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Le Taittinger, 53e opus, a mis la Saint-Jacques à l’honneur

Lauréat du prix international de cuisine d'auteur Le Taittinger (53e édition), Charles Coulombeau a 27 ans. Photo : Jean-Blaise Hall

Porté par Emmanuel Renaut (Flocons de Sel***, Megève) qui le préside depuis 2013 et récemment rebaptisé “Le Taittinger, prix international de cuisine d’auteur”, l’exigeant concours lancé en 1967 par Claude Taittinger avec pour vocation « préserver le patrimoine gastronomique français en assurant la transmission du savoir-faire auprès de la jeune génération de chefs » a distingué au fil de ses éditions de nombreux cuisiniers devenus stars, tels Joël Robuchon, Michel Roth, Bernard Leprince ou encore Régis Marcon. Ce sont ces «  étoiles de l’histoire française » (dont la liste complète est ) que Charles Coulombeau (photo) vient de rejoindre sur la première marche de ce podium très disputé. Vainqueur pour l’Angleterre, où il travaille depuis 2016 après une formation jalonnée de restaurants étoilés (Maison Lameloise***, Les Prés d’Eugénie***, Les Frères Ibarboure*), ce Landais de 27 ans officie au Gravetye Manor* (East Grinstead) et a déjà participé à plusieurs compétitions gastronomiques, notamment le National Chef of the Year 2019, où il a terminé demi-finaliste.

Le Taittinger nouveau mettra chaque année un unique produit en valeur

Comme ses deux suivants sur le podium, le Français Jérôme Jaegle (L’Alchemille*, Kaysersberg) et le Hollandais Jan Smink (Smink, Wolvega), le lauréat a présenté aux membres du jury, uniquement composé de chefs, deux recettes réalisées pour six personnes. Présentées de façon anonyme, celles-ci ont été notées par deux jurys différents, en cuisine et à table (35 % de la note pour la technique, 35 % pour la découverte gustative, la singularité, 20 % pour l’esthétique et 10 %, la cuisine). Les nouvelles orientations données à ce mythique prix culinaire plaçant désormais au cœur de la compétition un produit unique, c’est la Saint-Jacques qui devait être librement travaillée par les candidats, dans tous les pays. Le thème imposé, dévoilé la veille au soir de la finale, était d’imaginer une recette dont l’intitulé était Pithivier aux légumes de saison. Comme l’explique Emmanuel Renaut, « toute la difficulté du pithivier réside dans la cuisson de la pâte feuilletée qui renferme les précieux légumes », difficulté que Charles Coulombeau a su appréhender «  avec habileté. »

Ci-dessus, la proposition imaginée par Charles Coulombeau autour de la Saint-Jacques : « Saint-Jacques rôties, embeurrée de choux à la truffe noire ; Pressée de légumes, purée de trompettes et crumble de Saint-Jacques ; Millefeuille Saint-Jacques-Truffe-Pomme de terre et choux ; Mousse de Saint-Jacques, céleri rôti et purée de courge butternut ; Saint-Jacques à la Villeroy ; Earl Grey Sauce ; Tuile au corail. » Photo : Jean-Blaise Hall

Du service aux desserts en passant par les accords mets-vins, la table du Taillevent est à nouveau doublement étoilée

David Bizet et Antoine Pétrus, chef et directeur général de la maison Taillevent

Le restaurant Taillevent retrouve sa deuxième étoile et le duo en photo ci-dessus se réjouit de cette distinction qui récompense « l’engagement sincère et exigeant des équipes de cuisine et de salle. » Directeur général des maisons Taillevent (qui font partie du groupe familial Gardinier avec Les Crayères à Reims, Drouant à Paris, etc.), Antoine Pétrus se fait le porte-parole de ses collaborateurs pour remercier les inspecteurs du célèbre guide rouge qui ont salué le travail et l’implication de la brigade menée depuis 2018 par David Bizet. Originaire du Perche, le chef «  allie cuissons justes et dressages rigoureux, offrant une cuisine aussi lisible que généreuse, aussi précise que gourmande. »

Depuis l’an dernier, le Michelin met la pâtisserie à l’honneur, ce qui permet aux desserts du Taillevent de se voir également distingués. Le chef pâtissier de la maison, François Josse, figure parmi les lauréats de la sélection “Passion Dessert 2020 » du guide pour ses créations, issues des grands classiques de la pâtisserie française et « marquées d’une touche résolument actuelle et singulière. » Si le savoir-faire et l’excellence de toute l’équipe de la célèbre table sont ainsi salués, c’est sans nul doute parce qu’est respectée chaque jour la promesse formulée depuis toujours au Taillevent : « L’équilibre parfait entre la salle et la cuisine, l’harmonie idéale entre les vins et les mets. »

Terroirs certifiés et stand éco-friendly, l’engagement durable d’Advini

Investi dans le développement durable depuis toujours et fort de 2 300 hectares de vignobles à 100 % engagés dans une démarche de préservation de leurs terroirs, c’est avec une sélection de plus de 120 références éco-responsables qu’Advini sera présent sur le salon Vinexpo. Au-delà des vins présentés, issus de Bourgogne, du Rhône, de Provence, du Languedoc-Roussillon, du Sud-Ouest, de Bordeaux, d’Afrique du Sud, et tous dotés de labels certifiant de vertueuses pratiques (AB, biodynamie, CAB, HVE, Wieta, Terra Vitis, Vegan ou sans soufre ajouté), cette initiative fera la part belle au partage des convictions d’Advini et ses maisons. Conçu comme une expérience pour les visiteurs, ce stand “éco-friendly”, réutilisable et recyclable, sera entièrement consacré au développement durable et à la responsablité sociétale des entreprises : « Dès l’extérieur le décor est planté avec des vitrines végétales présentant une partie de la sélection de vins (…). A l’intérieur, un espace est dédié à la découverte des principes sociétaux et environnementaux d’Advini grâce à six panneaux explicatifs. »

Les terroirs et leur avenir

Sols vivants, biodiversité, préservation des savoir-faire des hommes et des femmes qui ont façonné les paysages viticoles, l’agroécologie prévaut dans l’ensemble des vignobles Advini : 100 % des propriétés sud-africaines sont certifiées IPW et 74 % des vignobles français sont certifiés HVE. Pour le bio, 50 % des propriétés françaises sont certifiées et 26 % sont en conversion. Partout l’objectif est de diminuer l’impact de l’activité sur la ressource en eau, d’améliorer sa consommation énergétique et de mieux gérer les déchets (minimiser et valoriser). Outre cette contribution à la pérennité des terroirs, à laquelle il faut ajouter les sommes allouées chaque années aux gagnants du concours “Vignerons et terroirs d’avenir”, Advini dévoilera également sur le salon son engagement envers ses collaborateurs – un éventail de vingt-cinq nationalités – et ses différents partenaires : « Assumer notre responsabilité vis-à-vis de notre chaîne d’approvisionnement est une évidence. La qualité, la performance économique et la performance sociétale de nos partenaires sont nos trois dimensions de préoccupation. »

Haute valeur environnementale et viticulture bio au cœur des objectifs de Plaimont

On se félicite d’avoir à rapporter à un rythme aussi soutenu l’obtention dans tel ou tel vignoble de l’hexagone de la certification HVE de niveau 3. Cette fois, ce sont les vignerons pionniers de la coopérative Plaimont qui sont concernés, ce qui représente une surface de 500 hectares de vignes.

Cette belle nouvelle s’accompagne de l’annonce par cette cave emblématique du Sud-Ouest de sa volonté d’augmenter sa production de vins bio, présentée ces jours derniers sur le salon Millésime Bio à Montpellier, une gamme dont fait partie la bouteille en photo ci-dessus : « Soucieux de leur environnement et de leur terroir, les vignerons de Plaimont poursuivent leur engagement sur le plan environnemental face à une demande croissante de leurs clients, partenaires et salariés. »

Aujourd’hui, 2,5 % des vignobles de la cave sont menés en bio et l’objectif est d’accompagner l’ensemble des vignerons vers les certifications HVE et AB via différentes mesures comme l’audit des structures, le soutien technique et financier apporté aux producteurs qui s’engagent en conversion ou encore la survaleur donnée aux raisins bio. D’ici à 2028, il s’agira de convertir à la viticulture bio 80 à 100 hectares par an afin que celle-ci concerne à terme 15 % de la surface totale des vignes.

Des cahors de compétition

Depuis quelques années, cette vieille appellation se refait la cerise. Le jury du Prix Plaisir l’a largement récompensée au concours 2019. Voici son palmarès

Château du Cèdre 2015

C’est qui ?
Les frères Pascal et Jean-Marc Verhaeghe. Pionniers, visionnaires et membres de la joyeuse bande des vignerons qui ont redonné un nouveau souffle à cahors.
C’est bon ?
Tout est question d’équilibre. Celui des sols est primordial pour donner naissance à des cahors élégants et fins. L’archipel du Cèdre, c’est trois îlots de terroirs entre éboulis calcaires et sables argileux. Résultat, un nez typique entre fruits noirs et épices, une bouche structurée mais qui ne manque jamais de gourmandise.
En résumé ?
Le cahors new look par excellence.
14,80 euros
Médaille de bronze 2019

Château Pineraie 2016

C’est qui ?
La famille Burc, cinquième et sixième génération. Les ancêtres possédaient déjà des terres à Cahors au XVe siècle. C’est au tour d’Anne et d’Emmanuelle de reprendre le flambeau et les 50 hectares du vignoble situés sur les différentes terrasses de l’appellation.
C’est bon ?
85 % malbec, 15 % merlot. Un travail du sol sérieux et une viticulture soignée. Un passage dans un peu de chêne neuf donne un nez séduisant et une jolie structure. Voilà un vin qui ne manque pas de jus.
En résumé ?
Quelle fraîcheur pour ce prix !
9 euros
Médaille de bronze 2019

Château La Caminade

C’est qui ?
La quatrième génération de la famille Ressés et une fratrie aux commandes, Dominique et Richard. Caminade signifie presbytère en patois. Celui-ci a été confisqué au clergé à la Révolution Française et sert aujourd’hui de quartier général pour conduire un vignoble de 27 hectares.
C’est bon ?
Un cahors de structure et d’élégance, au fruit mûr. Le côt trouve sur ces terres une fraîcheur qu’il n’a pas toujours dans son autre pays, l’Argentine. Assemblage réussi de malbec, tannat et merlot qui donne un nez précis et frais. A carafer une heure ou deux avant de le servir.
En résumé ?
Autre vin, autre profil, autre médaille. Dans un registre plus gourmand et fruité, Mission est tout aussi recommandable.
La Caminade 2018, 8 euros / médaille d’or 2019
Mission La Caminade 2018, 6 euros / médaille de bronze 2019

Château Nozières, L’Élégance 2016

C’est qui ?
La famille Maradenne qui depuis Viré-sur-Lot conduit un large vignoble de 55 hectares. Ce vaste territoire aux parcelles très différentes lui permet de signer des vins digestes qui sont aussi élevés intelligemment.
C’est bon ?
Un 100 % malbec issu d’une vieille parcelle pour donner un cahors de matière sur les fruits noirs et l’encens. Un vrai vin de garde, il faudra l’attendre quelques années avant que sa bouche intense et tannique ne se patine un peu.
En résumé ?
Tout ce qu’on veut, tout ce qu’on aime.
15,50 euros
Médaille d’or 2019

Domaine Les Gravalous, Tradition 2015

C’est qui ?
Hervé Fabbro depuis Pescadoires. Le domaine a été longtemps une ferme davantage tournée vers la polyculture que vers la culture de la vigne. Aujourd’hui, c’est 26 hectares situés sur les meilleurs terroirs de l’appellation.
C’est bon ?
Malbec sur grave, élevé dans le béton pour plus de fruit. Encore un peu sur la réserve, voilà un vin avec beaucoup de fraîcheur et d’équilibre. Facile à boire dans sa jeunesse, il gagne aussi à être attendu.
En résumé ?
Quand c’est bon, il faut le dire.
6 euros
Médaille d’or 2019

Et aussi…

Les Vignobles Saint-Didier Parnac, Mission de Prieuré 2017
Très joli vin, bien équilibré, aux tannins souples. Une gourmandise en bouche.
8,50 euros / médaille d’or

Les 3 Lodges, le Clos 2018
Un vin souple et plein de jus, parfait entre copains, gouleyant à souhait.
7,90 euros / médaille d’argent

Tous les charmes de Kirwan

Maintes fois récompensé pour ses propositions en la matière, le château Kirwan, troisième grand cru classé en 1855 mené par la famille Schÿler depuis quatre générations, continue à inviter ses visiteurs à de nouvelles expériences (et toujours en cinq langues). Récipiendaire de six Best of Wine Tourism dans les catégories “Architecture et paysages”, “Découvertes et innovations” et “Arts et culture”, la propriété margalaise – qui propose avec les châteaux Lascombes et Marquis de Terme un tour en side-car dont nous vous avions parlé ici – fait la part belle à la gourmandise en cette rentrée 2020.

Après les accords parfaits, la collaboration du château avec la chocolatière bordelaise Hasnaâ Ferreira se poursuit au long d’un nouvel atelier invitant les visiteurs à découvrir la confection du chocolat de la fève à la confiserie en passant par la tablette : « Écabossage, fermentation, torréfaction, dégustation, etc. La fabrication du chocolat a beaucoup en commun avec la production de vin. Exigence et précision sont les maîtres mots de ces savoir-faire ancestraux. » Une dégustation d’une durée de 2 h 30 qui s’accompagne de deux millésimes du château (69 euros par personne, sur réservation).

Une autre nouveauté attend les palais curieux avec la plongée de près de trois heures au cœur des traditions culinaires japonaises proposée par la chef Junko Sakurai, « occasion d’abattre les clichés qui pèsent sur cette cuisine méconnue et d’apprendre à la marier à une sélection de millésimes du grand vin de Kirwan » (ateliers au choix, 121 euros par personne : karaagé ; gyoza et ramen ; soba et tempura ; végétarien ; sushi). Enfin, mais il faudra patienter jusqu’aux beaux jours, le château Kirwan proposera un brunch chaque troisième dimanche du mois à partir du mois de mai (40 euros par personne).

Tous les ateliers, visites et dégustations proposés au château Kirwan au fil des saisons à la vigne sont à découvrir ici.

L’inconnu au terroir magique

Robert Parker qualifiait ce genre de vin de Sleeper of the year. Nous dirons qu’il est l’étoile montante d’un ciel très chargé en étoiles. Quelques heures avec Justin Onclin, longtemps négociant et propriétaire depuis 2007, ont confirmé toutes nos impressions. Il est aussi le propriétaire, heureux semble-t-il, de Château Branas-Grand-Poujeaux à Moulis. Ici, il nous raconte le château Villemaurine à Saint-Émilion et Thierry Desseauve nous raconte le vin.

Vu d’en dessous
« Historiquement, la propriété est très peu connue. Les locaux la connaissaient un peu pour les carrières souterraines qui sont superbes. À l’époque, il y avait de très grandes fêtes ici. Beaucoup de gens se souviennent de Villemaurine parce qu’ils ont assisté à des réceptions avec 1 000 ou 2 000 personnes. Aujourd’hui, la mairie n’autorise plus ça. »

Photos : Leif Carlsson

La Provence encore plus bio

©Hervé Fabre

Avec pour objectif l’obtention de la certification AB pour le millésime 2022, les châteaux Sainte Roseline et des Demoiselles, deux propriétés de l’appellation côtes-de-provence en photo ci-dessous et ci-dessus, sont en cours de conversion à la viticulture bio. Déjà récipiendaires de la certification HVE de niveau 3 en septembre dernier, ces vignobles vont voir se renforcer les efforts menés par les équipes en charge : «  Aurélie Bertin, les actionnaires, et le comité de direction de la SCEA Château Sainte Roseline et de la SCEA Château des Demoiselles annoncent avoir débuté les démarches depuis août 2019 pour convertir les deux entités à l’agriculture biologique.(…) Les outils techniques de vinification répondront eux aux critères Ecocert (l’organisme certificateur, ndlr) à compter de 2021. »

Illustration de « la quête constante de qualité menée par les équipes techniques du château Sainte Roseline et du château des Demoiselles tant dans leurs méthodes culturales que dans l’élaboration des vins », ce processus d’ajustement à des pratiques encore plus vertueuses, qui induit de profonds changements, prendra entre 18 et 24 mois. Co-propriétaire de ces deux domaines menés jusqu’alors en agriculture raisonnée, Aurélie Bertin estime que la certification bio témoignera de façon encore plus concrète de leur participation « à l’effort environnemental démontré par le monde agricole. » Cette conversion s’inscrit dans un projet global de responsabilité sociétale d’entreprise, celui du label “Vignerons en développement durable”, également en cours d’obtention.

©Hervé Fabre

Un dîner 12 étoiles

Quatre chefs parmi les plus réputés de leur génération proposent, à l’initiative des Guides Lebey, ce que l’on peut vraiment nommer le Dîner de l’année. Au Pavillon Gabriel, à Paris près des Champs-Élysées, chaque chef multi étoilé proposera le temps d’une soirée inédite et exceptionnelle, son plat « signature » accompagné de vins sélectionnés par Bettane+Desseauve, le tout orchestré comme une ode au meilleur de la culture gastronomique française.

L’Italie invité d’honneur
Pas une semaine sans que n’ouvre à Paris une nouvelle adresse dédiée à la gastronomie italienne, de la simple pizzeria à la table gastronomique. Pour célébrer cette histoire d’amour entre Paris et l’Italie, il est demandé cette année à Raffaele Alajmo, l’un des cuisiniers italiens les plus réputés, chef du trois étoiles Le Calandre, de signer un plat du Dîner.

Palmarès des meilleurs plats
La soirée débutera avec le Palmarès Lebey des Meilleures créations culinaires 2019. Le palmarès des Meilleures Créations de l’Année récompense uniquement le goût, la technique et la beauté d’un plat. Pour cette septième édition, en visitant les 1 200 établissements référencés dans le Guide Lebey, les enquêteurs ont eu une nouvelle fois pour mission de repérer ces plats qui enthousiasment, étonnent et réjouissent. Avec à la clé, une sélection réunissant seize plats et huit prix pour les meilleurs. Et pour la première fois, en partenariat avec De Cecco, sera remis le prix de la meilleure table italienne 2020 de Paris.

Une pluie d’étoilés
Après la remise des prix, le Dîner permet de déguster les mets de quatre chefs incontournables, chacun signant et préparant un plat qui a fait sa réputation :
Frédéric Anton, Le Pré Catelan – 75016 Paris (3*)
Guy Savoy, Restaurant Guy Savoy – 75006 Paris (3*)
Raffaele Alajmo, Le Calandre – Rubano, Italie (3*)
Julien Alvarez, Épicure / Le Bristol – 75008 Paris (3*)
Le Dîner est suivi d’un after durant lequel les bartenders les plus pointus de Paris présenteront leur dernière création.

Et pour ceux qui le souhaitent : un atelier dégustation cigares est organisé en partenariat avec  l’Amateur de cigares à 19 :45 lors du cocktail et à 23 :15 après le dîner (uniquement sur réservation).

Quand ?
Le 23 mars 2020

Où ?
Pavillon Gabriel, Potel & Chabot – 5, avenue Gabriel, 75008 Paris
Remise du Palmarès : à partir de 18 :00
Cocktail : 19 :00 // Le Dîner : 20 :00 // After de 23 :00 à 1 :00

Infos
https://www.lexcellencegastronomique.com/levenement/

Billetterie
https://www.weezevent.com/l-excellence-gastronomique

La vidéo du grand dîner 2019

Le malbec, bon pied, bon œil

Le malbec est en pleine forme dans le monde entier. Mais pas n’importe où. Notre dégustateur en chef aime beaucoup. avec circonspection.

Au XIXe siècle, avant les ravages du phylloxera, il couvrait plus d’un tiers du vignoble de la Gironde et le tout aussi large vignoble des collines du Lot. Il semble avoir eu du mal à s’adapter à l’obligation du greffage sur bois américain en France en perdant peu à peu ce qui faisait son renom, l’intensité de couleur et d’arôme dans le vin et un velouté de texture qui permettait d’assouplir la rigueur des cabernets et de donner de la chair aux merlots. Sa complicité particulière avec ces derniers explique sa plus forte présence sur la rive droite de la Garonne, particulièrement à Saint-Emilion et Pomerol. Le greffage avait aussi renforcé sa tendance naturelle à couler lors de floraisons humides ou froides ainsi que sa sensibilité au gel de printemps, Cahors en a subi les conséquences une fois de plus en 2019.

L’Argentine le fait découvrir au monde
On l’a donc peu à peu déplanté, surtout après le terrible gel de février 1956, mais il a résisté à Cahors en raison d’un microclimat plus continental qu’à Bordeaux, qui en favorise la maturité tout en rendant plus difficile celle des cépages dits bordelais. En revanche, en Argentine, à l’instigation du gouverneur de Mendoza Pedro Pascual Segura, sur les conseils de l’agronome français Michel Aimé Pouget qui l’avait importé de Saint-Emilion vers 1865 et devant la supériorité affichée des vins produits par rapports à ceux des criollas plantés par les conquistadors espagnols, il conquiert peu à peu toute cette région, sur ses racines propres, sur des sols sableux, sans présence de phylloxera. Les experts français consultés par les autorités locales sont aussi les premiers à se rendre compte de sa capacité à donner des vins plus complexes en altitude élevée, sur les contreforts des montagnes andines. C’est donc l’Argentine qui va le faire mieux connaître du monde entier par la qualité et le volume des vins produits, avec plus de 16 000 hectares plantés. Au point qu’on en oublie souvent hors de France son origine française. Un peu tard, mais mieux vaut ça que jamais, les vignerons de Cahors retrouvent leur fierté et ne cachent plus la présence ni le nom de leur cépage principal, dévalué à Bordeaux – cela commence heureusement à changer depuis peu –, mais seule une fraction des 4 000 hectares plantés atteint le niveau et la réputation des meilleurs vins argentins ou même chiliens.

Appelez-le auxerrois, césar, noir de Pressac, côt…
Si j’ai tu son nom jusqu’ici, c’est parce que la science le nomme différemment des usages commerciaux. Avant son introduction à Bordeaux, on le nomme auxerrois dans le Lot, où il semble planté bien avant le XVIe siècle. Deux hypothèses expliquent ce nom, la première, locale, en fait l’affadissement sonore et orthographique de Haute-Serre, terroir privilégié du causse cadurcien. La seconde, qui a largement la préférence des experts, se comprend facilement par la présence des religieux bourguignons dans les vignobles du Sud-Ouest et surtout par l’importation de ce cépage, cette fois sous le nom de césar, aux portes d’Auxerre. A Bordeaux il prend deux noms : sur la rive droite, on le nomme noir de Pressac, en raison de la couleur de son vin (provenant bien entendu de vignes non greffées) et peut-être du rôle du château de Pressac dans sa diffusion. Sur la rive gauche, il prend vite le nom de malbec, sous lequel il sera désormais universellement connu, soit parce que les oiseaux n’aiment pas sa peau, soit en rapport avec un vigneron du même nom, Malbec étant un nom de famille assez répandu dans la région. Mais pour un agronome, il portera toujours le nom de côt sous lequel on continue à l’appeler dans la Loire. La famille des cotoïdes est certainement une adaptation localisée dans le Sud-Ouest de vitis vinifera. Un cépage très proche par son apparence et nommé prunelard existait depuis de nombreux siècles à Gaillac. Il avait peu à peu disparu, mais la qualité de son vin a encouragé les jeunes viticulteurs locaux à le replanter à nouveau. D’autant que les dernières découvertes de l’analyse génétique du malbec font du prunelard l’un de ses deux géniteurs. Le second étant le très rare cépage magdeleine des Charentes, un des deux géniteurs (ou génitrice, pour être politiquement correct) du merlot, tiens donc ! Il y aurait même des éléments communs entre le prunelard et le pinot noir. La reconstitution par l’analyse génétique du puzzle complexe de notre encépagement français devient de plus en plus passionnante et montre qu’il n’y a aucun hasard dans le choix des cépages plantés, la compatibilité et la complémentarité de leurs vins.

A chaque terroir son malbec
Le malbec moderne se divise donc en deux grandes familles. Les vignes de variétés anciennes concentrent sur les grès andins, dépassant largement 1 000 mètres en altitude, le jus de leurs baies, à condition de maîtriser l’irrigation nécessaire en raison de l’absence de pluies d’été. Les sols les plus pierreux et les plus riches en oligo-éléments donnent des vins d’une rare intensité colorante, d’une richesse de constitution étonnante qui peut conduire à un niveau d’alcool trop élevé (15° ou plus) et à une sucrosité dans le goût qui plaira aux uns et déplaira aux autres. L’adresse du vinificateur et son goût personnel détermineront les équilibres recherchés. Sur des sols plus riches et plus irrigués, les vins de ce type de vignes perdent très vite leur cachet. En France, on n’a pas vraiment à mon sens résolu la question du ou des porte-greffes les mieux adaptés, faute de moyens financiers dans la recherche ou, hélas, de volonté et de manque d’ambition dans une interprofession recherchant plus le rendement que la qualité. Mais il existe un ou deux clones de haute qualité, comme le clone 594, et surtout quelques vieilles vignes dans le Lot qui permettent au vigneron idéaliste de faire des sélections massales intéressantes. Il lui faut alors adopter une viticulture exigeante pour combattre la vigueur des jeunes vignes et surtout leur permettre un enracinement et une nutrition capables d’exprimer tout le potentiel du sol.

Différence d’équilibre
Les graves des meilleures terrasses alluvionnaires du Lot, le calcaire des secteurs appelés sidérolitiques (en référence au rouge ferrugineux des sols) ou des calcaires du Bourgeais-Blayais donnent des équilibres différents de ceux d’Amérique du Sud : un peu moins d’alcool (mais souvent 14° quand même), un peu moins de noirceur dans la robe (sauf si l’on chauffe les moûts pour produire un vin « noir »), un peu plus de fraîcheur dans les arômes floraux de violette et, à mon sens, plus de complexité au vieillissement dans l’intégration du tannin à la texture du vin. Dans les zones septentrionales comme la Touraine, le côt perd son velouté de texture et un peu de sa persistance, mais gagne en facilité à être bu et apprécié immédiatement, ce qui explique son succès grandissant. à Irancy le césar se fait vraiment rare (bien moins de 10 % de l’encépagement), mais quand il s’ajoute en proportion suffisante aux raisins de pinot noir, le vin gagne incontestablement en richesse de matière et en longévité. La même compatibilité existe avec le merlot en Bordelais et j’espère que certains vignerons courageux le comprendront. J’aimerais aussi qu’à Cahors on introduise le cabernet franc qui, sur certains sols et certaines expositions, devrait être un meilleur faire-valoir du malbec que le merlot et le tannat, autorisés dès la création du décret d’appellation. De toutes petites productions de malbec se multiplient en Amérique du Nord, en Europe centrale, en Italie, en Afrique du Sud et en Australie. L’avenir devrait nous donner d’autres approches et d’autres nuances que celles que nous connaissons et apprécions déjà.

Cet article est paru dans En Magnum #16.