Un rouge de Provence
Les terroirs de Provence peuvent faire de grands rouges et de grands blancs. Au milieu d’un océan de cuvées rose pâle, Château Rasque défend avec panache les trois couleurs.
Le château Rasque est une création de toutes pièces, trente hectares de vignes pris sur la forêt dans les années 1980. C’est la seconde génération de la famille Biancone qui le mène aujourd’hui, avec à sa tête la pétillante Sophie, secondée par Enzo, le dernier d’une fratrie de cinq enfants très unie. Petit paradis de verdure à quelques kilomètres des Arcs et de Draguignan, Rasque est une superbe propriété construite par le père, maçon d’origine italienne.
Irréductible Château Rasque
Le sens du beau se perçoit dans les chais et le bâti, une architecture classique provençale revisitée par un amoureux de la renaissance italienne avec force clefs de voûte et statues néo-classiques. Un peu d’œnotourisme complète la production viticole avec quatre chambres superbement décorées et un immense espace pour des évènements accueillant jusqu’à 300 personnes. Alors que la Provence a basculé à 89 % dans le rosé, quelques intrépides se battent pour que l’on n’oublie pas que la région sait aussi faire de très jolis blancs et rouges. C’est le cas du château Rasque qui produit 30 % de blancs et 20 % de rouges, un record dans le secteur.
Allô la Provence, ici le terroir
C’est d’un rouge dont nous parlons ici, Clos de Madame 2015. Les arômes épicés et poivrés des 85 % de syrah qui la compose ne dominent pas : c’est bien le terroir qui parle avec de magnifiques senteurs de pinède et de garrigue. On est en Provence dès le premier nez et l’on y reste jusqu’à la finale où le thym et le romarin prennent le dessus. Satiné dans son tannin, ouaté, complexe, il lui faut comme partenaire une viande rouge marinée. Ne pas faiblir sur les herbes aromatiques de la marinade.
15,5/20 dans le Guide des Vins Bettane+Desseauve.
Le vin : Château Rasque, Clos de Madame, côtes-de-provence, rouge 2015
Le prix : 22 euros
Les coordonnées : 04 94 99 52 20 ; [email protected]
Toutes les infos sur ce domaine sont à retrouver dans l’appli Le Grand Tasting.
La Loire met son cépage star sur orbite

Ça bouge du côté d’Angers où les vignobles ligériens viennent d’enchaîner la Paulée de l’Anjou et le Congrès International du Chenin. Ces deux manifestations incarnent les nouvelles ambitions de la région.
La Paulée de l’Anjou n’est pas un événement nouveau. Mais elle a pris une nouvelle dimension. Au cœur de l’événement, un homme-clef, Ivan Massonnat. Ce financier parisien a racheté en 2018 le domaine de Jo Pithon et l’a agrandi pour arriver à 25 hectares. Il a de grandes ambitions pour son domaine, nommé Belargus, mais aussi pour la région. Habilement, les vignerons lui ont laissé prendre la présidence de la Paulée à laquelle il a immédiatement voulu donner un nouvel élan. Il a réussi à fédérer le saumurois, pour que cet événement ne soit plus seulement celui de l’Anjou Noir. Il y avait donc ce dimanche 30 juin, 500 personnes au banquet gastronomique du Grenier Saint-Jean, une grande dégustation de domaines bios et biodynamiques l’après-midi à la coulée de serrant, des sommelières internationales (Pascaline Lepeltier, Paz Levinson) et des annonces importantes puisque l’événement aura lieu à Saumur l’année prochaine et sans doute un jour… à New-York.
Un congrès mondial
Cette Paulée new-look s’est doublée dès le lendemain d’un congrès sur le chenin au palais des congrès d’Angers. Organisé par l’Académie du Chenin, présidée par Evelyne de Pontbriand (Domaine du Closel à savennières), il réunissait 200 participants, dont 45 sud-africains, pour parler histoire, paysages, économie, changements climatiques. Une cession sur le goût, animée par Gabriel Lepousez de l’Institut Pasteur, fut passionnante. On a aussi appris que l’autre parent du chenin, le premier étant le savagnin, était… la sauvignonasse. Un nom pas sexy pour désigner un cépage aussi appelé sauvignon vert ou friulano. Des visites ont permis aux visiteurs de découvrir les vignobles environnants.

Un cépage, plusieurs approches
On pouvait aussi déguster 350 vins de chenin du monde entier. Cela permettait notamment de comparer ses identités. Les Sud-Africains, qui produisent beaucoup plus que la France, avec 18 000 hectares plantés en chenin, proposaient beaucoup de vins de grande consommation, standardisés aromatiquement et pourvus de l’incontournable capsule à vis. Les Français, fidèles à leurs AOC et à leurs bouchons, présentaient une offre plus complexe mais souvent plus qualitative. Si certains, comme le Domaine du Closel ou le Domaine Ogereau confirment qu’ils sont des références, on a aussi pu découvrir des nouveaux comme Pierre Menard ou Le Fief Noir qui nous ont donné un goût de « revenez-y ».
La Loire affirme de nouvelles ambitions, notamment vis-à-vis de ses vins blancs secs. Si la région a toujours été appréciée pour son activisme et sa disparité, il lui a longtemps manqué un mouvement collectif et des porte-étendards qualitatifs de taille. Si la révolution ne se fait pas en un jour, et que la cohésion est toujours plus difficile à créer que la zizanie, il nous semble que ces quatre jours ont incarné les prémisses de changements fructueux.
Photo d’ouverture : Le critique anglais Jim Budd, le vigneron ligérien Emmanuel Ogereau et le vigneron sud-africain Ken Forrester trinquent au succès du congrès du chenin.
Les hospices de Gigondas et le nez des amateurs
Haut-lieu d’histoire médiévale tombé en ruine, les hospices de Gigondas furent restaurés par ses habitants dans les années 1980 pour devenir l’un des plus beaux sites du Vaucluse, doté d’une vue imprenable sur la vallée du Rhône. Au cœur de ces remparts, les vignerons de Gigondas invitent les amateurs dès aujourd’hui et jusqu’au 25 août « à découvrir la magie du vin sous l’angle de ses arômes, en collaboration avec les Editions Jean Lenoir » (le créateur des fameux livres-objets Le Nez du vin).
Gratuite, cette proposition estivale accueille le visiteur dans des espaces novateurs et ludiques, comme celui consacré à l’éveil de l’odorat des enfants ou cet autre qui fait la part belle au terroir et à la biodiversité en projetant « un étonnant film d’animation sur la formation géologique des dentelles de Montmirail. » De quoi former son nez et se balader ensuite avec un tout autre œil sur la région. L’atelier sensoriel de Gigondas est ouvert du mardi au dimanche, de 11 h à 13 h 30 et de 14 h 19 h.
Une pause zen dans le vignoble de la montagne de Reims
Patrimoine, sport, faune, flore, spectacles, expositions, lieux éphémères, vignerons-voyageurs ou chasses au trésor, le tourisme au cœur du vignoble, dit aussi œnotourisme, se fait de plus en plus précis, et riche, et diversifié. Cela tombe bien, l’amateur n’aime pas que le vin dans la vie.
Proposition estivale inattendue relayée par le blog La Champagne de Sophie Claeys, l’accueil des adeptes du yoga par la maison Canard-Duchêne à Ludes se fera les samedis 20 juillet et 31 août à 11 h (pour un cours d’une heure). Tous les détails sont là.
A Fronsac, le festival du château La Rivière démarre ce soir avec du cinéma en plein air
Bijou architectural assorti de 65 hectares de vignes dont nous vous avions présenté il y a peu le dernier-né, un bordeaux rosé appelé Le Lion de La Rivière, le château de La Rivière (Fronsac) inaugure ce soir la troisième édition de son festival Confluents d’Arts.
Cet événement a été lancé en 2017 par Xavier Buffo, directeur général du domaine, avec l’idée de créer « des passerelles entre l’univers du vin et celui des arts » tout autant que de permettre aux esthètes, les artistes comme le public, de profiter du cadre enchanteur de cette propriété.
Avec une série de propositions (gratuites, pour la plupart) qui fait la part belle à la pluralité des arts, du concert exclusif de Thomas Dutronc et les Esprits Manouches au cookshow de Ronan Kervarrec en passant par la projection en plein air du film La La Land, ce festival élargit encore un peu plus cette année « le spectre des réjouissances » et de la convivialité.
Plus de détails sur le site du château La Rivière ainsi que dans la vidéo ci-dessous :
Les grands esprits du vin se rencontrent à Malartic
Fine Minds 4 Fine Wines (FM4FW), c’est le nom du think tank international sur l’avenir des grands vins qui s’installe ces jours-ci au château Malartic-Lagravière, grand cru classé de Graves appartenant depuis plus de deux décennies à la famille Bonnie. Avec la troisième édition du colloque de ce cercle de réflexion créé en 2017 à l’initiative de Nicole Rolet (Chêne Bleu), le cadre bucolique de la propriété s’apprête à recevoir « la crème des journalistes, auteurs et têtes pensantes du monde du vin. »
Soixante-dix personnes venues du monde entier (dix-sept pays représentés) et spécialisées dans différents domaines sont attendues pour réfléchir au futur des grands vins. Dans ces rangs, on trouve Michel Bettane, Eric Asimov (New York Times), Jane Anson and Steven Spurrier (Decanter), les Master of Wine Jeannie Cho Lee et Jancis Robinson, Laura Catena (Bodega Catena Zapata), Maggie Henriques (Krug), Guillaume Deglise (Albert Bichot) ou encore Henri de Pracomtal (Tonnellerie Taransaud).
Se faisant l’écrin de leurs échanges sur de nombreux thèmes durant deux jours (adaptation climatique, évolution du goût et style du vin, nouveaux marchés, consommateurs et marketing, e-économie, œnotourisme, etc.), le château Malartic-Lagravière sera aussi de la partie en proposant en ouverture une master class menée par Véronique Bonnie-Laplane, co-propriétaire des vignobles Malartic avec son frère Jean-Jacques, et Séverine Bonnie, en charge du marketing et de la communication.
Intitulée De Bordeaux à Mendoza, 3 propriétés, 2 hémisphères, 1 famille, elle portera sur six vins rouges et blancs issus du château Malartic-Lagravière, du château Gazin-Rocquencourt (Pessac-Léognan) et de la bodega DiamAndes (Mendoza, Argentine). Le dîner d’accueil qui suivra se tiendra dans les anciens chais restaurés qui surplombent le château et ses jardins. Conçu par le chef Jean-Luc Rocha pour le
traiteur Monblanc, il sera accompagné par le millésime 2010 de Malartic en blanc, son millésime 2009 en rouge et le millésime 1999, en double magnum.
Languedoc, les soirées d’été du domaine Paul Mas
Balades à cheval entre vignes et garrigue, visites en buggy ou ateliers-dégustation sont des propositions qui ont cours toute l’année chez Côté Mas (Montagnac), pendant œnotouristique du domaine Paul Mas déclinant le “luxe rural” dans un bel éventail constitué d’un restaurant gastronomique, un bar à vins, des suites et une boutique. En plus de ces différentes activités, la belle saison réserve d’autres rendez-vous (le programme complet est là) comme celui de ce soir qui accordera les vins Paul Mas aux huîtres du mas de Rouzières. Renseignements et réservation au 04 67 24 36 10.
Veuve Clicquot, Demarville s’en va, Mariotti s’en vient
Fin août, Didier Mariotti (photo) rejoindra le département œnologie de la maison Veuve Clicquot pour une période de transition auprès de Dominique Demarville, l’actuel chef de cave, auquel il succèdera en janvier prochain.
L’annonce de ce passage de relais est accompagnée par ces mots de Jean-Marc Gallot, président et CEO de Veuve Clicquot : « Je tiens à remercier vivement Dominique Demarville pour sa formidable contribution depuis treize ans à la qualité unanimement reconnue de nos vins et au rayonnement de la maison à travers le monde. »
Agé de 48 ans, le futur chef de cave de la maison Veuve Clicquot est ingénieur agronome et œnologue de formation. Depuis vingt-cinq ans, Didier Mariotti effectue dans le monde du champagne une carrière qui l’a mené chez Moët et Chandon, Nicolas Feuillatte et, ces derniers temps, G.H.Mumm.
Avec Rhonéa, l’union fait le Rhône
Union de coopératives née en 2014 de la fusion des caves de Vacqueyras et de Beaumes-de-Venis, Rhonéa représente depuis lors « un modèle coopératif novateur centré sur la production et la distribution de vins de la vallée du Rhône, mettant en avant leurs terroirs, leurs artisans-vignerons et leur engagement dans des pratiques culturales responsables. »Tout récemment, ce collectif vient d’être renforcé par l’arrivée du Cercle des vignerons du Rhône (CVR) né de la mise en commun, à l’été 2015, des savoir-faire et expertises (commerciale, logistique et administrative) des caves coopératives de Rasteau et de Visan, rejointes en 2017 par la cave de Sablet.
Le rapprochement de ces cinq caves, chacune leader de son appellation, représente un nouveau challenge ambitieux pour Rhonéa qui devient le premier producteur de crus de la vallée du Rhône. Outre la volonté de mieux rémunérer le raisin afin que les vignerons puissent « vivre de leur travail », ce rapprochement a pour but la construction d’une marque encore plus forte, la consolidation de ses parts de marché sur le territoire national et son déploiement à l’international. Rappelons que depuis l’origine, Rhonéa souhaite également « fédérer les vignerons autour d’un projet commun et de valeurs fortes via une politique environnementale vertueuse pour soutenir et développer le patrimoine viticole. »
Côté chiffres, Rhonéa représente désormais :
– un collectif de 400 personnes
– 12,5 millions de bouteilles commercialisées
– 9 crus méridionaux mis en marché et 2 crus en vin doux naturel (VDN)
– 8,5 % du volume de production des côtes-du-rhône villages communaux
– 4 % du volume total de la production en vallée du Rhône
– 54 millions d’euros de chiffre d’affaires (2018)