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Le meilleur des Grands Jours de Bourgogne #2

Les Grands Jours ont enfin eu lieu. La dernière réunion datait de 2018, celle de 2020 avait été annulée. Producteurs, importateurs, distributeurs, se retrouvent pour goûter et faire le point sur les derniers millésimes. Notre envoyé spécial nous en parle

La Bourgogne du sud et du haut

La troisième journée des Grands Jours regroupe à Beaune le mâconnais et les hautes-côtes. Une Bourgogne « alternative » qui est un repère d’excellents rapports qualité-prix. Au sud, pouilly-fuissé est fier d’afficher ses 22 premiers crus depuis le millésime 2020. Ils représentent 193 hectares sur les 750 plantés de l’appellation. Une bonne façon de renforcer cette identité « terroirs » de la Bourgogne. La jeune présidente de l’AOC, Aurélie Cheveau, explique que tout le travail effectué par son prédécesseur a fait évoluer les mentalités dans l’appellation. Le désherbage chimique est désormais interdit dans les premiers crus. Elle présentait la gamme de l’Atrium, le caveau collectif des vignerons de Pouilly, qui embouteillent chaque année un vin de chacun des cinq villages qui composent l’appellation. Les petits voisins de pouilly-fuissé, soit les 32 hectares de Pouilly-Loché et les 52 hectares de Pouilly-Vinzelles sont eux aussi rentrés dans des démarches qualitatives.

Les hautes-côtes, de Beaune et de Nuits, sont des parcelles situées dans les petites vallées en haut du coteau. Elles regorgent d’excellents terroirs que leur altitude préserve des excès de chaleur. Avec l’augmentation des prix du foncier des gros villages de deux côtes, ces parcelles attirent d’excellents viticulteurs. Si Claire Naudin a été la première à revendiquer de faire des hautes-côtes d’excellentes qualité, avec des prix qui dépassent facilement les vingt Euros, d’autres lui emboîtent le pas. Boris Champy notamment avec des cuvées d’excellent niveau pour vingt à trente euros. Pas dit qu’à l’aveugle elles ne passent pas pour de très bons vins des villages d’en bas. D’autres s’inscrivent dans cette dynamique qualitative comme Agnès Paquet, Lucien Rocault ou Manuel Olivier. Son dernier projet c’est de planter 7 hectares dans les hauts de Dijon pour proposer du Bourgogne Dijon. Une future appellation à suivre…

Ses recommandations
Pouilly-Loché En Chambre 2017 Domaine Thibert
Un terroir plutôt argileux qui donne un vin tout en tension avec un côté pierreux.

Pouilly-vinzelles Les Quarts 2020 Domaine de la Soufrandière
Les frères Bret sont une valeur sûre. Le vin est très aromatique, mais reste nerveux et vif.

Bourgogne hautes-côtes de Beaune 2020 Le Clou 377 Boris Champy
Parcelle de pinot noir située à Nantoux sur des sols très pauvres. Nez très complet. Bouche vive, petits tanins, jolis arômes. Servez-le en carafe, tout le monde prendra ça pour un cru.

Bourgogne hautes-côtes de Beaune (chardonnay) 2020 Agnès Paquet
Deux parcelles situées à Meloisey et Baubigny. Le nez est très fin. La bouche est vive et saline.

 

La côte chalonnaise tire son épingle du jeu

Les côtes de nuits et de Beaune voyant leurs prix irrémédiablement monter, les amateurs vont souvent chercher leur bonheur ailleurs. La côte chalonnaise en profite beaucoup avec des villages comme Rully et Givry qui deviennent les nouveaux bons plans bourguignons. Quelques domaines de ces appellations ont vu leur notoriété exploser comme Vincent Dureuil-Janthial, Bruno Lorenzon ou Paul et Marie Jacqueson. Les prix ont monté, sans être dissuasifs.
Derrière ces têtes qui dépassent, des domaines moins médiatiques délivrent aussi des pinots noirs et des chardonnays de qualité à prix accessibles. C’est le cas de Claudie Jobart installée depuis 2005 à Demigny.  Son père pépiniériste avait planté quelques vignes. Elle en a également récupéré du côté de sa mère à Pommard. Bien formée (diplôme d’oenologue à Dijon et master de l’OIV) elle vinifie aussi pour la maison Remoissenet. Quentin Joussier travaille lui avec son père Vincent. Ils possèdent quatorze hectares en côte chalonnaise et à Mercurey. Une partie des vignes est celle du Domaine de l’Évêché qui existe depuis le XVIIème siècle. Quentin a été élu Trophée des Jeunes Talents 2021. Signalons enfin le couple Baptiste et Clémence Dubrule-Bouton. Elle représente la cinquième génération. Extrêmement volubile, elle explique qu’ils sont revenus sur le domaine en 2010 pour en assumer pleinement la charge en 2016. Les 2020 sont très séduisants.
Les Grands Jours de Bourgogne sont aussi l’occasion de rendre visite à des domaines. Un crochet par le château de Mercurey nous a permis d’apprécier les très belles installations du domaine pour recevoir et faire déguster les vins. Aurore et Amaury Devillard, sœur et frère, recevaient leurs clients et importateurs à la fois sur le salon et sur place. En plus du Château et de leur domaine de côte de Nuits, la famille possède le Domaine de la Garenne à Mâcon.

Ses recommandations
Montagny premier cru Madeleine 2020 Claudie Jobart
Claudie garde bourbes et lies en fûts, ce qui donne du gras à ses vins. Si les arômes sont citronnés, le vin se distingue par son gras et sa complexité.

Mercurey Les Murgers 2020 Quentin et Vincent Joussier
Une belle gamme dans ce domaine. Ce mercurey est complet, avec de l’acidité et du gras, tout en restant fin.

Rully Clos de la Folie 2020 (chardonnay) Domaine de la Folie
Un rully qui ne voit que de la cuve. Ça donne un vin très vif, salin, agrume, très rafraichissant.

Mercurey En Pierrelet 2020 Château de Chamirey
Si le mercurey classique est assez riche, celui-ci apporte une vivacité supplémentaire très appréciable.

Côte de Beaune, la revanche des vins blancs

Ils étaient moins considérés que les rouges, mais ça n’est plus vraiment le cas. Les producteurs des deux grands crus corton (100 hectares) et corton-charlemagne (52 hectares) présentent leurs vins sous la bannière « Terroirs de Corton » depuis 1995. Sous des élevages parfois un peu amples, les corton-charlemagne 2020 ont du nerf. Mention spéciale au domaine Bonneau du Martray, repris en 2017 par un américain fortuné, Stanley Kroenke. Du coup, le jeune directeur général Thibault Jacquet « a les clefs de la voiture » comme il dit et les moyens de ses ambitions. Les prix ont beaucoup monté. La qualité aussi, et ça n’est pas fini. Les grandes maisons sont bien implantées sur cette colline. Jadot présentait un corton-charlemagne issu d’une belle parcelle de 1,8 hectares, mais encore marqué par son élevage. Le domaine Marguerite Carillon, qui appartient à Moillard, a limité le fût neuf. Son charlemagne est beaucoup plus vif. Celui de Drouhin aussi, même si les notes de boisé sont bien là. Enfin tirons notre chapeau à Faiveley, représenté par son directeur technique Jérôme Flous, qui tire de ses deux parcelles en propriété, en blanc comme en rouge, deux excellents vins vifs et structurés.

On file à Meursault où quelques stars de l’appellation ont fait le déplacement. Le Domaine des Comtes Lafon n’est pas réputé pour rien. Il présentait ses 2019, en blanc comme en rouge, qui ne font pas mentir la réputation de qualité du millésime. Dans un style plus fin et floral, les blancs 2018 du domaine Pierre Morey ne faisaient pas mentir l’excellente réputation du domaine. Au rayon nouveauté, on a pioché le domaine Buisson-Charles et le domaine Sylvain Dussort. Les premiers ont dit adieu aux anciens car Michel et Andrée Buisson sont décédés en 2020. Leur petit-fils Louis Essa travaille avec ses parents depuis 2019. Jolie gamme de 2020 dont les prix ne sont pas encore dissuasifs. Mais là comme ailleurs, la Bourgogne continue à appuyer sur l’accélérateur tarifaire. Quant à Sylvain Dussort, il a été rejoint par sa fille Anne-Caroline qui bouscule les habitudes de papa. Si elle a roulé sa bosse dans le commerce à Londres et à New-York, elle met aussi le nez dans la cuverie avec dans l’idée d’être un peu plus interventionniste pour gagner en précision.

Ses recommandations
Corton-Charlemagne 2018 Bonneau du Martray
Sans doute le plus cher (avant que celui du DRC ne vienne exploser les prix), mais une vraie référence. Très vif et droit pour le millésime.

Corton-charlemagne 2020 Faiveley
85 ares sur un terroir froid côté Ladoix. Très salin, très fin, très tendu, et pas délirant en prix. Leur monopole Clos des Cortons Faiveley en rouge est aussi une référence.

Meursault Les Tessons 2020 Buisson-Charles
Le meursault vieilles vignes est excellent. Celui-là est encore meilleur. Très aromatique et très long. Évidemment trop rare.

Bourgogne Côte d’Or Cuvées Les Ormes 2020 Sylvain Dussort
Si vous répugnez à mettre plus de 50 Euros dans un meursault, voilà une excellente alternative. 3 hectares dans le bas de meursault qui donnent un vin citronné, gras et long.

Le meilleur des Grands Jours de Bourgogne #1

Les Grands Jours ont enfin eu lieu. La dernière réunion datait de 2018, celle de 2020 avait été annulée. Producteurs, importateurs, distributeurs, se retrouvent pour goûter et faire le point sur les derniers millésimes. Notre envoyé spécial nous en parle

La Côte de Nuits fait le plein
Après la journée chablisienne, le gros morceau est toujours la journée consacrée à la côte de Nuits avec trois sites différents auxquels s’est ajouté les « Bio-Rencontres » dans la cuverie du Clos Frantin de Bichot. Impossible de tout couvrir. Personne ne renonce à la dégustation au château du Clos-de-Vougeot qui permet de goûter les vins de Vosne-Romanée et du Clos. Des nectars convoités que beaucoup n’ont plus les moyens de s’offrir. C’est la cohue pour lamper quelques centilitres d’échezeaux ou de richebourg. Une nouvelle organisation, largement commentée, regroupe les vins par niveaux d’appellation sur de grandes tables en longueur. C’est plus compliqué de discuter avec les producteurs de chaque vin mais ça permet d’en goûter beaucoup plus. Rien qu’en vosne-romanée « village », le niveau reste élevé grâce à deux magnifiques millésimes, 2019 et 2020.

Le château de Gilly-lès-Cîteaux recevait les vignerons de Nuits-Saint-Georges, Chambolle-Musigny et Morey-Saint-Denis. Ce dernier, qui a longtemps vécu dans l’ombre des autres, coincé entre Chambolle et Gevrey, tire de plus en plus son épingle du jeu. La reprise de ses deux grands crus, le Clos-de-Tart et le Clos-des-Lambrays, par les groupes Kering et LVMH n’y est pas pour rien. Tart était absent. Jacques Devauges présentait les Lambrays dont le niveau qualitatif monte inexorablement, ainsi que les prix. Si certains domaines sont bien identifiés, comme le domaine Ponsot qui présentait de très beaux 2019, ou le domaine Arlaud, fournisseur d’excellents rapports qualité-prix, d’autres sont à découvrir. Gilles Ballorin par exemple.  Sans faire de vagues, en bio depuis 2005, en biodynamie depuis 2006 (Demeter), il n’ajoute plus de soufre depuis 2010. Bien formé (diplôme d’œnologue à Dijon) et méticuleux, il reconnait être « un peu psychopathe des fois » et signe de jolis vins parfumés et délicats qui échappent à la spéculation.

Ses recommandations
Ballorin & F, Très Girard 2020, morey-saint-denis
Nez parfumé, élégant et gourmand. Bouche tout en souplesse. Tannins fins.

Domaine Arlaud, Ruchots 2020, morey-saint-denis premier cru
Nez intense et épicé. La bouche est serrée, tramée et droite. À mettre de côté quelques années.

Domaine des Lambrays, morey-saint-denis 2020
Deux parcelles de haut de coteau. Très joli nez de fruits rouges. Bouche précise, avec de la tension et de la chaire. Exemplaire.

David Duband, Clos Sorbé 2020, morey-saint-denis premier cru
Duband est installé dans les hautes-côtes. Ses vins sont parfumés. Celui-ci est encore serré, mais la bouche est fraîche avec des tannins précis.

Le mondovino de la semaine #155 tourne à fond

1,3 milliard d’euros, 16,2 millions de bouteilles vendues • Chic & British • Le mot de la semaine • Le généreux coup de pouce d’AdVini • Le charme levantin au bout des lèvres • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble


1,3 milliard d’euros, 16,2 millions de bouteilles vendues

C’est le chiffre d’affaires enregistré en 2021 par les grands crus de Bordeaux. Il dépasse ainsi celui record de l’année 2019 (1,1 milliard) et de l’année 2012 (1,2 milliard d’euros). À l’export, la Chine continentale, Hong-Kong et Macao confirment leurs positions privilégiées et constituent toujours la première destination des grands crus de Bordeaux avec 30 % des ventes. Les Etats-Unis occupent la deuxième place avec 15 % de parts de marché. La troisième place revient au Royaume-Uni avec 14,5 %. L’Union des grands crus de Bordeaux espère battre ce nouveau record grâce à la mise en vente de la récolte 2019.
Plus d’informations sur ugcb.net

Chic & British

Le château Malartic-Lagravière ouvre ses portes le temps d’un pique-nique. Au cœur de ce grand cru classé et au milieu de ses jardins, le cru propose un moment british avec visite des installations, suivie d’un déjeuner sur l’herbe. Salons de jardin, chaises longues et couvertures, avec des canotiers sont mis à votre disposition. Menu typiquement anglais préparé par le chef. Il est accompagné de deux vins des vignobles Malartic (un rouge et un blanc). Premier rendez-vous le 27 mai.
Pique-nique « Chic & British », 68 euros par personne, réservations sur malartic-lagraviere.com

Rare Champagne – © Marco Strullu

Le mot de la semaine

« Régis Camus nous laisse en héritage quelques millésimes absolument grandioses de Rare Champagne, que nous révélerons au fur et à mesure lorsqu’ils seront prêts à être dégustés. Patience. L’âme de Régis Camus, définitivement ancrée dans l’ADN de Rare Champagne veille pour de nombreuses années encore », précise Damien Lafaurie, président de la division vins et champagne du groupe EPI. Ce chef de cave iconique a quitté ses fonctions cette semaine après 26 ans de carrière au sein des maisons Piper-Heidsieck, Charles Heidsieck et Rare Champagne.
Retrouvez l’article complet dans En Magnum#27, en kiosque ce vendredi 25 mars.

Dans le verre


Le généreux coup de pouce d’AdVini

La sixième édition du Concours Vignerons et Terroirs d’Avenir organisé par AdVini, l’Institut Agro Montpellier et l’Institut Agro Fondation s’est clôturée le mercredi 16 mars. Sur les six projets d’installation vigneronne sélectionnés par les organisateurs du concours, David Michelis du Domaine Reniteo, vigneron à Ambierle (42) en Côte-Roannaise remporte le premier prix assorti d’une dotation de 50 000 euros pour lui permettre de financer son projet d’installation.
Le second prix et la dotation de 20 000 euros ont été attribués à Konrad Pixner du domaine de L’Accent installé à Arboras sur les Terrasses du Larzac (34).
Le jury, composé de professionnels de la filière vin, a également décerné un prix spécial à Justine Wittner du domaine de La Rouge Jouvence (Drôme provençale).
Plus d’informations sur advini.com

Le charme levantin au bout des lèvres

Nos lecteurs savent tout le bien que nous pensons de cette propriété libanaise installée sur le village de Kefraya. En quelques années, elle est devenue la référence des vins de la plaine de la Bekaa. Avec son nez frais, épicé avec des fruits rouges et noirs mûrs, sa bouche charnue, plus sur la gourmandise que sur la puissance, cet arcanes 2017 est un vin de plaisir par excellence, équilibré, complet, avec un vrai caractère de terroir.
Note Bettane+Desseauve : 91/100
Château Kefraya, Les Arcanes 2017, Liban, 16,70 euros sur cavisteduliban.fr

En Magnum #27, chez votre marchand de journaux

Saint-Émilion, priez pour eux. Derrière ce titre en forme de provocation délibérée, un solide dossier décrypte les enjeux d’une appellation-star du vin mondial. Les hommes et les terroirs, les vins et les styles, les alliances et les batailles, les pratiques et les vignobles, les sélections et les plus beaux des castings, le tourisme au sens le plus large, il n’y manque rien puisque c’est notre sujet central.
Et comme l’éclectisme est notre art de vivre à nous, nous avons rencontré un grand homme qui s’en va, Régis Camus ; une fille formidable, son père et sa mère, la famille Colombo ; un artisan des jolis margaux, Dominique Befve ; nous avons parcouru les collines du Piémont, mangé des frites à Paris, décortiqué la diversité des vins de Loire, roulé dans la Corvette d’un garçon de Pomerol (une nouvelle rubrique).
En Magnum n’en finit pas d’évoluer, d’augmenter, de se réinventer à chaque numéro, c’est épuisant à fabriquer, passionnant à lire, c’est pour ça qu’on le fait, c’est aussi pour ça que vous irez chez votre marchand de journaux.

Le Lebey nouveau est arrivé

35e édition d’un guide gastronomique 100 % digital et définitivement à part

Pour cette 35e édition, les dégustateurs Lebey fidèles à l’esprit de son fondateur Claude Lebey, s’attachent aux plats proposés, au sourcing et à la qualité des produits mais également à l’ensemble de la table : qualité des pains présentés, notation du plateau de fromages, du café et de  ses éventuels accompagnements (chocolats ou mignardises).
Fort de son partenariat avec le Guide des Vins Bettane+Desseauve, les restaurants présentant une carte des vins excitante et au juste prix sont également mis en avant avec notation et bouteilles éventuellement à privilégier.
Véritable sésame de la vie parisienne, le Guide Lebey répertorie les meilleures adresses de Paris et de la région parisienne. Les adresses que vous recommanderiez à vos amis, famille et collègues.

Un guide 100% digital
En version PDF et en mode Flipbook, ce guide d’un nouveau genre permet de parcourir les pages tel un magazine comme, en cliquant tout simplement sur une adresse, d’avoir accès à toutes les informations gérées et mises à jour sur Lebey.com. Pratique et facilement accessible, vous pouvez le disposer sur votre écran, le partager avec vos proches et continuer à choisir les adresses selon vos propres critères, notamment l’arrondissement, le métro, le type de cuisine… Sans oublier, que le Guide Lebey 2022 est également 100 % gratuit. Pourquoi s’en priver ?

Les tables que nous avons (particulièrement) aimées en 2021
Ce sont les onze coups de cœur de Pierre-Yves Chupin : la révélation de l’année, la cantine où se retrouver en famille ou entre amis, le bistrot historique, la brasserie nostalgique enfin retrouvée, le meilleur japonais chinois ou italien, les assiettes les plus pointues du moment …

Le meilleur cuisinier
Le Gabriel / Hôtel la Réserve (Paris VIIIème), Un chef distingué
L’émotion la plus forte
Plénitude (Paris Ier), Expérience, expérience
La table la plus verte
Le Bellefeuille (Paris XVIème), Château de vert
La meilleure brasserie
La Grande brasserie (Paris IVème), Les (bonnes) choses de la vie
Le meilleur bistrot de l’année
Cena (Paris VIIIème), La bistronomie à son summum
Le meilleur œuf mayo
La Rôtisserie d’Argent (Paris Vème), Champion du monde
Les meilleures assiettes à partager
Kemia et Chocho, ex-aequo (Paris IXème), Goulûment
Le meilleur italien
Il Carpaccio (Paris VIIIème), L’Italie du cœur
Le meilleur japonais
Juan (Paris XVIème), En toute exclusivité
Le meilleur chinois
Phoenix (Paris IXème), La baguette magique
La meilleure adresse ouverte 7j/7
Café Compagnon (Paris IIème), Home sweet home

Le jour du Grand Tasting Pro : Bordeaux, du talent et des nouveaux (épisode 1)

25 signatures, 70 vins. Le 11 avril au Carreau du Temple, la capitale porte les couleurs de Bordeaux (entre autres) pour la nouvelle édition du Grand Tasting Pro. Quel changement par rapport à l’an dernier ? Sur le fond, aucun. La sélection de l’année 2022 est toujours aussi enthousiasmante. Du talent, des vins formidables, des prix compétitifs et une myriade de bons crus à mettre dans son verre. Ça dure une journée et c’est gratuit pour les pros

Nouvelle ère pour ce cru classé familial
Château de Camensac
L’arrivée d’une nouvelle et talentueuse directrice a apporté plus d’exigence et de précision dans l’élaboration d’un vin bien médocain de caractère, laissant parler le cèdre et les épices.
Château de Camensac 2005, haut-médoc (rouge) – 38 € HT
Château de Camensac 2015, haut-médoc (rouge) – 26 € HT
La Closerie de Camensac 2016, haut-médoc (rouge) – 12 € HT

Cette signature de Saint-Émilion excelle aussi à Castillon
Vignobles K
Peter Kwok a senti le potentiel de ce cru classé de 13,5 hectares, située dans le prolongement de Pavie et de Larcis-Ducasse. La densité des vins de côte et de pied-de-côte est atténuée par une vinification douce. Résultat : accent crayeux et complexité.
Château Bellefont-Belcier, saint-émilion grand cru 2018 (rouge) – 30 € HT
Château Le Rey, Les Argileuses 2020, castillon-côtes-de-bordeaux (rouge) – 7 € HT
Château Le Rey Les Rocheuses 2019, castillon-côtes-de-bordeaux (rouge) – 13 € HT

La propriété iconique des Graves est de retour au haut niveau
Château de Fieuzal
Longtemps célèbre pour son blanc, un des plus complets de Léognan, ce cru est, à son meilleur, l’une des plus brillantes illustrations du caractère des pessac-léognan. La dernière décennie marque le retour au meilleur niveau.
Château de Fieuzal 2015, pessac-léognan (rouge)
Abeille de Fieuzal 2019, pessac-léognan (rouge)
Abeille de Fieuzal 2019, pessac-léognan (blanc)

Ces deux propriétés font briller Lalande-de-Pomerol
Vignobles Moncets et Chambrun
Le château de Chambrun figure maintenant dans l’élite des meilleurs lalandes. Les 6,80 hectares sont situés sur des graves sur argiles. On peut le savourer rapidement, grâce à un tannin charnu et sensuel, de belle ampleur.
Château de Chambrun 2019, lalande-de-pomerol (rouge)
Rosé de Chambrun 2021, bordeaux rosé (rosé)
Château Moncets 2018, lalande-de-pomerol (rouge)

Les grands terroirs de la famille Quié
Château Rauzan-Gassies & Château Croizet-Bages
À Rauzan-Gassies, la nouvelle génération de la famille Quié met tout en œuvre pour produire des grands vins, avec de bonnes pratiques au vignoble et la construction d’un cuvier moderne et performant. Dans les derniers millésimes, les progrès sont flagrants. Les prix restent sages.
Château Rauzan-Gassies 2015, margaux (rouge)
L’Orme de Rauzan-Gassies 2015, haut-médoc (rouge)
Château Croizet-Bages 2016, pauillac (rouge)

La valeur sûre de son appellation
Château de France
Avec son vignoble soigneusement cultivé, le château de France produit des vins équilibrés et sérieusement constitués. Depuis le retour d’Arnaud Thomassin, le style du vin progresse incontestablement de façon régulière. Ces pessac-léognan conservent un prix encore accessible.
Château de France 2020, pessac-léognan (blanc) – 17 € HT
Château de France 2018, pessac-léognan (rouge) – 17 € HT
Château Coquillas 2019, pessac-léognan (rouge) – 11 € HT

À Puisseguin, c’est le cru à suivre de près
Château Clarisse
Figure du secteur de l’hôtellerie de luxe, Didier Le Calvez et son épouse Olivia ont permis de donner un coup de projecteur sur le plateau de Puisseguin. Leur domaine de 5,10 hectares possède un terroir argilo-calcaire et argilo-siliceux qui mérite toutes les attentions. La progression est indiscutable.
Château Clarisse 2018, castillon-côtes-de-bordeaux (rouge) – 11 € HT
Château Clarisse 2018, puisseguin-saint-émilion (rouge) – 13 € HT
Château Clarisse, Vieilles Vignes 2017, puisseguin-saint-émilion (rouge) – 21 € HT

A star is born (from Blaye)
Château Bonnange
Repris par Michael Huang, un entrepreneur chinois imaginatif et impliqué, Bonnange est l’une des propriétés les plus intéressantes du Blayais. Elle propose à côté de ses cuvées classiques des vins de cépages stylés (sauvignon, merlot, cabernet et malbec).
Silice 2020, vin-de-france (blanc)
Le Cot 2020, bordeaux (rouge)
Château Bonnange 2018, blaye-côtes-de-bordeaux (rouge)

Les modes passent, son style reste
Domaines Rollan de By – Jean Guyon
En 1989, dans le prolongement des terroirs de graves de Pauillac et Saint-Estèphe, Jean Guyon a réalisé son rêve et donné vie à Rollan de By. Ce vignoble est devenu une valeur sûre, offrant un vin consistant à prix régulier. Haut-condissas est l’archétype du super bordeaux.
Château Rollan de By 2015, médoc (rouge) – 13,8 € HT
Château Haut Condissas 2012, médoc (rouge) – 28,75 € HT
Château La Fleur Perey, saint-émilion grand cru 2017 (rouge) – 15 € HT

Ce pomerol est un séducteur-né
Château Mazeyres
Comme à Fonroque, Alain Moueix, ingénieur viticole et œnologue talentueux, apporte son engagement, son expertise et son savoir-faire. L’apport de la biodynamie place la progression de ce cru dans un mouvement de qualité ascendant.
Château Mazeyres 2016, pomerol (rouge) – 22,80 € HT
Château Mazeyres 2018, pomerol (rouge) – 22,30 € HT
Château Mazeyres 2019, pomerol (rouge) – 19,85 € HT

Vous êtes professionnels et vous recherchez des pépites à un rapport prix plaisir intéressant ? On vous donne rendez-vous alors le lundi 11 avril au Grand Tasting Pro.

Paris 2023 : la Team France pour le meilleur sommelier du monde

Entretien avec Philippe Faure-Brac dans lequel le président de l’union de la sommellerie française explique comment la Team France a été sélectionnée ce 12 mars2022. À l’issue d’une longue journée d’épreuve à l’Hôtel Pullman Montparnasse a réuni 6 candidats. C’est finalement Pascaline Lepeltier, MOF et Meilleur sommelier de France en 2018, qui représentera la France au Concours du meilleur sommelier du Monde. Benjamin Roffet sera son suppléant.

Après 34 ans d’attente, la 17e édition du concours qui décerne le titre de Meilleur sommelier du monde aura lieu à Paris du 7 au 12 février 2023. Environ 70 candidats de 67 pays s’affronteront pendant 14 jours. Leur connaissance des vins, des spiritueux et d’autres boissons produites à travers le monde seront évaluées. Leur qualité de service et leur capacité à conseiller et faire vivre des émotions aux clients seront aussi au centre des différentes épreuves. La finale aura lieu le 12 février à Paris La Défense Arena. Ce concours est organisé par l’Association de la sommellerie internationale et l’Union de la sommellerie française.

Plus d’infos sur le site de l’UDSF sommelier-france.org
Facebook : facebook.com/asibestsomm/
Instagram : instagram.com/asibestsomm/

[Vite vu, vite bu] Comte Henry d’Assay, pouilly-fumé et sancerre 2020 (épisode 2)

On adore son caractère minéral malgré cette tension un rien austère, typique des pouilly-fumé dans leur jeunesse, qui ferme l’expression d’un fruité mûr entre notes florales et saveurs miellées. Excellent, il faut prendre le temps de la garder en cave au moins deux à trois ans. Salinité indéniable.

Note Bettane+Desseauve : 92/100

Pour vous faire profiter de nos sélections et de nos coups de cœur,
Bettane+Desseauve et son partenaire WineSitting proposent aux lecteurs d’En Magnum

un tarif préférentiel direct producteur15,30 euros au lieu de 16,99 euros

Sancerre cristallin comme de l’eau de roche, tendu à souhait, ultra sapide, marqué par cette dimension pierreuse et minérale. Comme toujours, le fruit est parfaitement respecté et traduit une connaissance intime du vivificateur avec le cépage et le terroir. Taillé pour la garde et la gastronomie.

Note Bettane+Desseauve : 93/100

Pour vous faire profiter de nos sélections et de nos coups de cœur,
Bettane+Desseauve et son partenaire WineSitting proposent aux lecteurs d’En Magnum

un tarif préférentiel direct producteur17,56 euros au lieu de 19,50 euros

Le mondovino de la semaine #154 tourne à fond

La Tour en Balade • Maître caviste • Le vin au secours des oiseaux • Lynch-Bages historique • Un vintage 2015 d’une grande finesse • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble


La Tour en Balade

Le samedi 30 avril, après un dernier service, le restaurant de la Tour d’Argent, table parisienne incontournable fermera ses portes pour un chantier de plusieurs mois.  Une rénovation historique pour l’institution, plus longue et plus complète que celle entreprise en 1936 et qui avait installé son restaurant au sixième étage pour bénéficier de l’une des plus belles vues de Paris. C’est à l’architecte Franklin Azzi que revient ce projet d’inscrire la Tour d’Argent dans le XXIe siècle, en s’inspirant de la richesse de son héritage et en conservant les repères qui font sa renommée, comme sa cave à vins. Pendant les travaux, « La Tour part en balade », explique Yannick Branchereau, directeur général du groupe Tour d’Argent. « C’est une envie simple : continuer à faire vivre La Tour d’Argent pendant les travaux et permettre ainsi à ses clients de vivre l’expérience hors de ses murs. Ainsi, la Tour déplace ses équipes, transporte ses savoir-faire, fait voyager son art de recevoir et fait vivre la cuisine d’exception de son Chef Yannick Franques dans des lieux emblématiques en recréant des expériences hors du commun. » L’occasion de vivre l’expérience Tour d’Argent en dehors de son cadre mythique.
Réservations sur tourdargent.com

Maître caviste

36 cavistes indépendants sont officiellement « maître caviste », titre officiel crée par la Fédération des cavistes indépendantsq (FCI) qui vise à valoriser cette belle profession. Sept conditions sont requises pour prétendre à ce titre : ancienneté, connaissances, formation, transmission, sélection proposée, rencontres régulières des fournisseurs, visite du vignoble, représentation d’une bonne image de la profession. Cinq cavistes ont récemment reçu ce titre. « Maître Caviste est une reconnaissance de mes pairs et une confirmation de mon travail », explique Alexis Zaouk (La Cave d’Alex). « Le métier de caviste a bien évolué, je me régale avec cet héritage de trois générations pour créer un futur », souligne Aude Legrand (Chemin des Vignes, Boutique Yves Legrand).
Plus d’informations sur cavistes.org

Le vin au secours des oiseaux

Partenaire depuis six ans de la Ligue pour la protection des oiseaux, le domaine Laroche a mis en place un programme d’installation de nichoirs dans des parcelles préservées d’une activité humaine soutenue, notamment celles situées dans la vallée des Vaudevey en appellation chablis-villages. Entourées de bois, le domaine y a instauré un programme en faveur de la Chevêche d’Athéna. Cette espèce de chouette vivait autrefois dans la région et contribuait à l’équilibre écologique des lieux. Son retour sera bénéfique pour protéger les vignes des petits nuisibles. Pour célébrer ces six années de partenariat, le domaine a créé un coffret nichoir pour accompagner ses vins. Ce coffret nichoir a été conçu tout particulièrement pour les mésanges, habutuées des jardins et balcons de France et d’Europe.
Coffret nichoir et chablis-saint-martin, 25 euros sur boutique.larochewines.com

Lynch-Bages historique

Sotheby’s célèbre l’inauguration des nouveaux chais de Lynch-Bages avec une vente historique de vins en provenance directe du château. Essentiellement composée de vins du château et de quelques expériences exclusives, la vente propose aussi une sélection de bouteilles en provenance des autres domaines de la famille Cazes : château Haut-Batailley (Pauillac), château Ormes de Pez (Saint-Estèphe), domaine des Sénéchaux (Châteauneuf-du-Pape), domaine de L’Ostal (La Livinière) et Roquette & Cazes (Douro, Portugal). L’ouverture en ligne de la vente aux enchères intitulée Four Centuries Of Progress. A Celebration of Lynch-Bages. Direct From The Château aura lieu le 11 mars et s’achèvera par une session en salle à Londres le 25 mars.
Plus d’informations sur sothebys.com

Dans le verre


Un vintage 2015 d’une grande finesse

Ce vintage 2015 représente l’identité de Pol Roger. Il est uniquement produit les millésimes où les conditions climatiques permettent d’obtenir des raisins de grande maturité. C’est la volonté et le principe établi en 1849 par le fondateur de cette belle maison familiale et toujours suivi par la 5e génération. Ce millésime est placé sous le signe de la délicatesse, la finesse, la plénitude, la tension, l’élégance. Un grand champagne comme on les aime.
Pol Roger, Vintage 2015, 70 euros sur polroger.com

Le Blanc des Millénaires 2007 vient de sortir

Charles Heidsieck sort enfin son Blanc des Millénaires 2007, une cuvée légendaire dont voici le septième millésime. Sept seulement en près de quarante ans, c’est dire le niveau d’exigence des chefs de caves qui se sont succédé au fond des crayères de la maison. Premier millésime 1983, puis 1985, 1990, le mythique 1995, 2004 et 2006. Et c’est tout. Et ce 2007 qui arrive aujourd’hui sur les marchés aura patienté près de quinze ans. Et il y en a pour se demander si le champagne peut vieillir. Non seulement il le peut, mais il le fait et celui-ci a un potentiel de garde du double. Au moins.

Mais pourquoi le 1995 est-il à ce point mythique ? Il y a quelques mois, j’ai raconté « La folle histoire d’un champagne de légende » dans le supplément Vin de Paris-Match. La voici reproduite ici pour ceux qui ne lisent pas Paris-Match. En bonus, la fin de l’histoire.

Des centaines de milliers de bouteilles de champagnes, un trésor dissimulé pendant des années par un chef de cave passionné et amoureux du vin qu’il tenait cette année-là. C’est la légende folle du Blanc des millénaires 1995, le grand champagne de Charles Heidsieck. Une histoire impossible aujourd’hui

Que s’est-il passé ?

Daniel Thibault, le chef de cave, a décidé seul de mettre en bouteilles le Blanc des millénaires 1995 sans tenir compte de la demande de sa direction. La maison en voulait 180 000 flacons. Il en a tiré de deux à cinq fois plus, selon les diverses sources qui ont bien voulu s’exprimer. La direction actuelle évoque 400 000 bouteilles, certains cadres qui ont quitté la maison parlent d’un million. La vérité se situe sans doute entre ces deux chiffres.

Pourquoi ?
Notre homme venait d’élaborer les différents champagnes Charles Heidsieck et il est tombé fou amoureux de son grand vin, le Blanc des millénaires, la cuvée de prestige de la maison. À ses yeux, c’était une raison bien suffisante. Il va embouteiller tout ce qu’il peut de ce millésime pour en faire son grand œuvre. Il a dissimulé cette montagne de bouteilles dans la crayère 21, une cave gallo-romaine en forme de cône taillé dans la craie, de 25 mètres de haut. Charles Heidsieck en possède 47 sur la colline Saint-Nicaise à Reims. Un domaine souterrain fabuleux (qui se visite).

Comment est-ce possible ?
On est en janvier 1996, les balbutiements de l’informatique de gestion. On peut penser que ces vénérables maisons rémoises n’étaient pas, alors, au sommet de la technologie numérique. Le lien entre les caves et la gestion de l’entreprise était sans doute assez distendu pour que Daniel Thibault puisse faire ce qu’il veut. Il est le seul maître après Dieu des kilomètres de galeries et de crayères qui constituent les caves de la maison et, donc, son stock. On n’entre pas dans son pré carré comme on veut, même si on est le président. Un contrôleur de gestion n’aurait même pas osé demander la permission. Lui, il a juste vu passer et validé une commande de bouteilles, mettons 500 000, une paille. À l’époque, un gros quart des volumes de vente de Charles Heidsieck, c’est énorme. Mais comme une grande maison de Champagne garde ses vins en cave de trois à dix ans, on peut croire que c’est assez difficile d’évaluer les besoins en bouteilles au jour le jour. C’était Daniel Thibault qui décidait du volume total de production, et pas les services financiers, commerciaux ou marketing de la maison. En plus, les bouteilles sont stockées sans étiquette, derrière de petits panneaux, les planchots, couverts de chiffres mystérieux connus du seul chef de cave et toutes les cuvées ont la même forme de bouteille. Si on ajoute le fait que Charles Heidsieck était la propriété des cognacs Rémy Martin et que la gestion générale se faisait à 500 kilomètres des crayères de monsieur Thibault, on commence à comprendre les souplesses d’un système. Il faut aussi comprendre que le chef de cave porte sur ses épaules une responsabilité immense. Il est à la fois le garant de la qualité des vins de la maison et le gardien du style propre à cette maison. Ce qui donne une légitimité à une éventuelle rigueur, qui peut parfois tourner au despotisme.

Qui était Daniel Thibault ?
Chef de cave de Charles Heidsieck, il est mort emporté par la maladie en 2002. Son successeur, Régis Camus, raconte : « J’ai été son assistant pendant huit ans. J’étais le seul à le tutoyer. C’était un homme au caractère affirmé, c’est le moins qu’on puisse dire. Il avait le pouvoir extraordinaire que lui conférait le respect qu’il inspirait. Et il avait aussi la confiance de nos patrons. Et, donc, l’incroyable possibilité de faire ce qu’il voulait. C’est Joseph Henriot, à l’époque président de la maison, qui l’a engagé en 1974 en lui disant “Vous commencez aujourd’hui à 14 heures et vous me prenez la cave en main”. À 14 h 05, il avait viré tout le monde. Derrière les coups de gueule et la mauvaise humeur, il y avait une grande humanité. Pas forcément gentil, mais sympathique. Avec son grand manteau noir en cuir, il faisait peur, mais il savait rassembler et mener une équipe. D’ailleurs, il était assez fier qu’on le quitte pour aller dans une autre maison. À ses yeux, c’était comme une reconnaissance de son talent de formateur. » Alexandra Rendall, ex-dircom de Charles Heidsieck, précise : « C’était un type bien. Il ne changeait jamais d’avis, mais réfléchissait tout le temps. Il a décidé qu’il fallait profiter du millésime. »

Qu’est-il advenu du stock légendaire ?
La mise sur le marché a eu lieu en 2005. Dix ans de caves est la règle pour le Blanc des millénaires. Au bout de deux ou trois ans, même si les ventes marchaient bien, on avait l’impression qu’il y en avait toujours. « Il y a eu des années où pas une seule bouteille n’étaient vendue, il n’était plus question que de déstockage », précise un ancien cadre. Jusqu’à l’acquisition de la marque en 2011 par Christopher Descours. « Le nouveau propriétaire a bien redressé la marque. Aujourd’hui tout est en ordre. » Il en reste à peine quelques milliers qui font partie de la vinothèque de la maison. Elles serviront de mémoire pour les générations futures, de comparaison avec les nouveaux millésimes de la cuvée, ou encore elles seront servies lors de dégustations pour les grands clients ou la presse mondiale.

Qui possède des crayères à Reims ?
Seulement six maisons sont propriétaires de toutes les crayères de la colline Saint-Nicaise : Ruinart, Martel, Veuve-Clicquot, Taittinger, Charles Heidsieck et Vranken-Pommery.

BONUS
Après la parution de l’article, une haute figure de la maison m’a soufflé en confidence qu’il s’agissait en fait de 1 200 000 de bouteilles de ce Blanc des Millénaires 1995. Voilà le vrai chiffre. Dingue.