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Une histoire d'arômes

Frédéric Panaïotis, chef de caves de la Maison Ruinart, organise depuis peu des dîners thématiques qui explorent les parallèles qui existent entre le monde du vin et d’autres univers. Ci-dessous, nous publions son compte-rendu d’une première soirée dédiée au parfum.

« Autour de la table, quelques blogueurs amis, mais aussi et surtout Anne Flipo, créatrice de parfums chez International Flavors & Fragrances (IFF). Entre elle et moi existe une grande complicité car nous avons longuement travaillé ensemble sur le projet “Interprétation” du Ruinart Blanc de Blancs.
Nous faisons part de notre rencontre, plutôt fortuite au départ, d’abord autour d’une grande dégustation des cuvées de la Maison, puis des matières premières qui sont un peu les « vins de base » avec lesquelles les nez jouent pour leurs créations. Ces premiers éléments font naître quelques questions sur les parallèles, et les différences, entre nos deux métiers, tant dans la création, l’élaboration, que la méthodologie de travail.

Beaucoup de recherches ont été – et sont encore – menées autour des arômes du vin. Avec Anne et ses collaborateurs, nous avons même poussé l’expérience jusqu’à décomposer par chromatographie les profils aromatiques des différentes cuvées Ruinart pour essayer de les reconstituer à partir de composés chimiques de base, en respectant les différences constatées – et mesurées – d’un champagne à l’autre. En vain. Le résultat, un magma aromatique vaguement vineux en lieu et place du nez fruité/fleuri du Blanc de Blancs ou grillé/miellé du Dom Ruinart. Et c’est tant mieux, car ni la machine, ni la chimie, ne peuvent remplacer l’homme de l’art, son expertise et son expérience.

Les questions fusent autour de la table, et nous permettent d’évoquer les nombreuses similitudes entre nos métiers, dans le vocabulaire, dans la manière d’envisager la création des « jus » ou des « cuvées », avec des envies plutôt sur telles notes, avec des odeurs et des goûts en tête. D’ailleurs, Anne nous explique comment elle s’est inspirée de notre Ruinart Blanc de Blancs pour terminer la création de Saharienne pour Yves Saint Laurent. Il lui manquait quelques notes de tête, que lui a inspiré son travail autour de notre champagne. Petite fierté.

Nous poursuivons sur notre collaboration ayant abouti à la réalisation des coffrets d’arômes Ruinart “Interprétation Blanc de Blancs” et “Interprétation Rosé”. Ce fut l’occasion d’apprendre les uns des autres, et de constater par ailleurs les différences, certaines majeures, entre nos métiers. La nécessité de faire travailler son palais, et les sens qui s’y rattachent, dans l’univers du vin. Ou encore le fait que le « nez » travaille sur un jus parfaitement identique à celui que découvrira le consommateur, alors que dans le champagne, 3 à 10 ans séparent la réalisation de l’assemblage et la mise sur le marché de la cuvée, sans oublier les étapes intermédiaires, dégorgement, dosage…

La soirée se poursuit autour des délicieux plats du restaurant Le Caméléon, à l’origine de savoureux accords, pendant qu’Anne teste notre mémoire olfactive autour de jolies matières premières. Parfums et vins, nous savons bien que les deux sont sources d’émotion et de jolies sensations, et peuvent même parfois provoquer un petit moment d’éternité. Notre graal à nous, en quelque sorte. »

Les primeurs en primeur : 2013

Six producteurs bordelais répondent à la question : « et vous, vous millésimez 2013 ? »
Tout le monde est d’accord. Enfin… Presque tout le monde.

Enchères record pour Drouhin


Il y a dix jours à new-York, la maison Sotheby’s proposait aux enchères un nombre limité de vins rares provenant de l’œnothèque Joseph Drouhin. L’estimation initiale de ces lots de millésimes anciens était de 500 000 dollars. Le résultat final a frisé le million de dollars. Tous les lots ont été vendus à des acheteurs particuliers du monde entier et nul doute que les garanties de provenance et de conservation offertes par ces bouteilles directement issues des caves de Drouhin y est pour beaucoup.

Parmi les lots les plus remarquables figurait une verticale de douze millésimes de Beaune Clos des Mouches blanc et rouge ainsi que douze bouteilles de Chambolle Musigny Les Amoureuses 1985, estimées 7 000 dollars et adjugées pour 19 600 dollars, douze bouteilles de Chambertin Clos de Bèze 1985 – estimées à 6 000 dollars et adjugées 14 700 dollars, et six bouteilles de Montrachet Marquis de Laguiche 1982, estimées à 3 000 dollars et adjugées 8 000 dollars.

Commentant cet cet événement exceptionnel, « en raison de l’extrême rareté de ces grands vin » et précisant avoir souhaité permettre l’accès à ces bouteilles uniques « aux plus grands amateurs de Bourgogne et de Joseph Drouhin ne pouvant venir à Beaune », le président de la Maison Joseph Drouhin, Frédéric Drouhin, a précisé qu’une telle vente ne devrait pas se reproduire « avant la prochaine génération de la famille Drouhin. »

Les Grands Jours et les autres


Le « salon dans le vignoble » que sont les Grands Jours de Bourgogne débute ce lundi et durera jusqu’au 21 mars. Rencontres internationales exclusivement réservées aux professionnels, les Grands Jours ont été créés en 1992 et ont lieu tous les deux ans, en mars. Lors de la dernière édition, 2 200 visiteurs (+ 5 % par rapport à 2010) ont rencontré 988 exposants dans 15 lieux de dégustations différents au cœur des terroirs bourguignons. Au total, 44 pays étaient représentés et cela ne devraient pas baisser cette année puisque la proportion de professionnels étrangers attendus pour cette édition 2014 est de 60 %. Toute cette semaine, ils parcourront la Bourgogne, de Chablis-Grand Auxerrois, ce lundi, à la Côte de Beaune, vendredi, en passant par la Côte de Nuits, le Mâconnais et la Côte Chalonnaise, mardi, mercredi et jeudi. Au long de ce bel itinéraire, ils auront la possibilité de rencontrer près de 1 000 vignerons et de découvrir plus de 10 000 vins.



Ceux qui ne sont pas « professionnels » pourront s’inspirer de ce parcours ou en inventer bien d’autres grâce au nouveau guide En Route pour la Bourgogne. Toujours gratuit, toujours illustré par de nombreuses cartes et photos et toujours disponible sur simple demande auprès de l’interprofession bourguignonne (BIVB) et d’une centaine d’offices de tourisme et syndicats d’initiative de la région (on peut préférer le télécharger ici), ce guide pratique en français-anglais répertorie dans sa version 2014 près de 100 manifestations viticoles sur douze mois et 375 domaines, maisons et caves coopératives (tous adhérents à la charte d’accueil De Vignes en Caves). Il propose également des itinéraires pour découvrir de nombreux sites touristiques au fil des cinq routes des vins de Bourgogne. Nouveautés de cette édition, 64 restaurants labellisés Vignobles & Découvertes figurent pour la première fois dans le guide et la carte détachable de la Bourgogne a été réalisée en partenariat avec Bourgogne Tourisme.

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Loi Evin, le bilan de Vin & Société

Un échec, le mot est assez vite lâché et figure en édito du guide Loi Evin, Enjeux et perspectives pour la filière viticole réalisé par Vin & Société, structure représentant 500 000 acteurs de la vigne et du vin en France. Notant qu’en 1991 « l’intention du législateur était d’autoriser la publicité pour les vins tout en limitant ses excès et en assurant le principe de protection de la jeunesse », Vin & Société constate que la consommation de vin a chuté fortement (-20% sur les 10 dernières années) pendant que « les conduites à risque des jeunes se sont inversement accrues. »

Aujourd’hui, 17 % des Français sont des consommateurs réguliers de vin, soit tous les jours ou presque. Les autres, bien plus nombreux, sont ce qu’on appelle des consommateurs occasionnels qui boivent du vin une à deux fois par semaine ou plus rarement (45 % des Français), ou des non-consommateurs, sauf en de très rares occasions (38 % des Français). En 20 ans, la part des consommateurs réguliers de vin a diminué de plus de 30 % (depuis 1960, la baisse est de 70 %).

Parallèlement à cette consommation de vin modérée, par ailleurs prônée par Vin & Société via différentes actions de prévention et d’éducation, on constate une hausse des épisodes d’ivresse, dans toutes les tranches d’âge, et chez les hommes aussi bien que chez les femmes. Quant au binge-drinking chez les jeunes, il est devenu un vrai sujet de société. Ainsi, la loi Evin n’aurait que peu d’effet sur les pratiques à risque et les excès qu’elle souhaitait combattre. « Serait-il temps de repenser une politique de santé publique visant en particulier les comportements à risque, sans stigmatisation du vin, très peu consommé par les jeunes générations ? »

Vin & Société pose la question dans ce guide très complet qui détaille le contexte de l’adoption de la loi Evin, ses effets sur la santé publique, mais aussi les abus liés à son interprétation, ou comment l’approche « mesurée » du législateur a créé une insécurité juridique. Bref, une indispensable piqûre de rappel à l’heure où consommation excessive et responsable ne sont plus distinguées et où la volonté d’« encadrer la publicité » s’est bien transformée, exemples de condamnations à l’appui (illustrés par les images censurées), en une quasi-interdiction de transmettre la culture du vin.

Loi Evin, Enjeux et perspectives pour la filière viticole est à télécharger au bas de cette page.

Vrai Canon Bouché change de mains

Propriété depuis 2005 de l’homme d’affaires hollandais Philip de Haseth Moller, qui y a réalisé d’importants travaux, les 15 hectares en appellation canon-fronsac de Château Vrai Canon Bouché viennent d’être cédés à la société de gestion parisienne La Française REM. Cette dernière s’investit depuis trente-cinq ans dans le secteur viticole et possède plus de trente domaines dans le Bordelais, en Bourgogne, Val de Loire, Vallée du Rhône et Provence. Sur ce très beau terroir de la Rive Droite, situé sur un plateau d’argile et calcaire sur le haut du Tertre de Canon, La Française compte consolider le travail du précédent propriétaire à travers un important programme d’investissements et en maintenant l’équipe en place, notamment Jean de Laitre, le responsable du domaine. 
On en lira plus sur cette acquisition dans cet article de Vitisphère.

Photo : Château Vrai Canon Bouché

Les Marionnet en Touraine

En soi, Marionnet est une expérience. Avec son élégance des années 70, il est absolument parfait, complètement décalé. Un type long et sec, un sourire de crooner, la mèche bien plaquée, ses convictions à la boutonnière, l’œil bienveillant et rieur. Au creux de l’hiver, dans sa campagne humide, les bosquets décharnés et les haies à trous, il a la difficile mission de vous enthousiasmer. Pourtant, dans une ouate de saison, la plaine est désespérante et si vous avez fait le trajet jusque là, c’est que vous avez une bonne raison. Les corbeaux, eux, volent à l’envers.

Henry Marionnet est un inventeur. Au contraire de tout le monde et depuis le début de son épatante carrière, il a développé des théories et les a mises à l’épreuve du réel. Ce n’est pas un bavard, pas plus un « communicant ». C’est un garçon simple qui a hérité de la terre de son père après moult péripéties — le vieux n’était pas facile, facile — et qui a propulsé son vin tout en haut de l’affiche préférée des amateurs, le tout sans convoquer la cour et la campagne à tout bout de champ. Non. Marionnet n’a eu pour seuls ambassadeurs que son vin, ses vins, ses idées, ses expériences réussies. Encore fallait-il s’intéresser, aller à lui puisqu’il ne faisait pas le voyage. Beaucoup l’ont fait, ont assuré sa gloire, j’arrive le dernier.

Nous sommes à Soings-en-Sologne à vingt kilomètres de Blois. L’extrême est de l’appellation Touraine. Là, Henry Marionnet et son fils Jean-Sébastien (c’est lui, le chef maintenant) exploitent 60 hectares de vignes. Mais les Marionnet sont joueurs. Six de ses hectares sont plantés en vignes dites franches de pied. C’est-à-dire sans porte-greffe, comme autrefois, comme avant la grande crise du phylloxéra. 10 % de son vignoble est assis sur un volcan. Éteint, certes, mais capable de se réveiller à tout moment. En général, il faut huit à dix ans au phylloxéra pour repérer la bonne affaire et détruire les « francs de pied ». Pas chez lui. À quoi ça rime de prendre des risques pareils ? On l’écoute : « J’ai voulu comprendre ce que buvaient nos aïeux, ceux du XIXe siècle. À la quatrième feuille (au bout de quatre ans, NDLR), c’était clair. C’est une classe au dessus à tous égards. Complexité, matière, arômes, une race éclatante. J’aimerais planter mes 60 hectares comme ça, mais je ne peux pas faire courir le risque à ma famille de voir tout mon vignoble ravagé. C’est notre seul gagne-pain. »

Dans le même ordre d’idées et depuis 1990, il a créé une gamme de vins sans soufre ajouté qu’il a nommé Première vendange. Sur l’étiquette, il n’y a pas écrit « contient des sulfites ». Mon Dieu, ce rebelle. Nous en rions. Il ne dira pas ses secrets. Pas directement, merci de comprendre. Nous comprenons surtout que le chai est un modèle de propreté et lui, un bourreau de travail. Il n’y a pas de secret, finalement. Il dit : « Faire du sans–soufre est un gros risque. Il faut vraiment maîtriser la vinification si on ne veut pas être obligé de tout mettre à l’égoût. La loi impose d’étiqueter à partir de 10 mg/l de SO2 total. La quantité de soufre issue de la vinification oscille entre 0 et 3 milligrammes. Si il y en a plus, c’est que le vigneron en a ajouté. Nous avons plus de vingt ans d’expérience, je sais de quoi je parle. La différence entre vinifier avec du soufre ou sans, c’est que sulfiter fait que seules les levures les plus résistantes travaillent. Quand on ne sulfite pas, toutes les levures travaillent. C’est ce qui donne cette profondeur et cette complexité supérieures. »

Pour autant, le vignoble des Marionnet n’est pas mené en bio. N’est plus mené en bio, en fait. Le père d’Henry Marionnet pratiquait une viticulture bio intégrale, il travaillait « au cuivre et au cheval », c’était il y a très longtemps et quand Henry a finalement repris les rênes du domaine, il a mis un terme à cette pratique. Quelle mouche a bien pu le piquer ? « J’ai été obligé d’arrêter parce que les sols étaient gorgés de cuivre. Encore maintenant, après tant d’années, le problème n’est toujours pas réglé, c’est le plus dangereux de tous les produits, il met un siècle à disparaître. » On ne l’entrainera pas sur ce sujet douloureux, on pourrait, on ne le fera pas. Marionnet est un type sérieux, il sait ce qu’il fait et pourquoi il le fait, mais il veut parler, il insiste : « J’ai besoin d’avoir de beaux raisins pour faire de beaux vins, s’il le faut, je traite pour protéger ma vigne. Mais je traite a minima. » Jamais avare d’un contre-pied, Marionnet et ses vins ne connaissent pas le bois, « je ne fais pas du vin avec des glands », ah, ah, ah. Encore plus en travers de la route principale, il dit : « Les jeunes vignes donnent les meilleurs vins. Entre la 4e et la 6e feuille, c’est là que le vin est à son meilleur. Je le constate, mais je ne sais pas pourquoi. »

Henry Marionnet fait partie d’une génération d’agriculteurs qui travaillait avec le portefeuille sur la fesse droite, il livrait quand il avait de l’argent et voilà. « C’était simple, avant. On se tapait dans la main, je repartais avec un chèque et j’envoyais mes vins. La vie était bien réglée. » On voit dans le regard de son fils comme un éclat nostalgique, il éclate de rire, c’est un commentaire explicite. Pour autant, la vieille règle enseignée par son père — une récolte à la vigne, une autre à la cave et une à la banque — n’a jamais fonctionné et même s’il a beaucoup réduit son endettement, il conserve des souvenirs d’un travail acharné et épuisant. Quand il partait livrer les restaurants parisiens chaque samedi dans sa camionnette, « il fallait ranger les caves pour mettre mes cartons. Les restaurants me prenaient 500 bouteilles chaque samedi, maintenant, c’est quatre fois moins. »

Jean-Sébastien acquiesce et ce n’est pas par complaisance familiale ou excès de considération pour ce père étonnant. Lui, il ne vit pas comme ça. Lui, il est né avec l’idée de la gestion et il a découvert l’enfer de l’administration. Comme c’est un garçon mesuré et qu’il n’aime pas les conflits, il parle plutôt de « complexité réglementaire ». Mais on comprend aussi. Il a 37 ans, c’est lui le patron, il emploie douze personnes et il a déjà compris beaucoup des choses qui régissent le monde du vin. Comme il n’a pas sa langue dans sa poche, c’est très rafraîchissant. Morceaux choisis :

    • « Je n’ai pas besoin d’œnologue. Nous sortons 500 000 bouteilles par an et tout nous passe entre les mains. »
    • « Le marché est à Paris. Un restaurant ici me prend 120 bouteilles par mois. À Los Angeles, c’est 36. On a la chance d’être demandé et d’être pas loin. »
    • « La mode récente du sans-soufre nous plombe. Nous pratiquons le sans-soufre depuis 1990. Ce qui nous permettait un discours innovant et vendeur. Aujourd’hui, ma cuvée Première vendange est toujours sans soufre, mais je ne le dis plus. Les restaurants ne veulent plus de vin sans soufre. À part une dizaine de vinaigreries où je ne mets pas les pieds de toute façon. »
    • « Les francs de pied ou le sans-soufre, on le fait pour améliorer la qualité du vin, pas pour être à la mode. On trouve que le sans-soufre, c’est meilleur. Nous en produisons 500 hectolitres par an. 60 000 bouteilles. T’en connais beaucoup, toi, des gens qui sortent 60 000 bouteilles de vin vraiment sans soufre ? »

 

Euh… Non, je n’en connais pas. Et force est de constater que les vins sans soufre de Marionnet sont absolument délicieux et que nous n’en avons jamais goûté un seul qui soit abîmé. Alors, c’est quoi le secret des Marionnet ?

Les prix des vins de Henry Marionnet

La propriété des Marionnet s’appelle le Domaine de la Charmoise, en appellation Touraine.

C’est sous ce nom qu’est commercialisé le premier prix de la maison, autour de 8 euros. Première Vendange, le vin sans soufre ajouté, coûte entre 10 et 11 euros. Les vins issus de ceps francs de pied s’appelle Vinifera et sont commercialisés autour de 14 euros. Les vins issus de vignes pré-phylloxériques (environ 150 ans d’âge) valent 49 euros et sont baptisés Provignage.

Ou comment se faire très plaisir avec peu d’argent.

Nicolas de Rouyn
Photos : Armand Borlant

 

L'avis de Michel Bettane
L’avis de Michel Bettane
Tous les détails
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Commentaires de dégustation
Commentaires de dégustation

 

Marionnet, les commentaires de dégustation

Vinifera côt
Touraine, Rouge, 2006
Cette cuvée évolue parfaitement avec le temps, les tanins deviennent soyeux et le fruit reste frais. Ce 2006 est riche de promesses et devrait évoluer comme le merveilleux 2002.


Vinifera côt
Touraine, Rouge, 2007
De la profondeur et des flaveurs de mûre et de myrtille, on peut tenter une biche avec une sauce aigre-douce.


Provignage
IGP du Jardin de la France, Blanc, 2008
Le meilleur blanc du domaine, on apprécie sa tension et son tranchant, c’est un vin de truffe ! On imagine une salade de langouste au diamant noir.


Vinifera côt
IGP du Jardin de la France, Rouge, 2009
Il y a toujours un choc gustatif à la dégustation de cette cuvée. Merveilleusement florale, fruitée et racée, elle fait succomber les plus farouches adversaires du côt.


Vinifera sauvignon
Touraine, Blanc, 2009
Grand style, élégant, presque aérien, c’est un sauvignon unique, flamboyant. Même ceux qui n’apprécient pas le cépage devront abdiquer.


Vinifera sauvignon
Touraine, Blanc, 2008
Voilà un vin qui tire droit, et sa grande franchise répond à un selles-sur-cher.


Première Vendange
Touraine, Rouge, 2006
Très cerise noire, ce vin présente une qualité et une pureté de fruit d’une grande gourmandise.


Première Vendange
Touraine, Rouge, 2008
La cerise noire domine et les tanins sont ronds et bien enrobés, déjà beaucoup de plaisir.


Vinifera gamay
Touraine, Rouge, 2010
Cherchez un gamay de cette trempe ! Racé en diable, explosif en fruits. Il pourra choquer certains par sa puissance un peu brutale. Les autres se lamenteront de ces porte-greffes indispensables mais castrateurs qui empêchent nos cépages traditionnels de s’exprimer en toute liberté.


Vinifera côt
Touraine, Rouge, 2010
Moins spectaculaire que dans d’autres millésimes, cette cuvée ne se démarque pas nettement du gamay franc de pied en 2010.Toujours florale, fruitée et racée, elle perturbera les plus farouches adversaires du côt.


Vinifera gamay
Touraine, Rouge, 2011
Un must pour les amateurs de grand fruit, d’une fraîcheur incroyable. Le domaine a capté en 2011 la pointe de végétal qui corse l’ensemble. Magistral !


Vinifera gamay
Touraine, Rouge, 2012
La sensualité fonctionne à plein, comme un plaisir éphémère mais intense, tel ces vignes franches de pied qui ne connaissent pas leur futur et donnent tout, tout de suite. Hélas, nous savons qu’il est limité en volumes. Quel dommage !


Vinifera sauvignon
Touraine, Blanc, 2006
Belle pureté de fruit, avec des touches florales et une bouche dynamique.


Vinifera sauvignon
Touraine, Blanc, 2010
Tendu, profond et long tout en restant pimpant. On gagne en arômes et en construction de bouche par rapport à l’excellente cuvée de base du domaine de la Charmoise.


Vinifera sauvignon
Touraine, Blanc, 2011
Très supérieure à la cuvée de sauvignon, cette parcelle de franc de pied montre une gourmandise exceptionnelle dans ce millésime qui exprimait parfois à haute voix le variétal.


Domaine de la Charmoise
Touraine, Rouge, 2007
La gouleyance du gamay dans toute sa splendeur.


Domaine de la Charmoise
Touraine, Rouge, 2008
Considéré comme l’un des papes du gamay, Henry Marionnnet produit sur ce millésime jaloux, un vin de bonne facture marqué par les fruits rouges, et surtout un coulant qui possède une résonance de fruits rouges unique sur la Loire.


Vinifera gamay
Touraine, Rouge, 2009
Encore une gourmandise absolue, à la fois intensément fruitée, charnue et bien juteuse.


Première vendange
Touraine, Rouge, 2010
Toujours de grand charme avec une finale où se mêlent harmonieusement graphite et fruits noirs.


Première vendange
Touraine, Rouge, 2011
La cuvée ne cesse de progresser. Grand fruit, finale onctueuse et gourmande, racée à souhait. Que demander de plus ?


Première vendange
Touraine, Rouge, 2012
Rien ne change dans cette cuvée de gourmandise, le jus est toujours subtil et complexe, on se régale de ces notes grillées et de cette sensualité de tannins unique.


Terroirs des Silices
Touraine, Blanc, 2008
Frais et croquant avec ses accents floraux et une légère touche agrume, ce sauvignon accompagne bien les asperges.


Sauvignon
Touraine, Blanc, 2008
Bien marqué par le cépage mais ses arômes variétaux parfois dérangeants, le vin est nerveux avec un charme étonnant.


Première Vendange
Touraine, Rouge, 2009
Que de charme, dans ce concentré de fruits noirs aux tanins ronds et parfaitement gourmands !


Domaine de la Charmoise
Touraine, Rouge, 2010
Si tous les gamays du monde avaient la tendresse florale et la gourmandise de tanins de cette entrée de gamme…


Sauvignon
Touraine, Blanc, 2007
Saline et florale, cette cuvée se révèle croquante et fraîche, elle fait merveille sur un pouligny.


Domaine de la Charmoise
Touraine, Blanc, 2010
Vin de talent récolté sur des sols dont il n’était pas simple d’extraire autant de fraîcheur et d’arômes raffinés. À l’apéritif et en magnum !


Sauvignon
Touraine, Blanc, 2009
Voici un sauvignon de caractère, frais et vif, à boire largement. Le prototype du blanc de copains !


Vinifera côt
Touraine, Rouge, 2012
2012 ne sera pas une grande année de côt dans la Loire. Pourtant, celui-ci se détache avec une profondeur unique en bouche. À comprendre sur la finale.


Les Marionnet, l’avis de Michel Bettane

La mode est aujourd’hui à la minéralité, vaste fourre-tout qui renvoie le vin fruité au cimetière des produits honteux et immoraux. Et avec ce type de vin, le plaisir de boire. Mais Henry Marionnet, assisté de son fils Jean Sébastien, fait heureusement de la résistance et nous régale de vins de soif d’une finesse, d’une pureté de style et d’une digestibilité exemplaires.

Et il travaille sans filet, car rien n’est plus difficile en matière d’élaboration d’un vin que de faire passer dans le vin fini toute la force aromatique du raisin de départ. Sa chance est de cultiver des raisins sur le type de sol qui leur permet d’exprimer sans déperdition le fruité lié à leur patrimoine génétique. Sur les sables solognots, le gamay développe toute la gamme des fruits rouges et noirs ; le sauvignon, celle des agrumes ou des fruits blancs. Et les vignes franches de pied dont il s’est fait une spécialité sont évidemment encore davantage en ligne directe avec les gênes de ces mêmes cépages.

Le fait de ne pas ajouter de soufre à la vendange pour être au plus près du fruit initial l’oblige à une discipline de travail que bien des viticulteurs bobo qui adhèrent aux mêmes principes ne peuvent même pas soupçonner et dont ils auraient pourtant bien besoin. Et le romorantin ? Certes, ce n’est pas par son fruit qu’il brille, mais par la tension en bouche liée à son acidité et par une finale saline venue du fond des sables. Ce couple élan-tension, c’est quand même beaucoup plus séduisant que les réductions de vins vendangés en sous-maturité dont trop de gogos s’entichent en les qualifiant de « minéraux ».

Michel Bettane