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Un dîner en vignes

Gastronomie, musique et vins se sont donné rendez-vous pour une première édition très réussie d’un dîner en vignes qui s’est tenu vendredi dernier, sous l’égide de l’association des climats de la côte chalonnaise, dans le parc du château de Chamirey à Mercurey, en Bourgogne. A l’initiative d’Aurelio Peresson (La Cave des Peress), les dix domaines viticoles constituant l’association ont pu, l’espace d’une soirée, ouvrir leurs magnums sur les mets cuisinés par les chefs Philippe Queneau (L’Epicurien des Vignes à Buxy) et Jérôme Brochot, étoilé Michelin à Montceau-les-Mines.

D’humeur jazzy, l’ambiance pique-nique chic était rythmée par les musiciens des Sourdines à l’huile, partenaires du festival Jazz à Couches. Créée pour rappeler que les climats de Bourgogne ne s’arrêtent pas au périmètre défini par l’Unesco, soit la seule Côte-d’Or, mais se prolongent dans sa partie sud, où les appellations bouzeron, rully, mercurey, givry et montagny livrent des vins de charme et de caractère sous l’impulsion de vignerons dynamiques et passionnés, l’association des climats de la côte chalonnaise devrait réitérer cet événement l’an prochain, sans doute dans un autre domaine.

Marie-Antoinette de Szczypiorski

Henri Jayer, la légende continue

Lors de la vente Henri Jayer, The Heritage, le lot 160 a réalisé le plus beau résultat. ©BagueraWines

Dimanche dernier en Suisse, une vente aux enchères des derniers flacons en provenance directe du domaine Henri Jayer a encore permis à ces bourgognes, coutumiers du fait, d’atteindre des montants historiques. Exceptionnelle vacation dont on pourra découvrir le catalogue ici, Henri Jayer, The Heritage – The ultimate sale from the private cellar of Domaine Henri Jayer comprenait 855 bouteilles et 209 magnums et a réalisé un total de 34,5 millions de francs suisses (soit près de 30 millions d’euros). Le lot qui a connu la plus belle enchère est une verticale de quinze magnums de cros-parantoux dans des millésimes allant de 1978 à 2001, adjugée 1,164 million de francs suisses (environ 1 million d’euros).

L’immense engouement de la centaine d’enchérisseurs, présents sur place, au téléphone et sur internet, permet par ailleurs la jeune maison de vente genevoise Baghera Wines, fondée en 2015, de signer un succès d’anthologie. Michael Ganne (photo), son directeur exécutif, précise que « les dernières bouteilles de la cave d’Henri Jayer ont définitivement consacré ses vins à la postérité » et que l’équipe est très heureuse que cette vente ait pu mettre en valeur « le génie du vigneron et le mythe. » Faut-il le préciser, la salle de vente installée ce dimanche après-midi au domaine de Châteauvieux (Satigny, Genève) était comble. Au-delà des chiffres et des « ardentes batailles d’enchères », encore un hommage au maître, douze ans après sa mort, de la part des « amoureux de grands crus bourguignons. »

La distillerie vient au bar

La journée d’échanges “Bouilleurs & Bartenders” autour du bon usage du cognac en cocktails est un nouvel événement proposé à l’international par la maison de cognac et liqueurs Merlet qui a été inauguré en mai à Amsterdam, au House Bar. Organisé en quatre parties (présentation technique de la production du cognac, masterclass, création de cocktails par les barmen et soirée dégustation), l’événement a permis de récompenser Mounir Hamza (bar The Tailor) pour son cocktail baptisé “Reunion”. La deuxième édition de cet atelier se tiendra lundi prochain à Paris, au bar No Entry (75009). Cette journée, dont le programme complet est à découvrir ici, est uniquement réservée aux professionnels et aux cavistes sur inscription par mail avant vendredi (tous les détails sont ).

Union des grands crus de Sauternes


Jusqu’alors, les châteaux Sigalas-Rabaud, Rayne-Vigneau, Lafaurie-Peraguey, La Tour Blanche, et Rabaud-Promis avaient en commun le fait d’avoir été portés au rang de “premier cru” lors de la classification officielle des vins de Bordeaux établie en 1855. Demain, ils auront en commun un vin. Initiative sans précédent, cette première mondiale consistant à « révéler en une seule bouteille » l’un des grands terroirs de l’AOC sauternes, celui de Bommes, sera réalisée sur la base du millésime 2016 et assez logiquement baptisée “5+”. Assemblage du travail et de la personnalité de cinq crus classés unis par une même volonté de mettre en valeur leur appellation (ce qui a déjà donné lieu à la mise en marché, en février dernier, d’une caisse de leurs cinq étiquettes dans le millésime 2009), cette production extrêmement limitée sera disponible à l’automne prochain via une distribution par la place de Bordeaux.
Nicolas de Rouyn

La Champagne à l’heure des réconciliations

La troisième édition du “Séjour des Réconciliations” s’est ouverte lundi en Champagne avec un dîner caritatif placé sous le parrainage de Pierre Arditi. L’intégralité des dons collectés lors de cette soirée, au cours de laquelle plusieurs projets de sauvegarde du patrimoine viticole menés par des vignerons, maisons et professionnels du champagne ont été récompensés, ira à la fondation Abbé Pierre.

Aujourd’hui, place à un autre temps fort à Epernay avec une conférence donnée par le médecin, alpiniste et explorateur Jean-Louis Etienne sur le thème de la réconciliation de l’homme avec la nature : « Au programme : renouer avec l’écosystème Terre, comprendre les grands enjeux et échanger sur les solutions individuelles et collectives visant à respecter les grands équilibres de la planète. »

Samedi, sept pique-nique et lâchers de lanternes auront lieu à Bouzy, Château-Thierry, Châtillon-sur-Marne, Colombé-le-Sec, Dizy-Champillon, Reims et Sézanne (programme complet ici). Enfin, conclusion de l’édition 2018 de cette semaine organisée autour des valeurs de l’Unesco par la mission Coteaux, Maisons et Caves de Champagne, la marche des Réconciliations se déploiera dimanche matin au départ de Château-Thierry sur trois parcours de niveaux différents. Tous les détails sont .

Mes magnums (66), au bonheur d’un grand gigondas

Domaine Santa Duc, Les Hautes Garrigues, gigondas 2014

Pourquoi lui
Parce que gigondas. Toutes les appellations qui tournent autour des dentelles de Montmirail valent le détour. Des paysages pareils ne peuvent pas décevoir dans le verre. Avant, peut-être. Maintenant, c’est très bon.

On l’aime parce que
Cette sélection parcellaire s’appelle Les Hautes Garrigues. Déjà, on l’aime pour ça, pour cette poésie agricole. On l’aime aussi pour le parti pris par l’assemblage. Grenache et mourvèdre issus de vieilles vignes, pour 65 % et 35 %. Si vous n’avez jamais compris le grenache, c’est le moment. Et l’élevage, 18 mois en foudres, confirme l’intérêt.

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Le grand et le petit

D’un langage paresseux à un vin tordu, il n’y a qu’un peu de laisser-aller. Mais Michel Bettane veille.

En France, c’est sûr, nous aimons les petits. Le petit café du matin, avec son petit croissant, le petit dessert à midi, le petit digestif du soir, gentiment proposé peut-être pour recevoir un petit pourboire. Nous avons de l’affection pour ceux qui jouent petit bras sur un court de tennis ou qui roulent petit braquet à vélo, bref nous pardonnons tout au petit sauf quand nous nous trouvons gagne-petit sur notre feuille de paye. Dans le même esprit, si nous nous gargarisons parfois de rêves de grandeur, nous nous méfions plus souvent du grand. Nous ne manquons pas une occasion de rappeler les puanteurs du Grand Siècle, les désastreux choix politiques et le soleil de notre grand roi ou les crimes de nos grandes guerres. Le grand, c’est pour le sport. Pour le reste, nous coupons les têtes qui dépassent.
Le vin n’y échappe pas, forcément. Parlez de grand vin ou de grand terroir à un petit bourgeois de la petite famille des branchés, journaliste, blogueur ou pilier de bar, et vous verrez immédiatement sa réaction. Rappeler que la nature est tout sauf démocratique et sait faire des terroirs plus grands que d’autres vous fait passer pour un infâme réactionnaire. Appeler grand un vin malencontreusement convoité par une minorité, s’il est rêvé par tous, devient le comble du conformisme béat ou de la corruption généralisée, née évidemment du grand complot. Mais alors comment appeler la chose ? Dites vin noble, comme nous avons essayé de le faire à l’Académie internationale du vin, et c’est encore pire. Si nous n’avons pas oublié la Révolution, nos présidents n’ont pas guillotiné dans leurs bureaux le mobilier de l’Ancien Régime. Schizophrènes, nous méprisons une noblesse qui ne se donne que la peine de naître, mais nous sommes fiers de passer encore pour le pays du grand vin que nous ne buvons plus, tout en nous flagellant devant toutes les batailles perdues par lui sur le marché international, avec l’arrivée de concurrents forcément tricheurs ou malveillants. Par des raisonnements encore plus tordus, nous accusons ce grand vin, ce vin noble, de multiplier les entorses à la morale, la sienne compris, polluant les banlieues des vignobles, et les lois de Sainte-Isabelle Saporta, prêtresse du vin politiquement correct. Donc bien fait pour lui, si l’on ne croit plus en lui.
Mais après le désespoir, l’espoir renaît, on nous a trouvé l’antidote. Le petit vin du petit producteur, au petit prix. Mais oui. Celui avec une étiquette et une marque à lire et à comprendre au troisième degré, surtout quand des juges dénoncés comme partiaux et incompétents lui refusent l’appellation. L’erreur ou, plus encore, d’obscurs règlements de compte locaux sont certes possibles et humains, mais le plus souvent il suffit de goûter le produit pour comprendre le rejet. On vous répond alors immédiatement : « Tu n’as rien compris, (on a le tutoiement facile dans ce milieu), ton palais est formaté par les errements et les triches de la viticulture productiviste. Et ton vocabulaire, par les clichés élitistes d’une classe qui fabrique de fausses valeurs. » Dans notre langue, élégant est un adjectif à bannir. Et je ne dis rien de racé, avec son étymologie suspecte, qu’il faudrait remplacer par nature ou sans fard. On décline d’ailleurs toute la gamme des sans chez nos nouveaux sans-culottes, y compris sans talent. Le talent n’étant pas, par définition, égalitaire, démocratique, est un concept hautement suspect.
Si vous pensez que tout cela n’est que la comédie d’un petit clan, profitant d’une position privilégiée dans la communication pour jouer à l’armée mexicaine en faisant défiler en boucle sa petite troupe, vous avez sans doute raison. Mais je crains aussi la multiplication de dangereux dégâts collatéraux. Nos comiques font des émules à l’étranger. Du bon petit vin boisson, facilement industrialisable, on peut en faire partout, et partout avec des conditions de production souhaitables dans le domaine de l’écologie, comme moins de dépense énergétique pour le transporter et le distribuer, sans parler de la mise en valeur difficilement condamnable des savoir-faire locaux. Du grand vin œuvre d’art, on peut malheureusement en avoir moins le besoin ou le désir, parce que son coût d’élaboration est trop élevé par rapport au niveau de vie d’une majorité d’amateurs et que sa consommation demande une culture et un environnement que nous ne sommes pas encore en mesure, et il faut le regretter, d’enseigner ou de donner au plus grand nombre. De toute façon, les lieux où on peut le produire sont limités et en général reconnus depuis longtemps, ce qui laisse peu de chance à l’originalité de l’expertise ou à la créativité de la découverte. Les seuls points sur lesquels nous pouvons intervenir, en tant qu’experts, auprès de la communauté des amoureux du vin, dont nous faisons aussi partie, c’est la défense et la préservation des terroirs de qualité, quand le grand commerce ou la grande distribution, qui savent si bien jouer aux petits, n’acceptent pas de leur offrir un prix récompensant l’effort pour les perpétuer. Cela devient plus que jamais un devoir et une obsession pour toute notre équipe chez Bettane et Desseauve.

 

Article paru dans EN MAGNUM n°11 (mars-avril-mai 2018)

Bordeaux is back, dit-il

Du haut en bas de l’échelle des prix, Bordeaux secoue la torpeur et la mauvaise foi de ceux qui voudraient l’enterrer.

C’est Stéphane Derenoncourt qui balance le pavé avec cette belle détermination qui est sa marque. Au motif de faire valoir quelques-uns des domaines qu’il conseille dans des appellations moins prestigieuses, quoique bordelaises, il scande Bordeaux is back, c’est beau comme un hashtag. Déjà, voilà le t-shirt (photo).

De quoi s’agit-il ?
De faire pièce aux idées fausses sur Bordeaux et de porter le coup de grâce à l’idée idiote et à bout de souffle, cette cabale aussi appelée bordeaux bashing, qui voulait les vins de Bordeaux prétentieux et dévoyés, trop chers, agaçants, gosses de riches, on voit bien d’où le coup venait et pourquoi. Bordeaux is back, c’est sur le même ton. On ne frappe pas un homme à terre, non, mais un concept pourri, oui. Pour ancrer…

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Summer Wine Night, rendez-vous réussi entre le Languedoc et la nuit parisienne

Ceux qui y étaient ont aimé, les autres vous risquez de regretter de ne pas avoir fait le déplacement. Tous les ingrédients d’une soirée dégustation d’un nouveau genre étaient là, pour le plus grand plaisir des 80 vignerons venus spécialement du Languedoc faire découvrir la richesse de leurs terroirs à un public jeune et averti, sur un rooftop inédit. Le soleil a même décidé de se coucher sous nos yeux, nimbant cette belle dégustation d’une lumière digne d’une soirée languedocienne.

Les arômes des vins doux naturels

Souvent évoqués sur ce site, les coffrets tout aussi pédagogiques que ludiques proposés par les éditions Jean Lenoir, dans le cadre d’une démarche de transmission entreprise il y a plus de trente ans par ce « défricheur de la culture de l’odorat », invitent les amateurs à se familiariser avec les arômes du vin (et aussi avec ceux du café ou du whisky). Cette collection traduite dans de nombreux pays décline différents formats, du grand modèle du Nez du vin (54 fioles) au Clin de Nez (6 fioles). C’est dans ce dernier modèle que paraît un coffret exclusivement consacré aux arômes caractéristiques (chocolat, café, caramel, vanille, noix et pruneau) des vins issus des AOC banyuls, maury et rivesaltes, qui produisent 80 % des vins doux naturels français.



Ce nouveau livre-objet a été initié par Isabelle Cutzach-Billard, docteur en œnologie et conseil scientifique au sein des éditions Jean Lenoir, et mis en œuvre par le conseil interprofessionnel des vins du Roussillon (CIVR) dans le cadre d’une démarche de valorisation de ces vins qui a également donné lieu à la création d’un site de vente de très vieux millésimes*, lancé fin 2017 (c’est par ). Le but de ce jeu est de mieux faire connaître ce que Philippe Bourrier, le président du CIVR, qualifie de « monde exceptionnel et singulier » en permettant aux amateurs avertis ou néophytes de s’exercer à reconnaître les arômes des vins doux naturels de la région. Une « belle mission, » dit Jean Lenoir, « tant leur richesse olfactive est exceptionnelle. »

Le nez des vins doux naturels, banyuls, maury, rivesaltes, 35 euros.
Disponible dans les caves et domaines du Roussillon ainsi que dans certaines librairies de Perpignan.



* « Elaborés selon la technique du mutage qui consiste à arrêter la fermentation alcoolique du raisin par adjonction d’alcool afin de conserver une partie du sucre naturellement contenu dans le fruit, ont un potentiel de garde quasi infini. Les plus âgés dépassent ainsi les cent ans. », précise le CIVR.