D’abord acquis en 2003 par un prestigieux groupe champenois qui souhaitait élaborer un grand bordeaux, les 26 hectares de Château Réaut, situés en surplomb de la Garonne à Rions, près de Cadillac, ont été largement revus aux critères des grands crus (arrachage et replantation dense à 5 500 pieds/ha, sélection des meilleurs plants de vigne, vendanges à la main, petites cuves) avant que le groupe ne change sa stratégie et n’abandonne son projet, en 2009, à l’heure d’un premier millésime excpetionnel. En 2011, Yannick Evenou (Château La Dominique, grand cru classé de Saint-Emilion) décide de reprendre le flambeau et rassemble des amis professionnels du vin et passionnés pour racheter la propriété. Ce groupe de six Bordelais et six Bourguignons, c’est unique, a ensuite décidé de proposer des parts (40 %) du domaine à des investisseurs particuliers, amateurs de bonnes bouteilles, via un groupement agricole foncier (GFA), système bourguignon peu usité dans le Bordelais. Sur mille candidats, quatre cent vingt-sept ont été retenus qui recevront chaque année trente-six bouteilles de « leur » vin. Samedi, ces nouveaux propriétaires viendront participer (enfin, la moitié d’entre eux, et c’est déjà beaucoup) à leur première récolte.
Gigondas à Bagatelle

Ce week-end, l’appellation Gigondas (représentée par son beau millésime 2007) accompagnera la comédie lyrique de la compagnie Opera du Jour qui sera donnée dans l’Orangerie des Jardins de Bagatelle, en partenariat avec la Ville de Paris. De l’Espagne jusqu’à Broadway, « Lyrique au vert » se présente comme un voyage musical en deux actes plein d’humour pour quatre chanteurs et un pianiste. Les quelques 500 spectateurs attendus se verront proposer cette dégustation au verre avant les représentations de samedi soir et dimanche après-midi. Informations et réservations ici
.
Toute petite récolte
Du jamais vu de mémoire de vigneron, nous dit-on. Dans le Beaujolais, la baisse prévue se confirme de manière radicale. A mi-vendange, les rendements moyens constatés atteignent péniblement les 20-25 hectolitres à l’hectare quand les chiffres de l’appellation se situent plutôt autour de 52 hectolitres. Avec cette inédite demi-récolte,
le vignoble anticipe des tensions sur les approvisionnements. Heureusement, les raisins récoltés sont très sains,
les conditions climatiques de ces dernières semaines – relative fraîcheur matinale + belles journées ensoleillées avec un léger vent – ayant permis une bonne fin de maturation. Le millésime 2012 s’annonce donc de belle qualité. Pour le moment, la Bourgogne annonce quant à elle une baisse également historique de 15% par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années et précise que le volume réel de la récolte devrait être connu fin février-début mars 2013.
Le TupperWine sous les ponts

En cette nuit de tempête, nous avons rendez-vous sur un bateau. Une péniche amarrée sous le Pont-Marie. C’est là que Fabrice Le Glatin reçoit le monde pour un énième TupperWine. Un TupperWine, au-delà du clin d’œil malin, c’est une réunion d’amateurs organisée par Fabrice le blogueur pour initier qui veut aux arcanes de la dégustation. Fabrice y ajoute un goût prononcé pour les vins les moins connus des régions les plus ignorées. Ce qui, forcément, provoque un intérêt accru. Ce soir-là, il affichait complet et nous voilà dans le grand carré d’une péniche doucement secouée par les vagues des bateaux-mouches. Il y a la petite foule habituelle des amateurs, on reconnaît ici et là des amis Facebook, c’est amusant, en moins réseau et plus social, on ne se parle pas trop, timides ? Il y a aussi Philippe Betschart, vigneron bordelais (Graves de Viaud), Bruno Besson, alter-caviste à Ermont venu sans son garde du corps rennais, Théophile fils d’Henri Milan, fameux vigneron provençal, un jeune blogueur vice-champion du monde de dégustation à l’aveugle lors du Concours Pol Roger (bref, une pointure, son blog ici). Pendant que la dégustation se met en place, nous parcourons la péniche. D’un côté, l’autoroute urbaine des voies sur berge, de l’autre les façades altières, historiques et un peu tristes de l’île Saint-Louis. Ce qui m’évoque les ferries du Dodécanèse, les Turcs regardent la côte (turque) et les Grecs regardent le large. Nous ne regardons rien, il pleut des cordes, on n’est pas en Grèce…lire la suite
Une grosse, grosse affaire !

Nuance et demi-teinte ne font plus partie depuis longtemps du principe même de la communication. « La viticulture bourguignonne est aux abois », c’est la première phrase d’un communiqué de presse émis par le CAVB. Bigre. Que se passe-t-il ? Les « naturistes » auraient-ils fait main basse sur les stocks de sulfites ? Un autre Chinois, annoncé par ses dollars, a-t-il l’intention d’acheter le clos de Vougeot ? Un orage de grêle installé à demeure dans le ciel clair de la côte, de Nuits à Beaune ?
Rien de tout ça. Voilà que des instances américaines ont demandé l’autorisation d’utiliser les mots « clos » et château », ce qui aux yeux des Bourguignons et de leurs collègues bordelais est une sorte de coup de poignard dans le dos. Je vous vois bailler d’ennui. Il y a de quoi…lire la suite
Les aventures de Pierre Seillan à Saint-Émilion

C’est tout de même extraordinaire cette soif de démultiplication. L’ubiquité du vigneron en marqueur des temps modernes. Sans nous attarder sur les flying winemakers à propos desquels tout a été dit, il y a d’autres spécialistes du je-suis-partout. Les grands collectionneurs de châteaux, de domaines, déjà. Ils ne sont pas à proprement parler des vignerons. Et il y a les grands vignerons qui ne sont pas vraiment des collectionneurs. Les uns partagent avec les autres un goût immodéré des vins qui portent leur signature. Et ce n’est pas une crise d’ego mal placée. Les uns vous parleront de stratégie, les autres de leur mission, un rapport à la terre d’essence quasi-divine. La vérité est ailleurs, mais bizarrement, ils ont tous du mal à l’avouer. Ils sont simplement passionnés dans des proportions inhabituelles au commun des mortels. Ils sont dévorés par la vigne, le vin, les mystères de la fermentation, cette envie d’épater le reste du monde avec des saveurs et des arômes exclusifs, la course à la reconnaissance.
C’est une drôle d’histoire, un engagement rare, une vocation, tout ceci est très humain. Et une étonnante envie de partager, très peu… partagée, justement. C’est aussi une manière de voyager, de posséder une poignée de portables, une carte Flying Blue Silver, une importance, il y a de l’impétuosité, là-dedans. Ces hommes auraient fait merveille à la tête d’un bataillon dans les guerres romantiques des livres d’histoire. Mais les guerres ne sont plus romantiques du tout et celles qu’ils mènent à coups de bouteilles ont à faire avec la conquête d’un monde qui n’est pas le grand monde. Un univers feutré de grands amateurs qui savent le prix de leurs gourmandises…lire la suite
Laurent-Perrier, elles ne sont pas vendeuses

Un haut mur qui n’en finit pas, masque difficilement les frondaisons des grands arbres de ce qui a tout l’air d’être un beau parc. C’en est un. On arrive bientôt à la grille d’entrée, l’élégance du fer forgé. Là-bas, au bout de l’allée, la façade austère et belle d’un petit château de campagne, flanqué de ses communs en retour d’équerre. La cour pavée. La belle entrée traversante qui découvre l’ordonnancement finalement assez simple d’un jardin à la française en devenir.
Nous sommes à Louvois, le château de réception de Laurent-Perrier. Une acquisition récente pour la maison de champagne, dont l’ensemble des activités s’est toujours tenu à Tours-sur-Marne, à quelques kilomètres de là. Bernard de Nonancourt habitait à côté de son bureau et ses filles ont été élevées entre les chais et les caves. Pourtant, ce château de Louvois leur ressemble. Il a de l’allure sans être un séducteur. Aujourd’hui que leur père a disparu, Alexandra et Stéphanie assurent la direction de la maison en gardant en tête l’esprit de ce père tout-puissant, « notre père a fait du champagne avec une image de la France et une perception fine de l’esprit français ». Avec humilité et réalisme, elles se sont entourées des compétences nécessaires à la réussite d’une grande marque de Champagne. Elles s’appliquent autant qu’il est possible à perpétrer le souvenir de leur père, sa vision, sa force…lire la suite
Lovely Fieuzal

Les fleurs délicates des troènes embaument qui font une haie entre les voitures du parking et le chai. Plus loin, la vigne exulte entre pluie et soleil. L’été pourri, la liane adore et le vigneron, moins. « C’était pas l’année pour être en bio », dit-il. Non, cette année a juste permis d’ajouter une ride sur le front du gars athlétique qui vous tend une main large et ouverte, on voit bien le souci, il engage la conversation pile où ça fait mal en ce moment. L’agriculture est un métier difficile. Pourtant, nous sommes dans le doux vallonnement des Graves, un terroir béni, agréable à vivre, à cultiver. Ici, oubliés l’austère platitude du Médoc, les chamboulements géologiques du Libournais, il y a une élégance dans ce décor sans excès. Mais l’été pourri s’en moque, il a simplement omis le bon coup de grêle sur les vignes de Fieuzal. Le vignoble est bien le seul endroit où l’on peut admettre que le chassé-croisé du soleil et de la pluie, le chaud, le froid, le vent, la météo quoi, constituent une conversation.
Ce n’est pas compliqué d’établir un contact avec Stephen Carrier, le patron de Fieuzal. Le Champenois expatrié en terre de Bordeaux est aussi ouvert qu’il est énergique. Vite, le dialogue roule sur ses vignes, son nouveau chai, surtout. Des travaux importants, menés de main de maître dans des délais raisonnables. On aura creusé jusqu’à sept mètres de profondeur et il faut bien connaître l’endroit pour s’apercevoir qu’il a changé. C’est bien joué, ce coté rien-ne-bouge. Le faux portique d’accès a été enlevé, rendant ainsi au bâtiment une certaine simplicité de bon aloi. Dans la partie en retour d’équerre, des chambres d’amis sont en fin d’aménagement. Pour autant, le château de Fieuzal s’il rejoint le standard des grandes maisons, ne retrouve pas un lustre qu’il aurait perdu. Le château n’est pas historique…lire la suite
My name is Bollinger, champagne Bollinger

Pour fêter le 50e anniversaire de l’apparition de 007 sur grand écran et l’association maintes fois renouvelées entre Bond et Bollinger, la maison de champagne préférée du plus célèbre et du plus british des agents secrets sort un coffret 002 for 007 en forme de silencieux Walther PPK. Les fans, qui n’ont pas besoin qu’on leur précise que c’est l’arme de Bond, seront sans doute ravis de ce boîtier digne des meilleurs gadgets de la section Q. Pour accéder à
la bouteille de Bollinger La Grande Année 2002 (le millésime le plus exceptionnel de la dernière décennie, selon Mathieu Kauffmann, le chef de cave de la maison), il faudra aligner les trois chiffres 007 et cliquer sur le logo «gun».
 “Bollinger? If it’s ‘69, you were expecting me ”
 (James Bond à Holly Goodhead, dans Moonraker, 1979) 
Bollinger apparaît pour la toute première fois aux côtés de Bond dans le roman de Ian Fleming “Les diamants
sont éternels” publié en 1956. C’est la rencontre, en 1973, entre Albert R. « Cubby » Broccoli, l’un des producteurs de la saga James Bond au cinéma et Christian Bizot, alors président de la maison Bollinger, qui a pérennisé cette association naturelle entre deux mythes qui partagent nombre de valeurs : excellence, authenticité, élégance certaine, et même une pointe de flegme ! Les puristes apprendront ici quel Bollinger va avec quel James Bond.
De Sean Connery à Daniel Craig
En 1962, James Bond, le héros des romans de Ian Fleming depuis neuf ans, apparaît au cinéma sous les traits de Sean Connery (Dr No, de Terence Young). C’est le début d’une longue saga cinématographique riche de 22 films au cours de laquelle six acteurs ont joué Bond. Dans le très attendu 23e opus, Skyfall (sortie le 26 octobre), Daniel Craig incarnera un Bond dont la loyauté à l’égard de M sera mise à l’épreuve, sur fond de redoutable menace ébranlant les services secrets britanniques. Si Londres est au coeur de cette nouvelle aventure, sa mission l’emmènera également en Ecosse, en Turquie et à Shanghai.
Pendant ce temps, en France, le coffret Bollinger 002 for 007 sera en vente dans les magasins spécialisés et chez les cavistes au prix conseillé de 150 euros.

Spéculer sur le vin, mais comment ? 2/3
La succession de crises qui agitent la finance mondiale depuis l’été 2007 a incité les marchés à se tourner vers des actifs sains et concrets. Le vin a vite convaincu les gérants d’actifs. Mais les premiers véhicules de placement ont failli faire capoter ce concept de fonds vins. « Les premiers fonds lancés étaient l’œuvre de négociants ou de marchands associés à des banquiers ou des gérants de fortune. Des conflits d’intérêts sont vite apparus : les premiers se retrouvaient juge et partie » reprend Myriam Mascherin. Pour éviter cet écueil, la Financière d’Uzès s’est elle aussi imposé des règles de fonctionnement et de gestion très strictes, avec des contrôles drastiques tant des flux de transactions que des stocks, en se pliant « aux mêmes contraintes que s’il s’agissait d’un fonds actions ou obligations destiné à des investisseurs plus ou moins avertis » insiste Jean-Marie Godet. Cette première génération à toute de même eu le mérite de jeter les bases des stratégies d’investissement pour les uns et les autres.
Restait aussi à bien définir la notion de millésimes ou celle de grands crus. Les plus grands crus de Bordeaux et de Bourgogne trustent sans surprise l’essentiel des achats. Viennent ensuite quelques très belles marques de la Vallée du Rhône qui elles-mêmes ouvrent la voie aux plus beaux domaines italiens et, plus rarement, espagnols. Les vins du Nouveau monde ne sont pas absents de cette short list, mais leur poids est infinitésimal. À moins qu’ils ne soient tout simplement remplacés par des primeurs. Car ces derniers circulent plus que des grands crus et peuvent ainsi jouer le rôle de poche de liquidité pour tel ou tel fonds.
Quant aux flacons eux-mêmes, ils sont acquis auprès des circuits traditionnels de distribution de ces millésimes : le négoce et autres courtiers, les vignerons, mais aussi comme l’explique Myriam Mascherin, auprès de grands hôtels ou de restaurants prestigieux. Pas question cependant de stocker toutes ces bouteilles n’importe où. Les ports francs de Genève, gage d’anonymat et de sécurité maximum, s’imposent naturellement.
Vincent Bussière



