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Le mondovino de la semaine n°40 tourne à fond

Sens Relief. Le médoc toujours charmeur. Bienvenue. La Bourgogne en un clos. Un pessac de référence. Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Sens Relief

L’Institut culturel Bernard Magrez réouvre ses portes le 20 octobre, à partir de 18h30, avec le vernissage de l’exposition Sens Relief de l’artiste Ad-Rien, gagnant de l’édition 2018 des Vibrations Urbaines. Son travail met en lumière les rapports entre mouvement et immobilité.
Exposition Sens Relief, Institut Culturel Bernard Magrez.
16 Rue de Tivoli, Bordeaux. Réservations 05 56 81 72 77

Le médoc toujours charmeur

Propriété de la famille Merlaut, château Citran signe en 2019 une vision du millésime tout en finesse et en gourmandise. Sur son terroir argilo-calcaire et gravelo-sableux sur calcaires à asteries, ce vin bien né est donné par des vignes de 35 ans, issu d’un tri sélectif et d’un travail soigné de la vigne au chai. Résultat ? Un vin expressif au nez, sur les fruits rouges, à la bouche gourmande et aux tannins fins. La finale est persistante.
Château Citran, haut-médoc 2019, 16 euros, disponible chez les cavistes.

Bienvenue

Du 11 au 14 novembre, partez à la découverte des terroirs, des propriétés et des vins uniques de Sauternes et Barsac. Pendant quatre jours, des rencontres avec des vignerons, des dégustations de liquoreux, des animations et de belles balades sont au programme. Un rendez-vous automnal pour découvrir ou redécouvrir ces deux appellations historiques.
Plus d’informations sur sauternes-barsac.com
Participez au jeu concours sur https://www.sauternes-barsac.com/jeux-concours/ et gagnez deux nuits pour profiter des Journées Portes Ouvertes 

Un pessac de référence

La jeune appellation de Pessac-Léognan (1987) produit de grands vins en rouge comme en blanc. Avec son vignoble de 40 hectares soigneusement cultivés, le château de France en est un bel ambassadeur. Arnaud Thomassin, le propriétaire, y produit des vins fins, équilibrés et bien constitués. Les rouges sont volumineux, aromatiques et de garde. Les blancs sont fruités, équilibrés et frais.
Château de France, pessac-léognan (rouge ou blanc) 2019, 25,60 euros
chateau-de-france.com

Photo : Tristan Olphe-Galliard

La Bourgogne en un clos

Résumer l’histoire, les mystères, les légendes et le présent du Clos-de-Vougeot en moins de 200 pages est une mission difficile voire impossible. C’est pourtant ce que Laurent Gotti et Jean-François Bazin ont brillamment fait, en racontant l’histoire du plus connu, du plus immuable des clos. À la fin de l’ouvrage, ne manquez pas la liste des soixante-dix exploitants de ce clos unique.
Le Clos de Vougeot, L’âme du vignoble bourguignon (Éditions Dunod)
29 euros sur www.dunod.com

Ce champagne est une légende réservée

Mumm, RSRV, Cuvée Lalou,
champagne brut 2002

Pourquoi lui
Nous aimons beaucoup cette cuvée commercialisée « à l’américaine », c’est-à-dire via un club et via le mail du chef de caves. Unique en France, courant aux USA. Les quatre ou cinq cuvées de la gamme RSRV (pour « réservé ») accueillent une cuvée Lalou, pour René Lalou, président de Mumm de 1935 à 1957 et cuvée historique de la maison depuis…

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Un monde nouveau et un Nouveau Bettane+Desseauve

NOUS VIVONS DEPUIS DEUX ANS une situation sanitaire, économique et simplement humaine à la fois pénible et inédite. Il en est ainsi pour tout un chacun et, évidemment, les vignerons ne sont pas épargnés par les conséquences de la pandémie. Simultanément, les effets du réchauffement climatique, prédits par certains depuis plusieurs décennies, se font sentir aujourd’hui avec une acuité bien réelle. Ouragans, inondations, incendies, sécheresses et, désormais, « dômes de chaleur » sont devenus des épisodes courants dans des régions que l’on qualifiait jusqu’à présent de tempérées. Pour le vignoble, ces bouleversements climatiques ont des effets très significatifs. Les gelées de printemps n’ont, par exemple, jamais été rares. Autrefois, elles intervenaient la plupart du temps dans une période où le débourrement(1) de la vigne ne s’était pas encore produit. Aujourd’hui, hivers doux et printemps prématurés provoquent une sortie précoce des bourgeons qui grillent littéralement au cours d’une nuit ou d’une aurore glaciale. De la même manière, les épisodes de chaleur suivis de pluies orageuses, entraînant des attaques de mildiou ou de pourriture, les sécheresses provoquant un stress hydrique de la vigne, les étés et arrière-saisons avec des températures élevées, qui font monter le degré des vins et baisser leurs acidités naturelles, sont autant de phénomènes devenus courants auxquels nos vignerons d’avant (pour qui le problème majeur était plutôt le manque de maturité du raisin) n’étaient pas habitués.

Ce tableau pas folichon de la situation actuelle ne saurait pourtant faire oublier un autre constat, tout aussi solide et sacrément paradoxal : on n’a jamais fait dans l’histoire contemporaine autant de bons vins qu’aujourd’hui. Et on n’a jamais fait aussi bien, partout et à tous les prix. Depuis 2015, nous avons droit à une succession de millésimes souvent mémorables et toujours intéressants. La progression technique du vignoble est partagée par tous les types de producteurs, grands et petits, vignerons, négociants, caves coopératives et la prise en compte des impératifs environnementaux, du respect du terroir et de la plante n’est plus un vain mot, c’est une évolution significative et globale. Au final, ce qui fait la différence aujourd’hui entre un vin qu’on oublie et un dont on se souvient, c’est la sensibilité de celui qui l’a créé, sa prise de risques ou tout simplement la poursuite obstinée d’une vision idéale et personnelle du vin. Qu’il s’agisse d’un cru de garde issu d’un terroir prestigieux ou d’une bouteille de pur plaisir réinterprétant sans y toucher les codes de sa catégorie importe peu. Ce qui compte, c’est l’émotion, et celle-ci est provoquée par le créateur du vin.

Le monde change, le monde du vin aussi. Le Nouveau Bettane+Desseauve, créé l’an dernier, éclaire cette nouvelle donne. Moins encyclopédique, plus sélectif ; mettant en avant ces « génies » du vin qui apportent une vision nouvelle et régénérée de notre passion commune ; consacrant ceux qui demeurent des références absolues du vignoble ; dénichant sans relâche les nouveaux talents et les émotions inédites. Un palmarès d’une année pas comme les autres, qu’on peut dévorer depuis la première page jusqu’à la dernière ou picorer à loisir au gré de ses envies et de ses interrogations. Bonne lecture.

Michel Bettane et Thierry Desseauve

Le Nouveau Bettane+Desseauve est disponible sur notre site ici, en libraire et en Point Relais.

Le dîner Coche-Dury

Des vins exceptionnels de raffinement aromatique et de longévité, des blancs qui font de Jean-François et désormais Raphaël les grands maîtres du chardonnay, des rouges au fruité exquis. Leur célébrité rend aujourd’hui, hélas, inaccessibles ou absents des grandes tables. Pour la première fois, il est proposé un dîner réunissant huit cuvées du Domaine Jean-François Coche-Dury incluant une horizontale de 2017 (à l’exception du Corton-Charlemagne Grand Cru qui sera servi sur un millésime « surprise »).

Aux fourneaux : Tom Meyer, chef très prometteur passé par Valence (Pic), Crissier (restaurant de l’Hôtel de Ville) ou Chagny (Lameloise) et qui vient de s’installer dans son restaurant Granite en plein cœur de Paris.  Le mardi 26 octobre prochain, trente couverts (pas un de plus !) et un unique dîner Coche-Dury animé par Michel Bettane et Pierre-Yves Chupin (Les Guides Lebey) en présence de Raphaël Coche-Dury. Réservation obligatoire au 01 40 13 64 06.

Le crémeux d’oursins, avocat grillé, oseille crue
Charles Heidsieck, Blanc de Blancs
……….
Le cèpe rôti, fruits jaunes, sabayon reine-des-prés, praliné sobacha noisette
Meursault Village & Bourgogne générique
……….
Le gnocchi, cœur coulant aux coquillages, coriandre vietnamienne
Puligny-Montrachet 2017 Les Enseignères
……….
La Saint-Jacques, caviar Oscietra Royal, navet, beurre blanc
à la berce et pamplemousse

Meursault 1er Cru Les Caillerets 2017
……….
Le pigeon de Racan, brocolis, grué de cacao et cuisse confite mentholée
Volnay 1er Cru 2017 & Auxey-Duresses 2017
……….
Fromages (Abbaye de Cîteaux, Brillat-Savarin, gruyère caramel,
brie de Meaux truffé)

Corton-Charlemagne Grand Cru (millésime à l’aveugle)
……….
Le nid de champignons, mousse de sapin et parfum de genièvre
Meursault Les Rougeots 2017

En pratique : menu Coche-Dury 6 plats et 8 crus du Domaine Coche-Dury en horizontale 2017, 780 euros, mardi 26 octobre à 20 heures.
Pour réserver + 33 (0)1 40 13 64 06 ou [email protected] (prépaiement).

Restaurant Granite
6, rue Bailleul – 75001
Métro : Louvre – Rivoli

Le cognac, un spiritueux et des savoir-faire uniques

Les cognacs résultent de savoir-faire uniques. Ceux de femmes et d’hommes qui œuvrent au quotidien pour élaborer un produit haut de gamme. Leur défi ? Conjuguer créativité et innovation dans le respect des traditions. La filière réunit aujourd’hui 4 200 viticulteurs, 120 bouilleurs de profession et 270 négociants de l’appellation. Chaque profession est un maillon indispensable de la production de cette eau-de-vie.

Le travail de la vigne et la distillation
Chaque année, au début de l’automne, dès que le raisin arrive à maturité, les vendanges commencent et durent un mois. Un nouveau cycle débute alors dans un souci croissant de protection de l’environnement et de préservation des ressources. Les viticulteurs interviennent dès la genèse en assurant la plantation et le renouvellement des ceps de vignes.

Après les vendanges, les viticulteurs vinifient les raisins blancs destinés à l’élaboration du cognac, transformant ainsi le sucre en alcool. Le vin est ensuite distillé par les bouilleurs de cru ou bouilleurs de profession selon la technique dite de la distillation charentaise ou de la double distillation. Le distillateur est un véritable alchimiste. Son rôle est de sublimer le vin en eau-de-vie, en concentrant les arômes et en gardant le meilleur de la vendange. Il vend ensuite sa récolte distillée au négoce ou la garde pour élaborer ses propres cognacs.

L’art du maître de chai
Le maître de chai est le garant des choix aromatiques. Sur les 270 maisons de cognac, les styles et arômes diffèrent d’une maison à l’autre. Le maître de chai supervise la production du cognac, de la sélection des eaux-de-vie jusqu’à l’assemblage. Il veille et élève les eaux-de-vie tout au long de leur vieillissement, entre fûts neufs ou fûts roux, chais secs ou chais humides. Il déguste régulièrement les eaux-de-vie pour identifier celles qui seront prêtes à assembler.

Le chêne, le cuivre et le verre
Le Cognac vieillit uniquement au contact du chêne. De la sélection du bois à l’assemblage du fût, les tonneliers détiennent un savoir-faire séculaire pour équilibrer les échanges entre le bois, l’eau-de-vie et l’air, permettant au cognac de développer naturellement ses arômes.

D’autres métiers gravitent autour de ce spiritueux réunissant ainsi sur un seul et même territoire tous les savoir-faire associés : la chaudronnerie, qui repose sur la conception et la fabrication de l’alambic charentais pour équiper les distilleries, la tonnellerie, qui consiste à partir du merrain extrait du chêne et par l’assemblage des douelles à fabriquer les fûts destinés au vieillissement du cognac, et enfin la verrerie, véritable art qui permet d’habiller l’or ambré des Charentes.

La transmission
Du travail du viticulteur à celui du maître de chai, des gestes du bouilleur de cru à ceux du tonnelier ou encore du chaudronnier, les savoir-faire autour du cognac se transmettent au fil des siècles. Tous animés par des exigences communes : la qualité, l’authenticité et le souci du détail.

Véritable patrimoine vivant, la transmission peut se traduire par la connaissance d’un terroir, d’un alambic, la connaissance d’un chai et ses eaux-de-vie, et avant tout la passion et la volonté de bien faire.

La filière cognac est un véritable poumon économique dans sa région. Avec 60 000 personnes vivant du cognac dont 17 000 en emploi direct, elle représente 50 % de la population agricole locale ce qui en fait un secteur employeur majeur dans les deux Charentes. Avec ses perspectives de croissance, la filière envisage même de créer 15 000 emplois supplémentaires, d’ici à 2035 dans sa région de production.

Crédit photo : © BNIC / Benoit Linero

Le mondovino de la semaine n°39 tourne à fond

La nouvelle égérie. À table. Turckheim sur son 31. Wine Explorers en magnum. Au cœur du volcan. Chaque jour du nouveau, en voici cinq

La nouvelle égérie

Après dix ans de sommeil en cave, c’est le retour de la cuvée égérie signée par la maison Pannier. Les plus belles parcelles, les meilleures grappes et le savoir-faire du chef de cave Yann Munier sont au rendez-vous de cet assemblage à part égale de chardonnay et de pinot noir complété par une pointe de meunier. Ce champagne, très peu dosée, enchante par sa complexité, sa finesse, son équilibre, sa délicatesse, sa fraîcheur et sa longueur. La cuvée joue, comme d’habitude, dans la cour des grands.

Égérie 2012 de champagne Pannier
96 euros, disponible sur champagnepannier.com

À table

Du 16 au 31 octobre 2021, Ruinart invite à sa table. Deux semaines durant laquelle la maison champenoise ouvre son restaurant éphémère. Au menu, brunchs, dégustations, ateliers et cours de cuisine, échanges avec des chefs et des créateurs culinaires. Parmi eux, Alexandre Gauthier, Antonin Bonnet, Alessandra Montagne, Cathy Paraschiv, Julien Sebbag, Céline Pham ou Valentine Davase, bref, que du beau monde.

Unconventional Restaurant, 36, rue Chévert, 75007 Paris
Réservations : www.ruinart.com

Turckheim sur son 31

C’est la Fashion Week à Paris et c’est aussi la troisième édition de la cuvée Cousu-main, rencontre entre le monde du crémant signé par la cave de Turckheim et celui de la mode avec le créateur William Arlotti qui a dessiné sa robe Blossoming Cachemire, ultra glamour.

Cousu-main, 11 euros sur cave-turckheim.com

Wine Explorers en magnum

Il fallait le talent et l’expérience de Jean-Baptiste Ancelot, fondateur globe-trotter de Wine Explorer, pour dénicher des pépites aux quatre coins de la planète. Pari tenu quatre cuvées servies uniquement en magnum, à l’occasion d’un magnifique dîner dans le somptueux restaurant étoilé Lalique au Château Lafaurie-Peyraguey. Une chance.

115 euros le dîner avec accord mets et vins
lafauriepeyragueylalique.com

Au cœur du volcan

Un clos de 10 hectares divisé en quatre parcelles, un terroir basaltique et argilo-calcaire marneux au cœur d’un cratère endormi, une villa de style Renaissance, des belles chambres d’hôtes, tout ça est né de la volonté sans limite de son propriétaire Pierre Guénant et du savoir-faire de Stéphane Derenoncourt. Côté vin ? Un rouge ample, aux tannins soyeux et qui s’achève sur les fruits des bois. Un blanc ambitieux, gourmand et long en bouche.

Villa Baulieu, 29 euros sur villa-baulieu-vignoble.plugwine.com

Un grand cru de la colline de Corton

Domaine Arnoux Père et Fils,
Le Rognet, corton grand cru 2017

Pourquoi lui
On ne le sait pas assez, mais la colline de Corton recèle mille et un trésors que Michel Bettane a dévoilé avec gourmandise dans le numéro 23 de EnMagnum. La même gourmandise …

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La nouvelle manière des jolis bordeaux

Château Bonnange,
Pourpre, vin-de-France 2018

Pourquoi lui
Le château Bonnange a été repris des mains d’un célèbre publicitaire par un entrepreneur chinois épatant. Il voulait en faire sa maison pour les vacances, le vin est le plus fort et le voilà impliqué jusqu’au cou dans le développement de son vignoble. Créatif, il imagine des cuvées sans cesse. On se souvient de son étiquette « Rosé de province », vite interdite. Ce 100 % merlot élevé pour un tiers en barriques neuves et pour le reste…

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Vins du Liban, gloire et brouillard

Ce n’est plus un secret, le Liban produit des vins appréciés des amateurs à travers le monde. Si le vin n’a pas été inventé par les Libanais, son origine connue remontant à 8 000 ans avant notre ère en Géorgie, l’histoire viticole du pays est bien riche de quelques millénaires et son avenir, comme celui du pays, très flou


Cet article est paru dans En Magnum #21. En Magnum #25 est actuellement en kiosque. Vous pouvez également l’acheter sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.


Légende photo d’ouverture : Dessin réalisé par O. Bruderer. Il montre l’activité du pressoir à l’époque des Phéniciens. Ce dernier a été découvert dans le Sud-Liban sur le site archéologique de Tell el-Burak, à environ huit kilomètres de la grande ville côtière de Sidon.

La culture viticole du pays du Cèdre remonterait au VIIe siècle avant notre ère, au temps des Phéniciens, ancêtres des Libanais. Ces derniers étaient présents sur un territoire qui correspond en grande partie au Liban actuel. L’empire Ottoman est venu anéantir ce savoir-faire pendant des siècles et les Jésuites l’on réintroduit au XIXe siècle. Dès 1857, les moines installés dans la plaine de la Bekaa cultivent et produisent un vin destiné à leur consommation personnelle. En 1898, une grotte longue de deux kilomètres datant de l’époque romaine est découverte. Elle appartient désormais au château Ksara.

Les caves de Château Ksara, longues d’un kilomètre, datent de l’époque romaine. Elles abritent une collection de vieux millésimes.

Un passé glorieux
Les fouilles archéologiques entreprises dans le Sud-Liban sur le site de Tell el-Burak, à environ huit kilomètres de la grande ville côtière de Sidon, ont confirmé cette hypothèse phénicienne. Elles ont même apporté une nouvelle certitude, celle de la fabrication du vin par les Phéniciens eux-mêmes, grâce à la mise au jour d’un pressoir vieux de 2 600 ans. C’est une équipe composée d’archéologues libanais et allemands, qui étudie le site depuis 2001, qui a fait cette découverte. Le président de l’Union vinicole du Liban, Zafer Chaoui, explique que du fait de ses dimensions largement supérieures à une production familiale, ce pressoir phénicien constitue « une preuve supplémentaire que le Liban produisait du vin à cette époque, et même avant. On estime que la production de vin au Liban date d’environ 6 000 ans. » Un nombre important de pépins a été trouvé sur le site, montrant que le raisin, cultivé à proximité, était transporté jusqu’au pressoir afin que les baies y soient foulées en soumettant les grappes à une pression légère exercée par la force des pieds pour éclater les peaux et laisser sortir le jus. Cette opération se déroulait dans le grand bassin en pierres enduit de plâtre d’une capacité de 4 500 litres. Le moût ainsi obtenu finissait sa course dans une grande cuve. La gravité était, déjà, au centre du procédé. Les jus étaient ensuite versés dans des amphores en terre cuite et la fermentation et la maturation pouvaient commencer. Ces mêmes amphores servaient pour le transport du vin et son exportation. Peuple de navigateurs et de commerçants hors pair qui a étendu son terrain de jeu sur tout le pourtour méditerranéen, les Phéniciens ne commercialisaient pas uniquement du vin, qu’ils ont rendu très populaire en Grèce et en Italie, mais aussi de l’huile d’olive, du bois de cèdre, du verre et bien d’autres marchandises. Ils ont également répandu l’alphabet. « Cette découverte proche des ports de Sidon et de Tyr confirme que les Phéniciens exportaient le vin vers la Haute-Égypte, Carthage et l’Europe. Pionniers, ils ont propagé la plantation de la vigne et la vinification dans le sud du continent européen », souligne Zafer Chaoui. Célèbre, le vin phénicien en provenance de Sidon est même mentionné dans des textes religieux de l’Égypte antique. Le vin a été utilisé lors des cérémonies et des sacrifices religieux phéniciens. Cette tradition héritée des Cananéens a été reprise par les Juifs et les Chrétiens par la suite.

Les vestiges de plusieurs habitations situées à proximité du pressoir de Tell el-Burak.
Le pressoir phénicien découvert au Sud-Liban sur le site de Tell el-Burak.
Les objets (tablette, etc.) donnent l’échelle.

Le vin victime des crises
Mais l’aventure du vin au Liban ne s’arrête pas à cette glorieuse histoire. Il faut aussi parler d’avenir dans un pays qui subit aujourd’hui la plus longue et grave crise politique et économique jamais connue depuis son indépendance en 1943. « Le secteur vitivinicole souffre à cause de la diminution considérable du pouvoir d’achat, de l’instabilité politique et de la crise engendrée par l’épidémie de Covid-19 qui a restreint les déplacements et contraint à la fermeture des restaurants, bars et divers lieux de consommation. Nous estimons à 20 % la baisse de la consommation locale de vin », précise Zafer Chaoui. Ce chiffre a été confirmé par Edgard Bou Acar, directeur du site de vente en ligne de vins libanais cavisteduliban.fr. Pour ne rien arranger, la crise libanaise est accompagnée d’une crise économique mondiale. Cette dernière a également frappé le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés et entraîné une réduction certaine et importante des exportations libanaises durant le premier semestre de l’année. Zafer Chaoui reste cependant optimiste : « Une reprise durant le troisième trimestre est à signaler, les vins libanais jouissant de niches dans plusieurs pays et comptant plus que jamais sur l’export pour faire face à la crise interne. »

Karim et Sandro Saadé dans leur vignoble situé à l’ouest de la plaine de la Bekaa.

Le chemin de croix
Propriétaires du château Marsyas dans la plaine de la Bekaa et du domaine Bargylus en Syrie, Sandro et Karim Saadé font partie de cette nouvelle génération de vignerons qui se battent pour continuer à produire du bon vin dans un pays où le quotidien est semé d’embûches. C’était déjà le cas avec la gestion de leur domaine syrien qui subit les conséquences du conflit depuis une dizaine d’années. Les deux frères n’ont pas pu s’y rendre depuis le début de la guerre et le dirigent depuis leurs locaux situés dans la capitale libanaise : « La situation est très difficile en Syrie. Pour décider de la date du début des vendanges à Bargylus, des échantillons de raisins sont transportés quotidiennement par taxi pour être goûtés à Beyrouth. La décision de vendanger ou non est alors prise en concertation avec Stéphane Derenoncourt, notre œnologue-conseil. » Comme la plupart de la jeunesse libanaise, les frères Saadé croient encore à un avenir meilleur au pays du Cèdre. L’explosion survenue le 4 août dernier dans le port de Beyrouth a détruit une partie de la capitale et a eu raison des locaux de l’entreprise familiale situés à quelques centaines de mètres de là, mais pas de leur détermination. « Nous sommes chanceux. Toute l’équipe est sous le choc, mais nous poursuivrons notre travail et nous produirons des vins qui continueront, avec ceux d’autres producteurs, à véhiculer une image positive du Liban à travers le monde. »

Fabrice Guiberteau (œnologue), Édouard Kosremelli (directeur général) et Émile Majdalani (directeur commercial) dans le vignoble de Kefraya. Au fond, l’Anti-Liban, la chaîne de montagne qui sépare le Liban de la Syrie en guerre.

Un avenir meilleur
Malgré les crises qui traversent le Liban, certains viticulteurs ne se contentent pas de survivre, mais cherchent à donner une identité à leurs vins. « Un peuple qui n’a pas d’histoire, n’a pas d’avenir », telle est la devise de Fabrice Guiberteau, l’œnologue du château Kefraya. Ce Français installé au Liban depuis 2006 est un fervent défenseur d’une viticulture paysanne. Après avoir entrepris un travail considérable d’étude des sous-sols de Kefraya, il a divisé ce domaine de 300 hectares en micro-parcelles. Le travail, respectueux de l’environnement, lui a permis d’obtenir le label Agriculture Biologique. Le choix des cépages internationaux, qui était une évidence quelques années auparavant, est remis en question avec la recherche que Guiberteau a menée sur des cépages autochtones, aussi bien en blanc (obeidi, merwah, meksessé) qu’en rouge (assouad karech, asmi noir). La dernière vague de chaleur que la Bekaa a connue cet été montre bien que ces derniers sont plus adaptés au climat de la région. « Certaines grappes de syrah commençaient à souffrir de la chaleur et de la sécheresse alors que celle d’assouad karech étaient parfaites », souligne l’œnologue. D’autres vignerons, après avoir suivi des études d’agronomie dans des universités à l’étranger reviennent au pays pour créer leur propre domaine ou reprendre les rênes d’un domaine familial. C’est le cas, par exemple, de Sébastien Khoury qui a créé le domaine de Baal à Zahlé après avoir étudié et travaillé quelques années à Bordeaux. Après avoir terminé ses études en France, Roland Abou Khater, fils d’un grand vigneron libanais décédé accidentellement, n’a pas hésité une seconde à perpétuer l’aventure familiale : « C’est une évidence de revenir au Liban et de faire ce que j’ai toujours voulu faire. La situation économique et politique ne m’empêchera pas de réaliser mon rêve aux côtés des gens que j’aime et de poursuivre l’œuvre de mon père. » Cette nouvelle génération de vignerons remercie la nature, si favorable à la culture de la vigne, se bat contre la bêtise humaine et espère en finir avec cette instabilité permanente. Ils n’ont qu’un seul désir, avoir une vie semblable à celle que leurs parents ont connue quelques décennies auparavant ou à celle qu’ils ont vécue pendant leurs séjours en France ou ailleurs.

Roland Abou Khater et Tamara Gebara dans les caves de leur domaine Coteaux du Liban à Zahlé.

Six domaines incontournables

Château Kefraya
La belle histoire de Château Kefraya commence en 1946 dans le village du même nom, au pied du mont Barouk, à plus de mille mètres d’altitude, par la construction d’une grande demeure sur une colline artificielle édifiée par les Romains pour surveiller les mouvements de troupes sur la plaine de la Bekaa. En 1951, Michel de Bustros débute la plantation de vignes. Le vignoble s’étend désormais sur 300 hectares. Château Kefraya est considéré comme l’ambassadeur et le porte-drapeau du vin libanais à l’étranger. Les vins sont fruités, fins, précis, élégants et harmonieux. Disponible chez cavisteduliban.fr

Château ksara
Ce domaine historique est créé en 1857 par les Jésuites dans la ville de Zahlé. Depuis 1973, il appartient à un groupe d’investisseurs privés. Avec plus de 2,7 millions de bouteilles par an et une gamme très large, Ksara fait partie des plus importantes caves au Liban. La visite de ses caves romaines est indispensable.

Château Marsyas
Le domaine libanais de Karim et Sandro Saadé, également propriétaires de Bargylus en Syrie, s’étend sur 50 hectares dans la plaine de la Bekaa. Les alluvions accumulées ont engendré un sous-sol calcaire compact, une roche-mère couverte par une pellicule de terre de 40 à 50 centimètres. Le premier vin est fin, structuré, avec un fruit pur. Il est taillé pour la garde. La cuvée B-Qa, un vin de plaisir immédiat, a vu le jour en 2013.

Coteaux du Liban
Cette propriété familiale a été créée par Nicolas Abou Khater sur les hauteurs de Zahlé, dans la plaine de la Bekaa, à 1 100 mètres d’altitude. Après son décès accidentel (en 2009), elle a été dirigée par sa femme Roula. Aujourd’hui, c’est leur fils Roland qui écrit l’avenir du domaine. Le sol est argilo-calcaire et la conduite du vignoble est respectueuse de l’environnement. Toute la gamme vaut le détour à commencer par la cuvée Rouge Passion.

Domaine des Tourelles
Créé dans les années 1860 par François-Eugène Brun, ingénieur français installé au Liban et travaillant dans la plaine de la Bekaa, ce domaine produit du vin depuis 1868. Les vignes sont plantées sur des terres graveleuses et argileuses. Cette historique propriété appartient depuis 2000 à Nayla Issa el-Khoury et Elie F. Issa qui ont largement développé et amélioré la gamme des vins tout en restant fidèles à l’esprit des lieux.

Ixsir
Faire des vins qui ressemblent au Liban et à sa mosaïque de cultures et de religions, telle est la philosophie d’Ixsir, domaine né grâce à la volonté de Carlos Ghosn et de son ami Étienne Debbané. Les vins sont issus d’assemblages de raisins venant de terroirs du Sud, de la Bekaa et de Batroun. Pour les aider, les propriétaires font appel à Hubert de Boüard, consultant et copropriétaire du château Angélus à Saint-Émilion.

Les vins sont disponibles sur le site
cavisteduliban.fr

Le mondovino de la semaine n°39 tourne à fond

Le livre aux 1 200 climats. C’est de la dentelle. Montagne ou bord de mer ? Une blonde du Sud. Au cœur des vendanges avec Champagne Deutz… Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Le livre aux 1 200 climats

Avec son Grands vins de Bourgogne, Guide des meilleurs crus et climats de Côte d’Or au XIXe siècle, Frédéric Villain plonge son lecteur au cœur de l’âge d’or de la Bourgogne. L’ouvrage retrace le long processus qui a permis la mise en place d’une viticulture et d’une œnologie toujours utilisée aujourd’hui et revient sur les raisons de la hiérarchisation officielle des vins établie par le comité d’agriculture de Beaune en 1862. Un travail de recherche et de cartographie remarquable, récompensé par le Prix 2021 de l’OIV. « Par une approche de l’histoire des vins, et en particulier au XIXe siècle, l’auteur expose les fondamentaux de la réussite de la viticulture des « hauts lieux », regroupant 84 AOP et 1200 « Climats de Bourgogne » : un exemple remarquable ».

Grands vins de Bourgogne, Guide des meilleurs Crus et Climats de Côte d’Or au XIXe siècle (Terres en Vues)
25 euros, disponible sur terre-en-vues.fr

C’est de la dentelle

Tout proche des Dentelles de Montmirail, à Cairanne, le domaine Brusset produit douze cuvées issues de 70 hectares de vignes en terrasses, répartis sur quatre appellations. Une mosaïque de terroir qui permet au domaine de signer de jolis vins, comme le rasteau la-bastide 219, assemblage de grenache et de mourvèdre plantés sur un sol très argileux. Nez complexe de fruits noirs, bouche puissante et juteuse avec une finale longue et persistante.

Domaine Brusset, La Bastide 2019, rasteau
16 euros sur domainebrusset.fr

Montagne ou bord de mer ?

Disons les deux pour Le Petit Ballon. Avec sa box composée de deux bouteilles du même vin, l’enseigne s’associe avec un vigneron iconique des Pyrénées Orientales, William Jonquères d’Oriola. L’astuce ? Une première bouteille élevée un an à 1 800 mètres d’altitude après sa mise en bouteille, la seconde élevée au bord de la mer. Parfait pour l’amateur curieux à la recherche de nouvelles sensations.

Le Petit Ballon, Box expérientielle – élevage mer et montagne
19,90 euros sur lepetitballon.com

Une blonde du Sud

83, c’est le nom de la nouvelle bière blonde signée par le château Saint-Maur, célèbre cru classé de Provence, pensée et élaborée avec le même soin que les vins du domaine. Une bière où chaque ingrédient est choisi avec exigence : les malts sont fabriqués à partir d’orge de printemps français et le houblon vient d’Alsace. Finesse aromatique, amertume discrète, puissance aromatique et moelleux en bouche.

Vendue en carton de 24 bouteilles, 5,50 euros à l’unité
chateausaintmaur.com

Au cœur des vendanges avec Champagne Deutz

« L’année 2021 contraste avec les millésimes “très solaires” précédents ; et la vendange, sous une météo capricieuse, a été à l’image du cycle : compliquée ! ». La suite en image.

Plus d’informations sur champagne-deutz.com