Le fin chic, c’est le Off. Au Grand Tasting comme à Cannes, c’est à ça qu’on reconnaît le succès. Soit dit en passant, il faut être bête comme ses pieds ou comme certains organisateurs de grosse manifestation pour attaquer en justice celles et ceux qui font du Off. Fermeture de la parenthèse, mais là je pensais fort à ma copine Anna Serio. Le Off, c’est les trucs plus ou moins secrets, privés, réservés. Et des zévénements nouveaux qui choisissent de se tenir aux mêmes dates, pour profiter du buzz. Il y avait ainsi un certain nombre de petits salons de vin ici et là, à Paris et c’est bien comme ça. Que Paris devienne…
Le Off du Grand Tasting
Une nouvelle tête chez Castelnau
On vous avait annoncé cet été son départ de la maison Ayala, qu’il a dirigée pendant sept ans, après avoir été directeur général de Bollinger pendant cinq ans, président du champagne de Castellane avant cela et directeur pour la France de Laurent-Perrier à ses débuts. Voici qu’Hervé Augustin devient le directeur export de Castelnau,
la marque acquise en 2003 par la Coopérative régionale des vins de Champagne (CRVC). On lira ici l’histoire de cette maison, et là le portrait de l’homme qui vient de la rejoindre.
Les princes des caves (1/5)
Ce sont des travailleurs de l’ombre mais leur rôle n’en demeure pas moins essentiel. Responsable de l’élaboration et de l’élevage du champagne, nous vous présentons cinq hommes, cinq personnalités, cinq chefs de caves.
Voici Benoît Gouez.
Ce Breton du pays des abers est un pur produit de la filière champenoise la plus classique. Avec un gros avantage sur d’autres : Benoît Gouez a été formé par Richard Geoffroy, grand maître des vins dans la maison et surtout connu pour être le sorcier qui élabore le fameux dom-pérignon. Avec lui, Benoît a parcouru les 28 kilomètres de galeries souterraines de la maison Moët, où dorment des millions de bouteilles, pour y apprendre-comprendre ce qui fait le style Moët. C’est parce qu’il l’a intégré que Geoffroy lui a donné les clés de la cave. Pour autant, ce garçon de 42 ans n’a pas décidé de simplement reproduire sans apporter sa touche personnelle. Avec lui, le style Moët a évolué. En très peu d’années, si l’on considère la longueur de temps nécessaire à l’élaboration des champagnes, Benoît Gouez est parvenu à transformer un champagne banal (pour dire le moins) en un bon champagne. La cuvée d’entrée de gamme, le brut-impérial, est un parfait champagne tout-terrain, l’un des moins dosés des bruts non millésimés du marché, dont le positionnement en termes de prix le rend tout à fait intéressant. Ce n’était pas le cas
il y a quelques années, quand personne d’un peu averti n’aurait eu l’idée d’arriver chez des amis avec une bouteille de moët. Ce temps est révolu, il n’y a plus de honte à boire du moët. En soi, et compte tenu des lenteurs de réaction du public, c’est déjà une victoire énnorme que Gouez peut porter la boutonnière avec fierté. Ce qu’il fait, d’ailleurs, avec ce qu’il faut de modestie. En acceptant le poste de chef de caves, il a obtenu aussi une plus grande liberté dans les assemblages comme dans la définition du style. En dégustant les moët millésimés, c’est évident.
Gouez a sorti le 2003 avant le 2002. Cette petite provocation médiatique (qui a très bien marché à l’époque) était rendue nécessaire par l’état d’avancement des vins de chacun des millésimes. 2003 était prêt avant 2002, voilà tout. Il ne cherche pas à faire un moët millésimé, mais à livrer une interprétation du millésime signée Moët. Ce n’est pas exactement la même chose. Aujourd’hui que le 2002 se déploie dans toute sa beauté de constitution, il arrive chez les cavistes et c’est un très beau champagne. Ce 2002 a bénéficié de l’exigence de Gouez. Il dit : « avec ce millésime, on retrouve les temps de maturation historiques de Moët. En 1910, les millésimes passaient sept ans en cave. Un siècle après, nous y revoilà ». Et, nous aussi, les amateurs, nous revoilà.
Nicolas de Rouyn
Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?
• On en a beaucoup parlé, il ne vous reste plus qu’à y aller. C’est à Paris, au Carroussel du Louvre et ça s’appelle
le Grand Tasting, le festival des meilleurs vins. Aujourd’hui dès 10h30. Plus d’info ici et là.
• Demain commence la deuxième édition de Cartes sur Tables, soit de grands bordeaux + de grandes tables parisiennes, pendant tout le mois de décembre. Alors qu’est-ce qu’on boit, où et à quel prix, tout est dit ici.
• Vite, vite, vite, la vente en ligne de champagnes d’IdealWine s’arrête le 5 décembre (mercredi). Champagnes
de vigneron ou cuvées de prestige, chacun fera selon ses goûts et selon ses moyens, mais tout le monde se retrouvera là.
• En ligne aussi, ce nouveau site de vente permet aux amateurs de vins sensibles à la préservation du patrimoine viticole d’acheter des vins d’abbayes, c’est à dire issus de vignobles cultivés dès le XIIe siècle par les moines cisterciens, chartreux et bénédictins. Bourgogne, Languedoc, Jura, Côtes du Rhône, Champagne et Loire y sont représentés.
• Le château Larose Trintaudon organise un marché de Noël. Tout le week-end, ses portes seront ouvertes au public qui pourra goûter et acheter pâtisseries, confitures, chocolats, saumon fumé, caviar, fromages, miel, foie gras et, bien entendu, du vin. Partenaire de l’événement, la librairie bordelaise Mollat proposera quant à elle une sélection de livres pour les cadeaux de fin d’année. Ca se passe route de Pauillac, à Saint-Laurent-Médoc.
• La structure légère, démontable et transportable du Centre Pompidou, soit un musée itinérant d’art contemporain appelé Pompidou Mobile, propose jusqu’au 20 janvier 2013 un itinéraire appelé « Un château, une œuvre » dans quatre propriétés de Saint-Emilion. Ainsi le château de Ferrand (photo ci-dessous) accueille-t-il une œuvre de Calder. Circuit complet et plan à télécharger sur le blog de la ville de Libourne
LES VENDANGES 2012EN FRANCE (2/2)
Michel Bettane a parcouru la France pendant les vendanges, comme chaque année. De ce tour, il est revenu avec quelques convictions. Que peut-on attendre de ce nouveau millésime ? Aujourd’hui, voici ses commentaires sur les vendanges à Bordeaux, en Bourgogne et en Champagne.
BORDEAUX
La vigne était partie à nouveau en début de floraison pour produire un millésime précoce mais le mauvais temps dès le milieu de la floraison a entraîné de grandes variations d’une vigne à l’autre avec des vendanges probables très longues et étalées, ce qui a été le cas. Il a fallu tout au long de mai, juin et juillet se battre contre le mildiou, l’oïdium et l’installation du botrytis, particulièrement pour les vignes cultivées en biologie ou en bio-dynamie,
et au début du mois d’août le moral des vignerons était au plus bas, avec le sentiment qu’on ne récolterait jamais un raisin mûr et sain. Mais le très beau temps sec d’août a complètement changé la situation et vers le 15 septembre tous les raisins montraient un état sanitaire impeccable qui ne s’est pas dégradé jusqu’à la mi-octobre malgré de nombreuses pluies. La chance fut que les nuits fraîches ont freiné le développement de la pourriture avec l’aide du vent qui asséchait immédiatement l’humidité de ces pluies. Les merlots fin septembre et début octobre, particulièrement à Pomerol, ont atteint une parfaite maturité et ont donné des vins complets, dignes des grands millésimes classiques comme 2005 ou 2010. Les sauvignons très parfumés ont également produit d’excellents vins secs. Mais il a fallu beaucoup attendre les cabernets-sauvignons en Médoc et les cabernets francs à Saint-Emilion, très en retard et qui n’ont muri qu’après le 10 octobre : la technique a beaucoup aidé les vignerons, avec des tables de tri très performantes et surtout le développement du tri optique, où seuls les raisins les plus mûrs passent au travers des machines. Dans beaucoup de cas la petite proportion d’eau sur les peaux des raisins fut immédiatement enlevée par le recours intelligent et modéré à l’osmose inverse. Les premiers vins seront produits par d’excellents raisins dignes des millésimes précédents mais avec une petite récolte, certes supérieure à celle de 2011 mais inférieure de 30 à 40% à une année normale. Les vendanges les plus difficiles ont été les dernières, fin octobre,
à Sauternes, et il sera difficile d’en produire de remarquables, sauf sur de tous petits lots.
BOURGOGNE
Le vignoble a subi de nombreuses agressions climatiques tout au long du printemps et du début de l’été, avec en particulier deux terribles orages de grêle qui ont détruit plus de la moitié de la récolte des meilleures appellations de blanc, Meursault et Puligny-Montrachet, et freiné la maturité de l’autre moitié des raisins. Une mauvaise floraison a entraîné partout de la coulure et contribué à largement diminuer le volume des récoltes, et enfin la pression des maladies a été considérable et de nombreux vignerons ont récolté une vendange abîmée par l’oïdium.
Mais la très faible charge des raisins sains en côte de Nuits et dans le nord de la côte de Beaune, souvent inférieure à 20hl/ha, leur a permis de profiter du très beau temps du mois de septembre et vers le 25 septembre les pinots noirs se présentaient magnifiquement. Les perfectionnistes ont encore un peu attendu et, malgré quelques pluies ils ont bien fait, récoltant début octobre une remarquable qualité de raisin : les premiers vins finis montrent une belle couleur, une grande concentration de matière et de tannin, et beaucoup de parfum. Les vins atteindront en moyenne 13° après une légère chaptalisation avec un équilibre supérieur à celui des 2002 mais inférieur à 2005.
Ils devraient aussi bien vieillir que les 2010. Le Beaujolais a profité de son extrême précocité : les volumes ont eux aussi été dramatiquement réduits par la grêle mais le raisin était mûr dès le 10 septembre dans les secteurs précoces, même si les rafles n’avaient pas encore rougi. Mais les meilleurs crus n’ont été vendangés qu’après le 20 septembre. Un phénomène général du millésime en France a été la maturité avancée des pépins par rapport à celle des peaux et des rafles, rendant difficile le choix de la date de vendange, le goût excellent des raisins contredisant les résultats des analyses ! Au nord Chablis, relativement épargné par les pluies et grêles du printemps a produit un volume normal de récolte (40 à 50hl/ha) avec une très bonne maturité et un état sanitaire parfait. Les vins devraient dépasser en qualité 2011 et s’approcher des 2010, sauf dans quelques secteurs, très restreints mais situés sur l’excellentes parcelles, fortement grêlés. L’appellation fournira les meilleurs blancs du millésime.
CHAMPAGNE
La champagne a sans doute été le vignoble le plus favorisé de France, échappant aux intempéries du printemps et du début de l’été, sauf quelques vignobles restreints de l’Aube, ravagés par la grêle. Les pinots noirs ont profité particulièrement du beau temps de la seconde moitié d’août et d’une sécheresse qui a anéanti tout développement du botrytis. J’ai rarement vu de ma vie d’aussi beaux raisins, sans le moindre grain pourri, dans la vallée de la Marne, à Ay, ou dans la Montagne de Reims à Verzenay. Les chardonnays un peu en retard de la côte des blancs ont fini par mûrir, sauf quelques vignes isolées abîmées par l’oïdium, et vers le 25 septembre les raisins dépassaient largement les 10°, nécessaires à l’élaboration d’un beau champagne. L’ensemble de la récolte n’est pas très volumineux (8 à 9 000 kilos/hectare) mais d’un très bel état sanitaire, d’un excellent équilibre général (10,5° à 11° d’alcool naturel et 8 grammes d’acidité) comparable aux très beaux millésimes 1952 ou 2002. L’année sera largement millésimée et il y aura une toute petite quantité de remarquables coteaux champenois rouges. Mais le prix du raisin devrait largement augmenter et donc à terme le prix des meilleurs vins.
Rhône : prix + plaisir
L’interprofession (Inter-Rhône) affiche une sérénité totale. Et elle peut. Comme le rappelle Michel Bettane dans
son tour de France des vendanges, à lire ici, la région été relativement épargnée par la capricieuse météo de 2012. Selon les dernières observations faites par Inter-Rhone, la production 2012 est estimée à 1,45 million d’hectolitres pour les côtes-du-rhône et 300 000 hectolitres pour les côtes-du-rhône villages, soit 1,75 million sur l’ensemble de l’appellation. « Le volume durable de la récolte, une très belle matière première et une dynamique de prix qui va se confirmer, tout concourt à un recentrage de l’appellation sur le milieu et le haut de gamme», indique Philippe Pellaton, vice-président d’Inter-Rhône. Au cours des cinq dernières années, les exportations vers les pays scandinaves, l’Amérique du Nord et l’Asie ont nettement progressé. Parallèlement, les vins des Côtes du Rhône, tirés notamment par les côtes-du-rhône villages, ont entamé un repositionnement sur des tranches de prix supérieures sur les marchés historiques – France, Royaume-Uni – et constituent une référence du milieu de gamme sur de nombreux marchés. Tout ceci coïncide avec une valorisation déjà palpable dans les nouvelles tendances de consommation, décomplexées et axées sur le plaisir et la convivialité. Ainsi, ces vins sont-ils les parfaits alliés de la cuisine gourmande qui caractérise la « bistronomie » en France. En France comme à l’export, les côtes-du-rhône et côtes-du-rhône villages répondent aux attentes actuelles des consommateurs de vins authentiques et accessibles. L’appellation demeure l’une des références en termes de plaisir/prix .
Les chiffres :
– 92% des consommateurs de vins rouge en France connaissent les AOC des Côtes du Rhône.
– La France est le premier marché pour les vins des Côtes du Rhône (72% du volume).
– En terme de volume (115 millions de bouteilles vendues en 2011), c’est la seconde AOC française.
L'autre viniculture
Dans un tout autre genre que ce livre-là, Azélina Jaboulet-Vercherre – professeur assistant à l’École hôtelière de Lausanne, historienne spécialiste de l’histoire du vin et de l’ivresse, titulaire d’un doctorat de l’université de Yale – signe aux éditions Féret un livre intitulé « Florilège de discours savants sur le vin » (264 pages, 39,60 €), dont le sous-titre annonce l’ambitieux projet « Ecrire le vin, d’Homère à Rabelais » . Le voyage à travers les siècles, la culture et l’histoire qu’elle nous propose inclut les plus belles envolées lyriques comme les traités les plus sérieux sur LE sujet. Les esprits curieux apprécieront que la littérature dans son sens le plus large, qu’elle soit médicale, philosophique, bachique, exégétique ou agronomique n’ait jamais oublié le vin. Chaque auteur sélectionné, écrivain phare de la culture occidentale ou penseur plus confidentiel, donne à méditer la façon dont le vin est apprécié de nos jours.
Prix Grand Siècle Laurent-Perrier 2012
Le 48e Prix Grand Siècle Laurent-Perrier* a été remis ce lundi à Jean d’Ormesson par la présidente du jury,
Claudie Haigneré. En lui décernant son prix, le Comité a choisi de rendre hommage à l’optimiste infatigable
et atemporel de cet ambassadeur de l’esprit français. Pour Dominique Bona, « Jean d’Ormesson est
la personnalité-champagne par excellence : il pétille, il est léger et subtil, il distille la gaieté et l’amour de la vie.
Sa conversation et son écriture ont du panache, de l’élégance. Mais sous les bulles, il y a tout le mystère
du grand talent – ce talent inégalable d’un écrivain qui nous fait aborder les choses sérieuses sans jamais
se prendre au sérieux. »
La genèse du Prix Grand Siècle Laurent-Perrier trouve racine dans l’expérience personnelle et familiale
de Bernard de Nonancourt. Avant de présider aux destinées de la Maison LaurentPerrier, il s’est illustré dans la Résistance et dans la 2e DB. La mort de son frère aîné, résistant puis déporté, l’amena à reprendre la petite maison de champagne familiale. Ces années passées dans la lutte pour la liberté lui laissèrent cette éthique de vie fondée sur la solidarité entre les hommes, l’exemplarité et la réussite partagée. Fidèle à ses convictions, il crée en 1965 cette distinction destinée à récompenser des valeurs humanistes : « Chaque époque de notre histoire porte en elle ses gloires évidentes, apparentes ou dissimulées. Notre fierté est de mettre davantage en lumière ou, mieux encore, de faire découvrir, ces conquérants de notre temps. » Acte de mécénat de la Maison Laurent-Perrier, le choix du lauréat du prix revient chaque année à un comité composé de 21 membres.
Les inattendus du Grand Tasting (c'est demain)
Le Grand Tasting, vous le savez, c’est l’occasion de goûter des centaines de vins, stars de leurs appellations ou grands encore petits.
Pas seulement.
Le Grand Tasting, c’est aussi bien de se cultiver un peu. Dans deux registres.
1.- Les accords mets-vins, cette magnifique manière de donner toutes leurs chances aux vins que vous buvez et aux plats que vous mangez. Pas sûr qu’il s’agisse d’une science, mais d’un feeling, oui sûrement. Bonne occasion de comprendre comment ça marche. C’est le rôle des Ateliers Gourmets
2.- Dans une gamme plus large, comprendre les terroirs ou la qualité des verres à vin, c’est faire des progrès…