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Champagne à l’eau, la suite


La sortie d’eau des bouteilles de champagne Drappier ayant été avancée d’une semaine, Michel Drappier n’était pas là (mais à Hong Kong, pour Vinexpo). Sa femme Sylvie, son fils Antoine et Christophe Leroux, ambassadeur de la Maison Drappier en Bretagne, étaient présents aux côtés de Yannick Heude, président de l’association « Immersion » qui étudie l’évolution des vins en milieu marin. Après un séjour d’un an par 15 mètres de fond, à une température de 9 à 10°C, les 600 bouteilles de Drappier Brut Nature zéro dosage et 60 de Grande Sendrée 2005 ont été remontées à la surface.

C’est sur cette dernière cuvée qu’ont porté les premières dégustations comparatives entre le champagne qui a vieilli sous la mer et celui élevé plus traditionnellement dans les caves de la Maison Drappier. Le champagne immergé présente une couleur plus foncée, plus jaune et une effervescence moins vive, ce qui semble accréditer l’idée que l’immersion accélère le processus d’évolution. Michel Drappier estime qu’il faut attendre que le vin se repose pendant un ou deux ans pour que la différence soit plus significative. Affaire à suivre, donc.

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P2, la nouvelle Œnothèque de Dom Pérignon

C’était un matin ordinaire au bureau. Un visiteur s’annonce, c’est Richard Geoffroy accompagné d’une paire de bouteilles sans étiquette. Michel Bettane l’attend. Il est question de découvrir les 1998 « P2 » de Dom Pérignon. P2, c’est le nouveau nom de la gamme Œnothèque de Dom Pérignon. Des vins restés en bouteilles dans les caves de Dom Pérignon, conservés sur pointe, dégorgés il y a peu et très faiblement dosés. C’est une expression différente de Dom Pérignon, une manière de nouvelle naissance. P2 signifie « Deuxième plénitude » ou « Plénitude deuxième » comme il est indiqué sur la collerette. Voilà les commentaires de dégustation de Michel Bettane :

« On est bien dans le moment ou apparaissent des arômes d’agrumes, de citron, de noisette. On est exactement à la bascule entre la mémoire de la jeunesse du vin et le début des arômes de grillé qu’aiment tant les Anglais. Pour l’instant, c’est la part blanche de l’assemblage qui domine, le chardonnay. Ce vin est très peu dosé. »

« L’intérêt d’aller chercher cette deuxième plénitude est d’y comprendre les qualités de la jeunesse du vin. À ce stade de son évolution, il est universel. Il est encore à sa place à l’apéritif et déjà il est légitime à table. Il dispose de toute la gamme aromatique qui convient. »

« Il faut conserver cette bouteille. Elle est sur le seuil du P2, entre l’adolescence et l’âge adulte. Dans trois ans, elle sera de plain-pied dans sa deuxième plénitude. »

Regardez ce film fait par les équipes de Dom Pérignon. Vous allez voir, c’est Richard Geoffroy qui en parle le mieux.

Nicolas de Rouyn

1247 climats, et moi, et moi, et moi

L’œuvre collective destinée à soutenir la candidature des climats du vignoble bourguignon à l’Unesco a été réalisée en public les 31 mai et 1er juin derniers, ponctuant les neuf jours de mobilisation et d’animations de la Semaine des Climats. 1 500 personnes ont participé à cette grande opération qui a permis de réaliser de monumentales fresques de portraits. Chacune de ces photos, envoyées par internet ou réalisée sur place, a permis de représenter un climat. Parce que, comme l’a souligné Aubert de Villaine, « chaque climat a sa propre personnalité, son nom, son histoire, son goût et sa place dans la famille des appellations d’origine contrôlées. Les climats sont l’expression de l’universel et de la foisonnante richesse de la condition humaine. » A Dijon (voir ci-dessous), place de la Libération, c’est la Côte de Nuits qui a été «dessinée», avec ses grands crus en vert foncé, ses premiers crus en vert clair et ses villages en jaune. A Beaune (photo ci-dessus), place de la Halle, la Côte de Beaune s’est déroulée aux pieds des Hospices. Toutes les photos de ces journées sont ici.

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Madame la présidente

Créé en 2009 à l’initiative des ministres chargés du tourisme et de l’agriculture, le Conseil supérieur de l’œnotourisme a pour missions de contribuer à la coordination des instances concernées par l’œnotourisme et d’élaborer des propositions en terme de politique œnotouristique. Il est également associé à la mise en œuvre du Prix national de l’œnotourisme et au processus de sélection des candidatures du label Vignobles & Découvertes*. Depuis sa création, cette instance de réflexion, association (loi 1901) fédérant les acteurs de la viticulture et du tourisme, était dirigée par Paul Dubrule. C’est sur sa proposition que le Conseil supérieur de l’œnotourisme a élu à l’unanimité sa nouvelle présidente, Florence Cathiard. Paul Dubrule est devenu président-fondateur, et les fonctions de secrétaire général sont toujours exercées par Christian Mantei, directeur général d’Atout France.

Ancienne skieuse de haut niveau, membre de l’équipe de France de ski alpin à la fin des années 1960, Florence Cathiard a d’abord dirigé avec son mari, également skieur, les magasins Genty et Go Sport, avant de lancer sa propre affaire de publicité. En 1985, elle rejoint le groupe McCann en tant que vice-présidente Europe. Le vin fait officiellement son entrée dans la vie des Cathiard en 1989, quand Daniel et Florence revendent leurs sociétés pour racheter le grand cru classé de Graves Château Smith Haut Lafitte. Deux ans de travaux, dans les bâtiments d’exploitation comme dans la chartreuse datant du XVIIIe, précèdent leur installation définitive dans les vignes, une passion à laquelle ils consacreront désormais toute leur énergie. Pendant que leurs vins, rouges et blancs, reviennent sur le devant de la scène – le millésime 2009 du premier vin obtient un 100/100 de Robert Parker, les Cathiard poursuivent leurs acquisitions (Cantelys, Le Thil) et font leurs débuts dans l’œnotourisme.

Le point de départ, c’est le développement d’une ligne de produits de beauté issus de pépins de raisin. Dirigée par l’ainée des filles Cathiard, Mathilde, la marque Caudalie s’incarne dans un complexe œnotouristique unique en son genre, luxueux hôtel spa dédié à la vinothérapie dont s’occupe la cadette, Alice. Les Sources de Caudalie a depuis son pendant en région parisienne, Les Etangs de Corot et à Chamonix (Les granges d’en haut). Ce retour à la montagne, toute première passion, ferme la boucle des succès. Membre du Conseil de modération et de prévention contre l’alcoolisme entre 2006 et 2009, Florence Cathiard est aujourd’hui membre de l’Union des grands crus et vice-chancelière de l’Académie du vin de Bordeaux. Distinguée en 2000 en tant que Leading Woman Entrepreneur of the World, elle est également Chevalier de l’ordre national du Mérite des Arts et Lettres et du Mérite agricole et nominée en 2014 au titre de Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur.


* vignobles&découvertes Attribué pour une durée de 3 ans, ce label distingue les destinations viticoles à vocation touristique proposant une offre complète et de qualité, faite de produits multiples et complémentaires (hébergement, restauration, visite de cave et dégustation, musée, événement, etc.) permettant aux visiteurs de planifier facilement leur séjour dans le vignoble. A ce jour 39 destinations sont labellisées en France.

Dégustation ensoleillée


Hasard du calendrier, demain soir on oublie un peu le vent, la pluie et la grêle pour s’attarder avec la maison Legrand Filles et Fils sur les vins issus des terroirs de Corse, de Sicile, de Grèce et de Sardaigne. Cette “dégustation du mardi” dédiée aux vignobles insulaires sera animée par Jean-Emmanuel Simond et débutera à 20 heures. 90 € par personne, réservation ici.

Fleurs de courgettes crues farcies de ricotta et tartare de tomates aux anchois marinés
Grotte di Sole blanc 2012 Antoine Arena
IGT Toscana Cicala del Giglio bianco 2009 Testamatta
Clos Stegasta blanc 2009 T-Oinos
Grillo 2012 blanc Firriato
IGT Sicilia Rami 2012 COS
IGT Sicilia Zibibbo bianco 2011 Azienda Serragghia

Gigot d’agneau rôti aux aromates accompagné de légumes du soleil grillés
YL rouge 2011 Yves Leccia
IGT Sicilia Pithos rosso 2011
Faro Obli 2010 Enza la Fauci 
IGT Sicilia 2010 Passopisciaro
IGT Sicilia Chiappemacine 2010 Passopisciaro

Blanc manger vanillé et segments d’agrumes frais
Muscat du Cap corse 2012 Antoine Arena
Carole Bouquet Sangue d’Oro Passito di Pantelleria 2009

Château Potensac 2013, une priorité pour l'amateur

Planté sur les meilleurs sols d’Ordonnac en plein Médoc, le château Potensac est déjà mentionné dans la première édition du Féret pour la longévité de ses vins. Il s’est transmis par les femmes et l’actuel propriétaire, Jean-Hubert Delon, l’homme de Léoville-Las-Cases, le tient de sa grand-mère paternelle, Georgette Liquard.
Le terroir s’étend sur des buttes à sous-sol calcaire recouvert de croupes argilo-graveleuses, il ressemble comme deux gouttes de cabernet-sauvignon à celui de Saint-Estèphe. Les vignes du grand vin se situent sur un double talweg argilo-graveleux, à l’ouest de la commune d’Ordonnac. Créé en 2002, le second vin, chapelle-de-potensac, est produit à partir des vignes situées sur un terroir de petites graves et de sables argileux situées de part et d’autre du vignoble historique.
Depuis la fin du siècle passé, les investissements se sont multipliés à Potensac et les millésimes s’enchaînent avec une régularité sans faille. Sur une année aussi difficile que 2013, Potensac sonne un grand coup avec une chapelle rayonnante. Son fruité charmeur dès le premier nez ouvre sur une belle expression de fruits rouges nuancée de poivre. La bouche offre un tannin souple qui s’étire avec élégance. Ce second vin est l’un des mieux constitués malgré sa courte histoire, il reflète le travail de titan effectué par toute l’équipe technique. Cela augure parfaitement du château-potensac qui coule avec grâce, son carillon résonne harmonieusement, il rend l’instant paisible ; les saveurs sont en parfait équilibre, le corps est à la fois élégant et puissant, l’ensemble se fond dans un toucher de tannin velouté, la bouche se révèle séduisante avec une belle assise et une énergie épicée en finale qui apporte une profondeur bien calibrée. On est là sur l’un des vins du millésime et son rapport qualité/prix constitue une priorité pour l’amateur, à moins de 15 euros. Il convient de réserver en magnum, tout en faisant ses dévotions à la bouteille de chapelle.

Denis Hervier

La bouteille noire d’Angélus

Notre cher Hubert de Boüard a décidé de faire fort, une fois de plus. Voilà qu’il embouteille son très joli 2012 dans une bouteille noire avec une typo appliquée à même le verre à la façon d’un émail et couverte d’or 21,7 carats. Cet habillage d’un seul millésime devrait faire un tabac sur les marchés.
Deux raisons.
D’abord, sa fille Stéphanie qui faisait carrière dans…lire la suite.

Gouez & Alleno & Le &

C’est une affaire d’accords-mets & vins, d’accords chef & chef, une histoire d’hommes qui cherchent.
Pour donner toute sa dimension à son millésime 2006, Benoît Gouez, chef de caves de Moët & Chandon a fait alliance avec Yannick Alleno, chef étoilé. L’idée est d’appliquer des idées nouvelles à le cuisine et, particulièrement, aux sauces. Pour donner à leur travail une image palpable, ils ont créé Le &, espace gastronomique éphémère, parcours sensoriel unique dans l’orangerie de l’hôtel Moët à Épernay. L’interview filmée montre deux hommes habités par leur sujet. Ils ont quelque chose à nous dire, écoutons-les.

Qu'est-ce qu'on fait ce week-end ?

Balades dans les vignes
Le Comité des vignerons de Vinsobres (Drôme), le Comité des fêtes et l’Office de tourisme organisent dimanche une randonnée de 9 kilomètres dans les coteaux viticoles et les champs d’oliviers et de lavande de l’appellation. Le village et son prieuré du XIIe siècle (en photo ci-dessus) seront évidemment à l’honneur, comme les points de vue sur les massifs environnants. Plusieurs étapes gourmandes sont prévues. Adultes : 25 €, enfants de 6 à 12 ans :15 €. Réservation au 04 75 27 36 63.

Au cœur du terroir des Dentelles de Montmirail, la cave de Gigondas propose elle aussi un parcours pédestre, en compagnie d’un vigneron. Départ à 9 h 30 ce dimanche. Le déjeuner sera servi dans les vignes, charcuterie, fromages et vins de la Cave. Cette randonnée sera à nouveau au programme les mercredi 9 juillet, samedi 13 septembre et samedi 11 octobre. Adultes : 25 €, enfants jusqu’à 12 ans : 12 €. Réservation au 04 90 65 83 78.


Le très grand pique-nique

Samedi, dimanche et lundi, dans près de 400 domaines viticoles français (c’est-à-dire 10 000 hectares), se tiendra l’édition 2014 de l’opération « Pique-nique chez le Vigneron Indépendant » (pour savoir ce qui caractérise ces vignerons indépendant, vous pouvez lire leur charte ici). C’est la 4e fois qu’est organisée cette rencontre entre vignerons et visiteurs venus de la région ou d’ailleurs, dont le principe est simple. Venez en amoureux, en famille, entre amis ou tout ça à la fois, avec votre pique-nique. Le vigneron vous proposera une dégustation gratuite et commentée de son vin. Randonnées dans les vignes, jeux de pistes, défilés de voitures anciennes, concerts ou encore balades en calèche sont également au programme de ces journées. Pour choisir le domaine que vous souhaitez découvrir, c’est .

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250 ans, et toujours aussi verte
En 1764, Frère Antoine, chartreux à la Grande Chartreuse, met la touche finale à une composition jamais pensée en matière d’arômes (130 plantes venues du monde entier), extrapolation de la recette de l’Elixir de longue vie, né à la Chartreuse de Vauvert à Paris en 1605. Sans le savoir, il crée un classique qui fête cette année ses 250 ans. Jusqu’au 31 décembre, la distillerie et les caves de Voiron (Isère) accueillent une exposition qui met en scène la trilogie « couleur, parfum, goût » qui caractérise la Chartreuse Verte et propose aux visiteurs une plongée dans l’actualité de la liqueur, en France et dans le monde. Sommeliers, cuisiniers, étoilés, barmen branchés, mais aussi épiciers, collectionneurs, professeurs, chanteurs et autres passionnés, tous témoignent de son rayonnement planétaire. Un site interactif dédié à cet anniversaire a également été conçu pour permettre aux amateurs du monde entier de se promener dans l’univers de la Chartreuse, et de l’enrichir de leur témoignage. 


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Les rosés du week-end

RolandGarros2014 Les aficionados de tennis vont sans doute peu profiter du soleil en ce week-end de finales à Roland-Garros. Pour compenser, ils pourront découvrir le rosé de Provence que le traiteur Potel & Chabot a choisi de servir durant le tournoi au très sélect Club des Loges. Chacun peut en effet commander ici le rosé Prestige de Château d’Ollières. Avec le code “tennis2014”, jusqu’à dimanche, la sixième bouteille est offerte.

A Nîmes, les bodegas s’installent pour la Féria de Pentecôte. Parmi elles, la Bodega des Costières proposera à la dégustation tout le week-end (de jeudi à dimanche) les vins du château Saint-Louis La Perdrix. Situé sur le plateau du vignoble des Costières de Nîmes, à l’extrémité sud de la Vallée du Rhône, ce domaine s’étend sur 50 hectaresde vignes et 7 hectares d’oliviers. Son terroir, proche de celui de Châteauneuf-du-Pape, allie un sol composé de galets roulés, qui permet de garder la chaleur nécessaire à la maturité des raisins, un sous-sol rouge argilo-calcaire, et un climat à la fois ensoleillé et venteux. Plus d’infos ici.
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Bordeaux vu de haut

Le bar éphémère situé sur le toit du Grand hôtel de Bordeaux vient de rouvrir ses portes pour la belle saison. Au programme de l’été, des soirées à thème tous les jeudis soirs, Ladies night le mardi et toujours une vue à 360° sur Bordeaux. Pendant la Coupe du monde de football, le bar Bordeaux Night Beach arborera les couleurs du Brésil et proposera des cocktails fruités sur des rythmes de samba. Signalons aussi que le Grand hôtel de Bordeaux & Spa a conçu une offre spéciale pour Bordeaux fête le vin, qui se tiendra fin juin. Plus de renseignements ici.

Caves coopératives, de la défense à l’attaque

Le mouvement coopératif a été conçu pour assurer la protection des vignerons étranglés par le négoce. Très vite, les pouvoirs publics se sont aperçus des multiples vertus sociales et économiques d’un tel socle. Pour l’amateur de vin, pour le consommateur, c’était moins clair. Les caves coopératives ont longtemps été le Triangle des Bermudes de la production viticole française. Un passage quasi obligé dans tous les vignobles – le secteur représente plus de la moitié de la production de vins, hors cognac (1) – qui s’est longtemps traduit pour l’amateur par une kyrielle de vins anonymes et interchangeables, fonds de rayon inépuisables de toutes les grandes surfaces de France et d’ailleurs, réservoir gigantesque de vins sans autre qualité que celle d’être là à un tarif bas et, parfois même, très bas. L’ambition n’était pas qualitative, le principe étant de rendre d’abord service au coopérateur. Cette offre, de moins en moins adaptée aux envies de consommateurs qui versent désormais dans le moins-mais-mieux, n’a pas manqué de provoquer depuis vingt ans une réflexion importante des intéressés, mais aussi du secteur bancaire (avec, en particulier, le Crédit agricole, partenaire historique du secteur) et des pouvoirs publics locaux, tant le tissu coopératif joue un rôle essentiel dans l’aménagement de territoires souvent menacés de désertification.

La plus spectaculaire conséquence de cette prise de conscience fut la saga du Val d’Orbieu, groupe coopératif languedocien agrégeant aussi des vignerons indépendants qui connut un développement exponentiel au tournant du millénaire, allant même jusqu’à posséder plusieurs crus classés bordelais, avant de voir l’ambitieuse armada réduire sérieusement la voilure cinq ans plus tard. Ce rêve d’intégration verticale, de l’humble travail de la vigne à la conquête des marchés de la planète, a vécu et Val d’Orbieu repart aujourd’hui sur d’autres bases, plus attentives aux demandes du marché qu’à la création d’un empire. Et aujourd’hui, après l’euphorie rêvée d’une coopération transformée en tycoon viticole apparaissent plusieurs modèles plus modestes, mais plus pragmatiques et surtout offrant aux amateurs de vins un gisement inédit de savoureuses pépites.

Certaines coopératives ont, souvent depuis longtemps, eu l’intelligence de comprendre que leur poids régional devait s’accompagner d’un rôle moteur en matière de qualité de production. C’est le cas par exemple de La Chablisienne dans l’Yonne, de la Cave de Tain en crozes-hermitage et en hermitage, Les Vignerons de Caractère à Vacqueyras ou leurs voisins de Beaumes-de-Venise, Buzet dans le Sud-Ouest ont su élever leur niveau d’exigence. Le précurseur en la matière fut incontestablement la cave gasconne de Saint-Mont qui sut créer dans son village gersois une étonnante dynamique autour de sa marque Plaimont et d’une promesse tenue, celle de réaliser des vins francs, savoureux, bon marché et authentiques. Cette stratégie a inspiré celle de Marrenon, marque emblème d’un groupe de coopératives du Lubéron qui, sous la précise impulsion du président Jean-Louis Piton et de son directeur général Philippe Tolleret, produit des vins conjuguant modernité dans leur conception et authenticité de ces terroirs au potentiel longtemps méconnu.

Ce grand retournement s’est souvent fait au prix d’une sérieuse mise au pas de leurs propres vignerons : « Nous avons un tarif-sanction. Le coopérateur qui n’aligne pas sa production sur le cahier des charges de la coopérative est rémunéré 10 centimes d’euro le kilo de raisin. Forcément, notre standard de discipline incite à monter en qualité. Mais rassurez-vous, nous avons très peu de volume à ce prix-là. » explique Jean-Louis Piton qui a dû, dans le même temps, reconsidérer l’encadrement et engager des « gens qui ont la passion du vin autant qu’ils ont la fibre gestionnaire », mais pas seulement. Comme tous les patrons de coopératives un tantinet visionnaires, il lui a fallu résister aux sirènes de Bruxelles et engager tout un processus d’amélioration : « Ce n’était pas simple d’expliquer aux vignerons que nous refusions les primes d’arrachage. Nous avons conservé nos vieux grenaches et, peu à peu, en maîtrisant de mieux en mieux les rendements, nous sommes parvenus à faire de bien meilleurs vins. »

Mais la coopération a aussi compris qu’elle pouvait se spécialiser dans la production, laissant la formalisation des produits et la conquête des marchés à d’autres professionnels. C’est le sens de nombreux partenariats bâtis entre des négociants puissants et des caves, notamment en Languedoc-Roussillon. Le groupe Jeanjean, par exemple, suit et commercialise la production de quelques très bonnes caves. De la même façon, le groupe Grands Chais de France, d’origine alsacienne, s’est lié avec la cave de Saint-Jean de Minervois, fameuse pour de merveilleux muscats qui méritent de séduire un nouveau public d’amateurs ou celles de Cases de Pène, au cœur du Roussillon, où le travail d’orfèvre d’une équipe de vignerons passionnés assistée par Jeff Carel, un œnologue itinérant ultra doué, donne aujourd’hui des résultats de haut niveau à des prix formidablement doux, preuve que l’impossible équation est… possible. Même si le principe de base de la coopération est d’assurer un revenu décent à des dizaines de milliers de coopérateurs, les leaders du mouvement savent bien que le chemin sera long et qu’il ne sera parcouru qu’avec l’adhésion de consommateurs séduits. Ils savent aussi que le prix est un élément majeur de la séduction, mais déjà la fourchette 5 – 8 euros est investie et il n’est plus rare de trouver dans les gammes des vins qui dépassent les 20 euros la bouteille.

Sans tambour, ni trompette, le mouvement coopérateur sort du bois. Mais pas sans marketing. Chez Marrenon, ils sortent cette année un rosé d’une belle finesse, donc baptisé Roséfine. Osez, osez…

Thierry Desseauve

(1) Source France AgriMer