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Les fantastiques master-class du Grand Tasting

La douzième édition du Grand Tasting arrive à toute allure. Il est temps de savoir ce qui nous attend. Ami lecteur, passionné de vin que tu es, tu trouveras ci-dessous le programme des master-class. De A comme Angélus à S comme sauternes et V comme Riedel, il n’y a pas beaucoup d’autres choses à faire ces deux jours-là.
Pour chaque tranche horaire, il y a deux master-class. Il y a deux salles et il va falloir choisir, ce qui est terrible. En même temps, il n’y en a jamais eu autant. Pas mal. Les abonnés attentifs de ce blog savent où me trouver.

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La mort de Robert Tinlot

J’apprends avec tristesse le décès de Robert Tinlot, ancien directeur de l’Office international de la Vigne et du vin et président de l’Académie Amorim. Cet éminent juriste dijonnais a joué dans les quarante dernières années un rôle considérable dans les organismes internationaux. Il a en particulier conçu et animé le projet de permettre à quelques-uns de nos meilleurs agronomes et œnologues, triés sur le volet, de parcourir le monde pour mieux connaître les produits, les marchés, et donc de mieux défendre la qualité et la protection du public. Il a aussi lui-même, à la demande de certains pays, dont la Chine, apporté sa contribution à l’amélioration de leurs vins. J’ai eu l’occasion à de nombreuses reprises de témoigner de la redoutable finesse de ses analyses et de l’ampleur de sa culture humaniste, si rare de nos jours. Je tiens ici à transmettre à sa famille, à ses amis, à ses nombreuses relations, les condoléances de toute l’équipe de Bettane+Desseauve.

Un week-end en Bourgogne à gagner

Il ne reste plus que quelques jours – précisément jusqu’au 26 novembre – pour tenter de gagner le séjour pour deux mis en jeu à l’occasion de la célébration en cette année 2017 des 80 ans de la route des grands crus de Bourgogne, anniversaire que nous avions évoqué ici. Nuit au Grand Hôtel La Cloche (Dijon) avec accès au spa, demi-journée de wine-tour avec l’agence d’œnotourisme haut de gamme Bourgogne Gold Tour ou encore dégustation prestigieuse chez Bouchard Père & Fils (Beaune), le détail des réjouissances est et le règlement de ce jeu par tirage au sort est ici.

Une année dans les vignes


A dix jours de la 157e édition de la célèbre vente en primeur et aux enchères des vins du domaine de l’hôpital-vigneron de Beaune, dont une nouvelle cuvée Bernard Clerc (Domaine Henry Clerc) issue de la donation d’une parcelle d’une vingtaine d’ares en appellation puligny-montrachet, nous reproduisons ici l’histoire détaillée, racontée Ludivine Griveau, régisseuse du domaine des Hospices, de ce millésime 2017 qu’elle a baptisé “L’équilibriste”.

La climatologie (octobre 2016-septembre 2017)

« Après un automne très ensoleillé, notamment en octobre qui est presque estival, voilà bien longtemps que nous n’avions pas eu un véritable hiver. Certes le soleil brille en décembre et janvier (+ 121 heures de soleil en plus), mais il fait très froid ! Nous comptons ainsi sept jours sans dégel en décembre et vingt en janvier. La pluviométrie aussi est changeante par rapport à ces dernières années car le déficit de pluies hivernales est en net recul de cet hiver. Tout s’inverse en février et mars qui sont des mois chauds (+ 2°C au-delà des normales de saison) et très lumineux. On s’attend à un démarrage rapide de la végétation. L’ensoleillement de début avril est largement excédentaire et les pluies sont faibles, c’est l’opposé de 2016. La fin du mois est plus chaotique, tout le monde scrute les prévisions météo qui annoncent des risques importants de gelées. Mais il fait sec et le vent diminue les risques. On se rassure, les bourgeons résistent normalement à – 3°C. Pourtant le contexte plus humide des 27 au 29 avril donne des sueurs froides et des nuits blanches. En effet, deux nuits durant, les vignerons des villages des côtes et hautes-côtes se mobilisent tant bien que mal pour assurer une couverture nuageuse aux levers de ces deux jours là. Au final, les dégâts sont très localisés et contenus. Nous avons une pensée pour des vignobles voisins qui ont parfois presque tout perdu. »

« La fraîcheur perdure début mai, puis l’été arrive avant l’heure avec des températures autour de 33°C et un ensoleillement exceptionnel jusqu’à la fin du mois. Les pluies sont régulières, la vigne les accueille avec soulagement. Au demeurant, la chambre d’Agriculture nous alerte : « le déficit est notable » et comparable à 2016 où, à l’inverse, l’excédent de pluies battait des records. En juin, les périodes de forte chaleur continuent, mais sont entrecoupées d’épisodes pluvio-orageux qui aboutissent à des cumuls très variables selon les secteurs (20 à 50 mm en 7 jours). La dernière semaine de juin est caniculaire avec des journées à 38°C à l’ombre. Les plantations ont particulièrement soif. Les orages continuent en juillet, mais sont entrecoupés de périodes beaucoup plus fraîches montrant de grandes amplitudes thermiques d’un jour à l’autre. Le déficit d’eau ne se comble pas, et au final, l’ensoleillement est déficitaire de 30 heures sur ce mois (l’équivalent d’un mois de mai selon la chambre d’Agriculture). Le mois d’août sera plus régulier, malgré une semaine autour du 15 août où il fait frais et gris. Le vent, présent depuis le début du millésime, continue d’assainir les vignes et de bien ressuyer chaque pluie. À la toute fin du mois, les vignes sont vertes et les raisins bien visibles. Les premiers raisins du domaine, à Chaintré, sont coupés sous un soleil de plomb les 26 et 27 août. »

Le cycle végétatif

« Suite au printemps plus que clément en février et mars, la vigne est dans les starting-blocks et montre une reprise de son activité végétative déjà autour du 20 mars. On observe en effet des stades de bourgeons gonflés dans le coton à cette date. C’est plus rapide que prévu et la fraîcheur revenant, les choses se calment un peu jusqu’à début avril. Le 28 mars, on trouve deci delà des pointes vertes dans les secteurs les plus précoces. Dès lors, on perçoit que ce millésime se lance dans la course à la précocité avec ses voisins 2014 et 2011. C’est quinze jours plus tôt que 2016. Tout le long du mois d’avril, la végétation ne fait qu’accélérer son développement et les travaux d’attachage se finissent à la hâte. Le rythme est intense, les feuilles s’étalent les unes après les autres : on peut observer entre trois et cinq feuilles au 20 avril, c’est assez hétérogène au sein des parcelles du domaine et il est difficile d’établir une tendance au sein des jeunes vignes d’une part, et des plus âgées, d’autre part. Les sourires se crispent à la fin du mois à l’annonce des risques de gel. Un an après, jour pour jour, encore en ce 27 avril, la Bourgogne retient son souffle, déploie une action collective inédite pour tout faire pour sauver la récolte. Au petit matin, le verdict tombe : les jeunes poussent sont saines et sauves dans la plupart des parcelles. Durant cette période, le travail du sol est suspendu afin de ne pas engendrer de remontée d’humidité. Il ne reprendra que début mai, alors que la pousse stagne pendant plus de quinze jours. »

« Les vignes sont vert pâle, elles se remettent doucement de la vague de froid et de sec. Nous voyons cependant que la sortie des bourgeons est importante, donc nous entamons un long et précis travail d’ébourgeonnage au sein de toutes les parcelles. A partir de mi mai, la vigne pousse à une allure effrénée. On note l’apparition de trois à quatre feuilles par semaine. Pourtant les températures remontent tout doucement, mais on voit bien que les vignes n’attendaient que ce petit coup de redoux pour se lancer. Fin mai est très chaud, le rythme de pousse est intense et l’on s’attend à voir les premières fleurs assez tôt. Gagné ! En chardonnay, la pleine floraison est atteinte la semaine du 30 mai et celle du pinot noir dans la semaine d’après. Nous choisissons de limiter les risques de coulure en attendant 50 à 75 % de floraison avant d’écimer. Parfois les branches sont longues, mais il faut favoriser les afflux de sèves vers les fruits plutôt que vers les apex des rameaux. L’avance est conservée, les maladies et ravageurs n’exercent pas une trop forte pression. Cela nous laisse donc le temps des opérations en vert en pleine pousse active. Il faut tenir la cadence car les alternances pluies-chaleur sont très favorables à la vigne. Par choix, aux Hospices de Beaune, nous confions une surface de 2,5 hectare par salarié viticole, ce qui, même dans cette configuration de pousse intense, laisse tout le temps à un travail de précision primordial dans les opérations de relevage, d’accolage et de labour. »

« Les baies de certaines parcelles de chardonnay ont déjà atteint 2 à 3 mm à la mi-juin, 2017 entre donc parmi les trois millésimes les plus précoces de ces dix dernières années. Ce rythme restera soutenu durant juin et juillet avec un développement homogène en pinot noir et une pression phytosanitaire très limitée sur l’ensemble des secteurs. Nous décelons toutefois des phénomènes de coulure sur les chardonnays, parfois assez conséquents (débourrements rapides + averses importantes. + fortes chaleur). Pour les pinots, on reste dans la moyenne physiologique (nouaison moyenne environ de 70 %). Jusqu’au 28 juin, les chaleurs sont écrasantes, les vignes se bloquent parfois dans leur développement et montrent même des signes de sécheresse. Les effeuillages ayant été menés de bonne heure en pinot noir (courant juin), les fruits se sont acclimatés à la chaleur et au soleil. Les dégâts des plus importants s’observent ainsi sur des raisins pour qui l’exposition est plus brutale. Autour du 10 juillet, les grappes ont parfois atteint le stade de fermeture : on reparle de 2007 et 2009 en termes de comparaison de précocité et déjà la date de fin août-début septembre se dessine pour la récolte. Un épisode de grêle en côte de Nuits nous fera encore frémir, mais c’est ce sera la dernière grosse alerte climatique de l’année. »

La récolte

« Les pluies d’averses sont parfois à l’origine de cumuls importants, très hétérogène : Vosne affiche 90 mm quand Pommard n’en reçoit “que” 50. Le 15 -20 juillet, les premières grumes se teintent en rouge car la fermeture de grappe ne s’est pas faite attendre. L’avance de 3 semaines sur 2016 se confirme, nous débutons la préparation de la cuverie et du matériel de réception de la vendange. Tout début août, les vignes sont au stade mi-véraison. Cette dernière sera un peu plus étalée que ce à quoi l’on s’attendait car la deuxième décade d’août est plus fraîche et surtout moins lumineuse (temps nuageux mais chaud). Elle s’achèvera autour du 21-25 août. L’état sanitaire est très bon et nous avons le sentiment qu’il faudra plus gérer le tri de raisins hétérogènes en maturité que de raisins abîmés par du botrytis quasi absent à ce stade. Dans les derniers jours d’août, le pinot noir se gorge de sucre et le chardonnay se goûte de plus en plus équilibré. Une fois encore, les contrôles de maturité et la dégustation des baies sont indispensables. Nous avons fait le choix de les mener de nouveau sur l’intégralité du domaine, soit 117 parcelles. Le 21 août, nous débutons nos contrôles de maturité, la récolte est saine, les chardonnays semblent un peu en avance sur le pinot noir. Décidément, rien à voir avec 2016 ! »

« L’état sanitaire est vraiment superbe, la météo annoncée plus que clémente, nous avons le temps de récolter des raisins à parfaite maturité. Ce sont les 26 et 27 août pour notre pouilly-fuissé et le 1er septembre en côte de Beaune, que nous avons récolté nos premiers raisins de chardonnay. Dans le même temps, les contrôles de maturité sur les pinots sont unanimes : il faut commencer ! Les tous premiers arriveront en cuverie le 2 septembre. Tous les raisins, ont bien entendu été passés sur table de tri. Nous avons pu constater que la récolte était assez abondante, comme prévu, mais nos choix de méthodes culturales portent leurs fruits et nous avons des rendements parfaitement maîtrisés comme à notre habitude. Cette année, la dégustation des baies de pinot noir et des pellicules nous laissaient entrevoir des tannins et des couleurs qu’il va falloir aller extraire et qui vont exiger une certaine “technicité”. Cela tombe bien, nous sommes prêts à mener ce travail d’équilibriste que le pinot noir demande parfois. Les chardonnays sont denses, les pressoirs se règlent au cas par cas. C’est donc bien pour un millésime “d’équilibriste” pour des vins équilibrés que nos énergies vont se mobiliser pendant plusieurs semaines. »

Colombo joue aux cow-boys et aux Indiens

Le domaine Jean-Luc Colombo vient de fêter ses Automnales (les 7e) doublé de son trentième anniversaire. Des sommeliers américains étaient de la party pour défier leurs confrères français dans un concours qui a vu triompher…

Les Indiens de Cornas, ce sont les Colombo. Jean-Luc, le grand chef, a créé le domaine car il ne voulait pas se contenter de son travail d’œnologue-conseil dans le Rhône. Au départ avec une seule parcelle, celle emblématique des Ruchets, des vieilles vignes de syrah plantées sur le coteau granitique de Cornas. Un grand chef ne serait rien sans une grande squaw et c’est avec son épouse Anne qu’il s’est lancé dans l’aventure du labo en 1984 puis du domaine en 1987. Ils ont été rejoints par leur fille Laure en 2010. Pour les trente ans du domaine, ils ont organisé trois jours de grand pow-wow. Vendredi et samedi, tout le monde était le bienvenu sous le gigantesque tipi installé devant la nouvelle cuverie inaugurée juste avant les vendanges. Dimanche était réservé aux professionnels avec une épreuve de connaissance et de dégustation pour vingt jeunes sommeliers et un dîner de gala.

« Yankees come home »
L’idée originale des Colombo est d’avoir invité de vrais cow-boys « made in USA » à cette journée de festivité. Le marché américain a toujours représenté un débouché important pour les vins Colombo. La famille a un partenariat de longue date avec son distributeur américain Palm Bay. Elle a donc fait venir l’équipe de son importateur, charge à eux de prendre dans leurs bagages quelques-unes des plus fines gâchettes de la jeune sommellerie américaine. Ils étaient neuf à avoir traversé l’Atlantique pour faire la fête, découvrir les vignes de Cornas et s’opposer amicalement à leurs pairs français pour le Trophée Colombo du Goût. Le samedi soir une fête sympathique avait lieu dans la nouvelle cuverie dans laquelle avait été dressé un gigantesque drapeau américain. Une fanfare des Beaux-Arts mettait le feu sur la piste tandis que des chefs renommés mettaient les cochons sur les braises. Mais il fallait être frais le lendemain matin, notamment pour aller voir la mythique parcelle du Vallon de l’Aigle, soit quelques terrasses noyées dans la forêt, en haut de coteau. L’occasion de sortir le cheval pour montrer le travail de labour, pas évident compte-tenu de la toponymie du lieu, et de goûter le 2015 de ce vin confidentiel. Un travail remarquable de vinification car la cuvée du Vallon de l’Aigle est d’une délicatesse infinie, même sur un millésime chaud. Michel Bettane, qui faisait partie du jury du Trophée, parle de « La Mouline de Cornas » (pour faire écho à la fameuse cuvée de Guigal en côte-rôtie).

L’après-midi venu, nos joyeux yankees et leurs collègues français ont planché sur trois épreuves : un questionnaire, une dégustation à l’aveugle et un test où il fallait deviner le millésime de neuf vins de trois domaines mythiques. Le domaine Colombo a évidemment fait déguster ses Ruchets, tandis que Paul Hobbs, représenté par sa fille Agustina, proposait la cuvée de pinot noir portant son nom et que le PDG d’Opus One, David Pearson, présentait trois millésimes du fameux blend californien fondé par Philippe de Rothschild et Robert Mondavi. Il a rappelé le concept d’Opus One qui, dans sa conception initiale, se voulait être la parfaite synthèse du meilleur de Bordeaux et du meilleur de la Californie. N’importe qui, après l’avoir écouté, était convaincu qu’Opus One est un grand vin, ce qu’il est, et que David Pearson est un grand professionnel.

Erik Segelbaum versus Mehdi Benhamida
Suite à ces épreuves, le meilleur sommelier de chaque nation a été désigné pour la finale devant des amis vignerons comme Jean-Jacques Dubourdieu ou Philippe Guigal. Erik Segelbaum, qui dirige le département vin des restaurants du groupe Starr à Philadelphie, a affronté Mehdi Benhamida qui travaille à la Villa Florentine à Lyon. Dans un premier temps, ils ont décanté un vin de manière spectaculaire avec un choix de plusieurs carafes Riedel. Segelbaum, avec son sens du look, a fait preuve d’un sens du show très américain. Il a joué avec les différentes carafes pour finir par… servir son collègue, qui avait déjà terminé. La deuxième épreuve était un choix d’accord mets-vins sur une recette de la bostonienne Barbara Lynch : un suprême de volaille de Bresse en croûte de pain, petits légumes et truffe noire. Il fallait choisir entre les cornas Terres Brûlées 2014 ou Ruchets 2007, ou un Saint-Péray 2016, La Belle de Mai. Segelbaum a dégainé le premier avec Les Ruchets, qu’il adore. Benhaminda a préféré la jeunesse de Terres Brûlées. Paolo Basso, meilleur sommelier du monde, a expliqué qu’il fallait choisir le vin rouge le plus simple sur un plat complexe, donc Terres Brûlées. Mais la chef française Dominique Crenn, installée à San Francisco depuis trente ans, s’en est mêlée en disant qu’avec un tel plat le blanc s’imposait. La vérité était surtout que les saveurs très variées du plat rendaient l’accord compliqué.

And the winner is
…Erik Segelbaum ! Sa prestance et sa façon très cool d’affirmer ses choix en faisait un excellent lauréat, même si son concurrent, qui a du s’exprimer en anglais, n’a pas démérité. On ne serait pas surpris d’entendre parler à l’avenir du jeune Segelbaum qui ferait aimer le vin à l’Américain le plus puritain. Au final, tout le monde a surtout passé un excellent moment pendant ces festivités très intelligemment organisées. Car s’il s’agit avant tout d’un événement festif, c’est aussi un excellent outil de communication. On parie que les neuf sommeliers américains garderont un excellent souvenir de leur passage à Cornas, et qu’ils serviront avec plaisir les vins du domaine Colombo. Et on se dit que si tous les domaines français faisaient un travail de communication et de réception aussi abouti avec leurs ambassadeurs étrangers, le vignoble français aurait moins de souci à se faire pour ses parts de marché.

Légende photo : Erik Segelbaum au milieu de la fête. (photo Bethany Burke)

Par Gilles Durand-Daguin

Michel Chapoutier et Inter Rhône, l’histoire continue

Arrivé au terme d’un premier mandat de trois ans, le négociant et propriétaire de vignobles Michel Chapoutier (photo) a été réélu vendredi dernier à la présidence de l’interprofession des vins d’AOC côtes-du-rhône (régional, villages ou crus) et d’AOC costières-de-nîmes, luberon, ventoux, grignan-les-adhémar, côtes du-vivarais, muscat de Beaumes-de-Venise et rasteau VDN. 

A la tête d’Inter-Rhône jusqu’en 2020, avec à ses côtés deux vice-présidents, Etienne Maffre, président de l’Union des maisons de vins du Rhône, pour la famille négoce et Philippe Pellaton, président du syndicat des côtes-du-rhône, pour la famille production, Michel Chapoutier entend d’abord poursuivre « la stratégie de valorisation globale des AOC rhodaniennes » qui reste selon lui à consolider. C’est avec ce fil rouge qu’il a déroulé devant l’assemblée générale élective un programme en cinq axes. Le premier consiste à placer l’économie, l’observation, la prospective comme pilier essentiel et à éclairer par davantage de données la réflexion sur les enjeux de la filière : « Nous devons nous doter d’outils et de données plus complets pour mieux analyser et surtout mieux anticiper les perspectives économiques. »

Le deuxième axe de son programme réaffirme, dans un contexte général de baisse structurelle de la consommation nationale, la place prioritaire de l’export. Selon son président, c’est là que se joue l’avenir de la filière rhodanienne : « Tout doit être mis en oeuvre pour valoriser nos vins à l’exportation et offrir la meilleure compétitivité possible à nos entreprises pour conquérir les marchés. » Ceci va de pair avec le troisième sujet abordé par Michel Chapoutier, l’émergence des vignobles de la vallée du Rhône en tant qu’importante région productrice de vin blanc à l’heure où la croissance mondiale s’opère principalement sur les vins blancs : « Je suis profondément convaincu qu’une partie de notre futur passera par les vins blancs car nous avons les terroirs calcaires pour cela. »

Le quatrième axe du programme qui nourrira ce mandat de trois ans concerne une nouvelle dynamique en matière de recherche et développement afin de répondre aux enjeux nouveaux : agro-écologie, enjeux sociétaux et environnementaux, changement climatique, etc. Enfin, Michel Chapoutier souhaite œuvrer à la montée en compétence de la région sur les métiers de la vigne et du vin, les évènements récents ayant à nouveau démontré l’urgence qu’il y a à enclencher collectivement une nouvelle dynamique de production, « à réapprendre à produire ou à produire différemment, avec un vignoble performant et sans doute rajeuni. » Son souhait est de rassembler autour de ce chantier toutes les forces vives de la région qui souhaitent faire en sorte que des formations solides soient dispensées.

Vin et fromage, les bons accords


Lundi soir, la session de dégustation organisée par le caviste parisien Legrand Filles et Fils dans le cadre de son “école du vin” fera une place d’honneur à un acteur essentiel de la gastronomie française, le fromage : « Accordé subtilement avec le vin, il procure des émotions extraordinaires. » Pour bousculer les idées reçues et éviter les pièges qui entourent cet accord majeur, Bruce Auxéméry livrera un cours de deux heures autour de cinq vins : Domaine Vacheron, sancerre blanc 2015 (Chèvre cendré) ; Domaine Robert Denogent, saint-véran « Les Pommards » 2011 (Croûte fleurie) ; Domaine Tollot Beaut, savigny-lavières 1er cru 2012 (Croûte lavée brossée et Croûte lavée) ; Château La Fleur, saint-émilion grand cru 2011 (Pâte pressée cuite long affinage) ; Château Coutet, Sauternes-Barsac, barsac 2005 (Pâte persillée).

Tarif : 80 euros, détails et inscription ici.

Après le vin, Cdiscount se lance dans la bière

Numéro 1 de la distribution de vins sur internet, le site de e-commerce du groupe Casino vient de lancer sa cave à bières*. Le choix est pléthorique, mixant produits de grands opérateurs et de microbrasseries. Aux côtés des grands classiques français et belges, mousses artisanales, bio, exotiques, sont à portée de clic. Trois questions à Pierre-Louis Bodin, acheteur vin & bière chez Cdiscount.

Quelle est la spécificité de la nouvelle offre bières de Cdiscount ?
Nous proposons plus de mille références sélectionnées dans 35 pays, soit le plus important assortiment permanent en ligne, tout au long de l’année et stocké. L’objectif est de combler tous les besoins de nos clients, tout en les invitant à la découverte. La moitié de l’assortiment provient de France et de Belgique, l’autre moitié du monde entier, Autriche, Brésil, Islande, Inde, Japon, Sri Lanka, Jamaïque, Liban. L’offre se veut pointue, mais aussi accessible. Les premières bières commencent à moins de deux euros l’unité comme la cuvée des trolls blonde à 1,94 euro les 25 cl, et même 1,80 euro par six.

L’amateur de bières de dégustation peut-il trouver son bonheur ?
Les initiés pourront dénicher des pépites parmi plus de 260 références de bières belges dont les classiques Duvel, St-Feuillien, Westmalle, etc. La sélection fait la part belle aux microbrasseries avec près de 150 références françaises et étrangères, du Mexique, d’Irlande, d’Allemagne, etc. Sans oublier les bières bio, une quarantaine à découvrir dont celles de la brasserie de Velelay ou les bières Melusine. Les bières tendances et fun sont aussi au rendez-vous comme celles de la Kekette, bières artisanales normandes brassées en Belgique, ou encore de la Levrette (Cherry, Bio, Grand Cru, de type artisanale). Parmi les raretés, hors norme, la Snake Venom, ambrée écossaise de Brewmeister, détient le titre de bière la plus forte du monde avec ses 67,5°.

Quels sont les délais de livraison ?
Dans leur emballage dédié, garanti zéro casse, les bières sont livrées le lendemain de la commande**, toute l’année et gratuitement***. Nous misons sur une qualité de service mais aussi un stockage exemplaire, dans les entrepôts Dartess, spécialiste de la logistique et du conditionnement des vins et spiritueux.

Propos recueillis par Pascale Cassagnes

* www.cdiscount.com/vin-champagne/bieres/v-12998-12998.html
** Pour une commande passée avant 14 h.
*** Dès la souscription de l’abonnement livraison à 19€/an.

La bière fait sa révolution

Les marques et les styles se multiplient, les brasseries fleurissent, la passion houblonnée se décline sur tous les tons, festivals, guides, caves, ateliers d’initiation à la dégustation, au brassage, aux accords gourmands. Jamais la bière n’a autant séduit, captivé, passionné. Plongée dans un monde en pleine effervescence.

La nouvelle boisson tendance
Avec plus de 1 000 brasseries réparties dans l’Hexagone et près de 3 000 marques différentes, la bière est la nouvelle boisson star. Alors que depuis 1987, le marché français de la bière reculait en moyenne de 1 % par an, le secteur a renoué avec la croissance depuis deux ans : + 2,8 % en 2014 et + 3,1 % en 2015. Les Français, avec une moyenne de trente litres par an et par habitant, restent néanmoins les plus petits buveurs de bière d’Europe. Mais le rang des amateurs grossit (76 %, en hausse de 4 points par rapport à l’année dernière*), se féminise (20-25 %, un chiffre qui tend à augmenter) et devient plus exigeant. Derrière les pintes que nous buvons dominent trois groupes qui se partagent plus de 70 % du marché : Carlsberg (Kronenbourg,1664, Grimbergen), Heineken (Pelforth, Affligem, Desperados), AB InBev (Hoegaarden, Leffe). A côté de ces géants et de quelques autres grands (Meteor, Saint-Omer, Licorne), les brasseurs artisanaux montent en puissance. Leur nombre a doublé en cinq ans, passant la barre du millier. Chacun de ces acteurs, à leur manière, participe et accompagne ce qui ressemble à une révolution. La mutation profonde des modes de consommation, résumée par le “boire moins, mais mieux”, conjuguée à la prodigieuse créativité des microbrasseurs ont fait progresser la qualité et l’image de la bière. La preuve, en grande distribution (70 % des ventes), les offres les plus pointues et valorisées ont bondi et les bières spéciales (blanches, d’abbaye, aromatisées, locales, de saison, etc.) totalisent plus des deux tiers des volumes. Pour répondre à cette nouvelle soif de découverte et de dégustation, les enseignes développent les caves à bières où règnent les petites marques, brassins locaux ou étrangers vendus à l’unité. Elles lancent même leurs foires aux bières, à l’instar de Monoprix avec son opération “The place to beer”. Même les cavistes en vins commencent à ouvrir leur rayon de bières régionales.

Effervescence créative
Ce vent de fraîcheur a été apporté en grande partie par les microbrasseries (craft breweries), un phénomène venu d’outre-Atlantique qui fait de plus en plus d’adeptes. Face au mouvement, les grands groupes ont réagi très vite, innovant dans plusieurs directions pour “combler” toutes les attentes. D’un côté, ils misent sur la douceur, le fruit et même les bières peu ou pas alcoolisées. De l’autre, ils jouent la carte de la craft beer. AB InBev a ainsi racheté depuis 2011 une dizaine de brasseries artisanales. La société Kronenbourg a noué un accord de distribution avec la bière corse Pietra et avec la brasserie new-yorkaise Brooklyn. Heineken a relancé en 2016 la Mort subite, une « lambic » flamande de fermentation spontanée, et vient de s’offrir la californienne Lagunitas Brewing Company, taillée pour les amateurs d’IPA (India Pale Ale). C’est ce type de bière très houblonné qui incarne le mieux la révolution en cours. Quasi introuvable il y a cinq ans, l’IPA est aujourd’hui partout dans les bars et caves à bière. Paradoxalement, « la découverte de ce goût atypique, inconnu en France, caractérisé par une amertume prononcée liée aux arômes, de fruits exotiques, d’agrumes, de fruits rouges, a ouvert à la bière des personnes qui croyaient ne pas aimer la bière », explique la biérologue Elisabeth Pierre**. « C’est le style le plus repris sur la planète actuellement », assure-t-elle. Et si les grands du secteur se lancent à leur tour dans l’élaboration de cette bière réservée aux palais avertis, les microbrasseries continuent de se distinguer en inventant de nouveaux styles ou en réinterprétant d’anciennes recettes. Aujourd’hui, la bière acide (sour beer) a le vent en poupe, inspirée de l’allemande Berliner Weisser que les soldats de Napoléon Ier surnommaient “le champagne du Nord”. Les spécialités vieillies en fûts de chêne gagnent aussi du terrain. Si on l’aime aussi toujours pour la soif, la bière s’affirme de plus en plus comme un produit de dégustation plein de surprise et de subtilités. Au même titre qu’un vin ou un spiritueux.

*L’observatoire C10-Ifop13 juin 2017
**Auteure du Guide Hachette des bières

Des lettres de noblesse officielles
Après le vin, la bière peut aussi revendiquer ses lettres de noblesse officielles. En effet, la boisson millénaire, issue comme les cidres, les poirés et les spiritueux “des traditions locales”, est depuis trois ans inscrite au patrimoine culturel, gastronomique et paysager de la France (par un vote du Sénat le 18 juillet 2014).

Repères
2,2 milliards d’euros, le chiffre d’affaires de la brasserie française
1 050 brasseries réparties sur le territoire français
3 000 marques de bière produites en France
12 milliards d’euros, le chiffre d’affaires de la filière brassicole française de l’épi au demi
64 000 emplois générés par l’industrie brassicole française.
1er pays exportateur de malt.
2e pays exportateur d’orge de brasserie.
3e pays de l’union européenne en nombre de sites de production.
8e pays producteur de bières en Europe, derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et la Hollande.
26e pays consommateur de bière en Europe
30 litres consommés par an par habitant vs. 144 litres pour les Tchèques (le record), 107 pour les Allemands, 104 pour les Autrichiens, 81 pour les Irlandais, 72 pour les Belges, 68 pour les Britanniques et 47 pour les Espagnols.
70 % de la bière consommée en France est également produite dans l’Hexagone.
Sources : Brasseurs de France

Doux week-end en perspective

Après les Graves en octobre et avant Pessac-Léognan en décembre, les propositions de belles balades automnales dans le vignoble bordelais émaneront ce week-end des appellations sauternes et barsac où une cinquantaine de propriétés, dont une dizaine de crus classés, ouvriront leurs portes (samedi et dimanche de 10 h à 18 h). « Les vignerons ont plaisir de voir revenir les visiteurs après les longues semaines de vendanges qui les ont accaparés et parlent volontiers du millésime qu’ils sont en train d’élaborer. C’est un moment privilégié pour découvrir la diversité des sauternes et barsac et la puissance aromatique sans pareil qui les caractérise. C’est aussi l’occasion de replacer ces vins dans une consommation simple et spontanée, avec des visites qui permettent un contact direct avec les producteurs. » Les différentes animations œnologiques, notamment des sessions gratuites d’initiation à la dégustation, culturelles (expos, concerts), ludiques et gastronomiques qui attendent l’amateur dans les paysages vallonnés du Sauternais sont à découvrir dans le détail ici.