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Le Tour de France de Michel Bettane : Bordeaux et Sud-Ouest

Vendanges 2014 : le tour de France de Michel Bettane


BORDEAUX et SUD OUEST 5 septembre pour le début des blancs secs 22 septembre / 4 octobre pour les merlots, 4 octobre/ 12 octobre pour les cabernets, malbecs de cahors et tannats de madiran. Seconde semaine d’octobre pour les raisins blancs de Jurançon.


On se souviendra longtemps des déluges d’eau du printemps mais d’une floraison en grande partie par beau temps mais plus hasardeuse sur sa fin. Il a moins plu dans certaines régions du Médoc en juillet-août qu’ailleurs (50 millimètres répartis à parts égales sur ces deux mois) sans que les températures soient brillantes et début septembre on craignait des vendanges aussi difficiles qu’en 2013. Il n’en n’a rien été, un soleil radieux pendant plus d’un mois ayant renversé la situation, comme cela arrive assez souvent dans cette région. Rappelons que les cépages de seconde ou troisième génération souffrent moins que d’autres d’étés médiocres, si l’arrière-saison est belle, car ce sont les vingt derniers jours de maturation du raisin qui décident de la qualité des peaux et des arômes des merlots et surtout des cabernets. Les merlots ont été récoltés dans un état sanitaire superbe avec une maturité entre 13 et 14,5% naturels et des acidités étonnantes pour une telle richesse en sucre. Ceux du nord Médoc sont sans doute les plus beaux que je n’ai jamais vu en plus de trente ans. On sera loin de 1990 et de ses PH de 4 ! Les cabernets francs du Libournais égalent ces merlots et les cabernet-sauvignon, malgré quelques pluies en fin de parcours, seront remarquables. On s’attend à un beau voire à un grand millésime, sauf pour Sauternes où la pourriture noble ne se développe pas généreusement dans de nombreux vignobles.

Eduquer, pas censurer

Déplorant à nouveau une absence de dialogue constructif avec les pouvoirs publics alors que le vin devrait, au même titre que les questions agricoles ou sanitaires, être considéré comme un enjeu transversal par les différents ministères (Culture, Education, Economie et Commerce extérieur) dont il relève, Vin & Société* annonce ci-dessous son intention de suivre avec attention l’examen du projet de loi relatif à la Santé qui fait l’impasse sur la clarification de la loi Evin demandée par tous les acteurs de la vigne et du vin. Par ailleurs, un site d’information sur le sujet a été mis en ligne, dont la vidéo ci-dessous fait partie.

« A ce stade, le projet de loi de santé ne comporte aucune mesure visant à clarifier la Loi Evin
alors que les enjeux sont majeurs pour la filière viticole mais également pour 31 millions de consommateurs responsables, plus de 30 000 journalistes, des milliers d’artistes, d’écrivains, d’agences de publicité et de communication, des avocats. Que permet la loi ? Qu’interdit-t-elle ? Qui peut le dire avec certitude ? Vin & Société, au nom de l’ensemble de la filière viticole, suivra avec une attention particulière l’examen du projet de loi en Commission des Affaires Sociales puis le débat au Parlement attendu dès le début de l’année 2015. « Il est très vraisemblable que le texte soit assez largement modifié sans que nous sachions aujourd’hui vers quelle direction nous allons. Nous sommes dans le flou total. Cette incertitude est préjudiciable à une filière qui a besoin d’évoluer sereinement dans un cadre clarifié », déclare Joël Forgeau Président de Vin & Société.

Par ailleurs, sur la forme, Vin & Société déplore l’absence de débat et de véritable concertation avec le Ministère de la Santé en amont de cette loi, qui restera en vigueur pour les 4 ou 5 prochaines années à minima. « Nous venons de perdre une occasion de concilier enjeux de santé publique, information et promotion responsable du vin avec une Loi Evin clarifiée. Les professionnels de la filière viticole partagent l’objectif initial de cette loi : encadrer la publicité, éviter les abus et protéger les populations à risque, mais elle doit aujourd’hui être précisée. Sans définition claire de la publicité, c’est le vide juridique, la confusion et la porte ouverte à une interprétation très restrictive faite par les juges. Toute évocation en faveur du vin même dans un journal ou une œuvre culturelle est condamnable. On n’y comprend plus rien », ajoute Joël Forgeau.

Paradoxe, le 16 septembre dernier, Monsieur Laurent Fabius, Ministre des Affaires Etrangères et du Développement International, déclarait sur l’antenne de France Bleu : « Qu’il faille faire attention en matière de santé, tout le monde est d’accord, les vignerons les premiers. Il faut quand même qu’ils puissent communiquer donc il faut trouver un juste équilibre ». Vin & Société a lancé un débat dès juin 2014 et formulé trois propositions concrètes allant dans ce sens, revenir à l’esprit originel de la Loi Evin (encadrer la publicité et protéger les populations à risque), clarifier les frontières entre ce qui relève d’une part de la publicité, d’autre part de l’information journalistique, du divertissement, de la création artistique et culturelle et permettre d’exprimer des messages de consommation responsable (seule l’incitation à l’abus devant être condamnée) dans les publicités. Vin & Société renouvelle ces propositions et appelle à une véritable campagne d’information sur les repères de consommation. L’éducation est la seule façon de répondre efficacement aux enjeux de santé publique. »

* Association de loi 1901 créée en 2004, Vin & Société réunit et représente les 500 000 acteurs de la vigne et du vin en France : production, négoce et interprofessions (28 membres, 7 organisations nationales, 21 organisations professionnelles régionales). Son but est de donner sa juste place à un savoir-faire traditionnel et à un secteur d’activité qui contribue à la fois à la vitalité économique et au rayonnement de la France. Transmettre les valeurs du vin, promouvoir une consommation qualitative et responsable, entretenir un dialogue permanent avec les institutions et les représentants de la société civile sont ses principales missions.

C’est quoi la nouaison ?


Pour répondre à cette question et à toutes celles concernant les quatre saisons à la vigne, de la taille jusqu’aux vendanges, les vignerons des AOC cheverny et cour-cheverny ont conçu une vidéo en motion design destinées à expliquer les grandes étapes de la route qui va de la vigne au verre aux visiteurs de leur maison des vins. Créée il y a plus de sept ans, cet espace dédié à la dégustation et à la vente a reçu 87 000 amateurs cette saison.

Ce succès s’accompagne d’autant de questions qu’il y a de visiteurs. Célia Couderc, responsable de la Maison des vins de Cheverny confirme que « La question récurrente est  comment fait-on le vin ? » C’est la raison pour laquelle les vignerons ont décidé de créer cette vidéo dynamique de trois minutes. Diffusé à la Maison des vins via une borne interactive (adaptable aux handicapés), cet « outil permettant d’illustrer nos propos est un véritable atout. » 


Les moines vignerons à l'honneur

L’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) index vient de décerner son prix 2014, catégorie « Histoire et Littérature », à l’ouvrage Neuf Siècles au Coeur de la Bourgogne, le Cellier aux Moines et son Clos (éditions Assouline) dont nous vous avions parlé ici. Fruit de la rencontre entre Gilles Platret, historien et écrivain bourguignon, récemment élu maire de Chalon-sur-Saône, et Philippe Pascal, le propriétaire des lieux, ce livre qui a exigé deux ans d’une recherche rigoureuse rappelle la contribution de l’ordre monastique cistercien à la découverte des grands terroirs bourguignons et raconte la saga de ces moines vignerons et la résistance au temps d’un domaine établi vers 1130 sur un coteau de Givry devenu premier cru.

Lors de la réception de ce prix, remis aux auteurs par František Lipka, poète, écrivain et diplomate slovaque, Jean-Marie Aurand, directeur général de l’OIV et Yves Bénard, ancien président de l’OIV, Gilles Platret a rappelé que « la compréhension et le partage de notre histoire nous permettent de prendre conscience qu’en matière de viticulture, la maîtrise des terroirs est une affaire très ancienne.» Au douzième siècle, les disciples de Saint Robert recommandaient déjà de laisser faire la nature. Selon Philippe Pascal, « la viticulture bourguignonne est revenue à des pratiques très respectueuses de la nature qui subliment à nouveau l’expression de ses terroirs. »

La photo ci-dessus est signée Serge Chapuis.


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Le Cellier aux Moines et son Clos, éditions Assouline, 65 €

Une régisseuse aux Hospices de Beaune

Depuis 2004, elle était en charge de la vinification pour la maison Corton-André (Aloxe-Corton), rachetée il y a peu par la famille Frey (en lire plus ici à ce sujet). En janvier prochain, Ludivine Griveau prendra en charge les 60 hectares de vigne des Hospices de Beaune. On en lira plus ici et sur le parcours de cette jeune œnologue de 36 ans et sur la nouvelle mission qui l’attend.

Antoine Petrus choisit six vins chez Idealwine


 

Le maître des enchères

Depuis bientôt 15 ans, le site idealwine.com a révolutionné le monde de l’achat du vin sur Internet. Fondé par trois anciens de la Bourse de Paris dont la brillante Angélique De Lencquesaing. Plus de 40 000 bouteilles sont constamment sur le site.

Trois types de vente vous sont proposées : le premier, comme dans une salle de vente mais « on line » bien sur, un autre format avec des vins disponibles sans limites de temps et le dernier, connecté en direct avec les salles de vente aux enchères.

Voila 6 must à retrouver d’urgence entre vignerons stars, grands noms et vins de tous les jours.


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Bourgueil Domaine de la Chevalerie Bretêche 2011

Le cabernet franc magnifié par la famille Caslot dans un millésime dédié au plaisir : Tannin lisse et glissant au rendez vous.

16 euros

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Chinon Coteau de Noiré Philippe Alliet 2012

Le meilleur vigneron de Chinon sur le plus beau terroir de l’appellation. Que demander de mieux ?

24 euros

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Montlouis Le Volagre Stephane Cossais 2008

Trop tôt disparu, Stéphane Cossais vinifiait les Montlouis comme nous les aimons : ample, consistant et salin.

22 euros

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) Sancerre François Cotat 2013

Au cœur du Chavignol, Francois Cotat fait naître des sauvignons de longue garde, riches et complexes. A oublier pendant une bonne décennie.

19 euros

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Vouvray Clos Naudin Philippe Foreau Moelleux 2009

Aussi à l’aise pour les accords mets et vins qu’en vinification, Philippe Foreau a brillé sur ce millésime 2009, un moelleux de garde aux allures de demi-sec : brillant !

26 euros

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Chinon La Croix Boissée Bernard Baudry 2012

Chinon existe également en blanc et ce pur chenin saura vous surprendre ! Bernard Baudry excelle avec un 2012 aux accents de verveine sur un fond cristallin.

20 euros

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Moi qui vous parle, j’ai vécu la fin du gros rouge


Brève –et personnelle– histoire contemporaine du vin de France


 

Chapitre un, où il est démontré que la nouvelle ère du vin a commencé dans les années 80.

 

Cette révolution qualitative qui débuta au début des années quatre-vingt – on peut même en fixer les débuts officiels aux vendanges 1982 à Bordeaux – n’est pas née par hasard. Elle puisait en fait ses racines dans la longue histoire du vin en France et dans le monde, d’une part et dans celle de l’évolution de la société occidentale, d’autre part. Commençons par ce dernier point, il nous renvoie à mes fameuses années soixante et à ce que les historiens d’aujourd’hui appellent la « contre-révolution du rock ». Après s’être reconstruit à marche forcée dans les décennies qui ont suivies la seconde guerre mondiale, les États-Unis et les pays d’Europe occidentale redécouvrirent le bonheur de vivre. La jeune génération de cette époque-là n’avait pas connu les horreurs de la guerre, elle trouvait du travail sans problème et rêvait de découvrir d’autres horizons culturels, touristiques ou gastronomiques. Le vin, qui était depuis toujours la boisson de base des français, commença à changer ainsi de statut. Au lieu d’être un produit de consommation courante sans autre qualité que celle d’avoir un degré d’alcool compris entre 10 et 12,5°, il devenait un objet différencié dont on se souciait enfin de l’origine et de celui qui l’avait créé. Cela tombait bien, car dans le vignoble ce même changement de génération allait avoir d’immenses conséquences.
On faisait bien sûr déjà de grands vins en France avant cette époque et il existait une hiérarchie entre les crus et les vignobles peut-être encore plus forte qu’aujourd’hui. Mais celle-ci s’exerçait de manière mécanique, routinière, sans que la plupart des vignerons s’interrogent beaucoup sur la qualité des vins qu’ils produisaient. Dans les grandes régions traditionnelles françaises –Bordeaux, Bourgogne, Champagne- les générations travaillant entre les années soixante et soixante-dix furent les premières depuis longtemps à bien vivre du métier de vigneron. Mais pour la plupart, ce n’était pas à cause de la qualité de leurs vins, mais surtout grâce aux « bienfaits » de la nouvelle agriculture productiviste qu’ils découvraient. Les engrais, les pesticides, les tracteurs, les nouveaux porte-greffes et les clones plus productifs et résistants à de nombreuses maladies qui autrefois ravageaient le vignoble, la chaptalisation, les progrès de l’œnologie, tout cela contribua à faire progresser incroyablement les rendements de raisins sur les vignes et donc le volume de vin produit. L’économie globale du pays progressant aussi, les prix restaient stables, si bien que le vignoble connût enfin une certaine richesse.

Plus aisés, les vignerons envoyèrent leurs enfants faire des études d’agronomie ou d’œnologie. Mieux éduquée, cette nouvelle génération comprit vite où était le problème en matière de vin. Ceux qu’ils produisaient dans leur domaine en si grande quantité n’arrivaient pas à la cheville des meilleurs millésimes d’avant-guerre ou des années cinquante, certes rares (parfois, comme dans les années trente, un seul bon millésime, 1937, pour toute la décennie) et produits en petit volume. Leur bon sens paysan et leur idéalisme de jeunes vignerons bien éduqués et passionnés par leur métier leur faisaient comprendre qu’il fallait réagir et s’occuper enfin de la qualité des vins.
D’autant que plusieurs avertissements avaient été donnés au cours des années soixante-dix. Le plus douloureux avait été traité au cours d’un procès retentissant à Bordeaux en 1974 : le scandale des grands crus coupés, c’est-à-dire mélangés avec du vin de table venu du Languedoc. Le principal accusé de cette affaire, le courtier Pierre Bert, écrivit un livre savoureux en prison, « In Vino Veritas », dans lequel il assène dès la première page une vérité que tous les professionnels semblaient connaitre : « l’Affaire des Vins de Bordeaux a révélée au grand public des pratiques courantes [ndlr : la fraude, le coupage des vins et les étiquettes trompeuses] dans le négoce depuis que le monde est monde. » Le second coup de semonce fut plus symbolique et eu sûrement plus de répercussions immédiates en Californie qu’en France. Il n’en était pas moins inquiétant. Ce fut ce qu’on appela le Jugement de Paris, une dégustation à l’aveugle de premiers et seconds crus classés bordelais et de grands crus blancs de Bourgogne face à des vins de la Napa Valley dans des millésimes similaires. Le jury franco-anglais rassemblé par Stephen Spurrier avait conclu à la victoire sans appel des vins californiens sur les vins français (1).

(1)Nous avons refait, en 2001 puis en 2010, une dégustation similaire avec des grands bordeaux et des stars californiennes, australiennes et chiliennes. En 2000, deux vins du Nouveau Monde s’étaient classés dans les cinq premiers, mais le vainqueur, Pavie 1998, était un vin bordelais. En 2010, dans une dégustation portant sur le millésime 2005, le meilleur vin du Nouveau Monde se classait après le moins bon des bordeaux. Ces deux expériences illustrent parfaitement cette « révolution qualitative » dont nous parlons ici.
suivre

Crédits photo d’ouverture : deja-hier.com

Domaine du Banneret, Châteauneuf-du-Pape 2011


 

Domaine du Banneret

Le grand type du vin à l’ancienne, tannin de rafle évident et toute petite note d’acétate au nez mais quelle complexité et quelle fraîcheur, avec une complexité en devenir vraiment étonnante.

18/20

Disponible à 30 euros la bouteille pour le millésime 2011
ACHETER


[row][col width= »six »]Ce tout petit domaine nous épate à chaque fois par le naturel et la complexité de sa saveurqu’il doit au respect de la vinification en raisins entiers et surtout de celle en commun de nombreux cépages rouges ou blancs, récoltés ensemble. Ici même le très rare blanc de Picardan joue son rôle ! Ce 2011 éblouit par sa finesse aromatique avec des notes fraîches mais non agressives de roncier née des rafles mais aussi d’herbes aromatiques, de mûre, de cuir, de tabac blond, et une somptueuse suite en bouche sans la moindre sensation de richesse en alcool pourtant si fréquente et si appuyée dans ce millésime. On est loin du monolithisme des purs grenaches, même des plus fins, et même si dans certains cas on ne pourrait s’en passer, comme pour Rayas ou Pure ou Grenaches de Pierre ! Apogée vers 2019.

Michel Bettane

 

95547346

Condrieu, les villages et les lieux-dits


Le vin de Condrieu, malgré sa rareté, est devenu l’un des vins de la vallée du Rhône les plus populaires au monde, le seul vin blanc même à l’être et son exemple est à l’origine de nombreuses plantations du cépage viognier à travers le monde, alors que, trente ans plus tôt, il avait failli disparaître.


 

À LIRE >Condrieu, la renaissance du viognier…

 

À suivre >Vinification et caractère du vin… >Le guide des producteurs et leurs vins…

 

Les premiers condrieus portaient rarement sur leurs étiquettes le nom d’un lieu-dit. Quand, dans les années 1970, il n’y avait qu’une petite dizaine de producteurs et guère plus de trente mille bouteilles mises sur le marché, on ne trouvait que Georges Vernay avec son coteau de Vernon et Pierre Perret avec son coteau de Chéry pour faire connaître un lieu-dit particulier. Les autres assemblaient en un seul vin leurs différentes petites parcelles. Aujourd’hui, les condrieus sans aucune indication plus précise forment l’entrée de gamme de la plupart des vignerons, souvent issus de jeunes vignes. Dès que les vignes sont plus vieilles et que les parcelles atteignent une taille suffisante, le vigneron indique le lieu-dit ou invente comme ses confrères des appellations voisines un nom de marque, ce qui ne va pas sans une certaine ambiguïté quand ce nom ressemble trop à un nom de lieu-dit. La multiplication des cuvées de lieux-dits est par ailleurs une excellente chose puisqu’elle permet une meilleure connaissance des subtilités du terroir et justifie la petite étude qui suit.

L’appellation commence, sur la commune même de Condrieu, avec la seconde moitié du coteau de Bassenon (sans doute une corruption de Bas de Semons), séparé de la première par un petit ruisseau du même nom. La partie nord, sur des terres de migmatique (granit fondu par des températures de plus de 650° en raison d’une activité volcanique) est en appellation Côte-Rôtie, la partie sud convient un peu mieux au viognier, surtout dans le bas du coteau où le granit, dit à muscovite, est de couleur assez claire.

A l’arrière de Bassenon et toujours sur de la migmatique, on trouve les vignobles du Rozay (désormais vinifié par Chapoutier), Côte Bonnette, La Roncharde et la célèbre Côte Chatillon, berceau d’origine de la fameuse cuvée la Doriane de la famille Guigal. Un rien plus au sud commencent les coteaux de pur granit à biotite qui ont été le berceau de l’appellation qui, rappelons-le, à l’origine se limitait à ce village et à ceux voisins de Vérin et Saint-Michel-sur-Rhône. Il est difficile en dégustation pure de marquer d’importantes différences d’un cru à l’autre et une marque bien précise du granit par rapport aux terres plus métamorphiques et porphyriques, mais il semble que les vins vinifiés sur le premier type de sol soient plus cristallins dans leur forme et leur saveur, avec un rien de salinité en plus, des notes de violette plus apparentes au nez et, peut-être, moins de nuances de fruits exotiques et moins d’exubérance dans le comportement.

Les lieux dits

Les lieux dits Sainte-Agathe, Mirebaudy et la Caille sont un peu plus élevés et plus froids que l’impressionnant coteau de Vernon, idéalement solaire. Le ruisseau Vernon sépare le coteau du même nom du suivant qui porte aussi en partie le nom de Vernon et se prolonge vers l’ouest par la célèbre côte Chery. La côte se poursuit directement, cette fois sur la commune de Vérin, dans le département de la Loire, toujours sur granit à biotite avec le Clos Bouché et le Tinal.


Un nouveau ruisseau marque une séparation avec la commune de Saint-Michel-sur-Rhône où les premières et superbes terrasses sont celles de Château Grillet, qui possède sa propre appellation. Les coteaux de Poncins, plus au sud, voient une légère altération de la roche mère, avec des sables moins fins et il arrive qu’on retrouve dans le vin des notes de lard fumé originales mais qui se fondent bien avec le fruité d’abricot et d’agrumes du viognier.

Le dernier coteau de la commune Colombier retrouve le classicisme de sol et de saveur de Vernon, avec des vignes elles aussi superbes. Si l’on continue vers le sud, on entre dans le territoire de Chavanay qui est l’extension naturelle de ce que je viens de décrire mais qui n’a été rajouté à l’appellation que dans un second temps. De nombreuses vignes ont été plantées sur le hameau de Verlieux, où François Villard par exemple élabore sa cuvée Terrasses du Palat. Les sols ici alternent le granit à biotite et celui à muscovite, plus clair, avec des traces de calcaire et des cailloux plus ronds, moins anguleux. Au cœur de Chavanay, d’autres vignes superbes se déploient sur le lieu-dit Chanson dont une petite partie est recouverte de loess et j’avoue avoir été fortement impressionné par la noblesse de saveur des vins issus de ce coteau, dont celui d’André Perret. Les Eyguets, la Côte, Izéras ont le même sol mais les vins jusqu’ici sont moins fins, plus gras, parfois même un peu lourds lorsqu’on les récolte en surmaturité.

Un autre ruisseau se jetant dans le Rhône, le Valeneize, marque un changement de nature de sol avec l’apparition du métamorphisme et de la migmatique liée à la fusion à haute température des roches issues de ce métamorphisme, et qui sont le pendant sud de la côte Bonnette. On y trouve les lieux-dits Boissey, Blanchard, la Ribaudy, rarement mis en bouteilles individuellement. Philippe Faury y possède un joli vignoble.
L’appellation Saint-Joseph reprend ses droits plus au sud, en raison d’un léger changement d’exposition du à un mouvement du fleuve jusqu’à la sauvage et pittoresque vallée de Malleval où beaucoup de vignes viennent d’être plantées ou replantées. Il faut distinguer les formations de migmatique (Volan, son magnifique château et des vignes qui sont la copropriété de Gérard Depardieu, Marcel Guigal et Alain Paret) et le retour du granit classique à biotite avec Palouse, Rochecourbe, Chanson et Gonon. Une toute petite vigne sur le gneiss au lieu dit « les Patasses » n’est malheureusement pas à ma connaissance vinifiée à part, pour comprendre le caractère donné par le porphyre.
Plus bas, on change de département à nouveau et on entre dans l’Ardèche, avec des vignes plus dispersées, enchâssées dans l’appellation Saint-Joseph, comme la Comme, La Coste, Merlan, Rouelle, (migmatique), Maillet et Fontaillaux (granit), et surtout, car plus anciennes, celles qui terminent l’appellation au sud de Limony, Braise, Montrond, Font Silvet, sur du migmatique beige clair, puis côte Fournet, à nouveau sur le granit. Il est sûr que lorsque les vignes seront plus vieilles, les viticulteurs mettront à part un grand nombre des lieux-dits que je viens d’énumérer et que l’on aura une vision plus exacte des nuances apportées par le terroir mais aussi l’exposition et, naturellement, la hauteur des vignes et les influences du vent. suivre

Le Tour de France de Michel Bettane : Bourgogne et Beaujolais

Vendanges 2014 : le tour de France de Michel Bettane


Les pluies et les grêles (heureusement très localisées, mais tragiquement une fois encore dans le secteur de Volnay/Pommard/Meursault) rendaient le vigneron pessimiste fin août mais trois semaines de temps idéal plus tard ils ont le sourire. Il y aura de très beaux, voire de grands vins de chardonnay car comme en champagne les raisins blancs se sont mieux accommodés des caprices du climat, mais aussi des rouges de fort caractère. Les nuits fraîches et une forte évaporation de toute l’eau accumulée pendant l’été ont permis aux raisins d’avoir des peaux épaisses, et un surprenant potentiel aromatique. Le volume des baies, un peu plus gros que la moyenne a favorisé des rendements confortables entre 35 et 50 hl/ha, qui affecteront peut-être la longévité des produits mais bien utiles après trois petites récoltes consécutives. Les gamays du beaujolais, plus précoces d’une petite semaine que les pinots noirs de Côte-d’Or ont dans les vignobles les moins bien tenus donné des raisins de qualité moyenne, avec une proportion non négligeable de raisins pourris-acides. Mais dans les belles expositions et dans les crus les meilleurs vignerons ont récolté des raisins magnifiques, très parfumés et équilibrés, qui mériteront l’attention de tous les amateurs. Chablis comme la champagne bénit une récolte de chardonnays mûrs et délicatement parfumés, qui devrait produire en volume appréciable des vins parfaitement typés.