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Un dîner au liquoreux

Non, le sauternes ne va pas qu’avec le foie gras ou la période des fêtes (ce grand amateur ne cesse de le dire sur son blog). Pour le vérifier par vous-même, pourquoi ne pas inviter les vins ci-dessous à passer à table avec vous ?

cypresdeclimens


Cyprès de Climens 2010
Dirigé depuis plus de vingt ans par Bérénice Lurton, ce vignoble de 30 hectares d’un seul tenant planté uniquement en sémillon est situé au sommet de l’appellation barsac. Le second vin
de Château Climens du château est fait pour
« un plaisir immédiat. »

Accord possible : huîtres chaudes.
Environ 40 € le coffret

chateauguiraud2011



Château Guiraud 2011
Les cent hectares de ce premier grand cru classé
de Sauternes sont plantés de sémillon (65 %) et de sauvignon (35 %). Château Guiraud est l’une des rares propriétés à avoir créé un conservatoire des cépages et la première parmi les crus classés 1855 à avoir obtenu la certification AB, inaugurée avec ce millésime 2011. Accord possible :
Poularde rôtie aux zestes d’orange.
65 € le coffret
closhautpeyraguey2010






Clos Haut-Peyraguey 2010
Ce voisin d’Yquem est le plus petit vignoble parmi les premiers crus classés de Sauternes. Racheté fin 2012 par Bernard Magrez, Clos Haut-Peyraguey déroule ses 17 hectares sur un terroir de graves sableuses reposant sur des argiles.
 Accord possible : Brochettes d’ananas au caramel d’épices et d’agrumes.
86 € le magnum en caisse bois


En découvrir plus sur les appellations sauternes et barsac ici.

Château des Tours 2010, le vin d'hier soir d'Antoine Pétrus


« C’est au Château des Tours à Sarrians que nous vous emmenons. Les Côtes-du-Rhône d’Emmanuel sont d’une finesse déconcertante, longs et déliés, ils feront vite oublier le manque de noblesse de cette appellation confuse. Le « grand Jacques » Reynaud pourrait être fier de son neveu qui fait perdurer le mythe qu’est Rayas, ce Chateauneuf-du-Pape magnifiant le grenache sur sables. »


 

Château des Tours, Côtes-du-Rhône Rouge, 2010

Le rouge 2010 est un bonheur aux senteurs de griotte mêlée au tabac et des essences de cuir. Son ensemble voluptueux soulignera les produits de l’automne comme un civet de lièvre, châtaignes rôties et mousseline de pommes de terre.

 

Environ 22 euros la bouteille
ACHETER


Propriété d’Emmanuel Reynaud de Rayas, le château des Tours présente les plus beaux côtes-du-rhône et vacqueyras de leurs appellations respectives. À Sarrians, tout près de Vacqueyras, la propriété compte une quarantaine d’hectares de vignes et d’oliviers. Les blancs évoluent autour du grenache et de la clairette et les rouges autour du grenache, du cinsault, d’un peu de syrah et de merlot. Le savoir-faire et le style Reynaud impriment chacun des flacons qui sortent de la propriété avec des robes dépouillées, l’orange sanguine en dominance aromatique et des matières aux tannins déliés. À l’heure de la sortie de notre guide, les vacqueyras 2011 et 2008 n’ont pas encore reçus leurs agréments faute de couleur. 2009 est considéré comme « peu plaisant » par les autorités compétentes. Une aberration de plus dans le monde viticole.

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Hostellerie de la Bouriane, Gourdon (46)


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Hostellerie de la Bouriane
Menus du moment 30 euros

Place du Foirail, 46300 Gourdon-en-Quercy
Tél. +33 (0)5 65 41 16 37
Fax +33 (0)5 65 41 04 92
http://www.hotellabouriane.fr/

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En plein cœur du Périgord Noir, cette auberge familiale avec Madame en cuisine et Monsieur au service s’il vous plait, offre le meilleur de la gastronomie locale dans la pure tradition. Foie gras, magret et truffe noire côtoient d’exceptionnels Cahors (Vieux millésimes de Clos de Gamot ! Clos de Triguedina, Château le Cèdre pour ne citer qu’eux) tout comme l’élite de la viticulture de l’Hexagone avec Rayas, Domaine de Peyre Rose, Jamet, Santa Duc et bien d’autres.
Un demi millier de références vous attendent dans une salle de restaurant hors du temps.

À LA CARTE :

  • L’Entremet Chaud façon Lasagne à la Duxelles de Champignon et émincé de Confit d’Oie
  • La Terrine maison

 

  • Le filet de fletan
  • Le quasi veau de Corrèze

 

  • La Tartelette aux Quetsches
  • L’Entremet de Mousse au Pain d’épices et Spéculos et son coulis de Mandarine et Grenadine

 

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Antoine Pétrus choisit cinq vins chez Cavissima


John Euvrard, Meilleur Ouvrier de France en Sommellerie, ex-chef sommelier du Restaurant Paul Bocuse, gère avec brio les 900 références de ce site devenu inévitable.Cavissima propose différents forfaits de 50 à 400 euros tout compris et il ne vous reste plus qu’à cliquer !Le stockage est facilité lui aussi car le site propose de garder vos vins à Paris comme à Beaune dans les meilleures conditions qu’il soit.Les premiers flacons tournent autour des 7 euros pour atteindre des prix plus conséquents sur des références mythiques.


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Pouilly Fumé, La Moynerie, 2006, Michel Redde

Le domaine s’impose peu à peu comme l’un des incontournables de Pouilly Fumé. 2006 est à maturité, très exotique, élancé et pur. A savourer avec des gambas en tempura.

17 euros

CONTACTER LA CAVE [/col]


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Pessac Leognan, Blanc, Domaine de Chevalier, 2011

Le blanc de grande gastronomie à réserver pour vos fêtes de fin d’année. Sagement boisé, il offre un corps ample et aux nuances pierreuses et fumées.

88 euros

CONTACTER LA CAVE [/col]


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Minervois, Rouge, La Ciaude, Domaine Anne Gros et Jean Paul Tollot, 2012

Tout le savoir faire de brillants vignerons Bourguignons mis au service de Minervois dans une grande définition et avec du caractère.

25 euros

ACHETER [/col]


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[col width= »six »]Vinsobres, Les Cornuds[/col]
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Vinsobres, Rouge, Les Cornuds, Perrin et Fils, 2011

Après un long contact entre le jus et la peau, l’assyrtiko, un des cépages autochtone grec est savamment élevé en barriques. Un blanc de gastronomie par excellence.

10,80 euros

CONTACTER LA CAVE [/col]


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Macon Milly Lamartine, Clos du Four, Les Héritiers du Comte Lafon, 2011

Les terroirs du Mâconnais sont anoblis par Dominique Lafon. Milly Lamartine 2011 est citronné, avec une fraicheur vivifiante et le volume de bouche qui va avec.

21 euros

CONTACTER LA CAVE [/col]
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Le Rhône nouveau


Les experts Bettane+Desseauve ont sélectionné dans chaque vignoble de France les producteurs
qui leur paraissent avoir le potentiel de s’affirmer au plus haut niveau de leur appellation.


Quatorzième étape de ce Tour de France de l’avenir, la Vallée du Rhône

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suivre

Crédits photo d’ouverture : http://semaineosoleil.com/


La sagesse pour réflexe

Lancée au printemps dernier dans le monde entier par le groupe de vins et spiritueux Pernod Ricard, l’application dédiée à la consommation responsable d’alcool Wise Drinking vient d’être enrichie de nouvelles fonctionnalités. Désormais, ses utilisateurs peuvent tester leurs connaissances via un « quiz responsable » composé de dix-sept défis comportant cinq questions chacun. L’idée est de profiter des fêtes de fin d’année et des réunions qui vont avec, en famille ou entre amis, pour diffuser les principes essentiels d’une consommation responsable. « Que représente une unité d’alcool ? Quel processus intervient dans la fabrication du vin ? Quelle est la recommandation faite aux femmes enceintes en matière d’alcool ? Quel était le dieu grec du vin ? » sont quelques-unes des questions posées, premiers pas d’un apprentissage de ses limites personnelles et, par conséquent, d’un comportement responsable envers l’alcool. Autre nouveauté, cette application assortit en toute logique sa recommandation de ne pas prendre le volant d’une possibilité d’appeler un taxi, même sans avoir de réseau.

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Wise Drinking ne représente qu’une partie des initiatives de promotion d’une consommation responsable engagées par Pernod Ricard et ses filiales à travers le monde. « En 2012, le Groupe a participé avec ICAP (devenu IARD pour International Alliance for Responsible Drinking) à l’élaboration et la mise en œuvre de cinq engagements de l’industrie de la bière, des vins et des spiritueux pour lutter contre l’usage inapproprié de l’alcool. Ces engagements comprennent la réduction de la consommation d’alcool chez les mineurs, le renforcement des codes de bonnes pratiques marketing, la communication d’information aux consommateurs et le développement d’innovations responsables, la réduction de la l’alcool au volant et l’obtention du soutien des détaillants dans la réduction de la consommation nocive d’alcool. » Pernod Ricard a notamment créé Responsible Party en partenariat avec Erasmus Student Network (ESN). En 4 ans, ces interventions lors de soirées étudiantes ont permis de sensibiliser plus de 175 000 étudiants dans vingt-huit pays européens.

Pour découvrir et télécharger l’application Wise Drinking, c’est par .

Chine et sauternes,accord laqué

Bel hommage d’un château très sinophile (voir ici) aux cinquante ans d’amitié franco-chinoise qui ont été célébrés tout au long de cette année 2014, la proposition de fin d’année de la Vinothèque de Bordeaux est un coffret de bois laqué arborant une reproduction d’un tableau de Xú Bēihóng, peintre chinois du XXe siècle parmi les plus célèbres. A l’intérieur de cet écrin pour épicurien, édition limitée à seulement 400 exemplaires au monde, six bouteilles de Château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, dans les millésimes 1998, 2000, 2001, 2002, 2003 et 2004.

Chacune des bouteilles de cette belle verticale porte une étiquette inédite représentant l’un des fameux chevaux à l’encre de Chine qui ont rendu Xú Bēihóng si populaire.
Le fils de l’artiste explique que pour peindre ces animaux symboles de courage, victoire et fidélité, son père a su créer une technique spéciale, « des coups de pinceau très libres, peu de traits et simplement de l’encre. » Une impression sur toile (76 x 46 cm) de l’œuvre Grand Cheval au Galop, accompagnée d’une copie du certificat d’authenticité numéroté, complète cet exceptionnel cadeau.

GuiraudMasterpiece@Vinotheque
Coffret « Guiraud Masterpiece », 16 500 €. Exclusivement disponible à la boutique de la Vinothèque de Bordeaux, 8 cours du 30 juillet, 33000 Bordeaux.

Bordeaux Tasting, les chiffres


La troisième édition du salon organisé par le magazine Terre de Vins a confirmé sa place de dégustation de qualité auprès d’un public venu nombreux. Plus de 5 000 visiteurs se sont croisés ce week-end au Palais de la Bourse de Bordeaux. Au moment de refermer les portes de cette édition 2014, Rodolphe Wartel, directeur du magazine, a tenu à remercier « vivement » les grands bordeaux pour leur « énorme » engagement.

« Ils ont été à nos côtés pendant ces deux jours, représentés le plus souvent par leurs propriétaires qui nous ont fait la sympathie de venir à la rencontre du public pendant une journée, voire plus. Nous associons dans nos remerciements les grands invités et les Champenois, tous venus de beaucoup plus loin. C’est une marque de confiance envers Terre de vins qui compte énormément pour nous. »

« La troisième édition de la manifestation marque une importante étape de maturité. Cette belle réussite nous incite à poursuivre et à nous engager (…) dans un deuxième cycle qui va nous permettre de grandir, mais de façon mesurée, en entendant les attentes et les désirs de nos partenaires. Notre visitorat étant très qualitatif, nous allons essayer de nous développer en maintenant cette priorité absolue. »

En 2013, Terre de Vins avait réalisé une enquête de satisfaction auprès des visiteurs.
98 % d’entre eux disaient avoir savouré leur visite et 92 % être prêts à acheter les vins qu’ils avaient dégustés. Lors de cette édition 2014 qui accueillait 120 grands bordeaux, 20 champagnes, 15 invités d’autres régions françaises et 10 vins étrangers, 7 000 verres Riedel ont été utilisés et offerts aux visiteurs et plus de 3 000 bouteilles ouvertes pour être dégustées en respectant l’objectif de l’événement de découverte et d’apprentissage dans la modération.

Retour complet sur ce Bordeaux tasting 2014 par Terre de Vins ici.

Vive le Féret

La XIXe édition du Féret vient de paraitre. Elle célèbre en sous-titre le bicentenaire de cette maison d’édition bordelaise, et il faut tirer un grand coup de chapeau à Bruno Boidron, son patron depuis quelques lustres maintenant, pour avoir non seulement repris ce monument girondin, mais aussi pour en avoir fait une maison prospère, dynamique et, surtout, fidèle à sa vocation et à ses principes.
Qu’est-ce que le Féret ? Tout simplement un dictionnaire encyclopédique des crus de Bordeaux. Il ne s’agit aucunement d’un guide : vous n’y trouverez ni notation ni commentaires critiques ; en revanche, l’exhaustivité est totale. Chaque cru, même les plus modestes de Bordeaux, y est recensé avec au minimum le nom des propriétaires, le nombre d’hectares et la production (en tonneaux, vieille unité de mesure bordelaise). « Bordeaux et ses vins », véritable nom de ce que tous les professionnels appellent « le Féret », est né en 1868 et ni son objet, ni sa tonalité générale, n’ont profondément changé. Il faut donc s’habituer au style suranné des textes, mais j’avoue que j’éprouve une certaine délectation à découvrir que tel cru que je trouvais par ailleurs banal produit un vin « renommé pour son bouquet délicat et distingué » ou que tel autre s’élève « à 38 mètres d’altitude » sur de « magnifiques croupes graveleuses ». Si l’on pense non sans discernement que chaque cru mérite, au moins une fois, son heure de gloire, c’est dans le Féret qu’elle sonnera. Mais bien sûr, la raison d’être du Féret est ailleurs, dans l’incroyable masse d’informations et de données factuelles sur le vignoble, les vinifications, les équipes et les coordonnées, la commercialisation présentée pour chaque cru. En matière d’information sur les vins de Bordeaux, le Féret renvoie Google et tout internet au rang de médiocres défricheurs…
Mais je crois que ce qui me plait le plus dans le Féret, c’est encore le portrait en creux qu’il trace des vins de Bordeaux. Son obsession, très bourgeoise avouons-le, de la classification, ici aussi discrète qu’impitoyable. Outre le classement officiel de chaque cru (classé, bourgeois, etc.), les auteurs s’autorisent depuis la première édition, à ranger chaque propriété « par ordre de mérite dans chaque commune ». Cet ordre de mérite, c’est bien sûr le poids, parfois écrasant, de la tradition et des us et coutumes du commerce local. Les exégètes et les curieux peuvent s’amuser tout au long des pages à le décrypter… Autre discours passionnant à lire, la remarquable introduction didactique qui couvre la totalité des éclairages sur le vin de Bordeaux. Écrites par les sommités girondines de chaque question (Van Leewen pour le terroir, Dubourdieu pour la vinification, Me Agostini pour le droit des marques, etc.), ces textes de présentation délivrent en quelque sorte le discours officiel des vins de Bordeaux. Avec ses grands principes et parfois ses petites manies : on n’y trouvera, par exemple, nulle part un chapitre sur la viticulture bio (ou a fortiori biodynamique), et encore moins dans les textes consacrés à « la conduite du vignoble » ou à la « fertilisation ». Le Féret n’est pas un ouvrage d’auteurs, il reflète avec une précision d’entomologiste l’univers des vins de Bordeaux, dans toutes les facettes de son génie et jusqu’aux reflets de ses quelques manques.

Saison 1, dernier épisode : les grands de Bordeaux s’endorment ou se réveillent


Brève – et personnelle – histoire contemporaine du vin de France


 

Chapitre onze, dans lesquels les grands de Bordeaux s’endorment ou se réveillent.

 
Les premiers crus de Bordeaux avaient évolué différemment au cours de la décennie précédente. Margaux, mené par le brillant Paul Pontallier, avait entamé une lente, mais sûre remontée vers les sommets, démarrant il est vrai d’un niveau très décevant dans les années soixante-dix. Haut-Brion était de très loin la star des années quatre-vingt au début des années quatre-vingt-dix. La rigueur et la vision que développait le directeur du cru, l’impérieux et impressionnant Jean-Bernard Delmas (une vraie dynastie, les Delmas, il avait succédé à son père et son successeur a été son fils Jean-Philippe), avait eu pour couronnement un 1989 légendaire. Lafite était mené sans tapage et dans un style à l’ancienne qui le plaçait à côté de l’ébullition stylistique de la période. Mais en 1994, quand Charles Chevalier, quitta la direction d’un autre cru du Baron Eric de Rothschild, le sauternes Rieussec, pour s’installer à Lafite, la révolution fut immédiate. Dans ce millésime, le très calme et déterminé Charles n’hésita pas à produire un grand vin à 100% cabernet sauvignon. Certains s’étranglèrent ou se moquèrent, sur le ton « Lafite est devenu un vin de cépage », pourtant, ce vin aristocratique et tendu marquait le renouveau de la propriété. Deux ans plus tard, Charles Chevalier signait un 1996 d’anthologie qui est pour moi le plus grand médoc de la décennie.
Latour, comme d’autres, subit une pollution de ses chais dû à l’utilisation d’un produit de traitement du bois qui délivrait une molécule, le trichloranisole (TCA), apportant aux vins une mauvaise saveur comparable à celle du goût de bouchon. Ce problème dramatique, dont on prit conscience au début des années 90 et qui fut décrit et traité quelques années plus tard par l’œnologue bordelais Pascal Chatonnet, n’apparaissait pas immédiatement et se propageait au fil du temps, dans des vins déjà mis en bouteille. Il touchait des propriétés plutôt méritantes, qui avaient souvent restructuré leur chai en utilisant ce produit. Lorsqu’il racheta le cru en 1996, l’homme d’affaire français François Pinault nomma un jeune directeur extérieur au monde du vin, Frédéric Engerer. Formé dans une grande école de commerce (HEC), Frédéric avait suivi l’enseignement de Michel Bettane et d’un autre brillant critique que j’avais embauché à la RVF, Bernard Burtschy. Homme de décision énergique, il prit le problème des TCA immédiatement à bras le corps et replaça aussitôt Latour au sommet, avec à mon sens un 2003 qui étonnera encore mes arrières-petits-enfants dans cent ans.

Engerer, comme Chevalier et Pontallier, ont utilisé une méthode infaillible pour replacer leur cru au plus haut niveau. Sélectionner impitoyablement le meilleur pour produire le grand vin de la propriété, quitte à réaliser des seconds vins rivalisant largement avec les plus grands crus classés. Au début des années quatre-vingt-dix, Mouton Rothschild ne nous paraissait pas engagé dans la même exigence. Je me souviens des regards consternés de Bettane, Michel Dovaz (notre ainé et un autre pilier de La RVF de l’époque) et moi-même, alors que nous sortions de la salle de dégustation de Mouton ou nous venions de redéguster les vins de 1991 à 1995. Nous écrivîmes brutalement notre déception dans la seconde édition du guide en retirant de surcroît une étoile à la notation du cru. Le jour de la sortie du guide, je donnai une interview à l’Agence France Presse qui résuma notre travail en titrant sa dépêche : « Mouton Rothschild déclassé !» Cela déclencha une incroyable tempête médiatique. Quand, après la soirée de lancement, je rentrai chez moi avec mon épouse, la baby-sitter qui gardait nos enfants m’avertit que le téléphone n’arrêtait pas de sonner, les principales chaines de télévision et de radio françaises ou européennes voulant à tout prix m’interviewer ! Ce maelstrom, qui dura une semaine entière et fut interrompu par une tempête d’une toute autre dimension, celle que provoqua la disparition tragique de Lady Di à Paris, nous permit de mieux connaitre et surtout de découvrir la forte personnalité de Philippine de Rothschild. Au lieu de nous attaquer et de nier tout problème dans son cru fétiche, elle voulut nous rencontrer pour comprendre nos reproches et provoque une profonde remise en question des méthodes de travail de ses équipes. A partir de 1997, Mouton s’engageait sur la voie qui est la sienne aujourd’hui, celle d’une viticulture exigeante et attentive, d’une récolte et d’une sélection de raisins à parfaite maturité de tanin et de fruit, de vinifications ultra précises et d’élevage plus artistement équilibrés qu’à l’époque précédente. Et ces chefs d’œuvre sont mis en scène avec brio par cette passionnée de théâtre devenue la plus brillantes et sensibles des créateurs de vins contemporains.