand la parcelle nous semble correcte, on goûte la pulpe et les peaux. Pour répondre à la question, on vendange peut-être un peu moins mûr que par le passé. Quand on goute un raisin déjà très aromatique, il est sans doute déjà trop tard. On décide en fonction de notre point de vue et de nos parcelles, pas de ce que font les autres vignerons du Chablisien, comme ça se fait souvent. Ainsi, il m’arrive de changer de date de vendange deux fois par jour. Évidemment, pour faire ça, et c’est un point très important, il faut avoir une équipe de vendangeurs conséquente, afin d’accélérer et freiner comme on le souhaite. Hors permanents de l’équipe et membres de l’encadrement, nous faisons appel à près de 80 vendangeurs, ce qui nous permet de ramasser à la main plus de 30 hectares en deux semaines. On ne vendange pas trop vite non plus, on cueille al dente…

Cela doit avoir des conséquences sur le pressurage et l’extraction des différents composants du raisin ?

Vendanger à la main permet d’avoir des raisins entiers, sans trituration et comme il n’y a pas de libération de jus comme avec une machine, ça arrive en cuverie sans soufre. Notre nouvelle réception de vendange nous permet de déposer des raisins entiers dans le pressoir. Les jus que l’on récupère sont turbides, certes, mais avec de belles bourbes, donc nous n’avons pas besoin d’enzymer, ça se dépose lentement. Pour moi, c’est une énorme différence dans le process par rapport à la vendange mécanique, qui triture les raisins et rend les bourbes inutilisables. On ne peut pas faire de grands vins de terroir en vendangeant à la machine, ni en enzymant systématiquement et en filtrant stérile à la fin d’ailleurs. Grâce à nos nouveaux petits pressoirs, nous avons pu retravailler tous nos cycles de pressurage. On presse très lentement, à basse pression, sans rebêche, beaucoup moins fort qu’en Champagne par exemple. Contrairement à ce qu’on entend parfois, on peut avoir de l’extraction sur un vin blanc, donc on va chercher un peu le contenu des peaux, des tannins et des éléments minéraux. Je pense que la peau fait partie du marqueur du terroir. La pulpe, c’est un milieu assez simple : eau, sucre, acides organiques. La notion de terroir, on va plus la trouver dans les peaux, c’est ce qui va fournir la signature amère à la finale dans nos vins : dans les vaudeveys, on aura de la craie fraîche, une note iodée, sur les montmains, on aura des amers d’artichaut, de petits tannins. Grâce à cette évolution dans le process au pressurage, et je le redis, permise par des moyens techniques adaptés, les bouches se dessinent de façon plus nette, ce n’est pas seulement de la sensation plus ou moins gras, plus ou moins acide, à la dégustation. Les climats sont signés.

N’étant pas né dans la région, quel regard portez-vous sur le bois en matière de vinification et d’élevage pour les vins de Chablis ?

Tous les premiers crus et les grands crus sont élevés pour partie en cuve, pour partie en fût, avec très peu de bois neuf. Nous utilisons essentiellement de la pièce bourguignonne et des demi-muids. On a plus de demi-muids que par le passé. Pour certains vins, c’est un contenant intéressant qui élève sans apporter trop de goût de bois. Souvent, quand on assemble la partie cuve et la partie bois, l’assemblage est meilleur que les deux parties goûtées isolément.
De mon point de vue, la notion d’élevage est importante, même à Chablis, elle fait partie du vin. Avec trop de bois, on massacre le vin, un chablis n’a pas à être 100 % bois neuf, mais le bois apporte de la complexité, ça affine le vin. On a développé des relations pérennes avec trois ou quatre tonneliers partenaires (notamment Dargaud, Damy ou Stockinger) et on échange beaucoup sur la provenance des bois, le grain des douelles, la chauffe.

Qu’avez-vous changé en termes d’élevage et plus généralement dans la gestion de l’oxygène ?

Au cours de leur élevage en fût, les vins ne sont jamais bâtonnés, de temps en temps on se contente de remettre les lies en suspension. L’un des effets du bâtonnage, c’est d’apporter du gras au vin, en plus de l’oxygène amené en ouvrant la barrique, sans parler du vortex qui va dissoudre de l’oxygène dans le vin en élevage. Comme on ne recherche pas cette prise de gras, au cours de l’élevage, on peut ainsi réduire au minimum les doses de soufre. À l’été suivant la vendange, on assemble les parties élevées en fût avec celles conservées en cuve inox. Les vins sont très peu manipulés, ils sont encore riches en CO2 issu de la fermentation, ce qui va permettre au vin de lentement se minéraliser, on peut alors le préparer à sa mise en bouteille.
Dès 2011, on a diminué de 40 % les doses de soufre total. La maîtrise de l’oxygène est importante : parfois il faut protéger le vin afin qu’il n’ait pas trop d’oxygène à consommer rapidement, parfois au contraire il a besoin d’oxygène, tout est question de phases et il faut savoir les observer. L’idée n’est pas de surprotéger le vin, on presse sous régime oxydatif (et pas sous gaz inerte !), on préfère que ça casse dès le début, le cas échéant. Quand on transfère le vin d’un récipient à un autre, on le protège, pareil à la mise, où on utilise un gaz inerte pour rincer les bouteilles, ce qui nous permet de doser plus faiblement en SO2 par la suite. Si l’on veut des vins avec un potentiel de vieillissement, il faut être vigilant tout au long du process.

Peut-on faire un point sur votre démarche environnementale ? Je crois que vous préférez parler d’agriculture « durable » plutôt que « bio » ?

Au-delà de la viticulture, on a essayé de retrouver de la cohérence dans les sols, d’avoir des belles structures aérées et grumeleuses, on a été un peu plus loin que par le passé. En viticulture, quand on passe avec des engins (des gros tracteurs), on tasse, ce n’est pas parce qu’on griffe qu’on ne tasse pas. Moi, je préfère rationaliser les interventions, et c’est là que l’approche durable est intéressante, c’est une approche globale. Quand on traite 15 fois par an, même en étant labellisé bio, je ne pense pas que ce soit bon. L’agrobiologie, ça me séduit parce que ça permet d’être modéré : on peut combiner l’empirisme, la recherche et le développement.
Nous sommes conscients que l’on peut encore réduire notre impact sur l’environnement, donc pour ça il faut tout mesurer : nos rejets, nos consommations de carburant et d’eau, jusqu’à la mise en bouteille. Nous améliorons nos gestes en permanence, le but est de savoir ce que l’on fait, pas de zéro consommer. Par exemple, pour nos chauffeurs (de tracteur par exemple), nous leur apprenons à avoir une conduite efficace, plus économe en énergie. Lors de la mise, on a remplacé le rinçage des bouteilles, qui était fait à l’eau, par un gaz : ainsi on met moins de soufre ensuite car on est sous gaz inerte, on met moins d’intrant et on ne gâche pas d’eau, c’est juste ce que l’on recherche.
Le développement durable, c’est aussi la performance économique du domaine, il ne faut jamais perdre de vue que chez Laroche on ne fait pas vivre une seule famille, mais 80 (vignerons, cavistes, personnel administratif, etc.), sans parler des fournisseurs de raisin. Nous devons donc trouver un système de viticulture pérenne, responsable et intégré. Aujourd’hui, il est acquis que nous n’irons plus vers une certification (de type bio, NDLR), mais on a conservé l’approche organique, l’approche agrobiologique du domaine est globale.
L’état des sols, la consommation, tout est mesuré, et pour nous c’est essentiel. Nos composts sont bios. On n’utilise pas de désherbants et on ne veut pas en utiliser, donc on travaille les sols. Pour limiter leur compaction et l’asphyxie des sols, on laisse de l’herbe sur les rangs de passage, et on emploie des tracteurs moins lourds. On limite de façon rationnelle le nombre de traitements, je me répète. Après les vendanges, on sème du blé ou de l’orge, leurs racines permettent de décompacter le sol. On ne fait pas de labours trop profonds pour ne pas perturber les horizons (la profondeur des sols). Si on trouve la bonne fertilisation pour la vigne, on assure la quantité récoltée, donc la pérennité économique du domaine, tout en se protégeant des maladies ! Un bon chablis n’a pas besoin d’être produit à 10 hl/ha. Ainsi tout est logique, il n’y a pas de révolution.

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Grégory Viennois, directeur technique

 


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Saga Cazes



Mouton 2013, la nouvelle étiquette

Depuis le temps, depuis l’étiquette au V de la victoire en 1945, on a fini par trouver ça normal. Il se trouve que ça ne l’est pas. Sur la période, la somme d’œuvres imprimées sur les étiquettes du premier cru de Mouton-Rothschild est impressionnante. Elle est généreuse aussi et visionnaire, une sorte de survol bien vu des secousses artistiques du temps, sans beaucoup d’équivalent. On ne parle pas de démocratisation de l’art contemporain…

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Sociando-Mallet 1985


 

Sociando-Mallet 1985

LE VIN :
Nez métallique qui disparaît au bout de quinze minutes, puis le poivron vert arrive et laisse ensuite la place à des notes torréfiées, la bouche reste longtemps monovalente puis gagne en profondeur et en nuances avec une fraîcheur menthée.

 

15,5/20

CONTACTER LE PRODUCTEUR


LE DOMAINE :
Figure incontournable du Médoc, Jean Gautreau est l’un des artisans du renouveau de ses crus. Respecté par ses pairs, il a hissé Sociando-Mallet au niveau d’un cru classé, agrandissant largement le vignoble depuis son achat en 1969. Aujourd’hui, sur les 85 hectares de la propriété, une cinquantaine ont le niveau d’un troisième voire d’un second grand cru classé. Assisté de sa fille et de son gendre, Jean gautreau est l’un des rares propriétaires à superviser lui-même les vinifications. Depuis quelques mois, la propriété dispose d’un gîte, la Villa Sociando, au port de la Maréchale, à 3 km de la propriété.

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