Réédité chez Féret, la maison qui l’avait publié en 1850, voici un ouvrage “historique” dont la longévité raconte à quel point la culture du vin précède et accompagne toutes les autres. C’est pour célébrer son bicentenaire que Féret a décidé de proposer une réédition de ce livre unique de Charles Cocks, un professeur agrégé d’anglais venu s’installer à Bordeaux aux alentours de 1840. Avec le souhait de mieux faire connaître à ses compatriotes le patrimoine viticole de sa région d’adoption, il écrivit Bordeaux, its wines and the claret country. Publié à Londres en 1846, c’est alors un guide touristique dont une partie se consacre aux vins de Bordeaux. Lors de sa traduction en français, quatre ans plus tard, la partie viticole est plus développée et l’ouvrage classe les crus par “ordre de mérite” dans chaque commune, une première. Il contient également une classification des grands crus de la Gironde. Outre son intérêt historique, cette réédition se veut également être un hommage de la maison à tous ses dirigeants, qui n’ont cessé de promouvoir ce titre, témoin du travail et de l’économie de toute une région qui a véhiculé dans le monde entier le nom des vins de Bordeaux. Pour la petite histoire, pas si anecdotique, le classement proposé par Bordeaux & ses vins en 1850 ressemble, à deux crus près, au classement de 1855. 320 pages, 49,50 €.
Bordeaux & ses vins
Bollinger, le nouveau chef de cave
Gilles Descôtes vient d’être nommé chef de cave de Bollinger par le président du directoire de la Maison de Champagne, Jérôme Philipon. A ce titre, cet ingénieur agronome (AgroParisTech) et œnologue de 47 ans devient responsable de l’ensemble du vignoble de la Maison, des approvisionnements en raisin et de la production des cuvées de champagne Bollinger jusqu’à leur expédition. Cela fait dix ans cette année que Gilles Descôtes a rejoint la Maison Bollinger, en mai 2003, en tant que directeur adjoint de la Production. Nommé directeur du Vignoble
et de l’Approvisionnement en novembre 2005, il devient directeur technique en juillet 2012. Jérôme Philipon a salué en ce « candidat naturel », qui a démontré au cours des dix années passées dans la Maison de grandes qualités de leadership, une « grande expertise, tant en œnologie qu’en viticulture champenoise. » Pour renforcer l’équipe de Gilles Descôtes et l’assister dans ses nouvelles responsabilités, la Maison a décidé de créer une fonction d’adjoint au chef de cave. Elle a été confiée à Denis Bunner, qui occupe depuis 2002 la fonction de chef de projet Œnologie au sein du Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC). Cet Alsacien de 33 ans, également ingénieur agronome et œnologue, secondera Gilles Descôtes à partir de septembre.
vouvray, les accords tranquilles
Réputé pour ses expressions minérales de craie et de silex et pour les arômes de poire et de coings mûrs qu’il arbore lorsqu’il est jeune, épaulés par des touches de miel d’acacie, de fruits confits et de citron, le vouvray vieillit
en déployant des arômes de miel et de truffe, toujours accompagnés de touches fruitées et confites. Sur le site des vignerons de l’appellation, vous trouverez des recettes accompagnées du vouvray qui leur va, sec, demi-sec ou moelleux. Ci dessous, voici les vins tranquilles qui seront les ambassadeurs de leur AOC en 2013, essentiellement des millésimes 2011 et quelques-uns plus anciens.
vouvray sec, 2011, vignoble Brisebarre
Prix départ cave : 6,50 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray sec, cuvée Les Charmes 2011, vignoble Alain Robert et Fils
Prix départ cave : 5,30 €
Vente à la propriété, cavistes.
vouvray sec, 2011, Yves et Denis Breussin
Prix départ cave : 5,30 €
Vente à la propriété.
vouvray sec élevé en fût, cuvée Le Sec de Château Gaudrelle 2011, Château Gauderelle
Prix départ cave : 13 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray sec élevé en fût, cuvée Le Peu Morier 2011, domaine Vincent Carême
Prix départ cave : 16,80 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray sec, cuvée Les Charmes 2009, vignoble Alain Robert et Fils
Prix départ cave : 5,60 €
Vente à la propriété, cavistes.
vouvray sec, cuvée Coteau La Fontainerie 2001, domaine de La Fontainerie
Prix départ cave : 19 €
Vente à la propriété.
vouvray demi-sec, 2011, domaine du Margalleau
Prix départ cave : 5,90 €
Grande distribution, vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray demi-sec, cuvée Laurent Kraft 2011, domaine des Lauriers
Prix départ cave : 7,30 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray demi-sec, cuvée La Folie 2011, domaine Sébastien Brunet
Prix départ cave : 11 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray demi-sec, 2007, domaine Foreau
Prix départ cave : 15,50 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray demi-sec, 2008, domaine Sylvain Gaudron
Prix départ cave : 7 €
Grande distribution, vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray demi-sec, cuvée Le Clos 2008, domaine Vincent Carême
Prix départ cave : 19,40 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray demi-sec, 1997, vignoble Brisebarre
Prix départ cave : 13,50 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray moelleux, cuvée Réserve d’Automne 2011, domaine d’Orfeuilles
Prix départ cave : 18 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray moelleux, cuvée Saint Martin 2011, domaine de La Chataigneraie
Prix départ cave : 12 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray moelleux, cuvée Souvenirs d’Automne 2011, caves Cathelineau
Prix départ cave : 19,80 €
Vente à la propriété.
vouvray moelleux, cuvée Les Perruches 2011, domaine de la Poultière
Prix départ cave : 10 €
Vente à la propriété, restaurants.
vouvray moelleux, 2008, domaine Perdriaux
Prix départ cave : 8,95 €
Vente à la propriété, restaurants.
vouvray moelleux, cuvée Or et Lumière 2009, cave des producteurs de Vouvray
Prix départ cave : 13,80 €
Grande distribution, vente à la propriété, cavistes et restaurants.
vouvray moelleux, 2008, domaine François Pinon
Prix départ cave : 16,30 €
Vente à la propriété, cavistes et restaurants.
L’Italie selon Taillevent
Dès cette semaine et jusqu’au 13 juillet, la brasserie Les 110 de Taillevent, inaugurée en mai 2012, propose
un voyage au cœur de la gastronomie italienne. Du Piémont aux Abruzzes, en passant par la Toscane, la Vénétie
et la Campanie, le chef Emile Cotte, avec la complicité d’Alain Solivérès (chef du Taillevent) et de Pierre Bérot, directeur du département Vin de la Maison Taillevent, proposera un itinéraire qui sera accompagné par les meilleurs vins de la péninsule. Chaque plat ou produit typique, sera coordonné à quatre vins italiens proposés
au verre, dans quatre gammes de prix différentes. Puisque le voyage gustatif comporte cinq étapes, cela donne
au total vingt étiquettes à découvrir, rares, incontournables ou issues de nouveaux producteurs.
Réservation au 01 40 74 20 20 ou en passant par ici.
Vignerons et mécènes
« Philippe Astruy a toujours été passionné par l’art contemporain. L’acquisition de la Commanderie de Peyrassol lui a permis d’assouvir cette passion et de réaliser son rêve de devenir vigneron », explique Alban Cacaret, en charge de cette propriété du Haut-Var. Avant que leur intérêt pour l’art ne prenne le relais, les Cathiard au château Smith Haut Laffite comme Maurice Giraud au château de Pommard ont d’abord été les mécènes de leur propre domaine. À Smith Haut-Lafitte, les Cathiard ont englouti toutes leurs économies dans l’achat de ce grand cru et son réaménagement. Avec son précédent propriétaire, le docteur Laplanche, la production du Château de Pommard combinait le meilleur et le pire. Ces propriétés envoûtantes ont d’abord abrité leurs collections, telles ces statues de Dali acquises un jour sur un coup de foudre par Maurice Giraud. Depuis ils les ont étoffées, en même temps qu’ils ont inspiré leurs amis artistes. La Loi Evin favorise ces flirts. Prohibant toute publicité des alcools, elle n’interdit pas le mécénat. « Ce levier nous permet de surnager dans ce labyrinthe législatif » admet Michel Janneau, le directeur général adjoint de Roederer, une maison de champagne très active dans son soutien à la photographie. Même s’il reconnait qu’il a fallu s’armer de patience. « Les journalistes retenaient leur plume au moment d’écrire le nom de notre marque. Quand, à partir de 2010, ils ont pu y accoler les mots bourse, prix et fondation, les retombées médiatiques ont afflué. » Les fiançailles virent au mariage de raison… fiscale. D’abord, parce que les acquisitions d’œuvres sont déductibles des impôts. Ensuite, parce que la constitution d’une fondation favorisant la création allège le montant des droits de succession. Encore plus, souligne Florence Cathiard, si l’on fait des dations ou dons gratuits de pièces à l’Etat. « Pourvu qu’il choisisse les moins belles », s’esclaffe-t-elle.
La galerie d’art du Château de Pommard
Maurice Giraud le reconnaît sans ambages, sa politique en faveur de l’art contemporain sert les intérêts de son vignoble, Château de Pommard, le plus grand domaine privé d’un seul tenant de Bourgogne, avec 21 hectares entièrement clos de murs. L’entrepreneur à succès dans l’immobilier de tourisme est un amoureux de l’art moderne. Le coup de foudre remonte à 1995 quand, au cours d’un séminaire d’entreprise en Catalogne, il est littéralement subjugué par le musée Dali de Cadaqués. Il y retourne seul dès le lendemain et, plus tard, acquiert deux statues du maître. Elles trônent aujourd’hui au milieu de la cour de ce château du XVIIe siècle dont il est devenu propriétaire en 2003. « Nos expositions d’artistes contemporains sont clairement un moyen de pousser nos vins, d’autant plus que plus de 80 % des 300 000 bouteilles que nous produisons chaque année sont vendues à la propriété. » Aujourd’hui, alors que les tour-operators chinois sont sur le point d’être prévenus, ces visites représentent déjà 35 000 touristes annuels.
Vincent Bussière
Qu'est-ce qu'on faitce week-end ?
Vinexpo commence dimanche. Ceux qui ne sont pas allés au Festival international du film de Cannes pourront y découvrir (Hall 1, stand DE-296) le nouveau chablis de William Fèvre, I love Chablis, une édition limitée (prix public, 15 €) dont nous vous avions parlé ici. Jusqu’alors, sa minéralité, son fruité et son bouquet raffiné n’étaient connus que des happy few qui avaient leurs entrées au Cannes Movie Stars Lounge installé au Carlton pendant la quinzaine, soit Sofia Coppola, Marion Cotillard ou encore les frères Coen. Après ce lancement à succès, tout à fait adapté aux codes véhiculés par ce chablis pas comme les autres, le monde du vin va pouvoir donner son avis, lors de son festival international.
Toujours pendant Vinexpo, du 16 au 20 juin, la maison de cognacs Hardy présentera (Hall 1, stand AB-308)
sa toute dernière création, qui vient parfaitement s’inscrire dans l’impressionnante collection de carafes conçues par Daum ou Baccarat depuis plus de trente ans. Nommée Printemps et signée cette fois par Lalique, cette très féminine carafe exposée en avant-première lors du salon bordelais fera l’objet d’une série. Eté est prévue pour 2015, Automne pour 2017 et Hiver, pour 2019. Leurs couleurs et motifs sont tenus secrets. Sous son bouchon sculpté
(voir photo ci-dessus), cette carafe accueille un assemblage de petits lots de Grande Champagne soigneusement isolés par Armand Hardy à la fin de la Seconde Guerre mondiale, un cognac rare diffusé à 400 exemplaires.
Belle occasion d’aller se promener dans la région, tout comme cette exposition, que d’aller regarder de plus près les nouveaux chais de Château Pavie. Après plus de deux ans de travaux qui ont réuni pas moins de vingt corps
de métiers, le fleuron des vignobles Perse dévoile un nouveau visage, très contemporain. Cette restructuration aussi complète que spectaculaire, a été menée par le cabinet d’architecture Alberto Pinto. S’ils ont été conçus pour répondre aux exigences techniques de vinification et d’élevage d’un premier grand cru classé, ces nouveaux bâtiments de travail et d’accueil qui déroulent 8 500 m2 de pierres et de transparences et 1500 m2 de terrasses regardant le vignoble, forment un ensemble très en phase avec les destinées œnotouristiques du château et avec ce souhait de Gérard Perse, qui rêvait enfant de devenir architecte, que «tout visiteur de Pavie ressente ici une émotion particulière, un vrai plaisir. »
(Voir ici pour un tour complet des chais d’architecte)
On quitte Bordeaux pour Nîmes. Dimanche soir à 19 h 30 aura lieu, dans le cadre des Nuits Musicales de la Tuilerie 2013, un concert unique Liszt et l’Italie, interprété par le pianiste Maciej Pikulski. Dans la salle de concert
du Jardin des Vins du Château, dont l’acoustique exceptionnelle a été reconnue par de nombreux artistes,
au point que deux d’entre eux vont y enregistrer un disque, Maciej Pikulski jouera Paganini et Verdi (le programme complet est là, ainsi que les tarifs). Comme chaque année, à l’issue du concert, une dégustation des vins du domaine sera offerte au public. L’association, qui organisait jusqu’à présent ses concerts caritatifs en juillet et août,
a choisi cette année de se concentrer sur une date unique, en juin, afin de lui donner un « plus grand écho »,
ceci au profit des associations dédiées à la protection de l’enfance qu’elle soutient (ApamHaïti, Terre des Enfants)
et à qui elle verse le bénéfice de ces soirées.
Femmes de Vin,nouvelle équipe, nouveaux projets
Le cercle Femmes de Vin, union des vignobles de France, qui fédère au niveau national les associations régionales et veut partager, rassembler et défendre avec ferveur les valeurs et intérêts liés au vin, a été créé par Chantal Pegaz (Etoiles en Beaujolais) et Marie-Laurence Saladin (Femmes Vignes Rhône). Lancé en 2009, à l’occasion de Vinexpo, il regroupe aujourd’hui sept associations régionales et réunit près de deux cents membres. Entraide et solidarité morale sont au cœur de ces échanges d’informations techniques, commerciales, juridiques, entre “femmes du vin”. Le nouveau bureau qui vient d’être élu* prend aujourd’hui le relais, dans la continuité, mais avec de nouvelles ambitions. Le cercle Femmes de Vin souhaite en effet se rendre plus visible et faire entendre sa voix : celle du vin.
Pour le défendre, le lobbying va s’intensifier auprès des instances ministérielles ou gouvernementales comme des organisations professionnelles. La communication va également se renforcer via un site internet et tous les réseaux sociaux. Les membres du cercle veulent pouvoir témoigner et sensibiliser, chaque fois que ce sera possible, sur la nécessité de pérenniser la culture du vin. Une attention particulière sera porté sur sa transmission par l’éducation, l’information et la pédagogie d’une consommation modérée. Une première action est prévue pour la rentrée prochaine avec l’organisation d’une journée nationale « Ecoles en vendanges ». En attendant, le cercle Femmes de vin commencera par signer un manifeste contre la taxation “comportementale” sur le vin au cours de l’édition 2013 de Vinexpo, qui débute dimanche.
* Présidente : Anne Parent (Femmes et Vin de Bourgogne)
Vice-Présidente : Valérie Rousselle (Les Eléonores de Provence)
Secrétaire : Mélanie Pfister (diVINes d’Alsace)
Secrétaire adjointe : Christelle Betton (Femmes Vignes Rhône)
Trésorière : Joëlle de Lescure (Etoiles en Beaujolais)
Trésorière adjointe : Pascale Rivière (Les ViniFilles, Languedoc)
On a gagné, on a gagné
En fait, c’est plutôt Science-Po Bordeaux qui a gagné, mais le moindre match France-Angleterre peut rendre un peu chauvin. De quoi parle t-on ? De la compétition Pol Roger International University Tasting, finale franco-anglaise qui fait suite au concours de dégustation de vins entre grandes écoles françaises organisé par la maison champenoise depuis 2003. Cette première victoire nationale a permis aux étudiants-dégustateurs de Science-Po Bordeaux d’aller affronter leurs homologues d’Oxford, vainqueurs, contre Cambridge du Varsity Blind Tasting Match également organisé par Pol Roger. Le 7 juin, les étudiants de Sciences-Po Bordeaux ont mis fin à deux ans de domination anglaise (Oxford en 2012, Cambridge en 2011) et réduit l’écart entre les deux pays, six victoires à cinq pour les Anglais. Les vainqueurs ont reçu trois magnums de Brut Vintage 2002 et leurs adversaires trois magnums de Brut Réserve. Vivement l’année prochaine, pour égaliser.
Leng Hong à Issan , la belle expo sino-bordelaise
Situé dans le village de Cantenac, tout près de Margaux, le château d’Issan est l’un des plus anciens du Médoc. Cette propriété dont les origines remonteraient au XIIe siècle a toujours produit des vins sur ses terres. Servis en 1152 au mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri Plantagenêt, recommandés plus tard pour la cave du Prince de Galles (1723), ils sont aussi les vins favoris de la cour d’Autriche du temps de François-Joseph et de Sissi. Si, au Moyen-âge, de nombreuses familles d’aristocrates se succèdent au château, la fin de l’occupation de l’Aquitaine par les Anglais se solde par la destruction du château fort d’origine. C’est le Chevalier d’Essenault, conseiller au Parlement de Bordeaux, qui fera édifier au XVIIe siècle celui que l’on connait aujourd’hui, auquel il donne son nom. Par contraction, au fil du temps, Essenault est devenu Issan.
Au début du XXe, la propriété, comme beaucoup d’autres en cette période de troubles et de guerres, connaît une période difficile. Déjà implantée dans le Médoc depuis cent cinquante ans, la famille Cruse fait l’acquisition de cette belle endormie en 1945. Emmanuel Cruse, qui la dirige aujourd’hui, représente la troisième génération à la tête de la propriété. Comme ses prédécesseurs, il œuvre pour la qualité et la notoriété des vins de grande garde produits à Issan. Comme eux aussi, il continue à faire d’Issan et de ses chais un écrin dédié à l’art. De nombreux concerts classiques y ont eu lieu, ainsi que des expositions, organisées par Virginie Cruse. Pour l’été 2013, c’est avec enthousiasme qu’Emmanuel et Virginie ont accepté la proposition qui leur a été faite par l’association Escales* d’accueillir des œuvres inédites du grand artiste contemporain chinois Leng Hong.
Né à Shanghai en 1955, Leng Hong reçoit son diplôme du Département des arts de la Shanghai Theater Academy en 1978. Jusqu’en 1986, il est chercheur et professeur de peinture traditionnelle au Chinese Painting Institute de Shanghai. Afin de poursuivre ses recherches et de s’ouvrir à l’art occidental, il part alors pour l’Europe où il rejoint l’un de ses amis, physicien chercheur à l’Université de Bordeaux I. Leng Hong crée très vite un lien fort avec la ville, développant un cercle spontané d’admirateurs de son oeuvre, qu’il poursuivra dans la capitale girondine pendant six années. Révélé durant le mouvement artistique chinois de la nouvelle vague des années 1980, Leng Hong est aujourd’hui considéré par les critique chinois comme « un artiste unique, celui dont la recherche constante est de mettre en relation la peinture traditionnelle chinoise et la peinture occidentale. »
Le dialogue de Leng Hong avec le passé, l’utilisation de couleurs tertiaires, son interprétation de l’Histoire, sont ingénieusement traités par la distorsion et la composition de ses toiles. « Quand je commence une toile, d’abord je construis un mur, comme une fresque ou une partie de fresque. L’acrylique associée à de la poudre de marbre, des traits épais, des coulures pour donner à voir une épaisseur particulière. Antique, dans la surface, qui traverse le temps. » Cette poudre de marbre qui donne un effet de profondeur, ces coulures solides de matière sur la toile, évoquent au directeur du Musée de Suzhou, en Chine, où l’artiste est exposé actuellement, « les techniques propres aux fresques, tachetées, vieillies, par des couches habilement superposées. Leng Hong fait surgir les strates et le poids de l’Histoire culturelle. »
Depuis 2006, Leng Hong partage son temps entre le Canada, où il vit depuis 1992, et sa ville natale, où il est professeur invité de la Fine Art College of Shanghai University. Classé parmi les 100 artistes contemporains les plus cotés dans le monde en 2008, il a réalisé une fresque pour l’exposition universelle de Shanghai (2010). Cet été, celui qui estime que les artistes ont trois patries, leur pays d’origine, le monde et l’art, et qu’ils parviennent « à la même destination par des voies différentes, grâce à leurs efforts inlassables dans leur parcours artistique et sur la base de leurs propres expériences »** revient donc dans la ville qui lui a permis d’expérimenter des techniques devenues très importantes dans son œuvre. Par ce retour dans la région qui a vu se développer son indépendance personnelle et artistique, il établit une passerelle culturelle de plus entre Bordeaux et Shangai. « Aujourd’hui, je pense que rien ne distingue l’Orient de l’Occident. L’art me paraît être sans frontière, nullement divisé. »**
D’ici et d’ailleurs, une exposition de Leng Hong.
Château d’Issan, 3 juin au 26 juillet.
Visites du lundi au vendredi de 10 h à 17 h, sur rendez-vous.
En photo ci-dessus, Le village d’une autre époque 13-VII, 33 x 45 cm, 2013
* Escales, des artistes et Bordeaux, est une association Loi 1901 reconnue d’utilité publique. Ses membres fondateurs se sont réunis pour la première fois en janvier 2009 avec le souhait de créer une association dont la mission serait de promouvoir, notamment au travers d’expositions à Bordeaux, des artistes ayant ou ayant eu un lien avec Bordeaux. Elle compte aujourd’hui une centaine de membres, amateurs d’art, collectionneurs, historiens de l’art et professionnels de la culture.
** Extrait d’un entretien avec Laurence Chevallier, historienne de l’Art.