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Un clos-vougeot de grande maison

Maison Louis Jadot,
clos-vougeot grand cru 2019

Pourquoi lui
Tous ceux qui ont croisé une fois Jacques Lardière savent pourquoi ils vénèrent la maison Louis Jadot. Jacques a pris sa retraite et confié le volant des vins Jadot à un successeur de talent et de discrétion. La maison possède ou vinifie des grands crus partout où il faut être. Le Clos de Vougeot fait partie de ces climats mythiques de la Bourgogne, 50 hectares pour près de 80 propriétaires.

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Cassis, le premier vin du paradis


Cet article est à retrouver en intégralité dans Le Nouveau Bettane+Desseauve 2024 (pages 272-275). Vous pouvez l’acheter sur notre site ici ou en librairie.


Dès 1936, cassis est l’une des quatre premières appellations à être définies sous l’égide du baron Le Roy, le père des AOC. Si l’homme a beaucoup fait pour les terroirs rhodaniens et provençaux, la réputation des vins de Cassis était déjà installée et les vins produits ont longtemps fait de l’ombre aux autres appellations de Provence, ce qui montre à la fois leur antériorité et leur légitimité. L’appellation a toujours produit majoritairement des vins blancs. Principalement en raison de sa situation géographique qui s’appuie, pour ses terroirs les plus qualitatifs, sur la falaise calcaire du cap Canaille. Sur les pentes de la plus haute falaise maritime d’Europe, la vigne profite d’une altitude située entre 300 et 350 mètres. La proximité de la Méditerranée et l’influence des embruns maritimes jouent un rôle essentiel dans la régulation de la température. Avec le changement climatique et malgré un sol calcaire, les vignes souffrent depuis quatre ou cinq ans d’un stress hydrique plus prononcé. Orientée vers la production de blancs dès le milieu du XXe siècle, l’appellation a fait une place de choix au rolle tout en ayant l’intelligence de conserver, dans les faits et dans son cahier des charges, la possibilité d’un encépagement complexe, en se gardant le droit d’intégrer dans les assemblages roussanne, sauvignon, clairette et autres cépages anciens (doucillon, pascal, barbaroux pour les rouges), peu utilisés aujourd’hui. Une idée du grand blanc du Sud aussi singulière que visionnaire, puisqu’elle date de la création de l’appellation.

La gueule de l’endroit
Longtemps, ce terroir a produit des vins qui n’avaient pas vraiment « la gueule de l’endroit », pour reprendre l’expression du regretté Jacques Puisais. Vendus pour la plupart dans l’année qui suit leur mise en bouteille, ils ont quelque peu perdu précision et ambition pour répondre à un succès commercial qui ne s’est jamais démenti et à une demande qui n’a jamais faibli. Consommés trop tôt, ils étaient aussi vinifiés sans ambition de les faire évoluer à la garde, souvent à partir de fermentations trop interventionnistes avec un emploi de levures qui masquait l’âme et le goût des cépages produits sur le calcaire. Depuis quelques millésimes, grâce à une viticulture ambitieuse et des vinifications réfléchies, le niveau ne cesse d’augmenter, orienté dans la bonne direction par quelques producteurs, à retrouver dans notre sélection. Dans leur volonté de rompre avec une forme d’homogénéité de style qui avait tendance à indifférencier les vins produits et à les réduire à l’image de carte postale du vin des calanques et de Fernandel, ces domaines ont revu leur conception du blanc de Cassis en affinant les élevages pour leur donner une complexité inédite. Fûts, jarres ou amphores ont fait leur apparition dans les cuveries, en complément des cuves qui permettent – dans le cadre spécifique de cette appellation – un élevage rapide propre à l’élaboration de vins fruités et faciles à boire. Ces mêmes domaines ont aussi pris conscience de la richesse de la matière première et de son potentiel, si complexe à révéler. Etonnamment, le vin de Cassis a toujours profité d’une notoriété établie de vin de gastronomie, encore renforcée dans le contexte d’une Provence viticole actuelle dominée par la production de rosés plus ou moins faits pour la table.
L’appellation produit aussi quelques rouges, dans un volume confidentiel, qui méritent le détour pour leur équilibre et la fraîcheur de leur arômes. La couleur, d’ailleurs capable d’être longuement attendue en cave, a sans doute un bel avenir devant elle. À condition de remettre un peu les choses à plat en matière de vinification (vendanges entières, infusion plus qu’extraction) et d’élevage (foudre plutôt que barrique). Structurée par des domaines familiaux, dans le cadre d’un décor de rêve qui attire chaque année des milliers de visiteurs et qui pourrait faire de l’œil à des investisseurs de plus en plus attirés par la région, l’appellation a pu souffrir aussi d’une image de vin pour touristes, quelque peu désuète. Les choses changent. D’abord en matière de viticulture, 80 % des domaines de l’appellation étant aujourd’hui certifiés bio. Le blanc, toujours en tant que premier ambassadeur de ses terroirs, a retrouvé les grandes forces qui ont fait sa renommée : salinité extrême, matière épurée et cristalline, élan minéral, acidité intégrée, amertume noble, etc. Autant de qualités qui permettent d’envisager les cassis avec une cuisine de la Méditerranée. Au menu de nos envies, entres autres, un Saint-Pierre à la poutargue ou quelques déclinaisons autour de l’agrume. Quoi que l’on choisisse, toujours de la délicatesse dans l’assiette pour un accord qui prolonge le plat et ne cherche pas le contraste. Bref, de la limpidité et de la transparence, comme le vin de Cassis quand il est grand.

Professionnels, inscrivez-vous au Concours Vignerons et Terroirs d’avenir

Les gagnants de la septième édition du Concours Vignerons et Terroirs d’avenir.

Organisé par AdVini, en partenariat avec le Crédit Agricole, l’Institut Agro de Montpellier et l’Institut Agro Fondation, le Concours Vignerons et Terroirs d’avenir sert à soutenir des projets viticoles respectueux de l’environnement qui mettent en valeur les terroirs français. L’accompagnement et la dotation financière permet l’installation durable des viticulteurs. « Je n’étais pas du tout connu. Gagner ce prix m’a donné de la visibilité, mais surtout de la confiance en moi », explique Frédéric Berne, vigneron dans le Beaujolais et gagnant de la première édition.
Pour remporter un des prix, il faut présenter devant un jury son projet lors d’un oral. Après l’étude des dossiers de candidatures, sept sont retenus et les candidats sélectionnés bénéficient d’un accompagnement de la part des élèves ingénieurs de l’Institut Agro de Montpellier. Cette phase de coaching profite également aux étudiants qui endossent pour l’occasion le costume du consultant. Les sept candidats sont aussi conseillés, lors d’un séminaire par des experts métiers qui les prépareront à l’épreuve avec des ateliers de speed dating et d’oraux blancs. Et dès le lendemain, au domaine Mas Neuf (vignobles Jeanjean), les candidats défendent leurs projets devant un jury d’experts issus de divers domaines de la filière viticole. Trois gagnants sont récompensés d’une enveloppe de 50 000 euros pour le premier, de 20 000 euros pour le deuxième et de 10 000 euros pour le troisième.

Qui peut s’inscrire ?
La participation au concours est gratuite mais conditionnelle. Elle nécessite d’être un professionnel diplômé de l’enseignement agricole ou présenter une expérience significative dans le milieu du vin. Le concours est réservé aux moins de quarante ans (révolus) qui ont un projet d’installation ou de développement de leur domaine viticole en France.
L’année dernière, Hélène Bleuzen (domaine éponyme), lauréate du premier prix, a utilisé sa dotation pour rénover une bâtisse du XIIe siècle. Elle en a fait un lieu d’élevage pour ses vins, un lieu de réception et de stockage ainsi que des bureaux. La jeune femme souhaite planter du piquepoul gris en haute altitude. Benoit Prissé et Leila Laré, du domaine Fontaine des Grives, récompensés du deuxième prix l’an dernier, ont construit un chai en matériaux écologiques et écoresponsables. Quant à Julien et Laura du domaine Mas Origine (troisième prix en 2023), ils ont développé l’œnotourisme pour leur domaine et les labels « Bienvenue à la Ferme » et « Vignobles et découvertes ».

Les inscriptions de la huitième édition du Concours Vignerons et Terroirs d’avenir sont ouvertes jusqu’au 15 décembre. Le dossier de candidature peut être téléchargé sur les sites d’AdVini, de l’Institut Agro Montpellier et de l’Institut Agro Fondation.

8e édition, six dates à retenir
15 décembre 2023 : clôture des inscription
Du 16 décembre 2023 au 30 janvier 2024 : évaluation des candidatures
Février 2024 : accompagnement par les élèves ingénieurs des sept dossiers retenus
20 mars 2024 : séminaire de préparation
21 mars 2024 : Grand Oral devant le jury et remise des prix

L’apogée d’une civilisation


Retrouver Notre dossier « Le génie des vins » en intégralité dans En Magnum #34. Vous pouvez l’acheter à partir du 1er décembre : en kiosque, sur notre site ici, ou sur cafeyn.co. Vous pouvez aussi l’acheter au Grand Tasting, le 1er et 2 décembre au Carrousel du Louvre.


Qui lit En Magnum a croisé plus d’une fois dans nos pages cette intrigante notion de « génie du vin ». Avec les années, sa révélation est devenue notre objectif, ici dans notre magazine, mais aussi partout où nous faisons se réunir les esprits curieux qui s’intéressent au vin et veulent en savoir plus sur lui, par la voie de l’apprentissage et du savoir. Tenir cette promesse a toujours justifié notre travail. Et, après presque vingt ans d’existence, réussir ce pari est plus que jamais la raison d’être de notre entreprise. Cette éthique a cependant une contrepartie exigeante. Elle force à la remise en question.
Qui sommes-nous ? Tout au long de cette année 2023 et de son actualité chaotique et brutale dans le secteur des médias, nous avons cherché des réponses à cette question. Rien de plus normal. C’est le propre de la vie d’une entreprise que de savoir qui elle est et ce qu’elle fait pour anticiper qui elle veut être et ce qu’elle va faire. Il y a quarante ans, la majorité des vins soumis au jugement de la dégustation étaient sans intérêt. Combien de fois m’a-t-on rapporté ce constat sans appel ? Et combien de fois s’est-on empressé d’ajouter que la situation s’était aujourd’hui inversée ? Puisque nous voulons défendre la qualité autant que le consommateur, cette situation nous réjouit. Tirons-en quelques conclusions heureuses quant au niveau des vins en France. Et mettons-les en perspective avec l’état critique de leur consommation. Que leur manque-t-il ? Sans doute une nouvelle manière d’en parler.
La critique française du vin – la nôtre aussi – admet volontiers que tout a changé pour le vin en l’espace d’un demi-siècle. Elle salue la transformation d’une viticulture vivrière, industrialisée de force, en un savoir-faire à la pointe de la précision et de la technologie pour faire face aux défis du réchauffement climatiques. Elle concède au travail du vigneron, incarnation de cette nouvelle agriculture « authentique et pleine de bon sens », un statut d’ordinaire réservé à l’artisan ou au créateur. Et elle reconnaît bien sûr que le goût du vin a changé, s’est codifié ici, s’est libéré ailleurs, avec plus ou moins d’excès et de dérives dans les deux cas.

Révéler le génie
Notre travail a longtemps consisté à créer des cases dans lesquelles ranger les vins soumis à notre expertise afin de permettre à ceux qui ne savaient pas comment s’y retrouver d’être un peu moins perdus. À mesure que s’élargit ce panel de bons vins, puis d’excellents vins, et finalement de grands vins, le champ d’action de notre mission se réduit. Que l’on continue de les hiérarchiser a du sens, surtout si ces hiérarchisations sont nombreuses et de sources diverses. On sait les dégâts que peut faire une critique omnipotente. Mais à quoi bon faire le tri entre ces vins sur le seul et unique critère de la qualité ? Pas d’imprécision sur ces propos : la qualité est le socle du génie que nous voyons dans certains vins. Elle est aussi le prérequis indispensable de ceux que nous recommandons dans nos magazines, nos salons, nos vidéos, etc. Mais c’est sans doute insuffisant pour convaincre le consommateur des cent prochaines années de continuer à boire du vin. Pire, on aura bien du mal à persuader l’amateur d’étendre son intérêt pour des vins qu’il ne connaît pas, pourtant de qualité égale.
Certains des meilleurs vins du monde ont pour eux ce supplément d’âme qui les fait basculer dans l’univers des vins de génie. Les reconnaître est plus simple qu’on ne le pense. En y regardant de plus près, combien de vins racontent vraiment toute la richesse que propose la nature ? Combien partagent vraiment la pure émotion du goût, celle qui marque de manière indélébile, bouleverse et émeut comme un premier baiser ? Où sont finalement ceux qui, sans jamais dévier de cette ligne si exigeante, illustrent la profonde nécessité de la diversité et de la création ? Le « vin de génie » n’est pas un vin de créateur. C’est un vin créateur. Il fait naître l’émotion, le rire, la joie, le doute, la beauté, l’introspection, le partage, la sensation d’être en vie. Il laisse sa trace dans la mémoire, prend une place dans notre culture personnelle et collective.
Ces facultés hors norme, propres aux grands vins de lieux et d’émotion, sont de l’ordre de la civilisation. Elles forment un idéal à atteindre. Pour Bettane+Desseauve, il s’agira de continuer à le révéler. Pour celui et celle qui aime le vin, il s’agira de continuer à le vivre. C’est ce que nous leur proposons de faire dans les pages qui suivent, à l’écoute de « la parole des maîtres », par la découverte des vins de génie « gravés à jamais ». Cette expérience se lit. Elle se vit aussi au Grand Tasting Paris, depuis maintenant dix-huit éditions.

Le monde de demain


Retrouver cet éditorial  dans En Magnum #34. Vous pouvez l’acheter à partir du 1er décembre : en kiosque, sur notre site ici, ou sur cafeyn.co. Vous pouvez aussi l’acheter au Grand Tasting, le 1er et 2 décembre au Carrousel du Louvre.


Un Français de 2023 boit trois fois moins de vin que son alter ego de 1960. Ce lent et inexorable déclin n’annonce pas la fin de ce produit millénaire, mais bien une profonde restructuration, largement entamée, de son offre. Le vin a depuis longtemps abandonné son statut de boisson alimentaire « saine et revigorante » ou « dangereusement addictive », selon l’époque et les observateurs, pour entrer dans une autre dimension. Inexorablement, le vin avance vers le luxe. Dans ses principes de production d’abord. Quelle que soit la taille du domaine ou de la maison, structure familiale ou investisseur puissant, ce sont désormais des principes d’engagement, d’exigence et de minutie qui régissent le métier de vigneron. Le public en est devenu le premier juge. Chaque vin raconte une histoire différente et c’est ce récit mystérieux que l’on découvre en choisissant une bouteille.
Les conséquences de cette transformation, bien plus affirmée encore dans la plupart des pays de consommation, doivent être comprises dans toute leur ampleur. Une bonne partie de la production française, mais aussi internationale, est encore développée sur le modèle ancien de la consommation de masse. Produire beaucoup, à bas prix, en utilisant tout l’arsenal chimique nécessaire pour éviter autant que faire se peut les impondérables climatiques, ne correspond soudain plus à aucune demande, à aucun marché autre que celui du prix toujours plus bas, de l’étranglement toujours plus vicieux du vigneron qui ne bénéficiera ni de la sollicitude des distributeurs ni de celle des médias ou des politiques, désormais tournés vers d’autres combats.
Certains vignobles triomphent dans cette nouvelle donne, d’autres s’adaptent, d’autres sombrent. Aussi dur soit-il pour ceux qui en sont exclus, le mouvement est irréversible : le vin est entré dans une nouvelle ère. Le respect de la nature, l’authenticité et la personnalité de la démarche et la puissance de l’émotion transmise en constituent les valeurs fondamentales. Au travers de rencontres, de portraits, de dégustations et d’enquêtes, c’est précisément cette immense mutation que nous vous racontons dans ce trente-quatrième numéro de En Magnum.

 

Yannick Alléno : « pour Antoine et nos enfants »

Antoine Alléno.

Dans ce genre d’accident, l’entourage est peu accompagné. Il a donc créé l’association qui porte le nom de son fils. Elle vient en aide à ceux qui gèrent, en catastrophe, une tragédie sans y être préparé, sans conseil, et parfois sans disposer des moyens matériels. Les chiffres sont terriblement éloquents : 509 décès d’enfants par homicide routier l’an passé.

Le drame de la famille Alléno a suscité un grand élan de solidarité de la part du monde de la gastronomie (180 chefs, totalisant 300 étoiles Michelin) et du secteur viticole. Grâce à ce soutien et cette générosité, deux ventes aux enchères de charité seront organisées pour contribuer au fonctionnement de l’association.

Deux ventes
La première aura lieu au Pavillon Ledoyen le mardi 12 décembre 2023 à 18h, à condition de s’être inscrit au préalable auprès de l’association. 18 « expériences uniques » seront mis aux enchères. Parmi lesquelles sont proposées une nuit et un dîner à Yquem en présence de Pierre Lurton avec en point d’orgue le millésime 1934, suivie de leur réplique à Cheval Blanc le lendemain (estimation entre 28 000 et 40 000 euros pour un couple). La deuxième enchère prendra la forme d’une vente en ligne du 7 au 17 décembre 2023. Y seront dispersés de magnifiques lots donnés par des chefs et sommeliers du monde entier (dont une mini verticale de cinq millésimes de Vega Sicila Unico de 1995 à 2001 avec un magnum, estimée entre 1 800 et 2 700 euros) et d’autres lots offerts par le monde du vin. Certains sont très accessibles (à partir de 90 euros).

Plus d’informations sur www.associationantoinealleno.fr

Mon deux-centième magnum est un très grand champagne

Charles Heidsieck,
champagne brut 2012

Pourquoi lui
Charles Heidsieck, l’homme comme les vins, une histoire mythique et, d’abord, l’histoire d’un mythe. Celui d’une marque qui a traversé les bonheurs les plus divers, et quelques malheurs, en conservant toujours une clientèle de passionnés très attachée à un style particulier et parfaitement adorable. Et qui commence dès l’entrée de gamme. Alors, ce millésime miraculeux tombe bien, dans le droit fil du grand…

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Besserat de Bellefon, les raretés d’une collection

On savait cette maison capable de finesse, d’élégance et de style. En révélant le dessous de ses caves, elle bascule dans une autre dimension, celle de l’émotion. Pour ses 180 ans, la maison a dévoilé un nouvel endroit au cœur de la ville d’Épernay qui accueillera bientôt les amoureux de ses champagnes. Quelques mois plutôt, elle lançait cette série d’anciens millésimes né il y a plus de trente ans. 1992, 1990, 1996 et 1985 : cette collection est un juge de paix qui consacre avec éclat l’aptitude de Besserat à produire des grands champagnes de garde.

Les 21 rouges du Ventoux, la montagne magique


Retrouver cet article en intégralité dans En Magnum #33. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Domaine Alloïs, Infiniment 2021
Superbe premier nez, complexe et légèrement fumé, avec des accents singuliers de pierre
à fusil, matière pleine en bouche avec de la vinosité et de la longueur. Son équilibre est dominé par son acidité qui lui donne de la droiture et de la tenue. Élevage intelligent en cuve béton pour conserver un maximum d’arômes fruités.
92/100 – 10 euros

Domaine Aymard, Les Grappes 2022
Le coup de cœur de notre dégustation à l’aveugle : 50 % de cinsault et 50 % de grenache se partagent ce rouge de plaisir, séduisant par ses notes florales entre rose et pivoine. Il est issu d’une vinification en grappes entières, pratique assez rare dans l’appellation. À l’image du domaine qui le produit, c’est un ventoux à suivre de près depuis que la nouvelle génération des sœurs Aymard s’en occupe. On le carafe avant de servir.
91/100 – 16 euros

Domaine Hélène Bleuzen, Le Clos 2021
Si les vins de ce domaine méritent qu’on s’y intéresse de près, il faut retenir en particulier ce clos, assemblage de grenache et de syrah issus de trois parcelles où l’on retrouve toute la diversité géologique de l’appellation, entre roche-mère calcaire, couches de safres et d’ocre. Sur ces terroirs froids, la maturité des raisins est un peu retardée. Séduisant par son fruité pur, il en convaincra plus d’un de la qualité des vins du Ventoux et du talent certain de la jeune vinificatrice qui l’a fait naître.
92/100 – 16 euros

Domaine Hélène Bleuzen, Le Devens 2021
Dominé par la syrah (95 %), ce rouge plein et concentré en bouche illustre la richesse des terroirs du Ventoux. Issu d’une parcelle calcaire exigeante pour la vigne, il affiche de la droiture et de la salinité en finale, en même temps qu’un profil typé syrah du Rhône nord.
Un peu de grenache lui donne une gourmandise supplémentaire. Le domaine est situé tout au sud de l’appellation.
92/100 – 24 euros

Domaine du Chat Blanc, Cuvée Première 2021
On apprécie le bel équilibre de ce ventoux chic et fin, remarquable par son harmonie d’ensemble et sa rondeur en bouche, issu de vieilles vignes de syrah et de grenache. Une vinification intelligente et un élevage uniquement en cuve ont donné à ses tannins une texture veloutée. Cette sensation est renforcée par une maturité de raisin aboutie.
91/100 – 14,50 euros

Chêne Bleu, Abélard 2014
Une visite dans ce domaine magnifique lève tous les doutes quant à beauté des paysages
du Ventoux. Sur ce secteur à part de Crestet, où les sols alternent entre marnes et calcaires, le grenache affiche une expression singulière. Elle trouve une forme d’aboutissement avec ce vin superbe, mis sur le marché après huit ans de travail au domaine, dont cinq passés en foudres pour la vinification. Grâce à des installations techniques rares dans la région, et porté par la volonté des propriétaires d’en faire l’un des meilleurs vins de la région, cet abélard marque un tournant pour la propriété qui rejoint l’élite des meilleurs vins du Rhône. Plus qu’une référence, c’est un ambassadeur sans égal pour l’appellation.
95/100 – 74 euros

Domaine Childeric, À l’envi 2021
Révélation de notre dégustation, ce petit domaine est conduit comme un jardin par une famille de passionnés, en bio et en biodynamie. Issu d’un vignoble planté dans un lieu reculé et magnifique, entouré de bois, ce ventoux intense et savoureux, affiche un naturel d’expression et une franchise aromatique permis par une faible présence de SO2. Il a ce petit quelque chose en plus, sans doute propre aux sols profonds de sables et d’argiles de son secteur.
92/100 – 13,50 euros

Delas Frères, ventoux 2021
Ou oublie parfois la présence de la maison de Tain-l’Hermitage dans le sud du Rhône. Elle signe ce ventoux à partir de raisins produits essentiellement sur les communes de Mazan et de Goult. La large dominante de grenache donne à l’ensemble un caractère fruité et savoureux en bouche, équilibré par une syrah de belle fraîcheur. Quelques notes boisées marquées invitent à l’attendre encore un peu.
91/100 – 8,10 euros

Ogier, Les Berceaux 2021
La maison châteauneuvoise, présente dans un nombre important d’appellations de la vallée du Rhône, démontre avec ce ventoux ses aptitudes à comprendre les spécificités de chaque terroir rhodanien. Elle propose ce bel assemblage (syrah, grenache et carignan) fin et équilibré par une énergie évidente. L’élevage en cuve béton lui a permis de conserver beaucoup de fraîcheur de fruit et de la souplesse dans ses tannins. Excellent rapport qualité-prix.
90 /100 – 8 euros

Château Pesquié, Silica 2021
Si le domaine des frères Chaudière est un grand classique de l’appellation, cette cuvée issue de la collection de parcellaires du Pesquié est un sommet d’originalité. 90 % de grenaches conduits sur sols sableux légèrement calcaires lui donnent ce caractère délicat et délié, caressant en bouche par sa matière crémeuse sans excès. Élevé en demi-muids et en œuf béton, la cuvée affirme le grand potentiel des vins du Ventoux tout en démontrant sans doute l’impact d’une viticulture en biodynamie impeccablement réglée.
93/100 – 30 euros

Domaine de Piéblanc, La Tuilière 2020
Un ventoux typé par le grenache malgré un assemblage qui intègre aussi de la syrah, du carignan et du cinsault. Il plaira par son caractère aromatique floral, plaisant et séducteur qui en fait un vin facile à boire, frais et fruité. Parfait compagnon d’un plateau de tapas et référence idéale pour tous les bars à vins.
89/100 – 11 euros

Domaine Plein Pagnier, Un Soir de Pleine Lune 2018
Au nez, les notes fraîches et herbacées d’une grande fraîcheur profitent d’un élevage ambitieux et maîtrisé avec un peu de bois neuf. Des tannins structurants, mais sans rien d’asséchant, lui ont donné un bon potentiel de garde. Son intensité plaira à l’amateur de vins sérieux et tiendra compagnie plutôt à des plats de viandes grillées.
92/100 – 16,50 euros

Rhonéa, Passe Colline 2022
Cet assemblage de syrah, grenache et carignan est un bel exemple de ce que l’appellation peut produire en matière de vins accessibles, souples et frais. Proposé par une cave coopérative qui travaille sérieusement, il a conservé un grand caractère fruité et tout son charme immédiat.
91/100 – 5,95 euros

Château Saint-Pons, Les Justes 2022
80 % cinsault et 20 % syrah composent ce vin élégant, fin et précis. Des vieilles vignes plantées sur des coteaux exposés nord-ouest lui donnent de la fraîcheur, une personnalité aromatique complexe, de la longueur et des tannins fins, respectés par un élevage en cuve adapté. Un vin de plaisir.
90/100 – 14,50 euros

Château Saint-Pons, Mandala 2021
Du corps et de la fraîcheur, des notes de garrigues, d’herbes aromatiques et d’olives, c’est le ventoux classique, équilibré et digeste. La présence de vieilles vignes de syrah et de grenache dans l’assemblage, plantées en coteau exposés nord-ouest, lui donne une force aromatique étonnante et une gourmandise certaine.
90/100 – 18,50 euros

Domaine Solence, Cippus 2020
Peut-être l’une des plus beaux ventoux présentés le jour de notre dégustation à l’aveugle, dominateur par sa profondeur aromatique, le caractère envoûtant de son nez pur, sa bouche pleine et savoureuse et sa longueur digne de se comparer à certains châteauneuf-du-pape. Grande expression généreuse qui se bonifiera avec quelques années de garde.
93/100 – 14,40 euros

Sylla, Obage 2021
Fruit profond et savoureux, dense, croquant, bouche pleine et longue, c’est un ventoux qui vieillira bien et dans lequel on retrouve la signature du secteur de Saint-Saturnin-lès-Apt
et de ses sols caillouteux, qui donnent une richesse supplémentaire à ce rouge classique et bien fait. Vin sérieux.
90/100 – 10,25 euros

Domaine du Tix, Cuvée Doña Maria 2019
Définition parfaite du ventoux de plaisir, panier de fruits rouges (cerise, fraise, cassis) et de fruits noirs mûrs dans lesquels on croque à pleines dents. Pour comprendre la fraîcheur spécifique à l’appellation, on peut s’initier avec ce vin qui n’en manque pas, au nez comme en bouche.
92/100 – 19,50 euros

Vindemio, Amadeus 2020
Grande réussite avec ce vin plein d’équilibre, mêlant à la fois de la complexité aromatique et cette forme étonnante de salinité. Avec pureté et précision, cet amadeus assemble les meilleures parcelles de ce jeune domaine, notamment celles situées dans l’excellent secteur de Mormoiron. Précis et savoureux.
92/100 – 25 euros

Vindemio, Terra 2020
Un jeune duo de frère et de sœur s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale avec ce domaine créé ex nihilo. Bluffants de naturel et de fraîcheur, les vins rouges comme blancs affichent tous une vraie personnalité. Arômes expressifs, corps en finesse, ce rouge qui intègre une bonne part de cinsault est un régal.
92/100 – 11,50 euros

Xavier Vignon, ventoux 2019
Il détonne un peu dans la dégustation par son caractère fleuri et la suavité de ses tannins, dont la maturité paraît avoir atteint un stade plus avancé que chez certains de ses pairs,
ce qui ne l’alourdit pas pour autant. La présence saline anime sa bouche et lui donne du tonus en finale. Soixante-seize parcelles entrent dans son assemblage, la plupart situées à une altitude comprise entre 250 et 400 mètres.
92/100 – 8,50 euros

Marc Perrin : « Nous devons chercher de nouveaux marchés »

Andréa et Marc Perrin.

La naissance de Carbonnieux
Marc Perrin acquiert Carbonnieux en 1956 alors que l’hiver a été marqué par un gel dévastateur. Il mène aussitôt un travail titanesque de replantation et de restructuration de ce vignoble de 45 hectares.
Depuis, Carbonnieux est passé par trois grandes phases. La première était de recréer un foncier de taille importante. Le domaine fait aujourd’hui 200 hectares de terres, dont 100 hectares de vignes d’un seul tenant autour du château. À partir des années 1970, son fils Anthony a œuvré à recréer de l’assise à la marque et sa distribution sur le marché français, en parallèle de l’export. La propriété appartient aujourd’hui à la troisième génération composée d’Éric, de Philibert et de Christine. Les fils aînés d’Éric ont rejoint le domaine : Andréa en tant que responsable de production depuis 2018 et Marc comme responsable commercial depuis 2017.
Plus de la moitié des vins est distribuée sur le marché français. À l’export, les États-Unis, la Belgique, le Japon et la Suisse représentent le plus gros volume. Le blanc est exporté à 75 % alors que 55 % des ventes du rouge est faite en France.

Château Carbonnieux.

Dans la gamme, vous privilégiez le blanc au détriment du rouge ?
Il y a le grand vin, carbonnieux-rouge et carbonnieux-blanc. Le second s’appelle le château-tour-léognan. Depuis 2003, nous produisons la-croix-de-carbonnieux, un vin distribué exclusivement par une seule maison de négoce à destination de la restauration. Des vins vendus avec deux ou trois millésimes d’écart pour proposer des rouges prêts à boire. En 2021, est lancé l’enclos-de-carbonnieux un vin construit sur le même modèle que la-croix-de-carbonnieux, mais destiné à un marché différent. En 2023, la cuvée 1741 de Carbonnieux en blanc.
Nous ne faisons pas de différence entre les deux couleurs. Nous faisons bouger la marque dans son ensemble alors que les profils des deux sont différents, leurs modes de consommation aussi. Nous avons adapté nos méthodes de vinification. Nous proposons, par exemple, sur notre second vin des rouges croquants, davantage sur le fruit et plus faciles pour avoir une véritable porte d’entrée sur le grand vin qui, lui, est construit pour la garde.

Le renouveau du domaine passe forcément par une nouvelle gamme ?
La réflexion sur la mise en place d’une nouvelle gamme a été entamée il y a déjà une dizaine d’années. Nous avons été un peu long à nous décider, par habitude, par peur du changement et de la façon dont nous pouvions modifier notre image sur les marchés.
Dès mon arrivée, j’ai développé les relations avec le négoce et les clients particuliers. Je me suis occupé des visites pour avoir le ressenti des consommateurs. En conclusion, nous avons vu qu’il fallait se professionnaliser sur les éléments de langage autour de la marque et sur l’identité graphique. L’habillage était notre premier champ d’application. En regardant l’étiquette de plus près, la coquille Saint-Jacques est présente depuis des siècles sur la bouteille de blanc, mais pas sur celle du rouge. La gamme a été construite au fur et à mesure de l’histoire. Le travail consiste aujourd’hui à lui donner une cohérence. Ce besoin coïncide aussi avec l’arrivée d’une nouvelle génération plus à même de pouvoir porter ce projet.

On peut lire sur votre site Internet : « L’histoire de Château Carbonnieux s’entremêle étroitement avec celle de la ville. Les mêmes périodes de crise, les mêmes heures de gloire. » Est-ce vrai aujourd’hui alors que Bordeaux traverse une crise ?
L’appellation pessac-léognan, du fait de sa jeunesse, est très dynamique. Nous y retrouvons des marques très importantes comme Haut-Brion et des crus plus confidentiels. Nous avons gardé une appellation qui, pendant ces trois décennies, a conservé une place de choix sur le marché national. La Nouvelle Aquitaine et le Bassin parisien représentent à eux seuls trois quarts des volumes de consommation de vins de l’appellation. Il y a un amour du consommateur français qui nous suit et nous permet d’avoir le vent en poupe.
Mais notre modèle de distribution est unique. Nous vendons 95 % du volume de nos vins via la place de Bordeaux. Nous sommes main dans la main avec nos négociants partenaires historiques qui subissent des complications liées à la conjoncture et qui forcément, un peu plus tard, se répercutent sur la propriété. La crise que traverse Bordeaux est aussi liée à l’export.

L’augmentation de la consommation de vin blanc est-elle une chance pour pessac-léognan, réputée pour ses vins blancs ?
Elle l’est tout particulièrement pour Carbonnieux. Nous exploitons 45 hectares en blanc. En surface, nous représentons quasiment 20 % du volume de l’appellation et plus de 50 % de celle des crus classés de graves dont nous faisons partie. Nous sentons un vrai dynamisme sur les blancs. Un millésime chasse l’autre sur le marché.

Vous orientez-vous vers un modèle identique à celui de la Provence avec les rosés ?
Étant donné les petites surfaces plantées, non. À Bordeaux, nous avons une forte demande sur les blancs. Nos confrères des autres régions ont subi des aléas climatiques qui n’ont pas permis de répondre à la demande. Par principe de capillarité, la région a récupéré des parts de marché. Mais va-t-on les conserver ? Difficile à savoir. Comme les rosés, les blancs ont une durée de vie limitée. Même si, grâce à nos méthodes de vinification, nous nous attachons à pouvoir produire des vins non seulement meilleurs, mais aussi qui tiennent dans le temps.
Il ne faut pas rester les bras ballants. Nous devons chercher de nouveaux marchés pour être sûr de pouvoir distribuer ces vins. Le marché asiatique, n’était pas féru de blanc, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous avons une demande pour ce type de vins et sur toutes les gammes de prix. Cela nous laisse optimistes pour les distributions futures.

Le coup de cœur de Thierry Desseauve :
1741 de Carbonnieux, pessac léognan blanc 2020
Carbonnieux est depuis quatre siècle l’un des producteurs majeurs de vin blanc à Bordeaux. Même si carbonnieux-blanc est majoritairement composé de sauvignon, le sémillon demeure le cépage historique de la propriété, avec un premier millésime de ce cépage produit en 1741, année qui donne le nom de cette nouvelle et ambitieuse cuvée composée uniquement de parcelles des plus vieux sémillons de la propriété.
Débarrassé du caractère aromatique expressif et souvent lassant du sauvignon, ce vin impressionne par sa délicatesse et sa complexité au nez comme en bouche. Les notes florales et de zeste d’agrumes sont épanouies sans pour autant être envahissantes. Le corps est onctueux et profond, soutenu par une acidité remarquablement intégrée. L’ensemble est profond et énergique, très long et persistant. Ce 2020 est assurément un grand vin, l’un des rares blancs à Bordeaux qui affirme à la fois des racines profondément girondines et une incontestable personnalité. Un grand vin.
95/100