Ils arrivent sur le marché. Le millésime magnifique est là, pour la plus grande fierté des bordelais et le plaisir intense des amateurs
Dégustation Michel Bettane, Thierry Desseauve, Denis Hervier et Louis-Victor Charvet
Dégustation Michel Bettane, Thierry Desseauve, Denis Hervier et Louis-Victor Charvet
La marque a 90 ans, un exemple de longévité. Quel est le secret ?
Véronique Hombroekx : 90 ans, comme le répète Philippe Sereys de Rothschild, c’est une fabuleuse jeunesse, une expérience appréciable, une empreinte de plusieurs générations et un plaisir sans cesse renouvelé. Grâce à toute cette expérience, nous nous réinventons, nous adressons des messages à la communauté de viticulteurs et à nos consommateurs qui doivent être séduits par notre démarche.
Pourquoi Mouton Cadet bio ?
H. : Mouton Cadet bio est un vin jeune, gourmand, avec beaucoup de fruits, respectueux de l’environnement et certifié bio. Cette nouvelle cuvée, réservée au marché français, répond à la demande de la jeune génération qui ne se retrouvait pas dans notre gamme traditionnelle. Pour eux, Mouton Cadet, c’est la marque de leurs parents et de leurs grands-parents. Ils ont envie de découvrir d’autres vins, de se faire leur propre expérience et d’être en harmonie avec les tendances actuelles.
Thierry Desseauve a testé le Mouton Cadet Bio.
Le comportement des consommateurs évolue. La production doit accompagner ce changement ?
H. : Désormais, le consommateur a accès à une multitude de données et d’informations. Il veut tout comparer et recherche sans cesse de la nouveauté. Il est plus exigeant et souvent mieux éduqué. La façon dont Mouton Cadet s’est présenté à ses consommateurs il y a 90 ans n’est plus valable aujourd’hui. Nous évoluons. Les amateurs fidèles à notre marque approuvent cette démarche. Même si c’est important d’avoir une histoire, il faut aussi savoir se moderniser et vivre avec son temps.
Ophélie Michaud : Partout dans le monde, une multitude de facteurs exogènes influencent la conduite de la vigne. Les aléas climatiques en font partie. L’effet millésime est de plus en plus fort. Les techniques de culture évoluent énormément. Les viticulteurs appréhendent ce changement. Leurs gestes, leurs habitudes et leurs rendements sont totalement modifiés, tout comme la trésorerie de leur exploitation.
Un nouveau chapitre s’ouvre avec cette cuvée bio ?
H. : C’est une nouvelle étape et c’est une page d’histoire qui s’écrit. C’est ce que nous voulons faire aujourd’hui. Mais, soyons clairs, le bio n’est pas incontournable. Il fait partie d’une démarche parmi d’autres qui permet de valoriser le respect du terroir et celui des hommes. Depuis trois ans, les cahiers de charges que nous mettons en place avec nos viticulteurs partenaires sont beaucoup plus contraignants. Ils soulignent une politique beaucoup plus responsable et plus engagée de protection de la terre. Mouton Cadet est la première marque de Bordeaux dans le monde. Nous devons montrer l’exemple et œuvrer pour une viticulture plus respectueuse du terroir et des hommes.
M. : Le bio, mis en place sur certaines parcelles, vient compléter le label Haute valeur environnementale (HVE). L’ensemble de nos viticulteurs partenaires le possèdent déjà. Il garantit des pratiques agricoles qui préservent l’écosystème naturel et réduisent au minimum la pression sur l’environnement. Nous avançons avec nos viticulteurs en fonction de leur évolution et de ce qu’ils peuvent faire. L’idée est de les accompagner pour avoir un produit aussi qualitatif pour les consommateurs que pour l’environnement.
Quelles sont les difficultés à produire un vin bio à Bordeaux ?
M. : D’abord, le climat océanique. L’humidité peut être importante dans la région et conduit à l’apparition du mildiou. Une maladie qui nous inquiète et nous occupe toute l’année. On essaye de limiter au maximum son impact sur la vigne. Ensuite, l’autre difficulté, c’est la petite taille des exploitations. Elles manquent souvent d’une main d’œuvre qualifiée. Beaucoup de nos viticulteurs partenaires travaillent seuls alors que le bio nécessite plus de travail, d’attentions et de ressources humaines. Il faut observer la vigne et écouter la nature en permanence. Enfin, la dernière marche, c’est le temps. Il faut trois ans incompressibles pour obtenir la certification bio. Certains viticulteurs partenaires sont encore réticents. Il faut du temps pour les convaincre.
Les vignerons partenaires sont une seule et même famille. Cette démarche bio aurait-elle pu se faire sans une relation particulière avec eux ?
H. : Notre force est d’être resté une entreprise familiale, créé en 1930 par la Baron Philippe de Rothschild. Nous avons réussi à tisser des liens forts avec l’ensemble de nos viticulteurs partenaires. Leurs portraits sont fièrement affichés dans notre cuverie. Une relation privilégiée est instaurée avec eux. Ils connaissent parfaitement leurs parcelles. Notre équipe les aide et les conseille au quotidien pour que la qualité soit, sans cesse, leur préoccupation première. Les 1 500 hectares qui composent le vignoble sont divisés en multitudes de petites parcelles et d’autant de terroirs différents. La mise en place du bio est un défi pour eux comme pour nous. Le résultat est valorisant pour tout le monde.
M. : Ils sont vignerons depuis des générations et ont acquis des dizaines d’années d’expérience dans leur exploitation. De notre côté, on souhaite produire des vins de qualité. On constitue nos assemblages et on leur apporte une expertise technique. Nous sommes très présents à leurs côtés et chacun bénéficie de l’expérience de l’autre. La nouvelle cuvée bio en est un des résultats.
À quoi ressemblera Mouton Cadet dans 10 ans ?
H. : Il faut se poser les bonnes questions, se « challenger » et se réinventer en permanence. Nous voulons avancer avec notre communauté de viticulteurs partenaires vers une viticulture beaucoup plus respectueuse de l’environnement. Celle-ci doit répondre aux attentes de nos consommateurs. Nous poursuivrons la conversion de notre vignoble et nous aurons d’autres cuvées bio. C’est un esprit de conquête et de séduction qui nous anime. Surtout, nous voulons que nos consommateurs se retrouvent toujours dans nos vins.
Mouton Cadet bio est disponible chez Carrefour, Intermarché, Leclerc, et Vinatis.com. Environ 11,50 €
Créée par la maison de champagne Castelnau, une marque historique née en 1916, Hors Catégorie est une collection d’assemblages uniques (75 % de vins de réserve) et originaux. Elle est produite en édition limitée et élevée au moins cinq ans en cave avec un dosage à 6 g/l. Chaque nouvelle édition est baptisée du nom d’un col de montagne mythique, classé hors catégorie. Cette 3e édition porte le nom C.M 1993. Pourquoi ? En 2013, année du tirage de cette nouvelle édition, le peloton gravit pour la 25e fois le col de la Madeleine qui culmine à 1993 mètres.
99,48 euros sur boutique.champagne-castelnau.fr ou chez les cavistes & épiceries fines
Le chablis premier cru Côte de Léchet 2018 de La Chablisienne est issu d’un vignoble situé sur la rive gauche du Serein. L’âge moyen des vignes est de 25 ans et le vignoble est exposé Sud-Est. Un terroir solaire, au sol argilo-calcaire du Kimméridgien et qui possède des pentes fortes, atteignant jusqu’à 38 % dans certaines parcelles. Cette cuvée, aux élégantes notes minérales et calcaires, est produite sur une dizaine de terroirs différents et permet de découvrir et de comprendre les grands terroirs kimméridgiens de ce climat.
21,20 euros chez les cavistes
« Ce nouveau cuvier m’a permis de mieux connaitre l’ADN de chacune de nos parcelles et d’adapter la vinification aux fruits cueillis. En jouant sur la température et l’extraction des moûts, il permet de trouver l’équilibre que nous cherchons entre l’arôme du fruit variant du fruit rouge (fraise, framboise) aux fruits noirs (cerise, cassis) et le gras du raisin pour donner de la densité au vin. Château Corbin 2016 est assurément un grand millésime, marqué par un équilibre remarquable sur le fruit, l’acidité et la fraîcheur des raisins ». Anabelle Cruse Bardinet, quatrième génération de femmes propriétaires et winemakers.
41 euros chez les caviste
Certains vignerons ne se contentent pas de la labélisation bio. Ils vont plus loin et réduise l’impact environnemental de leur vin après sa production. « Nos cuvées doivent témoigner de l’attachement que nous portons à notre écosystème et aux circuits responsables », soulignent Antoine et Hélène propriétaires de la maison Jean Huttard à Zellenberg en Alsace. Pour leur cuvée « L’effrontée », la famille Huttard a opté pour des fûts de 10 à 30 litres branchés sur une tireuse pour répondre aux attentes des professionnels qui veulent proposer du vin au verre et pour une bouteille réutilisable et consignée à deux euros pour les particuliers sensibles à leur empreinte carbone. Anticonformiste, voilà un vin de plaisir aussi frais et plaisant, parfait pour vos apéros.
Prix départ cave : 7 euros la bouteille + consigne 2 euros
Domaine des Pothiers, La Chapelle, côte-roannaise 2019
Romain Paire est l’un des grands artisans du renouveau de vignoble de la Côte-Roannaise, situé sur les sols volcaniques de la Loire. Le gamay saint-romain, variété ancienne du cépage, exprime avec personnalité et force l’expression du sol granitique de cette parcelle située à 520 mètres d’altitude. Grand nez de fruits rouges, opulence du fruit, fraîcheur tonique et désaltérante, ce chapelle enchante par son style ciselé. On le laisse en cave quelques années pour qu’il exprime la plénitude de sa finesse. Impensable de ne pas en avoir sous la main.
12,90 euros
Louis Jadot, Couvent des Jacobins, bourgogne chardonnay 2019
La maison beaunoise dirigée par la famille Gagey est une mémoire du patrimoine. Avec ses 225 hectares de vignobles, elle souvent considérée comme l’une des plus « vigneronnes ». La large gamme, bien présente dans la restauration, mérite que le particulier s’y intéresse de près. Issue de chardonnays en provenance de toute la Bourgogne, voilà une belle introduction au cépage dans une expression bourguignonne et gourmande permise par un élevage à la fois en cuve et en bois. Le compagnon idéal des entrées de printemps, légumes croquants et autres fruits de mers.
11,90 euros
Xavier Vignon, Vieilles vignes bio, côtes-du-rhône 2017
Ce n’est pas encore le plus connu des micro-négociants du Rhône sud. Le talent de sélectionneur et d’assembleur de Xavier Vignon inspire notre respect. Fin connaisseur des vignobles et des propriétés, ce brillant œnologue est spécialiste dans la création de cuvées hors-norme. Il est aussi à l’aise avec les fondamentaux, comme cette cuvée vieilles vignes tout en gourmandise et en rondeur, vin de plaisir accompli aidé par la fraîcheur et l’élan apportés par une part importante de mourvèdre dans l’assemblage. Moins de dix euros, ce super côtes-du-rhône est à prix d’ami.
8,70 euros
Château Mangot, saint-émilion 2018
Les frères Todeschini, Yann et Karl, continuent de faire monter ce cru vers le plus haut niveau, à grands renforts de travail et de bonnes idées. La propriété se distingue depuis quelques millésimes par un style assez unique, possédant beaucoup de tension et de fraîcheur finale, avec une sensation minérale évidente et appréciable, permise par un terroir où affleure le calcaire. Pépite des uns, chouchou des autres, Mangot est à mettre entre toutes les mains des curieux et des défricheurs. Le bordeaux qui réconcilie tout le monde.
21,50 euros
Champagne Lallier, Grande Réserve
L’une des nouvelles étoiles montantes du vignoble. Cette petite maison située à Aÿ s’est spécialisée dans la production de champagne grand cru. Remise en forme par Francis Tribaut, elle appartient désormais à Campari. L’entreprise italienne affiche ses ambitions pour la maison et vient de recruter l’expérimenté Dominique Demarville comme directeur et chef de cave. Porte-étendard de la maison, voici un champagne brut à l’équilibre irréprochable, oscillant entre les notes florales délicates et les arômes briochés gourmands. C’est une adresse à suivre de près.
24,80 euros
Château Figuière, Magali, côtes-de-provence 2020
On ne présente plus cette propriété de Provence tant elle est appréciée des amateurs de vins rosés. On rappellera seulement que l’exercice du vin rosé n’est pas qu’une formalité. Il faut une vision et un savoir-faire. Cette cuvée magali est un remarquable compromis entre la rondeur gourmande et la tension élégante. Bref, un rosé expressif, agréable, à boire quand on veut, où on veut pourvu qu’on soit en compagnie de gens qui sauront l’apprécier pour ce qu’il est. Un vin de plaisir. Au moins pour se faire une idée, il faut oser tous les accords avec le rosé.
9,80 euros
Domaine Richard Rottiers, brouilly 2019
Si ce vin du Beaujolais ferme cette sélection, il est loin d’être dernier. La signature Rottiers, c’est la finesse, la profondeur et l’énergie. Forcément, ça déconcerte ceux qui ont des idées préconçues sur les vins de Brouilly. Tant mieux. Bien construit, sans renier un profil fruité et souple propre à l’appellation, il affiche ce supplément de matière et de personnalité qui fait la différence et lui offre le potentiel de quelques années de garde. Toute la gamme de Richard Rottiers est plus que recommandable.
9,90 euros
La foire aux vins de Vinatis est à retrouver ici, jusqu’à 6 avril.
« Tu le sens ce parfum de myrte, tu les entends tes sangliers ? C’est la Corse. » On n’arrive pas dans l’île sans le plaisir de ricaner un peu. Ces départements français à peine excentrés comptent parmi les plus beaux décors du pays et, chaque fois, c’est l’impression qui prévaut en débarquant à Figari. Nous avons des rendez-vous avec quatre vignerons qui comptent parmi l’élite insulaire. Non, nous n’avons pas été voir les grands pionniers, Arena, Imbert, Abbatucci.
Cap au sud pour rencontrer Gérard Courrèges (domaine Vaccelli), Gilles Seroin (domaine Sant’Armettu), Yves Canarelli (une légende) et son ami Patrick Fioramonti. Ensemble, ces deux-là ont décidé de rendre vie aux terroirs calcaires de Bonifacio avec un projet qui s’appelle Tarra di Sognu, un clos de cinq hectares, au bord de la Méditerranée. Après trente années comme chef-sommelier et directeur chez Toussaint Canarelli, l’oncle d’Yves, au grand hôtel de Cala Rossa (Porto-Vecchio), Patrick Fioramonti a décidé de réaliser un vieux rêve assez partagé, faire son vin. Et se rapprocher d’Yves Canarelli pour ce faire était la bonne idée, histoire de gagner un temps fou. Et de rendre à Bonifacio un peu de sa splendeur passée, du temps où la région comptait 450 hectares de vignes – c’était avant le phylloxéra – contre à peine 40 en ce moment. Yves Canarelli est installé à Figari. Comment le résumer ? Trente-trois hectares, quinze cépages, vingt-deux cuvées. Ces trois chiffres sont une bonne façon de comprendre l’homme. Infatigable découvreur, chercheur, inventeur même, jamais en retard d’une innovation, il essaie tout, veut tout comprendre et sort des cuvées à se damner, sans jamais cesser de se remettre en question. Il commence à trouver en la personne de son fils, Simon-Paul, un appui et un complice dans sa quête sans fin. Il est aujourd’hui un moteur majeur dans l’expansion des vins corses, leur succès. Il entraîne à sa suite, avec infiniment d’humilité, une théorie de vignerons qui veulent avec force imposer leur production au reste du monde.
Plus de 14 000 arbres et arbustes seront plantés entre 2021 et 2022 à Taissy, le vignoble historique de la maison Ruinart. Les essences locales sont privilégiées. Charmes, aubépines, cornouillers, viornes, saules marsault, sorbiers, fusains, hêtres et tilleuls serviront d’habitats à la faune et amélioreront la biodiversité. Pourquoi Taissy ? Ce vignoble a une place particulière dans l’histoire de Ruinart, nommé dès 1733 dans ses archives avec des mentions d’achats de raisins seulement quatre ans après la création de la maison par Nicolas Ruinart.
Aujourd’hui, cette parcelle remarquable de près de 40 hectares d’un seul tenant est classée premier cru. On y trouve essentiellement du chardonnay complété par du pinot meunier. Cette initiative de restauration de la biodiversité s’inscrit dans le cadre du mouvement Imagine dont Ruinart est l’un des premiers membres. Imagine rassemble des acteurs économiques qui veulent se mobiliser pour préserver et régénérer des forêts à grande échelle, partout dans le monde. Affirmant sa volonté de participer à la lutte contre le changement climatique, Ruinart s’associe dans cette démarche à Reforest’Action, une entreprise dont la mission est de préserver, restaurer et créer des forêts, en réponse à l’urgence climatique et à l’érosion de la biodiversité.
Depuis 2014, le vignoble de Ruinart est labellisé Haute valeur environnementale et Viticulture durable en Champagne. Lancé en 2020, l’étui « seconde peau », pensé comme une alternative aux coffrets, permet de réduire de 60 % l’empreinte carbone du packaging.
Plus d’informations : www.ruinart.com
Œuf, asperge, agneau et chocolat, voici les traditionnels composants du repas de Pâques et du menu imaginé par Toshitaka Omiya, chef du restaurant Alliance (1 étoile Michelin) et de la chef pâtissière Morgane Raimbaud (promotion Passion Dessert 2021 du guide Michelin). L’œuf en gelée, servi en entrée, est réinterprété. Il est cuit mollet, accompagné des premiers petits pois printaniers et sublimé par des œufs d’esturgeon. Le plat, une épaule d’agneau de lait longuement braisée et relevée par une douce harissa maison à base de poivrons, est placé sous le signe du partage. Pour le dessert, le chocolat Itakuja, issu d’un procédé innovant de double fermentation des fèves de cacao avec de la pulpe de fruit de la passion, règne en maître. Et, comme il n’y a pas de grand repas sans vin, vous pouvez trouver votre bonheur parmi les 600 pépites qui patientent dans la cave du restaurant.
Proposé au tarif de 170 € pour 2 personnes, soit 85 euros par personne.
A commander directement sur https://alliance.bonkdo.com/fr/clickandcollect/paques-a-alliance-2033
En 2010, Paul Aegerter, vigneron installé à Nuits-Saint-Georges en Bourgogne partait à la conquête du Sud en posant ces valises d’été en Provence. Résultat ? La naissance de Jolies Filles, un rosé produit à 6 000 bouteilles. Dix ans plus tard, 200 000 bouteilles de Jolies Filles sont distribuées dans 35 pays. La recette de cette success-story ? Le bourguignon nous en dit plus : « Je crois en la grandeur de la Provence, la richesse de ses terroirs et l’identité forte de ses vins. Il n’y a pas de grands ou de petits terroirs en Provence. Leur diversité est une richesse qui demande à être révélée. » Un cahier des charges sur la conduite de la vigne est mis en place, les œnologues de la maison suivent les vinifications et appliquent la même exigence en Bourgogne qu’en Provence. « Elle est présente à toutes les étapes pour nous permettre de produire des rosés charmeurs où le fruit est au cœur de nos attentes ». Un comité de dégustation valide la qualité avant chaque mise en bouteilles. Trois nouvelles références complètent la gamme. Jolies Filles Liberty et Jolies Filles Bio en IGP méditerranée. Jolies Filles Prestige en côtes-de-provence. Paul Aegerter vient d’acquérir le château Yssole qui abritera désormais la vinification et la mise en bouteilles de l’ensemble de la production en Provence.
Les jolies filles
Jolies Filles Prestige, 12 euros
Jolies Filles Liberty, 10 euros
Jolies Filles Bio, 12 euros
Jolies Filles Classique, 10 euros
Depuis l’arrivée de la famille Bonnie, le château connaît une véritable résurrection. Ses portes sont toujours restées grandes ouvertes et accueillent les amateurs de vin et de gastronomie. Entièrement dédiée à ses trois propriétés familiales (Malartic-Lagravière, Gazin-Rocquencourt à Bordeaux et DiamAndes en Argentine), la famille s’est bien entourée pour moderniser les installations et produire des grands vins qui reflètent le terroir unique de chaque vignoble. En 2020, la crise sanitaire met entre parenthèse le développement de l’œnotourisme et du réceptif au domaine. En attendant de jours meilleurs, la famille Bonnie, fidèle à ses habitudes, n’est pas restée pas les bras croisés. Elle signe cet ouvrage, invitation au partage et à la découverte du lieu et de l’histoire de cette famille originaire de Belgique, tombée amoureuse de Bordeaux. Avec les Quatres saisons, c’est aussi 24 recettes traditionnelles et contemporaines pour les plus gourmands d’entre vous.
Quatre Saisons à Malartic-Lagravière, recettes et histoires de famille
Disponible le 15 avril en ebook (17,50 euros) et en version papier (25 euros) sur www.malartic-lagraviere.com et à la boutique du château pour les visiteurs de passage.
Dix statues, représentant chacune une discipline de l’art et de la science, ornent fièrement la façade du Grand Palais à Paris. Elles expriment, sous forme d’allégorie, la beauté de l’art, la puissance créatrice de l’artiste et la rigueur intellectuelle du scientifique. Fierté de notre patrimoine, l’ensemble de la statuaire, très exposée aux intempéries et à la pollution, se dégrade de jour en jour. Depuis 2018, elle a dû être mise sous filet. Le Grand Palais peut compter sur la générosité de son voisin, Clarence Dillon. Ce magnifique hôtel particulier du XIXe siècle, entièrement rénové par les meilleurs artisans d’art, abrite la résidence parisienne du domaine, le restaurant doublement étoilé Le Clarence et La Cave du Château, une boutique de vins et spiritueux. Depuis sa création, les domaines Clarence Dillon s’investissent dans des actions de mécénat ainsi que dans des dons philanthropiques en France et dans le monde. Ces actions aident à maintenir le rayonnement culturel du patrimoine français et des arts. Le domaine apporte alors son soutien à la restauration de ces dix statues. Pour notre plus grand bonheur et celui de nos enfants.
www.domaineclarencedillon.com
Nous apprenons la disparition d’Anne-Marie Charmolüe, veuve de Jean-Louis, ancienne propriétaire du château Montrose. Après s’être occupé de ce second cru classé en 1855 de Saint-Estèphe, le couple s’était installé en Provence au château Romanin avec l’envie d’y produire de grands vins et d’en faire une référence pour la région. Ils y faisaient des vins délicieux et recevaient à la propriété avec une immense générosité.
À sa famille, à ses proches et aux équipes du château Romanin, nous présentons nos sincères condoléances.
Photo : Château Romanin
La notion de grand vin et même son existence ne sont plus à la mode aujourd’hui. Ou plutôt est-il moins admiré et défendu que par le passé. Une nouvelle génération de consommateurs, et les prescripteurs dans lesquels elle se reconnaît, se méfie, en matière de goût comme en bien d’autres domaines, de l’émotion. Mais l’émotion est inévitable et propre à notre condition. Alors on remplacera l’émotion liée à la sensation par celle liée à la satisfaction. L’émotion sera donc soumise aux dogmes des idéologies. Le bon, le beau seront de plus en plus un bon et un beau politiquement ou moralement corrects par autoproclamation. D’où le succès du vin dit « nature », du concept du rapport qualité-prix ou celui de l’exception par rapport à la règle, la règle étant liée à l’obéissance, avec comme seule échappatoire la rébellion.
Dans notre environnement idéologique, le grand vin représente donc un scandale anti-démocratique. L’inégalité naturelle qui donne à certains lieux une supériorité reconnue de longue date dans les vins qu’ils produisent devient un fait non admissible. Le talent plus ou moins partagé par les hommes à en comprendre la valeur et à la perpétuer constitue une injustice qu’il faut combattre. Mon Dieu, que de bonheurs perdus par ces modernes puritains. Heureusement, ils ne sont pas seuls et c’est aux gourmands sans préjugés, avec leur enthousiasme et leur capacité à s’émerveiller devant les beautés et les bontés de la nature associées au perfectionnisme des hommes, qu’il revient de défendre et de maintenir ce qui leur a donné et leur donnera du plaisir.
Rappelons que lorsque le climat le permet, il est possible avec le savoir-faire moderne de produire des vins de qualité en de très nombreux endroits de la planète. Des vins boissons, d’une séduction immédiate, correspondant aux souhaits des consommateurs locaux, accessibles en prix et, surtout, d’un caractère défini et régulier. Leur avenir dépendra de leur capacité à être préférés à tous les autres types de boisson. Évidemment, il n’y a aucune obligation, même patriotique, à les boire. En France et dans quelques pays voisins, leur consommation est confortée par l’habitude, largement partagée, de les associer à nos traditions alimentaires. Le vin participe du repas à la française, tel qu’il a été défini et inscrit au patrimoine mondial par l’Unesco.
Naguère cinq à dix fois plus chers
que le vin de base, les crus les plus réputés peuvent l’être cent fois plus, et même davantage
À l’intérieur de cet ensemble, des conditions particulières donnent aux raisins de vignobles privilégiés la capacité de donner des vins de plus forte personnalité. Le plus souvent, leur caractère s’amplifie avec le vieillissement et parfois ne se révèle que par lui. Leur existence a évidemment été étudiée depuis l’Antiquité. De la nature du terroir, concept inventé pour la viticulture et désormais élargi à de nombreuses autres productions agricoles, aux techniques de culture et de vinification à mettre en œuvre.
Des générations de buveurs ont essayé de définir la nature de leur plaisir à les boire, mais aussi à les classer, voire à les hiérarchiser, avec toute la diversité des goûts qu’on imagine. Le commerce leur a donné une prime inévitable, fort variable selon les aléas de l’histoire et de l’économie nationale et internationale, étant largement exportés. L’accumulation de richesse actuelle, à laquelle s’ajoute le snobisme des consommateurs nouveaux riches, en distingue une toute petite minorité et entraîne une spéculation effrayante sur leur prix.
Naguère cinq à dix fois plus chers que le vin de base, les crus les plus réputés peuvent l’être cent fois plus, et même davantage. Au grand désespoir de ceux qui n’ont plus les moyens de les boire, ayant oublié qu’ils ont la chance d’en acheter beaucoup d’autres, qui à leur tour échappent au pouvoir d’achat de buveurs moins favorisés. Pour ce type de vin, la notion de rapport qualité-prix n’a pas de sens dans une société où le marché est libre. On peut certes définir le coût de production de ces vins d’élite. Ce prix se situe pour l’essentiel de leur production dans une fourchette de 10 à 50 euros, selon le type du climat et la générosité des récoltes. Ensuite plus rien n’est contrôlable. Heureusement, on ne spécule pas encore sur tous les vins de grand caractère qui, d’ailleurs, ne sont pas l’objet d’une consommation quotidienne.
On admettra qu’il est bon que leur prix en protège l’usage, en évitant le gaspillage ou la banalisation. Ils sont faits pour le partage et les moments heureux de la vie, forcément liés à une gastronomie de même niveau. On aimerait simplement que leur valeur culturelle et pas seulement économique soit mieux prise en compte par les pouvoirs publics. La dictature, moins scientifique qu’elle ne le prétend, de ceux qui ont en charge les politiques de santé publique continue à les diaboliser. Leur crime est de contenir une proportion d’alcool, produit addictif et dangereux si on en abuse, mais innocent en ce qui les concerne.
On connaît peu de vies écourtées par l’abus de grands crus et on oublie volontairement de préciser tout ce qu’ils apportent de bénéfique à la santé, avec une consommation modérée et éduquée. Bienfaits reconnus, eux, par la science et que quelques médecins lucides continuent à défendre malgré l’omertà des politiques. Le vin dit grand, souvent issu d’une discipline de production plus contrôlée, les possède au plus haut degré. Alors buvons-les modérément, mais sans modération.
Retrouvez la sélection dans En Magnum N°18.
Photo : Si le grand vin est l’expression d’un lieu et pas seulement d’un concept, il a des saisons. Dont l’hiver qui fait tellement de bien aux vignes. Ici, en Bourgogne.©Aurélien Ibanez
Pourquoi lui
Issu d’une coopérative de haut niveau, connue aussi pour faire les vins, ou une partie d’entre eux, de quelques marques célèbres, le champagne Palmer est une pépite assez méconnue. Intéressons-nous.
On l’aime parce que
Tous les vins de la gamme respirent la belle exécution, le savoir-faire, la précision, l’envie d’être tout en haut de l’affiche.