Une fois n’est pas coutume, parlons calvados. A l’heure où l’on commence à secouer les pommiers, une opération qui durera jusqu’à la mi-décembre et concerne ici trente variétés (des plus douces et chargées en sucres aux plus amères, riches en tanins, en passant par les acidulées, pour la fraîcheur), Jean-Roger Groult – dont le domaine fait également partie de l’association Vignobles & Signatures – évoque la patience et le savoir-faire qui président à l’élaboration du calvados de son domaine depuis cinq générations. Après la fermentation naturelle du cidre, qui réclame un an, et ses nombreux passages dans les alambics chauffés au feu de bois, un procédé devenu rare qui permet une chauffe plus lente et moins agressive et laisse le temps aux vapeurs d’alcool de « converser » avec le cuivre, la distillation de la récolte 2012 ne sera terminée qu’en 2014 (soit cinq ans pour obtenir un calvados de trois ans d’âge). Quant au climat contrasté de cette année, il a ici aussi provoqué une baisse des volumes. « Si la pomme est résistante, moins soumise aux aléas climatiques que le raisin, elle a néanmoins subi cette année un peu de gelée sur la fleur, et le froid a limité la présence des insectes, d’où une pollinisation moins importante. La récolte s’annonce donc plus petite qu’en 2011, mais aussi plus concentrée aromatiquement ».
Des pommes…
Le terroir, ça se mange pas

Le classement de Saint-Émilion est passé, consacrant les uns, froissant les autres. Ainsi va le monde, le bonheur des uns, etc. Plus étrange est la réaction de certains, pourtant connus pour avoir du vin une vision plutôt équilibrée et plutôt critique. Ainsi de mon cher Bernard Burtschy, fin dégustateur et garçon mesuré avec lequel j’ai eu la chance de travailler il y a quelques années et dont j’ai beaucoup appris. Quelle mouche l’a donc piqué et poussé à écrire de cette affaire de Saint-Émilion que c’est : « un classement qui tient plus compte de la qualité intrinsèque du vin que du terroir » ? Ceci posé sur l’air de « tout fout le camp », comme si cet état de chose était regrettable.
Moi, le vin, je le bois et le terroir, je ne le mange pas.
Ce qui explique que je sois satisfait d’un classement qui privilégie la qualité du vin sur des considérations plus techniques, géologiques, etc. Dit comme ça, on croirait une grosse banalité, mais, apparemment, tout le monde n’est pas d’accord.
En fait, Burtschy rejoint une certaine mouvance qui a du mal à reconnaître qu’un grand vin, c’est surtout une affaire de grand homme (ou femme, ce n’est pas le débat). Le terroir ne vaut rien s’il n’est pas sublimé par le travail acharné et interminable du type qui le cultive. Il y a Pavie, grandiose terroir tombé en déshérence et redressé jusqu’à la suprême récompense à force de passion, d’investissements, de travail, quoi, par un homme qui n’a jamais rien lâché, Gérard Perse…lire la suite
La vigne pédagogique d'Amboise
Situé à deux pas du Château royal d’Amboise, le Clos des Châteliers est une jeune vigne porteuse d’un projet œnotouristique soutenu par la municipalité qui a pour volonté de redonner à Amboise son identité viticole et à l’appellation touraine-amboise, ses lettres de noblesse. Là, au printemps dernier, une quinzaine de vignerons réunis en association (Les Vign’Amboisiennes) a donné rendez-vous à 26 élèves âgés de 9 à 10 ans (CM1/CM2) de l’école élémentaire Jules Ferry d’Amboise pour des ateliers d’initiation à la taille des ceps, à l’ébourgeonnage et au travail du sol, avec Mascotte, le cheval de trait en photo ci-dessus. D’abord timides au moment des présentations, les échanges sont vite devenus complices. Et sur le terrain, au milieu de la nature, les enfants ont rapidement compris leur mission : « tu me prêtes ton sécateur pour tailler ce cep ? », « tu m’aides à plier les baguettes ? »,
« labourer la terre est important pour la revitaliser… », « ça sera du vin blanc, car la vigne est plantée en chenin ». On a même entendu un « moi, quand je serai grand, je serai policier ou vigneron ! ».
Ce travail physique, ponctué de joyeuses pauses pique-nique au milieu de la vigne (arrosées de jus de raisins,
bien entendu), a été relayé en classe par le maître d’école, Jean-Baptiste Maignan, qui s’est attaché à intégrer
le thème de la vigne et du vin dans son programme scolaire. Les enfants ont ainsi appris la manière de vivre des paysans au Moyen-âge pendant leurs cours d’Histoire, la plantation de la vigne en Science, le calcul des volumes en Maths et la poésie d’Eric Favard « Une histoire de vins » en cours de Français. Après ce premier volet, les raisins sont mûrs et voici venu le temps des vendanges. C’est l’heure de retrouver les vignerons en charge de ces 20 ares situés derrière le château d’Amboise, de découvrir avec eux comment la vigne a évolué, d’apprendre à couper les grappes en les sélectionnant et à les verser dans le pressoir traditionnel. En juin prochain, les enfants récolteront
le fruit de ce travail en mettant en bouteille la première cuvée de la vigne, baptisée « L’Or blanc des Châteliers ».
Des bouteilles uniques dont ils ont conçu et dessiné l’étiquette.
Tokay
L’amateur de liquoreux trouvera ici des nouvelles du vignoble de Disznókő, en Hongrie, et de son millésime 2012, mises en mots et en images (ah, la pourriture noble) par son directeur László Mészáros, et relayées par le blog de Christian Seely, directeur général d’Axa Millésimes, également propriétaire (entre autres) du Château Suduiraut, premier cru classé de Sauternes, où le botrytis, apprend-on, n’a pas encore fait son apparition. Le curieux pourra également regarder, sur le site du château, l’évolution d’un grain de raisin sous l’action du champignon, en cliquant sur « botrytis cinerea ».
La semaine de l’armagnac
Pour la troisième année, le Bureau national interprofessionnel de l’armagnac* s’associe à Châteaux & Hôtels Collection – marque créée en 1975 et présidée par Alain Ducasse depuis 1999 – pour proposer jusqu’au
14 octobre une semaine de découverte de son eau‐de‐vie vieille de sept siècles d’histoire. Un cocktail appelé
« L’été indien » a été tout spécialement créé pour l’occasion et les cinquante chefs Châteaux & Hôtels Collection
qui participent à l’opération cette année proposeront à leurs convives de découvrir l’armagnac sous sa forme traditionnelle, après un repas, mais aussi en accord avec un plat, un fromage ou un dessert. On trouvera ici,
comme là, la liste des hôtels participants ainsi que toutes les modalités du jeu-concours permettant de gagner
(entre autres cadeaux) un week‐end en Armagnac, cette terre gasconne sur laquelle règnent les cépages baco, ugni blanc, folle-blanche et colombard.
* Composé de l’ensemble des partenaires de la filière de l’armagnac (producteurs en caves particulières ou caves coopératives, négociants, courtiers, etc.), le BNIA est une interprofession placée sous la tutelle conjointe des Ministères de l’Agriculture et des Finances. Au‐delà de l’appui technique, juridique et pratique qu’il propose, et de son rôle de contrôle de la qualité et des stocks, il a pour mission d’assurer la promotion collective de l’armagnac.
Soupe des vendanges
Nous avons reçu ces poétiques nouvelles du château Lafon-Rochet, signées par Michel et Basile Tesseron et largement inspirées par les réflexions du chien de la maison, Ho-Hisse. Nous transmettons.
« Ca y est, c’est parti. Ho-Hisse, mon chien, en faisant le tour des vignes ce matin, a goûté au hasard, comme on a l’habitude de faire, des grains par ci, par là. Les merlots, m’a-t-il dit, sont impeccables, peut-être même un peu trop sucrés. Les cabernets francs, il s’en fout un peu je crois, car il en garde quelques mauvais souvenirs dans le passé, en tous cas pas de bons. Il a d’ailleurs vivement approuvé l’arrachage de 2,5 hectares l’hiver dernier. Quand aux cabernets sauvignons, il les trouve déjà bons, mais préfère attendre encore quelques jours. Il a bien bien sûr ignoré les petits verdots, toujours en retard, comme moi quand j’allais à l’école. Pourtant ma maîtresse, Mademoiselle Germaine était belle, bien qu’humble de poitrine. Bon, Ho-Hisse a décidé qu’on attaquerait les vendanges ce lundi 8 octobre, alors allons-y. Les quarante portugais arriveront dimanche de la belle ville de Chaves, comme ils le font depuis 25 ans. Les cuistots attaqueront donc dimanche soir aussi. Comme chaque année, notre tente mauresque est dressée, prête à accueillir nos amis à midi pour la durée des vendanges. N’oubliez pas que notre tente ne nous permet de recevoir que 10 personnes au maximum. Aussi merci de nous faire savoir le jour qui pourrait vous convenir et nous permettrait d’avoir le plaisir de vous recevoir. »
Si vous passez par Saint-Estèphe, prévenez-les, donc. Toutes les coordonnées sont là, rubrique contact.
La bouteille des Voiles
Rassemblement traditionnel de différentes classes de voiliers modernes et traditionnels né en 1981 (l’histoire est racontée ici), la semaine des régates de Saint-Tropez, les Voiles, qui s’est achevée hier avait pour partenaire officiel les vignerons de la presqu’île. Une bouteille a été créée spécialement pour l’événement, déclinée dans les trois couleurs*. Si les restaurants de la région proposent évidemment ces vins, on peut – si l’on habite un peu plus loin – commander ces cuvées Les Voiles via la boutique en ligne des vignerons de Saint-Tropez, au prix de 10,60 euros la bouteille.
* AOC Côtes de Provence. Blanc : 50 % rolle, 50 % ugni blanc. Rosé : 70 % cinsault, 20 % grenache, 10 % syrah. Rouge : 70 % syrah, 30 % mourvèdre.
La fête de la lune
Pour la deuxième édition de la Fête de la Lune, une importante tradition chinoise, organisée au Château Guiraud, cent-vingt convives ont été accueillis dimanche soir, dont une majorité de Chinois. C’est dans le parc du domaine, sous la pleine lune, un astre qui rythme la conduite du vignoble de ce premier grand cru classé en 1855 et certifié bio en 2011, que ses quatre propriétaires (Robert Peugeot, Xavier Planty, Olivier Bernard et Stephan von Neipperg) ont rappelé la romantique légende* liée à cette fête asiatique. Cette célébration (voir ci-dessus la montgolfière aux couleurs de la Chine qui fut une des animations de la soirée) s’inscrit dans la lignée du rapprochement qui s’installe peu à peu entre le Château Guiraud et la Chine : implantation d’un chai de stockage à Shenzhen et Hong-Kong il y plus d’un an, tournées autour des accords avec les cuisines chinoises en partenariat avec les hôtels Shangri-La, lancement d’un “mooncake” au Sauternes réalisé à partir du deuxième vin du domaine (Petit Guiraud) par le chef
du Shangri-La de Hong-Kong… Une véritable lune de miel qui sera à nouveau célébrée le 19 septembre 2013.
* L’histoire de Chang’e et Hou Yi raconte un amour impossible et éternel. Comme Roméo et Juliette, les deux amoureux ont défié la loi pour vivre leur passion et ont été confrontés à la jalousie, à la rivalité et, finalement, à la séparation. Après avoir avalé une pilule d’immortalité, Chang’e s’est envolée vers le ciel où elle a choisi la lune pour résidence, afin de rester proche de son mari. Une nuit, alors qu’il s’était installé dans son jardin pour laisser cours à son chagrin d’avoir perdu sa bien-aimée, Hou Yi vit que la lune était particulièrement ronde et brillante. Il remarqua une silhouette mouvante ressemblant à sa belle. Depuis lors, on dit qu’il sort chaque soir à la nuit tombée pour contempler la lune et lui présenter en offrande les friandises que Chang’e aimait tant.
Tour de France des vendanges, le final.
On termine la tournée des vignobles à l’heure de la récolte – dix-sept au total, voir ici, là et là – en remerciant Vignobles & Signatures pour ces précieuses informations fournies par les propriétaires des domaines.
Jean Durup Père&Fils, Chablis.
« Ici, on pratique la vendange méthodologique ! Avec plus de 660 parcelles, nous devons effectuer des prélèvements sur les grandes zones de notre vignoble afin de connaître la quantité de sucre et d’acidité contenus dans les raisins de manière à débuter les vendanges par les sites les plus mûrs. Le nombre de parcelles s’est considérablement élargi au fil des années : la propriété est passée de 2 hectares en 1968 à 197 hectares en 2012 ! Les vendanges sont également sportives, le domaine comptant la plus forte proportion de côtes pentues et caillouteuses des terroirs de Chablis. Pour ces pentes, nous engageons des vendangeurs non seulement motivés, mais aussi dotés bons mollets. Après une année difficile avec des gelées d’hiver et de printemps, de la grêle, et quelques attaques de maladies (moins que dans d’autres régions cependant), nous avons eu un bel été, favorisant la maturité des raisins. Les averses des 10 et 12 septembre leur ont permis de gagner en équilibre après le soleil du mois d’août. Nous avons donc pu débuter les vendanges autour du 25 septembre ».
Château de Tracy, Pouilly-sur-Loire
« Le briefing à l’équipe de vendangeurs : Soyez mi-nu-tieux ! Car après la culture raisonnée, la taille, le dédoublage, l’ébourgeonnage et la taille en vert, les grappes doivent être cueillies avec le plus grand soin pour maintenir cette moyenne exceptionnelle d’un rendement de 45 hectolitres à l’hectare pour 32 hectares. Le soir venu, quelqu’un de la famille d’Esttut d’Assay leur racontera peut-être l’histoire du premier ancêtre écossais, venu au XVe siècle, pendant la Guerre de Cent ans, aider le roi de France Charles VII contre les Anglais. Plus tard, Louis XI, séduit par les mérites de son descendant, François, lui donna en récompense la nationalité française. François séduisit Françoise de Bar, qui lui donna son coeur en 1586 en même temps qu’une dot dont la Seigneurerie du Château de Tracy faisait partie. L’amour s’est mêlé de vin, et l’histoire dure toujours. Aujourd’hui, les grappes sont mûres et magnifiques. Les sangliers en font leur goûter, il est temps de vendanger ! »
Couly-Dutheil, Chinon
« Ce domaine fondé en 1921, aujourd’hui dirigé par Jacques Couly-Dutheil et son fils Arnaud, l’un des plus talentueux et créatif jeune vinificateur du Val de Loire, possède de prestigieux terroirs, parmi lesquels les Clos de l’Olive et Clos de l’Echo. Il est est géré selon le principe de la lutte raisonnée et du respect de l’environnement (enherbement complet du vignoble, effeuillage, faibles rendements, etc.). Cette rigueur culturale permet de préserver la qualité naturelle des raisins et de vendanger cabernet franc et chenin blanc à pleine maturité. La personnalité de chaque terroir s’exprime ainsi pleinement dans des vins alliant fruité, générosité et élégance qu’un palmarès impressionnant de médailles récompense chaque année. Le fouillis joyeux de végétation qui sert d’écrin aux vignes pendant l’été a vu s’installer une famille de petits lapins et une colonie de papillons. Le décompte fait, ils sont beaucoup plus nombreux que les vendangeurs venus couper les grappes du Clos de l’Echo pendant que les quatre locataires habituels, des lièvres, se prélassaient au soleil de septembre. Personne ne les mangera, ils sont les meilleurs témoins de la nature et de l’art de vivre qui président au domaine. »
Domaine Paul Blanck, Kientzheim
« Sur ces terroirs magiques, peuplés d’histoires celtiques, et même un peu mystiques, venir vendanger sur des terrasses pentues un grand cru comme le Schlossberg est une vraie expérience. Vignerons de père en fils depuis la Renaissance, nous aimons que nos vins expriment les terroirs où plongent la vigne : la plénitude du calcaire, le moelleux et la fermeté de l’argile, l’harmonie de la magnésie ou encore le bouqueté, la finesse et la puissance de la silice. Imaginés dès les vendanges pour les passionnés du monde entier, certains grands crus resteront ici plus de cinq ans avant d’être commercialisés. Les vendanges des vins tranquilles ont démarré la semaine dernière, quinze jours après la récolte de Crémant. Si le millésime ne sera pas « d’exception », l’état sanitaire est remarquable. Les raisins sont beaux, la récolte moins abondante. Le temps beau et sec a permis d’échapper aux attaques du botrytis. Le raisin possède un bel équilibre sucre-acidité. Quelques cépages comme l’auxerrois, le muscat ottonel et le gewurztraminer doivent encore attendre pour atteindre leur maturité gustative. Le cocktail nuits fraîches + journées ensoleillées réussit particulièrement aux pinots noirs qui ont une belle couleur et de beaux tanins mûrs. Quelques attaques anecdotiques, et la sécheresse en plaine, vont retarder la récolte. Nous vendangeons environ 250 parcelles sur sept types de sols, d’exposition et de pentes différentes, et neufs cépages qui mûrissent différemment. Cela prend au bas mot cinq à sept semaines. Sans compter les récoltes des vendanges tardives et sélection de grains nobles qui démarreront entre fin octobre et début novembre si la pourriture noble s’installe. »
Domaine Rolet Père & Fils, Arbois
« Authentique, solide, immuable, le Jura ne ressemble à rien d’autre. Dans le mystère de ces vallées profondes, ce domaine familial créé dans les années 40, est devenu un des fleurons du vignoble jurassien. Ici, les vendangeurs sont un peu surpris de voir se côtoyer avec bonheur le chardonnay, base des vins blancs du Jura, le poulsard et le trousseau, spécifiques au terroir jurassien, le pinot noir d’origine bourguignonne et le savagnin, cépage du vin jaune. Il n’y a pas là de quoi s’ennuyer ! Pas moins de deux douzaines de cuvées différentes vont être élaborées dans les semaines qui viennent. Dans le climat contrasté de cette année, les froids et humides juin et juillet ont mis à mal la floraison de la vigne et créé un climat propice aux maladies. Le résultat sera une petite récolte. Les périodes caniculaires du mois d’août ont provoqué de la grillure ici et là . Enfin, le temps s’est stabilisé et le soleil a doré les raisins de chardonnay et donné une bonne maturité aux cépages rouges. Les vendanges ont pu commencer avec les premières grappes de chardonnay dont le jus servira de base pour les crémants. Suivront ensuite le pinot noir, le chardonnay à nouveau, le poulsard et le trousseau. Nous terminerons par le savagnin. Pour l’instant, la qualité des raisins est satisfaisante et l’état sanitaire est bon. La belle semaine que nous avons eue a permis la concentration des sucres tout en maintenant un bon équilibre des acides… Nous espérons que le soleil restera de la partie dans les semaines qui viennent, mais on a toujours vu le beau temps revenir après la pluie et la pluie après le beau temps ! Rendez-vous dans trois semaines quand tout sera dans le tonneau. Nous serons encore sûrement les derniers à vendanger dans le Jura ».
Guilbaud Frères, Clisson.
« Ici, on fait du muscadet depuis 1927, soit 10 ans avant la date de création en 1937 de cette appellation à la fois tellement connue et si « mal connue ». Etre proches du berceau médiéval de Clisson ne nous empêche pas d’être taraudés par l’aiguillon de l’innovation ! Il n’y a pas un muscadet, mais des muscadets. Le travail minutieux qui est effectué à partir des divers terroirs d’argiles, de schistes et de silices (respectivement Le Clos du Pont, le Château de La Pingossière, et le Domaine de La Moutonnière) produit des cuvées de grande finesse entre concentration, finesse et élégance. Cette année, le début de printemps exceptionnellement beau et chaud a été suivis de trois mois plutôt maussades, froids et pluvieux. Fort heureusement le mois d’août et la première quinzaine de septembre ont permis de débuter les vendanges (le 20 septembre) sous un ciel radieux. Notre première parcelle vendangée, située sur la commune de Mouzillon au lieu-dit « La Torelle », nous laisse espérer un beau muscadet Sèvre & Maine sur lie, aromatique, concentré et gras. Malgré un déficit de récolte important (estimé pour l’instant à 50 %),
le millésime devrait être de belle qualité, avec un bon rapport d’équilibre sucres-acidité, voire même de garde, expression des minéralités de nos différents terroirs. »
Domaine Cauhapé, Monein.
« En 1980, Henri Ramonteu, passionné par les quelques pieds de vignes qui poussent sur sa propriété, abandonne son métier d’agriculteur pour s’initier seul à la vinification. En quelques années, il a fait de son domaine une des références de l’appellation. Niché au coeur du Jurançon, entre Pyrénées et Atlantique, le vignoble s’étend aujourd’hui sur 40 hectares de coteaux exposés sud-est. Ici les détails font la perfection et la perfection n’est pas un détail. Il arrive que nous vendangions fin décembre ou début janvier. Les grappes sont pincées afin d’accélérer le phénomène du passerillage. Les grains sont gaufrés par le gel et fripés par le temps donnent un vin d’exception sans comparaison ni repère. Le dernier challenge du domaine est la réhabilitation de deux cépages ancestraux, le lauzet et le camaralet, qui contribuent à la renaissance des jurançons secs (cuvées Geyser et Canopée). Cette année, le printemps frais a un peu décalé la floraison, mais la fin de saison plutôt chaude et un peu sèche nous permet de cueillir les premières grappes début octobre, époque normale du début des vendanges en Jurançon.
Le raisin est très beau. Nous sommes optimistes, une belle récolte se profile ! On imagine déjà des blancs secs très aromatiques et un moelleux d’une très belle fraîcheur. Fera-t-on des vendanges en janvier ? C’est possible. »
Château de Laubade, Armagnac
« Sur les 200 hectares des vignobles Lesgourgues, vendangeurs et vendangeuses se baladent ! Château Cadillac, en appellation Bordeaux, châteaux Haut Selve et Le Bonnat dans les Graves, château Peyros dans le Gers à Madiran et enfin Château de Laubade, en Bas-Armagnac. Ici, après un printemps au climat frais et pluvieux, qui n’a pas favorisé une bonne floraison, le cycle végétatif des vignes a accumulé un retard qui s’est poursuivi jusqu’à l’été. Fort heureusement, le climat très sec et ensoleillé qui a prévalu depuis la fin juillet et qui dure encore a permis de compenser ce retard. Aujourd’hui, le vignoble est très sain et les vendanges se déroulent dans de très bonnes conditions. Seuls les rendements sont attendus en baisse sensible, la charge par pied et surtout la taille des raisins s’annonçant plus petites que la normale. Les vendanges ont débuté lundi 24 septembre par le cépage folle-blanche, toujours le plus précoce. Les acidités recherchées dans le cadre de la distillation simple sont à leur niveau optimum, et les degrés sont bons, laissant présager une très bonne qualité. Les deux hectares du Plan de Graisse et de vieux cépages armagnacais, cultivés à titre expérimental et dans une volonté de préservation du patrimoine, ont été vendangés ensuite, ainsi que les vignes de Colombard, autour du 27 septembre. Aujourd’hui, c’est le tour du cépage blanco, dont le Château de Laubade est le premier vigneron. Environ trois hectares y sont replantés tous les ans. Cette année, ce sont les jeunes plantes de 2009 qui donnent leurs premiers raisins, contribuant ainsi à enrichir l’assemblage des futures grandes eaux-de-vie de la maison.»
C'est pure connivence
Dans le genre « c’est moi qui l’ait fait », l’histoire de La Connivence est assez parfaite. Il était une fois une paire de footballeurs qui croisent dans un dîner le dernier en date des héritiers Malet-Roquefort, plus connu pour le fameux château La Gaffelière, grand de Saint-Émilion qui fait un vin de finesse comme on aimerait en voir plus souvent. Une dynastie en place depuis quatre siècles, le vin peut être une affaire de famille. Là, il n’est plus question de famille et à peine d’affaire. Nos deux sportifs se verraient bien à la tête d’un vignoble. Où il est question d’avoir son nom sur l’étiquette, de diversifier un peu son capital. Ils auraient pu tomber plus mal. Alexandre de Malet-Roquefort a l’avantage d’être un fin connaisseur des arcanes libournaises comme des mystères du vin.
Ils leur proposent d’acquérir un tout petit pomerol, l’ancien Château des Templiers, étiquette disparue depuis longtemps et vigne confiée en fermage à un voisin, bon viticulteur qui laisse une vigne en bon état. Un hectare et demi, c’est très peu, très bourguignon, mais enfin, il y en a d’autres dans ces micro-formats et du meilleur, Le Pin, La Violette… Et bon, au prix de l’hectare, hein…lire la suite