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Au château Angélus, le millésime 2019 est surnommé le flamboyant

Stéphanie de Boüard-Rivoal, Jean-Bernard Grenié et Hubert de Boüard de Laforest entourés de l'équipe 2019

Accompagné de photos du vignoble et de l’équipe en 2019 et en 1967, nous reproduisons ici le compte-rendu des vendanges en cours dans le premier grand cru classé A de Saint-Emilion, désormais mené en bio. Ces raisins de 2019 permettront à Hubert de Boüard de signer son 35e millésime à Angélus.

« Les vendanges ont commencé le 18 septembre sur les plus jeunes vignes et, pour une question d’équilibre alcool-acidité, le 23 sur les merlots. Les réserves en eau accumulées pendant le printemps se sont avérées essentielles pour cet été qui a basculé aux premiers jours de juillet. Un été surprenant, chaud, sec et ensoleillé qui semble ne jamais devoir s’arrêter. Un été pendant lequel les grands terroirs argilo-calcaires d’Angélus se sont comportés de façon incroyable, permettant une alimentation régulière en eau.

Pour notre deuxième année de conversion en agriculture biologique, grâce aux grandes compétences de nos équipes, nous avons pu respecter des doses de cuivre inférieures à la norme. Nos vignes sont magnifiques. Les pluies de dimanche et du début de semaine ont permis d’améliorer la maturité phénolique et d’optimiser l’équilibre des jus en sucre. Les merlots vendangés (…) sont exceptionnels en dégustation, en épaisseur de peau et en aromatiques. Ils laissent présager une qualité digne de millésimes mythiques.

Il nous reste à espérer deux semaines de temps clément pour permettre aux cabernets franc et sauvignon d’arriver sereinement à maturité. Peut-être alors s’agira-t-il à Bordeaux d’un nouveau millésime d’anthologie. A suivre. »

Au centre du premier plan, Hubert de Boüard de Laforest et Hélène Grenié de Boüard, sa cousine. Stéphanie de Boüard-Rivoal raconte : « A l’occasion des vendanges 1967, mon père Hubert de Boüard, observe et apprend aux côtés de sa cousine Hélène Grenié de Boüard, avant de prendre la main en 1985. Entre-temps une évolution, qui avait tout d’une révolution, aura mené Angélus vers les sommets d’une viticulture d’excellence, portée par la passion et l’engagement sans faille d’une famille et de ses équipes pour exalter un terroir d’exception. »

Vendangeur d’un jour

« Tout ce que ce beau mot de vendanges semble promettre » (Colette), il est possible d’aller le vivre de près dans un certain nombre de domaines. Goûter les grains dodus, gorgés de jus, couper quelques grappes, suivre leur parcours du tri jusqu’à la mise en cuve, partager des moments de fête avec le vigneron et son équipe. Il y a beaucoup à apprendre et cela donne un petit supplément d’âme au nouveau millésime. À vos sécateurs, prêts, partez

par Pascale Cassagnes

Le diplôme est au bout du rang 
C’est en passe de devenir une tradition en Alsace. De septembre à fin octobre, un certain nombre de domaines, dont Beck Francis & Fils à Epfig, Wach à Andlau, Schlumberger à Guebwiller ou encore Specht à Mittelwihr, invitent les amoureux de la vigne à partager l’expérience des vendanges. Une petite introduction théorique est utile – présentation des cépages, explication des indices de maturité, etc. – avant d’entrer dans le rythme de la récolte, suivie du pressurage, de la dégustation du moût et d’un repas bien mérité. À la clé, le diplôme de « vendangeur d’un jour ».

L’un des tout derniers bordeaux des îles
Une vigne comme un coquillage posée au milieu des eaux : l’île Margaux est la dernière des îles de l’estuaire qui s’égrènent entre le bec d’Ambès et Pauillac où l’on produit encore du vin. Dans un microclimat rythmé par les marées et sur un terroir original d’argiles bleues litées de sable, 14 hectares de merlot, cabernet-sauvignon, petit verdot, malbec et cabernet franc sont cultivés en bio. « Un vrai conservatoire du vin de Bordeaux », se targue le propriétaire, Gérard Favarel, qui ouvre sa petite île chaque année en septembre pour accueillir – et embarquer – les vendangeurs.
Domaine de l’Ile Margaux – Bordemer, 33460 Margaux-Cantenac

Dans la peau d’un vigneron du Médoc
Entre Margaux et Saint-Julien, les 40 hectares de vignes d’un seul tenant du château Malescasse ondulent sur leurs croupes graveleuses autour d’une élégante chartreuse. Acquis en 2012 par Philippe Austruy (Peyrassol en Provence, Casemore en Toscane, Quinta da Côrte dans le Douro), le domaine a étoffé le calendrier de ses activités. L’ambiance incomparable des vendanges se vit ici dans les vignes, le temps de s’initier aux gestes de la récolte ; au chai, où l’on suit les cabernets et merlots qui façonnent déjà un futur cru digne de ses racines et, enfin au château. Le soir venu, chambres et suites nous tendent leurs lits douillets. Se glisser dans la peau d’un vigneron ne veut pas dire renoncer au confort et au raffinement.
Château Malescasse. 6, chemin du Moulin Rose, 33460 Lamarque

Pourris, mais nobles
Autour du château Sigalas Rabaud, le plus petit des premiers crus classés de Sauternes avec ses 14 hectares d’un seul tenant, les doux coteaux brillent d’un bel éclat doré. Sous l’action des brumes matinales, du vent et du soleil, le botrytis cinerea (la fameuse « pourriture noble ») peaufine son œuvre. Le grain rôti demande une attention soutenue et un doigté sûr. La cueillette de haute précision se fait à l’épinette, petit sécateur pointu, par trise successives. Visiter le vignoble à cette période permet d’apprécier en détail et en action le savoir-faire de l’équipe, les complications du sauternes et de partager le repas des vendangeurs au bout des rangs.
Château Sigalas Rabaud. Rabaud-Sigalas, 33210 Bommes

Un « climat » d’exception
« C’est en faisant que l’on apprend », s’enthousiasme Michael Baum, le propriétaire de ce célèbre domaine de côte de Beaune qui invite les amateurs à participer à la cueillette, à assister au début du processus de fermentation et à goûter dans les caves le vin tiré du fût. Et quel plus bel écrin pour faire ses premiers pas que le mythique clos Marey-Monge et ses sept terroirs distincts qui s’assemblent pour donner les cuvées Vivant Micault, Simone et Clos Marey-Monge monopole ?
Au cuvier, Emmanuel Sala, le directeur du domaine, explique les étapes de la conversion du clos en biodynamie avant l’indispensable déjeuner qui réunit vendangeurs pro et amateurs.
Château de Pommard. 15, rue Marey Monge, 21630 Pommard

La plage et la fête
Quand le raisin est cueilli, on se réjouit. Depuis vingt-quatre ans, le temps d’un week-end, Banyuls rassemble près
de 10 000 personnes autour d’une grillade sur la plage avec des bandas (fanfares) et des danseurs de sardane, entre autres traditions. Le dimanche après-midi, des barques catalanes accostent sur la plage centrale pour débarquer symboliquement quelques comportes (barriques locales) de raisins. Ce moment très attendu commémore une spécificité banyulenque ancestrale : le transport de la vendange par barque, des abrupts coteaux pieds dans l’eau jusqu’au village.
Fête des vendanges 2019 à Banyuls-sur-Mer, 9-13 octobre

L ’effervescence, il y a un avant
À l’heure où les coteaux de la côte des Bar sont encore enveloppés de brouillard, la maison de Barfontarc invite les visiteurs à se mêler à la troupe des vendangeurs pour cueillir les raisins destinés à produire une dizaine de cuvées. De retour à la cuverie, le ballet bien orchestré du pressoir et le rappel des différentes étapes de la champagnisation mettent en appétit avant la pause déjeuner. Au cœur de la vallée de la Marne, la maison Xavier propose aussi de découvrir l’effervescence dans les rangs de vigne et les saveurs d’un repas de vendanges qui pétille. Rappelons qu’en Champagne, la vendange manuelle est obligatoire.
Champagne de Barfontarc. Route de Bar-sur-Aube, 10200 Baroville
Champagne Xavier Leconte. 7, rue des Berceaux, 51700 Troissy-Bouquigny

Coteaux et troglos
Le « vin de taffetas » cher à Rabelais naît à Vouvray sur des coteaux de silex où le chenin jongle avec les styles, sec, demi-sec, moelleux. Vendangé à la main et à la machine, le fin cépage vouvrillon se découvre du raisin au verre au domaine Alain Robert, sous la conduite de Myriam Fouasse Robert, la femme de Cyril qui a repris le domaine familial avec sa sœur Catherine. Après la récolte, dégustation du jus qui coule du pressoir et de « bernaches » (moûts tirés des cuves et barriques) dans la cave troglodyte, puis déjeuner tourangeau typique avec ses rillettes de poisson de Loire, fromages de chèvre et charcuteries. Samedi 28 septembre à partir de 9 h.
Vignoble Alain Robert. Charmigny, 37210 Chancay

Autour du piton de Sancerre
Pendant toute la durée des vendanges, la structure Berry Province nous emmène dans les vignes de Sancerre. Cette année, rendez-vous chez Vincent et Adélaïde Grall pour une initiation aux techniques de récolte manuelle. Devant le saisissant paysage de coteaux vallonnés dominés par le fameux piton, on dégaine une bonne bouteille et un crottin de Chavignol. Après un déjeuner au village et un passage à la Maison des Sancerre, retour à la cave pour voir les sauvignons blancs et pinots noirs arriver au pressoir en grains entiers. « Ce qui garantit le respect des arômes et facilite le tri. C’est un travail difficile et pénible que la qualité du jus obtenu vient récompenser. »
Domaine Vincent Grall. 149, avenue Nationale, 18300 Sancerre 

Même en métro
En saison, les Parisiens sont invités à empoigner le sécateur. Si la récolte du célèbre clos Montmartre1 et de la plus confidentielle butte Bergeyre, trop pentue pour des néo-viticulteurs, est assurée par les agents de la Ville, les mini-vignobles municipaux des parcs Georges-Brassens (XVe), de Bercy (XIIe) et de Belleville (XXe) sont ouverts au public depuis 2015. Ces vendanges participatives drainent de plus en plus de monde chaque année et suscitent « un enthousiasme général », souligne Sylviane Leplâtre, œnologue des vignes de Paris. « Les participants vendangent souvent pour la première fois et ils le font à Paris, ce qui est exceptionnel. »

  1. Vinifié, mis en bouteilles et commercialisé par le Comité des fêtes et d’actions sociales (COFAS) du XVIIIe arrondissement de Paris.

D’Artagnan veille au grain
Au pays de d’Artagnan, dont le village natal est à quelques longueurs d’épée, les vignerons de Plaimont ouvrent aux amateurs leurs vignes de saint-mont, madiran, pacherenc-du-vic-bilh au moment crucial de la récolte afin de leur permettre de « vivre de l’intérieur la naissance d’un nouveau millésime, de toucher du doigt les avantages de la vendange manuelle, l’importance du tri. » On s’exerce aussi à distinguer les typiques cépages tannat, pinenc, colombard, gros et petit manseng qui entreront dans les assemblages avant de partager un succulent casse-croûte vigneron que n’aurait pas boudé Porthos.
Plaimont. 199, route de Corneillan, 32400 Saint-Mont

En version latine
Passer la grille du mas des Tourelles, c’est faire un bond de plus de vingt siècles en arrière, à l’époque où s’élevait ici une villa gallo-romaine vouée à la culture de l’olive et du raisin. Pendant une après-midi, on y suit en direct la cueillette dans la vigne conduite à l’antique sur treilles, pergolas ou oliviers. Dans la cave reconstituée, le fouloir (calcatorium) et le pressoir à levier en bois (torcular) s’animent. Dans les dolias débute la vinification des cuvées Mulsum, Turriculae et Carenum, réalisée d’après des méthodes décrites par des auteurs latins (Caton, Columelle, Pline, Palladius). Les verres se remplissent, nunc est bibendum (trinquons maintenant).
Mas des Tourelles. 4294, route de Saint-Gilles, 30300 Beaucaire

Un grand moment en Dentelles
De tout temps, vendanger rime avec grandes tablées. De celles qui métamorphosent la fatigue en bonne humeur. C’est dans cet esprit que la coopérative Rhonéa a concocté la “vendange des chefs”, un week-end 100 % épicurien dans le massif des Dentelles de Montmirail, à Beaumes-de-Venise, joli village au joli nom. L’appétit s’ouvre dans les senteurs des grappes fraîchement coupées, en arpentant les parcelles avec les artisans-vignerons. à proximité des muscats à petits grains, la table est dressée en plein air pour un déjeuner en six services réalisé par des chefs locaux en accord avec une sélection de vacqueyras, gigondas, muscat de Beaumes-de-Venise. Les 14 et 15 septembre.
Rhonéa. 228, route de Carpentras, 84190 Beaumes-de-Venise

Cet article est paru dans EN MAGNUM #17, daté du 6 septembre 2019. En kiosque.

Soirée unique à Gigondas avec la famille Perrin et le festival Yeah!

« La musique, le vin, la famille et le partage », c’est avec ce sous-titre en forme de beau programme que la famille Perrin annonce la tenue le 9 octobre prochain d’une soirée d’un genre unique, émanation du Festival Yeah! créé en 2013 dont elle est partenaire depuis l’origine. Pour cette édition 2019, la collaboration s’est en effet déployée au-delà des prestations visibles en juin à Lourmarin et une résidence d’artistes (Nova Materia, Gaspar Claus et Laake) doublée d’une proposition gastronomique étoilée (signée Laurent Deconinck, L’Oustalet) investissent le domaine du Clos des Tourelles, à Gigondas.

Les vieux grenaches du clos des Tourelles

C’est au printemps dernier que les programmateurs du festival ont eu un coup de cœur pour ce lieu qui fut la première construction réalisée à l’extérieur des remparts du village. La famille Perrin explique que « sur les substructions de l’époque médiévale a été construite au XVIIe siècle la superbe bastide qui forme aujourd’hui, avec ses tourelles, cet ensemble si harmonieux. » Le vignoble qui l’entoure (10 hectares de grenache, à 80 %, syrah, cinsault et mourvèdre) est doté de sols calcaires à la matrice marno-sableuse qui sont remarquables dans le « Clos », lieu-dit planté de vieux grenaches directement accolé au domaine et au village de Gigondas.

Les artistes inspirés par les vins et le chef, par les artistes

Le 9 octobre prochain, les artistes installés aux Tourelles à partir du 30 septembre, le temps d’une résidence qui sera ponctuée de dégustations dans plusieurs vignobles, présenteront au public une création inédite, précédée par la performance du groupe avignonnais Le SuperHomard. Inspiré par leur travail dont il viendra s’imprégner, le chef Laurent Deconinck proposera ce soir-là trois menus spécifiques, un menu Gaspar Claus, un menu Nova Materia et un menu Laake. Quant à la famille Perrin, qui s’investit dans ce projet collectif bien au-delà de la mise à disposition du lieu, elle fera évidemment découvrir aux participants de grands vins de la vallée du Rhône.

Yeah Are Family, le 9 octobre à Gigondas

Tarif : 25 euros

Avec Retour aux sources, l’intelligence artificielle s’invite dans les crayères de la maison Ruinart

C’est en 2029 que la plus ancienne maison de champagne célébrera ses trois siècles d’existence, mais c’est dès à présent qu’elle propose aux visiteurs de célébrer cette longue histoire via une installation artistique qui invite l’intelligence artificielle (IA) à Reims, aux cœur des ses impressionnantes crayères. Conçue par le duo d’artistes Mouawad Laurier, auquel a été confiée la mission de lancer le compte à rebours de cet anniversaire majeur dans l’esprit des cartes blanches annuelles données chaque année à des créateurs, cette “entité” autonome offre aux visiteurs une expérience singulière du savoir-faire de la maison champenoise, au plus près du cycle de la vigne.

Engagée dans le projet ambitieux de devenir une des maisons de champagne les plus investies en termes de responsabilité sociale et environnementale, Ruinart compte occuper dans ce domaine « un rôle à la fois moteur et inspirant » qui sera notamment marqué par la révélation ces dix prochaines années d’autant de nouveaux projets – artistique, technologique ou architectural – racontant le mode d’élaboration des vins au public et alliant comme ici innovation, créativité et durabilité. Premier d’entre eux, Retour aux sources prend la forme d’une lumineuse et intelligente racine évoluant dans une crayère millénaire (inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, rappelons-le).

« La démarche développement durable de la maison Ruinart s’inscrit dans le temps long, car aucun projet humain ne peut durer sans respecter son environnement »

Ce dispositif d’intelligence artificielle complexe propose, à plus de trente mètres sous terre, une expérience visuelle et sonore dont le propos est de nous rappeler que l’être humain et la nature sont intrinsèquement connectés. A l’écoute de la nature à laquelle elle est connectée via l’intégration de différentes données climatiques et viticoles, l’œuvre visible en photo ici réagit aux éléments organiques intervenant dans l’élaboration du champagne en temps réel. Ayant également longtemps travaillé sur la question du contrôle des LED, Maya Mouawad et Cyril Laurier utilisent l’IA depuis 2006 et Retour aux sources est la synthèse de leurs travaux antérieurs.

« Les techniques d’IA ont besoin de données pour exister », explique Cyril Laurier. « La racine va donc se nourrir de ces données, du terroir à la production en passant par le climat. » Et réagira différemment au gré des saisons. En prise avec le monde qui l’entoure, elle pourra « observer le changement climatique,(…) suivre le débourrement, les vendanges, les fermentations, le remuage, la maturation des vins » et en informer les visiteurs. Qui seront sans doute assez curieux pour aller lui rendre visite plusieurs fois puisque sa capacité d’apprentissage la fera évoluer au cours du temps, affinant un peu plus chaque année sa perception du flux d’informations qu’elle reçoit en permanence.

Retour aux sources est accessible au public dans le cadre des visites guidées des crayères de Ruinart.


Le duo d’artistes Mouawad Laurier devant l’une des “bulles” de leur installation. Réalisée artisanalement en verre de Murano, elle évoque l’importance des minéraux et de l’eau dont les racines ont besoin pour se nourrir. Les données organiques et scientifiques nourrissent la racine qui les traduit à sa façon à travers la lumière et son intensité, les couleurs et les sons et, enfin, le mouvement et le rythme. Ces lampes génèrent des effets de lumière qui évoquent les caustiques, réfractions de lumière qui se produisent notamment sous l’eau. Elles sont également des dispositifs sonores qui se déplacent dans l’espace.

Un châteauneuf-du-pape d’une finesse inattendue

Domaine du Vieux Télégraphe,
Piedlong, châteauneuf-du-pape 2016

Pourquoi lui
Je suis tombé dessus un jour par hasard avec l’impression de changer de dimension. À l’aveugle, je ne l’aurais jamais placé en châteuneuf-du-pape. Ce vin est issu d’un assemblage de deux parcelles, les grenaches de Piedlong et les mourvèdres de Pignan pour 10 %. Du coup, la famille Brunier m’est apparue comme une bande de grands couturiers. Qu’elle est. J’en ai acheté plein.

On l’aime parce que
Une telle finesse vaut bien une messe, comme disait à peu près Sully. Est-ce l’âge élevé des vignes (70 ans), sont-ce les galets roulés, le vinificateur est-il un sorcier ?

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Pour Dom Pérignon, Lenny Kravitz illumine la dégustation

Pour qui ne le saurait pas, Lenny Kravitz est aussi designer et son studio fondé à New-York en 2003 applique à des maisons autant qu’à des objets « une esthétique éclectique imprégnée de la culture architecturale et du design du XXe siècle. » Visibles au sein du pop-up store Dom Pérignon qui sera installé aux Galeries Lafayette du 4 novembre et 5 janvier prochains, les créations inédites présentées ici forment un ensemble incarnant une expérience complète de dégustation. La bouteille, le magnum et la table-bar conçus par l’artiste seront mis en scène dans un espace immersif et assortis d’un programme riche en expériences dont nous vous reparlerons. Si les coffrets Dom Pérignon Vintage 2008 (75 cl, 190 euros) et Dom Pérignon Rosé Vintage 2006 (75 cl, 360 euros) y seront proposés en avant-première du 4 au 11 novembre avant de se voir également proposés par une sélection de cavistes, les coffrets au format magnum seront uniquement disponibles en France au sein de cet espace.

Un blason réinventé et un coffret ultra-limité

C’est en s’inspirant des savoir-faire de l’orfèvrerie que Lenny Kravitz a réinterprété l’emblématique étiquette de la marque, transformant « la surface du blason en une texture métallique martelée, à la patine définitivement contemporaine. » Edition exceptionnelle dont seulement deux exemplaires, signés, seront disponibles en France, le coffret contenant le magnum de Vintage 2008 (2 500 euros) est un écrin en laiton patiné, recouvert de cuir façon serpent et doublé de velours vert sombre, qui témoigne des influence Mid-Century de son créateur. Clou de cette appropriation par l’artiste américain du rituel de dégustation champenois, la table-bar en laque noire bordée de laiton brossé abrite en son centre bouteilles, verres et rafraîchissoir, le tout baigné de lumière. « Ce chef d’oeuvre de la collection incarne véritablement les valeurs partagées par Dom Pérignon et Lenny Kravitz : le développement du savoir-faire et la quête d’excellence. » Une excellence qui n’a pas de prix, le bel objet n’étant pas à vendre.

Double certification pour la maison de cognac Camus

Thierry Pierre, son régisseur, et Patrick Léger, son gérant, inspectent le vignoble de La Gerbaude,
188 hectares dans le cru des Borderies qui viennent de recevoir le label HVE.

Pérennité du vignoble, protection du milieu naturel, maîtrise des produits phytosanitaires, gestion des effluents vitivinicoles et formation, santé et sécurité au travail, c’est cet engagement global au sein de ses domaines que la maison de cognac Camus vient de voir ratifié, d’une part par la “certification environnementale Cognac”, d’autre part par le label HVE délivré par le ministère de l’Agriculture. Par la voix de Patrick Léger, directeur général délégué eaux-de-vie et maître de chai de la maison Camus et gérant de la SARL La Gerbaude-Domaines Camus (188 hectares dans le cru des Borderies), l’équipe a fait part de sa fierté : « Soucieux de prendre en considération la préservation de notre environnement, et d’assurer de façon responsable la pérennité de notre vignoble des Borderies et son développement économique, les domaines Camus montrent l’exemple en étant parmi les premiers certifiés. »

Une maison indépendante et des équipes engagées

Sur cette belle base, l’historique maison fondée en 1863, dirigée par la famille Camus depuis cinq générations et par ailleurs récipiendaire en 2017 du label Entreprise du patrimoine vivant, compte déployer très rapidement une démarche d’accompagnement de ses partenaires viticulteurs, « afin de rendre les actions de la filière encore plus efficaces pour l’environnement et plus explicites pour nos concitoyens. » La préservation du patrimoine est au centre du métier de viticulteur, comme le rappelle Elodie Miremont, responsable viticulture durable d’excellence au sein des domaines Camus : « Nous sommes toujours à la recherche d’innovations pour mettre en valeur l’expression de nos terroirs. La certification environnementale Cognac et HVE concrétisent des efforts menés depuis de nombreuses années par l’ensemble de l’équipe. »

2019 sera-t-il un bon millésime ?

Météo extrême, production en baisse mais les raisins sont prometteurs

Chaque millésime est unique. Le dire n’est pas tomber dans la facilité des discours préconçus, surtout quand le savoir-faire vigneron, toujours plus précis, permet de réduire les disparités d’une récolte à l’autre. 2019 n’est pas comparable avec ces dernières années. D’où qu’il vienne, le vin est le combat d’une vigne, depuis la fin de l’hiver jusqu’à la fin de l’été, contre une météo tantôt clémente, tantôt brutale, toujours inédite. Celle de cette année a coupé la France viticole en deux. Dans la Loire et le centre du pays, les vignerons ont eu à lutter avec une sécheresse extrême par sa durée et aberrante pour ses climats. À l’est, dans la partie continentale, les températures caniculaires et les pluies d’orages (40 à 50 mm en deux ou trois jours) ont malmené la vigne jusqu’à conduire, début septembre, à un état des feuilles anormalement vert. Une succession de violences climatiques, puis un changement soudain début septembre, et le retour de la fraîcheur et de l’humidité. Du jamais vu.

Un millésime digne des grandes années

2019 est un millésime de contrastes, comme en témoigne le raccourcissement du cycle végétatif des cépages les plus précoces quand celui des cépages les plus tardifs semble ne plus bouger. Le spectre des maturités s’avance toujours un peu plus tôt dans l’année. La maturité du raisin a subi les accidents de floraison du printemps, où coulure et millerandage ont donné des baies inégalement formées, incapables de mûrir en même temps. Comment estimer une date de vendange quand sur une même grappe une baie atteint sa teneur idéale en sucres tandis que l’autre garde une acidité naturelle encore trop élevée ? Au vu de l’importante épaisseur des pellicules et du peu de jus que cette épaisseur sous-entend, la production totale du vignoble sera en baisse d’au moins 10 ou 15 % par rapport à 2018.

2019 devrait être un beau millésime. Soyons patients et attendons la fin du mois de septembre. Les raisins, de manière générale dans le vignoble, présentent une richesse en sucres digne des grandes années et une belle acidité naturelle. En Bourgogne, le gel de l’hiver dernier a finalement fait moins de dégâts que prévu. Les vendanges des blancs ont commencé avec 15 jours d’avance sur le Bordelais et les pinots noirs devraient être supérieurs au chardonnay. À Bordeaux comme dans le Rhône, on attend les cépages rouges pour la seconde moitié de septembre, avec un potentiel de qualité élevé. La Champagne a déjà débuté ses vendanges. Cépages blancs et cépages noirs y ont atteint à peu près en même temps leur maturité, dans un état sanitaire exemplaire. Le Sud-Ouest, la Loire et le Beaujolais ont davantage souffert des gelées de printemps et des averses de grêles, les amputant ici et là – à Cahors ou à Montlouis-sur-Loire par exemple – d’une partie de la récolte. Un nouveau bon millésime où s’est invité une météo extrême. L’heure pourtant n’est plus à la compréhension mais bien à la protection contre ces extrêmes. Plus que jamais, la filière, par ses interprofessions et ses représentants, avec le concours actif des pouvoirs publics, doit s’organiser face à ces conditions climatiques qui seront peut-être récurrentes.

 

Cet article est paru dans le Journal du Dimanche, daté du 15 septembre 2019.

Vignobles Malartic, une passion mise en image

Comprendre le lien créé par la famille Bonnie entre ses propriétés de Bordeaux et de Mendoza, autour d’une même philosophie de production, c’est tout le propos du film Une passion sans frontière, The best of both worlds signé par l’agence Taylor&Yandell et réalisé de septembre 2018 à mai 2019. C’est-à-dire de l’heure des vendanges dans le grand cru classé de Graves (octobre) à celle de la bodega DiamAndes en Argentine (là, c’est en avril). Deux périodes-clés pour associer les deux continents et partager un peu de l’aventure viticole de la famille Bonnie, débutée il y a un peu plus de vingt ans, quand Alfred et Michele Bonnie sont tombés sous le charme du château Malartic-Lagravière.

Désormais conduits par leurs enfants, Véronique et Jean-Jacques, Malartic-Lagravière, vignoble certifié HVE où règnent agro-écologie et gestion intra-parcellaire, le château Gazin Rocquencourt acquis en 2005 (AOC pessac-léognan également) et la bodega DiamAndes issue de l’aventure andine Clos de los Siete, initiée par Michel Rolland, forment un ensemble de crus dont la vie est suivie de très près par toute la famille. Les échanges entre équipes sont constants et en France comme en Argentine, la feuille de route claire : « rigueur et souci du détail pour laisser s’exprimer au mieux le terroir et l’identité de chaque propriété. » Différents terroirs, mais une même passion. A découvrir sur la chaîne Youtube des vignobles Malartic.

En haut, le cuvier du château Malartic-Lagravière. Ici, la bodega DiamAndes, en Argentine.

Le pépiniériste Lilian Bérillon acquiert 80 hectares de terres

Préoccupé par le dépérissement prématuré des vignobles et un environnement défavorable à une viticulture pérenne, le pépiniériste Lilian Bérillon vient de franchir un grand pas en se portant acquéreur d’une propriété de plus de 80 hectares à Villeneuve-lès-Avignon. Outre le fait de montrer l’exemple (Lilian et ses équipes n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme face à la perte de la biodiversité et considèrent urgent que « les vignerons investissent massivement dans leurs vignobles pour y installer une viticulture durable »), il se dote de l’indépendance indispensable pour livrer aux vignerons un plant d’excellence : « Dans le modèle de pépinière viticole que j’ai mis en place dès 2003, il manquait encore une pièce à mon puzzle : l’autonomie totale. Je souhaite arriver à produire l’intégralité de nos besoins en matière première (greffons et porte-greffes) afin d’atteindre une autonomie complète tout en assurant une traçabilité exemplaire sur la création de nos plants greffés-soudés et racinés. C’est du jamais vu dans une filière où le négoce de plants occupe encore une part importante des transactions. »

Un écrin pour répondre à la viticulture de demain

Sur ces 80 hectares de terres situés sur une une île, environnement protégé qui n’a jamais vu un plant de vigne, des parcelles de porte-greffes palissées et des conservatoires de sélections massales, riches de diversité et dans un état sanitaire exceptionnel, seront implantés dès l’année prochaine. La bâtisse du XVIe siècle abritera quant à elle les nombreux ateliers nécessaires à la création des plants. « Nous disposons désormais d’un écrin à la hauteur de nos très grandes ambitions pour continuer à garantir la livraison d’un matériel végétal exceptionnel au plus grand nombre de viticulteurs. Nous nous apprêtons à écrire une autre page de l’histoire de la pépinière viticole », se réjouit Lilian Bérillon. Outre le projet de faire de ce site exceptionnel un outil de travail unique pour répondre aux besoins et aux efforts du vignoble et les accompagner durablement, l’investissement réalisé par la pépinière permettra aussi de servir de vitrine à ce métier peu connu. Une expérience autour du végétal est d’ores et déjà au programme et des activités annexes devraient vite s’ajouter à ce dispositif événementiel.

A propos de Lilian Bérillon
Une production dont l’intégralité est greffée en fente et traitée à l’eau chaude et un cahier des charges qui va au-delà des exigences règlementaires, voilà qui pourrait résumer la démarche de ce pépiniériste passionné et engagé. La liste des exigences de son protocole est longue (vignes-mère de porte-greffes palissées, tout en bio et biodynamie, aucun négoce de plants) et le positionnement combatif, l’urgence sanitaire n’étant pas forcément comprise par tous. Souvent présent lors de dégustations, « pour prendre la dimension de ce que le vigneron souhaite exprimer à partir de son matériel végétal », c’est la finalité de son travail, le pépiniériste considère son savoir-faire comme la partie cachée de l’iceberg du monde de la viticulture et estime nécessaire d’ouvrir les portes de ce métier au plus grand nombre.