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2003-2013 : cent jeudis de Legrand

Chez Legrand, il y a les soirées du mardi, consacrées à la dégustation et celles du jeudi, qui mêlent le vin et l’art. Pour fêter la centième de ces soirées, un beau programme est prévu ce jeudi à 20 h, à découvrir ici dans son intégralité. Les vignerons associés sont Margareth Henriquez, de la maison Krug (vin dégusté : La Grande Cuvée) et Christine Vernay et Paul Amsellem, du domaine Georges Vernay à Condrieu (vin dégusté : Côte-Rôtie «Rouge» 2010). Pour accompagner leurs vins, une assiette composée d’une terrine de la Maison Costa (Corse) ou de la Maison Hardouin (Loire), de saucisson fumé (Costa) et de comté millésimé (Maison QuatreHomme) sera proposée à la Vinothèque et au Salon Lucien Legrand au prix de 15 €. 

Participation aux frais pour les artistes, 20 €. On réserve au 01 42 60 07 12.

Bientôt une AOC lugny ?


La cave de Lugny est l’une des plus anciennes de Bourgogne. Elle produit à raison de 100 000 hectolitres par an des vins typiques de la région du Mâconnais, dans seize appellations différentes. Elle détient également 99 % du vignoble de Mâcon‐Lugny, qui représente 25 % de sa production. Le travail effectué sur ce vignoble autant que sur l’assemblage et la vinification des vins qui en sont issus devrait sans doute conduire cette appellation à bénéficier sous peu d’une AOC village à part entière (la dernière date de 1998, c’était Viré-Clessé). C’est en tout cas l’objet
de la demande qui sera déposée auprès de l’INAO d’ici la fin de l’année. Pour le moment, ces mâcons portant la dénomination géographique “lugny” font parler d’eux en France et à l’international, notamment aux Etats-Unis et
en Angleterre. Les trois cuvées produites par la cave de Lugny sont le mâcon-lugny, lieu dit « La Carte », issue
d’un vignoble confidentiel de 10 hectares, le mâcon-lugny, lieu dit « Les Charmes » (105 hectares en monopole) et le mâcon-lugny « Eugène Blanc », élevé sur le territoire de Saint-Gengoux-de-Scissé (163 hectares). Ambassadeur de ce territoire à part, la cave partage avec d’autres producteurs* cette volonté de voir exister le lugny.

* Le Syndicat de défense et promotion de l’appellation lugny a été créé le 26 juillet 2012, on en appprendra plus ici.

Rotschild distribue Solichnaya





Le groupe Baron Philippe de Rothschild France Distribution (RFD) et SPI Group* ont conclu un accord de distribution, dont le premier volet prendra effet dès le 1er juillet 2013. RFD assurera désormais la mise en marché de toutes les expressions de la vodka Stolichnaya (Premium, Gold, Flavours et elit by Stolichnaya®, la plus luxueuse). Cet accord comprend dès à présent tous les circuits hors domicile de France et Monaco, cafés, hôtels, restaurants, cavistes, distributeurs CHD et cash and carry. Les grandes et moyennes surfaces (GMS) entreront dans le périmètre de cette convention à compter du 1er janvier 2014. Géraud de la Noue, directeur général de Baron Philippe de Rothschild France Distribution a souligné que « cette alliance de premier plan entre nos deux sociétés est issue d’une volonté commune d’assurer à Stolichnaya un développement pérenne et harmonieux sur le marché français. Stolichnaya s’inscrira en parfaite synergie avec notre portefeuille et contribuera à son dynamisme déjà important sur les marchés des vins, champagnes et spiritueux. »

* Basé au Luxembourg, SPI Group a été fondé en 1997. Présent dans plus de 160 pays, propriétaire de marques de vodka internationales et d’une d’une distillerie ultra-moderne en Russie, SPI Group intervient dans la production, la vente et la distribution de plus de 380 marques, principalement détenues en propre. Le groupe détient également un réseau de 75 détaillants de vins et spiritueux, développe des projets immobiliers et gère environ 5000 hectares de terres arables.

Un mariage qui donnenaissance à des marques

Il ne suffit plus de vendanger pour vendre du vin. L’amateur boit moins mais mieux. Et demande du rêve. Après la firme américaine Gallo, parmi d’autres, des domaines français reprennent eux aussi les codes du luxe. Jean-Charles Boisset, qui dirige la maison familiale du même nom, ne dit pas autre chose. « Nous voulons créer des marques et vendre l’univers qui s’y rattache. Chacune de nos maisons a une personnalité et un imaginaire qui lui sont propres. L’art permet de les ancrer davantage dans une époque ou une tendance. » Le voyage commence dès les vignes et les chais, grands ouverts au public. Au château d’Arsac, Philippe Raoux se souvient avoir été marqué par un voyage en Californie à la fin des années 70. « Les wineries proposaient des parcours ludiques autour de la création du vin. À l’époque aucun château bordelais n’accueillait de visiteurs. » Les esprits évolueront avec les années. Mais la scénographie se révèlera parfois trop élitiste, et donnera trop souvent aux touristes l’impression que leur admission n’étaient faite qu’à contrecœur. « Les gens ne viennent pas uniquement pour déguster un verre de vin », insiste Jean-Charles Boisset. D’où l’impératif d’étonner un public français a priori blasé. Quoi de mieux que l’art pour susciter la curiosité ? « Nous ne pensions attirer que des amateurs éclairés, mais les week-end, je croise beaucoup de poussettes entre les ceps », se réjouit Florence Cathiard. « En agissant à contrepied de nos voisins, nous nous différencions et nous tirons notre image vers le haut », reconnaît sans ambages Maurice Giraud avant d’avouer que nombre de visiteurs repartent avec une ou deux bouteilles de Château de Pommard. Reste à transformer l’essai auprès des distributeurs. « Sur le long terme cela nous a ouvert de nouvelles portes. Mais il s’agit d’un effort de longue haleine » précise Florence Monmousseau pour Bouvet-Ladubay.

La Commanderie de Peyrassol inspire les artistes
En une dizaine d’années, ce vignoble du Var a mené deux chantiers de front. Hisser la qualité de ses vins et devenir un haut-lieu de l’art conceptuel. Devenu propriétaire de ce domaine en 2003, Philippe Astruy avait auparavant commencé une collection d’œuvres, notamment grâce à sa femme Valérie Bacq, propriétaire de la galerie du même nom à Bruxelles. Le virage vers le mécénat a été négocié une fois que la remise sur pied de cette propriété un peu assoupie était bien engagée, dans les vignes, les chais et les méthodes de vinification. Les artistes amis du couple sont alors invités à séjourner à Peyrassol et ceux que les lieux inspirent reçoivent toute l’aide nécessaire.
Par ricochet, les vins profiteront de cette publicité indirecte, en particulier à l’export. Quant aux voisins de Peyrassol, ils sont nombreux le dimanche à venir faire découvrir les œuvres à leurs amis en visite.

Vincent Bussière

Musique & Vin au Clos Vougeot, édition 2013





Née de la rencontre, en 2008 à Manhattan, entre un professionnel du vin passionné de musique, Bernard Hervet,
et un grand musicien amoureux des bourgognes, David Chan, premier violon du Metropolitan Opera de New-York, l’idée du festival Musique & Vin a immédiatement eu le soutien d’Aubert de Villaine (domaine de la Romanée-Conti), d’Erwan Faiveley (domaine Faiveley) et de la confrérie des chevaliers du Tastevin. Dès la première édition, l’engouement des artistes comme du public encourage l’association à promouvoir les jeunes talents. Pour financer cette fondation et la bourse qu’elle octroie, une vente aux enchères de grands crus est organisée grâce à la générosité de nombreux domaines, maisons de vin et donateurs. L’émulation entre talents confirmés et étoiles montantes a donné à Musique & Vins son caractère unique dans l’univers des festivals de musique classique en France. Cet échange, cet accompagnement des uns par les autres, cette transmission qui s’est accentuée avec l’acquisition d’instruments mis à la disposition de jeunes artistes, parfois encore élèves, fondent ce projet artistique philanthropique et participent à la richesse de sa programmation.

Pour évoquer ces jeunes pousses du classique, David Chan, le directeur artistique du festival, compare musique
et vin. « Les grands crus sont faits non seulement de vieilles vignes, mais aussi de plus jeunes, et une partie de notre mission est de reconnaître de jeunes artistes au talent exceptionnel, et de les aider dans les premières étapes souvent difficiles de leur début de carrière ». Les lauréats des cinq premières éditions ont, depuis leur prestation
au Clos Vougeot, foulé la scène de bien des opéras et des salles de concert de premier plan à travers le monde.
La création l’année dernière de l’Orchestre éphémère des Climats de Bourgogne a donné encore un peu plus de rayonnement à ce rendez-vous musical nourri par une amitié franco-américaine, auquel les solistes du Met participent chaque année aux côtés de grands solistes français et européens. On découvrira ici tous les artistes présents pour cette sixième saison.

Vendredi 21 juin / Château du Clos Vougeot

Dégustation à 17 h, concert à 19 h.

Jean-Sébastien Bach,

Concerto pour hautbois et violon en ut mineur, BWV 1060
Concerto brandebourgeois n°5 en ré majeur, BWV 1050
Concerto brandebourgeois n°4 en sol majeur, BWV 1049
Concerto brandebourgeois n°6 en si bémol majeur, BWV 1051
Concerto brandebourgeois n°3 en sol majeur, BWV 1048

Samedi 22 juin / Grandes halles de Beaune
Concert des jeunes solistes, 19 h.

Jean-Sébastien Bach, Ciaconna (extrait de la Partita n°2 en ré mineur pour violon seul, BWV 1004)
Gounod, “Salut! demeure chaste et pure” (Faust)
Richard Strauss, “Di rigori armato” (Der Rosenkavalier)
Gioacchino Rossini, Andante (extrait de la Sonate n°3 pour cordes en ut majeur)
Giacomo Puccini, “Che gelida manina” (La bohème)
Gaetano Donizetti, “Angelo casto e bel” (Il duca d’Alba)
Félix Mendelssohn, Allegro moderato ma con fuoco (extrait de l’Octuor en mi-bémol majeur, Op. 20)

Mardi 25 juin / Château du Clos Vougeot

Dégustation à 17 h, concert à 19 h.

Robert Schumann, Fantasiestücke Op. 73
Johannes Brahms, Sonate pour violoncelle et piano n°1 n mi mineur, Op. 3
Dimitri Chostakovitch, Trio avec piano n°2 en mi mineur, op. 67

Dimanche 30 juin / Château du Clos Vougeot
Dégustation à 16 h (appellation corton rouge), concert à 18h30.

Dîner de gala à 20h30, avec vente aux enchères au profit des Jeunes Talents.

Ludwig van Beethoven, Concerto en ut majeur (“Triple”) pour violon, violoncelle et piano, Op. 56
Richard Wagner, Siegfried-Idyll
Piotr Ilitch Tchaïkovski, Suite n°4 en sol majeur (“Mozartiana”), Op. 61

Tarifs

Le 21 ou le 25 juin, concert seul : 30 €. Avec dégustation des vins de grands domaines de Bourgogne : 60 € 

Le 30 juin, concert seul : 40 €
Les trois concerts et deux dégustations : 120 €
Le concert des jeunes talents du 22 juin à Beaune est gratuit. 


Réservation
Par téléphone au 03 80 62 82 84.

Par fax au 03 80 62 82 75.

Par mail à [email protected]

Le vignoble de Vouvrayravagé par la grêle

De violents orages ont sévi lundi 17 juin dans le vignoble de l’AOC vouvray*. Ils ont traversé les 2 200 hectares de l’appellation d’ouest en est, touchant particulièrement les communes de Parçay-Meslay, Rochecorbon, Vouvray, Vernou sur Brenne, Chançay et Reugny. Le syndicat des vins de Vouvray a établi un premier état de la situation qui montre que les deux tiers des vignes ont été considérablement abîmées par la grêle, voire totalement dans certaines zones. Les techniciens de la chambre d’Agriculture conseillent et orientent les vignerons pendant que les membres du bureau du syndicat des vins rencontrent les administrations locales et nationales pour étudier les différentes aides envisageables. La grêle ne fait pas partie des phénomènes climatiques reconnus “catastrophe naturelle”.

* L’aire d’appellation Vouvray, qui couvre 3 000 hectares, dont 2 200 hectares de vignes plantées en production, longe la rive droite de la Loire (et son affluent, la Brenne) à l’est de Tours. L’AOC comprend huit communes
(Parçay-Meslay, Chançay, Noizay, Reugny, Rochecorbon, Tours Sainte Radegonde, Vernou sur Brenne, Vouvray) et produit environ 110 000 hl par an, 60 % en fines bulles et 40 % en vins tranquilles.

Un award pour Philippine de Rothschild

Lors du déjeuner organisé mardi dans le cadre de Vinexpo, la baronne Philippine de Rothschild a été récompensée par le prix Lifetime Achievement 2013 parrainé par l’institut des Masters of Wine et The Drinks Business. Le prix a été reçu en son nom par son fils cadet, Julien de Beaumarchais. Actionnaire majoritaire du groupe Baron Philippe de Rothschild SA qu’elle dirige depuis la mort de son père en 1988, Philippine de Rothschild préside un groupe
qui commercialise plus de 22 millions de bouteilles de vin par an. Propriétaire avec ses enfants de trois châteaux
à Pauillac dans le Médoc (Mouton-Rothschild, Château d’Armailhac et Château Clerc Millon), elle est également présente dans plusieurs autres grandes régions productrices en France et à l’étranger, notamment en Californie
et au Chili. Les précédents lauréats de ce prix, qui récompense un engagement notable pour l’excellence du vin,
sont Robert Mondavi (2005), Marchese Piero Antinori (2007) et Jean-Michel Cazes (2011).

Le Liban, la Géorgie et la Turquie sont à Bordeaux

Premier rassemblement international du vin et des spiritueux, Vinexpo accueille chaque année des exposants venus de toutes les pays producteurs du monde. A côté des emblématiques régions viticoles de France, d’Italie, d’Espagne ou des Etats-Unis, les visiteurs peuvent découvrir le travail effectué dans des endroits qui n’ont pas fini de faire parler d’eux. En tout premier lieu, le Liban, berceau mondial du vin dont la longue histoire viticole remonte
à plusieurs milliers d’années. 3000 ans avant notre ère, les Phéniciens exportaient déjà leur vin. Si les tragédies
de l’histoire ont parfois freiné le développement de la production libanaise (2 000 hectares de vignes, 6 millions
de bouteilles par an, en blanc, rouge et rosé), elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec force. Fabrice Guiberteau, l’œnologue et directeur technique du Château Kefraya, l’un des deux plus grands producteurs du pays (l’autre, c’est Château Ksara) confirme que le salon bordelais est l’occasion « de consolider nos positions à l’international et de solliciter de nouveaux distributeurs. »

Autre pays présent, dont la situation géographique et la qualité du sol composent un terroir de choix, la Géorgie produit 25 millions de bouteilles par an et la qualité de sa production est régulièrement saluée par des prix lors
des grands concours internationaux. Des récompenses qui font progresser d’année en année les exportations.
« Actuellement, la plus grande partie de notre production s’exporte vers la Chine. Mais nous sommes également plébiscités partout en Europe. » Et Vinexpo est une belle occasion de faire savoir que la Géorgie compte parmi
les meilleurs vignobles, entend-on sur le stand de la Winery Khareba, premier producteur du pays (9 millions
de bouteilles) tout récemment récompensé par une médaille d’or au Concours mondial de Bruxelles.

Si la Turquie dispose d’un vignoble très étendu, seuls 2 % de ses raisins sont destinés à la production de vin.
Ils sont issus de zones viticoles situées principalement sur les côtes, en bordure de la Méditerranée, de la mer Egée ou sur les rives de la mer de Marmara, et un peu en Anatolie. La production s’appuie en grande partie sur des cépages locaux (Emir, Sultaniye, Kalecik Karasi) et le développement commercial des vins est tout récent. C’est sur le stand Wines of Turkey, du nom de l’organisme créé en 2008 par la filière, que les principaux producteurs turcs
se sont réunis pour présenter leurs vins à Bordeaux en même temps que pour valoriser l’ensemble du terroir turc. Göktug Güçlü, directeur export de la maison Doluca, explique que cette participation est essentielle. « Nous sommes ici pour échanger avec les personnalités du monde du vin et pour bénéficier de leur expertise. »

Nicolas Feuillatte toujours n°1

Selon la dernière étude publiée dans la newsletter Impact (juin 2013) du groupe américain Shanken, Champagne Nicolas Feuillatte conforte da position dans le top 5 des marques de champagne. Avec plus de 9,1 millions de bouteilles expédiées en 2012, le Champagne Nicolas Feuillatte se place au 3e rang des marques au niveau mondial et tient la première place pour ce qui concerne la France, avec près de 5,3 millions de bouteilles vendues. Les grands marchés historiques de la marque (Royaume Uni, USA, DOM), qui poursuit une stratégie commerciale de montée en gamme, restent les principales locomotives de sa croissance. Son développement passe également par une progression sensible dans des marchés européens clés tels que lʼAllemagne et la Belgique, mais également en Afrique, ainsi que par lʼouverture de marchés émergents comme la Chine et la Russie.

Mouton ne change

Château Mouton Rothschild vient d’inaugurer son nouveau cuvier ainsi qu’un espace d’exposition pour les œuvres qui illustrent ses étiquettes depuis depuis 1945. C’est portée par la devise maison, « Mouton ne change », que la baronne Philippine de Rothschild a confié l’ensemble de ces travaux au scénographe Richard Peduzzi et à l’architecte Bernard Mazières en leur demandant de s’inscrire dans la longue histoire du château. Au XVIIIe siècle,
il était comme Lafite et Latour la propriété du “prince des vignes”, le marquis Nicolas-Alexandre de Ségur. Les barons de Brane prirent la suite, qui le nommèrent Brane-Mouton. C’est après son acquisition, en 1853, par le baron Nathaniel de Rothschild que le château prit le nom qu’on lui connait aujourd’hui. Pour autant, l’étiquette n’était pas encore aussi célèbre. Malgré la qualité de plus en plus reconnue de son vin, Mouton ne suscitait guère d’intérêt chez ses propriétaires, peu enclins à se rendre dans une région alors déshéritée. Ceci jusqu’au jour de 1922 où, tout juste âgé de vingt ans, l’arrière-petit-fils de Nathaniel décida de prendre en main les destinées de la propriété. Une fois engagé dans cette aventure, le baron Philippe de Rothschild devait la transformer en un long règne qui dura jusqu’en 1988. Certaines des décisions capitales que prit durant ces années cet esprit visionnaire et indépendant ont révolutionné le monde du vin.

Avant-gardiste sur cette question, il affirma dès 1924 le rôle et la responsabilité des propriétaires de grands crus face à la toute-puissance du négoce bordelais en pratiquant la mise en bouteilles intégrale au château d’un vin jusqu’alors livré en barriques aux négociants. Ce choix, qui devait bientôt faire école, imposa d’accroître les capacités de stockage sur place. Le “grand chai” de Mouton fut construit en 1926 par l’architecte Charles Siclis. Dans le même esprit “médocain”, le baron Philippe acquit en 1933 une petite société de négoce sise à Pauillac,
qui allait notamment produire et commercialiser Mouton Cadet, créé en 1930 et première marque de bordeaux AOC dans le monde aujourd’hui. Outre sa politique d’accroissement du patrimoine familial, toujours sur le terroir de Pauillac (châteaux d’Armailhacq et Clerc Milon), il entreprit très tôt d’associer l’art à son château par le biais d’étiquettes illustrées chaque année par la reproduction d’une œuvre originale spécialement créée pour Mouton
par un artiste contemporain. Il fit également de sa propriété un haut-lieu touristique du Bordelais dès 1962 en y créant un musée rassemblant des objets précieux de toutes époques associés à la vigne et au vin. Pour finir, et ce n’est pas la moindre de ses contributions à cette propriété à laquelle il consacra sa vie, il fit accéder Mouton au rang de premier cru, un statut qui ne lui avait pas été accordé en 1855. Etait-ce en raison de l’état du domaine, était-ce l’absence de maison de maître ou bien un problème avec la nationalité de son propriétaire ? Ou tout cela à la fois ? Cela n’a plus vraiment d’importance. Mouton a rejoint officiellement le classement en 1973.

En 1988, à la disparition du baron Philippe, c’est sa fille la baronne Philippine de Rothschild qui a repris les rênes de la propriété, en partage avec ses trois enfants Camille, Philippe et Julien. Dès 1981, elle avait révélé au public les oeuvres originales figurant sur les étiquettes de Mouton dans le cadre d’une exposition, « Mouton Rothschild. L’Art et l’Etiquette », qui a été montrée dans plus de quarante musées à travers le monde. Du coup d’essai un peu précoce, réalisé en 1924 par l’affichiste Jean Carlu à l’occasion du premier millésime mis en bouteilles au château, à l’étiquette conçue par le prince Charles d’Angleterre, la signature visuelle de Mouton a été envisagée de bien des manières depuis 1945. De Miró à Chagall, de Braque à Picasso, de Tàpies à Francis Bacon, de Dali à Balthus, chaque millésime a enrichi une collection d’œuvres contemporaines qui parle du vin autant que du siècle qui l’a radicalement transformé. Disposant d’une pleine liberté de création, les artistes se sont souvent retrouvés autour de certains thèmes, la vigne, le plaisir de boire, ou encore le bélier, emblème du domaine. Ces étiquettes, mises en scène par Francis Lacloche, sont désormais en résidence au château. « Mouton ne change», mais toujours avance.