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Bernard Lartigue est mort

C’est avec la plus grande tristesse que nous apprenons le décès à 71 ans de Bernard Lartigue, terrassé par une crise cardiaque. Bernard Lartigue était l’un des derniers viticulteurs médocains de l’ancienne école : celle des propriétaires engagés personnellement dans la viticulture et la vinification de leur propriété. Il avait peu à peu agrandi et embelli sa propriété de Listrac, château Mayne- Lalande, qui était devenu le vignoble phare de son appellation, même si le dernier classement des crus bourgeois n’avait pas su le reconnaître.  Nous garderons chez Bettane et Desseauve un souvenir ému de la récente dégustation verticale, couvrant toute sa carrière, faite en son active présence, rien ne laissant soupçonner la fragilité qui l’a trop rapidement emporté. Les vins avaient tous une personnalité généreuse, authentique, donnée par des raisins impeccablement cueillis et vinifiés, très rare dans ce secteur. En plus des qualités éminentes de ses vins il avait su faire de son château un des plus accueillants du Médoc, avec des chambres d’hôte d’un parfait confort, et une qualité de restauration exceptionnelle. Nous espérons tous que son œuvre pionnière et si nécessaire à la viticulture locale sera poursuivie par son épouse et sa fille qui peuvent compter sur une équipe fidèle et très compétente à la vigne et au chai.

Photo : listracmedoc.com

Henri de Villamont, l’un des trois meilleurs terroirs du grand cru corton

Le domaine
Installée à Savigny-lès-Beaune, cette maison de négoce appartient au grand groupe suisse Schenk. Son vignoble en propre compte dix hectares, principalement à Savigny mais aussi sur la côte-de- nuits. Les rouges, solides et bien construits, sont très réguliers depuis plusieurs millésimes. Les blancs, notamment les savignys et savignys premier cru, issus du domaine maison, ne manquent pas de personnalité.

Le vin
Henri de Villamont, Corton – Renardes grand cru, rouge 2018
Représentation fidèle de ce climat avec des tannins fins et une allonge intense mais empreinte de délicatesse.

La note
17/20

Le prix
68,90 euros

Les coordonnées
03 80 21 50 59 // [email protected]

Domaine Antonin Guyon, au sommet des cortons, le Clos du Roi

Le domaine
Avec quarante-sept hectares sur vingt-cinq climats, ce domaine familial assemblé à partir d’innombrables parcelles dispose d’un patrimoine viticole unique, avec une représentation de premier choix des alentours de la colline de Corton. Les vins sont fidèles à leurs terroirs d’origine, sans artifice et sincères. Le domaine est géré par Dominique Guyon, conduit en bio et certifié à partir du millésime 2018. Les rouges, issus de raisins partiellement égrappés, allient maturité de fruit et tannins fins. Ils sont de fidèles représentants de leur terroir d’origine avec en 2018 une gamme de rouges bien réussis où le corton clos-du-roi fait la course en tête, ce qui n’a rien d’inhabituel. En blanc, remarquables meursault Charmes Dessus et pernand-vergelesses Sous Frétille.

Le vin
Domaine Antonin Guyon, Corton – Clos du Roi grand cru, rouge 2018
Ce n’est pas en 2018 que la prééminence du clos-du-roi sera remise en question à la cave. Bien que située juste sous le chemin des Bressandes, cette parcelle apporte au vin une finesse encore supérieure à celle du corton-bressandes du domaine, le tannin est ici plus aérien, plus racé, plus subtil.

La note
18/20

Le prix
84 euros

Les coordonnées
03 80 67 13 24 // [email protected]

Les moules & le raisin

Les accords mets-vins d’Antoine Pétrus ont le mérite de rebattre les cartes. Toujours. Et encore

Les moules
Il y a autant de préparations que de bassins de production, que de bords de mer. Avec des moules marinières, Antoine nous recommande un vin « avec beaucoup d’allonge, une chair et une texture pleine, des saveurs d’agrumes et d’herbes fraîches pour faire pièce à la rusticité de la cuisson. » C’est la cuvée Les Jardins de Babylone 2015, un jurançon sec de Benjamin Dagueneau, un vin « qui gagne en précision et en éclat à chaque millésime. » En mouclade, comme à La Rochelle, cuites sur des aiguilles de pin qui apportent une pointe de fumé, voilà l’épatant pouilly-vinzelles de Jules Desjourneys, la marque de Fabien Duperré. Des moules au curry ? Oui, mais un curry vert et seulement cette épice. « Un vacqueyras blanc, la cuvée Complicité 2017 de Cécile Dusserre au domaine de Montvac, une propriété dans le trio de tête de Vacqueyras. » Et avec un rouge, Antoine ? « Des moules à la diable en version améliorée, avec des tomates et du jambon fumé qui vont aider l’accord avec un grenache rouge du Roussillon, poussé sur des schistes, travaillé en vendange entière et élevé en amphores. » C’est la cuvée La Truffière 2016 des frères Danjou-Banessy.

Le raisin
Quel vin avec du raisin, c’est amusant, non ? Nous, ça nous a fait rire et Antoine ne s’est pas démonté du tout. Il précise toutefois qu’il s’agira de raisins blancs, « le chasselas de Moissac et le muscat du Ventoux. » Bon, bien. En trois services. Avec du poisson : « Une aile de raie à la vigneronne, un poisson ligneux, fondant, moelleux qui semble fait pour le sauvignon de Vincent Pinard, sa cuvée Le Château 2017. » C’est un sancerre (blanc, bien sûr). Avec de la viande : « Essayons un filet de veau aux raisins avec un gamay poussé sur du granit et élevé en amphores, c’est la cuvée Chez Coste 2017 du domaine Sérol. » Sous nos applaudissements, Antoine. Ici, on adore les côte-roannaise de Stéphane Sérol et Carine Montoya et ce choix enthousiasme la rédaction de En Magnum. Finissons avec un dessert, c’est logique puisqu’on est déjà mort de faim, juste en bavardant avec Antoine. « Je propose une recette corse, des beignets aux raisins. Chaud à l’extérieur, frais à l’intérieur, le raisin qui explose et libère son jus. On devrait s’en sortir avec les honneurs et avec un viognier qui donne de l’ampleur et de l’enveloppe, la cuvée parcellaire Verlieu 2018 d’Yves Cuilleron en condrieu. » Partons pour la Corse, alors.

Château Nénin, la race du pomerol

La montée en puissance régulière du cabernet franc dans l’assemblage fait de Château Nénin un pomerol de plus en plus intéressant. Voici une verticale 1961-2017 qui en dit long

La famille Delon achète Nénin à ses cousins Despujols en 1997, pour diversifier ses propriétés viti-vinicoles qui étaient jusque là exclusivement médocaines (Potensac et Léoville Las-Cases). Elle agrandit cette propriété, qui était déjà la seconde en taille de son appellation, avec quelques parcelles de l’ex-château Certan-Giraud qui la jouxtaient pour la porter aux trente-deux hectares actuels. Pratiquement d’un seul tenant, l’ensemble se situe sur la partie haute de l’appellation et voisine Trotanoy et Le Pin, sur des terres plus graveleuses et sableuses qu’argileuses, mais avec une grande complexité superficielle liée aux apports alluviaux de la Dordogne. Le merlot (75 % de l’encépagement) y puise sa générosité et sa race pendant qu’un programme ambitieux de replantation de cabernet franc commence à produire ses effets dans les derniers millésimes, qui gagnent en finesse, en droiture et en complexité. Dans une dizaine d’années, on devrait voir ce cépage entrer pour un tiers dans le grand vin. En vingt ans, le vignoble a été complètement restructuré avec une discipline de viticulture propre à la famille et l’imposant château, sans équivalent à Pomerol à part Sales, a été complètement et superbement restauré, tout comme les installations techniques. Parce qu’il appartient à des Médocains, le cru est resté un peu à l’écart de la vie locale. Désormais, sous l’impulsion de Jean-Hubert Delon et de son fidèle directeur Pierre Graffeuille, les vins se dégustent à la propriété et révèlent leur éminente noblesse de style et capacité de vieillissement.

2017
Grande couleur. Le vin le plus accompli de toute la dégustation, aussi bien dans les composants aromatiques que dans la texture et le soutien tannique, et certainement un point de référence pour les années à venir. La part de cabernet franc commence à bien marquer l’ensemble de son raffinement et de sa fraîcheur et harmoniser tous les apports du terroir. Vin de grande race.

2016
Corps excellent, notes de réglisse de zan, finale sur un retour de fraîcheur mentholée, caractère pomerolais affirmé. Vin bien représentatif de son millésime. Petite préférence pour l’élégance du 2017.

2015
Charmeur, solaire, moelleux, peut-être consensuel et adapté au goût international, mais moins précis et original que 2016 ou 2017.

2014
Le dernier millésime à étiquette jaune, plus sérieux et classique dans son corps et sa texture que le 2015, marqué par la tension et les épices apportés par 32 % de cabernet franc. Moins harmonieux que le millésime 2017, mais racé et complet pour l’année.

2013
Bien sélectionné et tout à fait honorable pour l’année, très propre au nez, un peu court en bouche.

2012
Très joli nez aromatique, sur le cuir fin, la truffe, les fruits noirs. Belle maturité de raisin. Peut-être un peu trop boisé encore, mais généreux et avec du style.

2011
Il n’a pas l’élan ou le charme aromatique du 2012 et il termine plutôt court. Dans le contexte du millésime, on attendait mieux.

2010
Vin de grande classe, et de grand format, au nez merveilleux de réglisse, de fleurs épicées, d’une étoffe somptueuse. Bref, ce qu’on attend d’un beau pomerol en très grande année et, surtout, aucune trace de surmaturité ou de lourdeur alcoolique. Il donne une belle idée du potentiel du cru.

2009
On sent plus l’alcool, mais le nez est généreusement truffé, en pomerol de race et de style, ce qui surprendra une minorité de détracteurs locaux, en puissance et en chair. Dans son duel avec le 2010, ce dernier l’emporte haut la main par son équilibre plus saisissant et surtout sa complexité.

2007
Excellente surprise. Le nez ravit par ses éléments à la fois très terriens (truffe noire évidente) et porteurs de fraîcheur, à l’inverse de tant d’autres 2007 vieillissants. Difficile de ne pas être séduit par la finesse des sensations tactiles et surtout par son intense persistance. Très merlot, mais un merlot de beau pomerol. Il est à point.

2006
Différent du 2005, presque opposé. Le boisé fin est encore sensible, pas du tout asséchant, le vin est assez aérien, frais, réglissé, pur, mais sans la sensualité du 2007.

2005
Puissant et truffé au nez, mais avec des notes de pruneau un peu lourdes pour les amateurs de vins fins. Il a du volume et de la suite en bouche. Dans son état actuel, il appelle la table et le gibier à plume, qui lui permettra de s’exprimer avec plus d’assurance.

1998
Nez harmonieux, boisé bien fondu, étonnante finesse de texture, chaleureux mais frais en fin de bouche, et toujours ce va-et-vient entre réglisse et truffe qui signe la partie Certan du terroir.

1978 et 1975
Deux bouteilles imparfaites, liées à des bouchons qui ont mal tenu et peut-être marqués par les déviations chlorées si fréquentes à l’époque. Sans doute la netteté des millésimes précédents accentuait ces différences.1970
Beaucoup plus agréable que 1975, raisin mûr, réglissé, souple, évolué sans décadence, sans avoir l’ampleur ou la race d’un gaffelière, par exemple, dans ce même millésime ou d’un trotanoy.

1966
Comme souvent dans cette décennie, le raisin vendangé trop tôt sans doute explique la conservation des notes végétales, typées poivron, plus de quarante ans plus tard.

1961
Plus riche évidemment que le millésime 1966, avec une robe d’un somptueux acajou, super terrien au nez, iris, sous-bois, truffe, et aussi menthol. Petit rancio de vieillesse, parfaitement acceptable et donnant à la fin de bouche une intéressante complexité où les éléments terriens se complètent par du tabac, voire du cèdre, et une évolution constante dans le verre. Beau vieux vin à réserver aux connaisseurs.

Domaine du Comte Senard, un Clos du Roi en majesté

Le domaine
Entre tradition et modernité, Lorraine Senard-Pereira a entrepris depuis 2005 des changements radicaux afin de procurer à ses vins l’élégance nécessaire pour une consommation plus immédiate, tout en préservant le potentiel de garde et la qualité intrinsèque des grands cortons dont le domaine possède aujourd’hui une représentation sur pas moins de six climats ! Nous ne cessons de nous étonner devant la finesse de tannins des vins depuis le millésime 2016. 2018 en est un exemple brillant sans que l’intensité possible dans ce millésime n’ait été occultée, bien au contraire. Ceci mérite une quatrième étoile au domaine.

Le vin
Domaine du Comte Senard, Corton – Clos du Roi grand cru, rouge 2018
Comme toujours au sommet de la cave par cette vision aérienne du corton qui n’appartient qu’à lui, un mélange d’intensité et de délicatesse aux nuances florales uniques, lilas, pivoine, violette, rose ancienne. Il est aux antipodes du bressandes et de ses muscles, le clos du roi incarne la délicatesse ultime de Corton.

La note
18,5/20

Le prix
93 euros

Les coordonnées
03 80 26 40 73 // [email protected]

Domaine Jean Fournier, le fixin nouvelle génération

Le domaine
Laurent Fournier, avec son humour, son intelligence et sa délicatesse est un des talents les plus brillants de la nouvelle génération bourguignonne. Il nous fait plaisir en cherchant et réussissant à retrouver les secrets des très grands vins d’autrefois, vinifiés à partir de raisins entiers en démarche bio. Les terroirs se montrent ainsi avec une grande précision. Ses côtes-de-nuit-villages et plusieurs marsannays bousculeraient bien des gevrey-chambertin. Tout est réussi en 2018, c’est l’une des adresses idéales pour les amoureux de la belle Bourgogne à des prix encore accessibles.

Le vin
Domaine Jean Fournier, Fixin Les Petits Crais, rouge 2018
Ce 2018 est dans le style du réussi 2015 avec ce superbe jus au tannin aérien, très fin et cette buvabilité remarquable. Fixin est une appellation qui a beaucoup travaillé pour gommer une pointe de rusticité qui marquait ses vins autrefois. Ce nouveau style tout en séduction est à découvrir absolument.

La note
16,5/20

Le prix
29 euros

Les coordonnées
03 80 52 24 38 // [email protected]

« Le sommelier est une opportunité pour le restaurant de vendre mieux et plus »

Dans cette période très compliquée de réouverture/fermeture des bars et restaurants, on est allé interroger le « boss » des sommeliers parisiens, Jean-Luc Jamrozik. Il nous a parlé de la féminisation du métier, de vin au verre, de vin nature et du rôle essentiel du sommelier.

Vous êtes président des sommeliers de Paris depuis presque 15 ans. Quelles sont les principales évolutions que vous avez constatées dans le métier ?
Jean-Luc Jamrozik : La première évolution, et c’est une bonne nouvelle, est que la sommellerie, comme beaucoup de métiers traditionnellement masculins, s’est féminisée. Certaines femmes, dont Pascaline Lepeltier (qui a obtenu la même année le titre de Meilleur Ouvrier de France en sommellerie et de Meilleur Sommelier de France, NDLR) ont probablement contribué à cet essor ; elle est un modèle pour de nombreux jeunes sommeliers et sommelières.
La seconde est technologique, le Coravin par exemple, a permis le développement du vin au verre en France. Mais cette approche doit respecter un cérémonial assez précis pour que l’expérience de dégustation soit pleinement réussie. Coravin ou pas, le sommelier doit respecter les mêmes règles de service qu’avec une bouteille servie à table…

« On peut boire du vin bio de mauvaise qualité. »

Les vins bio et biodynamiques se sont taillé une part importante du marché. Je suis évidemment favorable au respect de terroir et au fait que le vigneron réduise au maximum son empreinte carbone, notamment en substituant les produits issus de la chimie par des produits à base de plantes qui permettent de dynamiser et de renforcer la vigne. Les clients sont de plus en plus avertis sur ces thèmes, il est donc normal que le sommelier le soit aussi et qu’il propose à sa carte des vins bio et biodynamiques. En revanche, il n’y a pas nécessairement une corrélation entre bio et qualité, on peut boire du vin bio de mauvaise qualité.
Enfin, dernier changement constaté, l’essor des vins « natures ». Je dois avouer ne pas trop me retrouver dans cette offre pléthorique car la plupart du temps, je ne ressens pas un grand plaisir à la dégustation de ce type de vin. En revanche, les sommeliers proposants des vins « naturels » doivent expliquer pourquoi certains d’entre eux peuvent perler ou être troubles. La réponse est assez simple, les vignerons qui ne mettent pas de sulfite peuvent mettre du CO2 issu de la fermentation pour conserver le vin, ce qui peut ainsi entraîner un léger perlant.

Dans beaucoup de bistrots, il n’y a plus de sommelier à proprement parler. Ce rôle, pourtant très important, incombe au serveur ou à la serveuse. En quoi le sommelier reste-t-il un personnage central de la restauration ?
J-L. J. : C’est malheureusement un constat que je partage. Le sommelier a un coût, celui du salaire. Mais mieux que quiconque, il va prodiguer aux clients les meilleurs conseils d’accords mets et vins. Le sommelier ne représente pas un coût pour le restaurant qui l’emploie mais une opportunité pour le restaurant de vendre mieux et peut-être plus. Je déjeune ou dîne souvent au restaurant et je suis à chaque fois surpris par les fautes que je vois sur les cartes vins, sur l’appellation, le nom du vigneron ou tout simplement sur le millésime. À plusieurs reprises, je me suis rendu compte que le millésime servi n’était pas celui qui était indiqué sur la carte des vins…

« La carte des vins, comme celle des plats, doit changer
en fonction des saisons. »


Aussi, il est indispensable qu’une carte des vins change en fonction des saisons, au même titre que les chefs cuisiniers vont faire évoluer leurs menus, le client ne consomme pas le même vin toute l’année.
Enfin le sommelier doit en moins de deux minutes comprendre/identifier le profil de son client(e) : est-il/elle là pour un repas d’affaire ? En famille ? En amoureux ? Le client se rend au restaurant évidemment pour bien s’y restaurer mais aussi pour y vivre une expérience agréable ; l’accueil, le service et les conseils du sommelier font partie intégrante de la réussite d’un repas au restaurant.

Est-ce que les évolutions de la manière de consommer (boire moins, boire mieux) rend ses lettres de noblesse au métier ?
J-L. J. : Pour cette question je ne fais de distinction entre le solide et liquide. Nous avons changé la façon dont nous nous nourrissons, il en va en de même sur la façon dont nous buvons. Pour répondre concrètement à votre question : oui je le pense, mais peut-être pas suffisamment encore ou pas comme je le souhaiterais. Enfin, que veut-dire boire mieux ? Est-ce boire raisonnablement ? Boire des quantités moindres mais boire de meilleure qualité ? Ou est-ce les deux ?

Quelles sont les trois principales qualités du sommelier ?
J-L. J. : Il doit être à l’écoute de son client. Prendre en compte son budget et être au théâtre sans se comparer à un acteur. Je dis toujours aux jeunes sommeliers et sommelières qui débutent : « Le client a choisi ton restaurant pour déjeuner ou dîner, fais-en sorte qu’il reparte en ayant tout simplement passé un bon moment. »

Six blancs du Mâconnais

Le Mâconnais, c’est le sud du sud de la Bourgogne. C’est la Bourgogne et ses chardonnays, sans les prix. Avantage à l’amateur.

Château de la Greffière 2018, mâcon-la-roche-vineuse
Le domaine
C’est une propriété familiale tenue avec soin par Isabelle, Vincent et Xavier Greuzard. On y fait du vin comme on cultive un jardin, en travaillant la terre avec attention, saison après saison. Voilà l’autre Bourgogne avec ses vins de plaisir et son grand savoir-faire.
Le vin
Tout ce qu’on aime dans le chardonnay de Saône-et-Loire. Un nez vif et alerte, une bonne tension en bouche tout en gardant de la matière charnue. C’est digeste et ça donne faim.
Le détail
On apprécie l’offre œnotouristique du domaine. Entre le musée du vin et le pique-nique dans les vignes, c’est simple et authentique.
11 euros
03 85 37 79 11

Bouchard Père et Fils, Saint-Pierre 2018, mâcon-lugny
Le domaine
La grande maison beaunoise sait tout faire. Grands crus ou appellations du Mâconnais, elle continue de faire rayonner la Bourgogne grâce à la large distribution de ses vins aux rapports qualité-prix difficiles à battre.
Le vin
Certes, pas de système pyramidal dans le Mâconnais. Mais les terroirs sont là et ceux, réputés, de Lugny donnent du caractère à ce chardonnay floral et long dans sa finale citronnée. Une deuxième bouteille à table n’est pas de trop.
Le détail
Le négoce bourguignon est un formidable réservoir de vins de terroirs souvent méconnus. C’est le guide qu’il vous faut pour comprendre le vignoble.
15 euros
03 80 24 80 24

Cave de Lugny, Cœur de Charmes 2014, mâcon-lugny
Le domaine
Réjouissons-nous que le monde coopératif français soit un peu plus chaque année la fierté de nos vignobles. Cette cave réunit 400 adhérents. Elle est aujourd’hui le premier producteur de Bourgogne et un ambassadeur de premier ordre pour la région.
Le vin
Il surprendra par sa richesse et son intensité. Beau nez de fruits exotiques, volume large et imposant en bouche, bien balancé par une finale minérale. Excellent avec une cuisine de fruits de mers, coquillages et crustacés délicats.
Le détail
C’est une sélection intra parcellaire. Ce “cœur” équivaut à quatre hectares isolés du lieu-dit Les Charmes.
13,95 euros
03 85 33 05 05

Domaine Guffens-Heynen, Cuvée “C.C” 2017, pouilly-fuissé
Le domaine
En Bourgogne, dans le Rhône ou à Sauternes, le génie de Jean-Marie Guffens est d’apporter une exigence artistique au savoir-faire vigneron. Il est l’un des plus grands vinificateurs de chardonnay au monde. Quand on sait que c’est l’un des cépages blancs les plus plantés de la planète, chapeau.
Le vin
Le style Guffens ? Un fruit mûr, une richesse hors du commun, un élevage ultime. De la précision, de l’énergie, aucune lourdeur, jamais de maquillage. La pureté brute et le terroir.
Le détail
La forte demande fait grimper les prix et les amateurs sont nombreux. Il faut surveiller de près les rares occasions où ces vins sont en vente. Et prier pour qu’il en reste.
64 euros
03 85 51 66 00

Domaine J.A. Ferret, Cuvée hors classe “Tournant de Pouilly” 2018, pouilly-fuissé
Le domaine
Adossé aux premières rampes de la roche de Solutré, Fuissé compte dans ses rangs des domaines de renom. Celui-ci, propriété de la maison Jadot, s’est hissé parmi les meilleurs de la région.
Le vin
Pas de détour possible. Le niveau de ce vin est celui d’un grand cru. Il faudra l’attendre longtemps. La trame minérale prend aujourd’hui le dessus sur les notes intenses et complexes de petits fruits et de fleurs blanches. La grande émotion sera là.
Le détail
Les femmes se succèdent dans ce cru. Après Jeanne Ferret puis sa fille Colette, la scène est à Audrey Braccini, brillante œnologue. Elle complète de son talent le style de ces vins de lieu.
43,20 euros
03 85 35 61 56

Rijckaert, “En Crêches” 2018, saint-véran
Le domaine
En plus de sa petite activité de négoce, ce domaine fait des vins en Bourgogne et dans le Jura. L’œuvre de Jean Rijckaert est entre de bonnes mains. Florent Rouve continue de mener les vins vers plus de précision avec une exigence de l’épure qui, dans les derniers millésimes, portent les vins vers le haut niveau.
Le vin
Remarquable d’intensité, il réjouit par sa trame minérale et son dynamisme. Le large fruit du chardonnay donne le ton jusqu’à ce que la finale crayeuse reprenne le dessus. Beau vin en devenir, à l’image de la gamme.
Le détail
Le garçon fait bon en Bourgogne et au moins aussi bien dans le Jura. Surtout, soyons heureux de trouver chez lui des prix toujours sages. Il faut acheter.
23,40 euros
03 71 41 00 06

La grande élégance des vins du Domaine Huguenot

Le domaine
Philippe Huguenot est un pragmatique. Certifié en bio depuis 2013, il a initié cette démarche pour permettre à ses vignes de retrouver la bonne rusticité qu’elles avaient perdue. Il a également abandonné la vendange mécanique.
Et les résultats sont là. Les vins de ce domaine sont de plus en plus élégants, avec un fruité agréable qui séduit dès leur prime jeunesse. L’accélération de la qualité a été spectaculaire depuis quelques millésimes avec une homogénéité et une constance rares.
Personnage d’une rare gentillesse avec des vins à son image, Philippe Huguenot aime recevoir ses clients à la cave quand beaucoup ont fermé leurs portes devant le succès commercial.

Le vin
Domaine Huguenot, Marsannay La Charme aux Prêtres, rouge 2018
Joli jus salin, fin, complexe, belle finale destinée à une côte de bœuf. Nous aimons son intensité de finale, son onctuosité. Marsannay très réussi d’un domaine à la régularité remarquable.

La note
16/20

Le prix
26,50 euros

Les coordonnées
03 80 52 11 56 // [email protected]