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Hospices de Beaune : malgré la baisse, 2e vente historique après 2015

Un millésime 2016 « bien dans ses peaux », sont les mots justes de Ludivine Griveau, régisseur du domaine des Hospices de Beaune, pour qualifier la qualité des 47 cuvées mises aux enchères par Christie’s en ce troisième dimanche de novembre 2016.
Pourtant le moral des viticulteurs bourguignons a été durement éprouvé cette année, avec des pluies intenses au printemps favorisant une pression historique du mildiou, un épisode de gelée noire le 27 avril touchant de façon très hétérogène toute la Bourgogne et la grêle frappant à deux reprises le Mâconnais ainsi que le Chablisien. Heureusement un bel été a réparé certaines blessures, avec en août et septembre quelques précipitations tombées à point nommé pour la vigne et un mois de septembre plutôt clément, permettant de récolter les raisins de la première des 117 parcelles des Hospices, dès le 19 septembre à Pouilly-Fuissé.

Au final, ce sont 596 pièces et deux feuillettes mises à la vente, dont 126 en blanc et 470 en rouge, (21 de plus qu’en 2015). Les rouges sont d’une intensité colorante plutôt remarquable obtenue avec des cuvaisons assez courtes, les blancs ont mis plus de temps à mûrir et présentent des niveaux d’acidité intéressants et de beaux équilibres.

Nos cuvées favorites :
• Savigny-les-Beaune 1er cru Les Vergelesses, cuvée Forneret : très droit, finale délicate.
• Auxey-Duresses 1er cru les Duresses, cuvée Boillot : puissant, fin et large avec une pointe minérale en finale.
• Beaune 1er cru, cuvée Brunet : floral et léger, il a l’élégance des beaune.
• Beaune 1er cru clos des Avaux : intense et coloré avec du gras, complet.
• Beaune 1er cru Dames Hospitalières : séducteur aux arômes de tabac et de cigare.
• Beaune 1er cru Guigone de Salins : il évoque la ronce, les mûres, le cynorhodon.
• Volnay 1er cru, Blondeau : très élégant, soyeux, franc, une belle matière.
• Pommard 1er cru dames de la Charité : une élégance verticale, droit et aérien.
• Corton Grand Cru, Charlotte Dumay : pinot très élégant, des tannins évoquant la soie sauvage et le poivre blanc en finale.
• Clos de la Roche Grand Cru, Cyrot Chaudron : fraîcheur de son terroir, mentholé en finale, puissance de la Côte de Nuits.
• Mazis-Chambertin Grand Cru, Madeleine Collignon : très élégant, force et délicatesse.
• Meursault Genevrières 1er cru, Baudot : vibrant et élégant.

Même si on peut penser que les prix d’adjudication des pièces vendues chaque année sont une sorte de baromètre des futures transactions dans le vignoble, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit avant tout d’une des ventes de charité les plus anciennes, qui permet de financer l’Hôpital de Beaune et de garder un service hospitalier de proximité autofinancé.

Avant d’entamer la vente, un hommage a été rendu à Antoine Jacquet, directeur des Hospices récemment décédé d’une crise cardiaque au cours d’un voyage en Chine, alors qu’il faisait la promotion des vins aux côtés de Christie’s.
Chaque année une pièce de charité est mise aux enchères au profit d’associations, cette année le Corton Bressandes, au profit des fondations Cœur & Recherche – sur les maladies cardio-vasculaires – parrainée par la pétillante pianiste Kathia Buniatishvili et l’actrice Virginie Ledoyen et ARC Fondation – pour les recherches sur le cancer – sous le parrainage du réalisateur Claude Lelouch et de l’actrice Valérie Bonneton. La pièce a été adjugée à 200 000 euros à deux co-acheteurs, Mme Yan Hong Cao, amoureuse des vins de Bourgogne et Jean-Claude Bernard, hôtelier beaunois.

Les ventes ont baissé cette année de 26,36 % en moyenne, avec -23,26% sur les rouges et -35,94% sur les blancs, totalisant quand même la jolie somme de 7 754 000 euros, ce qui en fait tout de même la 2e vente historique après celle de 2015. Cette chute peut paraître un peu brutale, mais elle est un réajustement nécessaire d’une flambée des prix qui frôlait parfois avec l’irraisonnable.

Comme chaque année, le BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) a communiqué sur les deux derniers millésimes récoltés, le positionnement des vins de Bourgogne sur les marchés ainsi que sur les projets et travaux en cours menés par le négoce et les producteurs.

En écho aux aléas climatiques extrêmes de 2016 et des années précédentes, un travail de fond est mené pour étendre le réseau anti-grêle à l’ensemble du vignoble bourguignon avec les diffuseurs de granions d’argent, la poursuite de l’étude des filets de protection et contre le gel, la mise en place de chaufferettes ailleurs que dans le chablisien.
Des audits sont proposés aux exploitations viticoles qui traversent des difficultés économiques importantes (140 déclarées à ce jour, mais sans doute davantage) et une réflexion est menée pour étendre la proportionnalisation du montant des fermages à la récolte, au-delà de la seule Côte d’Or.
Pour une échéance à moyen et long terme, des études sont menées par l’interprofession et les scientifiques pour comprendre les raisons de l’affaiblissement prématuré de la vigne, sensible aux maladies du bois, pouvant entraîner une perte de 5 hectolitres à l’hectare dans un avenir très proche si des réflexions ne sont pas menées sur le clonage et la sélection massale.

La Bourgogne est confiante dans sa filière de distribution avec la mise en marché de vins qualitatifs associant même le Beaujolais dans sa promotion, en fusionnant les Grandes Maisons de Bourgogne et du Beaujolais au travers de l’Union des Maisons de Vins de la Grande Bourgogne. Une démarche positive à souligner, si toutefois les marchés devaient subir une quelconque hausse des prix liée au Brexit ou à l’élection de Donald Trump (lui-même propriétaire de vignobles en Virginie).

Avec cette vente, les amateurs français salueront ce retour des cours à un peu plus de raison. Il était ainsi possible d’acquérir des barriques de beaux premiers crus cette année à moins de 30 euros la bouteille. Il faut certes ajouter les frais d’adjudication et d’élevage mais ce prix inclut une action caritative. Certes l’unité d’achat est la barrique, près de 300 bouteilles mais n’est-ce pas une excellente occasion de fédérer ses amis autour d’un sympathique projet commun ?

Marie-Antoinette de Szczypiorski

EN MAGNUM, voilà le numéro 6. Quoi, déjà ?

Oui, déjà près de 18 mois d’existence pour le magazine de Bettane+Desseauve au succès duquel j’ai le plaisir de contribuer. Après des débuts chaotiques – comme souvent – le magazine a trouvé un tempo qui nous ressemble.
Le 6, donc.

Au premier regard, on comprend que Noël approche, le magnum de R.D. 1973 dans la neige, le doré sur la Une, le doute n’est pas permis. Une grande dégustation de liquoreux est aussi une preuve de fêtes à venir surtout quand elle est agrémentée d’un grand papier de Michel Bettane sur la pourriture noble dont je recommande la lecture attentive à chacun de nos lecteurs qui veut s’endormir chaque soir plus intelligent qu’il ne s’est levé.

Lire la suite ici sur le blog bonvivant

Trilogie Palmes d’Or, une luxueuse dégustation

Proposition exclusive de la marque Nicolas Feuillatte d’organiser pour vous un dîner familial ou professionnel pour dix personnes autour de trois millésimes de sa cuvée icône (offre disponible autour des villes de Caen, Lille, Paris, Lyon, Nice et Bordeaux), l’expérience de dégustation « Trilogie Palmes d’Or » a été imaginée par Guillaume Roffiaen (photo), le directeur de l’œnologie du Centre vinicole-Champagne Nicolas Feuillatte. Ci-dessous, il donne plus de détail sur ces dîners façonnés par la sensibilité et l’imagination d’une « sélection de jeunes chefs talentueux » et conçus pour sublimer les millésimes 1998, 1999 et 2000 de la cuvée Palmes d’Or. Assemblage d’une douzaine de vins, dont une majorité classés en grands crus (Chouilly, Cramant, Oger, Le Mesnil-sur-Oger, Avize et Montgueux pour le chardonnay, Bouzy, Verzy, Verzenay, Aÿ et Ambonnay pour le pinot noir), ce champagne vieillit en moyenne dix ans dans les caves de Nicolas Feuillatte.

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Faut-il forcément être un grand amateur pour apprécier cette proposition ?
Pas seulement. Elle s’adresse aux gourmets, aux hédonistes qui veulent vivre une expérience culinaire inédite, où l’émotion, le plaisir et le partage sont prédominants. Le cadre de cette expérience, un chef à domicile, s’est très vite imposé à notre esprit. Il permettait de magnifier Palmes d’Or grâce à ces repas spécialement élaborés par les chefs de La Belle Assiette et de favoriser l’échange et le partage entre le chef et les invités.

Un repas tout champagne autour de votre cuvée de prestige, l’exercice est pointu.
Cela a été notre belle surprise dans l’élaboration de cette expérience. Lors de nos rendez-vous avec les chefs, ceux-ci ont été très vite inspirés par les différentes expressions de la cuvée que sont 1998, 1999 et 2000. Nous avons laissé libre cours à leur créativité et nous avons été instantanément convaincus par leurs propositions. Chacun a imaginé un menu en adéquation avec les notes dominantes des trois cuvées. Les recettes sont pensées pour mettre en valeur les qualités organoleptiques des trois millésimes.

A ce propos, pourquoi avez-vous souhaité présenter trois millésimes successifs ?
Parce que c’est une rareté en champagne. Nous avons donc cherché un moyen de mettre en valeur cette exception grâce à cette expérience au cours de laquelle nous présentons les millésimes en magnum, contenant d’exception qui favorise une évolution harmonieuse des vins.

Quelle est votre meilleure “expérience” avec Palmes d’Or ?
La dégustation d’une verticale de dix millésimes qui a présidé à l’élaboration de la cuvée Audace célébrant le 40e anniversaire de la marque Nicolas Feuillatte. Un grand moment d’émotion au service d’un champagne rare venu enrichir notre oenothèque. Et qui n’est disponible qu’en jéroboams.

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« Trilogie Palmes d’Or »
Expérience exclusivement commercialisée ici et limitée à l’organisation de 100 dîners.
Tarif pour 10 personnes : 1 500 euros

En direct du chai

Avant de découvrir les vins de Pédesclaux (Pauillac) lors du Grand Tasting qui se tiendra vendredi et samedi à Paris, suivez le parcours des raisins qui naissent sur ce terroir classé grand cru en 1855. Ici, la récolte est accueillie dans un chai futuriste, une « prouesse architecturale et technologique » dont tout le potentiel de respect du raisin s’exprime en ce moment même. En images et en quatre points, voici le détail transmis par la propriété des spécificités de cet « outil de pointe » conçu pour sublimer le travail effectué à la vigne.

Cueillis, et conservés au froid

chateaupedesclaux_raisins« Sitôt vendangés, nos raisins sont placés dans des cagettes de faible contenance, afin de préserver tout leur potentiel, et partent tous pour 24 h en chambre froide afin d’optimiser la diffusion de la couleur et des arômes dans le moût et débuter l’extraction de la manière la plus douce possible. Cela nous permet également de choisir la cuve parfaitement adaptée au volume de la parcelle. »

Un tri minutieux de la récolte

chateaupedesclaux_tri« Après un premier tri effectué par les vendangeurs, un deuxième s’opère sur grappes avant que les raisins ne soient triés une troisième fois, sur une table vibrante, et descendus, par gravité, dans des cuves séparées pour préserver l’identité de nos parcelles. »

100 % parcellaire

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« Nous disposons de 58 cuves tronconiques à double compartiment. Elles sont idéales pour la vinification parcellaire, et permettent d’enrichir la palette de goûts et d’expressions lors de l’assemblage. Intéressant, car nous possédons une grande variété de terroirs sur l’ensemble de l’appellation. Tout a été pensé pour préserver les qualités originelles du raisin, sans la moindre pompe. »

100 % gravitaire


« A aucun moment il n’est fait usage d’une pompe, de l’arrivée du raisin dans le chai jusqu’à la mise en bouteille. Les transferts se réalisent par gravité, grâce au dénivelé naturel du terrain et grâce à l’utilisation de quatre cuves ascenseurs de quatre tonnes chacune. »

2016 : un millésime hors du commun

« Fruit d’une campagne viticole tendue, caractérisée par deux périodes successives de précipitation et de sécheresse très marquées, 2016 est un millésime exceptionnel à bien des égards, avec un potentiel énorme. Les vins issus de ce millésime généreux nous rappellent ceux de 1990, grand classique bordelais. Ils sont très bien construits. Les merlots sont denses, d’une couleur profonde. Leur générosité et leur niveau d’alcool sont parfaitement équilibrés avec une acidité saillante, présageant d’un superbe potentiel de vieillissement. Les cabernets-sauvignons sont racés, construits sur la longueur et la tension. Les cabernets francs ont beaucoup d’âme, exprimant une palette aromatique complexe, nous faisant penser qu’ils rentreront très probablement dans l’assemblage du grand vin. Les petits verdots quant à eux sont très tramés, puissants et épicés. »

La Bourgogne se mobilise

La 156e édition de la célèbre vente des vins du domaine des Hospices qui s’est tenue hier à Beaune a fourni l’occasion de faire connaître plus amplement la mobilisation en cours au sujet de l’installation d’une usine de production de bitume près du vignoble de Chablis. Son objectif est « d’obtenir plus d’information » sur ce projet et la page facebook qui s’en fait le relais et dont sont issues les infos ci-dessous s’appelle « Pas de bitume dans mon Chablis ».

« Afin de fournir le chantier d’élargissement de l’A6, l’installation d’une usine de production de bitume est envisagée sur la commune de Saint-Cyr-les-Colons, soit à quelques kilomètres seulement des vignobles de Chablis, Saint Bris le Vineux, Irancy, Chitry et des Côtes d’Auxerre. 


Durée d’exploitation : 25 ans. 

Capacité de production : 500 tonnes de bitume/heure.

Superficie du site : 6,7 hectares, avec une cheminée de 13 mètres de haut.

Quels seraient les impacts de cette usine sur l’environnement, sur la santé, sur le paysage, sur l’économie ? Pas de bitume dans mon Chablis vise à soutenir les démarches déjà engagées par les organismes de défense des appellations concernées afin d’obtenir plus d’informations sur les conséquences de cette installation. »

Et le producteur de l’année est une coopérative

Mercredi dernier à Londres, le traditionnel dîner d’annonce des résultats de l’International Wine & Spirit Competition créée en 1969 a vu le jury décerner le prix du producteur de l’année 2016 à La Chablisienne (French Wine Producer of the Year). Née en 1923, cette coopérative emblématique de l’appellation chablis et productrice d’une trentaine de cuvées réalise ici un beau doublé dans la reconnaissance du « travail minutieux des équipes et vignerons qui font l’excellence et la qualité des vins de La Chablisienne », son œnologue Vincent Bartement ayant été nommé White Winemaker of the Year 2016 en juillet dernier lors d’une autre compétition d’envergure, l’International Wine Challenge.

Le Taittinger, 50 ans de haute gastronomie

C’est dans le magnifique cadre du palais Garnier que s’est déroulée la cinquantième édition du prix culinaire Le Taittinger, une session dédiée au premier de ses récipiendaires, le chef Michel Comby, alors en poste chez Lucas Carton. En 1967, c’est avec son Turbotin soufflé, mousseline de homard que la maison inaugurait le prix culinaire international qu’elle venait de lancer. Cette année, c’est autour de cette recette qu’elle a décidé de fêter les cinquante années d’existence de ce concours saluant l’excellence et un très haut niveau de savoir-faire qui fera bientôt l’objet d’un livre.
 
Placée sous la présidence d’honneur du vainqueur de 1970, Joël Robuchon, cette édition anniversaire avait donc pour thème : « Pour huit personnes, hommage à Michel Comby, premier lauréat du prix culinaire, sur l’esprit d’un Turbot à la Nantua. » Les candidats ont également travaillé sur une recette imposée (Tarte à l’orange). Présidé par Emmanuel Renault, le jury composé de quatorze chefs de renommée internationale* a jugé les prestations de chacun et Amandine Chaignot, chef du Rosewood à Londres et l’une des rares femmes avoir tenté “Le Taittinger”, a remis leurs prix aux lauréats.

Le chef français Julien Richard, premier sous-chef des cuisines de l’Île des Embiez, a été récompensé pour avoir réalisé un plat « à la beauté époustouflante, au goût parfait » qui a suscité les exclamations du jury

Le chef Julien Richard, vainqueur du prix Taittinger 2016. Photo Jean-Baptiste Delerue
Le chef Julien Richard, vainqueur du prix Taittinger 2016. Photo Jean-Baptiste Delerue

Devant un parterre d’invités qui réunissait entre autres trente-cinq des lauréats de ce prix, la médaille du Taittinger a été remise à Julien Richard par Paul Belmondo, petit-fils du sculpteur qui l’a signée il y a cinquante ans de cela. A ses côtés sur le podium, Nicolas Hensinger (Taverne du Mont d’Arbois, Megève) et Kenji Yoshimoto (Hôtel Intercontinental Tokyo Bay). Cet hommage rendu à la gastronomie a été accompagné par des voix d’artistes « choisis avec cœur » qui ont interprété des mélodies d’amour issues des répertoires lyriques et populaires et par des cuvées de Comtes de Champagne blanc de blancs et rosé millésimées 2006, année du rachat de la maison Taittinger par Pierre-Emmanuel Taittinger.

* Jean-Paul Bostoen, Auberge de l’Ill (Alsace) ; Gérard Boyer, ancien chef du restaurant Les Crayères (Reims) ; Michel Comby, premier lauréat du prix culinaire international Taittinger ; Stéphane Décotterd, Le Pont de Brent (Suisse) ; Guillaume Gomez, chef de l’Elysée ; Hiroshi Hojita, Mange Tout (Tokyo) ; Arnaud Lallement, L’Assiette Champenoise (Reims) ; Stéphanie Le Quellec, Prince de Galles (Paris) ; Christian Le Squer, Georges V (Paris) ; Régis Marcon, restaurant Régis & Jacques Marcon (Saint-Bonnet-le-Froid) ; Pierre Résimont, L’Eau Vive (Belgique) ; Michel Roth, Président Wilson (Genève) ; Michel Roux, Gavroche (Londres) ; Ulf Wagner, Sjömagasinet (Suède).

Hospices de Beaune, les 47 cuvées


Les pièces de vin issues de la récolte 2016 du domaine des Hospices de Beaune seront traditionnellement mises aux enchères ce dimanche et, comme chaque année depuis 1945, le fruit de la vente de la “pièce du président” sera reversée à des œuvres caritatives.



C’est sous le marteau de la maison Christie’s et sous la présidence de Madame Virginie Ledoyen, Madame Khatia Buniatishvili, Madame Valérie Bonneton et Monsieur Claude Lelouch que seront dispersées les cuvées listées ci-dessous, issues d’un millésime compliqué dont la conséquence est un très faible volume de récolte. Pour la seconde année consécutive, un seul chablis sera proposé (le premier cru “Côte de Léchet” – Cuvée Jean-Marc Brocard) et ce en très petite quantité : 342 litres, soit l’équivalent de 450 bouteilles. Julien Brocard explique que « ce très faible volume, qui constitue un record historique, est le reflet de la dure réalité du millésime 2016 sur Chablis. Dans le passé, d’autres millésimes sur d’autres appellations bourguignonnes ont marqué l’histoire de la vente des Hospices de Beaune. Mais on retiendra sans doute que cette année, Chablis a été cruellement meurtri dans sa chair. La nature est ainsi, mais nous nous en serions bien passé. »

Le consultant du département vin de Christie’s et Master of Wine Jasper Morris, précise que la cuvée de pouilly-fuissé des Hospices a été épargnée. « La grêle s’est abattue dans le Mâconnais, ainsi qu’à Chablis, la Côte d’Or a cependant largement été épargnée par ce fléau. Pourtant, la matinée du 27 avril a changé la donne. Une nuit sans nuages a fait chuter la température en dessous de zéro, pas de beaucoup, mais assez pour avoir l’effet d’un vrai gel hivernal plutôt qu’une petite gelée de printemps. Une grande partie du vignoble a été affectée, dont beaucoup de vignes dans la prestigieuse côte de Nuits. Mais c’est la côte de Beaune qui a subi le pire , principalement Savigny-lès-Beaune et une partie de Pommard, Beaune et Meursault. » Nous avons reproduit ici dans son intégralité l’histoire de ce millésime 2016 racontée par Ludivine Griveau, régisseuse du domaine des Hospices depuis janvier 2015.

Les 32 cuvées de vin rouge :

Auxey-duresses 1er cru “Les Duresses” – Cuvée Boillot

Beaune 1er cru – Cuvée Brunet
Beaune 1er cru – Clos des Avaux
Beaune 1er cru – Cuvée Cyrot Chaudron

Beaune 1er cru – Cuvée Dames Hospitalières
Beaune 1er cru – Cuvée Guigone de Salins
Beaune 1er cru – Cuvée Hugues et Louis Bétault
Beaune 1er cru – Cuvée Maurice Drouhin 

Beaune 1er cru – Cuvée Nicolas Rolin

Beaune 1er cru – Cuvée Rousseau Deslandes
Beaune 1er cru “Les Grèves” – Cuvée Pierre FLoquet
Clos-de-la-roche grand cru – Cuvée Cyrot Chaudron

Clos-de-la-roche grand cru – Cuvée Georges Kritter
Corton grand cru – Cuvée Charlotte Dumay
Corton grand cru “Clos du Roi”- Cuvée Baronne du Bay
Corton grand cru – Cuvée Cuvée Docteur Peste
Echezeaux grand cru – Cuvée Jean-Luc Bissey

Mazis-chambertin grand cru – Cuvée Madeleine Collignon

Monthélie 1er cru “Les Duresses” – Cuvée Lebelin
Pernand-vergelesses 1er cru “Les Vergelesses” – Cuvée Rameau Lamarosse
Pommard – Cuvée Billardet
Pommard 1er cru – Cuvée Dames de la Charité
Pommard – Cuvée Raymond Cyrot

Pommard – Cuvée Suzanne Chaudron
Pommard 1er cru “Les Epenots” – Cuvée Dom Gobelet
Santenay – Cuvée Christine Friedberg
Savigny-lès-beaune 1er cru “Les Vergelesses” – Cuvée Forneret
Savigny-lès-beaune 1er cru – Cuvée Fouquerand
Volnay 1er cru – Cuvée Blondeau
Volnay 1er cru- Cuvée Général Muteau
Volnay 1er cru “Les Santenots” – Cuvée Gauvain
Volnay 1er cru “Les Santenots” – Cuvée Jehan de Massol

Les 15 cuvées de vin blanc :
Bâtard-montrachet grand cru – Cuvée Dames de Flandres

Beaune 1er cru “Les Montrevenots” – Cuvée Suzanne et Raymond
Chablis 1er cru “Côte de Léchet”- Cuvée Jean-Marc Brocard
Corton grand cru – Cuvée Docteur Peste
Corton-charlemagne grand cru – Cuvée François de Salins
Corton-charlemagne grand cru – Cuvée du Roi Soleil
Corton grand cru “Les Vergennes” – Cuvée Paul Chanson
Meursault 1er cru “ Les Charmes”- Cuvée Albert Griveau
Meursault 1er cru “Les Charmes” – Cuvée De Bahèzre de Lanlay
Meursault 1er cru “Les Genevrières” – Cuvée Baudot
Meursault 1er cru “Les Genevrières” – Cuvée Philippe Le Bon
Meursault 1er cru “Les Porusots” – Cuvée Jehan Humblot
Meursault – Cuvée Loppin
Pouilly-fuissé – Cuvée Françoise Poisard
Saint-romain – Cuvée Joseph Menault

Enfin, la pièce du président de cette 156e vente des Hospices de Beaune (à laquelle on pourra assister en direct sur France 3 Bourgogne via ce lien) est un assemblage unique des parcelles de l’appellation corton grand cru “Les Bressandes” de la Cuvée Charlotte Dumay, dont les « magnifiques raisins » ont été vinifiés à part. Il sera vendu au profit des deux associations retenues cette année : la Fondation Cœur & Recherche, soutien de la recherche cardiovasculaire et la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer.

Domaine des Hospices de Beaune, le millésime 2016


Pour se faire une idée juste de ce qui sera proposé aux enchères à Beaune ce dimanche (et aussi de ce qu’est la vie d’un vigneron), voici l’histoire de cette année 2016 racontée par Ludivine Griveau, en charge depuis janvier 2015 des 60 hectares du domaine des Hospices, dont 50 hectares sont consacrés au pinot et 10 au chardonnay et dont 85 % des vignes sont en premier ou en grand cru. Le titre de ce texte est Un millésime “bien dans ses peaux”.

La météo

L’hiver 2015-2016 en Bourgogne a été plutôt doux avec des températures majoritairement au-dessus des moyennes de saison. Les températures sont douces, à tel point qu’on a, ici ou là, des amandiers en fleurs fin février. Le printemps est long à s’installer, malgré un début du mois de mars assez clément. Le manque de froid n’est pas en lien avec les pluies qui sont souvent intenses, fréquentes et de courte durée. La suite du printemps ne remontera pas la moyenne. Avril est plus froid et moins ensoleillé, jusqu’au 27 : épisode de gelée sans précédent qui touche quasiment toute la Bourgogne. A cette date, le paysage commençait tout juste à changer et certaines feuilles étaient déjà bien étalées. Les “saints de glace” sont alors attendus et redoutés. Finalement, les températures remontent significativement courant mai et la pluviométrie avec. Entre avril et fin juin, les excédents de pluie frôlent les 90 % et les ensoleillements sont déficitaires sur tout le paysage bourguignon.

Le Mâconnais subit la grêle à deux reprises. Chablis n’est pas épargné plus tard en saison. A ce stade de l’année, le niveau d’avancée de 2016 se situe dans la moyenne plutôt « tardive » de ces 10 dernières années. La végétation a connu un développement totalement irrégulier durant les premières semaines de mai et juin : la pousse était très variable d’une vigne à l’autre selon l’intensité avec laquelle le gel avait frappé. Les quantités de fruits sont incertaines et la météo sur la fleur sera décisive. Il faut attendre juillet pour que l’été arrive et s’installe, sous un soleil radieux. Les températures estivales seront supérieures à la moyenne de saison. Et la vigne témoigne encore d’une résistance incroyable… Comme en 2015, durant les mois d’été, la pluie n’est pas tombée très souvent, et parfois même seulement quelques millimètres. La Bourgogne se réjouit ainsi de revivre un été chaud et ensoleillé car il faut admettre que le printemps assez « chaotique » a marqué les esprits.

Août a été dans la moyenne avec peu de précipitations et qui sont arrivées au bon moment pour les besoins de la vigne. Septembre est dans la lignée de cet été chaud et voit lui aussi sa moyenne à 2°C au-delà des normales de saison. Chaque millésime portant sa propre histoire, les décisions de dates de récolte s’annoncent difficiles et décisives. C’est hétérogène d’une vigne à l’autre, les habitudes sont bousculées quant aux ordres de récolte connus jusqu’alors, le pinot noir galope alors que le chardonnay se dore lentement… Plus que jamais, les contrôles de maturité et la dégustation des baies sont indispensables. Nous avons fait le choix de les mener sur l’intégralité du domaine, 117 parcelles. Tout début septembre, nous débutons nos contrôles de maturité, la récolte est saine, les chardonnays semblent un peu en retard sur le pinot noir, ce qui mérite d’être souligné.

L’état sanitaire est vraiment superbe, la météo annoncée plus que clémente, nous avons le temps de récolter des raisins à parfaite maturité. C’est le 19 septembre pour notre pouilly-fuissé et le 20 septembre en Côte de Beaune, que nous avons récolté nos premiers raisins de pinot noir. Dans le même temps, les contrôles de maturité sur les chardonnays continuent. Les tous premiers arriveront en cuverie le 26 septembre. Tous les raisins, ont bien entendu été passés sur table de tri. Nous avons pu constater que la récolte était un peu plus abondante que prévu (sauf secteurs gelés). Autre fait marquant, ce que la dégustation des baies de pinot noir et des pellicules nous laissaient entrevoir s’est confirmé : les raisins sont extrêmement savoureux, les tanins des pellicules sont souples et agréables, la couleur semble bien s’extraire. C’est donc avec un millésime bien « dans ses peaux » que nos vinifications ont débuté tambour battant !

Le cycle végétatif

Les premières pointes vertes s’observent dans la première décade d’avril. Le gel du 27 avril ralentit, voire bloque, la pousse pendant parfois de nombreuses semaines. La vigne doit se remettre tout doucement. Le temps fait son oeuvre… Mi-mai, la végétation reprend irrégulièrement son cycle végétatif. Ainsi, vers le 15 de belles feuilles étalées (ré) apparaissent. La grande irrégularité des températures de mai et juin va engendrer une floraison irrégulière d’un secteur à l’autre, mais les plages de beau temps sont au bon moment pour que la fleur se passe en 8 à 10 jours. Sur les secteurs gelés, nous sommes prudents sur les ébourgeonnages/dédoublages car déjà, la sortie de fruit en elle-même semble peu abondante. Les vignes non gelées en revanche révèlent une belle sortie de fruits donc elles sont conduites comme à notre habitude : avec dédoublage et ébourgeonnage préalables. Il faut attendre mi-juillet pour la fermeture de la grappe. Comme l’an passé, les journées sont chaudes et sèches, il y a du vent, les décisions d’effeuillage sont donc prises avec parcimonie.

On note en effet des zones de grillure sans même avoir ôté une feuille. Nous en connaitrons tout de même un peu mais bien moins que ce que nous aurions pu craindre. La vigne résiste de façon incroyable. Au niveau de la pression des maladies cryptogamiques, c’est le mildiou qui a donné le plus de fil à retordre cette année, la pression est dite « historique ». La météo et les observations parcellaires nous guident dans les décisions des cadences de traitement. Les fortes pluies ne nous facilitent pas la tâche car il est parfois difficile de rentrer dans les parcelles. Les choses s’arrangent dès juillet, pari gagné, nous n’avons pas eu de mildiou sur grappes. Le feuillage, bien sain, aura alors permis une photosynthèse intense et régulière aussi bien sur le pinot noir que sur le chardonnay, permettant aux duex cépages de gagner en maturité et en concentration de façon importante. Ainsi, le stade 100 % véraison est atteint début septembre. L’état du feuillage est excellent. Aucune parcelle n’a « décroché », et la fin de la maturation peut s’envisager sereinement.

Les vins


Les blancs : 
A ce stade, nous avons des vins savoureux, aux arômes de fruits blancs. Ils fermentent encore aux gré des levures naturelles. Ils sont toniques et les acidités sont restées naturelles. Les terroirs semblent bien respectés.

Les rouges : 
Les robes sont plutôt profondes, et aux belles nuances pourpres. Le niveau d’acidité est satisfaisant et celui des tannins très soyeux avec beaucoup de rondeur. Ainsi, la macération a été conduite de façon à extraire en douceur les tannins tout en respectant la richesse du fruité. En ce début d’élevage, on retrouve beaucoup d’arômes intenses de fruits rouges frais (fraise, mûre, framboise) et des tannins présents que l’élevage en fût contribuera à rehausser.

Ce sont ces vins, 47 cuvées au total, qui seront proposées aux enchères ce 20 novembre par la maison Christie’s lors de la traditionnelle vente des vins des Hospices de Beaune, la 156e du genre. La récolte 2016 permet aux Hospices de proposer 596 pièces (tonneau de 228 litres), dont 126 pièces de vin blanc et 470 pièces de vin rouge. Toutes les cuvées sont le résultat de l’assemblage de différents climats, « ce qui contribue à créer l’originalité des vins du domaine viticole des Hospices » et chaque cuvée porte le nom d’un bienfaiteur des Hospices ou du donateur historique de la vigne. Plus de renseignements ici.

Louis XIII, roi des enchères

Célèbre assemblage de la maison Rémy Martin, qui contient jusqu’à 1 200 eaux-de vie (la plus jeune d’entre elles ayant au minimum 40 ans d’âge) et témoigne du travail sur 100 ans de quatre générations de maîtres de chai, le cognac Louis XIII a fait l’objet d’éditions exclusives créées par les maisons Hermès, Puiforcat et Saint-Louis. Chacune de ces carafes de collection a été successivement mise aux enchères par la maison Sotheby’s, à New York, à Hong Kong et à Londres, dans le but de récolter des fonds pour la fondation dédiée à la restauration et à la préservation du patrimoine cinématographique mondial créée par Martin Scorsese. Un choix que Ludovic du Plessis, le directeur de Louis XIII à l’international, définit comme un soutien à « l’expertise nécessaire à la création d’un chef d’œuvre et à la préservation du savoir-faire à travers les siècles. »

En septembre, l’édition américaine a généré un record d’adjudication pour une carafe Louis XIII, record surpassé dès le mois suivant lors de la vente qui s’est tenue à Hong Kong. Ultime étape de cette odyssée, la vacation londonienne qui a eu lieu hier s’est conclue sur un résultat de 235 000 dollars pour la dernière de ces créations (photo). Au total, ces trois carafes d’exception ont permis de récolter 558 000 dollars. Un succès que Martin Scorsese a ainsi salué : « Louis XIII et The Film Foundation œuvrent pour la préservation d’un héritage culturel qui rend hommage au passé tout en assurant la survie de leur art dans le futur. Le travail de la fondation a permis de restaurer plus de 700 films, certains remontant aux années 1880, soit plus de 100 ans de cinéma. Nous remercions Louis XIII pour ce partenariat, sa générosité et son soutien sans faille. »

Photo ci-dessus, Daniel Serrette.