L’Elysée met aux enchères une partie de sa cave. La vente, confiée à la maison Kapandji Morhange, aura
lieu à l’Hôtel Drouot à la fin du mois de mai. La sélection des 12 000 bouteilles concernées (soit un dixième de
la cave) a été effectuée par Virginie Routis, chef sommelière des lieux, et porte essentiellement sur Bordeaux
et la Bourgogne, même si la Loire, le Rhône ou encore la Champagne sont représentées. Créée en 1947, sous
la présidence de Vincent Auriol, la cave du Palais de l’Elysée a été réaménagée en 1995 afin de permettre une conservation optimale des vins. Il est question de renouvellement des vins avec une volonté de réinvestir le produit de la vente dans des vins « plus modestes » et d’attribuer le reste au budget de l’Etat. Les estimations s’échelonnent de 15 euros la bouteille à 2 200 euros (Petrus 1990) avec de nombreuses bouteilles à moins de 100 euros.
Ici, l’article du Monde, là le communiqué de Drouot.
Les vins de la Ve République
Saint-Émilion, la polémique inutile vue par Michel Bettane
La dernière tentative de renouvellement du classement des vins de Saint-Emilion a donné à nouveau naissance à une procédure d’annulation pour manquement aux règles fixées, sans parler d’une plainte contre X pour prise illégale d’intérêt, déposée par trois châteaux déclassés, Croque-Michotte, Corbin-Michotte et La Tour du Pin-Figeac (Bélivier). Une plainte contre X, par définition, ne vise personne en particulier, mais très vite l’avocat des plaignants a laissé entendre que deux personnalités du vignoble, membres de l’I.N.A.O et propriétaires de crus soumis à ce classement, Hubert de Boüard (Château Angélus) et Philippe Castéja (Château Trottevieille) seraient au cœur de ce recours contre X. Leurs crus et d’autres crus, relevant de leurs activités de conseil ou de négoce, auraient été privilégiés lors du reclassement avec tous les gains financiers imaginables, inversement proportionnels aux pertes financières des trois crus déclassés. Bien entendu, des journalistes sont allés de leurs commentaires mêlant, hélas, l’allusion, la délation et l’idéologie aux faits.
Pour ma part, je tiens à séparer les deux actions.
Un recours contre le non-respect du règlement lié à la révision du classement est possible dans un état de droit et c’est à la justice de vérifier si ce règlement a été respecté à la lettre, conformément aux engagements pris par la commission de révision à la suite des déboires nés de la précédente révision et pour les mêmes raisons.
Une procédure contre X, c’est bien différent et bien plus grave. La première raison invoquée par les trois propriétés, à savoir la défense de leur patrimoine, ne tient absolument pas. Je rappelle ici qu’aucun centimètre carré de leur propriété ne leur a été ôté et que la qualité de leur terroir n’a été altérée par aucune action malveillante. Un classement révisable, même officialisé par la nation, n’est rien d’autre qu’un jugement provisoire sur une qualité et certainement pas une atteinte à la pérennité des crus relevant de ce classement. Il ne diminue en rien la qualité agronomique des terres et le potentiel de qualité du vin de ces trois crus. La seule motivation véritable est l’appât du gain lié à une spéculation possible sur le prix de vente de leur vignoble à condition de prouver que ce prix serait en baisse par rapport au cours d’avant la révision. Ou de dire ouvertement qu’il ne pourrait pas augmenter en cas de revente. Arrêtons net l’hypocrisie en la matière. Un cru non classé, qui n’a pas demandé à l’être, comme Tertre-Roteboeuf, mais dont la qualité et la réputation ont fait le tour de la planète, vaudrait à l’hectare largement celui de ces trois crus réunis même s’ils conservaient leur classement.
La meilleure manière de défendre la valeur d’un patrimoine viticole est de faire de la qualité et de la faire connaître. Des trois propriétés en question, l’une (Croque-Michotte) a soigneusement évité de présenter à la presse ses vingt derniers millésimes, ne les mettant pas en confrontation avec ses pairs du classement. J’ai beau consulter mes notes de dégustation depuis 1985, je n’ai aucune note concernant ce cru. La seconde (La Tour-du-Pin-Figeac) ne les pas souvent présentés, mais à chaque fois les vins ne brillaient pas par une personnalité ou un style digne de l’attente d’un vin produit sur un terroir aussi bien situé. Enfin, la troisième (Corbin-Michotte), de petite taille, mais d’une viticulture et d’une vinification suivies attentivement par une famille compétente peut montrer des vins de vingt ans d’âge au moins aussi bons que des crus ayant conservé leur classement, malgré quelques vins marqués par des goûts de réduction peu aimables, et qui ont d’ailleurs disparu dans les tout derniers millésimes. Je gage que la dégustation plus fréquente de ces derniers millésimes fera plus de bien à la réputation du cru que la procédure intentée.
Enfin, la seconde cause qui porte sur le soupçon de prise illégale d’intérêt de quelques voisins plus connus (je devrais dire plus « reconnus ») me semble indigne d’une communauté de vignerons civilisée. Deux des personnalités soupçonnables et, en tout cas, assez vite identifiées par les avocats et les journalistes, ne sont coupables que d’avoir donné de leur temps et de leur énergie au service de la réputation des crus de l’appellation. Cette procédure vraiment excessive va certainement décourager tous les bons viticulteurs de s’intéresser à leurs appellations et de prendre part à la gestion et à la défense de celles-ci.
Si j’étais le large sous-ensemble des crus ayant conservé leur classement ou conscients de l’avoir obtenu par leur travail, je porterai plainte nominalement contre les crus cherchant à faire croire au public que ce classement est l’œuvre d’un grand complot destiné à enrichir quelques notables du secteur.
Maintenant et sur le fond, faut-il classer des marques (un « château » n’est rien d’autre qu’une marque) ou des terroirs pour que ce classement ait valeur d’exemple ? La réponse est moins simple qu’on ne le croit. Aucun modèle théorique de définition agronomique d’un grand terroir n’existe. Les terroirs reconnus « grands crus » en Bourgogne ou en Alsace ont été l’objet de querelles constantes, relevant souvent des tribunaux et auxquelles seule a mis fin la puissance publique en officialisant des états de faits commerciaux. Et les géologues qui travaillent à la création de crus à la demande de l’I.N.A.O en ce moment dans la vallée du Rhône ou ailleurs sont en train de faire plus de mal que de bien, mais c’est une autre histoire. Je crois fermement que dans l’état de nos connaissances actuelles, c’est le vin qui prouve le grand terroir et non l’inverse.
Les prix des primeurs 2012, trois bonnes affaires
Après un premier tir nourri et précoce, les sorties des prix des primeurs 2012 marque une pause. Profitons-en pour nous intéresser à trois bonnes affaires.
Climens, 46,90 euros.
Pourquoi ? Parce que, jeune ou vénérable, c’est très bon (tout le temps) et pas cher du tout (cette année).
La Dauphine, 11,50 euros.
Pourquoi ? Parce qu’un fronsac, c’est une grande appellation méconnue et qu’à ce prix-là, La Dauphine va chercher des noises à nombre…lire la suite
« J’avoue que j’ai vécu »
Ce mot de Pablo Neruda est le titre d’un chapitre du dernier bouquin de Jacques Dupont que je viens de finir. Une charge contre la loi Évin argumentée et très documentée, du beau travail. Il rappelle tout, l’historique des ligues anti-alcooliques, l’histoire du vin en France, l’exemple américain et celui de l’Europe du nord, l’hégémonie médicaliste. Il pourfend les faux discours, dénonce les menteries pseudo-scientifiques, détricote les statistiques manipulées, les faiblesses d’État, le jmenfoutisme gauche-droite mélangées, les confusions soigneusement entretenues entre les alcools durs et le vin. Il démontre l’inefficacité de la loi Évin et de ses coûteux…lire la suite
Bordeaux, côté sud
Concrétisation d’un projet dont la mise en œuvre a demandé quatre ans, un nouveau parcours œnotouristique
vient de voir le jour qui balise les itinéraires menant à une centaine de domaines et châteaux des terroirs des Graves et du Sauternais et valorise ce patrimoine viticole naturel et historique né du lit de la Garonne. C’est l’appellation Pessac-Léognan qui ouvre la marche de cette désormais très officielle Route des vins, en déroulant ses terres sur une vingtaine de kilomètres au sud de Bordeaux. Viennent ensuite, des rives du fleuve jusqu’à la frontière protectrice de la forêt des Landes, les territoires des AOC Graves et Graves Supérieures, puis les trois appellations de Sauternes, Barsac et Cerons, renommées, entre autres, pour leurs liquoreux. Dominique Guignard, président en charge de ce nouvel itinéraire s’est déclaré très fier de voir aboutir ce projet porté par l’ensemble
des acteurs concernés de la région, vignerons, restaurateurs et hébergeurs, désormais réunis en association,
et « bâti autour de la complémentarité des Graves et des Sauternes, alliance attractive et cohérente du berceau
de tous les vins de Bordeaux. »
La cuvée des sommeliers
La Maison de champagne indépendante et familiale de Carol Duval-Leroy vient de lancer une cuvée élaborée
en partenariat avec l’Association des Meilleurs Ouvriers de France Sommeliers. Si cette belle idée n’est dévoilée qu’aujourd’hui, Carol Duval-Leroy précise que ce partenariat a en fait « débuté à la fin des années 90, quand Philippe Faure-Brac souhaitait créer le titre de M.O.F Sommeliers et nous a demandé de le soutenir pour ce lancement. » La relation qui s’est installée entre la Maison, les Meilleurs Ouvriers de France Sommeliers et
l’Union de la Sommellerie Française a ensuite été à l’origine du Trophée du Meilleur jeune sommelier de France. Fruit d’un long travail, le champagne qui vient d’être dévoilé après plus de trois ans de garde en crayères est
un assemblage de chardonnay (60 %) et de pinot noir (40 %) élaboré « dans le secret le plus absolu, pour créer
une cuvée à la fois dans la lignée de l’identité de la Maison et expression du désir des ouvriers sommeliers. »
Fière de la matérialisation de ce projet et de cette association encore renforcée avec la sommellerie, Carol Duval-Leroy l’est aussi de l’ancrage de ses vins dans l’univers de la belle gastronomie, « sur plus de deux-cent cinquante tables étoilées. » S’il ne dévoile pas les secrets de cette cuvée issue de la vendange 2008, Christian Péchoutre,
le président de l’Association des Meilleurs Ouvriers de France Sommeliers, confie qu’il y a eu « beaucoup d’écoute, d’échanges, d’explications, d’exigences. » Généralement convoqués après la mise, pour mettre le vin en accord avec des mets, les sommeliers ont été ici les instigateurs. Ils souhaitaient « de la fraîcheur et une douce appétence, un vin avec une lecture immédiate qui offre une belle longueur en bouche. »
Champagne Duval-Leroy, Cuvée M.O.F Sommeliers. Bouteille, 37 €. Magnum, 74 €. Jéroboam, 220 €.
En vente chez les cavistes ou directement à la propriété.
Anti-contrefaçon
Avec vingt-trois propriétés en France, dont dix-huit châteaux bordelais, le groupe Castel est le premier producteur de vins de l’hexagone, mais c’est aussi le troisième producteur au niveau mondial (en volume). Présent sur tous les marchés internationaux, le groupe a du comme d’autres marques faire face à la problématique de l’accroissement des contrefaçons dans certains pays. C’est en partenariat avec l’entreprise tesa scribos* qu’a donc été développé un système extrêmement complet pour mieux informer le consommateur final et les réseaux de distribution. Garant de la qualité et de l’origine Castel Made in France, cet outil conçu en adéquation avec le cahier des charges du groupe permet une authentification à l’œil nu. Ce qui implique qu’ils n’est pas forcément nécessaire d’être équipé, par exmeple d’un smartphone, pour faire sa vérification.
Ce système garantit une authentification claire et individuelle de chaque bouteille grâce à caractéristiques d’identification, à la fois visibles et cachées, pour une sécurité et un contrôle démultiplié. Des informations propres
à chaque bouteille sont inscrites, à plusieurs niveaux, dans l’étiquette et peuvent en partie être lues à l’œil nu,
à la loupe ou à l’aide d’un lecteur spécifique. Un code individuel sécurisé appelé PrioSpot rend toute réplique impossible. Pour le consommateur muni d’un smartphone, il est également possible de procéder à une authentification immédiate plus approfondie. Dans le cas où la bouteille ne serait pas reconnue comme authentique, une redirection automatique vers une page contact Castel permet d’envoyer un courriel à une adresse dédiée.
Ce système de lutte contre la contrefaçon est soutenu par la diffusion de brochures d’information aux importateurs, distributeurs et consommateurs concernant l’authentification des faux. L’année dernière, plus de 13 millions de dépliants ont ainsi été diffusés par le groupe.
* Filiale à 100 % de tesa SE, tesa scribos GmbH est une entreprise du groupe Beiersdorf AG. Créée en 2001,
cette société propose des innovations technologiques dans les domaines de la sécurité et de l’identification,
en s’intéressant particulièrement à la protection des marques et produits contre la contrefaçon, la traçabilité
des produits, la protection contre la manipulation des produits et la protection de documents.
Le Printemps du Tokaj
Dans le cadre de l’événement organisé sur trois jours par la Confrérie de Tokaj s’est tenue samedi 27 avril la toute première vente aux enchères de vins contemporains de Tokaj. Dans la salle historique du château de Sarospatat, au cœur même de la région, vingt-deux lots ont été proposés – pour la plupart des fûts traditionnel de 136 litres – parmi les quels treize ont trouvé preneur. L’enchère la plus élevée a été remportée par le fût de Tokaj-Hétszőlő,
un Aszú 6 puttonyos, adjugé 4,2 millions de forint (14 000 euros) alors que sa mise á prix était de 2,8 millions
(9 333 euros). Les vins du village de Mád se sont particulièrement fait remarquer puisque sept des treize lots qui
ont été vendus étaient issus de différents crus de cette commune viticole.
Le furmint 2012 de la Royal Tokaj mis à prix 2 333 euros (700 000 forint) a été adjugé 3 333 euros. Le Szent Tamás 2012 de Samuel Tinon a été adjugé 4 000 euros (mise à prix 2 666 euros), et le furmint Nyulaszó 2012 de Szepsy, 5000 euros (mise à prix á 4 000 €). Le szamorodni sec de Samuel Tinon, une cuvée unique de 2006, a été adjugé 10 000 euros, quasiment le double de l’estimation. En revanche, l’eszencia 2000 cuvée Jean-Paul II du même producteur n’a pas trouvé preneur et Samuel Tinon a offert le lot à la Confrérie. L’eszencia exceptionnelle, mise à prix 11 300 euros, du producteur Orosz Gabor n’a pas non plus été vendue. En achetant ces lots uniques de Tokaj, les acquéreurs participent à la restauration et à l’embellissement du Paysage viticole de Tokaj, classé au Patrimoine mondial de l’humanité en 2002. Rendez-vous est donné l’année prochaine pour une nouvelle vente.
Vins d’ici & mets d’ailleurs
Jusqu’au 21 mai, le réseau de cavistes Nicolas propose une balade gustative sur le thème des accords
sans frontières, ou comment certaines cuisines exotiques vont très bien avec nos vins. Fiches-recettes et prix
dédiés iront de pair pour ce voyage dans des nouvelles saveurs qui commencent avec sept cépages d’Alsace
dont la netteté et la pureté des arômes s’harmonisent parfaitement les plats de l’Extrême-Orient. Pinot gris grand cru kessler (18,10 euros) sur du porc à la pêche et pinot noir d’Alsace Signature René Muré (13,10 euros) avec un wok de bœuf au sésame figurent parmi les propositions.
Pour commander en ligne, c’est ici.