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Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?


On peut profiter encore un peu de la galette des rois, aujourd’hui et aussi demain, au comptoir
de dégustation de Legrand Filles & Fils, à Paris, galerie Vivienne (au 1, rue de la Banque, pour être précis).
La recommandation de la maison ? L’accompagner d’un verre de cidre du Domaine d’Apreval, millésime 2010.

La grande affaire du jour, c’est la réouverture de l’Oustalet, à Gigondas. Ce soir, on y fêtera la fin de la trève hivernale avec de la truffe noire. On pourrait en dire beaucoup de belles choses, mais aucun mot ne saurait égaler, dans un cœur gastronome, le pouvoir de cette image- (et du menu total truffe situé à sa gauche).

On combat le froid en regardant cette vidéo, extraordinaire dégustation verticale de douze millésimes (1963 pour
le plus vieux et 2003 pour le plus récent) de l’un des vins les plus rares et recherchés au monde, le meilleur même, pour certains, le Vintage Nacional de Quinta do Noval, un vin issu d’une toute petite parcelle de vignes non-greffées et produit en quantité très limitées, seulement quelques années par décennie.

On fait les soldes, évidemment. Ca marche aussi pour le vin, la preuve ici. Pour des projets de plus d’envergure, c’est le bon moment pour investir dans une cave à vin d’appartement, de service ou de vieillissement. On pourra aussi craquer pour ça, pourquoi pas ?

Buvez (moins) cher 2/5

Une fois les fêtes et ses exagérations terminées,
il est temps de revenir à des choses simples, des vins légers, et peu onéreux.
Voici une sélection de 5 vins à moins de 20 euros,
pour votre plus grand plaisir.


Blanc | Clos Floridène
Graves 2010

Cette marque, qui associe les prénoms de Florence et Denis Dubourdieu, bénéficie du savoir-faire et du faire-savoir du célèbre œnologue bordelais.
Tout est au top : nez superbe, raffiné, complexe, d’une grande maturité de fruit, notes minérales, épicées, bouche ample, harmonieuse, équilibrée et d’une magnifique longueur.
Apogée : 2013 à 2019
http://www.denis-dubourdieu.com/index.php?d=4

18,50 €


Rouge | Domaine Métrat et Fils
Lieu-dit côte-rôtie, chiroubles 2010

Bernard Métrat a de la chance de cultiver des vignes dans le fameux secteur de la Roilette. Situé à Fleurie, mais en bordure de Moulin-à-vent, le sous-sol y est plus caillouteux et argileux que dans le reste de l’appellation.
Finesse supérieure des arômes par rapport à l’autre chiroubles, tabac et fruits secs, la texture du cru revient en seconde partie de bouche.
Apogée : 2013 à 2025
http://www.domainemetrat.fr

8 €


Rouge | Château La Dauphine
Fronsac 2009

Bénéficiant des conseils de l’œnologue Denis Dubourdieu, la production joue clairement la carte de la finesse et de l’équilibre, quitte à parfois paraître très souple dans des millésimes moyens.
Bonne densité et structure pour ce beau fronsac, du fruit croquant et une bonne persistance. Une Dauphine toute sur le charme, qui affirme un style de plus en plus sur la finesse. Belle réussite.
Apogée : 2015 à 2019
http://www.chateau-dauphine.com/

19 €


Rouge | Domaine du Château de Meursault
Savigny-lès-beaune 2009

Belle couleur, vin large et onctueux. Petite note de caramel de vin solaire, finale tendre et lactique. Long, velouté, bien vinifié.
Apogée : 2013 à 2016
http://www.meursault.com/

12 €


Rouge | Château Rouquette-Sur-Mer
Cuvée Henry Lapierre, coteaux-du-languedoc 2010

Jacques Boscary a investi dans ce domaine au bord de la mer. Le vignoble, bien tenu, montre que le secteur de La Clape peut produire de grands vins.
Remarquable sensation de bouche avec un tanin ultra-fin et la suavité de bouche permise par le secteur.
Apogée : 2013 à 2017
http://www.chateaurouquette.com

19,90 €

La belle année (encore) de Nicolas Feuillatte


Malgré une année 2012 très instable, Nicolas Feuillatte conforte sa place parmi les toutes premières marques de Champagne. Avec 9,5 millions de bouteilles expédiées (9,1 sous Nicolas Feuillatte), la marque enregistre sa deuxième meilleure performance historique. Fidèle à ses engagements, et en dépit d’une perte de 6% de ses volumes, le centre vinicole a poursuivi sa stratégie de positionnement et de montée en gamme. Ainsi l’année 2012 aura encore été déterminante dans la construction méthodique de cette marque positionnée comme n°1 en France et située dans le Top 5 au niveau international. Les résultats financiers confirmant cette performance et ceux de l’ensemble des activités seront publiés lors de l’Assemblée Générale du 17 mai 2013. Au-delà des nombreuses prises de décision opérationnelles que le contexte économique incertain a nécessité, des engagements majeurs ont été pris sur le long terme afin de pérenniser la vie de l’entreprise et de ses adhérents et partenaires. Le Champagne Nicolas Feuillatte poursuivra sa stratégie en 2013 en favorisant créativité et réactivité. Solidaire de sa région, il soutient évidemment sa candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Buvez (moins) cher 1/5

Une fois les fêtes et ses exagérations terminées,
il est temps de revenir à des choses simples, des vins légers, et peu onéreux.
Voici une sélection de 5 vins à moins de 20 euros,
pour votre plus grand plaisir.


Blanc | Louis Sipp
Kirchberg de Ribeauvillée, alsace grand cru, riesling 2008

Il exprime de fines nuances terpéniques et agrumes, tension vibrante en bouche, long et en dentelle, finale mentholée rafraîchissante.
Apogée : 2013 à 2028
http://www.sipp.com

20 €


Rouge | Château du Hureau
Lisagathe, saumur-champigny 2009

Ce vin a toujours autant d’éclat, avec un velouté sensuel, une longueur raffinée et une texture tout en suavité.
Apogée : 2013 à 2014
http://www.domaine-hureau.fr

17 €


Rouge | Château Sénéjac
Haut-médoc 2009

Notes fumées, poivrées. La bouche bien structurée possède une matière suave, allonge aux notes cacaotées, tanins souples.
Apogée : 2013 à 2020
http://www.chateau-senejac.com

19 €


Rouge | Chanson Père et Fils
Bourgogne, pinot noir 2010

Près de 100 000 bouteilles pour un assemblage exemplaire donnant le sentiment de raisin mûr et d’un tanin bien fixé, sans âpreté ni maigreur. Vivement recommandé mais, servir à 16° pas plus.
Apogée : 2013 à 2020
http://www.vins-chanson.com

Env 14 €


Rouge | Henry et Jean-Sébastien Marionnet
Première vendange, touraine 2011

La cuvée ne cesse de progresser. Grand fruit, finale onctueuse et gourmande, racée à souhait.
Apogée : 2013 à 2015
http://www.henry-marionnet.com

11 €

Les droits de plantation, l’avis de Bettane

La France du vin, frileuse, se réchauffe. La Commission européenne a mis fin à son intention d’assouplir les droits de plantation à l’intérieur des vignobles de la communauté. Le puissant lobbying de gribouilles passéistes a triomphé et croit même avoir sauvé le vin français et, avec lui, les autres. Et il n’a pas manqué de gribouilles italiens, espagnols et même luxembourgeois pour l’aider.
Quiconque essaie d’avoir une vision à long terme ne peut que pleurer devant autant d’idiotie. Comment qualifier autrement la mécanique de raisonnement absurde qui s’est mis en branle à la suite des propositions intelligentes d’assouplir le règlement actuel concernant les vins de type « protégé » et de le libéraliser complètement pour les vins de table ?
Les mêmes qui ont laissé passer la loi Evin naguère (ils s’en mordent aujourd’hui les doigts) sous le prétexte fallacieux…

Sweet success


L’idée, c’est de faire découvrir les bordeaux moelleux et liquoreux, plus spécifiquement aux femmes et aux jeunes (25-34 ans), mais aussi à de nouveaux marchés, comme l’Asie. Depuis 2009, les onze appellations* réunies sous la marque Sweet Bordeaux organisent pour cela différentes opérations de conquête dans les AOC (foire de Sauternes-Barsac) comme dans les lieux branchés, à Bordeaux, à Paris ou à Hong Kong. En 2012, les Sweet Soirées ont accueilli plus de 3 000 personnes à Bordeaux et près de 11 000 à Paris. Pour accompagner leur communauté de fans, une communication digitale (blog, Facebook, YouTube) a été mise en place ainsi que des partenariats gastronomiques, avec la pâtissière Chloé S (création de deux recettes de cupcakes) ou avec des chefs Hong Kongais (Bordeaux fête le vin 2012). Enfin, le succès des Sweet Bordeaux s’est étendu jusqu’en Chine. Présence au Wine and Dine Festival de Dalian, Sweet Soirée à Shanghai et, avec plus de 23 000 dégustations enregistrées (+ 65%), véritable engouement du public (jeunes femmes et couples) lors de la quatrième édition du Wine and Dine Festival de Hong Kong, en novembre dernier. La Sweet Soirée de Hong Kong a rassemblé 150 invités amateurs de vins, 12 journalistes et 50 restaurateurs. L’ouverture d’un blog chinois et d’un compte Weibo
a permis de communiquer sur ces différents événements. Pour finir, les Sweet Bordeaux ont également tenté l’aventure québécoise en participant à la première édition de Québec Fête le Vin. En route pour 2013, donc,
en commençant pas associer un bordeaux moelleux ou liquoreux avec cette galette des rois.


* Cadillac, Sauternes, Loupiac, Barsac, Sainte-Croix-du-Mont, Graves supérieures, Premières Côtes de Bordeaux, Côtes de Bordeaux Saint Macaire, Cérons, Sainte-Foy Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

Les dix blancspour aimer le blanc

Pour les uns, le blanc est indispensable. Pour d’autres, il est évitable. Mettre tout le monde d’accord exige une fine sélection. Que voilà.


Château de Fieuzal
Pessac-léognan 2010

Voilà un millésime qui renoue avec le style des beaux fieuzals d’antan. Nez riche et complexe, beaucoup d’exotisme, de nuances fumées, boisé vanillé, fleurs blanches, bouche puissante, opulente, avec de magnifiques arômes, une minéralité et une grande vivacité harmonieuse.
Apogée : 2012 à 2021

env 44 €


Château Smith Haut Lafitte
Pessac-léognan 2010

Grande complexité aromatique, agrumes confits, rose ancienne, miel d’acacia, minéral, bouche très puissante, fondante, aromatique et tendue par une élégante vivacité. Charmeur mais très équilibré.
Apogée : 2012 à 2021

93 €


Château Pape Clément
Pessac-léognan 2010

Plus Pape que Pape, il affiche un nez racé d’une incroyable complexité, avec son grand fruit et ses délicieuses touches fumées, une bouche imposante, avec une texture fondante, du gras, de la longueur et de la vivacité. Très opulent tout en restant extrêmement raffiné.
Apogée : 2014 à 2026

190 €


Domaine des Sénéchaux
Chateauneuf-du-pape 2010

Jolies notes florales, agréable et élégant en bouche, une belle expression fraîche et longue.
Apogée : 2012 à 2015

32 €


Domaine de Trévallon
Vin de pays des Bouches-du-Rhône 2010

Certes, il n’y a que 8 000 bouteilles en moyenne de Trévallon blanc, mais on le déguste avec un tel plaisir que l’on ne peut résister à l’envie de vous ces accents floraux et miellés, avec une bouche à la fois onctueuse et élancée et une finale miellée et menthée.
Apogée : 2015 à 2022

60 €


Domaines Albert Bichot
Corton-charlemagne grand cru, Domaine du Pavillon 2010

Excellente tension de bouche, notes de fleur de vigne plus marquées que la noisette habituelle, assez long et gras, réservé, mais distingué.
Apogée : 2017 à 2022

50 €


Domaine Laroche
Chablis grand cru, Les Clos 2010

Grand millésime pour le cru, équilibre cristallin, grand équilibre entre puissance et minéralité, finale serrée à souhait.
Apogée : 2015 à 2030

54 €


Bouchard Père et Fils
Puligny-montrachet premier cru, Champ-Canet 2010

Le meilleur puligny de la maison dans ce millésime, charmeur, tendre, précis et vendangé à juste maturité.
Apogée : 2015 à 2022

54.90 €


Domaine Paul Jaboulet Aîné
Le Chevalier de Sterimberg, Hermitage 2011

Pur et aérien, registre citronné et floral très élégant, il se distingue par sa dimension cristalline plus que par son épaisseur de bouche. Comme en rouge, un style original pour le cru, mais la finale tendue est très rafraîchissante.
Apogée : 2012 à 2026

53.70 €


Domaine Marcel Deiss
Manbourg, Alsace grand cru 2008

Finement terpénique, anisé, très pur dans ses arômes, avec une grande fraîcheur en bouche, subtilement mentholée et torréfiée en finale. Une pureté encore supérieure au 2010.
Apogée : 2012 à 2028

59 €

Cuisine de saison




Il y a peu, la Maison Veuve Clicquot a invité Magnus Nilsson*, le chef sommelier du restaurant suédois Fäviken magasinet, à préparer un menu d’hiver pour une réception qui s’est tenue dans son manoir privé, l’Hôtel du Marc, à Reims. De la préparation de ce dîner a été tiré ce petit film très inspirant, plus poétique que démonstratif (bien qu’on y découvre des accords mets-champagnes qu’on n’hésitera pas à reproduire). Après un apéritif Veuve Clicquot Carte Jaune, de grosses Saint-Jacques fraîchement récoltées à la main et cuites dans leur coquille au-dessus d’un feu de sarments de vigne et de branches de sapin, ont été servies avec un Veuve Clicquot Millésimé 2004. Le homard aux cornouilles et son jus de champignons fermentés a été marié avec un Veuve Clicquot Rosé Millésimé 2004.
Pour le porridge constitué d’un mélange de céréales et de graines, accompagné de légumes-racines fermentés et de ciboulette séchée et relevé d’un bouillon de bœuf cristallin filtré à travers des feuilles mortes, c’est un verre de Veuve Clicquot La Grande Dame 2004 qui a été servi, et avec la bécasse poêlée et ses rubans de légumes-racines, un Veuve Clicquot Cave Privée Rosé 1989. On vous laisse découvrir le merveilleux et inventif dessert, proposé avec un Veuve Clicquot Cave Privée 1990.

* Après avoir travaillé à Paris dans deux restaurants trois étoiles, L’Arpège et L’Astrance, Magnus Nilsson arrête
la cuisine pour se former au métier de sommelier. Il rejoint ensuite l’équipe du restaurant Fäviken Magasinet, au nord de la Suède, pour s’occuper uniquement des vins. Il ne lui faudra pas longtemps pour se réinstaller en cuisine en tant que chef. Aujourd’hui, le restaurant occupe la 34e place du classement des 50 meilleures tables du monde.

Repas divins


Le programme lancé au printemps dernier par l’association Vin & Société afin de valoriser les notions de plaisir,
de culture et de responsabilité attachées au vin a trouvé sa place dans de nombreux médias, preuve que le sujet intéresse et qu’il peut se faire une place malgré l’environnement juridique contraignant de la loi Evin. Au total, d’avril à septembre 2012, soixante-dix sept télévisions (dont quatre nationales), vingt-six web TV (quatre spécialisées et vingt-deux généralistes) et cinquante-neuf sites internet (dont, entre autres, huit féminins, deux de presse nationale et vingt de presse régionale) ont relayé les modules en quatre parties de cette série gastronomique présentant chacun une recette, des accords mets-vins, une escapade touristique et une minute dégustation. Tous les épisodes sont à voir ou revoir ici.

Une bonne année





Contrastée jusqu’au bout, l’année 2012 s’est terminée avec des prises de décisions tout à fait opposées.
On lira ici le choix qu’a fait Yquem concernant ce millésime. La position ci-dessous est totalement différente, c’est celle du château Climens, détaillée par Bérénice Lurton et Frédéric Nivelle dans leur journal des vendanges.

« Quod donare mora nequit annua, dat brevis hora. Ce proverbe latin qui dit qu’il advient en une heure ce qui n’arrive pas en une année résume parfaitement l’année 2012. Loin d’être une croisière de tout repos, celle-ci
a été traversée de tempêtes et d’écueils. Au bout de la traversée, nous sommes heureux d’avoir regagné le port avec une cargaison inespérée.

Pour commencer, le printemps fut singulièrement chaotique. Chaud et sec en mars, il se fait effroyablement
humide en avril et mai, nous obligeant même à traiter péniblement, à dos d’homme, faute de pouvoir faire circuler les tracteurs sur nos argiles sablonneuses bien glissantes. Le thermomètre joue quant à lui au yoyo, et la vigne fait grise mine. Pourtant, la sortie de grappes paraît satisfaisante et nous comptons sur la biodynamie pour aider la vigne à résister aux à-coups climatiques violents auxquels nous sommes désormais abonnés. Hélas, ce ne sera
pas suffisant cette année, la fleur ayant en outre été malmenée par les excès thermiques – dans un sens comme dans l’autre – du mois de juin. Les taches de mildiou se multiplient sur les feuilles ; les grappes paraissent modérément touchées, mais c’est au cours du mois de juillet, lorsque les grains atteints noircissent en séchant,
que nous constaterons mieux la situation. Les dégâts sont très variables d’une parcelle à l’autre, voire à l’intérieur d’une même parcelle, sans doute en raison d’une hétérogénéité de maturité importante. La moyenne des pertes
est vraiment difficile à évaluer, sans doute autour de 30%. En passant en biodynamie, nous avons ôté à la vigne sa « béquille » chimique. Elle est encore en période de sevrage, et donc fragilisée malgré tous les soins apportés. Nous avons accepté ce risque et sommes plus que jamais déterminés à avancer dans cette voie, même si la vision de ces grappes affectées est désolante pour un viticulteur.

Nous espérions un temps plus sec, nous l’aurons… jusqu’à la caricature. Plus de deux mois sans quasiment une goutte de pluie. Les pontes de vers de la grappe prennent des proportions inquiétantes, mais des traitements bios
et bien appliqués nous éviterons plus tard d’être les victimes de ces minuscules gloutons (nous aurons bien assez d’embûches sans cela). La vigne est plutôt à l’aise avec la sécheresse, mais septembre avançant, elle commence à souffrir, surtout après un mois d’août parfois caniculaire. Le raisin peine à mûrir, les peaux restent très épaisses, et le sieur botrytis reste aux abonnés absents, évidemment. Le 23 septembre, une période pluvieuse daigne arroser nos sols desséchés. 40 mm en quelques jours, cela aide notre champignon à montrer le bout de son nez. Si les grappes enfin dorées se couvrent bien des taches de rousseur attendues, l’évolution ne va guère plus loin. Aussi célébrons-nous ironiquement la fin des vendanges 2011, le 28 septembre, en espérant ne pas battre le record de 1978, et son début de vendanges en novembre.

Nous aurons décidément passé une bonne partie de l’année à espérer la pluie ou bien à la maudire. Quelques gouttes le dimanche 7 octobre nous font espérer une accélération, la patience est finalement encore de mise. Une petite consultation des archives nous rappelle que les superbes vendanges de 1988 n’ont commencé qu’au 15 octobre pour se finir le 29, voilà qui nous redonne le moral à peu de frais. Les dates vont d’ailleurs s’avérer quasiment les mêmes, dans des conditions assez différentes. Après une semaine de suspense et d’attente, la concentration ayant finalement fait son oeuvre, nous attaquons enfin le lundi 15 octobre, sous un beau soleil. Dès le lendemain, le temps sera plus chagrin, mais cette petite bruine n’aura heureusement aucune incidence, si ce n’est sur le confort des vendangeurs. Le temps changeant et imprévisible nous donne quelques palpitations, mais nous resterons à l’abri de la pluie jusqu’à la fin de la semaine, ce qui nous permet d’avancer sérieusement dans notre première trie. En fonction des parcelles, la charge est hétérogène, de même que la qualité des raisins sur pied. Le travail de tri est donc très variable, mais dans l’ensemble, la vendange est belle, tout particulièrement dans les parcelles de vieilles vignes. Malheureusement, la pluie arrive le vendredi 19 octobre au matin. Ne sachant si elle va s’installer durablement, nous en profitons pour faire un nettoyage sur les plus jeunes vignes. Celle de 1997 a très mal supporté les conditions du millésime et restera un de nos pires souvenirs de vendanges. A la coupe, les trois quarts des grappes s’avèrent atteintes de pourriture aigre ou grise, et doivent être jetées tandis que nous pataugeons dans la boue jusqu’aux chevilles. Les autres ont bien évolué dans l’ensemble, elles auraient supporté un peu plus de concentration, mais à leur stade avancé, la pluie est de trop. Un rapide égouttage des paniers avant le passage sur le plateau de contrôle suffit heureusement à se débarrasser de l’eau qui reste superficielle.

Sous les gouttes incessantes, nous ressemblons à une petite armée à dominante kaki, couverts que nous sommes de pied en cap de bottes et de cirés. Toujours à l’affût, Danièle et nous-mêmes encourageons et contrôlons plus que jamais nos vendangeurs afin qu’aucun laisser-aller ne s’installe. Les pauses accompagnées de boissons chaudes sont particulièrement appréciées par la troupe. Hélas, la nuit suivante est également pluvieuse, aussi décidons-nous de sauver les quelques grappes confites qui parsèment les parcelles moins avancées. Le raisin y reste joli, mais l’eau de la journée et de la nuit précédentes a bien pénétré les grappes, et il nous faudra séparer le jus d’égouttage pour atteindre des degrés convenables. Au moins, sommes-nous soulagés à l’issue de cette épreuve : nous avons évité le pire, car toutes les parcelles le nécessitant ont vu passer les sécateurs. Du lundi 22 octobre au mercredi suivant, nous retrouvons un temps plus clément, les brouillards matinaux laissant place au soleil l’après-midi, avec des températures assez chaudes pour la saison (22/23°C). Le botrytis se développe, mais l’humidité ambiante reste importante, il fait trop moite pour que la concentration ne progresse véritablement. Le reste d’une récolte déjà entamée par le mildiou est en péril, et même si nous essayons de garder espoir, le moral n’est pas bien vaillant. Le scénario 1988 n’est hélas plus envisageable. La tension n’est pas améliorée par la proximité de mon départ pour la Chine, prévu de longue date pour le lundi suivant.

Le temps du samedi 27 reste menaçant, mais bien heureusement la pluie comme la grêle (qui frappe le nord du bordelais) nous seront épargnées. En revanche le vent, que nous appelions de nos voeux, souffle à grandes bourrasques. Mais c’est encore une fois un dimanche qui va nous sauver. Le vent est toujours présent, mais il a changé de cap. Passé au nord-est, il a fait chuter les températures de façon très brutale et ramené le soleil. A partir de 16h, nous arpentons le vignoble, en quête d’une trace d’évolution. Nous ne faisons guère de différence à l’œil et décidons de faire de nouveaux prélèvements sur différentes parcelles pour comparer avec les résultats de l’avant-veille. Nous voici donc dans la cuisine du château, à presser nos divers sachets de grappes botrytisées, soigneusement choisies de façon à être représentatives de l’ensemble de leur parcelle. Je dois reconnaître avoir poussé un « Yeees » de jubilation fort peu orthodoxe au vu de l’affichage du réfractomètre. La concentration, quoique peu visible, a progressé en deux jours de plusieurs degrés, elle est bien suffisante pour que nous reprenions les vendanges. Mieux encore, le moût obtenu est parfaitement net, ne gardant aucune trace de cette déviation que nous avions sentie en mâchant les peaux. Nous qui en étions à désespérer à peine quelques heures avant, retrouvons sourire et entrain, avec pour mission en ce dimanche soir de rappeler tous nos vendangeurs, voire de recruter quelques étudiants en vacances de Toussaint pour arrondir la troupe. Nous savons avoir quelques jours de beau temps devant nous pour ramasser le reste de la récolte, « à tire » puisque les degrés sont déjà suffisants sur certaines parcelles, et que les autres devraient suivre à la faveur de ce temps hivernal.

Au petit matin du lundi, tout est recouvert d’une fine pellicule de givre. L’ensemble de la troupe de vendangeurs est sur le pied de guerre, et les doigts gelés se réchauffent petit à petit au soleil. La qualité de ce que nous ramassons nous étonne, le contenu des paniers est plus joli qu’espéré, les raisins ont moins souffert de l’humidité qu’on pouvait le craindre. Le tri est toujours aussi précis, mais la proportion de raisins à écarter est plus faible que nous l’envisagions. Nous sommes également rassurés par les degrés des premiers jus qui coulent du pressoir, et validons la coupe à tire. Il ne nous reste plus qu’à effectuer un choix judicieux dans le déroulement de cette deuxième et dernière trie. Nous vendangerons avant tout en fonction du niveau de concentration des parcelles, mais en tenant compte de la quantité de récolte encore sur pied, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Ce lundi après-midi, je quitte Climens, le cœur gros de laisser mes vendanges pour la première fois depuis 19 ans, mais soulagée par la tournure des évènements. Néanmoins, on ne me reprendra pas à accepter des dégustations à l’autre bout du monde avant la mi-novembre. Il ne reste « plus » qu’à tout ramasser avant le 1er novembre, la Toussaint correspondant – tradition oblige – au retour de la pluie. Heureusement, les fermentations des premiers lots suivant tranquillement leur cours, Frédéric peut rester sur le terrain en permanence.

Tout se déroule comme prévu, le potentiel des lots variant de 20° à un peu plus de 21°. La coupe « à tire » ne démérite pas, elle est aussi saine que généreuse, nous permettant d’engranger 54 barriques en 3 jours soit un peu plus de 40% de la récolte. Nous nous permettrons même le luxe de terminer ces vendanges 2012 dès la fin de matinée le mercredi 31 octobre. Ces 8 jours de vendanges sur une période de 16 jours, du 15 au 31 octobre, nous auront finalement offert un rendement (de l’ordre de 10 hl/ha) et surtout une qualité inespérés. Pour un millésime si chahuté, le bilan est franchement positif. Il s’agit de surcroît d’un joli pied de nez aux mauvaises langues qui avaient décrété Climens « raclé » par le mildiou. La nature n’aura finalement pas été si ingrate que cela. Quant à la biodynamie, sans laquelle nous aurions sans doute perdu moins de raisins, elle a certainement aidé la vigne à mieux supporter la sécheresse de septembre et les pluies malvenues de fin de campagne. Les dégustations d’après fermentations sont bluffantes. Mis à part deux ou trois lots plus simples, mais honnêtes, l’ensemble est excellent.
La pureté aromatique est parfaite du début à la fin et, pour la majorité des lots, longueur, complexité, élégance et panache sont au rendez-vous. Nous aurons un très beau Climens 2012, cela ne fait aucun doute. »