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Ouvrez la grille

Il ne faut pas le confondre avec le château de la Belle au Bois Dormant situé à seulement quelques kilomètres, mais le Château de La Grille n’en est pas moins charmant. Qui prend soin de ce château de la Loire dont les origines remontent aux XVe et XVIe siècles et qui fut la propriété d’une célèbre famille champenoise répondant au nom de Gosset ? Eh bien ce ne sont pas une, mais deux personnes. Christophe Baudry et Jean-Martin Dutour ont racheté le Château de La Grille en 2009, alors dirigé par Sylvie et Laurent Gosset.

Christophe Baudry

Le chai, construit en 1970 sous la direction d’Albert Gosset, intégrait déjà les éléments permettant de vinifier dans les meilleures conditions. Bénéficiant de travaux de réaménagement, un nouveau caveau de dégustation,
un espace de projection et des rénovations du chai de vinification ont été entrepris. Une galerie souterraine de liaison entre le chai à barriques et le chai de fermentation à aussi été créée. Dans le clos, le meilleur terroir du vignoble, deux hectares de cabernet franc ont été replantés. Intégré aux vignobles Baudry-Dutour, en compagnie du Château de Saint-Louans, du Domaine du Roncée et du Domaine de la Perrière, La Grille s’étend sur vingt hectares, pour une production annuelle d’environ cent-mille bouteilles.

Christophe Baudry représente la sixième génération de vignerons de la famille. Comme une grande majorité de jeunes viticulteurs, il a débuté avec son père. C’est en 1986 que Jean Baudry lui a dit : « à toi maintenant ». Vingt-huit ans plus tard, accompagné de Jean-Martin Dutour, le voilà à la tête de quatre domaines. Avec les deux propriétaires, vingt-six personnes travaillent sur l’ensemble des vignobles. Pour ce qui est de La Grille, quatre ouvriers viticoles, un maître de chai et Catherine Perreau, responsable du caveau. Nouveauté œnotouristique, en plus des classiques visites des vignes et des chais, les visiteurs ont la possibilité de se promener dans le parc et au cœur même du vignoble. Un plan est à leur disposition pour les guider et leur raconter étape par étape les travaux de la vigne et les caractéristiques du métier de viticulteur.

Leur premier millésime, en 2009, annonce les ambitions du binôme. Remettre le domaine à son niveau des années 1990. Pour y arriver, en plus des investissements réalisés, Christophe Baudry peut s’appuyer sur un terroir argilo-calcaire qui résiste à de fortes sécheresses. Il faut laisser la nature faire son travail. Le vin aime prendre son temps. « La Grille est un château où il faut vendanger tard, quitte à perdre un peu de fruit. L’année dernière, les vendanges ont commencé alors que toute l’appellation en avait terminé. Albert Gosset élevait le vin en barriques, puis, en bouteilles. On déguste un millésime trois à quatre ans après sa vendange. La-grille est un vin de garde. Il est élevé pendant dix-huit-mois dans des fûts de deux, trois et quatre ans et nous utilisons une à deux cuves maximum selon les millésimes ». Le vin achève sa maturation en cave durant un minimum de deux ans.

De la famille Gosset, la durée d’élevage ne reste pas le seul héritage. La bouteille, elle aussi, est restée identique au célèbre flacon champenois et un topiaire de la forme de la bouteille orne le parc du château.
On le sait, la vie de vigneron peut être difficile et injuste, tant la qualité d’une récolte est incertaine avant que les raisins soient en sûreté, à leur place, dans les cuves. 2012 ne restera pas dans les mémoires. Gel de printemps et grêle sont les responsables d’un millésime compliqué, le premier depuis plus de dix ans. Toute l’appellation chinon est concernée. D’une production moyenne de 100 000 hectolitres par an, seuls 57 000 seront produits. Pour ce 2012, Baudry-Dutour a fait un choix coûteux. Celui, tout comme les châteaux d’Yquem et de Rieussec, de ne pas produire de millésime 2012. Une décision qui prouve une exigence certaine, une ambition d’excellence. Conséquence, la production de rosé du Château de La Grille double pour atteindre environ 20 000 cols. « C’est l’année la plus compliquée depuis longtemps. 1991 fut mon pire cauchemar à cause du gel qui a réduit la récolte à 7 hectolitres par hectare. En 1980, c’était la qualité du raisin qui était en cause ».
La visite touche à sa fin, la grille se referme. Il est temps de partir. Christophe Baudry, lui, ne bouge pas. Passionné qu’il est, il se prépare à raconter et faire déguster à d’autres, l’histoire et les multiples parfums du Château de La Grille.

Texte et photos : Pierre Grenié

Une fusion à venir



Regroupant à elles deux 250 exploitations viticoles et 2 300 hectares de vignes au pays des Dentelles de Montmirail, dans la partie méridionale de la vallée du Rhône, les caves des Vignerons de Caractère et des Vignerons de Balma Venitia ont été créées il y a plus de 50 ans. Aujourd’hui, elles ont décidé de se rapprocher pour travailler sur un projet de fusion qui regroupera à terme les deux entreprises. Ces deux acteurs majeurs de leur secteur, leaders de leurs appellations (gigondas, vacqueyras, beaumes de Venise, muscat de Beaumes de Venise), partagent les mêmes valeurs, qu’ils s’agissent de la qualité des vins, des démarches de certification ou de développement durable. Egalement impliqués dans l’œnotourisme, les Vignerons de Caractère et Balma Venitia envisagent leur union comme une étape-clé qui assurera la pérennité des exploitations viticoles autant que la protection de leur terroir et du savoir-faire des générations d’hommes et de femmes qui s’y sont succédé. Avec des capacités de développement démultipliées dans tous les domaines (technique et recherche, commercial, marketing) et des coûts de fonctionnement optimisés, cette nouvelle structure dont le nom n’est pas encore connu, produirait
36 000 hectolitres de crus de la vallée du Rhône et distribuerait 8 millions de bouteilles pour un chiffre d’affaires d’environ 30 millions d’euros. Ce projet de fusion non exclusif pourrait rassembler d’autres entités partageant les mêmes objectifs. 

D’amouret de champagne

Henri Abelé
C’est Philippe Jamesse, chef sommelier du domaine Les Crayères à Reims et grand spécialiste du champagne, qui a signé les deux flûtes au galbe généreux qui accompagnent et dévoileront cette cuvée Sourire de Reims. 120 €










Tsarine
Hommage au septième art, ce coffret-boîte à bijoux, doté d’un miroir
d’inspiration hollywoodienne contient quatre flûtes torsadées et la Cuvée Premium de la Maison, récemment récompensée (entre autres) par une médaille d’argent, mention «exceptionnel» lors de l’International Wine & Spirit Competition 2012.
150 €






Henriot
Une bouteille de champagne Brut Rosé, deux flûtes et
une perle Swaroski Elements (dont le montage, conçu
par Arthus-Bertrand, permet de la porter sur un collier,
un bracelet ou tout autre support), la Maison fait rimer amour avec toujours. 58 à 68 €




Besserat de Bellefon
Ces deux flacons de la Cuvée des Moines rosé sont accompagnés de verres Riedel choisis par Cédric Thiébault,
le chef de cave de la Maison, pour leur capacité à exprimer l’effervescence fine et légère du vin et son nez généreux, intense et raffiné. 200 €



Gonet
Tendre robe rose et fruité charmeur, cette cuvée est soigneusement équilibrée.
Les chardonnays du Mesnil-sur-Oger qui dominent l’assemblage (90 %) sont complétés
par 10 % de pinots noirs provenant de Vertus. Elevé trois ans en cave, ce brut rosé est issu
de vins de réserve (30 %) et de vins de 2009 (70 %). 28 €




Pol Roger
Boire du champagne et s’écrire des mots doux, c’est l’idée qui accompagne ce Brut Réserve non millésimé, subtil et charnu. Un carnet blanc et or, inspiré de ceux des dégustateurs, vous sera offert pour tout achat d’une bouteile dans un des restaurants ou cavistes partenaires de la Maison. 35 €






G.H.MUMM
Deux flûtes accompagnent cette variation rosé du Cordon Rouge, un brut élégant aux bulles abondantes et à la mousse fine et vive, fidèle reflet du terroir et du style de la Maison. Exclusivement disponible ici. 47 €


Lanson
Si le rose est shocking, c’est parce que le romantisme n’est pas que soupirs et secrets. Derrière ce design pétillant disponible en édition limitée se cache un brut rosé à l’élégante robe cuivrée et aux notes de roses et de fruits. 36 €








Vranken
Paris et ses toits comme summum du romantisme, c’est un classique des amoureux que revisite la Maison avec une version millésimée de sa Demoiselle. Ce coffret en édition limitée Demoiselle La Parisienne 2003 est disponible en bouteille et en magnum. 49 € et 103,90 €


Moët & Chandon
Un site dédié et une application pour mobile au service d’une expérience de dégustation sur-mesure du Moët Rosé Impérial, proposé en bouteille ou en magnum, avec un stylo et des stickers pour déclarer sa flamme et personnaliser son coffret, c’est la proposition que la Maison fait aux amoureux. 50 € et 140€.







Veuve Clicquot
Semé de délicates fleurs couleurs framboise, cerise et parme, voici un bouquet graphique qui se déplie comme une corolle de pétales pour dévoiler le rosé de la Maison. Il est proposé en deux version, avec ou sans flûtes. 42 €








Pommery
La cuvée Louise 1999 est ici proposée dans un coffret en forme d’écrin, accompagnée par deux flûtes gravées à l’or et portant chacune un bijou créé par l’orfèvre d’Arthus Bertrand. Cette édition limitée n’est disponible qu’auprès du domaine, à Reims. 180 €



Vivement dimanche






Pendant que dans le monde du vin, janvier et février font l’objet de salons professionnels, dans le monde
du cinéma, c’est l’heure des prix et des tenues de soirée. Forcément, c’est toujours à Hollywood que s’ouvre le bal avec des cérémonies en forme de pronostics pour les Oscars, d’abord les Golden Globes, récompenses décernées par des journalistes étrangers, puis les Screen Actors Guild Awards, remis par l’Association professionnelle des acteurs de cinéma et de télévision. Présente à Los Angeles fin janvier pour assister à cette cérémonie dont la Maison Taittinger est partenaire depuis treize ans (voir photo ci-dessus), Vitalie Taittinger sera ce dimanche à Londres pour la cérémonie des British Academy Film Awards, l’équivalent anglais de nos Césars qui sera retransmise sur Paris Première. Pour faire vos pronostics, cliquez ici et . Pour vos invités, et l’utilité éventuelle d’un tapis rouge, on vous laisse juge. Mais pour le champagne, c’est Taittinger. A lundi.

Vignerons en développement durable

VDD {Nm. Prop.} : dix caves coopératives concernées par l’avenir de la Terre, des enfants de demain et la pérennisation du terroir et du métier de viticulteur s’unissent dans une démarche en développement durable.

Ci-dessus leur logo et leur «définition» d’origine. Ici, leur tout récent site internet qui permet de découvrir en ligne ce qui anime ce collectif de producteurs engagés de la vigne au verre dans une démarche de développement durable. Initié en 2007 par la mise en œuvre d’une charte reposant sur trente-sept engagements intégrant simultanément des problématiques économiques, sociales, sociétales et environnementales dans la gestion d’entreprise, l’élaboration et la commercialisation du vin, l’association VDD s’est officialisée en 2010 par la création de la marque et du logo certifiant le respect de la charte qui sera désormais attribué aux caves. La certification et les audits sont assurés par le groupe ICV (Institut coopératif du vin), qui fut conçu en 1946 comme un outil oenologique mutualisé au service des vignerons méditerranéens.

L’engagement VDD, qui concerne aujourd’hui 3 000 vignerons et 640 salariés et représente 20 000 hectares de vignes et 64 millions de bouteilles, permet à l’ensemble des parties prenantes de la filière vitivinicole de minimiser les impacts écologiques de leurs actions et d’offrir à chacun une meilleure qualité de vie. Il s’agit de relever les principaux défis du monde agricole : garantir la sécurité alimentaire, vivre de son métier et respecter la nature. L’association accueille constamment de nouveaux adhérents. Au dix caves coopératives* fondatrices situées dans les Pyrénées Orientales, l’Aude, en Provence, dans le Vaucluse, le Gard et la Drôme, des caves du Val de Loire et de Bourgogne sont entrées dans la démarche. Une dizaine de nouvelles caves coopératives et particulières sont en processus de conversion pour rejoindre la marque.

* Vignobles Dom Brial, Cave Jaillance, Cave La Malepère, Mont-Tauch, Les Vignerons du Mont-Ventoux, Moulin de la Roque, Caves de Razès, Sieur d’Arques, Cave de Tain, Vignerons de Caractère.

C’est une fille !






Le 25e concours du Meilleur élève sommelier en vins du Val de Loire, dont les dernières étapes se sont tenues lundi au Salon des Vins de Loire sous le parrainage de l’Union de la Sommellerie française, a récompensé Virginie Tondeur (voir photo ci-dessus), élève au Lycée hôtelier de La Rochelle. Tout comme le millier d’élèves de France
et de Belgique participants, elle a reçu une formation spécifique en vins de Loire avant d’être soumise à une épreuve écrite organisée dans son établissement. Cette première phase a permis de désigner les trois meilleurs représentants de chaque école. Lundi matin, les candidats se sont affrontés dans une demi-finale à huis-clos portant sur leurs connaissances générales des vins de Loire (appellations, histoire, géographie…). A l’issue de ce test,
les élèves des meilleures écoles, classées « Val de Loire », « hors région Val de Loire » ou « Étrangère », ont été retenus pour participer à une finale en trois étapes, ouverte au public. Décantation en cinq minutes, questionnaires avec photos sur les thèmes de la viticulture, de l’œnologie, de l’histoire, de la géographie, du service et de la culture du vin en Val de Loire et dégustations à l’aveugle des vins (recherche du cépage, de l’appellation et du millésime) ont permis à Virginie de démontrer qu’elle était la meilleure. Nous avions déjà noté le talent des filles en la matière.

Les chambertins de Pascal Marchand






C’est en deux temps que le site de ventes privées de vins (entendre qu’il faut d’abord s’inscrire pour participer)
a wine day vous propose de découvrir le travail de celui que Michel Bettane consacra, il y a quelques années, comme la référence mondiale du pinot noir. Fleurons de la Bourgogne, ces grands crus classés de la Côte-de-Nuits issus de vignes menées en agriculture bio ou en biodynamique font d’ores et déjà l’objet d’une vente exceptionnelle consacrée aux gevrey-chambertin. L’amateur pourra ainsi s’offrir un premier cru Les Cazetiers ou un grand cru Charmes-Chambertin ou Mazis Chambertin. Ils seront à nouveau à l’honneur le 14 février lors d’une soirée dégustation Musique & Vin dédiée au «charme» de Chambertin. Pour plus de renseignements, on s’inscrit .

L'homme du salon des vins de Loire : Thibaud Boudignon Coeur de Lion

Barbe à la Henri II de Plantagenêt,Thibaud Boudignon est le Richard Coeur de Lion du chenin. Directeur du Château La Soucherie depuis 2007, il a redonné à ce domaine d’Anjou son lustre d’antan et la résonnance de ses vins a illuminé le Salon des Vins de Loire!

Depuis quelques millésimes, il cultive pour lui, le weekend un peu plus de deux ha de chenin classés en Anjou blanc et quelques ares de Savennières. Les 2010 et 2011 sont des modèles de style et doivent figurer dans toutes les caves d’amateurs de grands chenins secs et les 2012 s’annoncent somptueux. L’Anjou blanc 2011 offre à la fois…

Bargylus et Marsyas, vins de guerre


La Syrie, ce bourbier inextricable, les morts, le chaos, le dictateur délirant ou les barbus fous, tu parles d’un choix. La vie qui continue, qui doit, pas le choix. Dans la région côtière de Lattaquié au nord-ouest du pays, Karim et Sandro Saadé, deux frères dont la famille est originaire de cet endroit, exploitent une dizaine d’hectares sur les pentes du mont Bargylus, à une altitude de 900 mètres. Ils sont Libanais, vivent à Beyrouth et affichent ce fatalisme propre aux gens du Moyen-Orient, une région qui n’a jamais été stable, expliquent-ils.

« Si Dieu le veut » ou, plus prosaïquement, « On verra bien » tiennent lieu de viatiques incantatoires face au maelstrom qui s’est emparée du pays et comment faire autrement ? Que dire ? Comment expliquer que le mont Bargylus a une histoire viticole pluri-millénaire qui vaut qu’on la choie, que les vins étaient envoyés à Rome…

Bio, nature, etc.Le débat.

C’est un débat qui agite de manière récurrente le microcosme de l’internet du vin. Nous publions ci-dessous une lettre ouverte du président de la FNIVAB, Alain Réaut. Elle est adressée à Michel Bettane et Thierry Desseauve. Nous publions à sa suite la réponse de Michel Bettane.


Lettre ouverte

Messieurs Michel Bettane et
Thierry Desseauve

Courteron, le 30 janvier 2013

Messieurs,

En tant que président de la Fédération Nationale Interprofessionnelle des Vins de l’Agriculture Biologique (FNIVAB), je tiens à réagir à la tribune que vous publiez, intitulée « le vin bio de la rédemption à l’imposture », ainsi qu’au numéro de Terre de Vins auquel vous avez participé («100 bios ou tout comme »).

Je ne peux bien sûr que me réjouir de votre intérêt pour notre filière. Néanmoins, je relève certaines approximations, qui nécessitent précisions et complément d’information.

En premier lieu, l’agriculture biologique n’est pas un « concept ». Il s’agit en effet d’un signe officiel de qualité, géré par l’INAO, au même titre que l’AOC, l’AOP, l’IGP et la STG [1].

La conséquence directe de ce statut juridique est claire : il existe une réglementation européenne, que tous les vignerons doivent respecter s’ils souhaitent apposer la mention « Bio » sur leurs vins. Cette réglementation fait l’objet d’un contrôle annuel, obligatoire, effectué par des organismes certificateurs dont l’agrément dépend de l’INAO et du COFRAC.

Ce préposé est important. C’est ce qui fait que l’on ne peut pas être « Bio… ou tout comme » comme le laisse penser le dossier de Terres de Vins. Comme on ne peut pas être, puisque je suis vigneron champenois, « Champagne…ou tout comme ». On est Bio si l’on respecte le cadre réglementaire. Ou on ne l’est pas.

Nous respectons les vignerons qui se sentent proches de notre démarche, nous sommes très heureux de savoir qu’ils sont de plus en plus nombreux à faire des essais, sur des bouts de parcelles, mais « être en bio », c’est être contrôlé et certifié.

Ce rappel est d’autant plus indispensable que c’est précisément grâce à ce cadre réglementaire (qui, à ce propos, ne vous permet pas de présenter dans votre sélection des vins bio …qui ne le sont pas) que le vin biologique ne peut pas être une « imposture ».

Votre affirmation selon laquelle « Le vin bio est une utopie totale et pire, une tromperie organisée, quand il se cache derrière le vocable de vin « naturel » ou « authentique » » relève donc d’une méconnaissance sérieuse du sujet. Il existe, d’un côté, un cadre réglementaire – celui du vin bio et de la biodynamie [2]. Le vin « naturel » ou « authentique » relève quant à lui de la conception qu’en a son producteur. Les vins biologiques ne sont donc pas tous des vins « naturels », et les vins « naturels » ne sont pas tous des vins « biologiques ». La nuance est sensible, mais quand on s’adresse, comme vous le faites, au consommateur, elle doit être rappelée.

Quant au fond de votre discours, j’avoue être parfois un peu perdu.

Vous semblez en effet penser que la viticulture conventionnelle s’est « égarée depuis les années 1960 dans le piège de la productivité et de l’oubli de son fondement : la mise en valeur respectueuse et durable de terroirs exceptionnels ». Vous rappelez que les viticulteurs bio-dynamistes (et les viticulteurs bio dans leur ensemble) « s’épargnent, et ce n’est pas rien, le recours systématique et inutile à bien des produits nocifs », pour en arriver à la conclusion : « j’avoue ne pas comprendre pourquoi tant de leurs collègues n’en font pas autant ». Je ne peux, bien évidemment, que partager votre point de vue et votre interrogation.

Mais vous parlez aussi de « reculs de civilisation », comme si la réponse au « tout chimique » ne pouvait être qu’un retour à la charrue et aux bœufs, comme si les viticulteurs bio étaient des producteurs dogmatiques et obscurantistes, refusant toute notion de progrès.

Comprenez ma confusion, et, ce qui est plus grave à mes yeux, la confusion du consommateur auquel vous vous adressez.

Je me permettrais donc de vous rappeler quelques points techniques:

– Les seuls produits autorisés sur vigne bio sont « le soufre, le cuivre et la chaux ».

Cela signifie donc que la réglementation bio interdit, a contrario, l’usage des désherbants chimiques, des engrais chimiques, et des pesticides chimiques de synthèse.

L’Etat français ayant officiellement reconnu en mai dernier le lien entre la maladie de Parkinson et l’usage des pesticides chimiques de synthèse, cette précision méritait d’être apportée car, effectivement, « ce n’est pas rien ».

– En ce qui concerne le cuivre, molécule utilisée par tous les viticulteurs, Bio et conventionnels, les doses utilisables sont limitées [3]. Et c’est faire injure à l’ensemble de la profession, à laquelle vous appartenez, que de considérer que « Nul ne voit d’inconvénient à accumuler dans le sol le cuivre, molécule qui ne s’élimine pas ». C’est justement parce que l’usage de cette molécule nous préoccupe tous que les viticulteurs bio sont parvenus, grâce à leur expérience, grâce à la recherche, à rester très en deçà des doses autorisées [4]. C’est encore parce que nous ne sommes pas des irresponsables que bien des instituts techniques viticoles ont mis en place des programmes de recherche, depuis des années, sur les réductions de doses et les alternatives au cuivre. Vous voyez, nous sommes déjà loin des « reculs de civilisation » que vous mentionnez.

– Quant à l’hypothèse du « génie génétique », là encore, votre propos me semble confus.

Si vous parlez ici de transgénèse, cela ne peut pas être une voie pour la viticulture bio, vous le savez, puisque notre réglementation européenne interdit, en bio, l’usage des OGM. Opposer « le lobby bio » qui « crie au scandale », les « esprits faibles » contre les chantres du tout génétique, c’est simplifier, là aussi, le débat. A l’heure où même la Commission européenne semble très embarrassée sur ce sujet, où la cacophonie règne au sein des Etats membres, où le consommateur refuse à ce point d’ingérer des OGM que certaines enseignes de grande distribution garantissent le « sans OGM », je ne suis pas certain que l’on parle là d’une grande avancée de civilisation.

Si votre propos concerne en revanche la sélection massale, je ne peux bien sûr qu’aller dans votre sens, puisque c’est justement l’un des objectifs de la bio que d’utiliser des espèces et des plants les plus adaptés à leur environnement, tout en respectant la biodiversité, indispensable à une vraie viticulture durable. La filière bio participe aussi, sur ce sujet, à des programmes de recherche. Ainsi, vous le voyez, là aussi, la nuance est de taille.

Je m’arrêterais là, car, à l’heure d’internet et des réseaux sociaux, l’information doit aller vite, la nuance n’est pas de mise, et je réponds déjà, une semaine après votre publication, avec quelque retard !

Je reste persuadé – mais on me dit parfois naïf – que vous êtes convaincus de l’intérêt des vins Bio (pourquoi, sinon, en effectuer une sélection dans Terre de Vins ?), et qu’il n’était pas de votre intérêt de « faire le buzz » en opposant bio et conventionnel, bio et biodynamistes, etc. Comme le montre d’ailleurs le partenariat récent signé entre l’ITAB et l’IFV, ces querelles de chapelle sont heureusement derrière nous.

C’est pourquoi je serais ravi de poursuivre personnellement ces échanges, autour d’un verre de vin bio, car, comme vous le dites, nous aimons le bon vin « en pays gaulois ».

Je vous prie d’agréer, Messieurs, mes cordiales salutations.

Alain REAUT,
Président de la FNIVAB

Réponse de Michel Bettane à Alain Reaut

Cher Monsieur,

J’ai bien reçu, lu et médité votre lettre ouverte à l’intention de Bettane & Desseauve. J’en ai apprécié la modération et le sincère désir de défendre un label que vous dirigez, au nom de tous ceux qui en font partie.
Vous nous reprochez principalement un certain nombre de confusions dans les mots et les concepts et en particulier de mettre dans le même sac agriculture bio, vin bio, vin nature et vin authentique. Je reconnais que vous avez en grande partie raison, même si nous savons évidemment ce que chacune de ces expressions veut dire. Nous aurions pu être plus pédagogiques dans l’article publié par Terre de Vins en demandant à la revue de définir plus clairement son sujet. Mon texte personnel qui a suscité tant de réponses (pas toujours aussi polies que la vôtre) ne les confond pas, mais dénonce justement comment chacune cache l’autre dans le discours même de nombreux viticulteurs qui adhèrent à l’agriculture biologique, et dans celui de ceux qui défendent, distribuent, vendent ou commentent leurs produits.
Cet article destiné à l’origine à un magazine anglais était un texte d’opinion, écrit par un observateur de longue date du monde du vin qui est aussi un citoyen très attaché à la liberté d’expression. Je n’ai pas utilisé uniquement le mot imposture, qui a tant choqué et qui relève du plan de la morale, mais aussi les mots leurre et utopie, qui ne veulent pas dire la même chose et qui se comprennent dans la problématique qui était la mienne, celle de la relation à une réglementation précise, mais insuffisante par rapport à son objet, du moins pour ceux qui conçoivent le concept d’écologie et de développement durable dans toute sa force. Il s’y ajoutait le respect pour une notion aussi progressiste que celle des appellations d’origine et le souci du maintien de la qualité de nos grands vins et de l’information du public, en le mettant en garde contre les innombrables petits mensonges et confusions qui entourent la mode du vin « bio ».
Je crains malheureusement que votre lettre contribue elle aussi à entretenir ces confusions. Personne ne songe à nier la légalité du label agriculture biologique (et désormais, celui du vin bio) qui suit une réglementation acceptée par la puissance publique, sous contrôle d’organismes privés indépendants, dont cette même puissance a défini la mission et accordé la délégation d’autorité. Mais vous le présentez vous-même comme « un signe officiel de qualité », reprenant ainsi les arguments de ceux qui prétendent que les vins certifiés bios sont meilleurs que les autres. Moi-même je ne suis pas le dernier à écrire que les raisins issus d’une agriculture respectueuse, fondée sur une observation intelligente de la nature et un respect du sol et de l’environnement, sont de grande qualité. Mais des raisins produits par des voies différentes, parfois encore plus rigoureuses dans leur cahier des charges, peuvent être tout aussi bons. Bien au-delà de ces comparaisons, ce hold-up sémantique – je ne vois pas comment le définir autrement, et il y en a un second, tout aussi grave, que je dénoncerai plus loin – rend le citoyen perplexe. Il y aurait donc deux vitesses dans les vins d’appellations d’origine, le vin ordinaire et le vin bio, ce dernier porteur d’un signe officiel de qualité ? Le vin ordinaire, dont font partie la plupart de nos produits les plus internationalement réputés, serait-il moins qualitatif que ce vin bio ? Et l’expression « Appellation d’origine protégée » ne serait-elle pas un signe officiel de qualité ? Ne faudrait-il alors pas rendre obligatoire pour tout vin d’appellation d’origine protégée le cahier des charges des vins bios, puisque par définition l’État se doit non seulement de protéger la véracité des origines, mais la qualité de leurs vins ? Reste le problème de fond, de loin le plus important, et au cœur de ce problème un second hold-up sémantique, qui s’inscrit dans une problématique encore plus large qui pourrait se définir ainsi : peut-on faire commerce de vertu ?
Le label AB, même géré par la Nation (ce n’est pas tout à fait exact, puisqu’elle en délègue la surveillance à des organismes certificateurs), même bombardé « signe officiel de qualité », ne peut pas interdire l’existence de concepts définis par les mêmes mots (on n’est jamais propriétaire de noms communs). Le dictionnaire donne à l’adjectif biologique deux grandes définitions : « qui a rapport à la vie et aux organismes vivants » et « qui est caractérisé par la vie ». Il a récemment ajouté une troisième nuance liée à l’écologie, même si notre brave Robert annonce malicieusement son « emploi non scientifique » (tome 1, page 998) : signe de « vie spontanée, naturelle ». L’agriculture bio devrait donc dépasser un simple cahier des charges, défini à l’échelle européenne dans une perspective de compromis, et contrôlé par des organismes certificateurs indépendants des États (intrigante délégation de pouvoir, contradictoire avec la prise en charge directe du contrôle de la dangerosité des produits agro-alimentaires), mais pas du commerce et de ses principes, pour se poser des questions autrement plus profondes : comment définir l’idéal d’un développement durable et comment l’atteindre ?
Tant que le label Agriculture Biologique définissait uniquement la matière première, donc le raisin de départ, le décalage entre label et concept n’était pas suffisamment important pour éveiller les esprits en polémiquant sur la légitimité de la chose. Je continue à penser que la liberté de ceux qui s’accordent le droit de faire appel aux progrès de l’industrie en matière de molécules de synthèse, et de ne pas interdire à la science de travailler sur la transgénèse, va plus loin dans la recherche de la durabilité et de la protection de l’environnement que ceux qui, dogmatiquement, se le refusent. L’écologie intelligente se doit aussi de prendre en compte le bilan carbone. Mais il n’y a aucune raison de mettre en doute la sincérité des uns comme des autres, leur idéalisme et leur dévouement à leur patrimoine. Mais avoir défini un cahier des charges œnologique et, donc, réglementé la vie fermentaire, pour des raisons uniquement commerciales et à la demande des réseaux de distribution, entraîne une distorsion conceptuelle trop importante et, donc, un mensonge public. Tout vin de qualité suit en principe le même parcours fermentaire et peut donc se définir comme issu d’un processus biologique naturel. Limiter règlementairement le vin bio au respect d’un cahier des charges, c’est faire croire au public que tous les autres ne sont pas bios et semer une confusion inutile. Et que dire des vins non certifiés dont le cahier des charges est encore plus strict que celui des vins certifiés parce qu’ils peuvent le vendre à des prix plus élevés permettant une discipline de travail encore plus rigoureuse ? Le jour où l’on indiquera sur une contre étiquette obligatoire les taux de soufre, de cuivre résiduel ou de pesticides de tous les vins, on verra bien que le cahier des charges bio est largement moins contraignant que les normes que se fixent nos plus grands viticulteurs dont certains d’ailleurs pour des raisons fort honorables ont recours à la certification.
Reste le problème moral si important à mes yeux et qui justifie la vigueur de certains de mes propos. Le signe de qualité Agriculture Biologique est un produit commercial. Commercial parce que la certification relève d’un contrôle annuel payant, effectué par des organismes indépendants qui vivent de la chose. Les produits sont distribués par des filières qui ont évidemment un intérêt économique dans cette distribution et qui sont en concurrence d’un pays à l’autre. Je ne suis pas sûr que les normes de production de certains fruits et légumes certifiés soient les mêmes dans chaque pays de la communauté européenne. Je ne suis pas sûr que la distribution n’entre pas dans le capital de certains organismes certificateurs, avec toute l’ambiguïté des conflits d’intérêt qui peuvent naître de leur participation. Cette commercialisation risque à terme de tuer l’image de marque que l’agriculture biologique a voulu créer, c’était la conclusion de mon article. Le moraliste que je suis n’en sera pas inconsolable.