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Les « Coteaux, caves, maisons de Champagne » et les « Climats de Bourgogne » bientôt au patrimoine mondial ?

Entre le 28 juin et le 8 juillet, l’Unesco rendra son verdict quant à l’inscription des « Coteaux, maisons et caves de Champagne » et des « Climats de Bourgogne » au patrimoine de l’humanité. Si les premiers sont bien partis, les seconds le semblent un peu moins. Qui va rejoindre les vignobles déjà distingués par la prestigieuse organisation ?

« Il n’y a pas de grands vignobles prédestinés, il n’y a que des entêtements de civilisations », écrivait le journaliste Pierre Veilletet. En Champagne, on tire le meilleur de la vigne à la limite septentrionale de sa survie et on le sublime en un symbole universel depuis plus de 300 ans. En Bourgogne, on dessine depuis plus d’un millénaire une mosaïque pointilliste unique au monde. De cet entêtement naissent des savoir-faire, des paysages, des vins incomparables, irremplaçables. Pour être inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, les « Coteaux, maisons et caves de Champagne » et les « Climats de Bourgogne » devront justifier de leur valeur universelle exceptionnelle, c’est-à-dire d’une importance culturelle telle qu’elle dépasse les frontières, traverse les générations et mérite d’être reconnue à l’échelle mondiale. Si évident que cela paraisse, cela n’en a pas moins nécessité 800 pages de démonstration et 17 000 pages d’annexes pour la Bourgogne, 800 pages et 4 000 pages d’annexes pour la Champagne, et près de neuf ans de mobilisation. Dans le vignoble, dans le cuvier, au chai, tout est affaire de patience. Mais l’épilogue est proche. L’avant-dernière étape a été franchie le 15 mai avec le rendu d’avis de l’Icomos (Conseil international des monuments et des sites), l’organe consultatif de l’Unesco, sur les deux candidatures, basé sur le rapport d’enquête in situ de leurs experts et l’étude des dossiers.

Seulement six vignobles inscrits à ce jour

L’inscription des « Coteaux, maisons et caves de Champagne » est recommandée et la valeur universelle exceptionnelle des « Climats de Bourgogne » a été reconnue, tout en étant assortie d’une demande de renvoi sur deux points. L’avis favorable de l’Icomos est généralement suivi du classement. Très bientôt, les vingt et un membres du Comité du patrimoine mondial seront réunis à Bonn, en Allemagne, pour leur 39e session. Sur la base des indications de l’Icomos, ils décideront donc si ces deux entités viticoles méritent de figurer sur la Liste aux côtés du Taj Mahal, du mont Saint-Michel ou de l’Acropole d’Athènes. Parmi les biens inscrits à ce jour, six seulement correspondent à des vignobles : le paysage culturel historique de la région viticole de Tokaj en Hongrie, la région du Haut-Douro et le paysage viticole de l’île de Pico aux Açores au Portugal, le vignoble en terrasses de Lavaux en Suisse, les vignobles italiens Langhe-Roero et de Monferrato, dans le Piémont, et la juridiction de Saint-Emilion, seul bien français, inscrit dès 1999. D’autres régions aux vignobles fameux sont inscrites, par exemple le Val de Loire en France, les Cinque Terre en Italie ou Wachau en Autriche, mais elles ne le sont pas uniquement à ce titre.

L’œuvre conjugée de l’homme et de la nature

Les Coteaux, maisons et caves de Champagne concourent au titre de « paysage culturel évolutif vivant », les Climats de Bourgogne au titre de « site culturel ». Les deux sont bien sûr l’œuvre conjuguée de l’homme et de la nature. L’inscription de la Champagne porte sur trois critères de sélection (voir encadré) : « apporter un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante », « offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysages illustrant une ou des période(s) significative(s) de l’histoire humaine », « être directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des œuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle ». La Bourgogne concourt également sur le premier de ces trois critères ainsi que sur celui-ci : « exemple éminent d’établissement humain traditionnel, de l’utilisation traditionnelle du territoire qui soit représentatif d’une culture ou de l’interaction humaine avec l’environnement ».

« Le champagne, pour moi, c’est la folie et la ténacité réunies, un peu comme Venise »

Trois sites témoignent sur 1 100 hectares de l’œuvre des vignerons et des négociants champenois : les coteaux historiques, face à la vallée de la Marne, les plus anciens et emblématiques du vignoble champenois, entre Hautvillers (où Dom Pérignon expérimenta l’assemblage des cépages) et Mareuil-sur-Aÿ ; la colline Saint-Nicaise à Reims avec les bâtiments élevés par les maisons de champagne et les cathédrales souterraines que sont les crayères (Claude Ruinart, au XVIIIe siècle, fut le premier à y installer sa Maison et à exploiter les crayères abandonnées pour conserver le vin) ; et enfin, l’avenue de Champagne, à Epernay, qui aligne les maisons de négociants (Jean-Rémy Moët fut pionnier), les sites de production et des kilomètres de réseaux de caves. « Le champagne, pour moi, c’est la folie et la ténacité réunies, un peu comme Venise », s’enflamme Pierre Cheval, le président de l’association Paysages du champagne qui porte cette candidature. Un paradoxe, des conditions contraires que l’on domine, un acharnement sublimé en grâce.

« En Bourgogne, quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre », selon la formule de Bernard Pivot, président du comité de soutien. Ces terroirs viticoles sont au nombre de 1247. Parmi les plus illustres : Chambertin, Romanée Conti, Clos de Vougeot, Montrachet, Corton, Musigny… Climat (terrain) et climat (conditions météorologiques) ont la même origine : le klima grec qui désigne l’inclinaison d’un lieu sur la terre. C’est aussi une unité romaine utilisée pour mesurer la surface des terrains à cultiver. En Bourgogne, on a conservé ce terme de climat pour désigner, au moins depuis le XVIe siècle, une parcelle de vignes très précisément délimitée et nommée, associée au vin qu’elle produit. Mais les climats, c’est la transmission, depuis près de deux millénaires, de pratiques de vinification élaborées et affinées par des générations de vignerons. C’est aussi mille ans d’histoire liés à la fondation des abbayes de Cluny et de Cîteaux et au pouvoir politique des ducs de Bourgogne. Mille ans pendant lesquels s’est établi la hiérarchisation des lieux et des vins fixée et protégée par l’AOC créée en 1936 (cent appellations régionales, village, premier cru, grand cru).

Une ode au monocépage, pinot noir ou chardonnay

Le terme climat pourrait être la traduction bourguignonne du mot terroir s’il n’était pas aussi spécifique à la région. « Il n’y a de climats qu’en Bourgogne », martèle-ton de la Côte de Nuits à la Côte de Beaune. Sur les 60 kilomètres du mince ruban (un kilomètre de large) de vignes qui court de Dijon à Santenay, les climats forment une mosaïque de crus uniques, une infinité de nuances de sols, d’expositions, de microclimats. Les noms disent tout. Les Cras à Marsannay-la-Côte ou les Crâs à Vougeot évoquent les coteaux pierreux. Les Cailles à Nuits-Saint-Georges, les Caillerets à Meursault, les sols caillouteux. Les Roichottes à Savigny-lès-Beaune, les Ruchottes du Bas, les Ruchottes du Dessus à Gevrey-Chambertin font référence aux petits éboulis à fleur de terre. Les Argillières à Chambolle-Musigny traduisent l’argile. Les climats, c’est une ode au monocépage, pinot noir ou chardonnay cultivés dans des mouchoirs de poche entourés de murets, parsemés de cabottes (abris des vignes) et ponctués de meurgers (tas de pierres). C’est la marque du travail de l’homme sur le sol et le paysage, de la modeste maison de village au palais des Ducs à Dijon et aux Hospices de Beaune, taillés dans la même pierre calcaire. Ce « décor » n’en est pas un, c’est une philosophie.
Pour Aubert de Vilaine, copropriétaire de la Romanée-Conti et président de l’association qui défend le dossier devant l’Unesco, les climats sont le modèle de la viticulture de terroir, son berceau et son archétype que l’urbanisation et la banalisation des pratiques et des goûts pourraient rendre vulnérable, alors que face à l’uniformisation du monde, la protection de la diversité est un enjeu pour l’humanité.

Béatrice Brasseur


Le patrimoine mondial

L’Unesco a été créé en 1945 et la notion de patrimoine mondial établie en 1978. Cette appellation est attribuée à des lieux ou des biens possédant une valeur universelle exceptionnelle, c’est-à-dire dignes d’intéresser l’humanité toute entière et sans équivalent dans le monde. La liste actuelle des sites universels et exceptionnels comporte 1 007 biens dans le monde, dont 39 en France, et 38 propositions d’inscription seront examinées à Bonn début juillet.
Pour figurer sur la liste, les biens proposés ont dû satisfaire à au moins un des dix critères de sélection définis par l’Unesco. Les 21 membres du Comité du patrimoine mondial de l’humanité décideront par vote l’inscription, le renvoi pour complément d’information (le dossier peut être représenté dans un délai de trois ans maximum), le différemment (le dossier repart pour un cycle de préparation et d’examen complet) ou la non inscription. Le comité suit en général les recommandations des experts Icomos (patrimoine culturel) et UINC (patrimoine naturel). Ces derniers se sont déplacés en Champagne et en Bourgogne fin 2014.
L’inscription au patrimoine mondial distingue mais n’entraîne pas de contraintes supplémentaires par rapport à la législation du pays, ni aux cahiers des charges des appellations. Pas question pour les élus cependant de se reposer sur leurs lauriers. Le dossier de candidature doit comporter un plan d’actions de sensibilisation des publics, de sauvegarde, protection et mise en valeur des patrimoines naturels et bâtis. Un bien peut toujours être déclassé. B.B.


Aubert de Villaine : « Les Climats, un modèle unique et universel »

Aubert de Villaine, président de l’association « Climats de Bourgogne » et copropriétaire de la Romanée-Conti.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le verdict ?

L’Icomos a reconnu la légitimité de la candidature des Climats sur le volet scientifique, leur Valeur Universelle Exceptionnelle, et c’est une très grande satisfaction pour nous. Sur le volet de la protection, l’Icomos a reconnu ce qui existe déjà et ce qui a été engagé. Le renvoi concerne 2 % du projet, soit la zone non protégée au sud de Beaune, et porte sur le plan « paysage carrier » où l’Icomos aurait souhaité que nous soyons plus avancés. Nous sommes un peu surpris sur ce dernier point car il concerne une zone tampon et non centrale. Les Climats sont un ensemble que nous n’avons pas voulu morceler. Certes, nous aurions préféré une recommandation directe mais compte tenu de la qualité du dossier, ambitieux et complexe, les ministères de la Culture et de l’Environnement ainsi que l’ambassadeur de France à l’Unesco vont tout de même demander l’inscription. C’est l’ambassadeur de France qui présentera le dossier des Climats à ses collègues du Comité du Patrimoine Mondial.

Quand vous lancez, en 2006, l’idée de figurer au patrimoine mondial, vous êtes suivi par les Bourguignons ?

Il a fallu convaincre. On a constitué l’association en 2007 et réellement commencé à travailler en 2008. J’étais persuadé, comme les maires de Dijon et de Beaune, que cette inscription permettrait de faire comprendre à ceux qui vivent sur ce territoire qu’ils ont quelque chose de très précieux dans les mains et qu’ils doivent se donner les moyens de le protéger parce qu’ils en sont responsables. Faire reconnaître cette Valeur Universelle Exceptionnelle, c’est la faire respecter de l’extérieur ET de l’intérieur. La principale opposition, c’était la crainte, pour les viticulteurs, de contraintes supplémentaires. Je crois que nous les avons convaincus. La candidature réunit quelque 64 000 signatures de soutien.

Pourquoi est-il important que les climats soient inscrits au Patrimoine mondial ?

On vit dans un monde qui cherche les raccourcis en permanence, et la technologie les rend possibles. Or nos savoir-faire demandent du temps et de la patience. Il faut savoir ne pas aller trop vite quand tout nous y enjoint.

La notion de temps est peut-être encore plus prégnante ici qu’ailleurs ?

Cette prise de conscience de la valeur du temps – qui a donné sa forme à ce que nous connaissons aujourd’hui – est essentielle. Une des vertus de l’inscription des Climats au patrimoine mondial serait de nous permettre de ne pas l’oublier et à nos visiteurs d’y réfléchir.

Cette candidature vous a-t-elle appris quelque chose ?

C’est que ce territoire, pour unique qu’il soit, est un modèle universel pour les autres viticultures de terroir dans le monde et même pour d’autres productions, de thé et de jasmin de Fuzhou en Chine, d’huile essentielle d’ylang ylang aux Comores. Nous avons d’ailleurs organisé un colloque réunissant 17 pays en février dernier à Paris, sur ce thème.

L’inscription au patrimoine de l’humanité est-elle une forme de sanctuarisation ?

Nous ne sommes pas un monument figé, nous devons toujours être en recherche d’excellence pour nos crus en restant fidèles à nous-mêmes. Or la culture des Climats qui nous a été transmise n’est pas protégée. Sur la côte de Nuits, rien n’est classé par exemple. Respecter ce qui a été acquis et transmis et donner les conditions pour que ça puisse continuer de vivre, voilà le but.

Une telle distinction induira immanquablement une hausse de la fréquentation.

Effectivement. Dans la perspective du classement, le New York Times a d’ailleurs placé la Bourgogne au 15e rang sur 50 des destinations les plus intéressantes au monde.

Propos recueillis par Béatrice Brasseur


Pierre Cheval : « Le Patrimoine mondial, une bulle puissante »

Pierre Cheval, président de l’association « Paysages du Champagne », viticulteur à Aÿ (Champagne Gatinois) et premier adjoint au maire d’Aÿ.

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant le verdict ?

Nous sommes très satisfaits de la décision de l’Icomos évidemment. On y croyait tous, historiens, géographes, le monde du champagne, les collectivités… Cet avis nous positionne très favorablement. Reste que c’est le Comité du Patrimoine mondial qui aura le dernier mot. Vraisemblablement autour du 5 juillet. J’espère que nous pourrons retransmettre la session en direct sur internet.

Quand avez-vous commencé à penser à l’inscription ?

Dès 2002. L’idée a émergé lors d’une réunion du comité interprofessionnel des vins de Champagne. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire de plus pour célébrer le champagne, son histoire, ses valeurs. La première étape, l’inscription sur la liste indicative des biens proposés au patrimoine mondial, n’est qu’une déclaration d’intention… On a vraiment commencé à travailler en 2005 avec la constitution de l’association Paysages du Champagne qui porte la candidature des « Coteaux, maisons et caves de Champagne ». Mais on ne savait pas où on allait ni comment il fallait y aller… Finalement, des 35 000 hectares de l’appellation, qui n’ont pas tous la valeur universelle exceptionnelle exigée, on a resserré notre périmètre à trois lieux emblématiques, Reims, Epernay et les coteaux historiques.

Comment l’idée a-t-elle été accueillie par les Champenois ?

D’abord par l’incrédulité. « Le patrimoine mondial, ça vaut pour la Grande muraille de Chine ou Angkor… » Un ministre de l’Agriculture de l’époque croyait au contraire que c’était déjà fait ! On finit par ne plus voir l’exceptionnalité de ce que l’on a, de ce que l’on est. L’idée folle est devenue progressivement envisageable, raisonnable, constituée, possible, légitime. Aujourd’hui, les Champenois dans leur majorité attendent cette inscription, y compris les convaincus de la 25e heure. 55 000 personnes ont signé leur soutien. Et même un certain François Hollande…

La Champagne jouit déjà, à travers son vin, d’une renommée mondiale. Pourquoi est-il important qu’elle soit classée au Patrimoine mondial ?

L’objet, le but initial, c’est de préserver un patrimoine agro-industriel unique au monde. Contrairement à tous les autres vignobles, dans le monde, nous ne sommes pas menacés par l’urbanisation. Au prix moyen de 1,5 million d’euros l’hectare, nous ne sommes pas concernés. Nous pouvons l’être par l’uniformisation. Cette inscription servira à ce que les générations montantes ne s’endorment pas sur les lauriers de leurs prédécesseurs. Il faut sans cesse remettre l’ouvrage sur le métier des valeurs. Le seul développement possible pour les champenois, petits et grands, c’est celui de l’excellence. Il faut savoir enfin que sur la moitié de la planète, on trouve des champagnes qui n’en sont pas car le mot n’est pas protégé partout. Il sera plus aisé de se défendre au nom du patrimoine mondial dans un dossier de contrefaçon.

Les sites classés par l’Unesco connaissent une augmentation de leur fréquentation. Comment allez-vous gérer cela ?

Nous estimons une croissance d’environ 20 %. L’Unesco impose dans les dossiers de candidature un plan de gestion précis, rigoureux et déterminant, sur les volets tourisme, architecture, sensibilisation du public, etc. Le but est de faire vivre le bien inscrit. Il faut ensuite rendre des comptes car on peut être déclassé, ce qui a été le cas de la ville de Dresde.

L’inscription, c’est une sanctuarisation ?

Elle offre une bulle puissante de protection puissante mais elle ne fige pas. Au contraire, il s’agit de garantir les meilleures conditions pour que vive un patrimoine.

Propos recueillis par Béatrice Brasseur

Alliance Loire, toujours plus bio

La quinzaine du « Printemps bio » qui se termine demain a été l’occasion pour l’organisme Alliance Loire, engagé depuis longtemps « dans le respect de la nature » et l’agriculture raisonnée et désormais positionné comme un acteur incontournable de la production de vins certifiés AB avec plus de 400 000 bouteilles produites sur sept appellations, de dévoiler ses deux gammes de vins bios.

Capture d’écran 2015-06-15 à 17.11.19La première est baptisée « Azuré » du nom d’un papillon « dont la survie dépend de la biodiversité » et ses vins sont proposés en grande distribution (par exemple le muscadet-sèvre-et-maine ci-dessus, 5,30 euros).

La seconde s’appelle « Demoiselle Bleue », comme cette libellule qui joue un rôle majeur dans l’écosystème : « Très sensible à la qualité des eaux, c’est un excellent témoin de la richesse du milieu. Menacée de disparition, elle est devenue un des symboles de la biodiversité et est protégée en Val de Loire. »

Ses vins, parmi lesquels le saumur rouge et le cabernet-d’anjou rosé ci-contre (6,90 et 6,50 euros) sont à découvrir chez les cavistes.

Label renouvelé au pays de Colmar

Le label « Vignobles & Découvertes » attribué pour trois ans sur proposition du Conseil supérieur de l’œntourisme par les ministères chargés de l’Agriculture et du Tourisme vise à fédérer les acteurs de la viticulture et du tourisme autour de la valorisation des territoires viticoles. Déjà détentrice depuis 2012 de ce label qui « a permis de donner une réelle dynamique au territoire (…) en fédérant les acteurs autour de projets œnotouristiques communs », par exemple la Parenthèse vigneronne proposée par l’office de tourisme de la Vallée de Kaysersberg, la création du Train gourmand du vignoble entre Eguisheim et Rouffach ou encore les pique-nique et apéros chez les vignerons indépendants (Synvira), la destination viticole « Terre & Vins au Pays de Colmar » vient d’être à nouveau labellisée pour trois ans. Outre la découverte des différents sentiers viticoles, villages pittoresques et nombreux sites culturels liés au vins d’Alsace, les huit offices de tourisme de ce territoire qui compte 37 communes viticoles et 34 grands crus proposent aux visiteurs une sélection de 167 prestataires répondant au cahier des charges du label (caves viticoles, hébergements, sites et musées, activités, événements liés aux vins), on cliquera ici pour en savoir plus.

Une filière solidaire

C’est parti pour la collecte de l’association caritative tout récemment créée par Michel Boss, Pierre-Henry Gagey (en photo ci-dessus), Jean-François Moueix, Jean-Pierre Perrin, Jean-Claude Rouzaud et Aubert de Villaine, dont l’objet est de lever « des fonds significatifs à destination de Français qui ont besoin d’aide. » Baptisée « 12 de cœur », cette association a également pour vocation de fédérer autour d’un projet commun et généreux le plus grand nombre possible d’acteurs de la filière vite-vinicole de toutes les régions françaises, vignerons, négociants, cavistes, restaurateurs, etc.

Que l’on soit à la tête d’une grande, moyenne ou petite propriété, l’idée est de donner à l’association l’équivalent de la valeur (prix public) d’une caisse de 12 bouteilles de son meilleur vin via ce site internet- (paiement sécurisé). Une opération nationale impliquant le grand public est également prévue en octobre prochain. L’intégralité des sommes récoltées grâce au monde viticole sera reversée en une fois, à une seule association caritative. Pour les trois premières années, ce sont les Restos du Cœur qui ont été choisis.

Pierre-Henry Gagey, qui préside l’association, a déclaré que « soumis aux caprices de la nature et à un métier où rien n’est jamais acquis, les vignerons connaissent l’importance de l’entraide.» Avec cette action qui allie les vins d’exception et les meilleurs vins des producteurs plus modestes, « ils sont tous unis par ces valeurs de tradition, de solidarité et de partage. Pour chacun, l’effort est le même et cet élan du cœur permettra de soutenir les plus fragiles d’entre nous. »





Le Vinexpo nouveau

Inauguré par le président de la République, c’est une première (photo ici), le salon professionnel qui a lieu tous les deux ans à Bordeaux a ouvert ses portes hier aux dizaines de milliers de visiteurs attendus, opérateurs de la filière mondiale des vins et spiritueux venus de 120 pays. Pour cette édition 2015, Guillaume Déglise, directeur général depuis septembre 2013 de Vinexpo et Vinexpo Overseas (salons se déroulant les années paires à Hong-Kong et Tokyo), a fait évoluer cet important salon qui accueille sur cinq jours et 40 000 m2, 2 400 exposants représentant 45 pays producteurs. D’abord son identité graphique et sa signature, « Taste the unexpected » est la nouvelle promesse faite aux participants, et avec elles l’expérience toute entière.

Résolument tourné vers la gastronomie, des food-trucks aux grandes signatures en passant par les bistrots, Vinexpo 2015 ne propose pas moins de vingt-six points de restauration assorti d’ateliers dédiés aux accords mets-vins organisés sous l’égide de Gault & Millau. Autre nouveauté, la place accordée aux vins rosés et effervescents dont la consommation au niveau mondial ne cesse d’augmenter, notamment en France. Avec 76,8 millions de caisses de rosé et 30,2 millions de caisses de vins effervescents selon l’étude Vinexpo IWSR 2015 dont nous vous avions parlé ici, « la France occupe respectivement les rangs de 1er pays consommateur de vin rosé et de 2e pays consommateur de vins effervescents. » Ces deux types de vin sont, avec les liquoreux, les stars des espaces de dégustation libre « Flight » mis en place cette année.

Parmi les autres points forts, l’Academy Vinexpo proposera aux professionnels 80 rencontres sur des thématiques variées « animées par les plus grands spécialistes mondiaux du vin, qu’ils soient producteurs, dégustateurs ou œnologues » (débats, conférences, dégustations, le programme complet est ). Enfin, parce que tout le monde n’est pas forcément invité aux festivités organisées dans les châteaux pour l’occasion, quatre soirées hors-les-murs baptisées « The Blend » sont également prévues dès 22 h au Hangar 14, sur les bords de la Garonne, afin que l’ensemble des visiteurs de cette 18ème édition d’un salon désormais relié par tramway au centre-ville de Bordeaux puissent développer leur réseau professionnel.

Un nouvel accord de distribution

Dès le 1er juillet, Advini sera en charge de la distribution exclusive en France, en Belgique et au Luxembourg des marques bordelaises « Légende » et « Saga » ainsi que de Château d’Aussières (Corbières). Cet accord signé entre Domaines Barons de Rothschild (Lafite) et le groupe Advini concerne tous les réseaux, zones de duty free comprises.

Christophe Salin, le président de DBR Distribution, confie que le choix d’Advini pour porter le développement de ces marques « s’est imposé naturellement », pointant la qualité des équipes, la connaissance du métier « tant dans le Languedoc que dans le Bordelais » et le savoir-faire d’une force de vente implantée sur tous les secteurs de distribution qui caractérisent le groupe.

Le président d’Advini, Antoine Leccia, estime que cet accord de distribution exclusive « témoigne de la pertinence du modèle alliant le savoir-faire historique et remarquable de DBR dans les vins d’excellence avec celui d’Advini dans la distribution sélective, soucieuse de la valorisation des vins à forte identité », ajoutant que ces vins complètent parfaitement les portefeuilles des filiales du groupe à Bordeaux (Antoine Moueix) et dans le Languedoc (Vignobles Jeanjean).

Paul-François Vranken, le rosé de la Gordonne prend de la hauteur

FP VRANKEN PDG VRANKEN POMMERY

Paul-François Vranken, grand opérateur champenois avec ses marques célèbres (Pommery, Demoiselle, Heidsieck-Monopole, Vranken) a pris des positions très sérieuses en Provence et en Camargue. Il s’est confié à MyBettaneDesseauve.


MyBD : Quel sens donnez-vous à cette implantation dans le sud, Provence et Camargue, par rapport à vos racines champenoises ?

PFV : Si j’y suis allé il y a neuf ans c’est parce que je pensais profondément que les vins, qu’ils soient de Camargue ou de Provence, procuraient un plaisir exceptionnel à la dégustation. Pour ce faire nous avons totalement modifié les méthodes de vinification à La Gordonne, ainsi qu’au domaine Royal de Jarras.
Nous y avons installé avec Thierry Gasco, chef de cave de Pommery, une dizaine de pressoirs champenois, ce qui a considérablement modifié la qualité du produit. En traitant le Midi comme on traite la Champagne, nous avons créé des vins de garde. Sur les 300 hectares de notre propriété provençale nous avons fait des sélections pour chaque vin. Nous avons choisi de réaliser un vin qui est un assemblage de ce que nous avons sur la propriété, une autre sélection plus grande qui s’arrête au Cirque des Grives et à La Chapelle-Gordonne.

MyBD : Vous avez donc trois étiquettes ?

PFV : Quatre. Le Château est un assemblage de l’ensemble des parcelles, ensuite nous avons Vérité du terroir, et enfin La Chapelle-Gordonne, une sélection des parcelles qui se trouvent sur le versant sud de la colline de schistes qui trône sur La Gordonne. Le dernier étage de notre pyramide qualitative se trouve au Cirque des Grives, le versant le plus exposé et exclusivement dans le chistes.
En dégustant, avec Thierry Gasco, nos vins de 2014 du Cirque des Grives, avec notre process œnologique, nous nous sommes rendus compte qu’ils n’étaient pas commercialisables compte tenu de leur structure et de leur acidité, ils ne sont pas prêts. C’est une révolution dans les rosés.

MyBD : C’est une réelle avancée, en effet.

PFV : C’est une évolution formidable. D’autant plus importante qu’elle nous permet d’exporter nos rosés tant appréciés par nos amis Nord-Américains.
Le syndicat des vins de Provence a annoncé cette évolution qualitative. Elle était essentielle étant donné que les vins ne se gardaient pas. Le rosé d’été a laissé place à un rosé qui est un vin à part entière.

MyBD : Au regard de vos critères champenois, jugez-vous que cette initiative – faire un grand rosé de garde – est couronnée de succès ?

PFV : Je pense, oui. Nous atteindrons les 500 000 bouteilles sur le marché américain, 100 00 en Australie cette année, avec en prime une ouverture sur le marché japonais. C’est assez impressionnant, car nous partions de zéro en 2012. Nous ne pouvons qu’être satisfaits. C’est un succès assez inattendu.

Propos recueillis par Nicolas de Rouyn

Villa Baulieu, une villa belle comme l’antique

La lumière toscane qui nimbe la Villa Baulieu offre au pays d’Aix un attrait irrésistible qui justifie la mise en service du dernier TGV, Londres-Aix. Cette villa plus belle que l’antique constitue désormais un point d’ancrage pour l’aménagement du territoire du goût avec un TGV (Très Grand Vin) mis sur les rails par la famille Guénant. Jouissant d’une vue imprenable sur le Massif de la Trévaresse, la Villa Baulieu permet de vivre des rêves de braise. On y tutoie un ancien volcan. Dans ses flancs subsistent des sources exploitées : elles alimentent toujours les bassins et fontaines du parc et lui donnent un air de fête baroque ; la villa construite dès 1635 par les comtes de Provence vient d’être restaurée par ses nouveaux mécènes, tombés amoureux des lieux : « Cette propriété était à vendre, nous sommes arrivés avec mon épouse Nicole par un jour de pluie. Malgré le temps et l’état d’abandon du domaine, il s’en dégageait quelque chose de magique, une beauté transcendantale.

Lorsque nous achetons en 2001, ma mère dépitée me confie : tu as fait l’acquisition de buissons et non de vignes. » Les Guénant ont mené la restauration avec un sens du détail qui va jusqu’au galbe des lustres vénitiens. La bibliothèque dédiée à l’une des plus importantes collections de livres bachiques constitue une référence mondiale. Toute cette sensibilité, Pierre Guénant l’a transmise à Bérengère, sa fille qui dirige avec charme cette Villa Baulieu où la lumière pourpre orange se réfracte, se diffuse toujours colorée d’une touche de grâce : « Cette aventure familiale est très excitante, je l’ai vécue depuis ses débuts. Je suis arrivée dans la propriété après des études de commerce et de tourisme hôtelier. Puis j’ai suivi une formation viti-oeno à Suze-la-Rousse. J’ai donc en charge la partie viticole, agricole et hôtelière. »