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La nouvelle tête d'Inter Rhône

L’interprofession des vins des Côtes du Rhône et de la Vallée du Rhône (Inter Rhône) a un nouveau président élu pour trois ans en la personne de Michel Chapoutier (en photo ci-dessus, à gauche). Un représentant du négoce succède ainsi à un élu de la famille de la production, Christian Paly étant arrivé au terme de son second mandat, comme le veut la règle de l’alternance. Lors de cette assemblée générale élective d’Inter Rhône, le nouveau président « historiquement impliqué dans diverses structures représentatives du métier » a présenté sa feuille de route, un programme « tourné vers l’avenir et les nouvelles générations et au-delà des frontières viticoles et franco-françaises. » Pour le mener à bien, Michel Chapoutier aura à ses côtés Etienne Maffre, président du négoce (ci-dessus, au centre), et Philippe Pellaton, président de la production (ci-dessus, à droite).

Parmi les chantiers à venir figure l’approfondissement de la connaissance des données micro et macro économiques « en vue d’une orientation maitrisée de la filière. » Michel Chapoutier « souhaite développer le rôle et les outils de pilotage que l’interprofession propose à ses adhérents afin de se préparer aux enjeux de demain. » Les jeunes sont aussi au cœur des préoccupations de la nouvelle équipe. Sur le plan des formations comme sur celui de l’aide à l’installation, « une attention particulière doit être portée aux futurs opérateurs » du deuxième vignoble de France en terme de superficie et de production. Inter Rhône représente 70 014 hectares et 5 000 exploitations viticoles (2,5 millions d’hectolitres récoltés en 2013). Première activité économique de la région (400 millions de bouteilles commercialisées dans 159 pays en 2012-2013), l’activité vitivinicole en est également le premier employeur (46 000 emplois directs ou induits).

Le rap des bulles

Ricanons, il en restera toujours quelque chose.
Ce qui m’a fait rire, ces jours-ci, c’est la prise de participation du rappeur Jay-Z dans le capital de la marque Armand de Brignac, ce champagne « d’exception ».
Jusqu’à plus ample informé, cette idée d’exception gardera des guillemets. Je n’ai jamais bu cette cuvée de l’as de pique qui plaît tant aux fans du rappeur dans ses propres boîtes de nuits américaines. Il faut dire aussi qu’il en verse plus sur les reins de ses danseuses que dans son verre, ce qui fait des clips à grosse diffusion ajoutée. Il faisait déjà ça avec Cristal de Rœderer, ce qui avait le don d’exaspérer les amateurs, les propriétaires et tout ceux qui n’avaient qu’un accès limité à Cristal. Et puis, la grande susceptibilité de ces gens leur a fait voir une note de racisme là où il n’y en avait pas. Et Cristal a été banni des night-clubs concernés.
Opportuniste, la maison Cattier a réussi à reprendre le marché avec une bouteille qui correspond aux codes rustiques de cette clientèle, le doré pour l’essentiel. La marque Armand de Brignac, réveillée pour l’occasion, a bien tiré les marrons du feu et Jay-Z, enchanté, a fait une offre « qu’on ne pouvait pas refuser » au groupe Sovereign, détenteur d’une part de la marque et qui l’a ainsi cédée au rappeur. Fin de l’information.
De tout ce rien, les réseaux sociaux ont fait grand cas, ce qui ajoute à la clownerie de l’affaire.
Allez, bon week-end. Pour fêter ces mouvements de capitaux, je vais ouvrir une bouteille de cristal dès demain.

Nicolas-Z de Rouyn

Crédits photo d’ouverture : http://www.independent.co.uk/life-style/food-and-drink/features/jayzs-champagne-moment-1668262.html

Officina Schenatti


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Menu à 24,90 € (déjeuner, en semaine)
Fermé le dimanche et le lundi midi.

15, rue Frédéric Sauton 75005
01 46 34 08 91
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L’ancien chef de l’Armani Caffe, installé au sein d’un bel appareillage de pierres et mobilier noir et plexi, joue le grand écart entre le menu du déjeuner et celui du dîner, le premier certes beaucoup plus accessible mais nullement empreint de sa verve créative. Une politique qu’appliquent désormais de nombreux restaurants parisiens, l’essentiel restant qu’ici tous les repas donnent entière satisfaction tant dans l’exécution que dans le choix de produits impeccables (jusqu’aux extraordinaires pains, maison comme le sont également les pâtes) et cuisinés avec une parfaite rectitude.

À LA CARTE:

  • Asperges blanches, sauce persil, câpres, œuf, pancetta croquante 16 €
  • Petit poulpe au court-bouillon, pistou de persil, velouté de pommes de terre, barbe de capucin 19 €
  • Spaghetti d’épeautre à la joue de porc affinée, parmesan, œuf 23 €
  • Petit cochon de lait au cacao, sauce cerise, purée de céleri rave, courgettes nouvelles 35 €
  • Coupe de fraises gariguette, meringue, glace au basilic citronné 12 €
  • Panna cotta au café blanc et caramel 11 €

    Notre sélection

    • Bardolino Chiaretto I.G.T 2012, Azienda Cavalchina 35 €
    • Barbera Vigna Vecchia D.O.C.G 2010, Cossetti 34 €
    • Barbaresco Cru Asili D.O.G.C 2008, Luigi Giordano 65 €

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    DÉCOUVREZ LA SÉLECTION LEBEY

    LOGO-LEBEY

    Crédits photo d’ouverture : https://maps.google.fr/maps/ms?msa=0&msid=206473338458654418637.000439f4141e8b28f1507&dg=feature
  • Château Layauga-Duboscq Médoc 2006


     

    Cuvée Renaissance

    Grande couleur, pas de brillance particulière mais turbidité acceptable, beau nez classique de cuir (merlot parfaitement mur) et de bon merrain, texture dense et veloutée donnant le sentiment de très belle matière dans un millésime inégal, tannin ferme. Bref tout ce qu’on aime dans un Médoc bien fait et dans un cru « bourgeois » digne de ce nom. Mais si l’on est allergique au bois (faiblesse génétique ou fanatisme idéologique oblige), s’abstenir. L’apogée est atteinte mais le vin peut vieillir. Dans les millésimes récents 2011 et 2012 devraient être de même niveau.

    16/20

    Disponible à 28,90 euros la bouteille
    ACHETER


    [row][col width= »six »] Ce qu’on aime en Médoc c’est la “sève”, une expression souvent employée par les vignerons locaux et qui définit l’excellence de la constitution du produit. Quelque chose entre ce qu’on appelle vinosité, sentiment qu’on a du vin dans le verre et des chevaux sous le capot. Ce n’est pas une question de volume d’alcool, ou de masse de tannin mais une sensation tactile de plénitude qui indique un raisin bien équilibré en jus et en tannin et une extraction juste de ces éléments. Avec le vin choisi s’ajoute le grain d’un vrai élevage médocain sous barrique, dont Henri Duboscq et ses enfants maîtrisent à la perfection, avec l’aide d’un cuisinier complice Philippe Jaurand. Ce bois n’est ni une aromatisation, ni une béquille, mais une façon jusqu’à ce jour irremplaçable de faire naître cette « vinosité »

     

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    Les premiers crus de Puligny-Montrachet

     

    À SUIVRE >Le guide des producteurs et leurs vins…

    A Puligny-Montrachet comme dans les autres AOC du secteur, les climats évoluent naturellement entre calcaire et argile. C’est le jurassique moyen qui déroula ses strates à Puligny sous forme de calcaires du bajocien et du bathonien mâtinés de marnes. La particularité du village de Puligny est liée à la contrainte de la nappe phréatique et à celle des nombreuses sources qui parsèment le vignoble, contrairement aux villages voisins de Meursault, au nord, et de Chassagne-Montrachet, au sud.
    Cet élément naturel explique la faible implantation des vignerons sur le site de Puligny, cela explique que plus de 50 % du vignoble appartient à des propriétaires extérieurs. Aujourd’hui la climatisation a réglé les problèmes de température dans les caves, cependant Puligny ne compte toujours qu’un nombre restreint de producteurs que l’on évalue à une bonne vingtaine.
    Ainsi plus qu’ailleurs, quand on descend dans une cave à Puligny on ne s’étonnera pas de sa faible profondeur. Les caves ne vont guère plus d’un bon mètre sous le niveau du sol, si l’on creusait plus profond on atteindrait l’eau. Sur la Côte-d’Or, en règle générale les premiers crus se situent au milieu des versants les mieux exposés sur des terroirs très qualitatifs.

    L’appellation Puligny débute à l’ouest de la RN 74 qui mène de Beaune à Chagny, à hauteur du panneau Puligny, il suffit de traverser le village de prendre la direction de Chassagne et l’on arrive sur la bande des premiers et des grands crus. Sur une centaine d’hectares les premiers crus prolongent horizontalement les grands crus, ils disposent de terres plus profondes que celles des grands crus qui les surplombent, ils rejoignent le hameau de Blagny, en contact plus direct avec la roche, on est alors à la limite de l’AOC Meursault, à hauteur de la maison particulière de la famille Matrot. A Blagny, les premiers crus dominent le secteur, au propre comme au figuré; seul le Trézin n’a droit qu’à l’A.O.C. Village.
    Certains millésimes comme 2008, 2010 ou 2011 permettent de cerner au mieux la personnalité des différents climats, alors que sur 2009 et 2012, le millésime a tendance à masquer le terroir, surtout dans sa jeunesse. Ce qui semble caractériser les premiers crus de Puligny, c’est leur style élancé avec une tension toujours élégante. Plus qu’à Chassagne, on arrive à cerner le profil des différents climats, car il n’y a pas pléthore de terroirs bâtards où l’on plante indistinctement rouge et blanc. En premier cru, il existe essentiellement du rouge sur le Clos-du-Cailleret. L’application et l’implication culturales de chaque vigneron se révèlent dans tous les cas déterminante, à la vigne comme en cuverie.

    suivre

    Pape-Clément l'œuvre de Bernard Magrez


    Propriétaire de 40 domaines dont quatre crus classés, Bernard Magrez n’en est pas moins spécifiquement attaché au Château Pape Clément. Il dirige ce cru mythique de Pessac depuis 1985 et le maintient depuis au sommet avec une régularité et une exigence qualitatives impressionnantes. Portrait et dégustation verticale.


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    À SUIVRE

    >La dégustation Pape-Clément… >Pape-Clément en images…



    Si l’équation personnelle a quelque valeur pour décrypter la réussite d’un individu, penchons-nous sur Bernard Magrez.
    L’homme est de haute stature, large d’épaules, l’accent bordelais légèrement marqué. Il est très exigeant, parfois pressant, un bourreau de travail qui voit le monde à travers ce prisme-là. Tiré à quatre épingles en toutes circonstances, il affiche une curiosité d’un éclectisme rare. Il masque une passion authentique derrière un discours marketing très au point. Il ne conçoit un podium que sur la plus haute marche.
    Voyons sa production.
    Plus de quarante domaines viticoles – c’est un record – à travers la France et le monde, jusqu’au Japon. Et des centaines de collaborateurs. Des étiquettes très soignées qui laissent la priorité à l’identité du domaine sans jamais omettre la marque-ombrelle, Bernard Magrez est la signature commune. Tous ces vins portent haut les qualités des appellations, des régions, dont ils sont issus, on ne peut pas prétendre qu’il y a un style Magrez ou alors sur la qualité et la recherche de l’amélioration permanente. Ce n’est pas un compliment, c’est un constat : il n’y a pas de bouteille-poubelle dans la gamme Magrez, mais c’est plus facile à accomplir quand on n’est pas impliqué dans la grande diffusion. Très attentif à ce qu’il se passe, il avoue volontiers s’être intéressé aux vins du Roussillon en raison des succès que rencontrait sur cette terre du grand Sud la production d’Hervé Bizeul, l’un des plus petits grands vignerons de France. Bernard Magrez a de l’intérêt pour la réussite.
    Et dans le registre « je suis curieux de tout », il applique au reste de ses investissements la même grille de critères, celle qui a régenté toute sa vie. Pour le comprendre, il suffit de l’écouter parler du jeune virtuose à qui il a confié le violon de Stradivarius récemment acquis et baptisé Château Fombrauge, comme c’est la règle pour tout possesseur du divin instrument : « Je n’ai pas choisi un violoniste bordelais, ce n’est pas l’idée du tout. J’ai choisi Mathieu Arama en raison de son talent et de sa détermination. Il veut réussir, ce qui tranche avec pas mal d’artistes. » La volonté au service du talent, tout est dit. Ou presque.

    Crédits photo d’ouverture : Mathieu Garçon

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    [col width= »six »]Il vient de se porter acquéreur du premier cru classé de sauternes, Clos Haut-Peyraguey. Ce faisant, il boucle une sorte de programme. Il est le seul à posséder un château dans les quatre grands classements. Pape-Clément (les Graves), La Tour-Carnet (Médoc, classement de 1855), Fombrauge (grand cru classé de Saint-Émilion) et ce sauternes majeur. Pourquoi ? « La renommée de Bordeaux a toujours été faite par les grands crus classés. » Bien sûr, c’est stratégique, dit-il. Une autre fois, il vous expliquera qu’il a choisi, pour des raisons d’argent, de se défaire des petits vins de grande diffusion qui ont fait l’essentiel de sa carrière. Comprendre que « c’est plus facile et beaucoup moins cher de vendre des grands vins que des petits ». En effet, avec un public très ciblé et une distribution des plus sélectives, en quelques actions de promotion haut de gamme, la récolte est vendue. Un faux-nez pratique à appliquer sur sa vraie motivation, cette passion dévorante pour ces grands crus historiques et admirables qu’il accumule avec une gourmandise très plaisante. Au cours de l’été dernier, voilà que le monde s’émeut de le voir rafler une grosse quinzaine d’oliviers millénaires, au nez et à la barbe de quelque émir du désert. C’est sans doute le seul achat qui n’a pas à proprement parler de justification stratégique. Non, il parle du temps qui passe « une notion plus sensible à partir d’un certain âge. » Ces arbres aux troncs énormes ont été répartis sur les pelouses de ses châteaux, après avoir été datés au carbone 14. Ils ont tous entre 1 000 et 1 800 ans. Chacun a été baptisé du nom du grand homme de l’époque concernée.
    Au mois de septembre, il installe trois gros bœufs blancs en provenance d’Ariège, dans les étables restaurées précipitamment du Château Pape-Clément. S’agit-il d’un beau coup de communication ? Sans doute, mais pas seulement, la vraie raison a trait à la poursuite de l’excellence, une course engagée depuis un moment au Château Pape-Clément. Écoutons Bernard Magrez : « Le bœuf est plus léger que le cheval, 200 kilos de moins. C’est important de tasser les sols le moins possible. Autre caractéristique du bœuf, il s’arrête lorsque la charrue rencontre un obstacle, une grosse racine ou même, en cas d’erreur, un cep. Le cheval continue et arrache tout. » Il n’y a que l’heure qui tourne qui soit capable d’arrêter le long monologue de celui qui veut tout expliquer pour tout faire comprendre. Il n’y a pas de secret.


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    Les six grands de demain en Alsace


    Les experts Bettane+Desseauve ont sélectionné dans chaque vignoble de France les producteurs
    qui leur paraissent avoir le potentiel de s’affirmer au plus haut niveau de leur appellation.


    Sixième étape de ce Tour de France de l’avenir, l’Alsace

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    Huilerie Philippe Vigean


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    Huilerie Vigean
    Les Varennes
    36700 Clion-sur-Indre
    02 54 38 64 49

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    Seul maître huilier de France, titulaire du label national « Entreprise du Patrimoine Vivant », symbole du savoir-faire d’excellence, Eric Vigean vient d’obtenir un sésame très recherché pour son huilerie, celui du prix de l’innovation au SIAL qui vient de fermer ses portes. Cette récompense nationale lui a été décernée pour son huile à la myrthe citronnée. Soignant chaque détail, Eric Vigean est un vrai terrien qui pratique le bio au quotidien. Toujours sur le pont, cet épicurien avisé est à la fois artisan et artiste. Connaissant l’exact point d’équilibre des choses, il choisit ses producteurs de la façon la plus scrupuleuse. Vif, incisif, dévoré par sa passion, il cache à merveille son sens de la perfection prouvant en cela que les huiles ne sont pas que des corps gras au goût banal. Il faut dire que celles-ci sont à l’huilosphère ce que sont les grands crus classés en bordelais, Bourgogne ou Champagne dans le monde du vin, car le parallèle est en effet évident entre la dégustation d’un vin et celle d’une huile. L’huile d’olive à la myrte citronnée primée au SIAL offre une robe aux beaux reflets dorés d’où s’échappent des notes d’agrumes et de poivre de Sichuan harmonieuses. L’attaque en bouche se révèle vive et raffinée avec une texture satinée du meilleur effet qui s’imposent avec grâce.
    De son port d’attache de Clion, ce maître huilier navigue à travers les huiles rares. Cameline, oeillette, macérâts, il largue les amarres et rompt les habitudes du goût, prenant dans ses filets les huiles au long cours. Visionnaire, il remplace le vinaigre grâce à son huile vierge de pépin de raisin ; délicieusement tannique, elle souligne la pureté originelle des produits. On croise ici la naturalité chère à Alain Ducasse. À cet effet, la majorité des huiles peut jouer à petite dose le refrain de « l’amer qu’on voit danser le long des pianos », donnant le bon tempo au cacao ou au turbot. Cette saveur annonciatrice de fin de bouche donne du rythme à chaque produit.

    Sélection:

    • Huile de Cameline biologique 7,80 euros
    • Huile de Carthame oléique biologique 7,35 euros
    • Huile de Lin biologique 7,55 euros
    • Huile de Noix biologique Origine France 11,60 euros
    • ACHETER
      Crédits photo d’ouverture : http://www.richeidee.com/huile-de-noix/

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    Le cas des bordeaux 1975

    Parmi les erreurs qu’il m’est arrivé de commettreje place au premier rang mon évaluation du millésime 1975 à Bordeaux. J’avais peut être quelques circonstances atténuantes, et surtout celle de débuter dans le métier, mais aujourd’hui les choses sont claires, dans leur ensemble les 1975 ont toujours manqué de charme, de précision et ils sèchent en bouteille. Parmi les circonstances atténuantes il faut rappeler que 1975 a suivi une grave crise commerciale née d’une spéculation idiote venue en grande partie des Etats-Unis sur le médiocre millésime 1972, avec augmentation irrationnelle des prix. La crise pétrolière de 1973 a entraîné de nombreuses annulations de commande et la révélation de quelques fraudes sur les origines, suivie du suicide d’un membre de la famille Cruse n’a pas arrangé les choses. 1973 abondant et dilué, 1974 encore plus diluée et sans aucun caractère ont renforcé la crise et quand 1975 est arrivé avec une vendange qui apparaissait saine et qualitative chacun a espéré que le marché rebondirait. Ayant commencé seulement en 1978 à visiter les vignes du bordelais je n’ai pas pu voir et manger les raisins, ce m’aurait épargné la naïveté de mes premiers commentaires sur le millésime vers 1980. Je me fiais alors à l’avis du grand œnologue Emile Peynaud qui, généralisant à partir de ses meilleurs clients, considérait le millésime comme excellent, avec un grand potentiel de vieillissement et surtout aucun excès dans les rendements comme en 1970. A cette époque le niveau de viticulture était loin d’être aussi accompli qu’aujourd’hui, beaucoup de sols étaient désherbés chimiquement et bien des pieds de vignes manquaient à l’appel, certaines parcelles surproduisant pour compenser la très faible production des autres. Il était rare qu’on cueille un cabernet sauvignon à plus de 10°,5 et des merlots à plus de 11°, ce qui donnait lieu à des abus de chaptalisation. Si les raisins n’étaient pas encore martyrisés par des vendanges mécaniques ils étaient pour le moins secoués par les réceptions de vendanges dans des conquets profonds à vis sans fin qui foulaient, disons, énergiquement la vendange. Une vendange rarement triée sur table et égrappée sans trop de respect de son intégrité.

    Il est plus que probable qu’avec le matériel actuel on aurait attendu plus longtemps avant de vendanger et on aurait éliminé les 15 à 20% des raisins affectés par la grêle (comme dans le centre du Médoc), et verts. Mais surtout, mais je ne l’ai appris que bien plus tard, la forte teneur en tannin du millésime aurait exigé un élevage plus long de six mois ou d’un an en barrique. Or la place manquait et on commençait à conseiller des mises précoces pour « préserver le fruit », une baliverne qui a encore la faveur d’un nombre non négligeable de vignerons. Les premières dégustations montraient un vin très ferme, sérieux, austère, mais nous avions été élevés dans l’idée que ces qualités étaient la signature classique d’un bon vin de Bordeaux ! Il y avait parfois des goûts de carton, de vieille pierre, de renfermé qu’on mettait au compte des vieilles barriques. Nous savons depuis (bien après la naissance de millésime) qu’il s’agissait des débuts des ravages de la molécule TCA et du caractère ordinaire des déviations produites par les terribles levures brettanomyces. Néanmoins quelques vins se dégustaient spectaculairement bien, comme Haut-Brion (mais pas Mission abîmé par un excès d’acidité volatile), Latour, Giscours, Léoville-Las-Cases, Domaine de Chevalier, et surtout les Pomerol de l’écurie Moueix (Lafleur en tête) et les Saint-Emilion voisins comme Cheval Blanc ou Figeac. J’ai cru piteusement que les autres devaient être proportionnellement aussi réussis, j’ai eu tort. Aujourd’hui les vins précités sont encore (sauf si le bouchon trahit) vigoureux et élégants, avec l’austérité liée à leur modération en sucre naturel de départ, mais exigent un long carafage. Beaucoup d’autres sont secs et parfois, avouons-le, tarés. Je garde quand même le meilleur pour la fin, les quelques beaux sauternes, qui Yquem en tête (Climens hélas largement en dessous de l’attente) sont aujourd’hui à leur sommet, avec sans doute plus d’acidité volatile perceptible qu’aujourd’hui, et parfois des réductions soufrées moins élégantes, mais pour Rieussec, Fargues, Suduiraut, Raymond Lafon, et surtout Gilette d’un fruité exaltant et d’une longueur remarquable.