Accueil Blog Page 515

Paul Aegerter, l’enfonceur de portes fermées

Avec la belle énergie de ceux qui croient en leur étoile, ce jeune homme illustre bien les temps nouveaux. En fait, nous assistons à la naissance d’un phénomène. Il se peut que Paul Aegerter ne soit pas un cas isolé. Tentative d’explication.

Quand il se retourne sur son sillage, Paul Aegerter prétend qu’il a eu de la chance. Peut-être. Il oublie juste un peu vite la somme d’obstacles qu’il a franchi avec une belle obstination, ce qu’il faut de désinvolture et beaucoup d’énergie. Ce garçon est tonique. Haut de taille, large d’épaules, rien du boxeur, tout du sprinter. 34 ans seulement. Son air peu commode d’acteur austro-américain est trompeur. Il est beaucoup plus civilisé qu’on pourrait le croire de prime abord. Civilisé, mais jeune et moderne.
D’entrée de jeu, quand son père l’a appelé auprès de lui aux commandes de la petite maison de négoce créée de toutes pièces en 1988, Paul a donné un grand coup de pied dans la fourmilière, inventé de nouvelles gammes de vins, mis de la couleur sur les étiquettes, jeté les traditionnelles typographies gothiques aux orties, voulu un logo, mis des slogans sur les bouteilles d’entrée de gamme, etc. Bref, il a inscrit Aegerter dans son époque au lieu de faire comme tant d’autres, chercher à courir derrière les grands à coup d’authenticité frelatée. Et tout le reste, la position de l’entreprise, par exemple. À partir d’une petite maison de négoce, il est peu à peu en train d’exploser.
En peu d’années, il a multiplié le chiffre d’affaires d’Aegerter…lire la suite

Idées reçues sur le riesling

De nombreux consommateurs américains pensent que le Riesling est un vin doux. Afin de changer cette perception, l’interprofession des Vins d’Alsace a donc lancé une campagne de communication digitale visant à mobiliser et à éduquer ces consommateurs.
Pièce maîtresse de cette campagne, un jeu concours et une infographie comparant le sucre résiduel de quatre rieslings d’Alsace vendus aux États-Unis à la quantité de sucre contenue dans les boissons courantes (soda, jus d’orange, lait écrémé …).
Pendant le mois de juillet, les fans de Riesling pourront…lire la suite

Riedel, chapitre 11

En juillet, Maximilian Riedel est devenu le onzième de ce nom à diriger la maison qui a inventé le verre œnologique, il y a un peu plus de cinquante ans. Retour sur une longue saga verrière, cristalline et familiale dont le cœur ne bat que pour le meilleur du vin.

Un verre Riedel n’invente rien. Il ne cache rien, non plus. Cette vérité-là, celle du sol, du vignoble, du ou des cépage, du millésime, du travail effectué au chai et du temps qui a passé dans la cave, c’est celle du vin. La laisser s’exprimer, c’est tout ce que la famille Riedel demande à ses verres. Et tous ceux qui aiment le vin, amateurs ou professionnels, célèbres ou moins, l’en remercient chaque jour. Un homme a fait précéder la conception des « contenants » de travaux de dégustation d’une précision rare. Ce faisant, il a révolutionné l’œnologie. Il s’appelle Georg Riedel. D’un mot drôle, il résume toute l’affaire, il dit que sa maison propose des « hauts-parleurs ». Pour devenir le premier à mettre en place une approche aussi extrême, presque chirurgicale, la manufacture Riedel s’appuie sur une longue histoire autrichienne. Tout commence en 1756. Pendant presque deux siècles, elle améliore son art et sa manière, avant que la Seconde Guerre mondiale ne vienne interrompre avec brutalité, réquisition de l’usine par les Russes et dix ans de travaux forcés pour Walter Riedel, la perpétuation de ses savoir-faire. Pour un temps seulement.

La renaissance a lieu en 1956 quand Claus Riedel décide de relancer une petite fabrique avec l’aide de la déjà fameuse famille Swarovski. En 1958, il invente les premiers verres en cristal soufflé à la bouche adaptés aux caractéristiques de chaque cépage. Il crée ensuite la gamme Sommelier, dont la modernité est inégalée à ce jour. Le concept est poussé un pas plus loin avec Georg, qui en développe une version mécanique tout aussi précise appelée Vinum, qui sera complétée avec Vinum Extrême, conçue pour les vins plus puissants venus du Nouveau Monde. La dernière génération de ces verres si parfaitement « à vin » a été élaborée par celui qui reprend aujourd’hui les rênes de la maison familiale, Maximilian Riedel. Pensée pour les jeunes urbains, leurs contraintes de rangement comme l’usage systématique du lave-vaisselle, la gamme O propose les même calices – leur efficacité n’est plus à revoir, mais fait disparaître les pieds. Débarrassé de sa fragilité, l’outil s’adapte encore
et toujours à l’art de boire.

Le choix du verre joue un rôle déterminant sur la perception du vin. Chaque cépage, chaque région, et même, pour les très grands, chaque vin – un verre Cheval Blanc a été conçu par Georg Riedel et Pierre Lurton – nécessite une approche particulière de ses arômes, de son fruité, son acidité, son gras et ses tanins. Chez Riedel, la discussion ne porte pas d’abord sur le design ou les arts de la table, même si la dernière carafe Boa ou les verres noirs destinés aux dégustations à l’aveugle (Black Serie, version blind) sont des objets plus que désirables. La qualité première d’un verre Riedel est de n’obéir qu’à sa fonction. Seule compte la dégustation. Ainsi, lorsque Georg Riedel et Pierre Lurton ont tenté d’identifier, parmi différents modèles, celui qui conviendrait à une opération mondiale consistant à proposer “Yquem au verre”, ce n’est pas le verre “Sauternes” qui s’est imposé. C’est le “Sauvignon” qui a su le mieux exprimer la minéralité particulière et la longue et élégante finale du célèbre liquoreux. Après avoir effectué durant quarante ans ce travail de pionnier éternellement renouvelé qui consiste à étudier sans cesse chacun des cépages majeurs, dans toutes les grandes régions viticoles du monde, Georg confie aujourd’hui les rênes de son entreprise, dont il reste propriétaire et conseil, à son fils.

« Je suis fier de Maximilian, qui a su développer notre marché en Amérique du Nord avec un succès exceptionnel, et dont le talent et la créativité extraordinaires ont largement contribué au développement de la marque. Il sera secondé par ma fille Laetizia Riedel-Röthlisberger, avocate en droit des affaires et ambassadrice de la marque. » Face à cette passation de pouvoirs entre la dixième et la onzième génération de Riedel, le dégustateur reste confiant. Jusqu’à présent, pour reprendre l’expression du Time Magazine, la dynastie Riedel a plus fait pour contribuer au plaisir de l’œnophile que si elle avait possédé une étiquette. Cela ne devrait pas s’arrêter. Maximilian a d’ores et déjà annoncé qu’il souhaitait renforcer la présence de Riedel sur le marché européen, développer les filiales en Chine et ouvrir des marchés en Amérique du sud. Certes, l’avenir sera forcément fait de nouveaux amateurs et de nouveaux vins. Mais ce qui ne changera jamais, c’est que le seul moyen de contenter les premiers sera toujours de savoir leur révéler les seconds. Less is more et rien n’est plus visionnaire que la simplicité.

Amélie Couture

Cet article a été publié sous une forme différente dans le numéro de juillet 2013 de Série limitée-Les Échos.

Un nouvel outil champenois






Quand la Maison de champagne Henri Giraud a créé la première cuvée “agrafée”, en 1990, le Comité interprofessionnel (CIVC) avait émis une remarque sur les éventuels risques liés à ce mode de fermeture.
La Maison a alors revu le col de son moule original afin qu’il puisse recevoir les trois types de bouchage champenois (capsule de tirage, muselet ou agrafe) en toute sécurité. Aujourd’hui, cette maison classée dans
le top 10 des vendeurs de grandes cuvées (6e en volume et 3e en valeur) et réputée pour son usage du fût de chêne (on lira ici un billet sur le sujet ), lance un tout nouvel outil champenois, appelé “dégrafeur”. Créé avec le ferronnier Fabien Bourly, qui dirige la Coutellerie Champenoise et dont le père Jean avait participé, en 1984,
à la rénovation de la new-yorkaise statue de la Liberté*, cet outil conçu à la manière d’un poinçon est doté
d’un manche sculpté dans une douelle de fût centenaire en chêne de la forêt d’Argonne.

* de son vrai nom, La Liberté illuminant le monde.

Indication géographique appréciée

Alors que près de sept consommateurs de vin sur dix disent ne pas connaître le terme appliqué depuis 2009 aux ex-vins de pays, Indication géographique protégée (IGP), une étude* récemment menée conclut malgré tout au grand potentiel de cette dénomination. En effet, plus de 75 % des interrogés y voient la garantie d’un vin d’origine, et de qualité (à 78 %), et ils sont 79 % à considérer que le mot « géographique » est rassurant. Pour 45 % d’entre eux, IGP évoque également une garantie de fabrication jusqu’à la mise en bouteille. Dans leur grande majorité, ces consommateurs préfèrent cette nouvelle dénomination à celle de « vin de pays ». Pour 39 % d’entre eux, elle est plus noble. S’ils y retrouvent l’image positive qu’ils avaient des vins de pays, 68 % d’entre eux déclarent que le terme IGP évoque davantage la qualité.

Cette étude a été enrichie d’entretiens avec des professionnels (négociants, cavistes, journalistes, distributeurs et vignerons) qui ont exprimé leur satisfaction, voire leur enthousiasme, au vu des résultats. Une fois comprise, l’Indication géographique protégée est donc bien un repère de sérieux. Ils soulignent néanmoins que l’IGP est peu connue du grand public et demandera des efforts et du temps pour être pleinement intégrée dans leurs habitudes de consommation. L’association InterIGP lancera d’ici la fin de l’année une campagne de pédagogie destinée à sensibiliser à la fois les consommateurs et les opérateurs de la filière. En attendant, on précisera qu’une bouteille sur trois consommée en France aujourd’hui est un vin IGP, c’est-à-dire provenant exclusivement de zones géographiques déterminées et dont la production est régie par un cahier des charges et contrôlée par un organisme tiers et indépendant, qui garantit notamment l’origine des raisins, issus à 100 % du territoire de l’IGP.

* Etude réalisée du 7 au 13 mars 2013 par le cabinet Gatard & Associés pour le compte d’InterIGP sur un échantillon de 200 consommateurs de vin.

Qu’est-ce qu’on fait ce week-end ?





L’art et le vin.
Pour la treizième année consécutive, Château Sainte-Roseline accueille sa grande exposition d’été. Depuis
le 5 juillet et jusqu’au 30 septembre, le plasticien Robert Courtright et le sculpteur Bruno Romeda succèderont à Rotraut, César, William SweetLove, Jim Dine, Bezzina et bien d’autres… Pendant trois mois, les collages et les masques du premier et les sculptures monumentales du second (voir photo ci-dessus) seront exposés dans les jardins, les vignes et le caveau de vente du domaine. Bruno Romeda et Robert Courtright se sont rencontrés
durant l’été 52, à Rome, pendant leur “grand tour”. Ils ne se sont plus jamais quittés jusqu’à la disparition de Robert Courtright en 2012. Pour découvrir la biographie et l’œuvre de ces deux artistes, représentés à Paris par la galerie Dutko, on clique .

Vacqueyras en fête.
Cru officiel du festival d’Avignon, l’appellation propose aux amateurs de découvrir les cuvées officielles
de cette 67e édition ce vendredi soir, au bar à vins de la Maison des Vins dont nous vous avons déjà parlé .
Un jury de sommeliers, producteurs, restaurateurs et journalistes s’est réuni le 4 avril dernier pour sélectionner ces ambassadeurs de leur appellation, dotés pour l’occasion d’une étiquette spécifique. Offertes aux invités, artistes, comédiens, metteurs en scène, ces cuvées accompagneront les temps forts du Festival et seront vendues chez
les cavistes et restaurants avignonnais partenaires. Cette dégustation est une jolie façon d’ouvrir la Fête des vins
de Vacqueyras, qui aura lieu tout le week-end, festivités du 14 juillet incluses. Plus de renseignements ici.

L’une est vendue, l’autre pas






Lors de la vente en ligne qui s’est déroulée sur iDealwine jusqu’au 3 juillet dernier, une bouteille de Romanée Conti Grand Cru 1990 a été adjugée 12 620 €, frais de vente compris. On lira ici tout ce qu’il faut savoir sur cette bouteille rarissime, à peu près introuvable, qui fait parfois son apparition dans les ventes aux enchères (février 2011, adjugée 5 835 €) et aussi sur l’engouement des acheteurs asiatiques pour les vins du célèbre domaine de Vosne-Romanée en particulier, et pour la Bourgogne en général. On pourra aussi se demander par quel mystère cette exceptionnelle bouteille, proposée aux enchères par la maison Christie’s une semaine avant, n’a pas trouvé preneur. Ce qui rend assez fière la maison iDealwine, c’est le jeu. Pour conclure, on lira le témoignage d’un vendeur très satisfait.

Voyager chic et vin

Le site WineChicTravel tout récemment lancé propose aux voyageurs épicuriens un guide en ligne permettant de “voyager chic” à travers les vignobles de France et d’ailleurs. A travers deux thèmes majeurs, le vin et le patrimoine, ses contenus déroulent une sélection de domaines, de sites historiques, d’hébergements de charme et de bonnes adresses (boutiques, bistrots, bars des restaurants gastronomiques, etc.). Ces itinéraires complets revisitent et élargissent le concept de “route des vins”.

A l’initiative de ce site d’informations (qui ne prend pas de réservation), Françoise Kuijper et Isabelle du Plessix constatent que si le tourisme viticole existe depuis un certain temps, il s’est longtemps résumé à un « circuit-dégustation de domaines en châteaux. » Estimant que « le thème était porteur, mais son traitement un peu réducteur », elles ont souhaité démontrer que l’œnotourisme ne s’arrête pas à quelques bonnes dégustations. « Riches d’un patrimoine et d’un savoir-faire, les régions viticoles et leurs acteurs méritaient encore plus. »

Après deux années passées à parcourir les plus beaux vignobles de France et d’ailleurs,
à visiter les domaines, tester logis et tables, repérer le patrimoine et enrichir le contenu du site, WineChicTravel est là pour créer des liens entre les amateurs de voyages et de vins, et les vignerons, leurs terroirs et leur histoire. Un peu parce que c’est (enfin) l’été, un peu pour ne pas faire de jaloux ici, nous avons choisi de surfer du côté de la Californie. Le site y propose quatre itinéraires différents, raconte de ces histoires qu’il faut connaître et nous conseille de dormir . On serait assez pour.

La photo ci-dessus est issue du travail réalisé par le photographe Philippe Martineau au long de quatre années dans les paysages viticoles européens, qui a été exposé lors de la soirée de lancement du site WineChicTravel, le 25 juin dernier.

Le vin sur internet en toute confiance

En pleine expansion depuis quatre ans, et levier de croissance prometteur pour le commerce du vin, le secteur
de la vente en ligne de vins vient de se doter d’une fédération. Considérant que « certains acteurs ont mis en danger le secteur par leur manque de professionnalisme et de transparence » et causé ainsi une perte de confiance chez les consommateurs suite à des livraisons hors délais, des erreurs dans les produits et des commandes non livrées (sans parler du mauvais paiement des producteurs), la toute nouvelle FEVVID, fédération des vendeurs de vin sur internet et à distance, a pour vocation de rassembler les acteurs sérieux de ce type d’échanges, via une charte commune et après audit des adhérents. Œuvrant en faveur de la transparence, de la qualité et du respect
des consommateurs, elle a pour but de fédérer l’ensemble des acteurs de la vente en ligne de vin aux particuliers, aux professionnels, entre particuliers, sites e-commerce, primeurs et pure players, mais aussi tous les maillons qui souhaitent contribuer au bon développement du secteur (fournisseurs, producteurs, prestataires, associations, etc.). La FEVVID, qui incite ses membres au respect de l’environnement, permettra également aux professionnels de se rencontrer et d’échanger autour de problématiques communes. Des conférences seront organisées chaque année à cet effet. Parce que c’est désormais son rôle, la FEVVID assure également une veille du secteur en mettant à disposition des documents et des newsletters régulièrement mis à jour sur son site.

Chant lyrique dans les vignes

Ce soir et après-demain, Château Roubine accueille à nouveau le festival lyrique Voix en Vigne. Ces soirées invitent depuis 2011 les amateurs de classique à assister à des concerts sous les étoiles, dans le parc de ce beau domaine varois, situé à Lorgues (83). Mardi 9, sous la direction de Jean-Marie Gardon et avec la soliste Anne d’Ambra, l’ensemble CAD VOCAL fera résonner le Magnificat de John Rutter. Jeudi 11, c’est Carmen de Georges Bizet qui sera interprétée par de grands solistes de la scène internationale sous la direction du chef de choeur de l’Opéra de Marseille. Le 20 juillet, le château accueillera une autre soirée musicale, jazz cette fois, dont nous vous reparlerons.

Festival Voix en Vigne, Château Roubine :
Magnificat, 25 €. Carmen, 35 €. Pass Festival, 50 €
Réservation au 04 94 85 94 94.