Ce sont naturellement les blancs de ce climat (où l’article défini est de rigueur) qui le placent hors ligne chez Lavalle. Les marnes du sol et l’exposition plein sud en font la partie du coteau la plus propre à donner les plus grands blancs qui associent la vigueur du corps et une finesse, une pureté et une minéralité saline vraiment remarquables. Les blancs du Charlemagne ont un bouquet incomparable après huit à dix ans de vieillissement.
Les Chaumes
Le cru, situé directement sous le Charlemagne, est un peu moins connu aujourd’hui car peu souvent mis en bouteille à part. L’exposition est plus sud que sud-est, comme celle des Pougets.
Pinault sur la Rive droite
Ignorant le montant de la transaction, le journal Sud-Ouest vient d’annoncer qu’« Artémis, holding gérant les participations de l’homme d’affaires François Pinault, prend une participation significative dans les vignobles de la baronne Guichard, en Libournais. » Significative, cela représenterait pour le propriétaire de Latour 49 % du capital de cet ensemble viticole de trois châteaux (Siaurac, en photo ci-dessus, Vray Croix de Gay et Le Prieuré), toujours selon les informations du journal.
L’article complet est là.
Chais d'architectes, le tour de Starck
Dans le droit fil d’un mouvement initié par d’autres domaines, avec d’autres architectes, le château Les Carmes Haut-Brion – 10 hectares au cœur de Bordeaux, acquis en 2010 par Patrice Pichet – annonçait l’année dernière avoir confié la conception de son nouveau chai à Philippe Starck et Luc Arsène-Henry. Un an a passé avant que l’on ne découvre en images leur projet, finalisé l’été dernier.
Les travaux de cet épatant navire-amiral posé sur la pièce d’eau qui sépare les deux versants de la propriété, hommage à l’histoire des bordeaux transportés pendant des siècles par bateau aux quatre coins du monde, viennent tout juste de débuter et devraient s’achever au printemps 2015. Patrice Pichet se dit « très heureux et très honoré » que Philippe Starck et Luc Arsène-Henry aient accepté de concevoir ces chais. « Ambitieuses et singulières, les nouvelles installations qui vont voir le jour sont conçues pour incarner toute la passion que nous avons pour le château Les Carmes Haut-Brion.
Ce projet est la signature forte et emblématique de la nouvelle page qui s’ouvre ici »
Au total, ce bel ouvrage abritera 2 000 m2 répartis sur quatre niveaux (chai d’élevage et cave seront « sous l’eau »). Doté d’équipements techniques à la hauteur des ambitions de qualité de ce pessac-léognan, il sera aussi un lieu de réception et de dégustation. Une grande terrasse panoramique permettra d’embrasser l’ensemble du domaine. Le parc du château va également faire l’objet de réaménagements importants et les systèmes hydrauliques de ses bassins d’agréments et de sa fontaine vont être réhabilités. Et pas seulement pour des raisons esthétiques. En effet, cette reconstitution des zones humides du château permettra de réguler les eaux de ruissellement et de protéger la biodiversité des lieux.
Les Renardes
C’est le vignoble jumeau du Clos du Roi, côté Ladoix, un peu plus élevé et accidenté dans sa partie la plus haute. Toutes les conditions de sol et d’exposition requises pour produire le rouge le plus accompli du coteau semblent réunies et justifient le classement du docteur Lavalle.
Il faut pourtant avouer qu’il est rare de trouver en dégustation comparative dans un renardes l’équilibre d’un clos-du-roi ou la finesse superlative d’un bressandes, à la brillante exception des domaines Leroy ou Liger-Belair.
Les vins sont charnus, tanniques, avec parfois une petite note animale qui explique, peut-être, le nom du climat.
Le Clos du Roi (ou Clos du Roy)
Chez tous les producteurs qui vinifient à part les meilleurs climats du Corton, le Clos du Roi donne toujours le vin le plus complet, le plus vineux et le plus complexe sur le plan aromatique, même s’il n’est pas celui qui s’exprime en primeur avec le plus de spontanéité.
On ne sera donc pas surpris qu’il ait appartenu un temps à la Couronne de France ou à l’illustrissime banquier Ouvrard, qui possédait aussi tout le Clos de Vougeot, la Romanée-Conti et une partie du Chambertin.
Malgré des différences évidentes de sol superficiel, allant des marnes claires au rouge-brun, je n’ai pas vraiment perçu de caractère réellement différent entre tous les clos-du-roy que j’ai dégusté, mais une excellence commune.
À quoi attribuer cette excellence ? Certainement à la perfection de l’exposition sud/sud-est, la plus chaude, celle qui permet à la peau et aux pépins du raisin d’atteindre une maturité optimale et à des facteurs plus mystérieux qu’on comprendra certainement mieux le jour où l’on découvrira, j’en suis intimement persuadé, le rôle capital que jouent les champs magnétiques.
Le Corton
Nous sommes ici directement sous le bois qui a donné son nom au grand cru. La partie haute, très accidentée, est la plus froide du coteau en raison de vents issus des combes voisines et convient particulièrement au chardonnay qui peut attendre sans pourrir d’être vendangé plus tard que le pinot noir.
Le vigneron risque quand même une altération fatale du raisin en fin de parcours, si un fort orage se déclare. Après le premier coup de tonnerre, les raisins tournent soudain au bleu et transmettront irréversiblement au vin un goût de raisin blet .
On saluera donc le courage des vignerons qui savent attendre la meilleure maturité et qui sont largement récompensés par la puissance et la noblesse de saveur d’un vin incomparable, aux arômes de noisette fraîche d’une divine finesse.
La partie la plus basse (mais toujours sur le haut du coteau) a toujours été plantée en rouge et donne, si on ne l’assemble à aucun autre lieu-dit, le vin le plus tannique, le plus lent à vieillir mais, à terme, le plus mémorable de toute l’appellation, d’une distinction et d’un cachet valant un chambertin ou un des meilleurs clos-vougeot.
Corton – les appellations Premier Cru et Village
- Ladoix-Serrigny
La délimitation actuelle révisée des premiers crus de Ladoix (environ 14,5 ha) a sans doute été très généreuse pour une commune encore peu connue et mollement défendue par le négoce local, mais elle obéit à une certaine logique par rapport aux deux communes voisines qui partagent avec elles le cru Corton et par rapport aux caractères apparents des sols et des expositions.
La mise en valeur par une nouvelle génération de ces premiers crus devrait pourtant créer d’heureuses surprises, d’autant que l’ambiance locale entre producteurs est très amicale, très motivée dans l’émulation comme on peut s’en apercevoir au début de chaque mois de juillet lors des fameuses balades gourmandes dans les vignes du village où se presse un public nombreux et très curieux.
Une partie des premiers crus du village se situe en limite du grand cru Corton dont elle prolonge les expositions et le sol mais avec des marnes plus lourdes. Joyeuses et Bois Roussot donnent des vins solides et équilibrés, mais sans forte personnalité.
La deuxième partie de ces premiers crus se situe en bout de limite du village, côté Corgoloin, et les vins semblent, en se rapprochant de la Côte de Nuits, gagner en précision de définition et en allonge. La Micaude, la Corvée, les Joyeuses et Clou d’Orge sont souvent les meilleurs rapports qualité/prix du secteur.
Enfin, une troisième partie, sans doute la meilleure, comprenant les climats de la Coutière, des Maréchaudes, de la Toppe au Vert et des Petites Lolières, a droit à l’appellation Aloxe-Corton.
L’appellation Village (près de 120 ha) couvre le piémont du grand cru et toutes les terres un peu plus fortes et plus mal drainées naturellement qui ont été au contact avec les alluvions déposées par la Saône.
Les vins égalent pourtant en caractère les premiers crus et, même pour certains blancs, les dépassent. Ainsi le petit climat des Gréchons (on a heureusement supprimé « Foutrières », la seconde moitié de son double nom sur le cadastre), tout en haut du coteau, donne-t-il un blanc savoureux et complexe qui ressemble vraiment à un petit corton-charlemagne.
Un autre bon secteur, du côté du hameau de Buisson, est celui des Chaillots (du nom des silex qu’on trouve dans le sol), des Clous et du Clos des Chagnots. Le plus souvent, les producteurs assemblent différentes parcelles en une cuvée “ronde” pour donner un vin plus homogène et plus caractéristique.
- Aloxe-Corton
Aloxe, ce célèbre village aux demeures magnifiques et à la longue histoire, a – parallèlement à celui du grand cru dont il s’est ajouté le nom – beaucoup perdu de sa célébrité d’il y a cinquante ans. La faute en revient sans doute à la disparition progressive des viticulteurs locaux qui semble heureusement s’être ralentie depuis dix ans, avec même l’amorce d’une tendance inverse.
Les premiers crus (un peu moins de 40 ha dont 8 sur la com- mune de Ladoix) sont pourtant très bien constitués et capables de se surpasser au cours d’un long vieillissement, mais leur prix atteint rarement celui d’un volnay ou d’un pommard.
Ce sont donc de bonnes affaires lorsqu’un vigneron adroit sait leur donner le maximum de caractère. L’essentiel se trouve en piémont du Corton, sur des sols caillouteux et souvent riches en oxyde de fer. La Maréchaude (partie), les Paulands (partie), les Valozières bordent le climat des Bressandes et en partagent, en l’affaiblissant quand même un peu, la finesse et la souplesse.
Les Fournières et les Chaillots, immédiatement sous les Grèves et les Perrières, ont une exposition plus sud que sud-est et donnent des vins harmonieux et corsés mais un peu moins fins que Valozières.
Au cœur du village, le Clos du Chapitre (lieu-dit cadastré les Meix) semble un compromis idéal entre la finesse et la souplesse de tous les premiers crus précédents et le côté plus sauvage des climats bordant Pernand-Vergelesses, les Vercots et les Guérets, qui ont quelque chose dans leur sève qui rappelle les Vergelesses de Pernand, situé juste de l’autre côté de la route.
Ces deux derniers climats vieillissent superbement lorsqu’ils proviennent de vieilles vignes. L’appellation Village souffre souvent de sols trop riches, pas assez bien drainés, où le raisin risque, en fin de cycle, de catastrophiques départs de pourriture. Il faut donc choisir le vin qui provient des zones les plus caillouteuses et les moins riches en alluvion.
Les meilleures vignes se trouvent dans la partie qui tourne vers Pernand, avec les climats du haut des Coutières, des Suchots, des Petits Vercots et des Combes.
En dessous des premiers crus centraux, il faut préférer le vin des années chaudes et sèches sur les lieux-dits les Morais, les Caillettes, la Boulotte ou les Bruyères.
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Pernand-Vergelesses
Le village est l’un des plus pittoresques de toute la Bourgogne grâce à la beauté de son site entre deux combes et à celle de ses magnifiques vieilles maisons traditionnelles. Malgré la célébrité de nombreux vignerons, producteurs des plus grands corton- charlemagne et corton rouge, les vins de Pernand (même les meilleurs) sont peu connus et ont du mal à se vendre.
C’est assez injuste pour les bons climats qui ont montré une finesse et une distinction sans doute supérieures à celle des deux communes précédentes, particulièrement en blanc. Mais cela peut se comprendre pour les nombreuses cuvées médiocres, issues de raisins pas mûrs et qui font du tort à toutes les autres.
Les premiers crus dépassent aujourd’hui 60 hectares avec les nouvelles plantations des Frétilles et certains d’entre eux donnent des vins de premier ordre. En rouge, la palme incontestable et incontestée depuis de nombreuses générations revient à l’Île des Vergelesses (sur le cadastre Île des Hautes Vergelesses) qui continue les Vergelesses de Savigny.
L’exposition parfaite et le grain du sol permettent la production d’un rouge élégant, complexe, pas assez connu et d’un blanc dans sa partie supérieure d’une très fine et prometteuse minéralité.
De l’autre côté de la route qui conduit à Pernand, les Basses Vergelesses, au sol un peu plus lourd, donnent un vin plus corsé et plus rustique, mais au bouquet assez complexe et qui, dans la partie la plus voisine de la route et donc de l’île, gagne énormément en élégance.
Jouxtant les Vergelesses, les Fichots donnent eux aussi un vin coloré et charnu, plus subtil et élégant que les aloxe-corton-villages voisins. Au-dessus des Fichots, En Caradeux deviendra forcément de plus en plus connu, d’abord parce qu’il produit des blancs très racés et très frais qui devraient plaire à tous ceux qui sont gênés par les cuvées trop riches et trop boisées de Meursault, et parce que la maison Louis Jadot y a fait un superbe travail de remise en valeur d’un petit clos qu’elle possède dans ce climat et qu’elle nomme la Croix de Pierre.
Le Clos Berthet produit lui aussi un blanc de haute qualité, très frais, très subtil dans l’esprit de certains grands chablis, et Sous-Frétille lui ressemble comme un frère, surtout quand il est vinifié par le très doué Rapet.
Les climats d’appellation village en rouge sont nettement moins intéressants car le pinot noir y mûrit difficilement à moins d’en limiter le rendement à 30 hl/ha. Les Boutières peuvent néanmoins avoir du caractère avec la saine rusticité du bas des Vergelesses.
Les blancs l’emportent sur les rouges dans ce type de microclimat, et toutes les nouvelles plantations du Bois Noël (où, depuis la statue de la Vierge, au sommet de la colline, le panorama est splendide) peuvent donner un vin blanc de qualité qui bénéficie du savoureux second nom de ce climat, les Belles Filles.
Il faudra simplement le choisir les années de soleil, qui se multiplient d’ailleurs depuis 1985. La plupart des bons négociants locaux proposent d’excellentes cuvées d’assemblage qu’ils vinifient eux-mêmes et qui sont souvent préférables à leurs vins de Saint-Romain ou du haut de Saint- Aubin.
Pernand-Vergelesses
Ce climat est le seul classé en grand cru du village et, à juste titre, pour ses blancs. La pente souvent très accentuée, le sol marneux et l’exposition plus froide, tournant progressivement jusqu’à l’ouest, semblent en effet idéalement adaptés au chardonnay pour peu qu’on retarde un peu les vendanges. La viticulture y est très pénible en raison de l’érosion permanente des sols après les orages et de la nécessité de construire et d’entretenir de nombreux murs de soutènement. Par ailleurs, il est dangereux d’utiliser les tracteurs et de nombreux travaux se font à la main et, hélas, aussi en utilisant des désherbants chimiques même si les produits actuels sont moins violents que naguère. Le vin s’y montre plus longiligne, plus svelte, plus intensément minéral que “le” charlemagne d’Aloxe, un peu plus acide en année froide, mais avec une finesse considérable et inégalée. Il lui faut pas mal de temps pour s’ouvrir, mais alors quel régal.
Le Tokaj de Samuel Tinon
Les 24, 25 et 26 avril prochains, la Confrérie dédiée au liquoreux hongrois organise la seconde édition de son Printemps de Tokaj (le programme complet des trois jours est là). Avec cet événement revient aussi ce qui, pour l’amateur, en constitue le cœur : une vente aux enchères de grands vins de Tokaj de millésimes récents, qui se tiendra à nouveau au château de Sárospatak. L’année dernière, treize lots ont été acquis pour la somme de 67 500 €. Si le fût traditionnel du Tokaj (fût de Gönc) contient136 litres, soit 182 bouteilles, les jus d’une extrême concentration appelé « eszencia » sont présentés dans une quantité de 10 litres. Un groupe d’experts veille sur la vingtaine de lots sélectionnés cette année, et continuera d’assurer cette mission jusqu’à la mise en bouteilles. En devenant propriétaires de ces lots uniques de Tokaj, les acquéreurs participent aussi à la restauration et à l’embellissement de son paysage viticole, classé au Patrimoine mondial de l’humanité en 2002.
Déjà présente l’année dernière avec des vins qui ont battu des records (ainsi ce szamorodni sec Cuvée du Grand Maître, cuvée unique de 2006 mise à prix 6 666 € qui s’est envolée 10 000 €), la Maison Samuel Tinon a choisi de proposer à nouveau cette année son furmint sec grand cru Szent Tamás, dans le millésime 2013, afin de montrer l’évolution de ce premier cru. Ce vin avait ouvert la première édition de cette vente aux enchères. Mis à prix 2 666 €, le fût de 136 litres avait été adjugé 4 000 €. Issu de la même parcelle que le 2012, vinifié de la même manière par le même vinificateur*, ce 2013 est le fruit de raisins vendangés un mois plus tard, le 8 octobre. Pour acheter le lot dans sa totalité, ou en groupe se répartissant les bouteilles, on peut contacter la Maison par téléphone (00 36 47 358 405) ou par mail. On peut aussi se renseigner plus avant ici sur les vins de Samuel Tinon, viticulteur parti s’installer dans le Tokaj en 1991, à 22 ans. Depuis le mémorable premier millésime sorti sous son nom, en 2000, sa gamme de vins n’a cessé de s’étoffer pour exprimer toutes les richesses du Tokaj. Elle va désormais des vins les plus secs, dont le szamorodni, seul vin sec au monde à être issu de raisins botrytisés, aux plus sucrés des jus (aszù, escenzia).
*Pour mieux comprendre le vignoble de Tokaj et sa complexité géologique, Samuel Tinon
a fait le choix d’exprimer des terroirs sur une vinification « rapide ». Vendangé en septembre et présenté en avril, bénéficiant de très peu d’interventions, ce vin est une photo instantanée du terroir. Szent-Tamás est l’un des premiers crus classés de Tokaj révélé par les producteurs.