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Huilerie Philippe Vigean


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Huilerie Vigean
Les Varennes
36700 Clion-sur-Indre
02 54 38 64 49

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Seul maître huilier de France, titulaire du label national « Entreprise du Patrimoine Vivant », symbole du savoir-faire d’excellence, Eric Vigean vient d’obtenir un sésame très recherché pour son huilerie, celui du prix de l’innovation au SIAL qui vient de fermer ses portes. Cette récompense nationale lui a été décernée pour son huile à la myrthe citronnée. Soignant chaque détail, Eric Vigean est un vrai terrien qui pratique le bio au quotidien. Toujours sur le pont, cet épicurien avisé est à la fois artisan et artiste. Connaissant l’exact point d’équilibre des choses, il choisit ses producteurs de la façon la plus scrupuleuse. Vif, incisif, dévoré par sa passion, il cache à merveille son sens de la perfection prouvant en cela que les huiles ne sont pas que des corps gras au goût banal. Il faut dire que celles-ci sont à l’huilosphère ce que sont les grands crus classés en bordelais, Bourgogne ou Champagne dans le monde du vin, car le parallèle est en effet évident entre la dégustation d’un vin et celle d’une huile. L’huile d’olive à la myrte citronnée primée au SIAL offre une robe aux beaux reflets dorés d’où s’échappent des notes d’agrumes et de poivre de Sichuan harmonieuses. L’attaque en bouche se révèle vive et raffinée avec une texture satinée du meilleur effet qui s’imposent avec grâce.
De son port d’attache de Clion, ce maître huilier navigue à travers les huiles rares. Cameline, oeillette, macérâts, il largue les amarres et rompt les habitudes du goût, prenant dans ses filets les huiles au long cours. Visionnaire, il remplace le vinaigre grâce à son huile vierge de pépin de raisin ; délicieusement tannique, elle souligne la pureté originelle des produits. On croise ici la naturalité chère à Alain Ducasse. À cet effet, la majorité des huiles peut jouer à petite dose le refrain de « l’amer qu’on voit danser le long des pianos », donnant le bon tempo au cacao ou au turbot. Cette saveur annonciatrice de fin de bouche donne du rythme à chaque produit.

Sélection:

  • Huile de Cameline biologique 7,80 euros
  • Huile de Carthame oléique biologique 7,35 euros
  • Huile de Lin biologique 7,55 euros
  • Huile de Noix biologique Origine France 11,60 euros
  • ACHETER
    Crédits photo d’ouverture : http://www.richeidee.com/huile-de-noix/

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Le cas des bordeaux 1975

Parmi les erreurs qu’il m’est arrivé de commettreje place au premier rang mon évaluation du millésime 1975 à Bordeaux. J’avais peut être quelques circonstances atténuantes, et surtout celle de débuter dans le métier, mais aujourd’hui les choses sont claires, dans leur ensemble les 1975 ont toujours manqué de charme, de précision et ils sèchent en bouteille. Parmi les circonstances atténuantes il faut rappeler que 1975 a suivi une grave crise commerciale née d’une spéculation idiote venue en grande partie des Etats-Unis sur le médiocre millésime 1972, avec augmentation irrationnelle des prix. La crise pétrolière de 1973 a entraîné de nombreuses annulations de commande et la révélation de quelques fraudes sur les origines, suivie du suicide d’un membre de la famille Cruse n’a pas arrangé les choses. 1973 abondant et dilué, 1974 encore plus diluée et sans aucun caractère ont renforcé la crise et quand 1975 est arrivé avec une vendange qui apparaissait saine et qualitative chacun a espéré que le marché rebondirait. Ayant commencé seulement en 1978 à visiter les vignes du bordelais je n’ai pas pu voir et manger les raisins, ce m’aurait épargné la naïveté de mes premiers commentaires sur le millésime vers 1980. Je me fiais alors à l’avis du grand œnologue Emile Peynaud qui, généralisant à partir de ses meilleurs clients, considérait le millésime comme excellent, avec un grand potentiel de vieillissement et surtout aucun excès dans les rendements comme en 1970. A cette époque le niveau de viticulture était loin d’être aussi accompli qu’aujourd’hui, beaucoup de sols étaient désherbés chimiquement et bien des pieds de vignes manquaient à l’appel, certaines parcelles surproduisant pour compenser la très faible production des autres. Il était rare qu’on cueille un cabernet sauvignon à plus de 10°,5 et des merlots à plus de 11°, ce qui donnait lieu à des abus de chaptalisation. Si les raisins n’étaient pas encore martyrisés par des vendanges mécaniques ils étaient pour le moins secoués par les réceptions de vendanges dans des conquets profonds à vis sans fin qui foulaient, disons, énergiquement la vendange. Une vendange rarement triée sur table et égrappée sans trop de respect de son intégrité.

Il est plus que probable qu’avec le matériel actuel on aurait attendu plus longtemps avant de vendanger et on aurait éliminé les 15 à 20% des raisins affectés par la grêle (comme dans le centre du Médoc), et verts. Mais surtout, mais je ne l’ai appris que bien plus tard, la forte teneur en tannin du millésime aurait exigé un élevage plus long de six mois ou d’un an en barrique. Or la place manquait et on commençait à conseiller des mises précoces pour « préserver le fruit », une baliverne qui a encore la faveur d’un nombre non négligeable de vignerons. Les premières dégustations montraient un vin très ferme, sérieux, austère, mais nous avions été élevés dans l’idée que ces qualités étaient la signature classique d’un bon vin de Bordeaux ! Il y avait parfois des goûts de carton, de vieille pierre, de renfermé qu’on mettait au compte des vieilles barriques. Nous savons depuis (bien après la naissance de millésime) qu’il s’agissait des débuts des ravages de la molécule TCA et du caractère ordinaire des déviations produites par les terribles levures brettanomyces. Néanmoins quelques vins se dégustaient spectaculairement bien, comme Haut-Brion (mais pas Mission abîmé par un excès d’acidité volatile), Latour, Giscours, Léoville-Las-Cases, Domaine de Chevalier, et surtout les Pomerol de l’écurie Moueix (Lafleur en tête) et les Saint-Emilion voisins comme Cheval Blanc ou Figeac. J’ai cru piteusement que les autres devaient être proportionnellement aussi réussis, j’ai eu tort. Aujourd’hui les vins précités sont encore (sauf si le bouchon trahit) vigoureux et élégants, avec l’austérité liée à leur modération en sucre naturel de départ, mais exigent un long carafage. Beaucoup d’autres sont secs et parfois, avouons-le, tarés. Je garde quand même le meilleur pour la fin, les quelques beaux sauternes, qui Yquem en tête (Climens hélas largement en dessous de l’attente) sont aujourd’hui à leur sommet, avec sans doute plus d’acidité volatile perceptible qu’aujourd’hui, et parfois des réductions soufrées moins élégantes, mais pour Rieussec, Fargues, Suduiraut, Raymond Lafon, et surtout Gilette d’un fruité exaltant et d’une longueur remarquable.

Coteaux-du-languedoc blanc 2013, Clos Marie

 


 

Clos Marie – Manon 2013

Adossé au très célèbre Pic Saint Loup, la cuvée Manon est un exemple d’équilibre à l’encépagement intelligent.
Dans le même concept que les rouges, le blanc est aérien et vole au-dessus de la mêlée. Prévoir large en volume.

17/20

Disponible à 17,70 euros la bouteille
ACHETER


Clos Marie est sans doute le plus beau et le plus respecté domaine du Pic Saint-Loup où chaque cuvée, dès l’entrée de gamme, s’approche de l’idéal languedocien. Christophe Peyrus a acquis le sens du grand vin en côtoyant les meilleurs vignerons. Il s’occupe depuis 1995 des 20 hectares de la propriété avec son épouse Françoise Julien, le tout cultivé en biodynamie. Christophe a créé un domaine à son nom en Pic saint-loup. À suivre…

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Eloge de la viticulture corse

La viticulture corse était présente pour son rendez-vous annuel à Paris, cette année aux caves Legrand Filles & Fils. C’est sans doute le moment pour moi d’avouer une préférence secrète pour les meilleurs vins corses, malgré les qualités éminentes de toute la magnifique bordure nord vitivinicole des trois voisins, France, Italie et Espagne. Par un mystérieux concours de circonstances, ils semblent associer le rayonnement et la sensualité des vins de soleil à la rigueur et à la finesse des vins septentrionaux, miracle dû à l’alliance rare entre la montagne et la mer, sur le lieu-même de leur naissance. Des trois couleurs, c’est toujours le blanc qui m’apparait le plus irremplaçable : le cépage vermentino, qu’on appelle rolle en Provence, sur des sols qui lui conviennent particulièrement bien, qu’ils soient granitiques comme à Ajaccio ou Calvi, ou marno-calcaire comme à Patrimonio, aidé par l’équipement technique moderne de la plupart des producteurs donne ce qui est certainement le blanc sec le plus fin du pourtour méditerranéen. On le boit trop jeune, pendant l’été qui suit la vendange, ce qui est tragique car le meilleur et le plus original du raisin vient des terpènes issus des peaux du raisin, comme pour le riesling, auquel il fait souvent penser. La question du boisé excessif de certaines cuvées ne se pose plus, les adeptes de la vinification sous bois ayant appris avec l’expérience à doser avec précision son usage. Ils obtiennent, à de rares exceptions près, un produit plus complexe, voire plus sophistiqué et demandant en général deux ans supplémentaires de vieillissement. J’aime particulièrement le Clos Canarelli à Figari, le récent, mais magistral Clos Venturi et quelques joyaux de Balagne comme le Clos Culombu, qui commencent à rivaliser avec les meilleurs patrimonios. Les muscats peuvent atteindre au sublime quand ils sont vendangés suffisamment passerillés, comme en 2007 le légendaire Muscatellu du domaine Nicrosi. En fait, il faudrait distinguer les cuvées normales, cueillies trop tôt, de forme et de saveur agréables, mais banales de ce type de vin patricien. Les rosés méritent leur réputation, avec une tendance de plus en plus marquée de les vinifier pâles, dans le type « pétale de rose », un peu comme des blancs tâchés. Les terroirs de granit montrent souvent un supplément de finesse et la modération en alcool tant aimée des connaisseurs, mais il faut commencer à se méfier de la tendance à les vinifier un peu moins secs, au goût du public international, ce qui les dénature. On peut regretter l’abandon des rosés plus colorés, issus de courtes macérations qui feraient des vins de gastronomie encore plus savoureux sur les soupes de poisson relevées, les rougets de roche et même le chevreau rôti. Les rouges progressent chaque année même si trop de viticulteurs et leurs clients aiment encore les saveurs animales et le tannin rustique qui enchantaient leurs grands-parents. Cette tradition se retrouve particulièrement à Patrimonio où la routine fait encore des ravages. Le type noble de rouge corse classique, assemblage de nielluccio et de sciaccarello est incarné pour moi par la cuvée Oriu de l’ami Imbert, mais on trouve de plus en plus de sciaccarellos purs d’une remarquable pureté et finesse sur les granits d’Ajaccio. Une génération très douée de viticulteurs, conduite par le domaine du comte Abbatucci, liée à des cavistes idéalistes comme Nicolas Stromboni à Ajaccio et à des sommeliers amoureux de leur île, s’intéresse à la restauration d’anciens cépages oubliés ce qui promet des vins encore plus passionnants dans les prochaines années. On les trouve de plus en plus présents (mais pas assez) sur le continent et à l’export dans des capitales comme Londres ou New York et c’est l’export seul qui sera capable de leur donner le rayonnement et la célébrité débordant le cercle des « happy few ».

Le saké de Nakata

Star du football international qui a pris sa retraite après la Coupe du monde 2006, Hidetoshi Nakata
a d’abord voyagé dans le monde entier avant de s’intéresser à la culture japonaise sur laquelle on l’interrogeait beaucoup, mais qu’il connaissait peu, le ballon rond ayant requis très jeune toute son attention. Au cours de ce retour aux sources des traditions et de l’artisanat de son pays, Nakata s’est découvert une passion pour le saké qui l’a conduit à créer sa propre étiquette, « N », avec l’envie de
« proposer le meilleur saké du monde, un saké qui remporterait tous les suffrages à la dégustation.» Et un saké de niveau international. Ultra premium, le saké « N » fera son apparition sur le marché français la semaine prochaine via Baron Philippe de Rothschild France Distribution (RFD).

Cette arrivée dans le portefeuille de RFD « témoigne de son savoir-faire sur les circuits de la distribution sélective, notamment les cafés-hôtels-restaurants de prestige, et de la passion du discours produit qui l’anime. C’est aussi la toute première fois que Baron Philippe de Rothschild France Distribution met en marché une marque japonaise, pays à la culture et aux traditions millénaires. » Respect des traditions, excellence, raffinement sont des valeurs partagées de part et d’autre de cette collaboration exclusive. Nakata a goûté plus de 1000 variétés de saké et visité près de 200 brasseries avant de créer « N » avec l’un des brasseurs les plus prestigieux du Japon, Takagi Shuzo (préfecture de Yamagata), réputé pour sa production artisanale et son saké Juyondai, ce qui signifie 14e génération.


« La culture japonaise est considérée comme une manière de vivre à part entière. Dès que l’on commence à s’imprégner de cette culture, c’est un processus sans fin, à l’instar de la calligraphie et de la cérémonie du thé, il n’y a pas d’objectif à atteindre, mais simplement un chemin à suivre. J’estime que la philosophie de la mentalité japonaise est de toujours s’efforcer de mieux faire, sur une route continue et sans fin qui mène à la perfection, mais quelquefois les Japonais ne sont pas toujours très bons côté ventes et marketing. J’espère quant à moi pouvoir soutenir ces traditions et devenir un porte-parole. » Distribué exclusivement en dehors du Japon, l’idée étant d’accompagner l’industrie locale sans la concurrencer, le saké « N » a fait l’objet d’une production très confidentielle de 800 bouteilles, dont 100 sont réservées au marché français (au prix conseillé de 1 300 €).

Bouteilles particulières

Un nouveau site vient de voir le jour dont le propos est de mutualiser les trésors cachés dans les caves des particuliers. Cette plateforme communautaire lancée par Stéphane Deubel (société Wine Project), qui référence déjà plus de 400 annonces, a pour ambition d’offrir aux passionnés de vins la possibilité d’enrichir leur collection, notamment dans les grandes appellations « aujourd’hui souvent introuvables ailleurs que dans les caves de particuliers. » Anonyme et sécurisé, le site cavacave.fr permet une prise de contact facile entre les amateurs et les vendeurs « ayant acquis ou hérité de bouteilles qu’ils souhaitent aujourd’hui céder pour des raisons d’espace, de valeur ou de goût. » Interactive, cette plateforme qui voit de nouvelles fonctionnalités communautaires apparaître régulièrement devrait également devenir une mine d’informations sur le vin, chacun pouvant l’enrichir de ses connaissances sur les appellations, cépages, domaines ou encore millésimes.

« Le choix délibéré et éthique d’une licence Creative Commons (licence utilisée par Wikipedia facilitant le partage et la réutilisation des contenus) souligne cette ambition de partage et d’humanité si proche des valeurs du vin. Le désir de Cavacave aujourd’hui est de rassembler le plus grand nombre de flaconneurs et ce à une dimension internationale. » Tout membre créant un profil devient en effet un “flaconneur”, terme qui désigne ici quelqu’un qui apprécie le vin. Le catalogue de ce site d’achat-vente de vins de particulier à particulier représente l’ensemble des régions viticoles françaises, en attendant que les grandes appellations étrangères y trouvent leur place. Différents services (stockage, livraison, estimation), un calendrier d’enchères et des soirées de dégustation sont également au programme de ce nouveau projet autour du vin primé lors du Concours régional de création d’entreprise organisé par la Bred Banque Populaire et la Chambre de commerce et d’industrie de la région Ile de France.

Le jeu du sommelier

Meilleur jeune sommelier de France en 1984, meilleur sommelier de France en 1988, puis meilleur sommelier du monde en 1992, à Rio de Janeiro, Philippe Faure-Brac, qui dirige le parisien Bistrot du Sommelier, propose aux amateurs un jeu de société sur le thème du vin disponible dès aujourd’hui
en librairie. Région après région, appellation après appellation, de cartes « questions » en cartes « surprises », ce parcours ludique au travers des vignobles français a pour objet l’acquisition de bouteilles afin de se constituer une cave.

Vinitour, le jeu des vins de France. Editions du Chêne, 35€

Le dîner solidaire de Nicolas Feuillatte

Après le succès des deux premières éditions, le Centre Vinicole-Champagne Nicolas Feuillatte (CV-CNF) organise ce mardi 4 novembre son troisième dîner de gala au profit de la Banque alimentaire de la Marne. Après les chefs Arnaud Lallement (L’Assiette Champenoise) et Dominique Giraudeau (Le Grand Cerf), c’est le vainqueur de la quatrième saison d’un célèbre concours culinaire télévisé qui officiera aux fourneaux du centre vinicole. « Fidèle à son positionnement de découvreur de talents, le CV-CNF a décidé cette année de faire confiance au talent de Marc Boissieux, jeune chef prometteur, révélé par l’émission de TF1 MasterChef. » Sacré meilleur cuisinier amateur de France en 2013, l’ancien infirmier désormais formé à la gastronomie sera épaulé pour l’occasion par la brigade du traiteur rémois Dugourd (en lire plus ici). Les bénéfices de cette soirée caritative seront reversés à la Banque alimentaire de la Marne que le Champagne Nicolas Feuillatte soutient depuis 2009 en organisant également chaque année une collecte de denrées alimentaires. Les deux premières éditions de ce dîner de gala ont permis de récolter 28 250 €.

Les grands de demain : la Champagne – Vallée de la Marne


Les experts Bettane+Desseauve ont sélectionné dans chaque vignoble de France les producteurs
qui leur paraissent avoir le potentiel de s’affirmer au plus haut niveau de leur appellation.


Cinquième étape de ce Tour de France de l’avenir, la Champagne – Vallée de la Marne

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suivre

Crédits photo d’ouverture : http://www.excel-automobiles-brest.fr/septembre-la-naissance-du-champagne

Ils nous aiment tant…

Deux heures d’attente à l’aéroport de Narita, au Japon, juste ce qu’il faut pour coucher sur le disque dur de mon ordinateur les réflexions qui me viennent à l’esprit au milieu de cette « tournée » asiatique qui nous mène, Michel Bettane et moi, de Tokyo à Shanghai puis de Shanghai à Hong Kong. La première impression est toujours la même. Quel fossé entre la perception qu’ont de la France les Asiatiques que nous rencontrons – Japonais comme Chinois, pour une fois d’accord – et celle que nous avons de nous-même. On parle souvent de french bashing pour évoquer le traitement à notre égard de certains de nos voisins européens. De fait, avant même nos amis anglais, les Français sont les champions du french bashing. En Asie, c’est au contraire de french loving dont il faudrait parler. Je suis toujours aussi épaté par la cote d’amour dont nous jouissons ici – ou plutôt là-bas pour vous – et plus encore par le fait que nous avons fait si peu pour la mériter. Si peu. En fait, sans nous en apercevoir, nous avons, générations après générations, créé un cadre de vie que cette partie du monde sinon nous envie, du moins idéalise.
Ce cadre de vie et je parle volontairement de cadre et non d’art de vivre (je trouve que le plus fort là-dedans est que 99,9 % des Français ne sont pas des artistes), on le connait bien, surtout vous et moi, un peu plus hédonistes que la majorité. C’est notre façon bien particulière d’avoir tous nos ports d’attache si indubitablement attachants, ce sont ces « repas à la française » qui n’ont pas attendu l’Unesco pour faire partie de notre ADN, ce sont évidemment les belles étiquettes qui dorment dans un coin de l’appartement pour les plus jeunes et dans cette cave soignée comme un jardin – avec gravier et arrosoir pour contrôler l’hygrométrie – pour les plus maniaques. Ce sont la Touh oieffel, wobushon et Mouton Wotchailde. Mais je sais bien que, revenu en France, au lieu de célébrer la Tour Eiffel, Robuchon et Mouton-Rothschild, on me bassinera avec la désindustrialisation, le suicide français et la déconfiture du PS (1).
D’accord, dans notre beau pays d’ingénieurs et de politiques, on rêve toujours d’une France qui serait un assemblage de l’Angleterre de la Révolution industrielle, couverte d’usines et de hauts-fourneaux, de la France de la Révolution avec un zeste des États-Unis de Roosevelt, montrant au monde la marche à suivre sans pour autant trop abreuver nos sillons d’un sang impur et le Brésil de Pelé, histoire d’écraser Allemands et Anglais au foot. Ben non. Contentons-nous de nos atouts, ils sont immenses. Les USA ont-ils honte d’Hollywood ? Faire des films de super-héros n’est tout de même pas moins anecdotique que produire de très bons vins. Et pourtant les deux font rêver le monde. Puissent les Français, leurs politiciens, leurs médias, vous et moi, en prendre conscience, en tirer fierté et idées pour entreprendre et, au final, faire avancer le pays plus sûrement que tous les pactes de simplification et les chocs de compétitivité qui ne sauraient tarder à être mis en place.

(1)Faut-il réindustrialiser la France ? (Challenges n°407, p. 44), Le phénomène Eric Zemmour (Match n°3415, p. 86) et Feu sur le quartier général du PS (l’Obs n°2608, p. 58) Oui, j’ai eu le temps de lire la presse…