Accueil Blog Page 549

Les princes des caves (1/5)

Ce sont des travailleurs de l’ombre mais leur rôle n’en demeure pas moins essentiel. Responsable de l’élaboration et de l’élevage du champagne, nous vous présentons cinq hommes, cinq personnalités, cinq chefs de caves.
Voici Benoît Gouez.

Ce Breton du pays des abers est un pur produit de la filière champenoise la plus classique. Avec un gros avantage sur d’autres : Benoît Gouez a été formé par Richard Geoffroy, grand maître des vins dans la maison et surtout connu pour être le sorcier qui élabore le fameux dom-pérignon. Avec lui, Benoît a parcouru les 28 kilomètres de galeries souterraines de la maison Moët, où dorment des millions de bouteilles, pour y apprendre-comprendre ce qui fait le style Moët. C’est parce qu’il l’a intégré que Geoffroy lui a donné les clés de la cave. Pour autant, ce garçon de 42 ans n’a pas décidé de simplement reproduire sans apporter sa touche personnelle. Avec lui, le style Moët a évolué. En très peu d’années, si l’on considère la longueur de temps nécessaire à l’élaboration des champagnes, Benoît Gouez est parvenu à transformer un champagne banal (pour dire le moins) en un bon champagne. La cuvée d’entrée de gamme, le brut-impérial, est un parfait champagne tout-terrain, l’un des moins dosés des bruts non millésimés du marché, dont le positionnement en termes de prix le rend tout à fait intéressant. Ce n’était pas le cas
il y a quelques années, quand personne d’un peu averti n’aurait eu l’idée d’arriver chez des amis avec une bouteille de moët. Ce temps est révolu, il n’y a plus de honte à boire du moët. En soi, et compte tenu des lenteurs de réaction du public, c’est déjà une victoire énnorme que Gouez peut porter la boutonnière avec fierté. Ce qu’il fait, d’ailleurs, avec ce qu’il faut de modestie. En acceptant le poste de chef de caves, il a obtenu aussi une plus grande liberté dans les assemblages comme dans la définition du style. En dégustant les moët millésimés, c’est évident.
Gouez a sorti le 2003 avant le 2002. Cette petite provocation médiatique (qui a très bien marché à l’époque) était rendue nécessaire par l’état d’avancement des vins de chacun des millésimes. 2003 était prêt avant 2002, voilà tout. Il ne cherche pas à faire un moët millésimé, mais à livrer une interprétation du millésime signée Moët. Ce n’est pas exactement la même chose. Aujourd’hui que le 2002 se déploie dans toute sa beauté de constitution, il arrive chez les cavistes et c’est un très beau champagne. Ce 2002 a bénéficié de l’exigence de Gouez. Il dit : « avec ce millésime, on retrouve les temps de maturation historiques de Moët. En 1910, les millésimes passaient sept ans en cave. Un siècle après, nous y revoilà ». Et, nous aussi, les amateurs, nous revoilà.

Nicolas de Rouyn

Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?


• On en a beaucoup parlé, il ne vous reste plus qu’à y aller. C’est à Paris, au Carroussel du Louvre et ça s’appelle
le Grand Tasting, le festival des meilleurs vins. Aujourd’hui dès 10h30. Plus d’info ici et .

• Demain commence la deuxième édition de Cartes sur Tables, soit de grands bordeaux + de grandes tables parisiennes, pendant tout le mois de décembre. Alors qu’est-ce qu’on boit, où et à quel prix, tout est dit ici.

• Vite, vite, vite, la vente en ligne de champagnes d’IdealWine s’arrête le 5 décembre (mercredi). Champagnes
de vigneron ou cuvées de prestige, chacun fera selon ses goûts et selon ses moyens, mais tout le monde se retrouvera .

• En ligne aussi, ce nouveau site de vente permet aux amateurs de vins sensibles à la préservation du patrimoine viticole d’acheter des vins d’abbayes, c’est à dire issus de vignobles cultivés dès le XIIe siècle par les moines cisterciens, chartreux et bénédictins. Bourgogne, Languedoc, Jura, Côtes du Rhône, Champagne et Loire y sont représentés.

• Le château Larose Trintaudon organise un marché de Noël. Tout le week-end, ses portes seront ouvertes au public qui pourra goûter et acheter pâtisseries, confitures, chocolats, saumon fumé, caviar, fromages, miel, foie gras et, bien entendu, du vin. Partenaire de l’événement, la librairie bordelaise Mollat proposera quant à elle une sélection de livres pour les cadeaux de fin d’année. Ca se passe route de Pauillac, à Saint-Laurent-Médoc.

• La structure légère, démontable et transportable du Centre Pompidou, soit un musée itinérant d’art contemporain appelé Pompidou Mobile, propose jusqu’au 20 janvier 2013 un itinéraire appelé « Un château, une œuvre » dans quatre propriétés de Saint-Emilion. Ainsi le château de Ferrand (photo ci-dessous) accueille-t-il une œuvre de Calder. Circuit complet et plan à télécharger sur le blog de la ville de Libourne



LES VENDANGES 2012EN FRANCE (2/2)

Michel Bettane a parcouru la France pendant les vendanges, comme chaque année. De ce tour, il est revenu avec quelques convictions. Que peut-on attendre de ce nouveau millésime ? Aujourd’hui, voici ses commentaires sur les vendanges à Bordeaux, en Bourgogne et en Champagne.

BORDEAUX
La vigne était partie à nouveau en début de floraison pour produire un millésime précoce mais le mauvais temps dès le milieu de la floraison a entraîné de grandes variations d’une vigne à l’autre avec des vendanges probables très longues et étalées, ce qui a été le cas. Il a fallu tout au long de mai, juin et juillet se battre contre le mildiou, l’oïdium et l’installation du botrytis, particulièrement pour les vignes cultivées en biologie ou en bio-dynamie,
et au début du mois d’août le moral des vignerons était au plus bas, avec le sentiment qu’on ne récolterait jamais un raisin mûr et sain. Mais le très beau temps sec d’août a complètement changé la situation et vers le 15 septembre tous les raisins montraient un état sanitaire impeccable qui ne s’est pas dégradé jusqu’à la mi-octobre malgré de nombreuses pluies. La chance fut que les nuits fraîches ont freiné le développement de la pourriture avec l’aide du vent qui asséchait immédiatement l’humidité de ces pluies. Les merlots fin septembre et début octobre, particulièrement à Pomerol, ont atteint une parfaite maturité et ont donné des vins complets, dignes des grands millésimes classiques comme 2005 ou 2010. Les sauvignons très parfumés ont également produit d’excellents vins secs. Mais il a fallu beaucoup attendre les cabernets-sauvignons en Médoc et les cabernets francs à Saint-Emilion, très en retard et qui n’ont muri qu’après le 10 octobre : la technique a beaucoup aidé les vignerons, avec des tables de tri très performantes et surtout le développement du tri optique, où seuls les raisins les plus mûrs passent au travers des machines. Dans beaucoup de cas la petite proportion d’eau sur les peaux des raisins fut immédiatement enlevée par le recours intelligent et modéré à l’osmose inverse. Les premiers vins seront produits par d’excellents raisins dignes des millésimes précédents mais avec une petite récolte, certes supérieure à celle de 2011 mais inférieure de 30 à 40% à une année normale. Les vendanges les plus difficiles ont été les dernières, fin octobre,
à Sauternes, et il sera difficile d’en produire de remarquables, sauf sur de tous petits lots.

BOURGOGNE
Le vignoble a subi de nombreuses agressions climatiques tout au long du printemps et du début de l’été, avec en particulier deux terribles orages de grêle qui ont détruit plus de la moitié de la récolte des meilleures appellations de blanc, Meursault et Puligny-Montrachet, et freiné la maturité de l’autre moitié des raisins. Une mauvaise floraison a entraîné partout de la coulure et contribué à largement diminuer le volume des récoltes, et enfin la pression des maladies a été considérable et de nombreux vignerons ont récolté une vendange abîmée par l’oïdium.
Mais la très faible charge des raisins sains en côte de Nuits et dans le nord de la côte de Beaune, souvent inférieure à 20hl/ha, leur a permis de profiter du très beau temps du mois de septembre et vers le 25 septembre les pinots noirs se présentaient magnifiquement. Les perfectionnistes ont encore un peu attendu et, malgré quelques pluies ils ont bien fait, récoltant début octobre une remarquable qualité de raisin : les premiers vins finis montrent une belle couleur, une grande concentration de matière et de tannin, et beaucoup de parfum. Les vins atteindront en moyenne 13° après une légère chaptalisation avec un équilibre supérieur à celui des 2002 mais inférieur à 2005.
Ils devraient aussi bien vieillir que les 2010. Le Beaujolais a profité de son extrême précocité : les volumes ont eux aussi été dramatiquement réduits par la grêle mais le raisin était mûr dès le 10 septembre dans les secteurs précoces, même si les rafles n’avaient pas encore rougi. Mais les meilleurs crus n’ont été vendangés qu’après le 20 septembre. Un phénomène général du millésime en France a été la maturité avancée des pépins par rapport à celle des peaux et des rafles, rendant difficile le choix de la date de vendange, le goût excellent des raisins contredisant les résultats des analyses ! Au nord Chablis, relativement épargné par les pluies et grêles du printemps a produit un volume normal de récolte (40 à 50hl/ha) avec une très bonne maturité et un état sanitaire parfait. Les vins devraient dépasser en qualité 2011 et s’approcher des 2010, sauf dans quelques secteurs, très restreints mais situés sur l’excellentes parcelles, fortement grêlés. L’appellation fournira les meilleurs blancs du millésime.

CHAMPAGNE
La champagne a sans doute été le vignoble le plus favorisé de France, échappant aux intempéries du printemps et du début de l’été, sauf quelques vignobles restreints de l’Aube, ravagés par la grêle. Les pinots noirs ont profité particulièrement du beau temps de la seconde moitié d’août et d’une sécheresse qui a anéanti tout développement du botrytis. J’ai rarement vu de ma vie d’aussi beaux raisins, sans le moindre grain pourri, dans la vallée de la Marne, à Ay, ou dans la Montagne de Reims à Verzenay. Les chardonnays un peu en retard de la côte des blancs ont fini par mûrir, sauf quelques vignes isolées abîmées par l’oïdium, et vers le 25 septembre les raisins dépassaient largement les 10°, nécessaires à l’élaboration d’un beau champagne. L’ensemble de la récolte n’est pas très volumineux (8 à 9 000 kilos/hectare) mais d’un très bel état sanitaire, d’un excellent équilibre général (10,5° à 11° d’alcool naturel et 8 grammes d’acidité) comparable aux très beaux millésimes 1952 ou 2002. L’année sera largement millésimée et il y aura une toute petite quantité de remarquables coteaux champenois rouges. Mais le prix du raisin devrait largement augmenter et donc à terme le prix des meilleurs vins.

Rhône : prix + plaisir





L’interprofession (Inter-Rhône) affiche une sérénité totale. Et elle peut. Comme le rappelle Michel Bettane dans
son tour de France des vendanges, à lire ici, la région été relativement épargnée par la capricieuse météo de 2012. Selon les dernières observations faites par Inter-Rhone, la production 2012 est estimée à 1,45 million d’hectolitres pour les côtes-du-rhône et 300 000 hectolitres pour les côtes-du-rhône villages, soit 1,75 million sur l’ensemble de l’appellation. « Le volume durable de la récolte, une très belle matière première et une dynamique de prix qui va se confirmer, tout concourt à un recentrage de l’appellation sur le milieu et le haut de gamme», indique Philippe Pellaton, vice-président d’Inter-Rhône. Au cours des cinq dernières années, les exportations vers les pays scandinaves, l’Amérique du Nord et l’Asie ont nettement progressé. Parallèlement, les vins des Côtes du Rhône, tirés notamment par les côtes-du-rhône villages, ont entamé un repositionnement sur des tranches de prix supérieures sur les marchés historiques – France, Royaume-Uni – et constituent une référence du milieu de gamme sur de nombreux marchés. Tout ceci coïncide avec une valorisation déjà palpable dans les nouvelles tendances de consommation, décomplexées et axées sur le plaisir et la convivialité. Ainsi, ces vins sont-ils les parfaits alliés de la cuisine gourmande qui caractérise la « bistronomie » en France. En France comme à l’export, les côtes-du-rhône et côtes-du-rhône villages répondent aux attentes actuelles des consommateurs de vins authentiques et accessibles. L’appellation demeure l’une des références en termes de plaisir/prix .

Les chiffres :

– 92% des consommateurs de vins rouge en France connaissent les AOC des Côtes du Rhône.
– La France est le premier marché pour les vins des Côtes du Rhône (72% du volume).
– En terme de volume (115 millions de bouteilles vendues en 2011), c’est la seconde AOC française.

L'autre viniculture





Dans un tout autre genre que ce livre-, Azélina Jaboulet-Vercherre – professeur assistant à l’École hôtelière de Lausanne, historienne spécialiste de l’histoire du vin et de l’ivresse, titulaire d’un doctorat de l’université de Yale – signe aux éditions Féret un livre intitulé « Florilège de discours savants sur le vin » (264 pages, 39,60 €), dont le sous-titre annonce l’ambitieux projet « Ecrire le vin, d’Homère à Rabelais » . Le voyage à travers les siècles, la culture et l’histoire qu’elle nous propose inclut les plus belles envolées lyriques comme les traités les plus sérieux sur LE sujet. Les esprits curieux apprécieront que la littérature dans son sens le plus large, qu’elle soit médicale, philosophique, bachique, exégétique ou agronomique n’ait jamais oublié le vin. Chaque auteur sélectionné, écrivain phare de la culture occidentale ou penseur plus confidentiel, donne à méditer la façon dont le vin est apprécié de nos jours.

Prix Grand Siècle Laurent-Perrier 2012

Le 48e Prix Grand Siècle Laurent-Perrier* a été remis ce lundi à Jean d’Ormesson par la présidente du jury,
Claudie Haigneré. En lui décernant son prix, le Comité a choisi de rendre hommage à l’optimiste infatigable
et atemporel de cet ambassadeur de l’esprit français. Pour Dominique Bona, « Jean d’Ormesson est
la personnalité-champagne par excellence : il pétille, il est léger et subtil, il distille la gaieté et l’amour de la vie.
Sa conversation et son écriture ont du panache, de l’élégance. Mais sous les bulles, il y a tout le mystère
du grand talent – ce talent inégalable d’un écrivain qui nous fait aborder les choses sérieuses sans jamais
se prendre au sérieux. »

La genèse du Prix Grand Siècle Laurent-Perrier trouve racine dans l’expérience personnelle et familiale
de Bernard de Nonancourt. Avant de présider aux destinées de la Maison LaurentPerrier, il s’est illustré dans la Résistance et dans la 2e DB. La mort de son frère aîné, résistant puis déporté, l’amena à reprendre la petite maison de champagne familiale. Ces années passées dans la lutte pour la liberté lui laissèrent cette éthique de vie fondée sur la solidarité entre les hommes, l’exemplarité et la réussite partagée. Fidèle à ses convictions, il crée en 1965 cette distinction destinée à récompenser des valeurs humanistes : « Chaque époque de notre histoire porte en elle ses gloires évidentes, apparentes ou dissimulées. Notre fierté est de mettre davantage en lumière ou, mieux encore, de faire découvrir, ces conquérants de notre temps. » Acte de mécénat de la Maison Laurent-Perrier, le choix du lauréat du prix revient chaque année à un comité composé de 21 membres.

Les inattendus du Grand Tasting (c'est demain)


Le Grand Tasting, vous le savez, c’est l’occasion de goûter des centaines de vins, stars de leurs appellations ou grands encore petits.
Pas seulement.
Le Grand Tasting, c’est aussi bien de se cultiver un peu. Dans deux registres.
1.- Les accords mets-vins, cette magnifique manière de donner toutes leurs chances aux vins que vous buvez et aux plats que vous mangez. Pas sûr qu’il s’agisse d’une science, mais d’un feeling, oui sûrement. Bonne occasion de comprendre comment ça marche. C’est le rôle des Ateliers Gourmets
2.- Dans une gamme plus large, comprendre les terroirs ou la qualité des verres à vin, c’est faire des progrès…

Le Premier ministre britannique hausse le tonlors des négociations budgétaires


Le site www.wine-searcher.com a publié un article mêlant politique et vin rouge. Vous pouvez le lire en anglais ici. Voici la traduction ci-dessous.

Le timing n’aurait pu être pire. Peu de temps avant l’échec des négociations autour du budget de l’Union Européenne pour la période 2014-2020, les dirigeants de l’U.E. ont déjeuné ensemble. C’est alors que la délégation britannique s’est dite «consternée» par le menu : du château-angélus 1992 (1er grand cru classé A
de Saint-Émilion) était servi. Un millésime listé par un site américain au prix moyen de 197 dollars la bouteille,
hors taxe.

Le choix du vin aurait alimenté la colère du Premier ministre britannique, David Cameron, devant le naufrage
des dirigeants européens à trouver un accord sur la réduction du  plan de budget.

Et si les leaders n’avaient pas compris le message, Cameron en a rajouté une couche en accusant l’Union Européenne de vivre dans un «univers parallèle» et «d’insulter les contribuables» en refusant de réduire les dépenses.

En bon connaisseur, David Cameron sait apprécier un bon vin; une récente biographie le décrit aimer se détendre en dégustant plusieurs verres de vin le dimanche à Chequers, la résidence secondaire officielle des Premiers ministres.

Mais le choix d’avoir à table du château-angélus, pour un déjeuner de prévision budgétaire, fut la goutte de trop.

Les notes de dégustation d’angélus 1992 :

Malgré des conditions météorologiques difficiles, les vendanges ont donné des grappes mûres et saines,
produisant un vin à robe très foncée (encre) et un nez complexe mélangeant fruits rouges, réglisse, tabac et arômes
de sous-bois.

Il a été révélé que le Conseil Européen et la Commission Européenne possèdent 42 789 bouteilles de vin dans leurs caves. L’information est publique grâce à la question posée par un député autrichien, Martin Ehrenhauser, connu pour dénoncer des scandales au sein de l’Union Européenne.

Ehrenhauser a dit au New York Times qu’il est choqué par les chiffres, «Je ne m’attendais pas à ce qu’ils aient autant de bouteilles. Ils devraient travailler et non boire,» a t-il dit.

En réponse au député autrichien, le Conseil européen a déclaré que la consommation moyenne, pour ce type de déjeuner, se situe à «environ un verre de vin par personne.»

La commission européenne dit ne pouvoir donner davantage de détails car la recherche des informations prendrait  trop de temps.

LES VENDANGES 2012EN FRANCE (1/2)


Michel Bettane a parcouru la France pendant les vendanges, comme chaque année. De ce tour, il est revenu avec quelques convictions. Que peut-on attendre de ce nouveau millésime ?
Les réponses, région par région, ci-dessous.

 

Un peu partout en France les vendanges 2012 ont été rendues difficiles en raison de mauvaises conditions climatiques de mars à juillet, et d’un temps instable après le 20 septembre, pendant une grande partie du ramassage des raisins. Mais, après un tri sévère de la récolte rendu possible par les progrès de la technique,
les maturités et l’état sanitaire des raisins sont excellents avec, dans beaucoup de cas, des vins très sérieusement constitués grâce à une toute petite récolte (souvent la moitié d’une récolte normale) et capables d’un long vieillissement. La crise économique mondiale empêchera les prix d’augmenter en proportion de la faible récolte
et la situation financière de beaucoup de vignerons  va se dégrader, avec de nombreuses faillites et cessations d’exploitation probables. Les régions les plus favorisées ont été la Champagne, Bordeaux (les merlots sur la rive droite), et la vallée du Rhône (sud). Ailleurs, les cépages les plus précoces récoltés en septembre ont mieux réussi que les cépages tardifs récoltés du 15 au 25 octobre, mais partout le talent du vigneron et sa capacité à sélectionner les meilleurs raisins feront la différence.

ALSACE

Les vendanges ont commencé vers le 10 septembre pour les raisins destinés aux crémants et se sont terminées vers le 15 octobre pour les vendanges tardives. Les meilleurs vins classiques ont été récoltés entre de nombreuses pluies entre le 5 et le 10 octobre pour le riesling et le gewurztraminer, une semaine avant pour les pinots gris.
La qualité a été sauvée par un mois d’août très chaud et sec après un printemps froid et une lutte constante des vignerons contre les différentes maladies du raisin. Les vins sont concentrés et aromatiques, mais il ne faut pas compter sur un développement favorable de la pourriture noble et donc sur de grandes sélections de grains nobles. Les sols les plus précoces et les plus drainants, comme les granits, devraient donner les meilleurs vins.

VALLE DE LA LOIRE

Comme partout en France les dates de vendanges ont été très étalées, en raison d’une très longue et inégale floraison, et le vigneron a du lutter tout le printemps et le début de l’été pour protéger le raisin des maladies.
Les vignerons bio ont le plus souffert, perdant une partie de la récolte mais les meilleurs d’entre eux ont récolté d’excellents raisins. Les raisins blancs, plus précoces ont le mieux profité de 4 très belles semaines du 15 août au 15 septembre. La région du Muscadet a vendangé une moitié de récolte entre le 18 et le 23 septembre et rentré un des vins les plus complets des dix dernières années. Les sauvignons de Sancerre et de Pouilly-sur-Loire ont suivi, Pouilly vendangeant en général un peu avant Sancerre, avec de beaux raisins bien parfumés même ceux rentrés sous la grisaille et de petites pluies vers le 10 octobre.  Les cabernets de Chinon et Bourgueil ont bien tenu les pluies d’octobre, mais il fallait quand même bien trier le raisin, spécialement ceux rentrés après le 20  octobre.
Les vins naissent très tanniques, denses, sérieux, moins aimables qu’il ne la faudrait pour une consommation précoce. Les chenins blancs ont le plus souffert mais il devrait y avoir de bons secs et demi-secs, et peu de moelleux.

VALLE DU RHONE

Grand triomphatrice du millésime la vallée du Rhône a partout produit des vins remarquables, du nord au sud, avec encore plus de tempérament dans la région de Châteauneuf du Pape. On craignait beaucoup vers le 15 août le blocage des maturités par la sécheresse car il n’était pas tombé une goutte de pluie depuis vingt semaines.
Un miracle a fait tomber 40 mm d’eau le 29 août dans le Vaucluse, débloquant immédiatement les maturités.
Il fallait donc vite rentrer les blancs et les syrahs pour éviter que les degrés ne déséquilibrent les vins mais les grenaches, très en retard ont pris leur temps et les vignerons les ont tranquillement ramassés du 20 septembre au 10 octobre selon les expositions. La récolte est hélas toute petite, souvent inférieure à 20hl/ha, mais les vins remarquables d’une tenue et d’une classe qui me rappellent 1978. Les syrahs du nord ont bénéficié d’un été un peu moins chaud mais assez sec avec une petite préférence pour Côte-Rôtie un peu plus précoce, les hermitages et les cornas ne devenant grands qu’après le 2 octobre, rendant justice aux vignerons les plus courageux et qui ont su attendre.

LANGUEDOC, ROUSSILLON, PROVENCE, CORSE

Une toute petite récolte inférieure de 50 % à la normale mais partout une qualité très intéressante, marquée par une très longue période de sécheresse et un été très venteux rendant la vie du vigneron assez facile par rapport à ses autres collègues de France. La seule difficulté sera comme souvent celle des degrés alcooliques, très élevés sur les cépages rouges, et la forte teneur en tannin des raisins qui demandait beaucoup d’habileté pendant la cuvaison pour éviter d’extraire des tannins trop violents. Les grands vainqueurs seront les vins doux naturels, particulièrement ceux de grenache à Maury et Banyuls qui devraient rivaliser avec les plus grands portos. Je ne manquerai pas d’en acheter une petite collection pour ma cave.

Les vendanges 2012 en France (2/2)

Encore un Chinois

Le monde du vin va t-il à nouveau s’agiter en apprenant l’acquisition d’un grand cru classé de Saint-Emilion (Bellefont-Belcier) par un riche industriel chinois ? Comme pour la Bourgogne cet été ? La rumeur courait depuis quelques semaines et le montant de la transaction reste confidentiel pour le moment. Si ce n’est pas une première dans le Bordelais, voir ici, « c’est l’acquisition la plus prestigieuse en termes de notoriété et de prix en France », indique Frank Lagorce, l’intermédiaire mandaté pour cette vente, dans cet article-.