On lit.
A l’heure où la mondialisation fati la part belle à des produits aussi déracinés que possible, « le champagne déroge et résiste ». C’est sur cette base que le livre des deux historiens Serge et Claudine Wolikow* – elle est spécialiste du XVIIIe siècle, il est l’auteur de nombreux ouvrages autour de l’histoire de l’Internationale Communiste et ils ont organisé ensemble deux colloques et une exposition itinérante très courue sur l’histoire du vin de Champagne –
raconte le champagne. Pas sa légende dorée ou revisitée pour faire pétiller les yeux des consommateurs, mais son histoire, avec un H, dans tout qu’elle a d’inattendu et d’édifiant, comme ces révoltes du début du XXe siècle qui sont à l’origine de l’organisation exemplaire de la Champagne, où le succès du vin profite à tous et pas seulement à quelques-uns. Trois siècles de la vie d’un terroir à la stricte délimitation, de ses négociants, de ses viticulteurs et de ses raisins. Trois siècles de l’évolution (et des révolutions) d’un vin autrefois réservé à l’aristocratie devenu le symbole universel de la célébration. 256 pages,
38 €, Les Editions de l’Atelier.
On apprend.
L’année dernière, en septembre, deux nouvelles dénominations géographiques ont été reconnues par l’INAO dans l’AOC touraine, venant récompenser le travail de définition de leurs terroirs effectué depuis de longues années par les vignerons. Les vins produits selon ces nouveaux cahiers des charges viennent d’arriver sur le marché, le moment est donc venu de découvrir ce qu’est un touraine-oisly et un touraine-chenonceaux. Le premier est un vin blanc issu à 100% de sauvignon blanc produit sur un territoire discret et assez méconnu du Val de Loire, néanmoins porteur d’une véritable tradition viticole et berceau historique du cépage sauvignon, le village de Oisly. Le second existe en blanc (sauvignon) comme en rouge (côt et cabernet franc) et provient d’une aire d’appellation qui englobe, outre le célèbre château de Chenonceau, vingt-sept communes situées sur les coteaux des deux rives du Cher.
On fait du shopping.
Enfin, elle est ouverte, la nouvelle cave de La Grande Epicerie (du Bon Marché). Le chef des lieux, responsable d’une sélection accomplie dans tous les terroirs de France auprès des nouveaux talents de la viticulture comme des confirmés, s’appelle Hugues Forget. Fruits de son patient ouvrage sur le vieillissement de vins acquis en primeur, 200 000 bouteilles sommeillent dans les réserves qui seront présentées au sommet de leur maturité. Ces 550 m2 dédiés au vin (2000 références + 1000 alcools et champagnes) sont situés au niveau -1, à côté du nouvel espace mode hommes, pour réunir, nous dit-on, tous les éléments de « l’art de vivre au masculin ». On ne commentera pas, on se contentera simplement d’encourager les tenantes de « l’art de vivre au féminin » à aller visiter dès ce week-end ce bel endroit (photo ci-dessous) et à squatter ses tables de dégustation, qui sont au nombre de six. Trois pour l’exploration des terroirs de France, une réservée aux grands formats (que la Cave collectionne depuis des années), une autre pour les champagnes, et la dernière située dans le caveau où reposent 375 vins prestigieux ou rares dans des conditions hygrométriques irréprochables. Enfin, Hugues Forget et son équipe de sommeliers délivrent depuis plusieurs années des conseils autour des accords mets et vins que ce nouveau lieu concrétise avec un restaurant de cinquante couverts tenu par Jean-Jacques Massé, meilleur ouvrier de France.
Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?
Les princes des caves (2/5)
Ce sont des travailleurs de l’ombre mais leur rôle n’en demeure pas moins essentiel. Responsable de l’élaboration et de l’élevage du champagne, nous vous présentons cinq hommes, cinq personnalités, cinq chefs de caves.
Place à Dominique Demarville.
Voici Dominique Demarville. Il est le chef de caves des champagnes Veuve-Clicquot. C’est-à-dire que c’est lui qui fait les vins que vous buvez. Ne me dites pas que vous n’avez jamais bu du Veuve-Clicquot, ce n’est pas sérieux.
Sur la photo, prise dans le parc des Crayères à Reims, on ne voit pas toute la volonté que ce garçon dégage.
On peut d’ailleurs se demander s’il n’a pas été engagé pour ça. Avec un challenge à la clé. Remplacer l’idole des vignes, Jacques Peters. Depuis la création de la maison en 1772, ils n’ont été que dix à cette place. Ils se sont transmis la définition du style maison, l’autre façon de faire comprendre au public qu’il n’y a pas deux champagnes identiques. Et Jacques Peters a fait pareil avec Dominique Demarville. Et ni l’un ni l’autre ne diront jamais de quoi est fait, ce style Clicquot. Ils réciteront la petite chanson qui fait une réponse, jamais à l’abri d’un superlatif inutile,
ils parleront de fraîcheur, d’arômes, de longueur. La péroraison nous emmènera vers des cieux toujours bleus.
Pas de chiffres, non, c’est secret défense dans les maisons du groupe LVMH. Nous savons bien que ce sont de très gros volumes à destination de la planète toute entière. Et bravo pour ça, le genre de bonne nouvelle agréable à entendre ces jours-ci. Par exemple, parlons de Jacques Peters, c’était dur de prendre sa suite? Dominique est un garçon très arrondi, il dit tous les bonheurs du monde.
Jacques Peters a eu du mal à partir. Combien de fois a-t-on fêté son départ ! On imagine très bien la difficulté pour son successeur, le frein rongé, les bouffées d’impatience. C’est le problème avec les icônes. Mick Jagger, c’est pareil. Et puis Jacques est parti pour de vrai. Dominique préfère parler de lui-même, il a raison, c’est lui qu’on voit. Ce côté concentré, précis, travailleur, sérieux.
Vite, il est convainquant, crédible. Touchant, même. Il n’est pas un chef de caves mondain, on n’en connaît pas beaucoup, cela dit. Depuis l’époque où il faisait la même chose chez Mumm, il n’a pas changé, pas vraiment,
un peu d’épaisseur dans le regard, le geste, les épaules, pas plus. L’homme est le même. Nous, forcément, on adore ce genre d’authenticité, les journalistes sont comme ça, les petits malins nous ennuient. Demarville ne nous dira pas la V.O., il parlera de lui, simplement, sans jouer à la grenouille et au boeuf.
« Je m’applique à faire vivre le mot de Madame Clicquot, “une seule qualité, la première” , en adaptant le style de la maison, et cette exigence, aux attentes nouvelles du consommateur ». Alors, Dominique des nouveauté ? « C’est secret, mais nous préparons des choses ». Allons voir ailleurs. Le vin que vous pouvez boire à genoux sur une règle en fer? «Le sauternes». Pas drôle, nous aussi. Au fil de la conversation, nous conviendrons que nous sommes d’accord sur à peu près tout, le bourgogne, la curiosité, les grands rhônes, la pêche au lancer. Son goût pour le groupe Abba et Jean-Jacques Goldman est tout ce qui nous sépare. Il fallait quelque chose.
Nicolas de Rouyn. Photo, Mathieu Garçon
Les 5 vins qui vous feront passer pour un gendre idéal
Votre belle-mère est une femme admirable, chacun le sait, tout le monde le dit. Afin d’en découvrir les facettes les plus insoupçonnées, traitez-la avec style, un peu comme si vous receviez la Reine d’Angleterre. Voici cinq suggestions qui vont enfin lui ouvrir les yeux sur vos qualités immenses.
Champagne Malard
Lady Style, blanc extra brut
15/20
Elancé, svelte et très orienté aromatiquement sur les agrumes, voilà un extra brut séduisant.
Apogée : 2012 à 2014
Prix : 50 euros
Champagne Duval-Leroy
Femme de Champagne 2000, blanc brut
17/20
La Cuvée est subtile et élégante. La bulle est fine, l’allonge suave et profonde.
Apogée : 2012 à 2016
Prix : 95 euros
Veuve Clicquot-ponsardin
La Grande Dame rosé 2004, rosé brut
19/20
Elancé et Brillant, d’une remarquable allonge et d’une grande finesse, ce rosé est d’un style moins vineux que le vintage. Il a une classe folle.
Apogée : 2012 à 2018
Prix : 158 euros
Château Coutet
Barsac, blanc liquoreux 2009
18/20
Nez développé d’agrumes, moins opulent que d’autres mais très plein, très équilibré, parfaitement barsac dans sa finale où un léger sel équilibre le sucre. Beaucoup de rôti dans la liqueur.
Apogée : 2019 à 2029
Prix : environ 50 euros
Château Sainte-Roseline
Côte de Provence, la Chapelle 2011 rosé
17/20
Il ne faut pas hésiter à carafer ce rosé qui tapisse tout le palais et qui rayonne. C’est un vin de gastronomie de grand style qui apprécie la compagnie d’un porcelet rôti. Il n’a rien d’éphémère et peut évoluer favorablement sur plusieurs années.
Apogée : 2012 à 2014
Prix : 21,90 euros
Grand bâtiment, grand bâtisseur
Le Centre culturel et touristique du vin, premier site au monde dédié aux civilisations viti-vinicoles universelles et à leurs cultures, sera inauguré à Bordeaux en 2015. Au bord de la Garonne, tel un porte-étendard, une tour de verre offrira 14 000 m² de parcours à thèmes, d’ateliers et d’expositions. Ce projet reconnu d’intérêt général permettra de faire découvrir une culture millénaire à un public international estimé à 420 000 visiteurs par an. Il devrait également engendrer la création de 750 emplois durables, directs et indirects. Indispensable dans un cadre d’une telle ampleur, l’engagement des mécènes et la générosité de leurs contributions financières fait partie du processus, et chacun d’entre eux verra son nom gravé sur le mur qui leur sera dédié à l’entrée du site. Déjà très investi dans le mécénat culturel et profondément attaché à la transmission, le Bordelais Bernard Magrez (propriétaire, faut-il le rappeler, de quarante vignobles dont quatre grands crus classés) s’est engagé dès la naissance de cette initiative unique au monde à contribuer financièrement à sa concrétisation. Cette pierre apportée à l’édifice lui a valu de se voir décerner le titre de « Grand Bâtisseur » du Centre culturel et touristique du vin.
Biodynamie, le guide 2013
Journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur le vin et créatrice de ce site, Évelyne Malnic suit et commente les vins bio depuis des nombreuses années. Parmi les livres qu’elle a publiés (Bien connaître et déguster le vin, Le Vin en son palais, Un seul vin, Le vin décrypté), ce guide est exclusivement consacré à la biodynamie, un mode cultural exigeant adopté depuis des années par certains des plus prestigieux domaines français. La deuxième édition de cet ouvrage publié chez Féret est l’occasion de découvrir l’engagement des vignerons travaillant en biodynamie, leur amour de la terre, de leurs vignes, et cette manière toute philosophique qu’ils ont de respecter leur terroir, l’environnement et l’équilibre de la nature.
Guide des vins en biodynamie, édition 2013. 288 pages, 19,50 €
Chablis en 2012
« Une très belle surprise », voici comment beaucoup de vignerons qualifient ce millésime, après que leurs nerfs
ont été mis à rude épreuve au long d’un printemps qui a rendu les conditions de floraison très difficiles. Les épisodes de grêle qui ont suivi, touchant plutôt la rive droite du Serein, ont même failli faire figurer cette année dans les annales bourguignonnes des millésimes les plus compliqués. Mais la nature est imprévisible et dès la mi-juillet, l’été devient sec, tellement sec que la maturité des raisins progresse très lentement et que le stress hydrique engendre une concentration dans la baie, concentration du sucre mais aussi de l’acidité. Enfin, la météo est devenue plus clémente et les pluies en tout début de vendanges sont venues regonfler les baies et le moral des vignerons. Sous le soleil de septembre, la vigne montre un état sanitaire parfait. Elle profite de cette eau et la quantité comme la qualité de la récolte s’en trouvent confortées. Les premières bennes rentrées, les jus s’avèrent naturellement riches en sucre avec une acidité bien présente. Seule petite ombre au tableau, le volume vendangé, surtout sur la rive droite du Serein, s’avère en deçà des rendements habituels (10% à 15% de baisse, c’est sans commune mesure avec les pertes de récolte annoncées dans le reste de la Bourgogne). Il est encore un peu tôt pour dire de quoi ce nouveau millésime sera fait, mais les oenologues et les vinificateurs sont très confiants. Jean-François Bordet, président de la Commission Chablis, parle même de l’un des plus beaux millésimes qu’il ait jamais vinifié (il a 37 ans). Les jus sont nets, francs, droits, à l’image du style classique de Chablis. Les vins montrent une belle concentration, sans surmaturité, tout en gardant une colonne vertébrale acide. En bouche, les équilibres sont beaux, et les vins, puissants, expriment parfaitement les notes minérales, crayeuses, de leurs terroirs. Pour le moment, les vinificateurs rapprochent ce millésime de 2010, voire de 2005.
La Bourgogne en Beaujolais
La maison beaujolaise Henry Fessy (détenue par la bourguignonne Louis Latour) s’est rapprochée de la famille
de Lescure, propriétaire du château des Labourons dans le climat de Fleurie, soit 18 hectares de vignes plantés
à une altitude de 350 à 400 mètres, sur un sol principalement composé de granit rose. En reprenant l’exploitation
du vignoble et de la marque, la maison Fessy poursuit sa stratégie d’implantation dans les crus du Beaujolais avec pour ambition de constituer un des principaux négociants-éleveurs de la région. La famille de Lescure, propriétaire depuis plusieurs générations de ce domaine qui domine les collines de l’appellation, se félicite de ce partenariat, tout comme Louis-Fabrice Latour et Laurent Chevalier, le directeur général d’Henry Fessy. Majoritairement exposé au sud-ouest, ce vignoble très pentu requiert beaucoup de travail manuel. Côté vinification, le château réalise des macérations non-carboniques en cuves ouvertes, uniquement avec ses meilleurs raisins. Après le pressage pneumatique et les fermentations, le vin est élevé en foudres de chêne.
Le père Noël est un facteur
Après avoir proposé soixante champagnes en promotion jusqu’à -20%, dernier jour aujourd’hui, le réseau
de cavistes Nicolas fête la Saint-Nicolas (c’est logique, et c’est jeudi). Pendant trois jours, du 6 au 9 décembre,
les frais de port vous seront offerts sur l’envoi d’un coffret Intervina en France métropolitaine. Il suffit de donner
le nom de code (Saint-Nicolas, donc) à votre caviste. Parmi les coffrets proposés, une trilogie de Ruinart en brut, rosé et blanc, pour 185 €. Ca fonctionne aussi sur internet, toutes les idées cadeaux sont là.
Six millésimes de brunello vandalisés
Dans la nuit de dimanche à lundi, des voyous ont vidé dix foudres de brunello di montalcino pour une contenance totale de 62 000 litres, soit la production de six millésimes, 2007 à 2012. L’affaire se passe à Montalcino chez un vigneron-star de l’appellation, Gianfranco Soldera, qui commercialise ses vins après six années en foudre. Son domaine s’appelle Case Basse. Pour mémoire, il fût l’un des rares à sortir le scandale des faux brunello-di-montalcino, il y a quelques années.
Vendetta à l’italienne ?
Tenant d’une ligne stricte de l’appellation, c’est-à-dire des vins composés…