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Lalique et Niepoort, une première

Première collaboration entre l’historique cristallerie française et la célèbre maison de vins de Porto fondée en 1842 par la famille Van der Niepoort (et toujours entre ses mains), la carafe ci-dessus sera mise aux enchères le 3 novembre prochain à Hong Kong par Acker Merrall & Condit, incontournable adresse de l’Upper West Side – à Manhattan depuis 1820 – qui organise chaque mois des ventes enchères (en salle et en ligne). Cette exceptionnelle édition contient l’un des plus anciens vins fins au monde : le tout premier porto créé en 1863 par Francisco Marius van der Niepoort. Elle sera présentée dans un meuble en ébène de Macassar créé par Lalique Maison (photo ci-dessous).

Avec une silhouette qui s’inspire de celle de la bonbonne originale de onze litres qui fut emplie, en 1905, de ce porto millésimé qui a aujourd’hui 155 ans d’âge, ce beau flacon inaugure une série constituée de cinq carafes de cristal, dont chacune sera gravée au nom de l’une des générations de la famille (jusqu’à Dirk van der Niepoort, qui dirige aujourd’hui l’entreprise). Hommage à l’héritage de Niepoort, cette carafe signée et numérotée célèbre aussi celui de Lalique. Elle a été créée grâce à l’un des plus anciens procédés de production du verre, la cire perdue, « une technique apprise et transmise par les générations d’artisans talentueux et toujours utilisée à ce jour dans la manufacture Lalique en Alsace. »

Ruinart et l’art contemporain, la légitimité commence à la cave

Né au siècle des Lumières, en pleine effervescence intellectuelle et artistique, Ruinart en conserve un tempérament résolument avant-gardiste. Et une complicité naturelle avec les artistes. Depuis toujours, la doyenne des maisons champenoises jette des passerelles entre son univers et celui de la création contemporaine. Accueillant régulièrement des artistes en résidence, elle les invite à réinterpréter son patrimoine en laissant aller leur imaginaire comme le champagne laisse s’envoler ses bulles, en toute liberté.

Mucha ouvre le bal en 1895
Tout commence en 1895, lorsque la maison confie à un jeune artiste tchèque encore méconnu, Alphonse Mucha, le soin de dessiner sa première affiche publicitaire. La réclame, une première dans l’histoire de la Champagne, fait sensation et Mucha ne tarde pas à s’affirmer comme le précurseur de l’Art nouveau. Aujourd’hui, Ruinart poursuit son engagement artistique à travers sa participation aux plus grands événements d’art autour du monde (Fiac, Paris Photo, Art Cologne, Dallas Art Fair, Art Basel, entre autres) et par des cartes blanches données chaque année à des talents internationaux, renommés ou émergents. Les œuvres nées de ces collaborations, peintures, sculptures, installations, photographies, pièces de design racontent et réenchantent continuellement son histoire débutée en 1729, son riche patrimoine, la magie de ses crayères gallo-romaines, aujourd’hui classées au patrimoine mondial de l’Unesco, l’excellence de son savoir-faire et de ses cuvées.

Une collection d’œuvres inspirées par l’univers Ruinart
Durant cette dernière décennie se sont ainsi succédé plus d’une dizaine d’artistes. Chacun a posé son regard singulier sur l’univers de la maison, inépuisable source d’inspiration. Parmi les plus récents, l’Ecossaise Georgia Russell a revisité le premier livre de comptes, qui date de 1729, avec une sculpture monumentale (Le Grand Livre, 2014). Pour nous conter le chardonnay, cépage emblématique de la marque, le designer français Hubert Le Gall conçoit en 2015 un calendrier en verre de Murano qui retrace l’évolution du cep de vigne au fil des mois. En 2016, sous l’objectif du photographe hollandais Erwin Olaf, les mille et une marques faites depuis la nuit des temps par l’homme et la nature sur les murs des crayères, encoches taillées par les mineurs, graffitis, aspérités naturelles, sont mises en lumière dans un ensemble de photos en noir et blanc. Après le plasticien catalan Jaume Plensa, invité 2017, Liu Bolin livre cette année une série d’images-performances réalisées lors de ses dix jours de résidence. Marqué « par l’expertise déployée et l’utilisation des ressources naturelles à disposition dans la fabrication du champagne », l’artiste chinois a joué sur l’idée du camouflage. Il s’agissait à la fois de mettre en avant le respect de Ruinart pour la nature et de mieux révéler, en faisant disparaître le corps, les gestes des femmes et des hommes qui créent le champagne : ces artistes de l’ombre qui s’effacent devant l’œuvre finale : une bouteille de Ruinart.

L’art au service du champagne
Pour développer des objets de service, Ruinart fait aussi appel à la patte des plus grands designers. India Mahdavi, Christian Biecher, Patricia Urquiola, Nendo et plus récemment Ron Arad ont laissé leur empreinte artistique, ici sur des bouchons (Cuillère, Fleur, Fil d’or) destinés à préserver l’effervescence de la bouteille de manière aussi somptueuse qu’originale ; là, sur un rafraîchissoir Miroir inspiré de la vasque du Déjeuner d’Huîtres peint en 1735 par Jean-François de Troy ou sur un coffret (réinventé par Nendo). Autant d’objets du quotidien du champagne conçus comme des prolongements artistiques des caves et d’un savoir-faire unique. Transcendé par tous ces imaginaires, plus que jamais ce grand champagne « vient nous dorer le cœur, vient fondre nos cerveaux », comme l’écrivait Edmond Char (dans son poème Champagne !) et nous donne des « frissons nouveaux. »

Par Pascale Cassagnes

Sommellerie, quatre nouveaux MOF

Parmi les neuf candidats arrivés en finale du concours faisant d’eux l’un des meilleurs ouvriers de France en sommellerie, épreuves qui se sont tenues le week-end dernier sous la présidence de Philippe Faure-Brac, quatre sommeliers émérites recevront en mars prochain le titre de MOF – diplôme d’Etat classé depuis 2001 au niveau III de la nomenclature des niveaux de formation – lors d’une cérémonie qui se déroulera à la Sorbonne : Eric Goettelmann (Relais Bernard Loiseau), Jean-Baptiste Klein (La table d’Olivier Nasti), Pascaline Lepeltier (Racines) et Nicolas Vialettes (qui officie au restaurant Le Taillevent auprès d’Antoine Pétrus).

Créé en 1924 et souvent associé aux métiers d’art et d’artisanat, alors qu’il concerne également les métiers du BTP, de l’industrie et de la métallurgie ou encore du multimédia et de l’audiovisuel, le concours distinguant tous les trois ans certains des meilleurs ouvriers de France récompense l’excellence du professionnel : « Tel une vigie, le lauréat (…) véhicule des valeurs sociétales, sociales et de solidarité. » C’est le seul diplôme délivré par l’Éducation nationale dont les critères sont établis par les professionnels eux-mêmes. Le 26e concours “Un des meilleurs ouvriers de France” a accueilli 2 950 candidats, toutes catégories confondues.

La distribution intégrée du groupe EPI

Avec l’acquisition en avril 2017 du domaine Biondi-Santi (Toscane), créateur de l’appellation Brunello di Montalcino, et sa récente prise de participation – à hauteur de 49 % – dans la maison Tardieu-Laurent (Rhône), le groupe EPI poursuit sa stratégie d’investissement dans les grands vins. En toute logique, ses actionnaires ont décidé de confier le renforcement de la présence de ces deux maisons sur le marché français, « au sein des circuits les plus sélectifs », à Charles Heidsieck Sélection, société de distribution de vins et champagnes intégrée au groupe depuis 2014 et témoignant de sa volonté « d’investir à long terme dans les vins et champagnes et de soutenir la montée en gamme et le développement des maisons qu’il intègre à son portefeuille. »

Anciennement nommée CVH, Charles Heidsieck Sélection distribue depuis sa création les champagnes Charles Heidsieck et les vins du château la Verrerie auprès des cafés-hôtels-restaurants et des cavistes. Avec une quarantaine d’agents répartis sur l’ensemble du territoire national, près de 1 500 clients sont servis par cette structure. L’arrivée dans ce portefeuille des vins du domaine fondé par Michel Tardieu en 1996 (vingt-cinq cuvées provenant de dix-sept appellations de la vallée du Rhône et de Bandol) et de l’historique domaine toscan dont les origines remontent au XVIe siècle « s’inscrit parfaitement dans la stratégie de développement de Charles Heidsieck Sélection visant à en faire un acteur de référence de la distribution sélective de vins et champagnes haut de gamme sur le marché français. »

Foires aux vins, notre sélection E. Leclerc

Alors que le gros des enseignes terminent leur foire aux vins, le créateur du concept E. Leclerc démarre la sienne le 2 octobre 2018. Pierre Guigui a dégusté la sélection 2018 et en a retiré quatre coups de cœur assez surprenants.
Cette vidéo est à retrouver sur l’appli Le Grand Tasting, gratuite sur iOS et Android, avec l’ensemble des sélections Foires aux vins 2018.

Le nouveau trésor de Frapin


Nouveau venu dans la collection « Trésors du château Fontpinot » de la maison Frapin, inaugurée il y a une vingtaine d’année avec le millésime 1979, le cognac de 27 ans d’âge visible ci-dessus a fait l’objet d’une édition limitée à 1 300 exemplaires. « Fruit d’une alchimie complexe qui allie terroir unique, savoir-faire ancestral et passion pour l’excellence », cette eau-de-vie longuement vieillie est issue d’une seule année, marquée par un débourrement précoce et un été chaud et sec, et d’un seul vignoble, situé au lieu-dit “Les Gabloteaux”.

Ce dernier est caractérisé par un sol argilo-calcaire et un sous-sol calcaire friable typiques de la Grande Champagne. Toutes choses que l’amateur en visite en Charente pourra constater par lui-même en allant découvrir les terres et l’histoire longue de huit siècles de cette maison familiale qui a vu se succéder vingt-et-une générations. De la distillation artisanale sur lies à la dégustation qui clôt la visite, ce circuit accessible en toute saison sur rendez-vous est proposé en français et en anglais (10 euros par personne, plus de détails ici).

Cognac Frapin, Collection Les Trésors du château Fontpinot,
Millésime 1990 – 27 ans d’âge, 150 euros (prix conseillé)


En photo ci-dessus, les chais n°1 et 2 de la maison de cognac Frapin et le domaine Fontpinot, à l’origine de sa collection de “trésors” millésimés.

Les vins de l’écrivain

Tradition qui a déjà vu la création d’un menu exceptionnel autour des cinq plus grands vins blancs du monde selon Curnonski et permis à de grands amateurs de jouer aux sommeliers (par exemple Pierre Arditi, John Lanchester ou encore Jay McInerney), le menu “Les 5 de” fait son retour au Taillevent cet automne. Cette fois, c’est l’écrivain Yann Quéffelec qui s’est plongé dans l’impressionnant livre de cave du restaurant dirigé par Hervé Fort et Antoine Pétrus pour en extraire une sélection que David Bizet s’est chargé d’accorder de la façon suivante :

Poireau en croûte de sel truffé mimosa de cèpes, essence sauvage poivrée
Domaine Lucien Crochet, Les Amoureuses 2011, sancerre

(servi en magnum)

Pomme de terre et culatello à la crème de truffe blanche
Domaine Cécile Tremblay, chambolle-musigny 1er cru “Les Feusselottes” 2012

Rouget Barbet confit, concentré torréfié, butternut, foie gras
Château Figeac 2012, saint-émilion grand cru

Lièvre à la royale
Château La Conseillante 2010, pomerol

Chocolat crémeux au thé noir, riz soufflé caramélisé et mûres sauvages
Mas Delmas, rivesaltes ambré 2012
(servi en dame-jeanne)

Menu “Les 5 de Yann Quéffelec”, 375 euros (230 euros sans les vins)

Dès le 4 octobre au restaurant Le Taillevent, réservation ici
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Amateur vs. connoisseur


Agence conseil spécialisée dans l’univers du vin, du champagne et des spiritueux, Sowine publie chaque année depuis 2010 un baromètre consacré au rapport des Français avec le vin, dont l’édition 2018 est visible ici. En cette période de foires aux vins, c’est une comparaison entre les consommateurs français et britanniques que publie l’agence, avec des résultats parfois inattendus. Outre le fait que la bière est plus appréciée de ce côté-ci de la Manche, 48 % des Français interrogés la plaçant juste derrière le vin contre 42 % des Britanniques, on y apprend que ces derniers « se considèrent davantage connaisseurs en vin que leurs homologues français (42 % contre 30 %). »

Plus intéressés par le vin (38 % vs 23 %), les consommateurs britanniques ont avec lui un rapport plus décomplexé. Ainsi, ils sont 54 % à penser qu’il faut avoir un minimum de connaissances pour pouvoir apprécier un vin, un chiffre porté à 67 % chez les Français interrogés. Ces derniers n’en restent pas moins des consommateurs plus réguliers, qui privilégient « le calme de la maison tandis que les Britanniques apprécient davantage la convivialité des espaces publics ou des pubs » et montrent un plus fort intérêt pour la gastronomie (52 % des personnes interrogées se déclarant très intéressés par la question contre 44 % outre-Manche).

Enfin, ce comparatif inédit se penche aussi sur les rapports que ces consommateurs entretiennent avec Internet et les réseaux sociaux consacrés aux vins et spiritueux. Parmi les Français interrogés, une personne sur cinq déclare être abonnée contre une personne sur quatre chez nos voisins, mais les Britanniques sont deux fois plus nombreux à y publier leurs photos de dégustations (48 % contre 24 %). Ils sont également 40 % à avoir déjà acheté du vin sur en ligne, contre 29 % des Français interrogés. En revanche, « si les Britanniques achètent davantage sur les sites de grandes distribution (59 %), les Français restent attachés aux sites de producteurs (48 %). »

Et, en toute logique, à l’avis des professionnels :

Les raisins de la renaissance

©Chateau de la Commaraine

Pour tourner la page de quinze années sans vinification, l’équipe du domaine du château de la Commaraine a donné à la récolte 2018 des raisins de son clos de 3,75 hectares le nom de « vendanges de la renaissance. » Au cœur de cette propriété historique de Pommard qui est actuellement en pleine mue, tant sur le plan viticole que d’un point de vue patrimonial (nous vous en avions parlé ici), un travail minutieux d’analyse des sols par résonances électromagnétiques et de recensement du matériel végétal a été effectué, avec pour conséquence l’individualisation de huit parcelles, une division dont le bien-fondé a été confirmé avant la vendange par des analyses de maturité.

« L’état sanitaire des raisins était parfait et nous a donné la faculté de vendanger chaque parcelle à des dates optimales sur une période de sept jours, en fonction de leur maturité. L’équilibre général des raisins vendangés était très satisfaisant, même si en raison d’un été caniculaire l’acidité était un peu inférieure à nos souhaits. Les volumes récoltés furent un peu supérieurs à ceux attendus », précise Jean-Luc Vitoux, directeur général de ce domaine actuellement en cours de conversion bio dont la vigne est soignée avec exigence par les mêmes ouvriers viticoles depuis des décennies (travail des sols précis, ébourgeonnage sévère, coupe des entrecœurs et vendange en vert).

©Chateau de la Commaraine

©Chateau de la Commaraine

La nouvelle recrue de Piper-Heidsieck

La très récompensée maison Piper-Heidsieck accueille un nouveau chef de cave en la personne d’Émilien Boutillat, jusqu’alors en charge des champagnes Cattier et Armand de Brignac. Décrit comme l’un des talents les plus prometteurs de la Champagne et un trait d’union entre le terroir et le monde (présent dans plus de cent pays, Piper-Heidsieck réalise plus de 85 % de son chiffre d’affaires à l’export), ce fils de vigneron champenois est doté d’une double formation d’œnologue et d’ingénieur agronome et d’un solide bagage international (Afrique du Sud, Chili, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande). C’est également, précise Benoit Collard, directeur exécutif Piper-Heidsieck, un « admirateur des partis-pris œnologiques de Régis Camus », figure tutélaire de la maison qui “écrit” ses champagnes depuis plus de vingt ans.

« Expertise technique, réussites avérées en matière de cuvées haut de gamme, sensibilité aux enjeux de la viticulture responsable, proximité évidente avec sa génération, expériences internationales, connaissance du terroir champenois et des vins du reste du monde, ce trentenaire réunit les qualités indispensables à la perpétuation du style Piper-Heidsieck. » Parmi les missions de ce nouveau chef de cave figure aussi celle d’inciter l’ensemble des partenaires vignerons de Piper-Heidsieck à s’engager plus avant dans le défi d’une viticulture durable et à généraliser les pratiques toujours plus respectueuses de l’environnement que la maison a déjà mises en œuvre sur ses vignobles doublement certifiés Haute valeur environnementale (HVE) et Viticulture durable en Champagne (VDC).