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Les vignes de Jimi


Brève –et personnelle– histoire contemporaine du vin de France


 

Introduction, où il est prouvé que le rock et le vin ne sont pas nés au même endroit.

 

J’ai été fan de rock avant de m’intéresser au vin. Je vivais dans une ville de Normandie, en France, à la fin des années soixante-dix, et j’avais déjà compris que j’étais né au mauvais endroit et au mauvais moment pour vivre cette passion du rock autrement que comme un fan nostalgique. La période clé où la culture rock a explosée, c’était entre 1965 et 1970 à Londres et en Californie. J’avais onze ans en 1969, beaucoup trop jeune pour aller danser dans la boue de Woodstock au son des riffs déchirants de la Fender de Jimi Hendrix.
J’ai eu beaucoup plus de chance avec le vin, seconde passion que j’ai pu suivre comme journaliste, critique puis patron du principal magazine spécialisé français au moment le plus exceptionnel de son histoire pourtant millénaire et dans le pays comptant depuis toujours les vignobles, les domaines et les vins les plus illustres de la planète. Avec Michel Bettane rencontré en novembre 1988 aux Hospices de Beaune et avec qui j’avais dégusté chaque cru de la vente (j’ai su un an plus tard qu’il avait apprécié mon jugement lorsque je fus embauché comme rédacteur en chef de la Revue du vin de France, célèbre RVF dont il était le critique vedette), nous avons pu vivre une expérience exceptionnelle, qu’aucun autre grand dégustateur mondial n’a pu partager aussi intimement. Celle de vivre au jour le jour dans tous les grands vignobles français et auprès des meilleurs vignerons (et parfois aussi avec d’autres producteurs moins doués) la plus formidable révolution qualitative qu’ai connu le monde du vin depuis son origine.

Partageant souvent les doutes et les espoirs d’une génération brillante de vignerons de notre âge, dégustant avec eux leurs vins à la barrique, discutant des choix d’encépagements, de méthode culturale, de vinification ou d’élevage. Bien sûr, les commentaires et les notations que nous établissions s’adressaient à un public d’amateurs de plus en plus nombreux et prêts à découvrir de nouvelles stars du vin, mais nous savions pertinemment que nos premiers lecteurs étaient ces vignerons eux-mêmes, qui avaient absolument besoin du regard sincère et franc que nous portions à leur travail.
Michel Bettane, avec qui je dégustais chaque matin des dizaines de vins anonymes ou célèbres, m’impressionnait par l’honnêteté et la précision de son jugement sur chacun de ces vins, manifestant toujours une incroyable indépendance à l’égard de la réputation du cru et encore plus souvent des relations amicales qu’il pouvait entretenir avec tel ou tel producteur. Il avait conservé dans cette mission de critique et d’observateur du vignoble, les principes qu’il avait appris en enseignant le français, le latin et le grec à ses élèves des classes préparatoires aux grandes écoles au cours d’une première vie de professeur. Porter une attention bienveillante, mais ultra exigeante au travail de ceux qu’il jugeait les plus doués des vignerons français. Travaillant depuis un quart de siècle avec lui, j’ai conservé et cultivé ces principes. On juge mieux les vins en suivant et en comprenant le travail quotidien du vigneron.

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Le bistrot des belles caves à Tours


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MENUS = de 18 à 45 euros
Ouvert de 12h à 15h et de 18h à 00h
Fermé le dimanche et le lundi.

23 rue du Commerce, 37000 Tours
Tél. : 02 47 05 71 21
www.lesbellescaves.com [/col] [col width= »six »]
L’histoire a commencé en blanc par le domaine de la Taille aux loups qui produisait du Montlouis et s’est progressivement étendu vers les grands terroirs de Vouvray. Elle s’est poursuivie en rouge à Bourgueil, au domaine de la Butte. Jacky Blot a découpé sa butte en tranches, avec une cuvée du pied de la butte, de la mi-pente et du haut de la butte sans parler de la cuvée des Perrières, tout aussi passionnante. En parallèle du vignoble, cet entrepreneur à l’énergie incroyable avait développé plusieurs caves sous l’enseigne Les Belles Caves. Le dernier de ses magasins, acquis au centre de Tours, lui offrait l’occasion d’acheter en même temps un restaurant voisin, Le Rive Gauche, ancien étoilé de la ville. Le Bistrot des Belles Caves était né ! On y mange bien et surtout, on y boit grand. La carte des vins approche les 1000 références et pas des moindres. Les liens tissés par Jacky depuis des années avec les meilleurs vignerons lui permettent d’avoir des allocations de vins introuvables. C’est là que vous pourrez venir faire la verticale dont vous rêviez. Vous aimez les chablis, elle portera sur Raveneau, Dauvissat ou William Fèvre, excusez du peu. Une lacune sur un millésime de Rayas, du clos Sainte-Hune ? Elle ne vous coûtera à table que 10€ de plus qu’en vente à emporter. Et pour ceux qui aiment varier les plaisirs, 40 vins sont quotidiennement à déguster au verre.

Description
À LA CARTE: menu à 24 euros entrée+plat+dessert • Gaspacho Andalou et ses légumes croquants, toast de jambon Ibérique • Cuisse de canette en fricassée, pêche rôtie et légumes glacés • Poire poché sur son miroir de cassis crème mousseuse citron

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Condrieu, la renaissance du viognier


Le vin de Condrieu, malgré sa rareté, est devenu l’un des vins de la vallée du Rhône les plus populaires au monde, le seul vin blanc même à l’être et son exemple est à l’origine de nombreuses plantations du cépage viognier à travers le monde, alors que, trente ans plus tôt, il avait failli disparaître.


 

À LIRE >Condrieu, les villages et les lieux-dits…

 

À suivre >Vinification et caractère des vins… >Le guide des producteurs et leurs vins…

 

Lors de ma première visite dans le vignoble, durant l’été si sec de 1976 Lors de ma première visite dans le vignoble, durant l’été si sec de 1976, ils n’étaient que dix hectares de coteaux abrupts à revendiquer l’appellation, dont la moitié appartenait à une force de la nature, Georges Vernay. Son courage, sa foi dans la qualité du vin, son tempérament de bon vivant ont largement contribué au triomphe actuel que connaissent les vins, qui peuvent enfin se vendre à des prix rentabilisant la pénibilité du travail de la vigne.

Un terroir unique

L’appellation Condrieu se décline sur la bordure orientale du Massif Central, comme le pendant des crus du Beaujolais au nord de Lyon, sur des sols vieux de plus de 300 millions d’années, formés lors de l’orogenèse hercynienne (formation des reliefs de l’ère primaire). La roche d’origine est granitique et lorsque des températures de plusieurs centaines de degrés l’ont retravaillée, elle s’est transformée en différents types de gneiss. On parle alors de roches métamorphiques riches en micas sombres ou en feldspaths plus clairs. Ce métamorphisme a pu prendre la forme feuilletée de schistes, sous l’effet de puissants mouvements tectoniques. Beaucoup plus près de nous, à l’ère quaternaire, sur le sommet des coteaux se sont accumulés ici ou là des dépôts de loess apportés par les vents et qui allègent les textures. Ces granits se délitent ou se décomposent facilement formant des arènes de sables. Ces sables s’alourdissent parfois par la formation d’argile, mais cette argile est infiniment moins compacte que sur un substrat calcaire. Une étude très précise des sols de l’appellation, commanditée par le syndicat viticole a été réalisée par les géologues Céline Beaucamp et Lolita Gilles. C’est ce travail capital qui inspire largement le descriptif des lieux-dits qui va suivre.

Un seul cépage

À l’heure actuelle, l’aire de production couvre un peu plus de 140 hectares sur 220 potentiels. Cela semble peu si l’on tient compte de la trentaine de kilomètres qui sépare le ruisseau de Bassenon, limite nord de l’appellation, du coteau de Montrond, au sud de Limony, qui la clôt. Mais avec beaucoup de rigueur, les vignerons n’ont conservé que les meilleures expositions, sud ou sud-est, et ont exclu les sommets de coteau, qui produisent un vin de pays des collines rhodaniennes. À partir de Chavanay, tous les coteaux qui n’ont pas droit à l’appellation Condrieu peuvent revendiquer l’appellation Saint-Joseph, mais paradoxalement sans être autorisés à planter le même cépage blanc. Ces saint-joseph du nord relèvent en effet des usages de ceux du sud : pour les vins blancs, seules la marsanne et la roussane sont autorisées, alors qu’en Condrieu et depuis la nuit des temps, le viognier est le cépage exclusif. On a longtemps cru que cette variété n’existait au monde que dans ce petit espace. Il semble pourtant qu’elle fasse depuis longtemps partie du patrimoine des vignobles dalmates, sans qu’on puisse savoir qui l’a plantée le premier. En tout cas, son adaptation au type de sol et au climat de ce secteur est brillamment mise en évidence par la finesse et le parfum remarquable qu’elle donne au vin et qui a donné l’idée à de nombreux « nouveaux » vignobles, en Californie, en Australie et désormais un peu partout dans l’hémisphère sud de l’essayer, souvent avec succès. Au moment des premières extensions de plantation, les vignerons n’avaient à leur disposition que deux clones bien inférieurs en qualité aux plants d’origine et qui pourtant ont fait le tour du monde. Grâce à la ténacité de Georges Vernay et à l’intelligence de la nouvelle génération de vignerons conduite par Gilbert Clusel et Brigitte Roch, une sélection massale soignée donne à tous la possibilité de revenir à la qualité incomparable des plus anciennes vignes.
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Cloudy Bay pinot noir

 

La Nouvelle-Zélande, l’autre pays du pinot noir


 

Marlbourough, Nouvelle Zélande

Robe rubis brillante très pinot, caractère aromatique immédiatement séduisant au nez avec les notes de prune et de fleurs relevées par des épices, attaque en bouche très veloutée, mais aussi de belle vivacité, fruit épicé superbement présent en bouche, finale soyeuse et énergique. Très bel équilibre, prêt à boire.

16,5/20

Disponible à 32,50 euros la bouteille sur vinatis pour le millésime 2001
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En France, seuls les spécialistes et les grands voyageurs connaissent Cloudy Bay. Les premiers savent que cette winery néo-zélandaise appartient – comme cinq autres à travers le monde – au groupe LVMH ; les seconds ont nécessairement vu une bouteille de Cloudy Bay sur la carte d’un restaurant de Londres, Hong Kong ou New York, tant la marque est mondialement diffusée. Mais les uns comme les autres connaissent surtout le sauvignon de Cloudy Bay, devenu l’étendard des blancs néo-z, avec son énergique vivacité mais aussi son savoureux confort de bouche, avec ses arômes de pamplemousse immédiatement séduisants. J’aurais adoré pouvoir vous parler du 2014 (récolté en mars, hémisphère sud oblige et, donc, mis en bouteille) que la winery a eu la gentillesse de nous adresser en direct depuis son site de Blenheim, dans la région de Marlbourough. Mais, comme le montre la photo jointe, les conditions de transport ont eu raison du sacro-saint bouchon à vis kiwi…
Cet envoi m’avait néanmoins fait plaisir, je suis allé dans ma cave retrouver une bouteille de Cloudy Bay. À côté du sauvignon, dormaient deux autres spécialités maison, bien moins connues, un chardonnay et un pinot noir. J’ai ouvert le pinot 2012 et je me suis régalé. Il en est du pinot comme du chardonnay, on soupçonne toujours ses versions New World de jouer sur un registre caricatural : la cerise ultra mur et la quetsche pour le premier, le butterscotch pour le second, la lourdeur alcoolique pour les deux. Ici, rien de cela, mais pas non plus une copie forcément imparfaite d’un gevrey ou d’un volnay. Non, une vraie expression originale, jouant sur une finesse allègre et souverainement tapissante en bouche, une complexité aromatique s’amusant de notes de petits fruits rouges et de touches subtilement poivrées et épicées. Côté climat, 2012 a ressemblé un peu là-bas à ce qu’est 2014 sous nos latitudes, avec un été froid et un automne inhabituellement chaud et sec. À la fois moderne (fraîcheur, fruit, caractère énergique en bouche) et très classique dans sa définition avec un équilibre quasi parfait, il est l’exemplaire démonstration qu’hors de Bourgogne le pinot noir peut avoir une vie originale et brillante.

Thierry Desseauve

 

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Les deux bouteilles de sauvignon 2014 reçues par transporteur depuis la Nouvelle-Zélande. Elles n’ont pas été décapsulées, mais le niveau de chaque flacon montre que leur étanchéité a été mise à mal durant le transport. Étonnant pour un mode de bouchage annoncé 100% fiable.

 

Des drones dans les vignes

Assurer la durabilité du vignoble de Bourgogne en continuant de diminuer les traitements appliqués à la plante, tel est l’objectif commun aux deux projets du bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) qui viennent de recevoir le soutien de l’Etat. Des drones veillant la vigne* (projet DAMAV) aux extraits végétaux stimulant ses défenses naturelles** (projet IRIS+), une technologie de pointe est au cœur de ces programmes qui vont bénéficier d’un co-financement par le Fonds unique interministériel. Le BIVB précise que « les critères de sélection sont drastiques » et que les projets retenus, forcément labellisés par au moins un pôle de compétitivité, doivent être « collaboratifs, innovants et présenter des retombées, notamment économiques, pour la filière concernée. »

La réduction des intrants est un axe de recherche et de développement prioritaire pour la filière viticole comme pour d’autres secteurs agricoles, comme la culture du blé. Toutefois, cette diminution ne doit pas mettre en péril la production. Pour répondre à cette problématique, le projet IRIS+ développe des techniques innovantes, empruntant « sans doute la voie la plus prometteuse des alternatives à la lutte chimique. » Ce travail ambitieux porte sur la création de biostimulants à base d’algues marines ou de végétaux et la mise au point d’un système de pulvérisation optimisant leur application ainsi que de systèmes d’imageries embarqués pour suivre leurs effets.



Autre imagerie « vue du ciel » assortie de systèmes d’analyse pointus touchant un large ensemble de paramètres (vigueur, réserve en eau, composition des sols, etc.) et de maladies de la vigne, celle des drones du projet DAMAV permet un diagnostic pointu. « Le système d’analyse de ces images est en cours de perfectionnement pour que l’interprétation soit aussi juste et performante que l’oeil humain. A terme, la prospection exhaustive du vignoble pourrait se faire par la voie des airs, les viticulteurs se concentrant alors uniquement sur les zones suspectes. » Initié en 2013, avec des essais de localisation de foyers de flavescence dorée, la qualité des images de ce nouvel outil prometteur a permis de bien identifier les zones suspectes.

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* Labellisé par les pôles de compétitivité Pégase, Risques, Vitagora et Aerospace Valley et piloté par le constructeur de drones Novadem, le projet DAMAV (détection automatique des maladies de la vigne) réunit des partenaires industriels (Airbus Defence & Space, Global Sensing Technologies), scientifiques (AgroSup Dijon), institutionnels (BIVB, FREDON Paca) et privés (Vignobles Bernard Magrez). Sa durée est de 36 mois et son budget de 1,7 millions d’euros.

** IRIS+ implique quatre entreprises des régions Bretagne, Bourgogne et Champagne-Ardenne (Laboratoire Goëmar, Tecnoma, Global Sensing Technologies, Artemis/Dijon Céréales), ainsi que le groupe Orange, le BIVB et deux équipes de recherche (l’Unité mixte de recherche agroécologie/INRA à Dijon et l’université du Littoral Côte d’Opale). Ce projet est porté par le pôle de compétitive Vitagora et co-labellisé par les pôles Mer Bretagne Atlantique et Industrie et Agro-Ressources. Il est doté d’un budget de 1,7 millions d’euros pour une durée de 36 mois.

2014 au pays du braucol


Comme partout en France, c’est une longue campagne en forme de marathon qui s’est achevée pour les vignerons de Gaillac, qui prédisent un bel avenir à ce millésime 2014. Si le vignoble de cette AOC du Sud-Ouest a profité d’un printemps idéal, le début du cycle végétatif et la floraison s’étant déroulés sous un climat exceptionnel, l’été fut complexe. Les températures basses, les pluies régulières et la faible luminosité ont rendu la conduite de la vigne difficile et les vignerons se sont attachés à ne jamais rien lâcher. La clémence de l’exceptionnel mois de septembre a permis aux baies d’achever leur maturité sereinement pour présenter, au final, de belles acidités et des maturités phénoliques plus que prometteuses sur ces cépages autochtones que sont le prunelart et le braucol. 


Au domaine d’Escausses, Jean-Marc Balaran annonce « un très grand millésime en blanc » et un équilibre sucre-acidité-arômes qui devrait être proche de l’idéal. « Si le soleil estival n’a pas vraiment doré la peau des vacanciers, il n’a pas non plus grillé les arômes délicats des raisins blancs. La dégustation des baies révèle des arômes intenses et prometteurs. » L’état sanitaire a été maîtrisé grâce à un travail d’effeuillage et d’éclaircissage et les quelques foyers de botrytis présents ont séché au soleil de septembre. Côté rouge, le potentiel est également prometteur, « mais il a fallu maîtriser les attaques d’un mildiou plus agressif qu’à l’habitude, effeuiller et éclaircir pour exposer les raisins au soleil, et ainsi les protéger des attaques de botrytis (…) et permettre l’apparition des arômes de cassis typiques de nos raisins de braucol. » La récolte des gamay a débuté le 20 septembre, suivie par celles des duras et syrah. Celle des braucol, aux environs du 10 octobre, a clôturé ces vendanges 2014.

Une année en Corton

Sous titré « Rencontres en haut lieu », comprendre la montagne de Corton, le voyage proposé par le photographe anglais Jon Wyond au long des 240 pages de son ouvrage, édité par Glénat, témoigne de quatres saisons passées au-dessus et autour des villages d’Aloxe-Corton, Ladoix-Serrigny et Pernand-Vergelesses, avec les habitants, avec les vignerons. Là, les vignes accrochées aux flancs de la colline ou étendues à ses pieds jouissent d’une grande variété de sols et d’expositions au soleil, avec des orientations qui vont du sud-est au sud-ouest. Cette richesse donne des vins aussi bien rouges (corton) que blancs (corton-charlemagne), fait unique en Bourgogne. Le travail photographique de Jon Wyand, qui arpente les vignobles de France depuis plus de dix ans, révèle une approche patiente de son sujet. Durant une année, il a guetté et saisi les instants clés du vignoble et des villages et les délicates attentions des hommes et des femmes de Corton à l’égard de la vigne.

Ces images sont accompagné par les textes de François Perroy, fils de vigneron toujours dans le vignoble, en France comme à l’étranger, pour travailler sur les questions d’œnotourisme. Pour lui une dégustation en Corton est « (…) du registre du vacarme intérieur, du grand chamboulement (…) parce que les vins de Corton et Corton-Charlemagne sont rares, intenses, liés à l’histoire la plus exigeante. » Auteur de guides aux éditions Glénat, il a également piloté l’édition de l’ouvrage Aude, Pays cathare dans la collection « Les œnoguides » (Glénat). Enfin, c’est un natif d’Aloxe-Corton, où sa famille fait du vin depuis plus de 150 ans, qui signe la préface. Professeur à l’ESC Dijon Bourgogne, Claude Chapuis a fait des stages viticoles sur les quatre continents et enseigne l’initiation à la viticulture aux étudiants en master de Wine Business et de Wine Management. Il est également l’auteur de nombreux ouvrages de référence sur les vins de Bourgogne.

Une année en Corton, rencontres en haut lieu.
Photographies de Jon Wyand, textes de François Perroy et préface de Claude Chapuis.
240 pages, éditions Glénat (Collection Le Verre et l’Assiette), 39 €

2014 vu par Frédéric Drouhin

Président de la Maison Joseph Drouhin, mais également de l’Union des Maisons de vins de Bourgogne depuis le printemps dernier, Frédéric Drouhin revient sur 2014, cette « étonnante » année.

Chaleur et précocité
« 2014 a démarré en fanfare. Très vite, la météo a basculé de l’hiver à quasiment l’été. Les températures, très clémentes début mars, ont favorisé un démarrage de la végétation dans tous les secteurs viticoles de Bourgogne. Début avril, les bourgeons s’ouvraient et l’on pouvait même voir déjà certaines pointes vertes. A ce stade, 2014 se plaçait déjà parmi les années les plus précoces.
Très vite, mi-avril, on pouvait voir plusieurs feuilles étalées et, début mai, on a pu constater dans les zones les plus précoces, une dizaine de feuilles étalées. Nous étions quinze jours en avance par rapport à une année normale.

Les quelques pluies ont même boosté la végétation, mais n’ont pas favorisé l’apparition et le développement de maladies. Le risque de mildiou était particulièrement faible en début de campagne. Début juin, beaucoup de parcelles ont montré leurs premières fleurs et si les températures inhabituellement élevées ont permis à celles-ci de se dérouler très rapidement, elles ont également stressé la vigne et entraîné beaucoup d’avortements des jeunes baies. Mi-juin, la floraison était terminée sur bon nombres de secteurs. A Chablis et dans les Hautes Côtes de Beaune et de Nuits, la floraison était encore en cours. »

Orages et effeuillages
« Le 28, un orage de grêle s’est abattu sur le secteur de la Côte de Beaune, en particulier Beaune, Pommard, Volnay, Meursault, touchant plusieurs centaines d’hectares avec des dégâts parfois très conséquents. La vigne était pourtant si belle… Le nord du Mâconnais a lui aussi été touché, avec des dégâts un peu moindres. Le 4 juillet, un nouvel orage de grêle a touché plus précisément le secteur de Pouilly et Solutré.

Les mois de juillet et août ont été étonnamment frais et humides, ce qui n’a que très sensiblement ralenti le développement de la vigne. A la mi-juillet, on constatait la fermeture de la grappe, qui marque aussi la fin de la sensibilité de celle-ci au mildiou. La pluviométrie de ces deux mois a représenté près du double de la normale, avec des températures fraîches. Il a fallu remettre en pratique l’effeuillage. L’état sanitaire est cependant resté satisfaisant, même si sont apparus ça et là des débuts de pourriture sur quelques baies. »

Douceur et vendanges

« Enfin un temps merveilleux, idéal, qui fera tout le millésime. Lumineux, doux, vent du nord, journées chaudes, nuits fraîches, harmonieuses conditions pour finir de porter la maturité à des niveaux souhaités. Les rendements sont très contrastés d’un vignoble et d’une parcelle à l’autre. Pour les vignes touchées par la grêle, les rendements sont situés entre 5 et 10 % d’une récolte normale. Les grappes des vignes ayant passé fleur au moment du pic de chaleur de juin étant très millerandées, les volumes sont en baisse de 30 % par rapport à la normale. Pour toutes les autres vignes, la charge était correcte. La particularité des raisins de l’année est une peau très épaisse, plutôt facteur de qualité mais également signe de rendements en jus faibles.

Les vendanges en Côte d’Or ont démarré le 12 septembre et se sont étalées sur quinze jours, les excellentes conditions climatiques ayant permis un report pour certaines parcelles. A Chablis, elles ont démarré le 15 septembre et se sont aussi étalées sur plus d’une quinzaine de jours. Les premiers décuvages des vins rouges de la Côte d’Or sont en cours et on trouve des vins plutôt équilibrés, d’une jolie couleur, sans être trop intense, et d’une structure tannique fine. Les vins blancs, qui terminent leur fermentation, ont des arômes fruités, nets, des degrés naturels plutôt dans la fourchette basse et une fraîcheur très gourmande. 2014 devrait donc être un très joli millésime dont le niveau de récolte global, supérieur aux trois dernières récoltes déficitaires, s’inscrit dans la moyenne décennale. »

Les Français et le vin

La cinquième édition du baromètre Sowine conçernant les rapports que les consommateurs français entretiennent avec le vin et le champagne, de la façon dont ils se considèrent à la façon dont ils se renseignent et achètent, met en lumière une importante progression du rôle de conseil des cavistes. Deuxième source d’information avant l’achat l’année dernière, juste après l’entourage, les voilà à la première place en 2014. Internet progresse également beaucoup, passant de la dernière place à la troisième. Cela se répercute visiblement sur les achats en ligne. Le baromètre 2013 indiquait que 10 % des Français achetaient leur vin sur internet, ils sont 24 % cette année. Enfin les consommateurs se considèrent de plus en plus amateurs (+7 %) que néophytes (-9 %).

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Illustrations issues du baromètre sowine/SSI 2014.

Joseph Drouhin donne la main aux Hospices de Belleville

La maison fondée à Beaune en 1880 par Joseph Drouhin et dirigée par la quatrième génération de ses descendants vient d’étendre son savoir-faire au-delà de la Bourgogne, où son domaine représente 78 hectares (Chablis, Côte de Nuits, Côte de Beaune, Côte châlonnaise) cultivés en bio ou en biodynamie.

A compter du millésime 2014, Joseph Drouhin est en charge de l’exploitation et la commercialisation des vins issus des 14 hectares en appellation fleurie, brouilly et morgon appartenant aux Hospices de Belleville, hôtel-Dieu fondé en 1733 dont le patrimoine est issu de dons de charité. Précisant que la Maison Joseph Drouhin a toujours été attirée « par les terroirs exceptionnels des crus du Beaujolais », le président du directoire, Frédéric Drouhin, se réjouit de cette association. «Elle nous permet d’accéder à des vignes prestigieuses et de qualité. Nous sommes convaincus que les vins des Hospices de Belleville trouveront idéalement une place privilégiée chez tous nos clients et cette superbe première récolte 2014 conforte notre enthousiasme. »

La directrice des Hospices de Belleville, Bernadette Lafond, évoque quant à elle un partenariat « à long terme » portant sur l’exploitation de l’intégralité du Domaine. « C’est non seulement une formidable opportunité d’assurer la pérennité financière de notre patrimoine historique mais aussi une chance de faire rayonner les Hospices dans le monde entier. »

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