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Banyuls, de schiste et de sel

À la frontière franco-espagnole, façonnée par le traité des Pyrénées de 1659, une excroissance de la chaîne des Pyrénées part du Canigou pour plonger dans la mer Méditerranée. C’est le massif des Albères. Sa façade littorale s’appelle la côte Vermeille. Sur un territoire qui s’étend sur quatre communes (Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère) ainsi que deux hameaux (Cosprons et Rimbau), une même aire géographique délimite de façon assez singulière quatre vins différents : l’appellation collioure, l’IGP côte-vermeille (vins secs blancs, rosés et rouges) et les AOC banyuls et banyuls grand cru pour leurs vins doux naturels (blancs, rosés et rouges pour la première, rouge uniquement pour la seconde).

Entre les murs
Sur les 1 260 hectares actuellement en production, l’appellation banyuls occupe 530 hectares et banyuls grand cru, 60 hectares. Le sol, c’est du schiste : son acidité va donner de la tenue aux vins. Ce schiste a permis de façonner des dizaines de kilomètres de murettes un peu partout, sans lesquelles la viticulture en coteau serait impossible. Ici, les vignobles sont façonnés et maçonnés avant d’être plantés. Héritage et patrimoine culturel, ces murettes rendent toute mécanisation du vignoble impossible dans la plupart des parcelles.

Viticulture héroïque
Le climat, méditerranéen évidemment, a pour particularité d’être sec, surtout ces dernières années. Cela affecte les rendements (moyenne de 17 hl/ha en 2022, 18 hl/ha en 2021) et menace à terme l’existence même de toute viticulture. D’autant que sur ces fortes pentes, toute idée d’irrigation est incongrue. Pire, lorsqu’il pleut, il pleut trop, de façon soudaine et brutale. Ces fameux épisodes méditerranéens que l’on qualifie de cévenols du côté de Montpellier, entraînent tout sur leur passage. Ces conditions de pluviométrie particulières sont à l’origine d’une véritable architecture paysagère, unique au monde, avec le système des agulles (prononcer « agouille »), sorte de canaux d’évacuation. Toujours constituée d’une agulle centrale et d’agulles secondaires qui partent en travers, l’agulle finit par se jeter dans un ruisseau après avoir collecté les pluies de tout le coteau. Un aménagement aussi spectaculaire qu’efficace, qui n’existe que de ce côté-ci des Pyrénées.

Roi grenache
Les cépages autorisés sont nombreux, mais la variété dominante est le grenache, surtout rouge, mais aussi blanc ou gris. Les vignes sont toujours montées en gobelet, à l’exception de quelques fonds de vallée en cordon. Elles sont d’un âge moyen très élevé, au moins 70 ans mais souvent beaucoup plus, l’informatisation du vignoble mise en place en 1950 ne permettant pas d’entrer des données antérieures. Ici, on travaille dans le sens des lignes de pente afin d’éviter le ravinement. Les vendanges sont manuelles, aucune machine ne pouvant circuler.

Face à la mer
Pour chaque parcelle, plus que la pente, l’altitude et l’exposition sont fondamentales pour définir le profil des vins que l’on va produire, les banyuls étant plutôt issus des faces sud, avec des altitudes qui partent du niveau de la mer pour s’élever à plus de 400 mètres, des hauteurs de plus en plus recherchées ces dernières années. La proximité de la mer permet l’apport d’embruns salins qui se déposent sur le sol et sur les raisins, conférant aux vins une identité certaine que n’ont pas les parcelles situées à l’intérieur des terres.

Deux appellations, tout un monde
Avec la création de l’AOC banyuls dès 1936 et celle de banyuls grand cru en 1962, le style des vins est varié. Banyuls blanc pour des vins élevés en mode réducteur ; banyuls ambré pour des blancs élevés en mode oxydatif ; banyuls rimage pour des rouges en mode réducteur ; banyuls traditionnel élevé minimum 24 mois en mode oxydatif ; banyuls grand cru, enfin, pour des vins avec 75 % de grenache noir minimum, élevés sous bois, généralement en mode oxydatif.

Pour l’éternité
Ces vins de garde quasi éternelle sont mutés, avec des sucres résiduels qui varient suivant les styles des producteurs, généralement entre 80 et 120 grammes par litre. Ils sont moins recherchés par les consommateurs qu’il y a un siècle, d’où la nécessité pour la région d’avoir développé l’appellation collioure. La vente est aujourd’hui très locale, bénéficiant du fort afflux touristique l’été. Entre vente directe, cavistes et restaurants, c’est 70 % de la production qui s’écoule ainsi.

Rémy Martin montre la voie

La maison au centaure a fait de son engagement pour la planète une raison d’être de ses cognacs. Une chance pour le monde, un modèle pour la région


Cet article est paru dans le supplément Grand Art spécial vins et spiritueux du Journal du Dimanche en juin 2023 réalisé par Bettane+Desseauve.


Engagée dans des démarches environnementales certifiées depuis le début des années 2010, la maison Rémy Martin a décidé d’accélérer le mouvement en suivant la voie de l’agroécologie. Ces dernières années, la notion est apparue dans les vignobles français. Ses principes peuvent sembler complexes. Difficile de la résumer, comme certains peuvent le faire, à quelques arbres plantés dans les vignes. Sur son site, le ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire la définit comme « une façon de concevoir des systèmes de production qui s’appuient sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes ». La pratique « vise à diminuer les pressions sur l’environnement et à préserver les ressources naturelles » en utilisant « au maximum la nature comme facteur de production » et « en maintenant ses capacités de renouvellement », grâce à un « ensemble de techniques qui considèrent l’exploitation agricole dans son ensemble. » Réintroduire de la diversité paysagère et favoriser le maintien durable d’une biodiversité forte étaient les premières mesures à prendre. « Pour Rémy Martin, l’approche est simple : par agroécologie, on entend des pratiques agricoles à impact positif sur les sols et la biodiversité, associées à une obligation de résultat, que l’on mesure. » Cela passait aussi par le fait d’inventorier la faune en comptabilisant, par exemple, les espèces d’oiseaux présentes dans ses vignobles et ceux de ses viticulteurs partenaires. En plus de planter des haies paysagères, de créer des zones enherbées et des espaces naturels, la maison souhaitait aussi protéger l’existant, en partenariat avec l’Office national des forêts, en rappelant au public la nécessité de préserver la diversité actuelle des paysages, ses bosquets ou encore ses arbres isolés.

Jean-Philippe Hecquet, directeur général.

Avec pour ambition de déployer ces pratiques sur les 270 hectares de ses domaines et sur 100 % des surfaces de ses partenaires, la maison mène aussi une réflexion durable quant au matériel végétal. Sensible aux maladies cryptogamiques, les cépages du vignoble cognaçais sont l’objet de toutes les attentions. Depuis juin 2022, la maison a lancé un vaste programme d’étude autour des variétés de vignes résistantes et leurs qualités d’adaptation face au changement climatique. Elle teste aussi les aptitudes gustatives du monbadon, un cépage ancien qu’elle aimerait réhabiliter. La démarche est simple : réduire l’utilisation de produits phytosanitaires tout en s’assurant de produire un raisin de qualité dans des volumes réguliers d’une année sur l’autre. Là-aussi, l’empirisme de la viticulture de terrain est complété par le recours à des technologies innovantes en matière de recherche et de développement. Outils d’aide à la décision pour évaluer le niveau de pression des maladies, utilisation d’une cartographie intraparcellaire élaborée avec l’aide du Centre national d’études spatiales pour mesurer la vigueur des pieds de vignes, etc.

Pas question pour Rémy Martin d’improviser et de faire cette course à la précision en oubliant de la jouer collectif. D’ici 2030, son objectif est d’engager les viticulteurs de la coopérative de l’Alliance Fine Champagne, son partenaire historique et essentiel, vers une viticulture vertueuse et régénératrice. Pionnière et en recherche constante d’amélioration de ses pratiques, la maison ne perd pas de vue qu’on jugera aussi du bien-fondé de ces démarches en fonction de la qualité de ses cognacs. Sur ce point, le créateur de Louis XIII a pris les devants en expliquant leur nécessité au public avec un discours de célébration à rebours des messages de sensibilisation anxiogène. Pour un cognac de qualité, le temps est un prérequis indispensable. Pour la maison tricentenaire, le combat durera plusieurs siècles. L’agroécologie mise en place n’est qu’un chapitre dans une histoire qui continue de s’écrire. Elle donnera aux idées neuves de la maison au centaure un terreau fertile et une situation saine pour continuer à briller.

Le peuple du midi

Sans ces êtres lumineux, la région ne serait sans doute par sortie de la nuit. Pionniers, acteurs historiques, réenchanteurs, ils ont fait du Languedoc ce qu’il est aujourd’hui


Cet article est paru dans En Magnum #33. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Devant le succès rencontré par les pionniers qui ont démontré que l’on pouvait faire de grands vins en Languedoc, de nombreux vignerons intelligents installés de plus longue date décident dès les années 1990 de rompre avec les traditions et d’améliorer l’encépagement, les chais et les élevages. Certains créent à partir d’un domaine familial des négoces de pointe qui permettent de repenser le modèle dans la région. Bien d’autres domaines historiques sont sortis de la coopération et ont créé et commercialisé des vins de grande qualité. Ils sont trop nombreux pour les citer tous, mais leurs cuvées figurent dans nos sélections et dans notre guide des vins.
Quelques pionniers reconnus, des domaines historiques qui se réinventent, il n’en faut pas plus à la presse française et internationale pour décréter, au milieu des années 1990, que le Languedoc est une Californie française, véritable eldorado viticole qui permet beaucoup. Beaucoup de viticulteurs âgés, désabusés ou ruinés, offrent des vignes à céder quand elles ne sont pas à l’abandon, faute de repreneur. Le Languedoc dispose pour ceux qui veulent tenter l’aventure du potentiel pour faire de grands vins et d’une image qui ne demande qu’à être améliorée. Surtout, le prix de l’hectare de vignes est alors au plus bas, de l’ordre de 10 000 euros par hectare planté quand il vaut dix fois plus cher ailleurs et parfois bien plus.

 

LES PIONNIERS


Demandez à cent vignerons talentueux qui a fait bouger les lignes en Languedoc, la plupart citeront Olivier Jullien.

Olivier Jullien (Mas Jullien)
Demandez à cent vignerons talentueux qui a fait bouger les lignes en Languedoc, la plupart citeront Olivier Jullien. Ce fils d’apporteur en coopérative a pris conscience de la qualité des terroirs languedociens, créé sa propre exploitation et attiré dans son sillage nombre de vignerons qui ont suivi ses traces et démontré le potentiel des terrasses du Larzac. Tout a commencé au début des années 1980. Son BTS viti-oeno en poche, Olivier Jullien n’avait pas de vignes. Il a commencé à en louer pour faire son vin et a réussi à le vendre en installant des panneaux publicitaires pour capter les touristes de passage et en posant des flyers photocopiés sur les pare-brise. Il se souvient d’un salon de vins où il proposait ses bouteilles à 30 francs (environ 15 euros de 2023). Il retrouve à la fin du salon Marlène Soria (Peyre-Rose) et Christophe Bousquet (Pech-Redon). « Tu as vendu une quille ? Non, aucune. » Pas facile de faire admettre un prix pourtant raisonnable aux consommateurs qui ne voyaient à l’époque en Languedoc que des pinards. Les premiers professionnels à acheter son vin ont été des Belges, sans préjugés sur les vins de la région. Les prix des grands bordeaux avaient considérablement augmenté, ils cherchaient d’autres sources d’approvisionnement pour leur clientèle. Puis, quelques restaurateurs comme les patrons du Mimosa à Saint-Guiraud ont envoyé beaucoup de leurs clients chez Olivier. Il a ensuite repris ses études pour obtenir un diplôme d’œnologue afin de mieux comprendre ce qui se passait vraiment dans un raisin et dans un chai. Curieusement, la tradition est allée ici de fils en père. Dix ans après le démarrage de Mas Jullien, le père d’Olivier, viticulteur coopérateur de son état, a lui aussi créé son domaine, Mas Cal Demoura, une aventure aujourd’hui brillamment poursuivie par les Goumard.

Un gantier de Millau, Aimé Guibert (ici avec sa femme Véronique Guibert de la Vaissière), se promène dans les années 1970 et tombe sous le charme d’un mas avec quelques hectares de vignes. La seconde génération composée de Samuel, Gaël, Amélien, Roman et Basile assure la gestion du domaine et les vinifications depuis le décès de leur père en 2016.

 

Aimé Guibert (Mas Daumas-Gassac)
Un gantier de Millau, Aimé Guibert, se promène vers Aniane quand il tombe sous le charme d’un mas accroché à quelques hectares de vignes. Conseillé par Enjalbert, professeur à l’université de Bordeaux et spécialiste de la géologie viticole, il y fait planter en 1972 des cabernet-sauvignon non clonées. Ces vignes, issues d’une collection d’un pépiniériste, proviennent de grandes propriétés bordelaises des années 1930 et 1940. En 1978, Emile Peynaud, alors œnologue star du bordelais, suit à distance et conseille par téléphone la première vinification. L’exposition au nord des pentes du vignoble accentue l’effet d’un microclimat froid et réduit les heures d’ensoleillement, surtout durant l’été. La floraison de la vigne a lieu ici environ trois semaines plus tard que la moyenne du Languedoc, ce qui convient parfaitement au cabernet-sauvignon. Qualité et curiosité ont fait de Daumas-Gassac, annoncé comme le vin de pays le plus cher du monde, un succès.

La famille Roux (Prieuré Saint-Jean-de-Bébian)
Dans les années 1970, le domaine Prieuré Saint-Jean-de-Bébian se transforme sous la houlette du propriétaire qui l’avait acheté en 1952. La famille Roux plante des cépages nobles venant des différentes régions viticoles françaises (syrah de chez Jean-Louis Chave, grenache du château Rayas, mourvèdre du domaine Tempier à Bandol) et conserve les cépages locaux (cinsault, carignan). En blanc, l’orientation est clairement donnée aux cépages de Châteauneuf-du-Pape (roussanne, marsanne et clairette). Passé entre les mains d’anciens propriétaires de La Revue du vin de France reconvertis en vignerons, puis revendu à des russes qui l’ont cédé récemment à un régisseur français, le domaine est une référence depuis la fin des années 1970.

Michel Louison (Château des Estanilles)
En 1976, Michel Louison, un autodidacte, fut l’un des pionniers de l’appellation faugères en y introduisant la syrah – cépage qui fit la renommée du château des Estanilles au début des années 1980 – et les méthodes rigoureuses des grands châteaux bordelais. Il fut également l’un des premiers à embouteiller sa production dans le Languedoc.
En quelques années, sa propriété est devenue la référence qui a fait connaître l’appellation. Le domaine a été repris depuis avec passion par Julien Seydoux.

Petit-fils de vignerons, Jean Orliac a débuté comme chercheur à l’université de Montpellier après des études à l’école d’agronomie de Montpellier et une maîtrise de sciences économiques.

Jean Orliac (Domaine de l’Hortus)
Petit-fils de vignerons, Jean Orliac a débuté comme chercheur à l’université de Montpellier après des études à l’école d’agronomie de Montpellier et une maîtrise de sciences économiques. En 1978, tout en poursuivant sa carrière de chercheur, il retourne à la terre en trouvant cinq hectares de vignes en piteux état à Pic Saint-Loup. Après des replantations massives, son premier vin sort en 1990 et obtient de Robert Parker une note de 95 sur 100. Tout est relativement facile ensuite et les clients affluent. L’homme a su fédérer les vignerons autour de lui et sa vision qu’il résume ainsi : « Il faut sortir du cycle infernal manifestation-subventions-distillation. Jetons les bases de l’appellation pic-saint-loup ». Il y a trente ans, le nom de cette zone viticole n’était même pas connu à Montpellier, pourtant tout proche. Le domaine de l’Hortus en est aujourd’hui un représentant incontournable.

Jérôme Joseph et Laurent Calmel (Calmel & Joseph)
Ces deux-là ont parcouru le monde avant de se poser près de Carcassonne en 1985. À l’origine négociants sans chai, Jérôme Joseph et Laurent Calmel décident de créer l’ensemble de leurs vins avec pour ambition d’être au niveau des meilleurs producteurs locaux. Leur gamme s’est élargie depuis avec des vins de cépage impeccablement vinifiés et des cuvées dans la plupart des crus du Languedoc, parfaites représentations de ce que permettent leurs terroirs respectifs.

Sylvain Fadat (domaine d’Aupilhac)
Sylvain Fadat s’est consacré aux vignes familiales à la fin des années 1980, à une époque où il fallait tout réinventer. Il a osé miser sur un carignan que beaucoup délaissaient jusqu’à lui consacrer une cuvée dédiée, défrichant des terres d’altitude sur le terroir des Cocalières pour que ses vignes s’y sentent bien. Initiateur du bio puis de la biodynamie, c’est depuis le leader incontesté de Montpeyroux, un terroir à part au milieu de l’appellation terrasses-du-larzac.

Robert Skalli (Fortant de France)
La famille Skalli, négociante en Algérie puis implantée en France à partir de 1961, a fédéré en 1987 un groupe de professionnels entraîné par Robert Skalli et Jacques Gravegeal pour créer la dénomination « vin de pays d’Oc ». Cette même année, Robert Skalli lança les premiers vins de cépage français sous la marque Fortant de France. Repris par le groupe Boisset en 2011, la marque propose des vins en IGP pays-d’oc qui mettent en avant les cépages. Une success story puisque cette IGP représente aujourd’hui plus de 50 % de toute la production du Languedoc.

Marlène Soria (Domaine Peyre Rose)
Cet emblématique domaine du Languedoc est dirigé par la discrète mais non moins emblématique Marlène Soria, fille de vignerons dont la première vie professionnelle n’était pas la vigne mais l’immobilier, la vente de propriétés de vacances. L’achat personnel d’une propriété a été le point de départ d’un changement radical. Marlène Soria a défriché la garrigue pour planter des vignes. Si rien ne la prédisposait au grand vin, le charme exceptionnel de ce bout du monde installé sur les hauteurs de Saint-Pargoire, à cinquante kilomètres à l’ouest de Montpellier, en a décidé autrement. Tombée amoureuse de ce paysage au milieu des bruyères et des cistes roses, elle a décidé d’y produire son vin. Tout a commencé en 1989, premier millésime apporté à la coopération locale. Le sentiment de ne pas aller au bout de ce que le terroir permettait imposa naturellement la mise en bouteilles au domaine dès le millésime 1990. La notoriété a ensuite progressé au rythme de l’intérêt croissant pour le Languedoc. Depuis, l’engouement pour Peyre Rose ne s’est pas démenti. Il est favorisé par la rareté des vins. Les rendements souvent inférieurs à 20 hectolitres par hectare ne multiplient pas le nombre de bouteilles et Marlène ne les commercialise qu’à leur apogée. En ce moment, vous trouverez le 2012.

Passionné, Christophe Bousquet produit des vins très identitaires, comme le permet ce splendide terroir, qui ne ressemblent à aucun autre dans tout l’arc méditerranéen.

Christophe Bousquet (Château Pech-Redon)
Pech-Redon, situé au sommet du massif de La Clape, a été repris en 1988 par la famille Bousquet. Passionné, Christophe Bousquet produit des vins très identitaires, comme le permet ce splendide terroir, qui ne ressemblent à aucun autre dans tout l’arc méditerranéen. Christophe a repris la présidence de l’interprofession languedocienne (CIVL) pour faire bouger les lignes de la qualité et tenter d’apaiser l’éternel conflit d’intérêts entre le négoce et la production, pourtant totalement interdépendants.

 

LES HISTORIQUES


Famille Jeanjean
L’histoire de Jeanjean raconte à elle seule toute la saga des vins languedociens. Du fondateur si pressé qu’on l’appelait « Père la Minute » au développement brillant du groupe AdVini dont elle est le premier actionnaire, ce groupe familial basé dans les contreforts du Causse, à Saint-Félix-de-Lodez aura su se transformer au gré des multiples révolutions du Languedoc viticole. Elle a conservé ses racines et ses principes : acteurs majeurs du négoce local, les Jeanjean peuvent aussi s’enorgueillir de s’appuyer sur un beau patrimoine de vignobles comme le spectaculaire Devois des Agneaux d’Aumelas, sur le causse calcaire ou le remarquable tertre du Causse d’Arboras en terrasses-du-Larzac.

Jacques Boscary (Château Rouquette-sur-Mer)
Jacques Boscary a presque fait partie des pionniers du Languedoc nouveau avec son château acheté en 1942 en très mauvais état par sa famille. Il n’a eu de cesse de replanter ce vignoble et fait de longue date l’un des meilleurs vins de La Clape. Goûtez ses délicieuse entrées de gamme puis plongez dans ses grandes cuvées.

Les frères Vaillé (Domaine de La Grange des Pères)
En 1992, les frère Vaillé ont transformé le domaine familial en le baptisant La Grange des Pères. Avec une qualité parfois variable, mais souvent de premier plan, il s’est imposé comme une référence incontournable du Languedoc avec des vins devenus mythiques depuis la disparition récente de Laurent Vaillé.

Frédéric Pourtalié (Domaine Montcalmès)
L’exploitation familiale comptait 30 hectares de vignes intégralement vinifiés en cave coopérative. En 1998, Frédéric Pourtalié et son père Jean-Marie ont décidé de créer une cave particulière. La première vinification en rouge a lieu en 1999. Seulement 5 000 bouteilles étaient produites alors. Le succès mérité est venu rapidement, la production actuelle est de 50 000 bouteilles par an, la gamme est essentiellement constituée d’un seul grand vin rouge qui figure parmi les plus fins du Languedoc.

Les sœurs Losfelt (Château de l’Engarran)
C’est le respect d’un patrimoine familial qui a servi de moteur à la reprise par les deux sœurs Losfelt (photo d’ouverture), Diane et Constance, de ce domaine et sa magnifique demeure, une folie montpelliéraine bâtie vers 1730. Elles produisent avec une régularité sans faille des entrées de gamme délicieuses et de grandes cuvées plus ambitieuses sur le terroir injustement méconnu de Saint-Georges-d’Orques aux portes de Montpellier.

La famille Bories (Domaine Les Ollieux-Romanis)
C’est en 1978 que la famille a repris l’exploitation du domaine Les Ollieux-Romanis, une partition du grand domaine Les Ollieux qui avait été scindée en deux plus d’un siècle plus tôt. Malgré les temps difficiles, elle a réussi à lui donner un second souffle puis à reconstituer en 2006 le domaine historique au grand complet. Inspiré par le château La Voulte Gasparets et sa mythique Cuvée Romain Pauc, le dynamique Pierre Borie est l’un des meilleurs représentants actuels des Corbières et nous régale avec une gamme irréprochable.

À partir de leur magnifique château de Pennautier, Miren et Nicolas de Lorgeril ont bâti une belle entreprise viticole.

Famille Lorgeril
À partir de leur magnifique château de Pennautier, dans le secteur si intéressant aujourd’hui de Cabardès (parfait point de rencontre entre influences océaniques et méditerranéennes), Miren et Nicolas de Lorgeril ont bâti une belle entreprise viticole, s’appuyant sur des domaines situés dans des secteurs d’altitude (outre Pennautier, le minervois Borie blanche et les faugères et saint-chinian de Ciffre) mais aussi des innovations séduisantes comme le tonique ô-de-rosé. Début 2021, les Lorgeril ont en entamé sur l’ensemble de leurs vignobles une collaboration avec les consultants Simon Blanchard et Stéphane Derenoncourt : le résultat, en particulier à Pennautier, est aussi novateur que réussi.

LES RÉENCHANTEURS


Basile Saint-Germain (Domaine Les Aurelles)
Basile Saint-Germain, architecte-paysagiste à Vence, est venu s’implanter en 1995 dans la zone de Pézenas. C’est un vigneron pointilleux, peu ont poussé l’exigence à ce niveau de détails. Il produit aujourd’hui l’un des rouges les plus qualitatifs et régulièrement le meilleur blanc de la région. La transmission est en cours et Basile tient à ce que
Les Aurelles continuent à briller au firmament de la région.

Vincent Goumard a été le président qui a participé à doter cette zone d’une appellation spécifique détachée des coteaux du Languedoc, l’AOC terrasses-du-larzac.

Isabelle et Vincent Goumard (Mas Cal Demoura)
Fondé au début des années 1990, le Mas Cal Demoura fait partie des domaines précurseurs ayant contribué à la révolution qualitative des vins du Languedoc. Depuis 2004, après avoir abandonné une carrière prometteuse de consultants parisiens, Isabelle et Vincent Goumard concentrent leur énergie à interpréter les grands terroirs autour de Jonquières. Vincent a également été le président qui a participé à doter cette zone d’une appellation spécifique détachée des coteaux du Languedoc, l’AOC terrasses-du-larzac.

Grégory Hecht et François Bannier (Hecht & Bannier)
La maison de négoce et d’élevage créée en 2002 par Grégory Hecht et François Bannier se consacre aux vins du pourtour de la Méditerranée, de Collioure à la Provence. La connaissance approfondie des vignobles et des caves est la base de leur métier : ils visitent chaque année plusieurs centaines de domaines pour ne sélectionner que les plus beaux raisins et les meilleurs jus, pour les assembler ensuite et proposer de parfaits représentants des meilleurs terroirs.

Julien Zernotte (Domaine Le Pas de l’Escalette)
Julien a fait ses armes à Menetou-Salon après ses études d’œnologie, Delphine était attachée de presse chez Skalli. Ils voulaient créer un domaine qui leur appartienne. Après l’achat de vignes dont un restaurateur parisien ne savait que faire et la location d’une ancienne bergerie, pour y habiter et y faire le vin, l’aventure a démarré en 2001. À 350 mètres d’altitude, au sommet de ce qui est devenu depuis l’AOC terrasses-du-larzac, le domaine propose aujourd’hui les vins les plus frais de l’appellation, délicieux de l’entrée au sommet de la gamme. Au bout de vingt-deux ans, toutes les dettes viennent d’être remboursées, une nouvelle vie commence.

Patrimonio, les possibilités d’une île

Ce terroir était un monde de promesses. Porté par une génération ambitieuse, il commence à toutes les tenir, surtout pour ses blancs prodigieux


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Disons-le franchement, l’appellation contrôlée la plus connue de Corse nous a trop souvent globalement déçus dans les quinze dernières années. Certes, les producteurs vedettes se montraient à la hauteur de leur réputation, même en boudant systématiquement les dégustations comparatives – encore plus celles faites à l’aveugle. Sur l’île, les susceptibilités individuelles sont encore plus exacerbées que sur le continent. Trop de vins médiocres ou mal vinifiés s’opposaient aux progrès constants et spectaculaires des autres secteurs de l’île. Il faut dire que l’appellation est née fort ambiguë. Géographiquement, le somptueux amphithéâtre regardant la mer et nommé à juste titre la « Conque d’Or » est né de sédiments complexes sur un socle schisteux très anciens. Le calcaire ou le granit peuvent y recouvrir la roche-mère, tout comme l’inverse. On y a ajouté en 1968, lors de la parution du décret d’appellation, pour faire plaisir aux vignerons influents de l’après-guerre, les terres plus plates (et d’ailleurs remarquables) purement schisteuses qui vont en direction du désert des Agriates. Les vins ont naturellement des caractères différents selon la nature des sols. L’ensemble dépasse un peu 400 hectares avec un potentiel de 14 à 15 000 hectolitres en production. On a également inventé une fausse tradition d’encépagement pour les vins rouges et rosés (presque 80 % de la production), en tirant fierté de la couleur plus intense et de la vinosité du cépage nielluccio, qui s’oppose à la tradition sudiste du sciaccarello et à ses vins plus délicats et parfumés, mais moins intenses. Le climat et les sols du secteur s’adaptent mieux à la vigueur de ce cépage frère du sangiovese toscan, qui assure un rendement plus régulier au viticulteur. Le décret d’appellation le rend majoritaire par obligation, jusqu’à 75 % pour les rosés et plus encore pour les rouges. Cet encépagement était infiniment plus complexe au XIXe siècle. Si l’on a conservé et recommence à planter de nombreux cépages rouges ou blancs, impossible de les vendre autrement qu’en IGP ou en vin de France – un comble pour un vrai Corse – puisque les appellations d’origine continuent à les bouder. Le sciaccarello affine considérablement le nielluccio, spécialement sur les terroirs schisteux. On pourrait en dire de même des cinsaults pour les rosés. Les bons vignerons locaux commencent à faire fi de cette ségrégation et on les encourage volontiers à continuer. En blanc, en revanche, rien à dire, le vermentino semble toujours idéal, même si le bianco gentile, dans quelques micro secteurs, apporte un caractère différent, moins original mais très savoureux, si l’on sait le récolter à point et le vinifier sans altération.

Savoir attendre
Depuis trois ans, le niveau global des vins est en grand progrès et nous avons été impressionnés par notre dégustation de mai 2023. On doit certainement ce progrès à un changement de génération de producteurs et plus encore à une révolution agronomique liée au classement de tout le secteur comme « Grand site de France ». Une consécration évidemment bien méritée et qui a interdit automatiquement l’usage de tout désherbant de synthèse, et donc du glyphosate en viticulture. On retravaille les sols et on essaie de recréer un environnement vert et plus écologique, ce qui a immédiatement donné de meilleurs raisins. Quelques grands vignobles historiques ont révolutionné leurs pratiques et de nombreux jeunes viticulteurs, plus idéalistes, suivent le même courant, quand ils ne l’ont pas devancé. Voici en résumé notre sentiment global : les rouges préservent mieux les notes fruitées de leurs cépages et sont moins marqués par des notes animales, encore hélas trop appréciées par le consommateur local. Leur tannin est plus élégant et c’est mieux ainsi. Les rosés, bus trop tôt dans leur première année alors qu’ils seraient meilleurs l’année suivante, ont une vinosité remarquable qui les rend souvent plus mémorables que leurs cousins provençaux du Var. Mais pour nous, les blancs restent les grandes expressions du secteur, avec leurs notes magnifiques d’agrumes, leur fraîcheur, leur corps et leur capacité (hélas si rarement vérifiée) de vieillir dix ans ou plus en bouteille pour prendre de somptueux arômes terpéniques capables de rivaliser avec ceux des plus grands rieslings. Aux amateurs intelligents donc d’en tenir compte et de les attendre cinq ans ou plus. Espérons pour terminer que l’appellation ouvrira ses portes au riche patrimoine historique de cépages italiens ou méditerranéens qui faisaient la gloire des vins de l’île depuis l’Antiquité.

Charlotte Bouygues et Pierre Graffeuille : « Faire les plus grands vins, c’est le mot d’ordre »


Cet article est paru dans En Magnum #32. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Charlotte, l’aventure du groupe a commencé en 2006 avec l’acquisition du château Montrose par votre père, Martin Bouygues.
Charlotte Bouygues : Il est tombé fou amoureux de ce saint-estèphe au début des années 1990. Un jour, alors qu’il est en Californie chez des amis, il boit un montrose 1990. C’est une révélation. Le vin qu’il goûte le transcende. En 2005, la famille Charmolüe, propriétaire du cru depuis plus d’un siècle, décide de vendre. Jusqu’ici, mon père n’avait jamais pensé acquérir une propriété viticole. Montrose, c’était différent pour lui. L’opportunité d’en devenir propriétaire est arrivée comme ça. Quelques mois plus tard, celle d’acquérir le château Tronquoy-Lalande s’est présentée. Pendant dix ans, la famille s’est concentrée sur la qualité. Notre premier chantier a été de refaire l’outil technique. Mon père a toujours eu une vision avant-gardiste et l’envie de faire des grands vins de manière durable. Mettre en place une réflexion environnementale forte était une priorité.

Surtout en ce qui concerne les bâtiments de production.
C. B. : Nous avons mis en place des systèmes précurseurs, voire visionnaires, pour l’époque, avec de la géothermie, une surisolation des murs et l’utilisation de panneaux photovoltaïques. Tronquoy aussi a profité de cette réflexion, avec la construction d’un nouvel outil technique performant, digne de celui d’un grand cru.

Charlotte Bouygues.

C’est un univers dont vous étiez plutôt éloignée ?
C. B. : Mon père a toujours eu une jolie cave. C’est un épicurien attaché aux bons produits. J’ai reçu une éducation aux vins assez classique, avec beaucoup de bordeaux. Cette sensibilité s’est transmise par la famille, sans éducation théorique. Au début, je venais assez peu à Montrose. Je regardais de loin cette aventure dans laquelle mes parents semblaient s’épanouir. À côté du groupe Bouygues, autre chose grandissait. C’était vraiment un achat de passionné, dans l’idée de nous le transmettre un jour. Mon père n’a jamais eu une mentalité de financier. Il fait toujours les choses pour sa société avec une vision patrimoniale. Il aime le temps long. C’est quelque chose qui le caractérise. Il n’achète jamais pour revendre deux ans après.

Avec ces propriétés, votre père réalise aussi qu’il n’y a pas de business plan.
C. B. : Il a compris qu’il fallait beaucoup investir. Il y avait un travail colossal à faire pour le cuvier, pour avoir le meilleur outil technique, faire les meilleurs vins possibles. Dès le début, l’idée était de donner un maximum et de voir après pour la suite. Il a toujours été convaincu par la qualité et la singularité du terroir de Montrose.

Pierre, la vision de la qualité du groupe trouve ses racines à Montrose ?
Pierre Graffeuille : Au moment du rachat, la propriété était bien entretenue. Elle n’était pas dans un état délabré. Il fallait seulement reprendre quelques éléments au vignoble. Par exemple, le palissage n’avait pas été refait depuis longtemps. Il fallait aussi restructurer quelque peu ces 95 hectares d’un seul tenant. On a la chance d’avoir, en plus des vignes, 35 hectares de zones vertes, entre bois et cours d’eau. Ce sont des zones protégées pour la faune et la flore, au sein desquelles il y a une vraie biodiversité. Le domaine est tout proche du fleuve et de l’estuaire, extrêmement large au niveau de Saint-Estèphe. Seule une route nous en sépare. Cette masse d’eau très importante a d’autant plus d’impact. Au printemps, lors d’épisodes gélifs, mais aussi et surtout l’été, le fleuve tempère les excès climatiques, apporte de la fraîcheur.

L’atout de ce terroir particulier est celui des meilleurs crus du Médoc.
P. G. : Le vignoble est assis majoritairement sur ce qu’on appelle communément la “terrasse quatre” dans la classification des terroirs médocains. C’est la plus qualitative et on ne la retrouve pas partout. Peu de crus ont autant de superficie que Montrose sur cette entité géologique. Cette partie, c’est le cœur du grand vin. Elle est essentiellement plantée en cabernet-sauvignon, sur des graves argileuses qui nous permettent d’avoir une alimentation hydrique restreinte, ce dont la vigne a besoin, et régulière. En 2022, je suis rentré de vacances le 17 août. Le vignoble était vert. Par le passé, lors des millésimes très chauds et secs, Montrose a souvent réussi à produire un grand vin, comme en 2003, 2009 ou encore 2018. Ce terroir assez hors norme fait partie de la singularité de la propriété.

Quel est le projet en matière de conduite du vignoble ?
P. G. : Préserver l’identité et le style propres à Montrose. Il y a une restructuration du vignoble qui est en cours, au profit de plus de cabernet-sauvignon. Sur ce point, on s’aperçoit qu’il ne faut pas avoir d’idées préconçues parce que nous avons été surpris par la qualité des merlots et des cabernets francs en 2022. Bien sûr, nous sommes convaincus du potentiel des cabernet-sauvignon, mais les deux autres cépages apportent beaucoup dans l’assemblage.

Vous adaptez vos pratiques pour répondre aux défis climatiques ?
P. G. : On réfléchit à des densités de plantation qui seront demain peut-être moins élevées qu’elles ne le sont aujourd’hui, avec 9 200 pieds par hectare. La question du choix des porte-greffe est aussi au cœur de notre réflexion pour conserver un maximum de fraîcheur dans les raisins et obtenir des maturités plus lentes. Autrefois, leur but était d’amener le raisin à bonne maturité. Aujourd’hui, ce n’est plus une difficulté. Il faut trouver le moyen de conserver de l’équilibre dans les vins, de la fraîcheur et de l’acidité. On mène aussi un large de travail de sélection massale sur tous nos cépages. Le travail du sol a été modifié afin de préserver plus de biodiversité tout au long du cycle végétatif. Les hauteurs de feuillages ont été diminuées pour obtenir des ratios feuille-fruit adaptés au climat et à ses excès.

Cette viticulture de précision a un coût. Mieux valoriser le vin n’est pas une option ?
P. G. : L’objectif numéro un reste de faire les plus grands vins possibles. C’est le mot d’ordre de la famille. Tout en respectant le terroir, l’histoire du cru et le travail qui a été fait par le passé. On ouvre régulièrement de vieux millésimes pour avoir une idée précise du vin de nos propriétés. Maintenant, l’idée est de travailler en partenariat avec la place de Bordeaux et d’être plus sélectif vis-à-vis des acteurs avec lesquels nous souhaitons travailler. Ce mode de distribution nous permet de proposer nos vins dans plus de cent pays à travers le monde. On souhaite faire preuve de loyauté envers ce système performant.
C. B. : L’objectif est aussi de donner à Montrose une image et un univers qui nous permettent d’être transparent auprès du consommateur, tout en valorisant la filière commerciale entre lui et la propriété. Nous sommes convaincus de l’importance du travail des négociants. C’est une force internationale exceptionnelle et notre objectif est de travailler main dans la main avec eux, en créant des partenariats solides et en étant à l’écoute. On souhaite travailler avec un pool plus restreint de négociants pour en faire des ambassadeurs de nos marques, en leur proposant beaucoup de contenus, en leur proposant des masterclass pour leur faire découvrir les vins. L’idée, c’est de renforcer notre présence auprès d’eux et de mettre en place une relation moins unilatérale qu’elle n’a pu l’être par le passé.

Pierre Graffeuille.

Ce chantier concerne aussi Tronquoy-Lalande, dont vous faites évoluer le nom en le simplifiant.
C. B. : Le marché reconnaît la qualité des vins de la propriété. Ce que l’on souhaite désormais pour Tronquoy, c’est raconter l’histoire du cru, différente de celle de Montrose. Pour un consommateur non francophone, le nom Tronquoy-Lalande n’est pas facile à prononcer ni à retenir. Mon ancienne vie chez L’Oréal et TF1 m’a appris à gérer les problématiques de communication selon une logique de portefeuille de marques.

Identifier le consommateur final est donc au centre du projet.
C. B. : Tronquoy est un vin qui peut plaire à un consommateur plus jeune, qui commence à avoir un certain pouvoir d’achat et à s’intéresser aux bons vins, en étant sensible à la qualité. L’idée, c’est de casser les codes. Ce qui est plutôt facile à faire si l’on regarde l’histoire du cru et que l’on se plonge dans ses archives. Tronquoy est l’un des deux plus anciens vignobles plantés à Saint-Estèphe. Son fondateur était un anarchiste révolutionnaire évidemment fâché avec Napoléon III et hostile, de fait, à l’idée de son classement des vins de la Gironde en 1855. Il a toujours été à contre-courant. Par exemple, avec cet encépagement dominé par le merlot, un peu étonnant pour Saint-Estèphe. En nous plongeant dans l’histoire de la propriété, nous voulons prendre le contre-pied de ce qui avait été fait jusqu’ici. Nous avons retrouvé d’anciennes étiquettes où la couleur dominante était le bleu. On l’a remise au goût du jour. On souhaitait aussi avoir plus de transparence en donnant beaucoup d’informations sur la contre-étiquette.

Et puis Tronquoy produit un vin blanc considéré comme l’un des meilleurs du Bordelais.
P. G. : Il participe au rayonnement de la propriété. C’est un axe de travail que nous ne négligeons pas parce que nous sommes convaincus de la qualité et de l’originalité de ce blanc, avec son encépagement entre sémillon et sauvignon gris et son histoire liée à Jean-Bernard Delmas. Si l’on doit planter des vignes pour faire plus de blanc demain, nous ne le ferons que sur les terroirs les mieux adaptés et les plus qualitatifs.

La grande nouveauté, c’est la sortie en primeur du millésime 2022.
P. G. : C’est un changement de stratégie. La propriété était sortie du système de ventes en primeur. Aujourd’hui, nous voulons travailler sur ce projet avec la place de Bordeaux en visant une distribution recentrée sur les marchés français, notamment ceux des bistrots de qualité et des cavistes. Tronquoy sera aussi pour nous un laboratoire d’expériences utiles aux autres domaines, notamment sur des activités de communication digitale ou sur la mise en place de partenariats avec des jeunes chefs. L’idée, c’est d’expérimenter.

En 2017, le groupe a mis un pied loin de Bordeaux avec l’acquisition de l’iconique Clos Rougeard, dans la Loire.
C. B. : En matière d’acquisitions, la stratégie de la famille n’a pas vraiment de feuille de route prédéfinie. L’idée, c’est d’avoir des pépites selon les opportunités qui se présentent, sans attachement géographique. Quand l’opportunité d’acquérir le domaine Clos Rougeard s’est présentée, mon père n’a pas eu forcément conscience d’acheter l’un des domaines les plus désirés de la vallée de la Loire.
P. G. : Là encore, c’est la qualité qui l’a convaincu. En goûtant les vins, il a eu une sorte de révélation et a commencé à s’y intéresser, à mieux comprendre ce qu’était Clos Rougeard. En fait, je crois qu’il ne l’a pas acheté parce que c’était un mythe, mais plutôt parce que c’est un vin qu’il aime.

Rester à Bordeaux n’a donc jamais été un impératif ?
C. B. : On parle de groupe, mais c’est une construction qui s’est faite de manière naturelle et spontanée. La famille ne s’est jamais dit : « Dans cinq ans, je veux qu’on fasse telle taille, qu’on soit dans telle région ». Il n’y a jamais eu de plan. Mon père a toujours été guidé par sa passion. On lui présente des dossiers tous les mois. Pour que la famille s’engage, il nous faut vraiment un coup de cœur pour le lieu, pour la qualité des vins et quelque chose qui va nous relier durablement.

Le fonctionnement est pourtant très différent selon les propriétés.
C. B. : C’est encore plus vrai pour Clos Rougeard. La propriété était très incarnée par les frères Foucault. C’est un challenge pour nous parce qu’en termes de notoriété, la barre est très haute. Aujourd’hui, on veut y travailler dans le respect et la continuité.
P. G. : Tout ce qui a été entrepris depuis le rachat l’a été dans l’esprit de ce que faisaient les Foucault. Au fond, rien n’a changé sur la propriété et les travaux en cours étaient nécessaires. En ce qui concerne la conduite du vignoble, sa tenue, mais aussi sur le sujet des vinifications, notre volonté est de réaffirmer ce qui a été fait par les Foucault. Il n’y avait aucune raison de changer cette vision.

Pour Montrose, développement durable et respect de l’environnement sont au cœur du projet. C’est la même chose à Saumur ?
C. B. : La question ne se pose même pas. Depuis huit générations, la même famille s’est occupée de Clos Rougeard sans jamais utiliser de produits phytosanitaires sur les vignes. Elle y a mené, de père en fils, une agriculture traditionnelle dans ce qu’elle a de meilleur et une viticulture artisanale, presque cousue main.
P. G. : Clos Rougeard était bio bien avant qu’il n’y ait un cahier des charges pour l’agriculture biologique. Aujourd’hui, on veut obtenir une certification pour toutes les propriétés. Tronquoy est déjà intégralement conduit en bio, depuis 2015. Son vignoble sera certifié officiellement en 2024. Montrose et le domaine Henri Rebourseau, à Gevrey-Chambertin, sont en cours de certification. Cette phase est importante, mais ce n’est pas une fin en soi. On veut aller plus loin. Notre cellule R&D, initialement déployée à Montrose, le sera demain pour l’ensemble de nos vignobles. Sur le plan du développement durable, nous essayons de mettre en place un programme complet qui soit le plus vertueux possible.

Au domaine Rebourseau, acquis en 2018, la situation est inédite. La gestion de la propriété se fait avec une famille en place.
C. B. : Ce domaine peut s’appuyer sur des terroirs formidables avec beaucoup de potentiel. C’était important de refaire un outil technique digne de la propriété. L’idée est de continuer à écrire l’histoire de ce domaine bourguignon historique avec la famille. Nous sommes très heureux d’avoir la chance de maintenir en place ce patrimoine. Nous travaillons avec Louis de Surrel qui s’occupe de la partie commerciale du domaine. Personne n’incarne mieux le domaine que lui.

Si on associe Montrose à la famille Bouygues, le lien n’est pas toujours aussi évident, notamment en Bourgogne.
C. B. : Ce n’est pas notre volonté de calquer le modèle de cette grande propriété médocaine sur les autres. Nous avons envie de préserver ce qui fait la singularité de ces domaines. Chacun a des enjeux et des stades de maturité différents. Rebourseau a la chance de pouvoir s’appuyer sur terroirs extraordinaires dans une région très demandée par les marchés. La propriété est portée par le phénomène propre à la Bourgogne, mais le domaine en lui-même, et la marque, n’ont pas encore le rayonnement que l’on souhaite. C’est notre challenge.

Vous avez aussi des activités à Cognac. Elles sont en pleine croissance.
C. B. : Mon père a commencé à s’intéresser au cognac après les acquisitions de Montrose et Tronquoy. Il fait partie du Club des Cent, un club gastronomique. Un jour, l’un de ses bons amis l’a introduit auprès d’un monsieur dans la région qui lui a vendu un vieux stock d’eaux-de-vie. Il a décidé d’avoir ses propres interprétations du cognac, avec Montrose Réserve par exemple, dans des volumes confidentiels et sans ambition commerciale pour le moment. Petit à petit, la famille a acquis des vignobles et des alambics, en rachetant successivement trois propriétés et en menant des travaux de grande ampleur sur les deux sites de distillation.
P. G : Il n’y a pas de marque aujourd’hui. Les eaux-de-vie de qualité sont destinées à vieillir, on les garde pour constituer un paradis. Le reste, on le vend aux différentes grandes maisons locales.

Le groupe s’est considérablement agrandi depuis 2017. Que représente votre arrivée dans son histoire ?
C. B. : Pierre et moi arrivons à un moment important de cette aventure. Jusqu’ici, Bordeaux était au centre du projet. Nous entrons dans une phase où il nous faut le développer dans les différentes régions et consolider notre stratégie globale. L’idée est de la structurer de manière plus transversale, de créer des synergies entre les régions, de partager les savoirs entre les domaines.

Pierre, vous êtes habitué à diriger plusieurs propriétés en même temps. Cette fois, la situation est différente ?
P. G : Avant cette expérience bordelaise, j’ai eu la chance de travailler dans différentes régions, dans différents pays. J’ai une formation technique d’ingénieur-œnologue et travailler dans un groupe qui possède plusieurs propriétés en France n’a pas été une totale découverte pour moi. J’avais besoin d’un nouveau défi, de sortir de ma zone de confort. Je pense que notre duo arrive au bon moment. Le challenge est assez fantastique.

Charlotte, ce retour à la terre, finalement assez soudain, était inévitable ?
C. B. : J’ai travaillé dix ans dans deux grands groupes et j’ai vécu sept ans aux États-Unis avant de revenir en France. J’avais envie d’une aventure entrepreneuriale dans laquelle sentir que j’avais un vrai impact sur les choses. C’est un peu galvaudé, mais je crois que je voulais quelque chose de plus authentique. J’ai été élevée à la campagne et j’ai un rapport très fort à la terre. J’apprends beaucoup, je me forme. Bien sûr, je suis sensible aux univers de communication, mais je pense sincèrement que la dégustation d’un verre de vin ne se résume pas juste à une bouteille ou à une étiquette. Autour, il y a un univers, des valeurs et surtout une expérience. Pour Pierre et moi, ce dernier point est essentiel. Bordeaux peut parfois être vu comme un monde distant et inaccessible. Tout en maintenant la belle image de nos domaines, il y a aussi un travail à faire vers plus d’accessibilité.

Photos : Fabrice Leseigneur.

Le mondovino de la semaine #208 tourne à fond

Des vendanges dans les Haut-de-France • Villevert soutien une cause • Fine Spirits Auction soutien Wine To Water • Une porte d’entrée vers les métiers du cognac • Un bordeaux abordable • Un provence généreux

En bref


Vendanges : Les 130 des Haut-de-France

En 2022, nous avions évoqué dans le mondovino 186 le début d’une nouvelle aventure dans les Hauts-de-France, celle du collectif « Les 130 ». Le premier chai viticole installé à Dompierre-Becquincourt dans la Somme. La deuxième vendange, qui a débuté le 25 septembre, est prometteuse tant sur la qualité de la récolte que sur la dynamique du collectif. Malgré une météo difficile avec des périodes fraîches, pluvieuses, très chaudes et sèches, les 51 viticulteurs du collectif ont pu récolter 44 hectares sur les 90 plantés. Les raisins ont atteint leur maturité tardivement. Les 130 cultivent du chardonnay planté sur quatre départements : le Pas-de-Calais, le Nord, l’Aisne et la Somme. L’objectif pour 2024 est d’arriver à vendanger 78 hectares.

Plus d’informations sur https://www.les130.com/

Doc Hendley.

Solidarité : la collecte de Villevert, la vente de Fine Spirits Auction

Une collecte de fonds pour Wine To Water

La maison cognaçaise Villevert organise du 15 septembre au 15 octobre une collecte de fonds dans vingt pays au profit de l’association Wine To Water. Le principe : les acteurs du monde du bar et de la mixologie offriront à l’association les pourboires collectés lors d’une soirée. Fondée en 2004 par Doc Hendley, ancien barman et ami de Gaz Regan, Wine To Water est une organisation à but non-lucratif qui s’engage à soutenir la vie et la dignité pour tous, grâce à l’eau potable. Gary Regan, plus connu sous le nom de Gaz Regan, a été incontournable de la scène du cocktail internationale des années 1970 à 2019 et auteur du livre The Joy Of Mixology. Le grand public peut également faire des dons directs sur www.winetowater.org/gazregan.

Des lots d’exception au profit de Goodplanet

Soutenir le développement de l’agroécologie en France, installer des pompes à eau solaires au Malawi et appuyer l’entrepreneuriat féminin au Sénégal ? Autant de projets qui poussent l’association Goodplanet et la maison aux enchères Fine Spirits Auction à mettre en place cette deuxième vente solidaire. Le succès de l’édition 2022 a déjà permis de collecter 128 000 euros. En 2023, des flacons d’exceptions, des bouteilles signées et des œuvres originales seront proposés lors de la vente qui aura lieu du 21 octobre au 3 novembre, à l’occasion du Whisky Live Paris 2023.

Rendez-vous sur https://www.finespirits.auction/fr/index.jsp

Talents : Cognac au Cœur

L’élaboration du cognac requiert des savoir-faire. Des femmes et des hommes qui maîtrisent parfaitement toutes les étapes de fabrication. Un atout inestimable pour toute une filière. Ambassadeur incontestable de ce savoir-faire français dans le monde, le cognac a besoin d’attirer, de maintenir et de fidéliser les personnes qui font cette eau-de-vie. Avec le lancement en 2022 de sa marque employeur Cognac au Cœur, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) apporte une réponse à cette problématique. Depuis le 10 octobre, le nouveau site cognacaucoeur.fr devient la porte d’entrée vers les métiers du cognac et les différentes possibilités d’emploi offertes. « Il a vocation à valoriser l’attractivité de la filière, de ses métiers et de son territoire. On y retrouve des liens vers les offres d’emploi liées à la filière cognac ainsi que des fiches métiers pour toujours mieux informer sur les opportunités professionnelles de la région », précise le BNIC. Une série de podcasts, disponible sur le site, met la lumière sur différents parcours professionnels proposés.

Découvrez le site Internet ainsi que les podcasts sur www.cognacaucoeur.fr

Les bons plans


Le vin de gastronomie : un bordeaux abordable

Créé en 1930 par le Baron Philippe de Rothschild, Mouton-Cadet est une référence mondiale de l’appellation bordeaux. La gamme Réserve fait la part belle au fruit. Ce blanc 2022 est bien équilibré, sans excès dans la maturité ou l’élevage. Un vin de gastronomie, par exemple avec un bar de ligne.

Réserve Mouton Cadet, Graves Blanc 2022, 14,95 euros

La découverte, sans sulfite

Ce domaine de 100 hectares doit son nom à Jean-Baptiste Coussin, avocat à la cour d’Aix au siècle des Lumières. Aujourd’hui, ce sont les Sumeire qui plaident la cause des cuvées baignées par la luminosité comme ce rouge gourmand, aux arômes de fruits noirs et d’herbes aromatiques. Sa bouche est d’un bel équilibre.

Château Coussin, Côtes de Provence Sainte-Victoire, rouge 2020, 17,70 euros

Champagne Piper-Heidsieck, la philosophie de la collection Essentiel

« La masterclass | Piper-Heidsieck, la philosophie de la collection Essentiel »

Cette notion de complexité accessible sans être compliquée, c’est ce qui définit Essentiel. Dans ce verre-là; il y a plus de cinquante terroirs différents. C’est comme un orchestre symphonique. Notre rôle, c’est de trouver la synergie et la symbiose entre tous ces terroirs par l’art de l’assemblage. » Emilien Boutillat, le chef de caves de la maison Piper-Heidsieck, dévoile avec Thierry Desseauve les secrets de sa nouvelle collection dans un épisode inédit de Classe de maître

Production : Jeroboam
Productrice : Juliette Desseauve
Image : Lucas Chaunay
Montage : Nicolas Guillaume
Motion Design : Maxime Baile
Musique originale : Arthur L. Jacquin

Speed Tasting Legras & Haas

 

Production : Jeroboam
Vidéo : Nicolas Guillaume

Champagne Lombard, une philosophie de terroir

Classe de maître X Champagne Lombard

Une vieille maison d’Epernay, un jeune président. Thomas Lombard prend les rênes des champagnes qui porte son nom. Il a trente ans, l’envie de prendre son temps et une vision singulière d’une région qu’il adore. Explications dans ce nouvel épisode de Classe de maître, notre e-masterclass. Complètement relancée par une équipe dévouée et passionnée, les champagnes ont considérablement progressé offrant des expressions pures, soit en assemblage, soit en monocru (Cramant, Verzenay et Le Mesnil), pas ou très peu dosés et d’une grande intensité. Les cuvées possèdent un style vineux, profond et intense qui gagnent en élégance. C’est désormais l’adresse à suivre de près aussi bien pour son dynamisme que pour son approche en matière de pratiques vertueuses au service de l’expression des grands terroirs.

Production : Jeroboam
Productrice : Juliette Desseauve
Image : Lucas Chaunay
Montage : Nicolas Guillaume
Motion Design : Maxime Baile
Musique originale : Arthur L. Jacquin

2020 à tout prix

Le Médoc a une bonne raison de se souvenir de l’année. Après le glorieux 2018 et l’élégant 2019, arrive sur le marché sa dernière réussite. Les millésimes se suivent et se ressemblent. tant mieux

Sélection bettane+desseauve
Par Hélène Durand, Michel Bettane, Louis-Victor Charvet et Thierry Desseauve


Cet article est paru dans En Magnum #31. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici, ou sur cafeyn.co.


Impossible pour En Magnum de rendre compte de l’ensemble de nos dégustations des
bordeaux 2020. Même dans ces pages, cette sélection réduite nous oblige à ne reporter qu’une partie de nos envies dans un millésime qui en propose tellement.

 

HAUT-MÉDOC


Château d’Agassac
Nez raffiné et épanoui, fruité et floral, boisé élégant, on retrouve ces arômes dans une bouche fondante, harmonieuse et équilibrée. Il prime par son élégance.
#trèsrecommandable
21 euros

Château Arnauld
Superbe nez, puissant et raffiné, fruité, élégamment boisé avec un joli fumé. Bouche dense et généreuse avec des tannins veloutés et une grande tension finale. De l’équilibre et du potentiel.
#trèsrecommandable
30 euros

Château Belgrave
Aujourd’hui un peu moins accompli sur le plan formel que d’autres, avec une chair de raisin mûr et un tannin légèrement astringent. Il n’a pas encore trouvé son unité nez et bouche, cela viendra. Quelques variations d’une bouteille à l’autre.
#recommandable
28 euros

Château Cantemerle
Joli nez plein de finesse et de nuances malgré le jeune âge, tannin élégant, bouquet floral digne d’un beau margaux, belle persistance d’un boisé maîtrisé. Comme toujours, rapport qualité-prix évident.
#valeursûre
25 euros chez iDealwine

Château Charmail
Nez expressif entre fleurs séchées, rhubarbe, fruits rouges et silex, bouche charnue, avec des tannins fins et une finale fraîche et tendre. On aime son exubérance et son énergie.
#recommandable
17 euros chez iDealwine

Château Clément-Pichon
Nez épanoui et complexe, fruit intense, notes boisées et réglissées, tannins riches et serrés, boisé présent et finale vigoureuse. Bien fait.
#superbordeaux
14 euros

Château Doyac
Nez de fleurs séchées et de petits fruits rouges que l’on retrouve dans une bouche ronde, charnue, vive et équilibrée. Harmonieux et facile à boire.
#superbordeaux
12 euros

Château Haut-Madrac
Joli corps moelleux et délié dans sa matière, on aime sa suavité et sa buvabilité immédiate. Nez précis et élégant très typé médoc avec une touche de modernité bienvenue.
#superbordeaux
17 euros

Château La Lagune
Un des vins les plus complets et les plus précis depuis plus de dix ans. Droiture, corps plein, précision et noblesse du cabernet-sauvignon cueilli à maturité idéale. Belle réussite à attendre dix ans.
#valeursûre
39 euros chez iDealwine

Château Lamothe-Bergeron
Nez épanoui, fruits bien mûrs, fleurs blanches, bouche tendre en attaque avec une belle chair, des arômes persistants soutenus pas une grande vivacité.
#recommandable
14 euros

Château Larose-Trintaudon
Nez fruité, floral, minéral, riche et précis, bouche tendre avec des tannins soyeux, de la salinité et une belle fraîcheur. Du velours, du fruit et un parfait équilibre.
#recommandable
13 euros

Château La Tour Carnet
Bien vinifié, corsé et tannique, sans la touche minérale de la butte calcaire, avec une texture plus ample. Boisé équilibré. Un tour de force et un beau rapport qualité-prix.
#trèsrecommandable
29 euros chez iDealwine

Château Malescasse
Nez épanoui et complexe, fruit fondu, notes de fleurs blanches, boisé grillé, bouche savoureuse avec un grain soyeux et une finale tendue. Du raffinement.
#recommandable
26 euros

Château de Malleret
Jolie chair, élevage précis et luxueux sans lourdeur, ce qui devient rare par peur du bois, vin séveux et séducteur, parfaite maturité du raisin et tannin harmonieux.
#trèsrecommandable
19 euros

Château Paloumey
Nez puissant, fruits noirs et réglisse, notes fumées, bouche généreuse, chaleureuse, avec des tannins de caractère et une finale énergique.
#superbordeaux
15 euros

Château Patache d’Aux
Belle complexité aromatique et subtilité dans le fruit et les épices, bouche franche, nerveuse, aromatique, avec une finale qui donne de l’énergie.
#trèsrecommandable
13 euros

Château Ramage La Bâtisse
Équilibré et plaisant à boire, raffinement du fruit et des notes florales, bouche ample, offrant un joli grain satiné, du fruit et une finale tonique et longue.
#recommandable
12 euros

Château Sociando-Mallet
Nez racé et classique des grands terroirs du nord, sur le cèdre, avec un boisé maîtrisé et une finale de style sur le graphite. Il domine notre dégustation des vins non classés du millésime, ce qui n’étonnera personne.
#valeursûre
35 euros chez iDealwine

LISTRAC


Château Cap Léon Veyrin
Nez puissant qui exprime un fruit pur, des notes de fleurs suaves et un boisé élégant, bouche ample, avec un grain serré et velouté, du fruit et une finale énergique. De la personnalité.
#recommandable
10 euros

Château Clarke
Coup de nez franc et charmeur, sur le fruit rouge et le floral, précis et raffiné. On apprécie la qualité de l’élevage qui ne fige pas le vin en bouche et le laisse en liberté jusqu’à la finale. Vin agréable et classique de son appellation.
#trèsrecommandable
40 euros

Château Fonréaud
Coup de nez en fraîcheur, notes légères de fumé et de toast, retour mentholé élégant en fin de bouche, corps équilibré, texture agréable, vin bien fait.
#recommandable
15 euros chez iDealwine

Château Fourcas Dupré
Belle réussite dans ce millésime qui confirme les progrès récents réalisés par la propriété. Nez fin et intense sur les notes de fruits noirs, bouche savoureuse et impression de velouté du plus bel effet. Il vieillira très bien.
#trèsrecommandable
15 euros chez iDealwine

Château Fourcas Hosten
Bien construit en bouche, marqué par des sensations tactiles données par les sols argileux du cru, texture enveloppante et fraîcheur en finale. Du style, un bon potentiel de garde et un excellent rapport qualité-prix.
#trèsrecommandable
20 euros

MARGAUX



Château d’Arsac
Généreux et exubérant, explosion de fruit complétée par des notes épicées. Bouche ample, avec une trame satinée et savoureuse et une finale longue et fraîche. L’ensemble est réussi.
#recommandable
21 euros

Château Boyd-Cantenac
Pas encore d’unité entre un boisé marqué (et inutile) et un corps plein où le tannin délicat est écrasé par le bois et une réduction « à l’ancienne ». À redéguster dans cinq ou six ans, le temps que tout cela s’harmonise.
#trèsrecommandable
44 euros

Château Brane-Cantenac
Belle robe, nez raffiné, entre les notes de cèdre, de santal et le floral propre au vin de la propriété, jolie texture ample et raffinée, parfaite extraction du tannin, souplesse intérieure dans l’esprit habituel du château, aucune sensation de stress en bouche. Prix encore accessible à ce niveau de classement et de qualité.
#granderéussite
110 euros

Château Cantenac Brown
Généreux et d’une texture ferme, sans astringence dans les sensations tactiles. Élevage réussi qui ne marque pas la texture et sans sensation de stress. On peut lui faire confiance pour le long vieillissement. Brio, le second vin particulièrement onctueux et subtil dominait notre dégustation à l’aveugle des seconds. Une propriété à surveiller d’encore plus près à l’avenir.
#valeursûre
45 euros chez iDealwine

Château Dauzac
Beau vin complet, raffiné, avec de la substance et un soutien tannique homogène qui lui assurera un excellent vieillissement. Sa finesse s’exprimera avec la garde. Aurore et Labastide, les autres vins, sont tous les deux d’excellents rapports qualité-prix. Un millésime réussi par la propriété.
#valeursûre
88 euros

Château Durfort-Vivens
Un des sommets du millésime qui continue une série impressionnante de réussites pas encore assez reconnues dans le monde. Admirable noblesse aromatique avec des notes florales qui rappellent les margaux légendaires comme 1953 ou 1949. Grande texture de taffetas, parfait élevage, grande suite en bouche. Le travail à la vigne, en avance dans ce secteur, porte ses fruits. Prix encore accessibles, un must.
#sommetdumillésime
65 euros chez iDealwine

Château Ferrière
Le vin continue à progresser sur le plan de la forme, de la texture et de la qualité d’élevage. Il rend justice à son terroir situé au centre de Margaux, avec la puissance native du millésime.
#valeursûre
35 euros chez iDealwine

Château Giscours
Corps généreux, habituel au cru, notes de cuir et de chocolat au nez, typiques de raisins mûrs, retour mentholé en fin de bouche qui laisse espérer dans dix ans ou plus une bouteille de grand style. Giscours est un peu plus lent à s’harmoniser que les margaux plus septentrionaux. Ce n’est qu’une question de temps.
#valeursûre
55 euros chez iDealwine

Château d’Issan
Grande robe, nez pur et fin, assez complexe, corps très net, tannin précis, du style et un beau naturel. Il ne lui manque qu’un petit degré de concentration supplémentaire pour égaler les dix meilleurs 2020. La propriété avance vite et bien.
#valeursûre
54 euros chez iDealwine

Château Kirwan
Le plus grand kirwan des cinquante dernières années et le premier grand vin né dans le cuvier moderne et exemplaire. Expression margalaise magnifique par les notes florales rappelant la rose ou la pivoine et le velouté de texture. Élevage sublime où le vanillé du bois souligne le raffinement tactile du tannin. Coup de cœur de notre équipe.
#granderéussite
44 euros

Château Lascombes
Grande couleur, ensemble ample, généreux et savoureux, très précis dans sa construction. Un peu de sévérité pour le moment dans le tannin, mais son étoffe reviendra avec un peu de garde.
#valeursûre
75 euros

Château Malescot Saint-Exupéry
Vin plein et dans le style du millésime avec ce qu’il faut de chair pour permettre un beau vieillissement. Un peu moins de nuances aromatiques immédiates et surtout de raffinement de texture que d’autres.
#valeursûre
75 euros

Château Margaux

Nez précis et noble de cèdre, d’épices, sans nuances florales pour le moment. Corps ample et strict, domination nette de la fermeté et aussi du côté « sérieux » du cabernet-sauvignon, boisé fin lui aussi de la famille « cèdre », finale sur le bois de santal. Beaucoup de race et un petit manque de sensualité immédiate. L’émotion viendra dans quinze ou vingt ans.
#granderéussite
950 euros

Château Margaux, Pavillon rouge
Finesse immédiate et notes florales subtiles, fraîcheur et raffinement dans le soutien tannique, du style, du caractère et plus de précocité dans l’affirmation du terroir que le grand vin de la propriété.
#valeursûre
235 euros

Château Marquis d’Alesme
Couleur profonde et franche, corps chaleureux, texture encore un peu ferme et classique d’une année complète, bâti pour une garde assurée plus que pour le charme immédiat.
#valeursûre
41 euros

Château Marquis de Terme
Réussite indéniable, belle matière, texture profonde et soyeuse, tannin presque velouté, grand élevage, aucun excès d’extraction et personnalité affirmée. Nous avons apprécié l’ouverture d’un nez évoquant la cerise et les fruits rouges plus que noirs. Très belle bouteille dans dix à quinze ans.
#granderéussite
44 euros chez iDealwine

Château Monbrison
Notes florales et élégance habituelle, corps équilibré, tannin un peu serré en fin de bouche. Sa finesse native évidente n’égale pas la merveilleuse ampleur du 2019. L’été très sec se ressent un peu.
#trèsrecommandable
28 euros

Château Palmer
Magnifique ampleur de saveur et de texture, classe aromatique, grande persistance et équilibre parfait entre élégance et sensualité, avec des merlots et des petits verdots qui jouent parfaitement leur rôle. Impression inoubliable de naturel dans la relation alcool-acidité.
#granderéussite
370 euros

Château Palmer, Alter Ego
Texture et saveur du grand vin margalais classique qui ne souffre que de la comparaison avec le grand vin de la propriété. Il associe une belle générosité de corps et un raffinement aromatique qui ne demande qu’à s’épanouir avec le temps.
#valeursûre
79 euros

Château Prieuré-Lichine
Nez parfumé et élégant, typé margaux. Saveur raffinée de cabernet, entre le cèdre et le réglisse, qui développe des registres floraux et épicés propres au cœur du terroir margalais. Splendide rapport qualité-prix. Même réussite pour Confidences, le second vin, un des plus équilibrés de notre dégustation à l’aveugle.
#valeursûre
36 euros chez iDealwine

Château Rauzan-Gassies
Excellent corps malgré encore un peu trop d’austérité en bouche, voire de sévérité, qui n’est pas adoucie par un élevage pourtant de plus en plus hédoniste, laissant un peu de sensation de stress dans le tactile du tannin. Laissons-lui une dizaine d’années pour un meilleur développement de la qualité de ses cabernet-sauvignon mûrs.
#trèsrecommandable
53 euros

Château Rauzan-Ségla
Nez sur le santal, typique de ce qu’on attend un peu plus au nord, à Saint-Julien. Bon corps, bonne assise tannique, avec pour le moment un petit manque de chair et de rebond en bouche. Il gagne en nuances après une longue aération.
Avouons une petite déception malgré ses qualités évidentes.
#valeursûre
96 euros chez iDealwine

Château Siran
Margalais dans l’esprit et dans le raffinement de ses arômes floraux et de fruits rouges, il lui manque encore un peu de tendresse dans le corps de son tannin pour afficher une harmonie d’ensemble plus manifeste. Joli vin.
#recommandable
33 euros chez iDealwine

Château du Tertre
La bonne surprise de notre dégustation à l’aveugle. Beau nez, certes marqué par un bois qui n’assèche pas la texture et, sans alourdir la bouche, prolonge le fruit élégant et s’harmonise avec le caractère « cèdre » de la finale. Ce terroir très fin a parfois donné des vins un peu maigres. Ce n’est pas le cas avec ce 2020. Il mérite d’être recherché par les connaisseurs.
#valeursûre
36 euros chez iDealwine

MÉDOC


Château Les Grands Chênes
Bon corps, bonne texture, fruit et texture de raisin mûr, ensemble équilibré et sans excès d’élevage. C’est une bouteille qui donnera du plaisir, surtout à ce prix.
#superbordeaux
13 euros chez iDealwine

Château Potensac
Nez net et précis sur le cèdre, excellent corps, soutien tannique ferme, bâti pour la garde dans un esprit médocain classique.
#trèsrecommandable
25 euros

MOULIS


Château Branas Grand Poujeaux
Joli coup de nez, aromatique frais et élégant, corps complet, mais avec un relatif manque de persistance pour le moment. Il évoluera bien.
#recommandable
22 euros

Château La Mouline
Nez précis et élégant de fruits noirs cueillis à juste maturité, il se démarque en bouche par sa tension et son énergie qui lui donnent un caractère digeste indéniable. Un joli moulis conforme aux ambitions nouvelles du cru.
#recommandable
20 euros

PAUILLAC


Château d’Armaihac
Nez puissant et réglissé, moins marqué par son élevage que les autres pauillacs de son écurie, texture et corps classiques, plus linéaires qu’enveloppants. Un beau pauillac bâti pour la garde et pour les amateurs de médocs authentiques encore accessible.
#valeursûre
55 euros

Château Batailley
Pour les meilleurs échantillons, un ensemble réussi, entre le style enveloppant du secteur Bages et celui des pauillacs fins du secteur du hameau de Saint-Lambert. Excellence constante du second vin, Lions de Batailley, le plus fin de notre dégustation à l’aveugle et qui mérite le plus vif succès.
#valeursûre
49 euros

Château Clerc-Milon
Grande couleur, nez ample et classique, petite touche de cuir liée à la proportion de merlots, corps généreux, avec encore un peu d’astringence dans le tannin et un caractère terrien et racinaire donné par l’argile, parfaitement respecté par le vinificateur.
#valeursûre
110 euros

Château Croizet-Bages
Réussite sur le cèdre avec de la finesse et de la distinction dans le tannin, bien équilibré en boisé, bâti pour la garde. Rapport qualité-prix évident. On doit suivre cette propriété située entre Lynch-Bages et Grand-Puy-Lacoste, elle mérite toute l’attention de l’amateur.
#valeursûre
33 euros

Château Duhart-Milon
Nez réglissé, vin complet, tannin de grande race, boisé parfaitement associé au corps et à la texture. Bref, des progrès évidents et le meilleur vin récent de la propriété. Classicisme pauillacais impeccable.
#granderéussite
79 euros chez iDealwine

Château Grand-Puy Ducasse
Excellent corps, notes classiques de cèdre et de tabac, continuant sa progression en précision d’expression. Tannin ferme et matière encore en retrait dans son harmonie générale. Bon rapport qualité-prix.
#trèsrecommandable
35 euros chez iDealwine

Château Grand-Puy-Lacoste
Nos trois dégustations montrent des vins homogènes, au caractère médocain exemplaire (cèdre, épices, tabac) reposant sur un socle tannique généreux et sans aspérité. Parfait élevage. Ce vin complet fera une grande bouteille.
#granderéussite
75 euros

Château Haut-Bages Libéral
Belle couleur, beau corps, ensemble charnu, libéré dans son tannin et sa saveur. Seule la fin de bouche manque encore de définition par rapport à ses pairs. L’élevage n’est pas encore adapté à une superbe matière. En progrès évidents.
#trèsrecommandable
35 euros chez iDealwine

Château Haut-Bages Monpelou
Fidèle à son style habituel et classique de Pauillac par ses notes de cassis frais et sa touche fumée élégante. Beau volume de bouche et belle profondeur, c’est un vin qui nous plaît chaque année davantage.
#trèsrecommandable
22 euros

Château Haut-Batailley
Deux dégustations homogènes, chaque fois un vin net et classique du secteur, sur le cèdre plus que le tabac, tannin ferme, modéré dans sa richesse de texture et digne de son origine.
#valeursûre
57 euros

Château Lafite-Rothschild
Incomparable essence de cabernet-sauvignon de type « cèdre », texture ample et raffinée, délicatesse dans la puissance. Ce lafite à son sommet de séduction et d’harmonie est peut-être notre préféré des vingt dernières années. Nous nous sentons davantage en phase avec le boisé et la matière. Une viticulture encore mieux réglée explique sans doute cela.
#sommetdumillésime
850 euros chez iDealwine

Château Lafite-Rothschild, Carruades de Lafite
Le carruades le plus harmonieux et le plus réussi depuis une génération, plus proche du grand vin par son caractère malgré une bonne proportion de merlot. Distinction évidente de saveur et de texture que seul un immense terroir peut offrir.
#valeursûre
275 euros chez iDealwine

Château Latour
Grande couleur, vin droit, énergique et raffiné, terminant sur un tannin de grande noblesse conforme à l’attente. Il frappe par un caractère un peu plus entier, un rien moins nuancé, et sans doute encore un peu dans sa phase de réduction liée à une mise en bouteille forcément récente.
#granderéussite
Prix nc

Château Latour, Les Forts de Latour
Amplitude de corps, saveur nette, noble et franche, avec une touche minérale qui réjouira les amateurs de cet autre vin. Le grand vin lui fait un peu tort par son assise tannique plus profonde et énergique.
#valeursûre
Prix nc

Château Lynch-Bages
Grande couleur, grand corps, avec encore un peu d’astringence dans le tannin extrait avec dynamisme et équilibré par un retour mentholé rafraîchissant de grande classe. Mariage réussi entre rigueur et plaisir, prêt pour l’avenir. Belle réussite pour écho, parfait second vin, typé pauillac et sur le tabac havane.
#valeursûre
144 euros

Château Lynch-Moussas
Variations d’une bouteille à l’autre. La meilleure est dotée d’un excellent corps et d’un velouté de texture marqué,
le boisé moins intégré a encore besoin de se fondre. La bouteille la plus décevante n’est pas encore en place, mais sans défaut apparent. À revoir dans cinq ans.
#recommandable
36 euros

Château Mouton-Rothschild
Grand nez typé cèdre et tabac blond, boisé un peu plus affirmé que juste avant la mise, sans rien d’asséchant. Magnifique développement à l’air avec un soutien tannique puissant et charmeur et un moelleux un peu plus merlot que dans d’autres millésimes récents.
#granderéussite
1 025 euros

Château Mouton-Rothschild, Petit Mouton
Boisé noble et un peu plus marqué au nez que juste avant la mise, grande saveur de cabernet et raffinement de texture. De la matière et un vrai autre vin, proche dans le style du grand mouton, avec un petit peu moins de puissance.
#valeursûre
280 euros

Château Pédesclaux
Nez réglissé et minéral, texture ample et sensations tactiles soyeuses, le tannin s’est affiné. C’est le vin le plus harmonieux et le mieux défini depuis le changement de gestion de la propriété. Une étape de plus dans la progression du cru.
#trèsrecommandable
37 euros chez iDealwine

Château Pichon-Longueville Baron
Magnifique nez sur le tabac plus havane que blond, corps et texture dignes, assise tannique parfaite, grand élevage. De toute évidence au niveau d’un premier cru. Comme toujours, griffons, avec son nez de violette et son velouté de texture fait partie de l’élite des autres vins, proche du grand vin dans sa dimension et ses sensations tactiles.
#granderéussite
173 euros

Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande
Somptueuse texture rivalisant avec celle des premiers crus, magnifique ouverture au nez, sur le tabac et le cèdre, née d’une forte proportion d’un cabernet-sauvignon athlétique et vigoureux, avec beaucoup de nuances immédiates dans la saveur et la texture. Grande réussite. Le second vin, Réserve, est raffiné et racé.
#sommetdumillésime
200 euros

Château Pontet-Canet
Ouvert et libre, puissant et harmonieux, riche en texture et velouté dans ses sensations tactiles avec une belle suite en bouche. Ce modèle du genre mérite son statut et continue à montrer les bienfaits d’une viticulture respectueuse.
#granderéussite
119 euros chez iDealwine

SAINT-ESTèPHE


Château Beau Site
Nouvelle réussite pour ce cru qui ne tombe jamais dans le démonstratif et cultive son caractère affirmé typique de Saint-Estèphe. Tannins soyeux, matière fraîche, fruité perceptible soutenu par un élevage juste. Promis à un bel avenir.
#recommandable
20 euros

Château Calon-Ségur
Le plus aromatique et le plus sensuel des crus classés de l’appellation dans nos deux dégustations. Chair et texture magnifiques, faisant jeu égal avec les premiers crus. Son ouverture immédiate ne nuira pas à son vieillissement. Le second vin, Marquis de Calon, frappe aussi par son harmonie immédiate et son corps parfait, digne du millésime et du terroir, où un peu plus de merlots explique son étoffe et ses sensations tactiles.
#granderéussite
199 euros

Château Capbern
Raffinement aromatique, allonge, style, nous saluons l’étonnante race et ampleur de Capbern, sans doute le secret du Médoc le mieux gardé en France, tout aussi précis dans son élevage et éloquent dans sa saveur que les vins de Calon-Ségur, sa maison mère. Ne le laissez pas s’exporter en trop grande proportion vu son rapport qualité-prix spectaculaire.
#valeursûre
25 euros

Château de Côme
Plus léger que puissant, frais, facile et plaisant, ce cru offre un nez vif (fruits rouges, gentiane et épices), de la minéralité, une bouche dans le même esprit, aromatique, légère et vive.
#recommandable
30 euros

Château Cos d’Estournel
Vin complet, noble, profond – c’est peut-être le plus corsé du Médoc – qui confirme son évolution stylistique vers plus de pureté immédiate et de justesse d’expression de ses grands cabernets, désormais largement majoritaires. Son caractère regarde plus du côté de Pauillac que celui de ses pairs, ce qui semble logique d’un point de vue géographique. Pagodes est tout aussi racé, long et ambitieux dans son expression.
#granderéussite
195 euros chez iDealwine

Château Cos Labory
Un peu moins de corps et d’envergure de texture que ses pairs dans ce millésime, mais avec la droiture et le caractère de son beau terroir. On préfèrera ici sans doute 2019, mais ce 2020 se fera au vieillissement. Prix attractif.
#trèsrecommandable
28 euros chez iDealwine

Château Haut-Marbuzet
Corps idéal, boisé noble, allongeant tous les éléments nés d’un raisin parfaitement mûr, texture raffinée et complexité digne des meilleurs crus classés voisins. Grand avenir.
#granderéussite
35 euros chez iDealwine

Château Laffitte Carcasset
Magnifique nez riche et mûr, subtilité des notes de fruits noirs, épices et rose ancienne, bouche dense, vigoureuse, avec de beaux arômes qui persistent et un bon potentiel de garde.
#trèsrecommandable
18 euros

Château Lafon-Rochet
Droit, ample, strict mais sans raideur, le parfait saint-estèphe, montrant l’adaptation de ses sols au manque d’eau de l’été. Termine plutôt sur le cèdre, en regardant du côté de Pauillac. Excellent rapport qualité-prix.
#valeursûre
40 euros chez iDealwine

Château Le Boscq
Corps complet, notes de cèdre et de fruits noirs, grande allonge, parfait saint-estèphe. Encore une réussite dans ce millésime et une affaire évidente.
#trèsrecommandable
25 euros

Château Le Crock
Nez fondu, fruité, fumé et floral, bouche généreuse, ample, vigoureuse avec beaucoup de profondeur et de tonicité. Un saint-estèphe de caractère.
#recommandable
39 euros

Château Lilian Ladouys
Plein de cette personnalité joyeuse par arômes éclatants de fruits rouges, de fleurs et d’épices, que l’on perçoit dans une bouche généreuse, vigoureuse et longue. Régal.
#recommandable
19 euros chez iDealwine

Château Meyney
Excellent corps, nez ample, savoureux, superbe rémanence sur le menthol, vin de style et de caractère et grand rapport qualité-prix, comme souvent.
#valeursûre
28 euros chez iDealwine

Château Montrose
Il nous avait ébloui juste avant la mise. Dans nos deux dégustations, dont une à l’aveugle, il s’est montré très grand mais un peu rigide et austère dans l’expression de son tannin minéral, unique dans ce secteur. Il faut savoir attendre en raison de son assemblage qui prédit un élargissement de sa texture d’ici quinze à vingt ans.
#granderéussite
200 euros

Château de Pez
Excellent corps, précision aromatique, Pez continue de progresser dans l’expression de son terroir. Il doit encore gagner un peu en complexité de saveur pour égaler les tout meilleurs non classés de l’appellation.
#recommandable
36 euros

Château Phélan-Ségur
Notes de cèdre précises et racées, pas encore parfaitement harmonisé en bouche, petit manque de rebond final, mais beau style. Il plaira à l’amateur.
#valeursûre
45 euros chez iDealwine

Château Tronquoy-Lalande
Superbe coup de nez complexe, fruits noirs, prune et cèdre. Excellente texture, boisé intégré, retour de fraîcheur noble, coup de cœur et à ce stade de son évolution plus séducteur que dame-de-montrose.
#valeursûre
30 euros

SAINT-JULIEN


Château Beychevelle
Séducteur hors pair par sa pureté aromatique, au nez comme en bouche, son toucher tactile harmonieux et la finesse
de sa finale, liée à un élevage sous bois exemplaire. Les grands merlots apportent leur originalité. Amiral, second vin souple, précoce et affiné est idéal pour la restauration qui le servira jeune.
#granderéussite
116 euros

Château Branaire-Ducru
Corps équilibré et fin, extraction intelligente qui respecte la spécificité du terroir, avec une allure d’enfant de bonne éducation qui lui ôte un peu de spontanéité immédiate.
#trèsrecommandable
45 euros chez iDealwine

Château Ducru-Beaucaillou
Très grand vin, largement du niveau d’un premier cru et d’une admirable expression aromatique de cèdre et réglisse. Riche, savoureux avec la réserve des grands coureurs de fond. L’un des sommets absolus en 2020, dans la lignée des dernières réussites. Ducru est dans une forme étincelante.
#sommetdumillésime
250 euros

Château Ducru-Beaucaillou,
La Croix
En finesse de corps et de saveur, richesse de demi-corps et tannins policés, encore quelque peu sévères le jour de notre dégustation. Bel avenir.
#valeursûre
43 euros

Château Gloria
Indépendant de Saint-Pierre, Gloria est lié à lui pour le public. Remarquable mais différent, son style privilégie une gourmandise rare et souvent moins démonstrative. L’ensemble vieillira parfaitement et ne décevra pas. Grand rapport qualité-prix.
#valeursûre
36 euros chez iDealwine

Château Gruaud-Larose
Le cru, pleinement retrouvé, enchante par sa finesse, son harmonie, son naturel et sa profondeur qui en font
une quintessence heureuse de l’appellation. Excellent sarget, lui aussi en grand progrès et qui offre le meilleur rapport qualité-prix de sa catégorie à Saint-Julien.
#granderéussite
90 euros

Château Lagrange
Bien construit, noblement aromatique, avec un excellent soutien tannique même si la sévérité de sa première jeunesse a besoin de se fondre. L’expérience montre qu’il peut égaler les beaux seconds crus d’ici quelques années.
#valeursûre
49 euros chez iDealwine

Château Langoa-Barton
Variations nettes entre les échantillons, dont une bouteille trahie par son bouchon avec une déviation désagréable de type girofle. Deux autres présentent une excellente construction en bouche avec un boisé un peu asséchant et moins harmonisé
pour le moment.
#trèsrecommandable
40 euros chez iDealwine

Château Léoville-Barton
Nombreuses variations entre nos trois dégustations. La meilleure était noble et complète, avec le fond tannique de grand cabernet qui est la signature du cru. Deux autres montraient un tannin astringent et un boisé plus rustique qui détonnait avec la matière. Nous sommes confiants.
#valeursûre
80 euros chez iDealwine

Château Léoville-Las Cases
Admirable nez de cèdre, grand corps, grande texture, tannin puissant et raffiné, expression ultime des cabernet-sauvignon du grand enclos, avec la touche de cabernet franc qui manque à tant d’autres vins voisins. Égale, voire dépasse, les premiers crus.
#sommetdumillésime
305 euros

Château Léoville-Las Cases, Clos du Marquis
En puissance et finesse, avec la note de cèdre et de tabac qui va vers le style des pauillacs davantage que vers celui du grand vin, original et unique. Un peu massif le jour de notre dégustation, il s’affinera.
#valeursûre
70 euros

Château Léoville-Poyferré
Grande robe, corps enveloppant, assise tannique. Il montre de belles qualités d’avenir malgré une harmonie immédiate pas encore tout à fait en place. La petite proportion de petits verdots contribue aux sensations tactiles propres au cru, mais ne s’harmonise pas encore avec le cabernet. Ce n’était pas le cas juste avant la mise en bouteille. Verdict dans trois ans.
#valeursûre
130 euros

Château Saint-Pierre
Grande robe, corps parfait, texture noble et serrée, boisé largement sous contrôle qui laisse parler avec éloquence la matière. Remarquable rapport qualité-prix à saisir.
#valeursûre
55 euros chez iDealwine

Château Talbot
Certains le trouveront un peu trop boisé, en raison de ses nuances toastées qui rappellent les vins de Mouton-Rothschild d’il y a quelques années. Matière superbe, pas asséchée, avec des notes réglissées et de fruits noirs. Connétable est tout aussi réussi, plus léger, moins complexe et d’un grand rapport qualité-prix.
#valeursûre
52 euros chez iDealwine