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La playlist vin de votre été

Les plus chanceux ont déjà les pieds dans l’eau et le regard sur l’horizon, les autres patientent en profitant de la fin de journée en terrasse. En attendant le week-end ou pour tout à l’heure, voici une sélection de 16 vins, entre 4 et 18 euros qui ont charmé nos experts et les jurés amateurs lors des dégustations du Prix Plaisir 2020.

Fin du marché, on bulle au café de la place
Maison Louis Picamelot, Jeanne Thomas, crémant-de-bourgogne
Une maison méconnue de Rully, spécialisée dans le crémant depuis 80 ans. La marque était à bord des navires de Paul-Émile Victor lors de ses premières explorations vers le Pôle sud. Chardonnays et aligotés de toute la Bourgogne s’assemblent dans cette superbe bulle au caractère raffinée et à la finale minérale. On lui trouvera du style et une fraîcheur apéritive. Tant mieux, à table.
13 euros

Et sur l’ardoise ?
Domaine des Baumard, Carte d’Or, coteaux-du-layon 2016
C’est un blanc moelleux avec une bonne longueur en bouche. On adore ce fruit et cette tension. Du pur plaisir.
9,50 euros

Villa Dria, Côte Sauvage, côtes-de-gascogne 2019
Fidèle expression du colombard, c’est une vraie gourmandise avec de l’énergie en finale.
5 euros

Domaine Petard-Bazile, Le Plessis Glain, muscadet sèvre-et-maine 2019
Voilà un joli blanc, bien équilibré entre une belle tension et un caractère iodé plaisant.
6 euros

Déjeuner sur l’herbe
Domaine Les Grandes Costes, Mas Canaille, IGP saint-guilhem-le-désert 2019
Le bon spot ? Un carré de vignes à Vacquières dans l’Hérault. Entre les rangs de cinsault et de syrah, vous y verrez peut-être Jean-Christophe Granier aux petits soins du vignoble qui donne ce beau rouge de soif ultra digeste, aux belles notes de cerise. Vin de grand fruit et de plaisir, il faudrait sûrement le carafer mais comme on pique-nique, on prend son temps et il s’ouvrira sans problème.
8,95 euros

Dans la glacière ?
Château Lecusse, Cuvée Spéciale, gaillac 2018
Joli vin au beau fruit frais et croquant, souple en bouche et fait pour un plaisir immédiat.
5,60 euros

Alma Cersius, Gardian, coteaux-de-béziers 2019
Beau fruité, vin souple, gourmand et réussi, à boire sur le fruit. Un modèle dans son genre à un prix parfait.
5,95 euros

Abbotts et Delaunay, A Tire d’Aile, languedoc blanc 2019,
Le blanc parfait de copains, frais, digeste et plaisant.
12,20 euros

BBQ time
Le must-have
Château Saint-Roch, Tradition, lirac 2018  
L’autre propriété de la famille Brunel, côté Lirac. Eve Brunel s’occupe de Château de La Gardine comme de Saint-Roch, avec la même exigence de précision et de rigueur. Avec un assemblage dominé de moitié par le grenache et complété par le mourvèdre et la syrah, c’est un concentré de petits fruits rouges très aromatique et généreux. On pourra aussi le garder quelques années en cave et il donnera encore plus de plaisir si on le sert un peu frais.
13 euros

Deuxième service ?
Cave de Roquebrun, Reflets de Schistes, saint-chinian 2017
Beaucoup de fruits, matière suave en bouche. Dense et fait pour les grillades. Excellent.
18 euros

Vignerons de Tutiac, Tutiac, bordeaux 2018          
Un bordeaux bien fait et gourmand. Équilibre en bouche et fruit bien mûr. On recommande.
5,50 euros

Château Tour Prignac, médoc 2018
Des arômes puissants de fruits noirs bien mûrs, bonne fraîcheur des tannins. Un style à part.
5 euros

Rosé d’eau douce
Au soleil
Amédée, La Belle de Canet, IGP méditerranée rosé 2019
Ce n’est pas si simple de pouvoir jouer dans le registre des rosés de plein soleil et de farniente. Il lui faut du fruit bien sûr, mais tout se joue sur sa capacité à être désaltérant tout en étant assez fin et digeste. Cet IGP y parvient haut la main avec son nez vif dominé par les agrumes et les touches florales. C’est le groupement de producteurs du Lubéron, réuni sous le nom Amédée, qui réussit cet excellent rosé d’été.
4 euros

Les pieds dans l’eau 
Domaine de Brescou, Fleur d’été, pays d’oc 2019
Beau rosé avec des reflets orangés, franc de goût, au fruit expressif, plaisant et svelte en bouche.
7 euros

Château du Bernat, L’Exception, bordeaux rosé 2019
Une aromatique très subtile pour ce rosé qui ne manque pas de gourmandise.
5 euros

Domaine Terra Vecchia, IGP île-de-beauté rosé 2019
Rosé souple à boire sans retenue (mais avec modération) sur son fruité gourmand. Tout ce dont on a envie l’été.
4,40 euros

Les crus bourgeois, épisode 3

Soyons clairs. La dégustation des crus bourgeois procure une grande satisfaction. Parce qu’elle réunit à la même table toutes les appellations du médoc, elle nous apprend que le Médoc change mais ne se renie pas, pour notre plus grand plaisir et celui des amateurs.

Bordeaux nouveau
Avant de rendre compte de l’intégralité de cette dégustation, j’ai choisi quarante crus qui ont semblé se démarquer de l’ensemble et qui montrent la voie d’un bordeaux nouveau, charmeur et séducteur sans rien renier de sa structure, de sa puissance tannique, de son intensité colorante et de ses aptitudes à la garde.

Les fondamentaux du médoc
Les crus que j’ai préférés proposent aujourd’hui des vins typiquement médocains au fruit parfaitement mûr, emmené par des touchers de bouche magnifiques et crémeux, amples et suaves. Beaucoup réjouissent par des finales toniques, aériennes et par une gestion du bois remarquable et intelligente.

Certains continuent de faire des vins qui ne plairont peut-être pas au goût des nouveaux consommateurs mais qui, avec le temps, développeront leur charme.
D’autres, assez rares, continuent d’extraire de manière excessive des matières pourtant excellentes jusqu’à fatiguer les vins, les rendre durs voire indigestes. Il faudra les revoir en bouteille.

Malgré ses désaccords, malgré ses différences, la grande famille des bourgeois réunit des propriétés qui ont le même objectif pour leurs vins : donner du plaisir à qui les dégustera demain. Après tout, c’est l’essentiel.

L’exercice de Louis-Victor
Sur l’ensemble des propriétés du classement établi au début de l’année, 180 avaient joué le jeu. Deux jours durant, ils ont été dégustés à l’aveugle et par appellation. Ces crus ont parfois été dégustés par d’autres experts Bettane+Desseauve et pour cette raison, vous trouverez un commentaire parfois différent sur l’appli Le Grand Tasting. Ceux-là ont été dégustés par Louis-Victor Charvet.

Crus bourgeois, mes préférés
Château Bellegrave du Poujeau, haut-médoc
Dans un registre accessible, fruité immédiat, excellente construction pour ce vin qui prend de l’ampleur en milieu de bouche. Tannins polis et sans dureté. Bien fait.

Château Bernadotte, haut-médoc
Joli crémeux, bon corps, de la tonicité dans le fruit. On remarque l’excellent maintien tannique du vin et son aptitude certaine à une belle garde. Notes réglissées en finale.

Château Le Crock, saint-estèphe
Peut-être le plus noble de saint-estèphe lors de cette dégustation et le plus apte à une très grande garde. Balance aujourd’hui entre les petits fruits rouges, la rose et le cèdre. Superbe.

Château Doyac, haut-médoc
Fruit large fruit en bouche, dense, puissant et intense. Très conforme à ce qu’on peut attendre d’un haut-médoc avec ce toucher de bouche soyeux et civilisé.

Château Laffitte-Carcasset, saint-estèphe
Dimension saline qui vient dès le milieu de bouche donner une énergie et un supplément de longueur à un fruit ample et charnu. Grand potentiel.

Château Lamothe-Bergeron, haut-médoc
Remarquable travail d’extraction pour des tannins fins et délicats. Beaucoup d’amplitude et de la longueur, c’est très gourmand.

Château Larose-Trintaudon, haut-médoc
Excellent fruit lumineux et étiré, des jolies notes d’épices viennent donner du relief, tannins solides. Assez classique et irréprochable.

Château Les Anguilleys, médoc
Légèrement sur le cèdre, avec des notes de fruits noirs et ce léger retour mentholé et réglissé dans la finale. Nez classique mais sans austérité en bouche. Beau médoc de garde.

Château Malescasse, haut-médoc
Remarquablement élégant par son joli nez expressif et floral. Attaque crémeuse en bouche, bon soyeux de tannins. Il charme par ses notes poivrées dans la finale. Joli vin.

Château de Malleret, haut-médoc
Beau nez de cèdre avec de fines notes de havane, assez distingué er sérieux au nez. On prend beaucoup de plaisir en bouche avec sa matière juteuse et sanguine et son tannin énergique.

Château du Moulin Rouge, haut-médoc
D’intenses notes de fruits rouges acidulés, bien tenu en bouche par des tannins fins et serrés d’excellente facture. Il évoluera très bien.

Château Ramafort, médoc
Bien structuré, de la finesse dans le tannin, bien fait. Typiquement médocain et qui évoluera vers un registre plus floral.

Château Reverdi, listrac-médoc
Se démarque par beaucoup d’énergie et de dynamisme dès l’attaque sur les petits fruits rouges jusqu’à la finale salivante. Ce petit supplément de vitalité le rend très digeste.

Château La Tour de Mons, médoc
Epices, réglisse, poivre, il faut féliciter le vigneron pour son travail d’extraction qui permet de garder un tannin dense, serré et une grande expression du fruit. Belle réussite.

Château Tour de Pez, saint-estèphe
Assez noble avec son parfum séveux et ses arômes fins de petits fruits rouges, Beau tannin dense et civilisé. Un vine avec une belle harmonie.

Château La Valière, médoc
Grand corps, grand volume en bouche bien redressé d’abord par une attaque nette et un toucher de bouche tonique puis par une finale racée. Beaucoup de plaisir.

Un beaune vibrant et délicat

Un domaine proche de la cinquième étoile…
Le domaine Faiveley dispose de 120 hectares dont 70 en côte chalonnaise, et de l’un des plus beaux chais de la Bourgogne, à Nuits-Saint-Georges.
Ses récents agrandissements, comme le fermage du domaine Zibetti et la reprise des domaines Dupont-Tisserandot et Billaud-Simon, font plus que jamais de Faiveley un ambassadeur incontournable des grands vins de Bourgogne dans le monde.
Et l’on se réjouit que cela ne soit pas au détriment de l’exigence de qualité et de style, à tous les niveaux d’appellation et de prix. La réflexion sur le travail à la vigne porte ses fruits, les vins de la maison jouent sur la droiture et la précision de l’expression de chaque cuvée, en blanc comme en rouge. La gamme 2018 que nous avons dégustée nous a épatés par des rouges d’une finesse de tannin éblouissante. La cinquième étoile dans notre Guide des vins est proche.

Le paradoxe beaunois
On ne comprend pas bien pourquoi l’appellation beaune souffre d’un certain désamour comparée à ses voisins immédiats comme Pommard ou Aloxe-Corton. Elle porte pourtant le nom d’une jolie ville pleine de charme qui fait vibrer le gotha œnophile du monde entier chaque troisième week-end de novembre pendant la vente des vins des Hospices de Beaune. L’amateur profitera de ce paradoxe, les premiers crus de Beaune ne suivent qu’avec retard la flambée continue des prix bourguignons et sont vendus en moyenne trois à cinq fois moins cher que les grands crus !

Le vin
Domaine Faiveley, beaune 1er cru Clos de l’Ecu, rouge 2018
Un premier nez splendide pour ce beaune très typé de son appellation, terrien et vibrant de fruit, tendu et long, délicatement floral et aromatique. On aime sa finale montante sur les fleurs épicées : une grande réussite.

La note
17/20

Le prix
Env. 50 euros

Les coordonnées
03 80 61 04 55// [email protected]

Il y a la France et qui pourrait s’en passer

Sur le noble front du monde en marche, le tableau est un peu noirci. La conjoncture, dit-on. Dieu merci, il nous reste un très beau marché national. Il est temps de s’en souvenir.

Dans les allées de Vinexpo, ce salon professionnel désormais parisien, avant la grande dépression. Le président d’une belle maison de Champagne me souffle à l’oreille que l’ambiance est morose. En cause une conjonction de soucis qu’on appelle la conjoncture. Par exemple, dans la phrase : « La conjoncture est mauvaise ». Les menées de la justice américaine, commencées en 2004, ont abouti à une augmentation des droits de douane US de 25 % ad valorem, c’est moins sûr aujourd’hui dit-on, un peu plus de confusion. Le Brexit plonge dans le noir la vision des exportateurs français. La situation politique à Hong Kong rend difficile les projections des mêmes sur cette plaque tournante du commerce mondial du vin. L’épidémie du coronavirus partie de Chine continentale complique encore l’affaire. Oui, il y a de quoi couiner. D’autant que certains chiffres indiquent une baisse déjà nette des exportations. Tentons de ré-éclairer la scène en bougeant un peu l’abat-jour.

Lire la suite ici sur le blog bonvivant

Whiskies japonais, la vente à ne pas manquer

Les amateurs de whiskies japonais ont rendez-vous le vendredi 24 juillet 2020 pour une vente aux enchères de flacons plutôt exceptionnels.

Le talent des maîtres assembleurs japonais n’est plus à prouver et les amateurs de whisky sont souvent des fans inconditionnels du savoir-faire nippon.

La Maison de ventes aux enchères Osenat et Laïs, société d’expertise en vins et spiritueux engagée dans la lutte contre les fraudes et contrefaçons, organisent la vente d’une très belle collection privée de whiskies single malt japonais, constituée de trente-deux flacons parmi les plus recherchés du marché : collection Whisky Live (10 ans), Collection Nlkka Single Malt « Yoichi » , Single Malt «  Miyagikyo », Single Cask – Collection Karuizawa – Collection Ichiro Malt. « Quasiment tous ces flacons sont sortis en édition limitée et sont des raretés sur le marché européen », explique Louise Adélaïde Sainderichin, directrice de Laïs Wine & Spirit Expertise. Les prix de certains lots démarrent à quelques centaines d’euros, d’autres à quelques milliers. Avis aux collectionneurs…

Infos sur la vente de ces bouteilles d’exception :
https://www.osenat.com/catalogue/106086?

Contact :
Cédric Laborde
[email protected]

Consultante :
Louise Adélaïde Sainderichin
[email protected]

Bordeaux-Provence, rachat du Château La Mascaronne

Michel Reybier et sa famille, propriétaires du Château Cos d’Estournel, Second Cru Classé en 1855 à saint-estèphe, du Domaine Impérial de Hétszölö en Hongrie et de la Maison Jeeper en Champagne, viennent d’acquérir le Château La Mascaronne, dans le Var. Dominant le village médiéval du Luc-en-Provence, cette propriété de cent hectares dont soixante hectares de vignes en appellation côtes-de-provence est certifiée en agriculture biologique depuis 2016. « J’ai été conquis par la qualité des vins et le potentiel du terroir de La Mascaronne qui bénéficie aujourd’hui du remarquable travail de restauration mené dans le vignoble par Tom Bove depuis 20 ans. Séduit par ce site hors du commun qui incarne l’âme et le charme de la Provence, je continuerai à mettre en valeur ce terroir dans une quête d’excellence commune à l’ensemble de mes domaines viticoles. », explique Michel Reybier.

Domaine de l’Ile, une perle à Porquerolles

La maison Chanel s’est offert ce mythique vignoble de l’appellation côtes-de-provence. Un bijou unique sur l’île magique de Porquerolles

Les différentes strates du terroir porquerollais.

Une île partagée entre quatre filles
Ce serait un château-canon 1945, bouteille offerte au propriétaire du domaine de l’Ile, Sébastien Le Ber, qui aurait finalement fait pencher la balance face à un autre acquéreur, confie Nicolas Audebert, le directeur des propriétés viticoles Chanel. C’est peut-être aussi le fait d’avoir été capable d’identifier chez le vendeur la maquette d’un dhow, voilier qui navigue notamment dans l’océan Indien, sur les côtes de Lamu, au nord du Kenya. Viser les points sensibles, là où ça fait du bien.
Canon, donc, le grand cru classé de Saint-Émilion, dans le millésime de naissance de l’héritier du domaine de l’Ile, un voileux comme Audebert (Toulonnais et fils d’officier de marine), régatier et créateur de la “Route du rosé” reliant les îles du monde où il a fait connaître son vin. Le voilà justement qui arrive au chai sur sa moto dans un nuage de poussière ocre. Il conduit pieds nus, à la mode porquerollaise, et habite en face d’une maison rose et bleue flanquée de lauriers, d’eucalyptus géant, de chênes-lièges, d’arbousiers, de pins maritimes. « Et d’aguaribays, ce faux poivrier d’Amérique du Sud », précise Audebert, qui a passé dix ans à Cheval des Andes (LVMH) en Argentine avant de prendre à Bordeaux la direction des châteaux Canon et Rauzan-Ségla (margaux). L’Amérique du Sud, les voyages, autres points sensibles et communs entre Le Ber et Audebert. En 1910, après avoir fait fortune au Mexique dans les mines d’or et d’argent, François-Joseph Fournier, le grand-père de Sébastien, acquit l’île de Porquerolles pour l’offrir en cadeau de mariage à sa jeune épouse cantatrice. En 1957, l’île est partagée entre leurs quatre filles. Trois d’entre elles revendent leur part à l’État, Lélia conserve ses terres et replante des vignes. Son fils Sébastien a poursuivi son œuvre et développé le domaine, qu’il a passé en bio en 2015. En 2019, il l’a confié à la maison Chanel. Cette trentaine d’hectares (dont vingt-deux sont en production) est partagée entre la partie ouest acquise en plein propriété et la partie est, sous bail emphytéotique.

Une bouteille de blanc du Domaine de l’Île.

Arracher, replanter, le grand chantier à venir
Les vignes y poussent dans les schistes et l’argile, protégés de la morsure saline et des souffles brûlants. On les rejoint en Méhari par des pistes ouvertes dans la végétation. Sporadiquement, des trouées offrent des vues renversantes sur les flots céruléens. Rosés et blancs naissent ainsi entre terre et mer. Parmi les cépages plantés à 4 500 pieds l’hectare, le tibouren s’épanouit en gobelet, quand grenache, cinsault, mourvèdre et syrah sont palissés. Pierre Etcheberry, jeune ingénieur œnologue venu du château Lafleur à Pomerol, conduit le domaine. « Il y a énormément à faire. Des parcelles arrivent en fin de course, il faut arracher, replanter. Notamment du rolle, pour atteindre 30 % de blanc (contre 10 % aujourd’hui, NDLR), du tibouren et du mourvèdre en priorité. Il faut aussi revoir les tailles et remplacer les installations obsolètes. » Un euphémisme au vu de l’existant. Dix ans de travail en vue, avec la contrainte des règlementations du parc national de Port-Cros, créé en 1963 et premier du genre en France. L’île en fait partie et elle est inconstructible. Pas question de s’étendre, donc. L’architecte des propriétés Chanel élabore ses plans. « Le domaine restera un cru de terroir, exprimant la singularité et l’insularité du lieu. Tension saline, fraîcheur marine, rosée méditerranéenne balayée par le mistral, symbiose du vignoble et de la végétation. C’est l’unicité de ce terroir qui nous a séduit et son histoire hors du commun. »

 Par Béatrice Brasseur

Crédit photos : @Brice Braastad

La grande sensualité du style Bruno Clair

Régularité sans faille
Le patrimoine de vignes du domaine est l’un des plus nobles qui soit, avec les grands joyaux de gevrey-chambertin comme le Clos Saint-Jacques, les Cazetiers et le Clos de Bèze. En 2016, la reprise d’un hectare de Bonnes-Mares a étendu ce patrimoine à toute la partie Morey-Saint-Denis de cette appellation.
La régularité dans la réussite et la préservation d’un même style mérite un grand coup de chapeau, en particulier à Philippe Brun, associé à Bruno Clair dès le début de l’aventure, et qui met toute son expertise de vinification au service de ces grands terroirs. On est ici au sommet du nord de la côte de Nuits avec des bouches souvent moins intenses que chez certains mais infiniment sensuelles.
Parmi les grands, le style Bruno Clair mérite impérativement d’être connu.

Des terroirs voisins mais très différents
Gevrey-chambertin est bien doté en grands crus avec neuf terroirs classés dont les plus célèbres sont le chambertin et le chambertin-clos de bèze, de styles assez opposés bien qu’ils se touchent, l’un en puissance absolue, le second en intensité et en finesse.
Un peu plus au nord, la combe de Lavaux et ses vents froids marque la délimitation nord des grands crus de la côte de Nuits. Le législateur n’a reconnu que des premiers crus au-delà de cette combe.

Les Cazetiers, un cru plus « sauvage »
À son sommet, les prix des clos Saint-Jacques les assimilent depuis longtemps aux grands crus. Son voisin immédiat, les Cazetiers, plus discret, est aussi de grande qualité. Plus sauvage dans sa perception, il ressort systématiquement de nos dégustations à l’aveugle des premiers crus de gevrey. Le domaine Bruno Clair en réalise régulièrement l’un des meilleurs.

Le vin
Domaine Bruno Clair, gevrey-chambertin premier cru les Cazetiers, rouge 2018
Derrière la sensation minérale de ce terroir froid qui communique sa grande fraîcheur au vin, on voit ce 2018 racé, séveux, déjà affable et pourtant d’un grand avenir. Un must à gevrey-chambertin. On pourra également se régaler des marsannays rouges du domaine pour moins de 30 euros.

La note
17,5/20
Le prix
98 euros
Les coordonnées
https://www.brunoclair.com/ // [email protected]
03 80 52 28 95

Les crus bourgeois, épisode 2

Soyons clairs. La dégustation des crus bourgeois procure une grande satisfaction. Parce qu’elle réunit à la même table toutes les appellations du médoc, elle nous apprend que le Médoc change mais ne se renie pas, pour notre plus grand plaisir et celui des amateurs.

Bordeaux nouveau
Avant de rendre compte de l’intégralité de cette dégustation, j’ai choisi quarante crus qui ont semblé se démarquer de l’ensemble et qui montrent la voie d’un bordeaux nouveau, charmeur et séducteur sans rien renier de sa structure, de sa puissance tannique, de son intensité colorante et de ses aptitudes à la garde.

Les fondamentaux du médoc
Les crus que j’ai préférés proposent aujourd’hui des vins typiquement médocains au fruit parfaitement mûr, emmené par des touchers de bouche magnifiques et crémeux, amples et suaves. Beaucoup réjouissent par des finales toniques, aériennes et par une gestion du bois remarquable et intelligente.
Certains continuent de faire des vins qui ne plairont peut-être pas au goût des nouveaux consommateurs mais qui, avec le temps, développeront leur charme.
D’autres, assez rares, continuent d’extraire de manière excessive des matières pourtant excellentes jusqu’à fatiguer les vins, les rendre durs voire indigestes. Il faudra les revoir en bouteille.
Malgré ses désaccords, malgré ses différences, la grande famille des bourgeois réunit des propriétés qui ont le même objectif pour leurs vins : donner du plaisir à qui les dégustera demain. Après tout, c’est l’essentiel.

L’exercice de Louis-Victor
Sur l’ensemble des propriétés du classement établi au début de l’année, 180 avaient joué le jeu. Deux jours durant, ils ont été dégustés à l’aveugle et par appellation. Ces crus ont parfois été dégustés par d’autres experts Bettane+Desseauve et pour cette raison, vous trouverez un commentaire parfois différent sur l’appli Le Grand Tasting. Ceux-là ont été dégustés par Louis-Victor Charvet.

Crus bourgeois, mes préférés (la suite)
Château Bibian, haut-médoc
Joli haut-médoc aérien dans sa finale avec une finesse certaine dans les tannins. Grande densité de fruit et apte à une grande garde.

Château Bournac, médoc
Grand corps, matière dense, belle attaque soyeuse. Dynamique en bouche et avec du peps dans la finale. Classique et réussi.

Château Cap-Léon-Veyrin, listrac-médoc
Excellent fruit, tannin souple et précis, agréable en bouche et sans aucune sécheresse, finale plaisante et gourmande. Étiquette sérieuse et à recommander.

Château Corconnac, haut-médoc
Style classique mais beau travail sur le toucher de bouche et l’attaque crémeuse, bonne longueur et équilibre général remarquable. Dans un style floral plaisant.

Château du Taillan, haut-médoc
Grande énergie et dynamisme de texture, excellente lecture du vin, précision, juteux en bouche avec des tannins parfaitement extraits et fins. Taillé pour la longue garde.

Château Grivière, médoc
Profil classique qui ravira l’amateur de médoc dense et profond. La bouche est bien équilibrée et assez harmonieuse. Pour la garde.

Château Lestage, listrac-médoc
Bon équilibre entre un fruit plein et gourmand et des tannins fins et polis. Capable de jouer le registre du listrac gourmand sans rien concéder à une certaine aptitude à la garde.

Château Lilian-Ladouys, saint-estèphe
Finement parfumé, excellente construction avec une suavité en bouche agréable. De jolies notes mentholées dans la finale viennent étirer l’ensemble.

Château Paloumey, haut-médoc
Bon fruit, large et expressif au nez, encore sur la réserve en bouche mais déjà agréable. Texture de tannins délicate. Agréable par son côté juteux.

Château Paveil de Luze, margaux
Beaux nez délicat et assez floral, très margalais dans le style et agréable dans ses tannins fins. Beaucoup de parfum et de délicatesse.

Château Petit Bocq, saint-estèphe
Fraîcheur de fruit évidente. On apprécie la précision d’extraction des tannins et le côté légèrement salin dans la finale. Remarquable et parfaitement réussi, il évoluera très bien.

Château Saransot-Dupré, listrac-médoc
Excellent fruit riche et gourmand, jamais lourd et très plaisant. C’est bien fait et il sera très bon rapidement.

Les crus bourgeois, épisode 1

Soyons clairs. La dégustation des crus bourgeois procure une grande satisfaction. Parce qu’elle réunit à la même table toutes les appellations du médoc, elle nous apprend que le Médoc change mais ne se renie pas, pour notre plus grand plaisir et celui des amateurs.

Bordeaux nouveau
Avant de rendre compte de l’intégralité de cette dégustation, j’ai choisi quarante crus qui ont semblé se démarquer de l’ensemble et qui montrent la voie d’un bordeaux nouveau, charmeur et séducteur sans rien renier de sa structure, de sa puissance tannique, de son intensité colorante et de ses aptitudes à la garde.

Les fondamentaux du médoc
Les crus que j’ai préférés proposent aujourd’hui des vins typiquement médocains au fruit parfaitement mûr, emmené par des touchers de bouche magnifiques et crémeux, amples et suaves. Beaucoup réjouissent par des finales toniques, aériennes et par une gestion du bois remarquable et intelligente.
Certains continuent de faire des vins qui ne plairont peut-être pas au goût des nouveaux consommateurs mais qui, avec le temps, développeront leur charme.
D’autres, assez rares, continuent d’extraire de manière excessive des matières pourtant excellentes jusqu’à fatiguer les vins, les rendre durs voire indigestes. Il faudra les revoir en bouteille.
Malgré ses désaccords, malgré ses différences, la grande famille des bourgeois réunit des propriétés qui ont le même objectif pour leurs vins : donner du plaisir à qui les dégustera demain. Après tout, c’est l’essentiel.

L’exercice de Louis-Victor
Sur l’ensemble des propriétés du classement établi au début de l’année, 180 avaient joué le jeu. Deux jours durant, ils ont été dégustés à l’aveugle et par appellation. Ces crus ont parfois été dégustés par d’autres experts Bettane+Desseauve et pour cette raison, vous trouverez un commentaire parfois différent sur l’appli Le Grand Tasting. Ceux-là ont été dégustés par Louis-Victor Charvet.

Crus bourgeois, mes préférés
Château Arnauld, haut-médoc
Nez sur les épices fines, attaque veloutée en bouche et texture juteuse. Très bien fait et d’une bonne longueur.

Château Belle-Vue, haut-médoc
Notes de tabac, fruit pulpeux et riche, belle matière en bouche avec de l’énergie. À garder quelques années en cave.

Château Cambon la Pelouse, haut-médoc
Nez noble et sérieux, quelques notes de tabac et de cèdre. Beaucoup de finesse dans les tannins. Taillé pour la garde et promis à un bel avenir.

Château Castéra, médoc
Nez fruité et charmeur, la bouche revient sur un style plus médocain, avec une structure imposante mais bien intégrée et au service de l’équilibre. Une belle réussite.

Château d’Agassac, haut-médoc
Notes de tabac et excellente structure en bouche, construction remarquable. La bouche est veloutée et crémeuse et la finale tonique. Très réussi.

Château d’Arsac, margaux
Grand corps et grande intensité aromatique. Dense et bien construit, large en bouche, bien animé par un fruit frais et plaisant.

Château de Braude, haut-médoc
Joli haut-médoc parfaitement tenu dans son fruit et sa structure. Assez élégant avec ses arômes de cassis et son toucher de bouche civilisé. La finale est salivante.

Château de Côme, saint-estèphe
Excellente fraîcheur du fruit sans aucune impression d’austérité ou de maigreur. Finement épicé et franchement plaisant, il vieillira très bien.

Château de Preuillac, médoc
Assez élégant, bonne fraîcheur dans la texture, tannins très déliés, juteux, pulpeux. Beau vin.

Château Haut-Madrac, haut-médoc
Imposant dans son style élégant, noble. Beau nez légèrement sur le Cèdre. La finale étire une bouche harmonieuse. À garder.

Château Lamothe Cissac, haut-médoc
Nez agréablement floral. Bonne matière servie par un boisé fin. Beau final sur le menthol.

Château Ramage la Batisse, haut-médoc
Suave et crémeux en bouche, tannins précis, fruit mûr et sanguin. Il plaît beaucoup par son énergie.