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Rubbish, le vin naturel ?

C’est Michel Chapoutier qui le dit, en anglais et ici, dans la troisième édition du supplément de Drinks International consacré aux marques de vins les plus admirées dans le monde*. Placé en quatrième position, et à nouveau le premier cité pour ce qui concerne les marques françaises, Chapoutier déclare que faire du vin naturel c’est comme faire du vinaigre, et même du mauvais vinaigre. Comment, se demande celui dont les vignobles sont conduits en agriculture bio ou biodynamique, quelqu’un peut-il permettre à des levures toxiques de se développer dans le vin ? Par quelqu’un, comprendre un vigneron. Vigneron que ce vigneron et négociant trouve un peu gonflé de produire des vins avec des défauts et de présenter ces défauts comme étant « naturels » (comprendre qu’on faisait comme ça, avant, et que c’est donc forcément bon). Michel Chapoutier, lui, ne voit rien de naturel dans le retour au temps où l’on n’avait pas les outils pour faire des vins sans défaut. À part ça, il se voit encore vigneron dans vingt ans et il ne souhaite défendre qu’une chose, le fait de faire des vins rares, de terroir.

* Top 3 : Concha y Toro (Chili & Argentine), Torres (Espagne) et Penfolds (Australie).

Henriot, Grange des pères, Petite Cocotte

Ingrédients
– Un samedi soir un peu doux,
– trois paires de potes de bonne qualité,
– une grande table dans une vaste cuisine,
– un hôte talentueux aux fourneaux,
– un menu de princes.
Secouez tout ça avec précaution. Prévoir des fleurs.

Vins
– Attaquer la soirée avec un champagne rosé 1989 Henriot en magnum. Les griottes le disputent au miel, c’est la grande émotion. Il y en a beaucoup dans ce magnum. Décidément, chaque fois que je rencontre un champagne de cette maison, ça se passe très bien. Rappeler au passage que le champagne est sans doute le vin qui vieillit le mieux.

– Avoir le choix entre un trévallon blanc et un autre. Choisir un blanc 2007 de la Grange des pères, que je ne connais pas (à la différence du trévallon blanc). Divine surprise. Au nez, on comprend lire la suite…

Brane-Cantenac en primeur (et en photos)


La Semaine des primeurs approche. Si chaque château bordelais peaufine ses échantillons et ses invitations, certains d’entre eux poussent le concept un peu plus loin. Brane-Cantenac en est un. Après les photos de l’œnologue Éric Boissenot, l’an dernier, l’idée de l’expo photo trouve son ancrage cette année avec une série de portraits des collaborateurs du château. En noir et blanc, encore une fois.
Ces photos sont signées François Poincet, un Girondin…lire la suite

La taille à Pichon-Longueville






C’est une étape-maîtresse pour l’obtention de raisins de très grande qualité que celle de couper les anciens rameaux afin que se développent ceux qui vont porter les fruits de l’année. Pied après pied, à la main, la minutieuse taille a débuté en décembre au château Pichon-Longuville, et elle se terminera fin mars. Les secrets pour obtenir une répartition équilibrée des bourgeons sur le rameau tout en respectant la bonne circulation de la sève sont dévoilés dans cette vidéo.

Coup de cœurà Saint-Émilion

Denis Hervier poursuit ses dégustations dans l’optique du prochain guide Bettane & Desseauve. Découvrez le Château Sansonnet.

« Sur le plateau argilo-calcaire de Saint-Émilion, à proximité du château Trottevieille, sur un terroir de grand cru classé, le Château Sansonnet appartint au duc Decazes, ministre épicurien de Louis XVIII. Avec l’arrivée de Marie-Bénédicte Lefévère en 2009 pour diriger la manœuvre, ce domaine affiche une nouvelle ambition qui apparaît sur le millésime 2010. Le 2011 joue dans la cour des grands, et le reclassement en grand cru classé est pleinement mérité.

Sansonnet 2011
La texture soyeuse possède du style et ce 2011 possède également de la profondeur, un volume harmonieux.
La finale sur les accents de pivoine a de la classe. »

Denis Hervier

L’hommedevant le monument


Une après-midi avec Frédéric Barnier, directeur technique de la maison Louis Jadot.

Malgré une stature solide et sportive, on sent Frédéric Barnier tendu et nerveux dès lors qu’il aborde un journaliste, critique de vin de surcroît. Il sait que dans son métier – celui d’homme du vin- peu sont autant observés que lui,
à l’intérieur de sa maison comme à l’extérieur. Et pour cause.
À 38 ans, il a succédé en janvier 2013 à Jacques Lardière au poste de directeur technique de la maison beaunoise Jadot. Lardière, 40 millésimes de Jadot au compteur, est pourtant éternel. Séducteur à l’enthousiasme inoxydable et au charisme incroyablement juvénile, intarissable philosophe du vin, de ses terroirs à sa vinification, de sa vigueur initiale à sa sénescence révélatrice, rare exemple de scientifique sensuel, Lardière était évidemment, aux yeux du monde du vin, bien plus que le directeur technique de Louis Jadot. Au même titre que le patron de la maison,
le discret, mais efficace Pierre-Henry Gagey, il était Jadot. Et, même si, entré dans la maison en 2010, Barnier travaillait depuis trois ans avec le grand homme, sa nomination a d’autant plus surpris que son parcours ne semblait guère s’associer à la patine bon chic bon genre de ce temple du bon goût bourguignon.
Après des études d’agro à Montpellier, Barnier a travaillé dix ans avec Michel Picard, self-made-man de Chagny plus reconnu pour son dynamisme entrepreneurial que pour le raffinement de ses vins. Chagny-Beaune,
16 kilomètres par la route, une galaxie d’écart en matière de vin. Le FC Barcelone enrôlant le meneur de jeu d’un club ouzbek pour remplacer Lionel Messi ne choquerait pas plus certains professionnels de la profession.
Pourtant, Barnier ne manque pas d’atouts pour le job. Archétype de cette génération de super techniciens du vin bien formés, maitrisant aussi bien la vigne que les chais, les impératifs de qualité comme ceux du commerce,
il peut précisément s’appuyer (comme d’autres : Mounir Saouma, le talentueux créateur de la petite maison « haute couture » Lucien Lemoine l’a précédé chez Picard) sur l’expérience exigeante d’une maison où rien n’était donné, rien n’était facile. « Ici, remarque-t-il non sans bon sens, la différence, c’est l’incroyable liberté de manœuvre dont on dispose à tous les niveaux. C’est extraordinaire, mais dangereux. On peut s’y noyer, dans la liberté. » Au-delà d’un solide background, il dispose d’un atout maître : c’est Lardière qui l’a choisi. « Barnier est un type droit », dit-il sobrement, mais suffisamment fort pour faire taire tous les esprits tordus qui jugent sur la mine et le pedigree avant de le faire sur pièce.
Enfin, il y a la nature même d’une telle fonction, qu’elle soit assumée par Lardière ou Barnier : l’homme est un chainon de l’entreprise, pas un démiurge. À tous les « spécialistes » – et il y en a eu – qui n’ont pas tardé à déceler des différences stylistiques ici où là, voire carrément « un futur mal assuré » pour la maison Jadot, on conseillera de déguster sereinement l’ensemble de la gamme d’une maison imposante qui peut aussi bien proposer plus d’un million de bouteilles de bourgogne générique en blanc comme en rouge d’une impeccable tenue qu’exprimer les extraordinaires nuances d’une dizaine de premiers crus de Beaune ou d’impressionner par la sereine puissance de son célèbre corton-pougets. Les 2011, que nous avons longuement parcourus, pour réalisés conjointement qu’ils soient par le duo Lardière-Barnier, sont avant tout du pur Jadot.
Ce type de dégustation permet en tous cas de redessiner les fondamentaux de la marque. Comme toujours en Bourgogne, les observateurs se focalisent souvent sur le très haut de gamme, laissant accroire par manque d’attention au reste que la Bourgogne ne maitrise que la haute couture et pas le prêt-à-porter. Chez Jadot, le crédo de Gagey, le patron, et le talent de Lardière et maintenant de Barnier ont été de jouer sur les deux registres.
Jadot brille certes avec le corton-pougets et le clos-de -bèze ou, en blanc, ma sublimissime préférée chevalier-montrachet les-demoiselles, fille illégitime de Noureev et de Teddy Riner. Mais il assure surtout une impeccable qualité sur les cuvées « ambassadeurs » que sont les appellations régionales et les villages. En dix vins qui constituent chacun autant de mètres étalons de leur catégorie, voilà où s’impose véritablement la maison.

Pour conclure, regardons-les, ces dix piliers de la sagesse de Jadot.

1. Pouilly-fuissé. 800 000 bouteilles dont chacune est un formidable ambassadeur du Mâconnais, du chardonnay et du vin blanc en général. Riche, ample, remarquablement équilibré en 2011, as usual.
2. Bourgogne blanc. Très consensuel, harmonieux, équilibré, plus mâconnais que côte-de-beaune, il se complète désormais d’un très intéressant coteaux-bourguignons, nouvelle appellation interprétée avec intelligence dans la lettre par Jadot. Puisqu’elle autoirise tous les cépages de la grande Bourgogne (en rouge, elle remplace de fait le vieux passe-tout-grains), Lardière et Barnier ont réalisé un tendu et brillant blend chardonnay – aligoté (à près de 40%) qui développe avec allégresse un corps charmeur et vivace.
3. Bourgogne rouge. 1,2 million de bouteilles vinifiées pour 50% dans les chais de la maison à Givry, complétés d’achat de vins en Côte d’Or et en Côte Chalonnaise. Allez chercher un pinot noir aussi régulier depuis 25 ans. Rondeur gourmande, fruité souple, très agréable et accessible, belle maturité dans le millésime 2009, une pointe de vivacité en plus en 2010, un rien plus fluide aussi, mais toujours de la persistance.
4. Beaujolais villages. Avant d’acquérir le Château des Jacques, Jadot a toujours cru au beaujolais et sa cuvée 2011 au fruité souple, à l’allonge tendre, savoureuse et nette en témoigne. Et rebelote avec le savoureux coteaux-bourguignons 2011 combinant chez Jadot 25% pinot, 25% crus du Beaujolais, 50% beaujolais générique. Générosité gourmande, non boisé, fruit épanoui, confortable et allègre, très séduisant.
5. Pommard. Dans cette appellation aux larges (et souvent fluides) contours, produire chaque année 200 pièces d’une telle densité relève du travail de précision. 2011 constitue ainsi un impeccable pommard, consistant, large d’épaule mais au fruité mur et fin, ample, de belle suavité, de grande allonge.
6 et 7. Nuits-saint-georges et gevrey-chambertin. Là aussi, ces deux villages célébrissimes existent à la carte de toute maison bourguignonne qui se respecte. Je n’ai pas dégusté cette année ces deux vins, mon analyse en Côte d’Or se limitant à la Côte de Beaune, mais la politique de repli de premiers crus que pratique régulièrement la maison sur ces vins en explique la régularité et la dimension.
8. Puligny-montrachet. Même si Jadot me paraît plus à son aise à Chassagne qu’à Puligny, il est capable de sortir 125 pièces d’un village complétant un éventail brillant de premiers crus dont les célébrissime pucelles ou le clos-de-la-garenne du Domaine de Magenta. J’ai cependant trouvé le 2011 villages en retrait par rapport au très consistant millésime précédent.
9. Meursault. Là encore, les premiers crus – charmes, genevrières, folatières – sont fameux, mais en volume très limité. Ce meursault archétypique, toujours généreux, toujours brillant, représente 50 à 60 fois plus de volume que chacun des premiers crus cités. Le 2011 : finement vanillé, floral, tilleul et fleur de vigne, gras, onctueux,
très équilibré, dimension racée, allonge suave, mais profonde.
10. Chassagne. Une commune remarquablement maitrisée par la maison, et un villages impeccable et exemplaire en 2011 : grande saveur, fruit soupe d’orange, charnu, intense, grande précision, allonge.

Thierry Desseauve

En route pour le Rhône





• Le Palais des Papes d’Avignon accueille lundi et mardi la septième édition du rendez-vous viticole Découvertes en vallée du Rhône. A cette occasion, réservée aux professionnels, près de 650 exposants seront présents pour rencontrer cavistes, sommeliers, importateurs, grossistes, agents commerciaux, journalistes et restaurateurs-hôteliers français et étrangers. Les quatre-vingt familles de vignerons de Vacqueyras regroupées sous la dénomination de Vignerons de caractère participeront aux master class* et présenteront sur leur stand (le n°85) leurs nouveaux millésimes ainsi que quelques cuvées inédites. Depuis leur union en 1957, ces Vignerons de caractère se sont attachés à la valorisation de leur territoire. En 1990, leurs efforts ont abouti à la reconnaissance par l’INAO du cru de Vacqueyras. Leur expertise s’est aujourd’hui étendue aux crus avoisinants des Dentelles
de Montmirail et de Châteauneuf-du-Pape. Après avoir été parmi les premiers à publier un rapport sur le développement durable, ils se sont engagés en 2007 dans une démarche appelée Vignerons en développement durable et ont mis en œuvre un plan de 90 actions autour des trois piliers concernés : économique, social et environnemental. Ces efforts seront récompensés par la reconnaissance du « niveau de maturité » de la norme mondiale développement durable ISO 26 000.

* Lundi 11, à 17 h : Vacqueyras, la force du biologique. Mardi 12, à 10 h : 
Verticale de Gigondas de 2007 à 1990.

• Si vous n’êtes pas un professionnel (et que vous êtes à Paris), vous pourrez quand même faire un petit tour dans
la vallée du Rhône, mercredi soir, lors de la désormais très régulière dégustation de grands vins proposée par l’école Dégust’Emoi. C’est à 20 h, dans un restaurant du douzième arrondissement et il faut très vite réserver ici (tarif 78 euros). Fromages et charcuteries, et deux vins surprises, vont seront proposés avec ce programme-là :
– Domaine Rostaing, Côte rôtie « Cote blonde » 2004
– Domaine Gérin, Côte rôtie « Champin le seigneur » 2009
– Domaine Jamet, Côte rôtie 1997
– Domaine Sorrel, Hermitage rouge « Gréal » 2006
– Domaine Dard & Ribo, Hermitage rouge 2010
– Domaine Thierry Allemand « Reynard » 2007
– Domaine Voge, Cornas Vieilles Vignes 1997

Le spiritueux préféré des Français






Selon une étude réalisée pour le salon Vinexpo qui se tiendra à Bordeaux en juin, la France reste le premier consommateur de whisky au monde, devant les Etats-Unis et le Royaume Uni, avec plus de quatorze millions de caisses de neuf litres commercialisées en 2011 et une consommation en croissance de 10% par rapport à 2007. Rien ne devrait changer dans les années à venir, cette même étude prévoyant même une croissance de 3,35 % entre 2012 et 2016. A l’instinct, on aurait dit que les Français préféraient le pastis et on aurait volontiers réservé la consommation de whisky à des ambiances plus anglo-saxonnes, façon clubs de gentlemen. Il n’en est rien, donc, et ce succès est du à la fois à une gamme très diversifiée, qui touche une large palette de consommateurs, des non-initiés aux plus fins connaisseurs, et à une variété de «moments» de consommation. Avantage que n’a pas forcément la vodka, star mondiale des spiritueux, dont la consommation a enregistré une progression de 47 % en France entre 2007 et 2011 (exactement comme le bourbon, qui profite de l’engouement autour du whisky). Globalement, la consommation de ces alcools, dont plus de 55 % sont importés, reste stable en France (+ 0,93% entre 2007 et 2011). Au niveau mondial, elle enregistre une hausse spectaculaire sur la même période, + 74%, portée évidemment par la zone Asie-Pacifique qui représente 61,5 % du marché.

Les coulisses du vin





Pourquoi certains vins sont plus rouges que d’autres ? Pourquoi certains vins se gardent plus longtemps que d’autres ? Quelle sont les différences entre un vin sec, demi-sec ou moelleux ? Quelles sont les techniques pour obtenir des bulles dans le vin ? Voilà le genre de questions que l’amateur est en droit de se poser et auxquelles
la maison saumuroise Langlois-Chateau se propose de répondre au long d’une visite guidée découpée en quatre actes. Le premier se déroule dans le décor d’une ancienne classe reconvertie en Ecole du vin. Là sont enseignées les bases de l’œnologie. Au programme, présentation des différentes appellations de la Loire, de la géologie,
des terroirs, des cépages ligériens et des vinifications dans les trois couleurs. Deuxième acte, visite du chai de la maison, en profitant au passage de la vue panoramique sur la vallée de la Loire. Après avoir vu le vendangeoir,
les pressoirs et les cuveries, on passe à l’acte trois, consacré aux caves de tuffeau (voir photo ci-dessus). Soit une balade souterraine qui est aussi l’occasion de découvrir l’élaboration traditionnelle du crémant (vieillissement sur lie, remuages manuels et mécaniques, dégorgement par la glace). Après la théorie vient évidemment la pratique,
le quatrième acte étant une dégustation commentée des différents vins produits par cette maison implantée à Saumur depuis 1885 qui exploite 71 hectares de vignes sur différentes AOC. Coup de cœur Smartbox du public en 2012 et recommandée par Tripadvisor, cette visite guidée d’une heure et demie (pour 5 euros) a déjà été effectuée par près de 12 000 personnes. Récompensé en 2011 par le réseau des caves touristiques du vignoble de Loire, Langlois-Chateau est labellisé France Qualité Tourisme. Réservation au 02 41 40 21 40.

Hecht & Bannier, négociants haute couture

Gregory Hecht et François Bannier ont créé leur maison de négoce en Languedoc avec des idées et même des idéaux. De qualité, en particulier. Forcément, l’accueil a été au rendez-vous. Quelques centaines de milliers de bouteilles plus tard, ils ajoutent le bandol à leur gamme. Quality first.
Cet entretien a été filmé à la Brasserie du Lutetia, à Paris, que nous remercions.


H&B par BDTMedia