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Cognac : la Part des Anges, la part des gens

Photo : Fabrice Leseigneur

Expression de la générosité collective des acteurs la filière cognac et des collectionneurs du monde entier, La Part des Anges n’a pas failli à son rôle cet automne en terminant à nouveau sur un résultat record (291 500 euros). Les fruits de cette session 2018 parrainée par le chef doublement étoilé Thierry Marx ont été remis début avril aux associations concernées. A Cognac d’abord, c’est de tradition, l’institut médico-éducatif Fraineau, qui accueille de jeunes déficients légers et moyens avec ou sans troubles associés, s’est vu remettre 58 300 euros. Cette somme a en partie permis la création d’une cuisine pédagogique et d’un restaurant d’application à Cognac, inaugurés lors de la remise du chèque.

Comme le montre la photo ci-dessus, Patrick Raguenaud, le président de l’interprofession du cognac (Bnic), a ensuite remis un chèque de 233 200 euros au centre de formation aux métiers de la restauration créé en 2012 par Thierry Marx. Cuisine Mode d’Emploi(s) permet à des personnes en situation de précarité économique et sociale de retrouver le chemin de l’emploi en dispensant des formations de courte durée (cuisine, boulangerie, service en restauration et produits de la mer), qualifiantes et gratuites pour les bénéficiaires. Ces fonds permettront aux stagiaires de travailler dans des conditions optimisées. Depuis 2006, La Part des Anges a permis de soutenir près de vingt projets caritatifs.

Une Champagne, des champagnes

Une vingtaine de regroupements de vignerons champenois investissent ces jours-ci des lieux symboliques de leur région afin de mettre en avant la diversité de leurs terroirs via la dégustation des vins clairs de 2018. Réservées aux professionnels, ces rencontres traditionnellement organisées en avril et baptisées “Le Printemps des champagnes” ont été lancées il y a dix ans et sont devenues depuis un rendez-vous incontournable « pour tous les professionnels du vin, qu’ils soient importateurs, restaurateurs, sommeliers, cavistes, journalistes ou blogueurs. »

Si ce sont les vignerons regroupés sous la bannière Terres et vins de Champagne qui sont à l’origine de la première de ces journées en 2009, ils ont bien vite été rejoints par d’autres (la liste est ), « dans un esprit fédérateur. » Chacun organise son événement indépendamment des autres, mais tous partagent une même volonté de créer « une nouvelle dynamique. » Aujourd’hui, ce “printemps” consacré à la dégustation des fruits de la dernière vendange du vignoble champenois – et aux champagnes de millésimes précédents, aussi – dure plusieurs jours et « accueille des professionnels de plus de quarante pays. »

Gilles de Larouzière aux commandes de Maisons et Domaines Henriot

Chez Maisons & Domaines Henriot, la transmission n’est pas une affaire anecdotique. En 200 ans, huit générations se sont succédé. Nous avons rencontré Gilles de Larouzière qui nous a dit à quel point cette question est cruciale dans la bonne conduite de Champagne Henriot, Bouchard Père & Fils (bourgognes), William Fèvre (chablis) et du domaine Beaux-Frères, fleuron du pinot noir en Oregon. En trois vidéos, nous avons fait un état des lieux à peu près complet. À regarder.

Entretien avec Gilles de Larouzière, [Part I]. La grande affaire des pinots noirs de l’Oregon.

Entretien avec Gilles de Larouzière, [Part II]. Les champagnes, les bourgognes et les chablis.

Entretien avec Gilles de Larouzière, [Part III]. Durer, c’est prévoir.

Porto, le millésime 2016 vient de sortir

2016 vient d’être millésimé par l’Institut des vins de Porto. Une nouvelle quand on sait que cette distinction est attribuée à trois ou quatre années par décennie.

Après les grands 2011, l’Institut des vins de Porto vient de millésimer 2016. Certaines maisons peuvent à leur initiative déclarer tel ou tel millésime mais les années adoubées par ce grand ordonnateur sont rares. Trois à quatre années par décennie, très exceptionnellement six dans la décennie 1980 mais seulement trois dans la décennie 2000. Rappelons qu’il existe deux styles de porto, les portos vieillis sous bois et les portos vieillis en bouteille. On parle également de vieillissement oxydatif et de vieillissement réductif. Au sommet de ces derniers sont les vintages. 2016 a été une année atypique avec beaucoup de précipitations au printemps qui ont reconstitué les réserves d’eau puis un été sec suivi d’un mois de septembre pluvieux avec des nuits fraîches qui ont permis des fermentations longues et une extraction en douceur.
La maison Fonseca a été fondée en 1815 et réalise des portos de style « luxuriant » appréciés des esthètes mais aussi des amateurs plus novices.
Le porto Fonseca vintage 2016 a été dégusté lors de la présentation des Vinissimes des magasins Nicolas. C’est un très grand porto, d’un crémeux hors pair, de grand volume en bouche. Déjà très agréable, c’est un grand d’aujourd’hui qui vieillira (très) bien : il pourra fêter le départ en retraite de vos enfants (même s’ils ne sont pas encore nés !).

Le vin : Fonseca, porto vintage port, rouge 2016
Le prix : 105 euros chez les cavistes Nicolas
Les coordonnées : www.nicolas.com

La meilleure des jeunes, c’est elle

Comme nous vous l’avions annoncé ici, la parité était presque respectée parmi les finalistes en lice pour la sixième édition du trophée du meilleur jeune sommelier de France, une compétition organisée tous les deux ans depuis 2009 par la maison Duval-Leroy. C’est à Vertus, dans les locaux de cette propriété champenoise fondée en 1859 et restée indépendante et familiale, que les douze meilleurs sommeliers de moins de 26 ans issus des sélections nationales se sont rencontrés dimanche dernier autour d’épreuves de culture générale, de techniques professionnelles et de dégustations.

Cette première journée a permis la qualification pour la grande finale de quatre d’entre eux, Adrien Cascio, Charlotte Guyot, Victoire Helly D’Angelin et Aymeric Pollenne. Le lendemain, chacun à leur tour, ils ont montré leur savoir-faire lors de différentes épreuves : analyse et description d’un verre de vin rouge, dégustation de huit spiritueux, service d’un magnum de Duval-Leroy et composition d’un accord mets-vins, présentation d’un grand cru en anglais, questions de culture générale. Pour le jury composé de professionnels de l’œnologie, c’est Charlotte Guyot qui s’est avérée être la meilleure. Bravo à elle.

La bio de Charlotte Guyot (photo),

meilleur jeune sommelier de France 2019 (Trophée Duval-Leroy) :

Originaire de Paris, Charlotte Guyot a suivi la première partie de ses études en licence de mathématiques-informatique avant de se tourner vers un CAP pâtisserie (Ferrandi) et d’intégrer ensuite le lycée hôtelier François-Rabelais (Dardilly). Son CAP restaurant obtenu, elle s’est orientée vers la mention complémentaire sommellerie aux côtés d’Arnaud Chambost, meilleur ouvrier de France. Apprentie au sein du restaurant La Mère Brazier** à Lyon, elle apprend désormais au quotidien auprès d’un autre meilleur ouvrier de France en sommellerie, Denis Verneau.

Pro versus amateur

Guillaume Puzo (photo) est expert pour Bettane+Desseauve. Chaque année, il encadre les dégustations d’un jury d’amateurs passionnés pendant le Concours Prix Plaisir.

Le concours Prix+Plaisir est toujours une occasion intéressante de rencontrer des dégustateurs aux goûts et aux niveaux d’expertise différents. Il est vrai que lors de nos marathons de dégustation habituels, notamment pour le Guide des Vins Bettane+Desseauve ou la Semaine des primeurs à Bordeaux, nous côtoyons essentiellement des gens formatés de la même manière, des pros comme on dit, quand bien même la notion de dégustateur professionnel est contestable. Là, il s’agit d’amateurs au sens noble du qualificatif, ou plus simplement d’acheteurs, de consommateurs, c’est-à-dire les vrais acteurs du marché du vin, bien plus peut-être que les prescripteurs que nous sommes. Parfois les adjectifs employés sont imprécis ou inexacts, notamment pour qualifier la minéralité d’un blanc ou la dimension tactile d’un tannin, mais in fine leur jugement fait force de loi. Vox populi, vox dei et finalement ces échanges, plus que toute autre étude de marché, montrent réellement les tendances et les goûts du moment. Si les vins boisés sont toujours pénalisés par une partie du public, de façon parfois un peu abusive, mais comme on vient de l’affirmer, « vox populi, etc… », le fruit est largement plébiscité, mais le bon, le vrai, le fruité frais et gourmand, les fruits techno, confiturés ou amyliques sont régulièrement délaissés, les dosages mal intégrés sont assez impitoyablement traqués en Champagne, bref, au final on obtient une sélection dont on se plaît à suivre les recommandations, avec même quelques pépites au rapport qualité-prix bluffant. C’est précisément l’idée de ce concours.

« En 2018, Bordeaux m’a fait un beau cadeau »

Quand Michel Bettane fait le point sur les primeurs 2018 de la rive gauche, on écoute attentivement. Il a dégusté 300 échantillons, dont certains à plusieurs reprises.

Son 40e millésime 
« 2018 est mon 40e millésime. J’ai dégusté pour la première fois les primeurs en 1978. À l’époque, la moyenne de degré alcoolique des cabernets sauvignons était de 9,2 degrés. Les merlots étaient à 10,5 degrés. On chaptalisait d’au moins deux degrés. En 2018, la moyenne des cabernets sauvignons est de 13,5 à 14 degrés et 14,5 à 15 degrés pour les merlots. Mais avec des pH de 3,50 – 3,55 – 3,60, équivalents à ceux de 1978. C’est de la folie.

Mildiou et black rot
Il est tombé beaucoup d’eau en hiver et au printemps et le retour du beau temps a permis une floraison parfaite et une très grosse sortie de raisins.
À cause des pluies printanières, la pression du mildiou a été constante. Les vignerons ont dû aussi faire face à l’apparition de black rot (ou pourriture noire) dû aux fortes chaleurs de juillet. Chez les vignerons en bio, c’est surtout le black rot qui explique la destruction à partir du 23 juillet d’une grande partie de la récolte. Certains vignerons ont pu récolter un volume raisonnable, aux alentours de 40-45 hl/ha (on est bien loin du record des années 1982-83 avec 80 hl/ha). L’état sanitaire final était très sain, avec une maturation finale lente et très équilibrée des cabernets, spécialement des francs. Les jus étaient très concentrés en raison de la petite taille des grains, qu’il fallait savoir vinifier sans extraction exagérée. Ce fut donc une réussite générale, avec un peu moins de degré alcoolique à Margaux et des records dans le secteur de Pauillac et Saint-Estèphe. Très belle maturité des raisins blancs pour les médocs blancs.

Raisins mûrs et fraîcheur
La caractéristique du millésime est la saveur de raisins très mûrs, associée à une finale de bouche fraîche étonnante que certains ont attribué à tort à un manque de maturité finale du raisin. Hypothèse sans fondement quand on a vu la maturité des raisins vendangés.

2018, très grand, très original, un équilibre jamais connu avant
C’est un grand millésime original à la mesure du changement climatique que nous vivons et qui rend optimiste pour un avenir proche si le réchauffement ne s’accentue pas. On n’a jamais connu un tel équilibre des vins dans le Bordelais.
Ce sont les tannins les plus fins et les plus complexes dont je me souvienne pour chacun de ces châteaux ; avec un toucher de bouche et une texture inédits, que je qualifierais de crémeux.
La qualité de texture des plus grands cabernets californiens associée à la pureté et la finesse de fins de bouche des terroirs médocains. »

Photo : Michel Bettane devant les complications de la gastronomie d’urgence.

Ses préférés de la rive gauche
> Château Beychevelle
> Château Gruaud-Larose
> Château Léoville-Las Cazes
> Château Calon-Ségur
> Château Lafite
> Château Haut-Brion

Son préféré en sauternes
> Château Gilette : 20 hl/ha, ils ont vendangé tard (après le 12 octobre), ce sont les seuls à avoir le grain d’un très grand vin.

Mes magnums (94), un très grand margaux

Château Lascombes,
margaux 2015

Chez Bettane+Desseauve, il y a longtemps qu’on aime ce margaux. Précisément depuis le millésime 2005 qui marque l’envolée de l’admirable lascombes. Dix millésimes de suite où l’excellence prévaut sur toute autre considération. Avec un patron du domaine (Dominique Befves) qui a réussi le tour de force de voir l’actionnariat changer sans céder un pouce de terrain sur le registre de la qualité.

Lascombes a parfaitement négocié le virage de la course à l’excellence qui est la règle désormais dans toutes les grands propriétés bordelaises. Lascombes et son terroir se rangent parmi les meilleurs.

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Le jurançon à la mode

Lionel Osmin est le petit négoce original qui manquait pour sélectionner le meilleur des appellations du sud-ouest. Pour pallier le désamour dont est malheureusement victime le jurançon liquoreux, il produit un blanc sec de grande qualité.

L’un des meilleurs liquoreux de France
Jurançon produit l’un des meilleurs liquoreux de France depuis la nuit des temps. La mode le boude, le voici donc en blanc sec proposé par un négoce très original, passé en huit ans de zéro à plus de 1,5 millions de bouteilles. Lionel Osmin n’était pas destiné à produire du vin. Natif de Pau, il arrive par hasard chez Charles Hours, la figure du jurançon des années 1990. Il se pique au jeu, créé pendant son stage la maison des vins du Jurançon, part à l’export comprendre les besoins des consommateurs puis revient dans son sud-ouest natal. Frappé de ne pas voir localement de négoce  façon Guigal ou  Chapoutier, il crée ex-nihilo un petit négoce régional avec son associé de toujours Damiens Sartori. Sans argent pour acheter du foncier, sans chai pour pouvoir vinifier dans les aires d’appellation comme l’imposent les décrets, ce sera donc un négoce sans vignes mais qui sélectionne les raisins des meilleures parcelles.

Frais, net et complexe
Cette cuvée de jurançon sec Cami Salié tire son nom du chemin du sel qui borde l’AOP Jurançon par le nord. Avec 60 % de gros manseng et 40 % de petit manseng, c’est un blanc très net, frais, complexe avec de beaux amers inspirés par les agrumes d’une finale qui finit fraîche, portée par la noisette fraîche et une salinité bienvenue. Après cet essai réussi en jurançon sec, Lionel Osmin ne désespère pas du jurançon traditionnel en version liquoreuse. Il vient d’acquérir le clos Joliette, l’une des icones du secteur. À suivre.

Le vin : Lionel Osmin, jurançon sec Cami Salié, blanc 2016
Le prix : 12 euros départ chai et chez les cavistes.
Les coordonnées : 05 59 05 14 66 ; courriel : [email protected]

Toutes les infos sur ce domaine sont à retrouver dans l’appli Le Grand Tasting.

Primeurs, deuxième

Les châteaux bordelais ont refermé leurs portes, c’en est terminée pour les dégustations de la Semaine des primeurs du millésime 2018. Avant de livrer les préférés de nos experts en chef Michel Bettane et Thierry Desseauve, voici un bref retour sur la dégustation collégiale organisée chez le négociant bordelais Joanne. Véronique Raisin nous livre ses impressions sur un millésime qui s’annonce vraiment grand.

« Sortez vos calepins et notez les affaires à petit prix : Château Reynon, Château Marjosse en rouge et blanc (propriété personnelle de Pierre Lurton, directeur de Cheval Blanc et Yquem), Puygueraud rouge et Alcée, deux crus de l’écurie de Nicolas Thienpont qui a parfaitement réussi Pavie-Macquin et Larcisse Ducasse.

À Saint-Emilion, on retiendra Château Villemaurine, impeccable de finesse, Jean Faure et ses cabernets francs explosifs et scintillants (67 %), Château de Ferrand qui revient fort, Fonroque, la Marzelle, Les Grandes Murailles (mini cru de 1,46 ha), Le Prieuré, Beauséjour Duffau Lagarosse et Canon au sommet. Figeac déploie sa sève avec panache : il est grandissime.

À Pomerol, citons le moins connu Bourgneuf, superbe de concentration et de finesse, Certan de May émouvant de raffinement, Vray Croix de Gay, Gazin et le Gay. Nous reviendrons sur les premiers dans notre dossier spécial… »

À suivre…