Accueil Blog Page 381

Primeurs 2014, la liste de mes envies (chapitre 1)

Cette année, on est tranquille. Pas de site-voyou pour nous faire craindre le pire. Pour autant, pas sûr que je fasse mes courses uniquement dans le classement de 1855 (au fait, c’est protégé ce chiffre magique ? Non ? Toujours pas ?).
L’émergence de cette notion de Super-Bordeaux, très bonne idée portée par Bettane + Desseauve, m’incite à aller regarder un peu plus loin que l’évidence.

Et sur quoi, je tombe tout de suite ?…lire la suite sur le blog bonvivant

Un vin francilien

Vendredi à 15 heures se tiendra la première vente aux enchères des vins des « Coteaux de Saint-Prix » (Val d’Oise). Parrainée par François Morel, comédien, metteur en scène et Saint-Prissien, cette vente au bénéfice du Centre d’accueil de la faune sauvage d’Alfort se fera dans le cadre des Instants Nature organisés par la municipalité et portera sur les récoltes 2009 à 2013. Cultivées selon les principes de la biodynamie, les vignes de Saint-Prix sont les héritières d’une histoire viticole qui remonte au XIIe siècle, quand les chanoines de Saint-Victor – afin de se procurer « le vin de messe et de table » – décidèrent d’étendre aux terres de leur prieuré une culture de la vigne alors très présente dans le massif montmorencéen (en lire plus ici). Economiquement rentable grâce à la proximité de Paris, le vignoble se développa jusqu’à couvrir les trois quarts de la surface cultivable de la commune.

©Saint-Prix « Les clos de gamay et chardonnay étaient gardés jour et nuit pour éviter les vols tandis que le ban des vendanges était soumis à l’article 20 du règlement de police du duché de Montmorency qui obligeait tout le monde à vendanger en même temps. Ainsi nul ne pouvait convoiter les vignes du voisin et le contrôle des redevances était facilité. Certains vins étaient réputés, comme le « Clos Rouillard » vendu à grand prix à Londres par Charles de Montmorency et servi en 1530 par Anne de Montmorency à sa table de Bordeaux. Il disparut (…) à la veille de la guerre 14-18, suite au départ des hommes, à la crise économique, aux invasions et à la contamination par le phylloxera. Un musée et des caves creusées à fleur de colline témoignent de la grandeur de ces vignobles en terres montmorencéennes. »

C’est sous l’impulsion du maire de Saint-Prix, Jean-Pierre Enjalbert, et d’une équipe municipale qui s’est engagée à « remettre la nature au coeur de la ville » que la renaissance de ce terroir historique a été initiée en 2006, d’abord avec un classement des coteaux en Espace naturel sensible, puis avec la plantation de 2 500 pieds de pinot noir. En 2012, 500 nouveaux ceps ont été plantés, cette fois de cépage gewurztraminer, dont 900 pieds sont encore ajoutés l’année suivante. La vendange 2013 donne 800 bouteilles. La plantation de 1 000 nouveaux ceps de pinot noir est prévue pour 2015. Si les vendanges de ce clos de 2 500 m2 sont assurées depuis 2009 par les membre de l’association « Le Clos Saint-Fiacre », c’est un œnologue qui se charge désormais de la vinification de ce vin « encore confidentiel » produit à quelques kilomètres de Paris. Récompensée à de nombreuses reprises pour ses actions en faveur de la diversité (on peut les découvrir ), la municipalité n’en dit pas moins de son vin, que nous n’avons pas encore goûté, qu’il est « l’une des grandes fiertés de Saint-Prix. »

Capture d’écran 2015-04-27 à 15.05.57
Plus d’informations sur le programme de la journée du 1er mai à Saint-Prix en cliquant ici.

10e week-end des grands crus

Le week-end au cœur des plus belles appellations du vignoble bordelais proposé chaque année par l’Union des grands crus de Bordeaux aura lieu les 30 et 31 mai. Pour les amateurs, c’est l’occasion de découvrir « en un lieu unique, dans le centre historique de Bordeaux » deux millésimes de plus de cent grands vins, le 2012 et un autre, choisi par les propriétés. Outre cette grande dégustation, des dîners dans les châteaux, des circuits de visites dans le vignoble (Rive droite, Graves & Sauternes, Médoc) et un tournoi de golf (Coupe de l’Union des grands crus) comptent au rang des diverses activités proposées, que l’on peut réserver séparément. Le programme complet de cette édition anniversaire est à découvrir ici. De Pomerol à Saint-Estèphe en passant par Sauternes et Margaux, la liste des châteaux concernés est . Tarifs et réservation ici.

L'autre rosé de l'été

Blushing Manhattan, Reverse Martini, Lillet Rougissant, Sweet Pink ou encore Pink Fizz, voici quelques-uns des cocktails dont l’amateur pourra trouver la recette sur le site de la maison Lillet (cliquer ). Fondée en 1872 par deux frères négociants en vins fins, liqueurs et spiritueux, cette dernière est à l’origine du premier – et unique – apéritif élaboré à base de vins de Bordeaux et de liqueurs de fruits artisanales.

Très à la mode dans les années 30, et coqueluche des bars new-yorkais après guerre, le « Lillet » sera d’abord blanc. Sa version rouge, issue de merlots, sort en 1962. Plus récente, la version ci-dessus, basée comme le blanc sur le cépage sémillon, est lancée en 2011 et immédiatement récompensée à l’Ultimate Spirit Challenge (Chairman’s Trophy 2011) et à la San Francisco World Spirits Competition (médaille d’or 2011).

Lillet, apéritif Lillet Rosé, environ 15 €

Qu'est-ce qu'on fait ce week-end ?

Les domaines de l’appellation lalande-de-pomerol ouvrent leurs portes aux visiteurs samedi et dimanche, de 10 h à 19 h. Expositions, pique-nique, marchés de producteur, visites des chais, promenades en calèche, balades gourmandes, ateliers et, bien entendu, dégustations (parfois en verticale), toutes les animations proposées par les vingt-deux châteaux participant à cette édition 2015 sont à découvrir en cliquant ici.


saintamour
Après Romanèche-Thorins (AOC moulin-à-vent) l’an passé, c’est au tour du village de Saint-Amour de recevoir la fête des crus du Beaujolais, 35e édition d’un événement très couru par le public des amateurs (environ 20 000 visiteurs). Tout le week-end, les vignerons de chacun des dix crus du vignoble beaujolais (soit les AOC brouilly, chiroubles, chénas, côte-de-brouilly, fleurie, juliénas, morgon, moulin-à-vent, régnié et saint-amour) proposeront leur production à la dégustation, notamment leur dernier millésime. Mise en perce du cru de Saint-Amour 2014, intronisations par les confréries, démonstrations de cuisine, présentation de vieux millésimes et vente aux enchères sont au programme de ces deux journées de festivités, à découvrir ici.


chinon
Ce samedi, les vignerons de l’appellation chinon donnent rendez-vous aux amateurs au cœur même de Chinon pour la 8e édition de leur salon « Vignerons dans la ville », auquel participent cette année une soixantaine de producteurs. Au rang des festivités de la journée, le défilé de la Confrérie des Bons entonneurs rabelaisiens se tiendra à 10 h 30. Côté dégustations (verre disponible sur le salon, 4 €), le millésime 2014 sera évidemment à l’honneur. Les trois places du centre-ville dédiées à l’événement accueilleront également des expositions des métiers de bouches et artisans locaux, des démonstrations culinaires et des concerts. Plus d’infos ici.


©VentenacenMinervois
En Minervois, la cave coopérative de Ventenac occupe un imposant château du XIXe siècle dont la surface est bien plus grande que les besoins techniques des vignerons (en lire plus ici). Parce que cette cave vinifie aujourd’hui cinq fois moins d’hectolitres qu’autrefois, les producteurs ont fait de leur château un site œnotouristique à succès qui accueille, en plus de leurs chais et de leur maison des vins (dégustation et vente), un « Grenier des vignerons » dédié à l’histoire de leur terroir. Ce samedi, la deuxième « Journée machines & outils » de la saison, destinée à enrichir les collections du musée de nouveaux objets anciens, sera également l’occasion de déguster le millésime 2014 de l’AOC minervois, en blanc et en rosé. Plus d’infos sur la page facebook du château.

Quand et comment acheter les bordeaux 2014 en primeurs ?

Dès la fin du mois d’avril et pendant tous le mois de mai, les propriétés participant à la campagne détermineront leur prix de vente ; les sites de négociants bordelais accessibles aux consommateurs (chateaunet.com, millesima.fr, lacavedourthe.com, etc.), les grands cavistes (lavinia.fr, caves-legrand.com, etc.) et de nombreux sites spécialisés (wineandco.com, ventealapropriete.com, grandsvinsprivés.com, etc.) proposeront alors leurs offres.

Capture d’écran 2015-04-24 à 12.00.39


Primeurs 2014 : tous les autres bordeaux

Si l’on retire les vins cités dans les trois catégories précédentes, il reste plus de 95% de la production bordelaise, un océan de cinq millions d’hectolitres de vin où se côtoient, hélas le plus souvent dans un obscur anonymat, de pures merveilles et des produits d’une affligeante banalité. Aujourd’hui, la plupart des crus de Bordeaux sont livrés à eux-mêmes, sans l’aide du négoce traditionnel qui ne se soucie pas d’eux, sans non plus celle de nouveaux modes de commercialisation issus de la révolution numérique. Certains crus ont créé leur propre circuit de distribution, d’autres font appel à quelques rares réseaux organisés. Le monde du vin évolue, mais lentement… Pour le consommateur averti, cette grande famille des bordeaux peut être l’occasion de dénicher des perles pas si rares que cela, car contrairement à l’idée reçue, le vignoble bordelais en son ensemble est certainement celui où l’on rencontre le plus de tentatives individuelles excitantes et dynamiques de faire progresser un terroir ou une propriété.

Toutes les appellations sont concernées, mais certaines plus que d’autres. Rive droite, Fronsac, Canon-Fronsac, Castillon, Lalande de Pomerol comptent ainsi une proportion significative d’excellents crus et démontrent que ces terroirs méritent d’être beaucoup mieux considérés par les amateurs comme les professionnels. Rive gauche, les appellations régionales, très vastes, du Médoc et du Haut-Médoc, possèdent de nombreux secteurs à fort potentiel qui sont aujourd’hui bien exploités par des producteurs ambitieux et sérieux, voisinant hélas avec d’autres beaucoup plus routiniers. Les Graves, entre Pessac-Léognan et le Sauternais, fait figure de belle endormie, seulement réveillée par quelques stars. Enfin, l’Entre-deux-mers, entre Bordeaux et Libourne, qui fournit les gros bataillons des bordeaux et bordeaux supérieurs, démontre chez une minorité de producteurs qu’elle peut produire de très grands vins.

Certains représentants de cette élite modeste mais excitante seront proposés en primeur, mais pas tous. Le plus simple et le plus sûr est encore de les contacter et souvent d’acheter en direct les vins chez eux ou auprès du revendeur qu’ils conseillent. Les prix sont très accessibles et la qualité de production peut être largement comparée aux étiquettes plus installées.

Capture d’écran 2015-04-24 à 12.00.39


Primeurs 2014 : classiques et classés

Bordeaux collectionne les classements comme feu la Quatrième République les Présidents du Conseil. 88 châteaux ont été classés sur la seule rive gauche bordelaise en 1855 et constituent toujours une incontournable référence, 15 le sont depuis 1959 dans les Graves (16 avec le disparu Tour Haut Brion). A Saint-Emilion, le classement révisé théoriquement tous les dix ans débouche désormais sur une rituelle foire d’empoigne judiciaire. En 2012, quatre crus ont été intronisés « Premiers A », 14 « Premiers B » et pas moins de 66 classés. Si Pomerol se targue de n’avoir pas succombé au caprice du classement, il n’en demeure pas moins très agencé avec en haut de la pyramide l’immarcescible Pétrus. Car à côté de ces classements plus ou moins immobiles, il existe à Bordeaux une autre hiérarchie, plus discrète mais impitoyable : celle des crus vendus par le négoce local.

Cette infrastructure historique, longtemps collectivement surnommée « Chartrons » car autrefois installée dans le quartier portuaire des Chartrons, commercialise depuis trois siècles la fine fleur des vins de Bordeaux. Aujourd’hui entre 200 et 300 crus, pour la plupart classés, mais pas uniquement : des valeurs sûres médocaines comme le saint-estèphe Château Phélan-Ségur ou le moulis Château Poujaux, de très nombreux seconds vins qui ont acquis une vraie notoriété à l’ombre de leur grand frère, comme les Tourelles de Pichon Longueville ou le Clos du Marquis (Château Léoville Las Cases), des crus qui font l’actualité à Saint-Emilion, les stars de Pomerol et quelques rares pépites d’appellations moins fameuses. Cette aristocratie bordelaise bénéficie d’une organisation commerciale ultra rodée, capable d’installer leurs crus aux quatre coins de la planète, des rayons d’une foire aux vins en région parisienne jusqu’à la wine list d’un palace de Shanghai.

Pour le consommateur, ces vins que l’on peut qualifier de classiques et classés sont les plus faciles à trouver. Ils sont tous accessibles en vente primeurs, à un tarif qui ira certainement d’une quinzaine d’euros pour les moins chers à 100€ par bouteille pour les plus prestigieux. Même cette catégorie présente une réelle hétérogénéité qualitative –en particulier sur la rive droite- la très grande majorité de ces crus a beaucoup progressé depuis le début de ce siècle : on est rarement déçu en achetant l’un de ces vins. Est-il toujours plus avantageux de les acquérir en primeur, c’est-à-dire deux ans avant leur livraison ? L’histoire récente montre qu’il y a pour un nombre non négligeable de crus peu de différences entre le prix proposé en primeur et celui pratiqué par les distributeurs –notamment en foires aux vins- quelques années plus tard.
Capture d’écran 2015-04-24 à 12.00.39


Primeurs 2014 : l’élite

Quelques crus bordelais ont pris une habitude depuis plusieurs années : ils vendent leur production à leurs allocataires professionnels (en particulier les maisons de négoce bordelaises) à un tarif supérieur à 100€ HT la bouteille, ce qui laisse espérer un prix consommateur au minimum supérieur à 145€. Ce club très élitiste avait réuni jusqu’à une quarantaine d’étiquettes dans les millésimes records 2009 et 2010 ; la mévente des millésimes suivants a rendu plus sage nombre d’apprentis stars du Médoc ou de Pomerol : ils sont aujourd’hui moins de quinze rouges, dont bien sûr Pétrus et les cinq premiers de la rive gauche (Lafite, Mouton, Latour, Margaux et Haut-Brion). Ceux-là devraient jouer la stabilité tarifaire cette année, permettant à un marché volontiers panurgiste de redémarrer sur la promesse d’une qualité supérieure à un prix inchangé. Mais les egos des uns et des autres étant particulièrement développés, les campagnes de primeurs s’emballent parfois de manière irrationnelle… Un vin échappera à cette campagne : Château Latour, qui se refuse depuis trois ans à participer aux ventes primeurs. La propriété met en vente pendant la période primeur des millésimes plus anciens, sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un test ou d’une première étape vers la reprise intégrale de son réseau de commercialisation.
Côté qualité, le niveau est on s’en doute très élevé dans ce club fermé, même si d’autres crus célèbres mais moins onéreux (voir p. 11) ont produit cette année des vins qui apparaissent aussi prometteurs, et parfois même plus, que certaines de ces stars. Il n’en reste pas moins que ces crus atteignent désormais un niveau de perfection formelle impressionnant chaque année. Ils s’appuient notamment sur une sélection drastique de leurs raisins puisque le grand vin de tous les Premiers représente depuis les années 2000 entre un tiers et la moitié de leur production totale. Les uns et les autres ne perdant ni le nord, ni le sens des affaires, ils proposent un second vin qui pour beaucoup d’entre eux, appartient également au cercle des étiquettes à plus de 100€ : Petit Cheval, la Chapelle d’Ausone, les Forts de Latour, Petit Mouton, Carruades de Lafite et autre Pavillon Rouge font eux aussi partie intégrante de l’élite de Bordeaux.
Capture d’écran 2015-04-24 à 12.00.39