Ah, on les entend de loin les Sancho Pança de l’apocalypse vitupérant à grands cris contre le prix du vin. Du vin de Bordeaux, naturellement.
Sans aller jusqu’à dire qu’ils ont été entendus (ils sont inaudibles à force d’excès), voilà un bordeaux, un médoc, un cru bourgeois absolument épatant à 13,70 euros (prix public TTC) seulement pour le millésime 2010, très réussi. C’est le château Escot, propriété de la famille…lire la suite
13,70 euros, ça va ?
Ningxia, nouvel eldorado du vin
A la fin d’une journée de douze heures, un dimanche de mai, Cao Kailong s’enflamme encore pour son projet de classement des meilleurs domaines viticoles de la province de Ningxia dont il administre, avec des moyens généreusement attribués par l’État et une énergie sans faille, le Bureau du vin. Ambitieux et pragmatique, il ouvre un nouveau projet quand il vient de terminer le précédent. En l’occurrence, dédouaner 300 000 pieds de vignes importés de France.
Ningxia est une région située au centre-ouest de la Chine, essentiellement installée sur des hauts plateaux désertiques, hormis aux abords des montagnes de Helan, où la vigne se développe à grande vitesse,
100 domaines viticoles créés, une trentaine déjà en production.
Même si on y plante beaucoup de cabernet-sauvignon, le climat y est bien sûr beaucoup plus continental qu’à Bordeaux, avec des hivers très froids qui obligent les producteurs à « chausser » les vignes, c’est-à-dire à recouvrir de terre les pieds, jusqu’aux pampres pour éviter que le gel et la sécheresse les tuent, mais les printemps et été chauds – sans véritable canicule puisque l’altitude est élevée – permettent d’obtenir des maturités de raisins optimales, sans les risques de mousson de fin d’été qui embarrassent tant les secteurs viticoles côtiers.
Ce sont bien plus les conditions climatiques et l’altitude de la région que les caractéristiques du sol, sableux et limoneux, très drainant (ce qui constitue cependant un atout essentiel pour la viticulture) d’un terroir de vallée alluvionnaire qui ont convaincu investisseurs et gouvernement de développer l’activité viticole dans une région par ailleurs industriellement isolée et caractérisée par la présence d’une forte minorité de musulmans chinois, les Huis. Bio-économie renouvelable, la viticulture correspond aux nouveaux objectifs du gouvernement et, comme partout, ajoute à cette dimension l’importance de l’aménagement du territoire et de l’œno-tourisme. Trois atouts économiques loin d’être un caprice de potentat local.
Aussi l’ambition de Cao Kailong rappelle celle qui a dû animer en son temps les prieurs de l’abbaye de Cîteaux lorsqu’au Moyen-Âge ils définissaient les grands terroirs bourguignons dont l’écheveau de crus est inchangé depuis, ou bien le Marquis de Pombal créant au XVIIIe siècle dans la vallée du Douro la première appellation d’origine contrôlée pour produire le vin de Porto. Au mois de mars, nous avons assisté ici à la création de la première appellation d’origine contrôlée chinoise.
Les défis ne manquent pas, mais dans l’incroyable émulation qui règne dans la Chine d’aujourd’hui, les hommes, les entreprises, l’argent et le talent ne manquent pas non plus. De petites « boutique-wineries » comme Silver Heights, créée par Emma Gao, jeune Chinoise mariée à un maître de chai bordelais, Li Lan mené par Zhong Xiang Deng, œnologue chinois tout juste formé à Dijon, Yuan Shi ou encore Helan Qingxue ont vu le jour. En une poignée d’années, grands groupes viticoles chinois ou étrangers autant que producteurs privés ont choisi le secteur pour y développer un domaine ou une winery, rappelant assez le dynamisme bâtisseur de la Napa Valley en Californie au début des années 80. Tandis que Pernod-Ricard développe la marque Helan Mountain sur le modèle de son bestseller australien Jacob’s Creek. LVMH, qui développe également un domaine ambitieux dans la ville mythique de Shangri-la au cœur du Yunan, le rejoint aujourd’hui avec une winery Chandon destinée à la production de vins pétillants sous cette marque.
Des importateurs puissants comme l’espagnol Torrès souhaitent s’implanter ici. Le plus important groupe chinois, Chang Yu, est présent à Ningxia comme il l’est dans tous les vignobles du pays tant sur des vins de marque bon marché que sur des « châteaux » associant œno-tourisme – en s’inspirant le plus souvent de l’architecture de châteaux occidentaux renommés – et création de cuvées haut de gamme. Son Château Chengyu-Moser XV apparait très convaincant dans le millésime 2008, avec ses notes florales, son raffinement de texture, sa profondeur sans lourdeur.
C’est en matière de style que Ningxia impressionne le plus. Les vins de la région n’offrent pas la personnalité stéréotypée de tant de représentants des nouveaux vignobles internationaux, avec une structure bodybuildée, une débauche d’arômes boisés et une puissance en alcool impressionnante. Installé au milieu de l’Empire du Milieu, les meilleurs vins sont des modèles d’équilibre, fruités et peu boisés, charpentés sans lourdeur, dépassant rarement les 13° d’alcool, souplement construits.
Cette délicatesse et cette précision, ce sont peut-être les vins de l’étonnant domaine de Yuan Shi, fantastique palais de pierre créé par un homme d’affaires local, qui l’expriment le mieux. En quelques millésimes seulement, les cabernets de Yuan Shi imposent une personnalité aussi brillante et complexe qu’est impressionnante l’architecture des chais.
Avec les autres vignobles chinois – Shandong et Hebei à l’est, Xinjiang à l’ouest – Ningxia s’est engagé dans une spectaculaire course au développement et à l’excellence. Il a fallu mille ans pour installer le prestige et les savoir-faire des vignobles de France. Cinquante ans auront suffi à ceux de Californie. Cao Kailong et Hao Linhai, le président de la région, se donnent trente ans pour réussir leur pari d’installer la région parmi les grands vignobles du monde. L’ampleur de la tâche est énorme – hétérogénéité de la production, travail de sélection des terroirs, adéquation de l’encépagement, etc. Mais, au rythme actuel, quinze ans suffiront bien.
Michel Bettane et Thierry Desseauve
Le festival des côtes-du-rhône
Partenaire officiel du Festival d’Avignon depuis plus de trente ans, les vins des Côtes du Rhône ont également développé une complicité avec le Syndicat National des Entrepreneurs de Spectacles (SNES) et avec le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS). Pour Christian Paly, président d’Inter Rhône, les membres de l’interprofession, à l’initiative d’actions alliant le vin à l’art et la culture, « prouvent leur parfaite intégration dans
la vie de la Cité. » Forts de ces différents partenariats, les vins des Côtes du Rhône développent également leur propre programme. Cette année encore le vignoble des Côtes du Rhône et des Côtes du Rhône Villages fera découvrir l’immense diversité de ces vins tout au long du mois de juillet dans le cadre du traditionnel Bar éphémère de la Maison des Vins. Outre les dégustations de vins, ce lieu accueillera une exposition de photographie culinaire, Coup de Frais sur les Légumes Anciens, réalisée avec les apprentis de l’Ecole hôtelière d’Avignon, et un défilé
de mode conçu par de jeunes artistes chinois à partir d’une collection de « robes » du vin. Sauf soirée privée et
14 juillet, le bar éphémère des Côtes du Rhône sera ouvert tous les jours jusqu’au 26 juillet, de 19 h à 23 h. Accès
à la dégustation : 5 € (verre + éthylotest). Plus de 150 références de côtes-du-rhône provenant d’une soixantaine
de metteurs en marchés différents y sont présentées. Ce soir, les côtes-du-rhône villages seront à l’honneur. Demain, ce seront les vins des Dentelles de Montmirail et après-demain, la soirée sera consacrée aux jeunes agriculteurs. Le programme complet est à découvrir ici.
Coteaux de l'Hermitage, passé et futur
Emblématiques des paysages viticoles rhodaniens et « vitrine » de l’AOC hermitage, les coteaux de l’Hermitage sont désormais protégés en tant que site classé, par décret du ministère de l’Ecologie en date du 05 juin 2013,
sous les critères de pittoresque et d’historique. Témoin d’une conquête ancestrale de la pente par des techniques d’exploitation traditionnelles qui sont encore en usage aujourd’hui, ce vignoble est un patrimoine historique
autant que culturel qui raconte les siècles de travail des vignerons qui ont façonné, génération après génération, ces terrasses surplombant le méandre du Rhône qui enlace la ville de Tain l’Hermitage. Le site des coteaux de l’Hermitage s’étend sur 160 hectares, sur les communes de Tain l’Hermitage, Crozes-Hermitage et Larnage.
Il englobe ainsi la totalité du vignoble de l’AOC Hermitage, 137 hectares exploités par trente-cinq vignerons.
La reconnaissance de ce paysage d’exception n’a pas pour but de le “figer”, bien au contraire. L’ambition partagée par tous les acteurs de ce territoire est d’accompagner son devenir et de permettre son développement, tout en assurant la pérennité des éléments essentiels de son identité.
Château Les Cèdres 2007, Domaine Wardy
Ambassadeur talentueux des vins du Liban, sujets d’un renouveau viticole qui suscitent l’engouement des amateurs, le domaine Wardy proposera dès septembre dans les magasins Nicolas un vin puissant aux accents solaires, fait pour la garde. Velouté et élégant, c’est le style de la maison, Château Les Cèdres est une référence de son terroir, dont le coeur se situe à Zahleh, capitale de la plaine fertile de la Beqaa, surnommée le grenier du Liban. Produit sur une parcelle culminant jusqu’à 1 200 mètres d’altitude et plantée de tous les cépages blancs et rouges français, mais aussi de variétés autochtones comme l’obeidi et le merwah, ce vin issu de cabernet-sauvignon, merlot et syrah récoltés manuellement avant un élevage de douze mois en fût de chêne français a été récompensé (dans ce millésime 2007) par une médaille d’argent à l’International Wine and Spirit Compétition de San Francisco en 2012. Disponible chez Nicolas dès septembre au prix de 19 €.
Le vin pour métier, l’art pour le plaisir (ou le contraire)
Greffer de l’art au milieu des ceps redonne un second souffle à des vignobles bien décidés à profiter de toutes les opportunités de la mondialisation. Ici et là, divers domaines fourmillent d’idées pour, à leur tour, attirer des œuvres d’arts. D’autres, déjà bien engagés dans cette voie, songent à amplifier leurs efforts. Maurice Giraud réfléchit à l’installation d’une résidence d’artistes dans l’une des dépendances du château de Pommard. Jean-Claude Boisset y songe aussi et compte également récompenser des créations inspirés par le monde du vin. L’accoutumance à l’art est forte. Au risque d’atteindre un point de non-retour et de conduire ces “victimes” à sacrifier la viticulture ? Certainement pas. « La priorité reste le meilleur millésime possible. Le vin est un métier, le mécénat un plaisir », martèle le propriétaire d’un gros vignoble. « Nous avons visité beaucoup de wineries en Californie. Les plus spectaculaires proposaient souvent des vins médiocres », répond en écho Florence Cathiard, qui hésite sur la destination à donner aux hectares de bois récemment acquis situés à la lisière du domaine. Land art ou résidence d’artistes ? Plutôt que de cloner un modèle, l’idée est de le répliquer. Nathalie Vranken comme Jean-Charles Boisset soulignent à quel point il est important de tenir compte de l’identité de chaque terroir. Michel Jeanneau, quant à lui, rêve d’exporter ce principe de mécénat sur les principaux marchés étrangers « sans commettre l’erreur d’autres marques qui, à force de tout miser sur l’international, ont délaissé leurs racines ». Ce qui explique le financement par Roederer de la restauration des vitraux de la cathédrale de Reims, et la création prochaine de sa galerie-cellier au cœur de la ville. Propriétaire, selon son expression, « d’un domaine rebâti de toutes pièces » au Chili, Simon Dauré ne compte pas y réitérer un défi aussi identitaire et unique que celui qui a eu lieu au château de Jau. Mais il ne s’interdit pas « d’inviter des artistes sud-américains à travailler sur nos contenants ».
Pommery envoie l’art à la cave
Nathalie et Paul-François Vranken cultivent depuis près de quarante ans une réputation de francs-tireurs du champagne. Premiers à vendre des bouchons à la grande distribution, ils ont réussi à se hisser au second rang français derrière le leader incontesté LVMH, avant de reprendre le joyau Pommery. Le couple joue également d’audace en matière de mécénat. Depuis dix ans, les caves de leur domaine phare hébergent l’Expérience Pommery, la plus grande exposition souterraine d’art contemporain. Nathalie Vranken précise avec flamme « qu’il s’agit d’une initiative parallèle à Pommery qui ne s’inscrit pas contre ce que peuvent faire les galeries et les institutions culturelles. » Elle ne considère pas que ce rendez-vous comme étant au service de la marque, « il ne faut pas mélanger les genres ». Si jamais c’était le cas, cela ne rebute ni les touristes ni les esthètes. L’an dernier, ils étaient 145 000 à déambuler entre cimaises et râteliers de bouteilles.
Vincent Bussière
150 ans, 150 bordeaux,150 jours
La société des bains de mer (SBM) de Monte-Carlo propose dans dix-neufs de ses établissements une sélection
de 150 grands crus de bordeaux au verre. Démarrée le 22 juin, cette opération exceptionnelle durera 150 jours
pour célébrer l’anniversaire de la création, en 1863, par François Blanc, de la Société des Bains de Mer et du Cercle des Étrangers de Monaco. Son ambition, formulée en 1877, était de donner «du rêve ». Et c’est toujours ce que viennent trouver les quelque sept millions de visiteurs qui viennent tous les ans en Principauté. Jean-Luc Biamonti, président délégué de la S.B.M., explique que « cette année anniversaire est, pour la S.B.M, l’occasion de continuer à développer son image de très haute qualité, inimitable et audacieuse dans l’univers du tourisme de luxe. »
Pour l’occasion, cent-cinquante grands crus ont donc été remontés des 1 500 m2 de caves de l’Hôtel de Paris,
qui abritent 350 000 bouteilles. Cette dégustation exceptionnelle permettra aux amateurs de goûter quelques-uns des vins les plus désirables au monde… au verre.
Château d’Yquem 2006
Château Ausone 2001 et 2002
Château Cheval Blanc 2000 et 2001
Château Angélus 2001 et 2007
Château Margaux 2000
Château Lafite Rothschild 1981 et 1996
Château Latour 2003
Château Haut-Brion 2000
Pétrus 1999
Château Brane-Cantenac 2002
Château Monbrison 2000
Château Palmer 2007
Château d’Issan 2000
Château Giscours 2000 et 2001
Château Rauzan-Gassies 2000
Château Siran 2005
Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 2001
Château Pontet-Canet 2001
Château Climens 2000
Château La Lagune 2007
Château La Mission Haut-Brion 2000 et 2003
Château Smith Haut Lafitte 2000 et 2001
Château l’Évangile 2000
Château Angélus 2001
Château Montrose 2002
Château Ormes de Pez 2003
Grand Vin de Léoville du Marquis de Las Cases 2000
Pour voir la liste complète des vins et connaître les adresses des lieux qui les proposent à la dégustation (autour
de 20-30 € dans leur majorité, 190 € pour le plus cher), cliquez ici.
Christie’s et les vins fins
La vente qui s’est tenue le 28 juin dernier à Paris s’est achevée sur un résultat de plus de 1,7 millions d’euros.
En tête du top 10 des lots, un ensemble de 12 bouteilles de Pétrus, millésime 1982, a été acquis 40 000 € par un amateur asiatique. Michael Ganne, directeur du département vins pour l’Europe occidentale a déclaré que la maison était très heureuse de ce résultat qui confirme «la solidité de Paris pour les ventes aux enchères de vins». En ajoutant les résultats de la première vente de vins entièrement sur internet, Signature Cellars, qui s’est tenue quelques jours avant, les 2 millions d’euros sont dépassés. « Les grands bordeaux continuent d’obtenir des résultats forts, (…) et le regain d’intérêt de la clientèle, notamment asiatique, pour les bourgognes se poursuit comme le démontrent les très beaux résultats obtenus par les domaines de la Romanée-Conti, ou le lot de onze bouteilles de Vosne-Romanée d’Henri Jayer, vendu 25 740 €. Enfin, Christie’s fournit une nouvelle fois la preuve
de sa capacité à trouver et à vendre des collections d’exception. Celle des vins du Domaine Armand Rousseau,
pour des millésimes de 2001 à 2010, a ainsi très nettement dépassé son estimation basse de 93 850 € pour atteindre 155 370 €. »
Les vins du Crillon, bis
Le 22 avril dernier, la maison Artcurial Briest-Poulain-F.Tajan a mis en vente avec succès 2 000 bouteilles provenant de la cave du palace parisien. Le résultat obtenu (320 000 €) représente le double de l’estimation initiale. Aujourd’hui et demain, 2 600 nouvelles bouteilles de vin seront mises en vente, toujours sélectionnées parmi les
17 000 flacons du livre de cave du Crillon. Leur état de conservation est évidemment irréprochable. Sous le marteau de Maître François Tajan, co-président d’Artcurial, et sous la houlette de Laurie Matheson et Luc Dabadie, experts du département Vins Fins et Spiritueux, 400 lots de crus classés et prestigieux, ainsi qu’un ensemble de spiritueux proposés en mignonnettes (il faut bien approvisionner les mini-bars) seront mis en vente chez Artcurial à 14 h.
Pour consulter le catalogue et enchérir en direct, c’est par là.
Photo ci-dessus : Stéphane Briolant
Vinexpo à Fieuzal
Pour ceux qui n’ont pas pu se rendre à Bordeaux pour la 17e édition du salon international du vins et des spiritueux, voici un petit aperçu de la soirée d’ouverture organisé par le Château de Fieuzal et l’Union des crus classés de Graves.