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Jean-Bernard Delmas s’est éteint

Jean-Bernard Delmas a été l’un des grands hommes du vin de Bordeaux, à la suite de son père Georges Delmas, à la direction du château Haut-Brion. Il fut certainement celui qui donna l’éclat le plus brillant à cette fonction d’administrateur de grand cru, qu’il occupa de 1961 à 2004. Jean-Bernard Delmas modernisa tout autant les installations de vinification de la propriété que l’image de marque du plus ancien des grands crus de Bordeaux. Il porta une attention très particulière à la viticulture et à l’ampélographie de ce domaine au terroir extrêmement spécifique et dont la situation géographique au sein même de l’agglomération bordelaise le rendait plus précoce que beaucoup d‘autres. Après avoir transmis le témoin en 2004 à son fils Jean-Philippe Delmas, cet homme à la personnalité aussi séduisante qu’impérieuse entama une seconde carrière en aidant la famille Bouygues à comprendre et à relancer le château Montrose, à Saint-Estèphe.
Toute l’équipe de Bettane+Desseauve adresse ses plus sincères condoléances à la famille et aux proches de Jean-Bernard Delmas.

Légende photo : Jean-Bernard Delmas, en compagnie de Michel Bettane, lors d’une dégustation en 2010.

La Paulée de la côte chalonnaise fête ses 20 ans

Confréries viticoles, vignerons, restaurateurs et commerçants de Châlon-sur-Saône s’apprêtent à célébrer avec les amateurs les vingt ans de leur paulée, traditionnelle fête de fin de vendanges qui fait ici une place toute particulière à la photographie, la ville ayant vu naître Nicéphore Niépce. Du vendredi 18 au dimanche 20 octobre, cette session anniversaire donnera lieu à de nombreuses festivités rendant hommage au travail de la vigne et au patrimoine, notamment gastronomique, de la région.

Les différentes dégustations mettront à l’honneur ses cinq appellations villages (bouzeron, givry, mercurey, montagny et rully) et deux appellations régionales (bourgogne-côte-chalonnaise et crémant de Bourgogne) et une exposition à ciel ouvert permettra au public de découvrir des extraits de l’ouvrage signé par le photographe Jon Wyand et l’écrivain Emmanuel Mère, 4 Saisons en côte chalonnaise – Au hasard des rencontres (Bamboo Edition). Les deux auteurs seront par ailleurs présents pour dédicacer leur livre (L’Antre des Bulles, samedi de 10 h à 13 h et de 15 h à 19 h).

Pour finir, ce week-end sera également l’occasion de découvrir les dix-huit clichés sélectionnés par le jury du concours organisé comme chaque année en amont de la Paulée. Le thème de cette vingtième édition était Le vin, une véritable tradition et les photos seront accrochées quai Gambetta jusqu’à la mi-novembre. Pour tout savoir des différents défilés, intronisations et autre chasse aux trésors qui émaillent le programme de cette session 2019, rendez-vous sur le site de la Paulée de la côte châlonnaise.

Au Taillevent, Éric Dupond-Moretti défend la cuisine et le vin


Eric Dupont-Moretti et Antoine Pétrus

Chaque année, le restaurant Le Taillevent propose aux gastronomes un menu en cinq temps autour de cinq vins, inspiré par Curnonsky et créé chaque fois par une personnalité différente. En cet automne 2019, c’est le ténor du barreau Eric Dupond-Moretti qui s’est prêté au jeu. Le célèbre avocat pénaliste, qui compte autant de fans que de détracteurs, n’a de cesse de défendre la présomption d’innocence et le droit à une juste peine. « Je défends des hommes, pas des crimes », dit-il. Et c’est bien parce qu’il nous rappelle sans cesse que dans un Etat de droit, tout homme, quel que soit son crime, peut et doit être défendu, que les frères Gardinier, qui partagent cette conviction profonde et sont « sincèrement attachés à ce principe fondateur de la démocratie », ont invité ce fin gourmet à s’exprimer.

« Le caractère universel de sa vocation trouve un écho dans notre culture latine, qui défend cet art de vivre qui nous est si cher, célébrant la gastronomie, le terroir, la vigne et le vin. (…) Éric Dupond-Moretti est un véritable hédoniste qui se définit parfois lui-même comme un anarchiste épicurien. Curieux, gourmand, passionné. Il aime manger, cuisiner, des pâtes bien sûr, clin d’œil à ses racines italiennes. Sa cave abrite les vins qu’il aime, des vins de souvenirs souvent, et ses choix sont sûrs, précis, affirmés. » Dans le livre de cave du Taillevent, Eric Dupond-Moretti a donc choisi cinq vins autour desquels David Bizet a imaginé le menu détaillé ci-après (lancé, précisons-le, par un champagne choisi par Antoine Pétrus parce qu’« il ouvre aux plaisirs de la table », le brut Réserve de Charles Heidsieck en magnum).

Quand on lui demande pourquoi il a accepté ce projet, Eric Dupond-Moretti répond ceci : « Parce que c’est un honneur. Le Taillevent, c’est une maison très prestigieuse. Parce que je connais Antoine Pétrus, qu’il est deux fois meilleur ouvrier de France, que c’est un garçon très attachant. Et parce que je suis un fou de cuisine et de vin. » Avec ce dernier, il confie entretenir un rapport tendre : « Je pense véritablement qu’au-delà du plaisir que l’on peut avoir à déguster un vin, il est un révélateur des êtres. »

Les 5 de Dupond-Moretti, jusqu’au 29 novembre
Menu avec l’accord mets-vins, 350 euros

Verdicchio di Matelica 2018, ColleStefano
Langoustine Royale aux écorces d’agrumes, Crémeux iodé au beurre salé


Eric Dupond-Moretti :
« C’est au détour d’une conversation avec Antoine Pétrus que j’ai appris que le village de ma mère, en Italie, produisait du vin. Je ne le savais pas. C’était au Drouant, et il m’a fait découvrir ce vin. Je l’ai aimé avec évidence. »
Antoine Pétrus :
« Dans cette alliance, nous avons recherché la pureté du vin au cœur de l’iode intense de cette préparation. »

Clos Canarelli 2018, AOC corse Figari
Saint-Pierre à la poutargue, Jus de crevette grise, jeunes carottes au curcuma


Eric Dupond-Moretti :
« J’ai une longue histoire judiciaire et personnelle avec la Corse… Je trouve que les Corses ont fait de gigantesques progrès en matière d’élevage de vin, et celui-là est un vin qui m’enchante. »
Antoine Pétrus :
« Un vin solaire et savoureux, cette assiette appelant naturellement un grand blanc de l’Île de Beauté. »

Château Pape Clément 2012, AOC pessac-léognan
Perdreau de chasse à l’étouffée de garrigue, Foie gras fumé, chou rouge et granny smith


Eric Dupond-Moretti :
« C’est une histoire très particulière. Pape Clément 1961 avait été classé 100/100 par Parker et il y a un homme, qui aime le vin et qui m’aime, qui a eu l’idée de m’en offrir, il y a longtemps. J’ai bu la dernière bouteille avec mon ami Alain Furbury, qui est mon maître et mon mentor, et qui nous a quittés en 1999. J’aime ce vin. Si mon fils se prénomme Clément, c’est évidemment pour la vertu, mais c’est aussi un peu grâce à ce vin ! Et disons-le, j’ai une immense admiration pour Bernard Magrez, dont le parcours m’impressionne. »
Antoine Pétrus :
« C’est le talent de David Bizet qui s’exprime ici. Grande saveur, parfums encrés, idéaux pour l’élégance naturelle du pape-clément. »

Château Bouscassé « Vieilles Vignes » 1995, AOC madiran
Râble rôti et épaule de lièvre confite, Lait de bufflonne à la truffe et céleri branche


Eric Dupond-Moretti :
« Un souvenir d’acquittement à Toulouse, toujours avec Alain Furbury, il y a longtemps. C’est là que j’ai découvert le madiran, et Château Bouscassé en particulier. J’ai aimé ce vin. C’est un vin qui est charpenté, un vin de soleil. J’apprécie l’expression originale de son cépage : le tannat. »
Antoine Pétrus :
« Un flacon à maturité, résumant ce que son terroir et son signataire savent offrir de meilleur. Sa puissance civilisée est à l’image d’Eric Dupond-Moretti et sied à la chair délicate du lièvre. »

Pedro Ximenez 1986, Bodegas Toro Albala (servi en magnum)
Tarte soufflée noisette gianduja, Gingembre confit, sudachi givré


Eric Dupond-Moretti :
« C’est une petite trouvaille récente, qui enchante mes papilles. Ce vin fait maintenant partie de mon panthéon. »
Antoine Pétrus :
« Détour en terre ibérique, un vin de paroxysme, infiniment suave, délicat dans son parfum. Un vin de gourmand. Même approche de goût sur le dessert chocolaté. »

La Tour Carnet 2019 : le grand prix décerné à l’écrivain Mario Vargas Llosa

Après Michel Houellebecq, c’est au tour de l’écrivain Mario Vargas Llosa, Nobel de littérature 2010 et l’un des rares auteurs publiés de leur vivant dans la collection de La Pléïade, de se voir récompensé par le grand prix Château La Tour Carnet. L’édition 2019 de cette distinction littéraire créée par la fondation Bernard Magrez lui sera décernée ce soir à Paris.

Placée sous le haut patronage de Michel de Montaigne, dont la famille était propriétaire de La Tour Carnet, cette récompense témoigne de la volonté de Bernard Magrez de saluer l’ensemble d’une œuvre et complète ses actions en faveur de l’émergence de jeunes artistes, notamment en leur confiant d’historiques instruments de musique.

Cette soirée de remise sera ainsi accompagnée par un concert de musique classique donné par Nicolas Dautricourt, Lise Berthaud et Camille Thomas, jouant respectivement avec un violon Stradivarius de 1713, un alto Cassini de 1660 et un violoncelle Gagliano de 1788.

Au château de Versailles, l’histoire est aussi racontée par les arbres

Chêne pédonculé des avant-cours (Quercus robur). Planté en 1668, il mesure 36 mètres de haut. Photo : EPV - Didier Saulnier

Parcours conçu grâce au mécénat de la maison de cognac Rémy Martin, qui porte un intérêt tout particulier aux chênes, « matériau nécessaire et exclusif du vieillissement de ses eaux-de-vie », la nouvelle promenade proposée depuis peu par le château de Versailles (et commentée en trois langues, français, anglais et espagnol, sur son application) a été baptisé “Arbres admirables”. Admirables de beauté, sans aucun doute, admirables d’éternité aussi, tant ils ont su défier le temps et ses aléas. Pas tous, évidemment, et s’il faut trouver un point positif à cette terrible tempête de 1999 qui a mis à mal des siècles de racines*, c’est bien d’avoir généré une prise de conscience générale quant à la préservation de ce précieux patrimoine végétal.

L’élan de solidarité qui a suivi a permis le renouvellement de plantations fatiguées et une reconstitution des jardins proche de leur dessin d’origine. Le domaine de Versailles est aujourd’hui dans un bon état sanitaire et quelle plus belle saison que l’automne pour venir admirer les spécimens les plus remarquables identifiés par ses jardiniers ? Des jardins à la française situés devant le château au jardin anglais de Trianon, une trentaine d’arbres ont été recensés comme sujets exceptionnels par leur âge, leur dimension et leur beauté. « Composé à l’origine essentiellement de tilleuls et de marronniers issus des forêts avoisinantes, le patrimoine arboré de Versailles s’est enrichi au fil des siècles d’espèces rares provenant de lointaines contrées : tulipier et genévrier de Virginie, sophora du Japon, catalpa de Chine. »

Ce premier engagement de Rémy Martin auprès du château de Versailles est autant une mise à l’honneur de préoccupations communes, « les savoir-faire d’excellence et leur transmission », que le fruit de la longue histoire de cette maison fondée en 1724 : « Tandis que des naturalistes parmi les plus illustres partaient découvrir le monde pour apporter aux rois de France des essences d’arbres jamais vues en Europe, la maison Rémy Martin se faisait connaître en Asie, dans les Amériques et en Russie. » Prolongement de l’histoire architecturale du château (planté en 1668, le chêne en photo ci-dessus est un contemporain de Louis XIV), cet itinéraire balisé inauguré la semaine dernière est accompagné d’une publication disponible dans les boutiques du château et en librairie.

Versailles, côté jardins :

800, le nombre d’hectares
(432 hectares pour le grand parc, 96 pour le domaine de Trianon, 77 hectares pour le jardin et ses bosquets)

350 000, le nombre d’arbres
(dont 700 topiaires de 67 formes différentes et 1 500 arbres en caisse dans l’Orangerie)

300 000, le nombre de fleurs plantées chaque année

(dont 260 000 produites dans les serres du domaine)

Les Arbres admirables du domaine de Versailles, Reliefs Éditions, 14 euros

Ci-dessus et ci-dessous, un sophora pleureur planté en 1920 (Styphnolobium japonicum ‘pendula’). Photos : EPV – Didier Saulnier

* 18 500 arbres ont été irrémédiablement mutilés ou détruits dans la nuit du 25 au 26 décembre 1999. Des arbres plantés aux XVII et XVIIIe siècles ont été abattus, comme le tulipier de Virginie planté sous Marie-Antoinette et le pin de Corse, dernier témoin du séjour de Napoléon au Petit Trianon.

Un joli bordeaux à un prix (très) normal

Château d’Agassac, haut-médoc 2015

Pourquoi lui
Avant le vin, il y a le château, une merveille du genre. On se dit qu’un lieu pareil abrite une de ces pépites dont Bordeaux a le secret.

On l’aime parce que
Nous aimons beaucoup ces Bordelais qui sont montés dans le train qui mène vers l’excellence, qui s’y dévouent corps et âme, qui y parviennent. C’est un de ces bordeaux de l’ombre qui, sans tambour ni trompette, fait le job et garantit aux amateurs une qualité constante et un prix normal.

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Bordeaux Vineam, l’exigence du bio et de la transparence

Avec 270 hectares certifiés AB dans différentes appellations du vignoble bordelais, Bordeaux Vineam est un acteur majeur du bio à Bordeaux. Si tous ses vignobles sont en outre certifiés HVE (pour haute valeur environnementale), trois de ses propriétés ont récemment reçu leur certification en agriculture biodynamique (Demeter), les trois autres étant en période de conversion. Dès 2017, le groupe était certifié ISO 14001 et HVE de niveau 3 sur trois de ses cinq propriétés. « La sixième, le château La Salagre à Bergerac, fête son vingtième anniversaire en bio et est certifiée ISO 14001 depuis 2018 et HVE. » Ces certifications environnementales exigeantes réclament, rappelons-le, la mise en place d’indicateurs de résultats concernant la consommation (eau, gaz, électricité), la gestion des déchets, la biodiversité, la stratégie phytosanitaire et la gestion de la fertilisation.

Viticulture durable et transparente

Sur cette route des bonnes pratiques pour l’environnement, les consommateurs, les fournisseurs et « toutes les parties prenantes et intéressées gravitant autour de Bordeaux Vineam », un nouveau jalon vient d’être posé avec l’obtention des certifications IFS (International Featured Standard) et BRC (British Retail Consortium) par le château Bourdicotte, situé en AOC entre-deux-mers. Avec ces deux gages importants de transparence pour les distributeurs européens, la structure se positionne comme étant le premier producteur viticole en Aquitaine à offrir un tel niveau de certification. Jean-Baptiste Soula, le directeur général de Bordeaux Vineam, explique que cette double certification accompagne la volonté du groupe de conquérir toujours plus de marchés à l’international : « Nos voisins européens sont très exigeants sur la maîtrise des processus et la qualité des vins que nous exportons, c’est donc une suite logique dans notre développement. »

Les racines de la maison Ruinart sont à Paris (pour quelques jours)

C’est dans le deuxième arrondissement de Paris que sera installé les 10 et 11 octobre prochains le désormais traditionnel lieu éphémère autour des savoir-faire de l’historique maison de champagne Ruinart : « Inspirée par la vision de l’artiste de l’année, Vik Muniz, la Maison 1729 illustre les relations profondes entre l’homme et la nature, les artisans et la vigne, autour du thème des racines. » Ces deux journées permettront aux amateurs de découvrir l’histoire et le patrimoine de la maison au fil d’expériences de dégustation et d’accords mets et vins.

Inspirations végétales et cuvées phares de Ruinart

La chef résidente de la maison Ruinart à Reims, Valérie Radou, proposera ainsi aux gourmets de réaliser à ses côtés deux recettes mettant à l’honneur deux cuvées emblématiques de la maison, Ruinart Blanc de Blancs et Ruinart Rosé (120 euros par personne). L’expérience étant limitée à quinze personnes, on songera à réserver au plus vite ici. Idem pour l’atelier d’œnologie qui offrira à ses vingt participants une dégustation comparative de différentes cuvées de Ruinart. En duo, le blanc de blanc et le rosé de la maison. En trio, les champagnes millésimés 2010, 2009 et 2009 en magnum (90 euros par personne).

Au château Angélus, le millésime 2019 est surnommé le flamboyant

Stéphanie de Boüard-Rivoal, Jean-Bernard Grenié et Hubert de Boüard de Laforest entourés de l'équipe 2019

Accompagné de photos du vignoble et de l’équipe en 2019 et en 1967, nous reproduisons ici le compte-rendu des vendanges en cours dans le premier grand cru classé A de Saint-Emilion, désormais mené en bio. Ces raisins de 2019 permettront à Hubert de Boüard de signer son 35e millésime à Angélus.

« Les vendanges ont commencé le 18 septembre sur les plus jeunes vignes et, pour une question d’équilibre alcool-acidité, le 23 sur les merlots. Les réserves en eau accumulées pendant le printemps se sont avérées essentielles pour cet été qui a basculé aux premiers jours de juillet. Un été surprenant, chaud, sec et ensoleillé qui semble ne jamais devoir s’arrêter. Un été pendant lequel les grands terroirs argilo-calcaires d’Angélus se sont comportés de façon incroyable, permettant une alimentation régulière en eau.

Pour notre deuxième année de conversion en agriculture biologique, grâce aux grandes compétences de nos équipes, nous avons pu respecter des doses de cuivre inférieures à la norme. Nos vignes sont magnifiques. Les pluies de dimanche et du début de semaine ont permis d’améliorer la maturité phénolique et d’optimiser l’équilibre des jus en sucre. Les merlots vendangés (…) sont exceptionnels en dégustation, en épaisseur de peau et en aromatiques. Ils laissent présager une qualité digne de millésimes mythiques.

Il nous reste à espérer deux semaines de temps clément pour permettre aux cabernets franc et sauvignon d’arriver sereinement à maturité. Peut-être alors s’agira-t-il à Bordeaux d’un nouveau millésime d’anthologie. A suivre. »

Au centre du premier plan, Hubert de Boüard de Laforest et Hélène Grenié de Boüard, sa cousine. Stéphanie de Boüard-Rivoal raconte : « A l’occasion des vendanges 1967, mon père Hubert de Boüard, observe et apprend aux côtés de sa cousine Hélène Grenié de Boüard, avant de prendre la main en 1985. Entre-temps une évolution, qui avait tout d’une révolution, aura mené Angélus vers les sommets d’une viticulture d’excellence, portée par la passion et l’engagement sans faille d’une famille et de ses équipes pour exalter un terroir d’exception. »

Vendangeur d’un jour

« Tout ce que ce beau mot de vendanges semble promettre » (Colette), il est possible d’aller le vivre de près dans un certain nombre de domaines. Goûter les grains dodus, gorgés de jus, couper quelques grappes, suivre leur parcours du tri jusqu’à la mise en cuve, partager des moments de fête avec le vigneron et son équipe. Il y a beaucoup à apprendre et cela donne un petit supplément d’âme au nouveau millésime. À vos sécateurs, prêts, partez

par Pascale Cassagnes

Le diplôme est au bout du rang 
C’est en passe de devenir une tradition en Alsace. De septembre à fin octobre, un certain nombre de domaines, dont Beck Francis & Fils à Epfig, Wach à Andlau, Schlumberger à Guebwiller ou encore Specht à Mittelwihr, invitent les amoureux de la vigne à partager l’expérience des vendanges. Une petite introduction théorique est utile – présentation des cépages, explication des indices de maturité, etc. – avant d’entrer dans le rythme de la récolte, suivie du pressurage, de la dégustation du moût et d’un repas bien mérité. À la clé, le diplôme de « vendangeur d’un jour ».

L’un des tout derniers bordeaux des îles
Une vigne comme un coquillage posée au milieu des eaux : l’île Margaux est la dernière des îles de l’estuaire qui s’égrènent entre le bec d’Ambès et Pauillac où l’on produit encore du vin. Dans un microclimat rythmé par les marées et sur un terroir original d’argiles bleues litées de sable, 14 hectares de merlot, cabernet-sauvignon, petit verdot, malbec et cabernet franc sont cultivés en bio. « Un vrai conservatoire du vin de Bordeaux », se targue le propriétaire, Gérard Favarel, qui ouvre sa petite île chaque année en septembre pour accueillir – et embarquer – les vendangeurs.
Domaine de l’Ile Margaux – Bordemer, 33460 Margaux-Cantenac

Dans la peau d’un vigneron du Médoc
Entre Margaux et Saint-Julien, les 40 hectares de vignes d’un seul tenant du château Malescasse ondulent sur leurs croupes graveleuses autour d’une élégante chartreuse. Acquis en 2012 par Philippe Austruy (Peyrassol en Provence, Casemore en Toscane, Quinta da Côrte dans le Douro), le domaine a étoffé le calendrier de ses activités. L’ambiance incomparable des vendanges se vit ici dans les vignes, le temps de s’initier aux gestes de la récolte ; au chai, où l’on suit les cabernets et merlots qui façonnent déjà un futur cru digne de ses racines et, enfin au château. Le soir venu, chambres et suites nous tendent leurs lits douillets. Se glisser dans la peau d’un vigneron ne veut pas dire renoncer au confort et au raffinement.
Château Malescasse. 6, chemin du Moulin Rose, 33460 Lamarque

Pourris, mais nobles
Autour du château Sigalas Rabaud, le plus petit des premiers crus classés de Sauternes avec ses 14 hectares d’un seul tenant, les doux coteaux brillent d’un bel éclat doré. Sous l’action des brumes matinales, du vent et du soleil, le botrytis cinerea (la fameuse « pourriture noble ») peaufine son œuvre. Le grain rôti demande une attention soutenue et un doigté sûr. La cueillette de haute précision se fait à l’épinette, petit sécateur pointu, par trise successives. Visiter le vignoble à cette période permet d’apprécier en détail et en action le savoir-faire de l’équipe, les complications du sauternes et de partager le repas des vendangeurs au bout des rangs.
Château Sigalas Rabaud. Rabaud-Sigalas, 33210 Bommes

Un « climat » d’exception
« C’est en faisant que l’on apprend », s’enthousiasme Michael Baum, le propriétaire de ce célèbre domaine de côte de Beaune qui invite les amateurs à participer à la cueillette, à assister au début du processus de fermentation et à goûter dans les caves le vin tiré du fût. Et quel plus bel écrin pour faire ses premiers pas que le mythique clos Marey-Monge et ses sept terroirs distincts qui s’assemblent pour donner les cuvées Vivant Micault, Simone et Clos Marey-Monge monopole ?
Au cuvier, Emmanuel Sala, le directeur du domaine, explique les étapes de la conversion du clos en biodynamie avant l’indispensable déjeuner qui réunit vendangeurs pro et amateurs.
Château de Pommard. 15, rue Marey Monge, 21630 Pommard

La plage et la fête
Quand le raisin est cueilli, on se réjouit. Depuis vingt-quatre ans, le temps d’un week-end, Banyuls rassemble près
de 10 000 personnes autour d’une grillade sur la plage avec des bandas (fanfares) et des danseurs de sardane, entre autres traditions. Le dimanche après-midi, des barques catalanes accostent sur la plage centrale pour débarquer symboliquement quelques comportes (barriques locales) de raisins. Ce moment très attendu commémore une spécificité banyulenque ancestrale : le transport de la vendange par barque, des abrupts coteaux pieds dans l’eau jusqu’au village.
Fête des vendanges 2019 à Banyuls-sur-Mer, 9-13 octobre

L ’effervescence, il y a un avant
À l’heure où les coteaux de la côte des Bar sont encore enveloppés de brouillard, la maison de Barfontarc invite les visiteurs à se mêler à la troupe des vendangeurs pour cueillir les raisins destinés à produire une dizaine de cuvées. De retour à la cuverie, le ballet bien orchestré du pressoir et le rappel des différentes étapes de la champagnisation mettent en appétit avant la pause déjeuner. Au cœur de la vallée de la Marne, la maison Xavier propose aussi de découvrir l’effervescence dans les rangs de vigne et les saveurs d’un repas de vendanges qui pétille. Rappelons qu’en Champagne, la vendange manuelle est obligatoire.
Champagne de Barfontarc. Route de Bar-sur-Aube, 10200 Baroville
Champagne Xavier Leconte. 7, rue des Berceaux, 51700 Troissy-Bouquigny

Coteaux et troglos
Le « vin de taffetas » cher à Rabelais naît à Vouvray sur des coteaux de silex où le chenin jongle avec les styles, sec, demi-sec, moelleux. Vendangé à la main et à la machine, le fin cépage vouvrillon se découvre du raisin au verre au domaine Alain Robert, sous la conduite de Myriam Fouasse Robert, la femme de Cyril qui a repris le domaine familial avec sa sœur Catherine. Après la récolte, dégustation du jus qui coule du pressoir et de « bernaches » (moûts tirés des cuves et barriques) dans la cave troglodyte, puis déjeuner tourangeau typique avec ses rillettes de poisson de Loire, fromages de chèvre et charcuteries. Samedi 28 septembre à partir de 9 h.
Vignoble Alain Robert. Charmigny, 37210 Chancay

Autour du piton de Sancerre
Pendant toute la durée des vendanges, la structure Berry Province nous emmène dans les vignes de Sancerre. Cette année, rendez-vous chez Vincent et Adélaïde Grall pour une initiation aux techniques de récolte manuelle. Devant le saisissant paysage de coteaux vallonnés dominés par le fameux piton, on dégaine une bonne bouteille et un crottin de Chavignol. Après un déjeuner au village et un passage à la Maison des Sancerre, retour à la cave pour voir les sauvignons blancs et pinots noirs arriver au pressoir en grains entiers. « Ce qui garantit le respect des arômes et facilite le tri. C’est un travail difficile et pénible que la qualité du jus obtenu vient récompenser. »
Domaine Vincent Grall. 149, avenue Nationale, 18300 Sancerre 

Même en métro
En saison, les Parisiens sont invités à empoigner le sécateur. Si la récolte du célèbre clos Montmartre1 et de la plus confidentielle butte Bergeyre, trop pentue pour des néo-viticulteurs, est assurée par les agents de la Ville, les mini-vignobles municipaux des parcs Georges-Brassens (XVe), de Bercy (XIIe) et de Belleville (XXe) sont ouverts au public depuis 2015. Ces vendanges participatives drainent de plus en plus de monde chaque année et suscitent « un enthousiasme général », souligne Sylviane Leplâtre, œnologue des vignes de Paris. « Les participants vendangent souvent pour la première fois et ils le font à Paris, ce qui est exceptionnel. »

  1. Vinifié, mis en bouteilles et commercialisé par le Comité des fêtes et d’actions sociales (COFAS) du XVIIIe arrondissement de Paris.

D’Artagnan veille au grain
Au pays de d’Artagnan, dont le village natal est à quelques longueurs d’épée, les vignerons de Plaimont ouvrent aux amateurs leurs vignes de saint-mont, madiran, pacherenc-du-vic-bilh au moment crucial de la récolte afin de leur permettre de « vivre de l’intérieur la naissance d’un nouveau millésime, de toucher du doigt les avantages de la vendange manuelle, l’importance du tri. » On s’exerce aussi à distinguer les typiques cépages tannat, pinenc, colombard, gros et petit manseng qui entreront dans les assemblages avant de partager un succulent casse-croûte vigneron que n’aurait pas boudé Porthos.
Plaimont. 199, route de Corneillan, 32400 Saint-Mont

En version latine
Passer la grille du mas des Tourelles, c’est faire un bond de plus de vingt siècles en arrière, à l’époque où s’élevait ici une villa gallo-romaine vouée à la culture de l’olive et du raisin. Pendant une après-midi, on y suit en direct la cueillette dans la vigne conduite à l’antique sur treilles, pergolas ou oliviers. Dans la cave reconstituée, le fouloir (calcatorium) et le pressoir à levier en bois (torcular) s’animent. Dans les dolias débute la vinification des cuvées Mulsum, Turriculae et Carenum, réalisée d’après des méthodes décrites par des auteurs latins (Caton, Columelle, Pline, Palladius). Les verres se remplissent, nunc est bibendum (trinquons maintenant).
Mas des Tourelles. 4294, route de Saint-Gilles, 30300 Beaucaire

Un grand moment en Dentelles
De tout temps, vendanger rime avec grandes tablées. De celles qui métamorphosent la fatigue en bonne humeur. C’est dans cet esprit que la coopérative Rhonéa a concocté la “vendange des chefs”, un week-end 100 % épicurien dans le massif des Dentelles de Montmirail, à Beaumes-de-Venise, joli village au joli nom. L’appétit s’ouvre dans les senteurs des grappes fraîchement coupées, en arpentant les parcelles avec les artisans-vignerons. à proximité des muscats à petits grains, la table est dressée en plein air pour un déjeuner en six services réalisé par des chefs locaux en accord avec une sélection de vacqueyras, gigondas, muscat de Beaumes-de-Venise. Les 14 et 15 septembre.
Rhonéa. 228, route de Carpentras, 84190 Beaumes-de-Venise

Cet article est paru dans EN MAGNUM #17, daté du 6 septembre 2019. En kiosque.