Déjà récompensé lors des Gourmand World Cookbook Awards, l’ouvrage que Pierrick Bourgault a consacré aux vignerons qui « cultivent la vigne sous des climats et dans des terroirs improbables, sauvent des cépages oubliés ou bannis, retrouvent ou créent des vins », dont nous vous avions parlé ici l’automne dernier, vient d’être primé par l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), dans la catégorie « Vins et territoires ». Le palmarès complet de l’édition 2016 des prix de l’OIV est à découvrir là.
Pierrick Bourgault, Vins insolites.
Editions Jonglez, 29,90 euros
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Vin de la paix et autres curiosités
Vins d’Autriche, chapitre 2 : Heinrich Hartl, hier et aujourd'hui
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En chiffres
2 196 hectares
900 producteurs
25 % à l’export
Le jeune homme se glisse derrière le comptoir et me montre un faire-part accroché sur l’étagère derrière lui. Il s’agit d’un décès. Il ouvre un tiroir et me sort un paquet de ces avis barrés d’une croix. Tous ces gens étaient de bons clients. Sous l’ère industrielle, ils passaient à la Heuriger avant d’aller à l’usine, carburaient à cinq heures du matin et repassaient après leurs heures, pour décompresser, poussant souvent jusqu’à minuit. Ils embarquaient à la maison un litron supplémentaire, en cas de soif avant le coucher. Chez les Hartl, le grand-père cultivait, comme tous les paysans, du maïs, élevait des porcs et des vaches et faisait pisser la vigne pour écouler 60 000 litres de jaja à l’équivalent de 2,20 euros le litre.
Au cours du XXe siècle, la consommation a changé et les clients réguliers s’éteignent comme des bougies. Les quelques survivants s’accrochent au bon vieux temps et apprennent la mort des potes ou des anciens collègues en sirotant un Spritze (vin coupé d’eau gazeuse), le regard dans le vague. Les usines ont fermé, le nombre de Heuriger et de caves a fondu, les rendements dans la vigne aussi. Le fils Hartl a dû revoir la donne. Le scandale de l’antigel, en 1985, a précipité le mouvement, forçant le producteur, comme tous les vignerons autrichiens, à réduire le volume, privilégier la qualité, embaucher du personnel qualifié. Le suivant, Hartl III et 7e génération à Oberwaltersdorf, s’est attaqué au marché mondial avec confiance, travail et modernisme.
En 2001, ses études bouclées à l’Institut viticole de Klosterneuburg – fondée en 1860, c’est l’une des plus anciennes écoles d’agronomie au monde, Heinrich a puisé quelques savoirs en Nouvelle-Zélande, en Bourgogne, en Allemagne et au Portugal et a revisité le chai du sol au plafond (nouvelles cuves, fûts neufs). Le profil maison a radicalement changé : il propose désormais de belles cuvées puissantes et harmonieuses. Mais il avoue « faire le même chiffre d’affaires que son père avec beaucoup plus d’efforts, de paperasserie et de temps. Taxes et charges alourdissent les coûts de production. Le bénéfice est réduit à peau de chagrin ! » Le consommateur, qui trouve ses vins aux Etats-Unis, en Angleterre ou ailleurs, a tout à y gagner : son zweigelt est un vin sympa pour le barbecue du week-end et ses pinots noirs sont parmi les meilleurs du pays
Wine&Transat, le retour
Bar à vins éphémère mis en place chaque été sur le Rhône par l’appellation crozes-hermitage, le Wine & Transat fait son retour à Lyon aujourd’hui pour une soirée inaugurale (jusqu’à 4 h du matin) qui sera suivie de trois autres rendez-vous, les mercredis 20 et 27 juillet et le mercredi 3 août.
Accords mets-vins, ateliers thématiques, ces apéros conviviaux qui font rimer tapas avec masterclass se déroulent autour d’une carte des vins exclusive. L’édition 2016 proposera une programmation différente à chacune des dates annoncées.
Rendez-vous sur le pont de la péniche pour déguster des vins et tapas de 18 h 30 à 1 h du matin (service assuré par Eurocave, vingt caves et maisons à prix “découverte”). Pour la première fois, une sélection de magnums et une œnothèque de millésimes anciens sera proposée aux amateurs. C’est en cale que se dérouleront les différents ateliers thématiques, dès 19 h et sur réservation (cliquez là) ainsi que les rendez-vous plus intimistes organisés autour des cuvées “coup de cœur” des cavistes lyonnais (10 euros la dégustation de quatre vins, sur inscription préalable ici).
Wine & Transat by Crozes-Hermitage, les 13, 20 , 27 juillet et 3 août
Péniche La Plateforme, 4 quai Augagneur, 69003 Lyon
La Chablisienne rayonne
Les presque 300 vignerons réunis sous le nom de La Chablisienne, une coopérative née en 1923 et produisant une trentaine de cuvées issues de l’ensemble du vignoble et des appellations du Chablisien, viennent de voir récompenser « le travail minutieux » de Vincent Bartement lors de l’édition 2016 de l’International Wine Challenge. C’est la deuxième fois que cette compétition créée en 1983 par William Reed Business Media remet à l’œnologue de La Chablisienne depuis 2011 le titre de meilleur vinificateur de l’année (en blanc), un prix qui honore « toutes les équipes et vignerons qui font l’excellence et la qualité des vins de La Chablisienne. »
Après un viticulteur, un négociant
Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux* (CIVB) a élu lundi son nouveau président. L’alternance étant la règle, la famille “négoce” succède à la famille “viticulture” et c’est Allan Sichel (photo), vice-président du CIVB depuis 2013, qui succède à Bernard Farges à la tête de l’interprofession bordelaise pour un mandat d’une durée de trois ans. Franco-britannique né en 1962, Allan Sichel est le PDG de la société familiale Maison Sichel depuis 1998.
Outre ces fonctions, Allan Sichel a été président du syndicat des négociants (Union des Maisons de Bordeaux) de 2003 à 2008 et de 2010 à 2016, et président de la fédération des négociants de Bordeaux et de Libourne de 2004 à 2008 et de 2010 à 2016. Il est également administrateur de la fédération nationale du négoce, l’UMVIN, depuis 2011, membre de la Commanderie du Bontemps, membre de la Jurade de Saint-Emilion et conseiller municipal à Margaux.
Bordeaux en chiffres :
6 460 viticulteurs (en AOC)
300 entreprises de négoce
33 coopératives
3 unions de coopératives
84 courtiers
65 appellations
111 150 hectares**
5,3 millions d’hectolitres**
3,8 milliards d’euros
de chiffre d’affaires**
*Créé en 1948, le CIVB représente les trois familles de la filière des vins de Bordeaux, la viticulture, le négoce et le courtage, au travers de différentes missions (marketing-communication, économique, technique) et avec un budget de 37 millions d’euros (2015). Son rôle est d’établir un contact permanent entre elles en vue de faciliter le règlement de questions communes. La première interprofession viticole française défend également les intérêts généraux de de la filière, comme la protection des terroirs et la lutte contre la contrefaçon.
**En 2015. Source : CIVB.
Vins d'Autriche, chapitre 2 : Thermenregion, aux portes de Vienne
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En chiffres
2 196 hectares
900 producteurs
25 % à l’export
Connaissez-vous le zierfandler et le rotgipfler ? Deux cépages blancs emblématiques de la région des Thermes, au sud de Vienne. En rouge, le saint-laurent et le zweigelt donnent la réplique avec justesse. Et cerise sur le gâteau, des pinots noirs autrichiens à découvrir d’urgence. Un petit séjour sur place est encore le mieux, pour trinquer dans les Heuriger.
Vingt minutes de train seulement. Distance Paris-Versailles. Mais un dépaysement total, loin des odeurs de diesel. Le vignoble s’étend au-dessus d’une vallée grouillante de vie et d’industrie, contre le mont Anninger et ses 675 mètres et la grande forêt de Vienne, Wienerwald, qui protège du froid et des pluies et donne du bois pour la futaille. Deux mille hectares de vignes, les raisins blancs cultivés plutôt au nord, les rouges plus au sud. Les bains comme la vigne nous viennent des Romains, d’où ce nom de Thermenregion. Au Moyen Age, les moines cisterciens y ont développé le vignoble et l’Eglise possède encore de nos jours des terres à vigne qu’elle met en location. Les Viennois aiment venir flâner dans ce coin de verdure et se perdre dans les rues pavées de Gumpoldskirchen avec sa source historique et son curieux menhir à la forme évocatrice. Ou faire un tour à bicyclette dans les chemins de vigne pour finir attablés dans une Heuriger, ou Buschenschank, ces restaurants-tavernes où le vigneron enfile son tablier de service. On y mange chaud ou froid selon le cas, mais surtout on arrose le Wiener Fleischlaberln (boulettes de viande) ou Hausmannskost (cuisine maison) du vin du patron. Pas le classique pichet de vin de table en 50 cl. La gamme complète du producteur, s’il vous plaît, à peine plus chère sur table qu’au caveau, 7 ou 8 euros la bouteille, 15 euros peut-être si le millésime a de l’âge.
Karl Alphart réunit dans un mouchoir de poche son restaurant, doté d’une immense cour ombragée, une boutique design où tous ses vins sont exposés et, juste derrière ces vitrines alléchantes, l’usine de production, une cuverie moderne et pratique. Ce soir d’été, il court dans la salle bouteilles aux poings, fait la causette à ses clients en leur servant le vin, pendant que Madame est aux commandes derrière les plats. Au service, le fiston participe à cette folie temporaire. Les habitués se retrouvent en famille ou entre amis, chantent et trinquent, consomment et repartent avec, dans des cartons, de quoi poursuivre à la maison l’hommage au vigneron. Tout le monde y gagne. A se demander pourquoi un tel modèle n’existe pas en France alors qu’en Autriche, il est multiséculaire et multirépandu. Les Heuriger remontent à 1784 lorsque l’empereur Joseph II établit une loi pour gérer les boustifailles auxquelles s’adonnaient les vignerons au passage de leurs clients. Le petit coup de rouge sur le coin de la table de la salle à manger prit tellement d’ampleur qu’il fallut mettre de l’ordre. Depuis plus de 230 ans, la gestion au cordeau du système permet aux Viennois de ne jamais trouver porte close, sept jours sur sept. Karl et Elisabeth Alphart ouvrent trois semaines d’affilée tous les deux mois, en alternance avec leurs acolytes à double vie. Un calendrier est même disponible pour que le public puisse organiser ses sorties chez tel ou tel vigneron.
Mes magnums (13) un sauternes
Château Clos Haut-Peyraguey, premier grand cru classé de Sauternes 2013
Ce qu’il fait là
Ce premier cru classé en 1855, récemment acquis par Bernard Magrez, produit 35 000 bouteilles vendues sans grande difficulté. C’est un modèle pour l’appellation ou un message ?
Pourquoi on l’aime
Comme c’est beau, un magnum de sauternes dans une lumière douce. Et, oui, c’est un sauternes jeune. On peut l’attendre vingt ans, aussi. Mais là, si jeune, c’est éclatant.
Combien et combien
300 magnums, 76 euros le magnum.
Avec qui, avec quoi
De l’être aimé au plus cher ami, le casting est assez serré. Privilégiez aussi les gens curieux, le nez au vent, découvreurs.
Lire la suite ici sur le blog bonvivant
Mes magnums (12) un condrieu
Les Chaillées de l’Enfer, condrieu 2014, Domaine George Vernay
Ce qu’il fait là
C’est Georges Vernay, président du syndicat de défense du condrieu pendant trente ans, qui a sauvé cette appellation. Sa fille Christine, aux commandes depuis bientôt vingt ans, a repris un flambeau d’une très grande qualité.
Pourquoi on l’aime
Son nom vient des conditions de travail des journaliers dans cette parcelle, l’enfer. D’où l’on déduit que toute cette peine n’était pas donnée pour rien. Le vin est à la hauteur de la souffrance.
Combien et combien
200 magnums. 145 euros le magnum.
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Vacqueyras fête ses vins
Les rues du village de Vacqueyras (Vaucluse) accueillent aujourd’hui et demain la quarante-quatrième édition de la fête des vins de cette aire de production déployée autour des Dentelles de Montmirail. Après avoir d’abord fait partie de la famille des côtes-du-rhône Villages, vacqueyras est devenu une appellation d’origine contrôlée à part entière en 1990. Le cru produit dans les trois couleurs des vins issus de grenache noir, syrah, mourvèdre et cinsault pour les rouges et rosés et de grenache blanc, bourboulenc, roussanne, clairette, viognier et marsanne pour ce qui est des blancs. Les vignerons de trente domaines présenteront leur travail aux amateurs durant ces deux jours de rencontres « ponctués de gourmandises et de découvertes » qui s’achèveront avec le bal du 14 juillet.
44e fête des vins de Vacqueyras, plus de renseignements et programme complet ici.
Le premier 2016 vient d'Australie
Vendangé au mois de mars, le rosé Mathilda que la maison M.Chapoutier propose désormais chaque année est le premier vin du millésime 2016 que l’amateur (curieux, impatient, rebelle) peut déguster. Lors de sa sortie au début du mois de juin, ce vin australien élaboré à partir de grenache a fait l’objet de célébrations simultanées en France, en Angleterre, en Suède, au Danemark, au Canada ou encore en Chine, au cours desquelles la maison a présenté les deux nouveaux formats de la cuvée Mathilda : magnum et jéroboam. Ce rosé fait partie de la gamme Tournon by M. Chapoutier Australia qui inclut également un rouge et un blanc.