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[Vite vu, vite bu] Comte Henry d’Assay, pouilly-fumé et sancerre 2020 (épisode 2)

On adore son caractère minéral malgré cette tension un rien austère, typique des pouilly-fumé dans leur jeunesse, qui ferme l’expression d’un fruité mûr entre notes florales et saveurs miellées. Excellent, il faut prendre le temps de la garder en cave au moins deux à trois ans. Salinité indéniable.

Note Bettane+Desseauve : 92/100

Pour vous faire profiter de nos sélections et de nos coups de cœur,
Bettane+Desseauve et son partenaire WineSitting proposent aux lecteurs d’En Magnum

un tarif préférentiel direct producteur15,30 euros au lieu de 16,99 euros

Sancerre cristallin comme de l’eau de roche, tendu à souhait, ultra sapide, marqué par cette dimension pierreuse et minérale. Comme toujours, le fruit est parfaitement respecté et traduit une connaissance intime du vivificateur avec le cépage et le terroir. Taillé pour la garde et la gastronomie.

Note Bettane+Desseauve : 93/100

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Le mondovino de la semaine #154 tourne à fond

La Tour en Balade • Maître caviste • Le vin au secours des oiseaux • Lynch-Bages historique • Un vintage 2015 d’une grande finesse • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble


La Tour en Balade

Le samedi 30 avril, après un dernier service, le restaurant de la Tour d’Argent, table parisienne incontournable fermera ses portes pour un chantier de plusieurs mois.  Une rénovation historique pour l’institution, plus longue et plus complète que celle entreprise en 1936 et qui avait installé son restaurant au sixième étage pour bénéficier de l’une des plus belles vues de Paris. C’est à l’architecte Franklin Azzi que revient ce projet d’inscrire la Tour d’Argent dans le XXIe siècle, en s’inspirant de la richesse de son héritage et en conservant les repères qui font sa renommée, comme sa cave à vins. Pendant les travaux, « La Tour part en balade », explique Yannick Branchereau, directeur général du groupe Tour d’Argent. « C’est une envie simple : continuer à faire vivre La Tour d’Argent pendant les travaux et permettre ainsi à ses clients de vivre l’expérience hors de ses murs. Ainsi, la Tour déplace ses équipes, transporte ses savoir-faire, fait voyager son art de recevoir et fait vivre la cuisine d’exception de son Chef Yannick Franques dans des lieux emblématiques en recréant des expériences hors du commun. » L’occasion de vivre l’expérience Tour d’Argent en dehors de son cadre mythique.
Réservations sur tourdargent.com

Maître caviste

36 cavistes indépendants sont officiellement « maître caviste », titre officiel crée par la Fédération des cavistes indépendantsq (FCI) qui vise à valoriser cette belle profession. Sept conditions sont requises pour prétendre à ce titre : ancienneté, connaissances, formation, transmission, sélection proposée, rencontres régulières des fournisseurs, visite du vignoble, représentation d’une bonne image de la profession. Cinq cavistes ont récemment reçu ce titre. « Maître Caviste est une reconnaissance de mes pairs et une confirmation de mon travail », explique Alexis Zaouk (La Cave d’Alex). « Le métier de caviste a bien évolué, je me régale avec cet héritage de trois générations pour créer un futur », souligne Aude Legrand (Chemin des Vignes, Boutique Yves Legrand).
Plus d’informations sur cavistes.org

Le vin au secours des oiseaux

Partenaire depuis six ans de la Ligue pour la protection des oiseaux, le domaine Laroche a mis en place un programme d’installation de nichoirs dans des parcelles préservées d’une activité humaine soutenue, notamment celles situées dans la vallée des Vaudevey en appellation chablis-villages. Entourées de bois, le domaine y a instauré un programme en faveur de la Chevêche d’Athéna. Cette espèce de chouette vivait autrefois dans la région et contribuait à l’équilibre écologique des lieux. Son retour sera bénéfique pour protéger les vignes des petits nuisibles. Pour célébrer ces six années de partenariat, le domaine a créé un coffret nichoir pour accompagner ses vins. Ce coffret nichoir a été conçu tout particulièrement pour les mésanges, habutuées des jardins et balcons de France et d’Europe.
Coffret nichoir et chablis-saint-martin, 25 euros sur boutique.larochewines.com

Lynch-Bages historique

Sotheby’s célèbre l’inauguration des nouveaux chais de Lynch-Bages avec une vente historique de vins en provenance directe du château. Essentiellement composée de vins du château et de quelques expériences exclusives, la vente propose aussi une sélection de bouteilles en provenance des autres domaines de la famille Cazes : château Haut-Batailley (Pauillac), château Ormes de Pez (Saint-Estèphe), domaine des Sénéchaux (Châteauneuf-du-Pape), domaine de L’Ostal (La Livinière) et Roquette & Cazes (Douro, Portugal). L’ouverture en ligne de la vente aux enchères intitulée Four Centuries Of Progress. A Celebration of Lynch-Bages. Direct From The Château aura lieu le 11 mars et s’achèvera par une session en salle à Londres le 25 mars.
Plus d’informations sur sothebys.com

Dans le verre


Un vintage 2015 d’une grande finesse

Ce vintage 2015 représente l’identité de Pol Roger. Il est uniquement produit les millésimes où les conditions climatiques permettent d’obtenir des raisins de grande maturité. C’est la volonté et le principe établi en 1849 par le fondateur de cette belle maison familiale et toujours suivi par la 5e génération. Ce millésime est placé sous le signe de la délicatesse, la finesse, la plénitude, la tension, l’élégance. Un grand champagne comme on les aime.
Pol Roger, Vintage 2015, 70 euros sur polroger.com

Le Blanc des Millénaires 2007 vient de sortir

Charles Heidsieck sort enfin son Blanc des Millénaires 2007, une cuvée légendaire dont voici le septième millésime. Sept seulement en près de quarante ans, c’est dire le niveau d’exigence des chefs de caves qui se sont succédé au fond des crayères de la maison. Premier millésime 1983, puis 1985, 1990, le mythique 1995, 2004 et 2006. Et c’est tout. Et ce 2007 qui arrive aujourd’hui sur les marchés aura patienté près de quinze ans. Et il y en a pour se demander si le champagne peut vieillir. Non seulement il le peut, mais il le fait et celui-ci a un potentiel de garde du double. Au moins.

Mais pourquoi le 1995 est-il à ce point mythique ? Il y a quelques mois, j’ai raconté « La folle histoire d’un champagne de légende » dans le supplément Vin de Paris-Match. La voici reproduite ici pour ceux qui ne lisent pas Paris-Match. En bonus, la fin de l’histoire.

Des centaines de milliers de bouteilles de champagnes, un trésor dissimulé pendant des années par un chef de cave passionné et amoureux du vin qu’il tenait cette année-là. C’est la légende folle du Blanc des millénaires 1995, le grand champagne de Charles Heidsieck. Une histoire impossible aujourd’hui

Que s’est-il passé ?

Daniel Thibault, le chef de cave, a décidé seul de mettre en bouteilles le Blanc des millénaires 1995 sans tenir compte de la demande de sa direction. La maison en voulait 180 000 flacons. Il en a tiré de deux à cinq fois plus, selon les diverses sources qui ont bien voulu s’exprimer. La direction actuelle évoque 400 000 bouteilles, certains cadres qui ont quitté la maison parlent d’un million. La vérité se situe sans doute entre ces deux chiffres.

Pourquoi ?
Notre homme venait d’élaborer les différents champagnes Charles Heidsieck et il est tombé fou amoureux de son grand vin, le Blanc des millénaires, la cuvée de prestige de la maison. À ses yeux, c’était une raison bien suffisante. Il va embouteiller tout ce qu’il peut de ce millésime pour en faire son grand œuvre. Il a dissimulé cette montagne de bouteilles dans la crayère 21, une cave gallo-romaine en forme de cône taillé dans la craie, de 25 mètres de haut. Charles Heidsieck en possède 47 sur la colline Saint-Nicaise à Reims. Un domaine souterrain fabuleux (qui se visite).

Comment est-ce possible ?
On est en janvier 1996, les balbutiements de l’informatique de gestion. On peut penser que ces vénérables maisons rémoises n’étaient pas, alors, au sommet de la technologie numérique. Le lien entre les caves et la gestion de l’entreprise était sans doute assez distendu pour que Daniel Thibault puisse faire ce qu’il veut. Il est le seul maître après Dieu des kilomètres de galeries et de crayères qui constituent les caves de la maison et, donc, son stock. On n’entre pas dans son pré carré comme on veut, même si on est le président. Un contrôleur de gestion n’aurait même pas osé demander la permission. Lui, il a juste vu passer et validé une commande de bouteilles, mettons 500 000, une paille. À l’époque, un gros quart des volumes de vente de Charles Heidsieck, c’est énorme. Mais comme une grande maison de Champagne garde ses vins en cave de trois à dix ans, on peut croire que c’est assez difficile d’évaluer les besoins en bouteilles au jour le jour. C’était Daniel Thibault qui décidait du volume total de production, et pas les services financiers, commerciaux ou marketing de la maison. En plus, les bouteilles sont stockées sans étiquette, derrière de petits panneaux, les planchots, couverts de chiffres mystérieux connus du seul chef de cave et toutes les cuvées ont la même forme de bouteille. Si on ajoute le fait que Charles Heidsieck était la propriété des cognacs Rémy Martin et que la gestion générale se faisait à 500 kilomètres des crayères de monsieur Thibault, on commence à comprendre les souplesses d’un système. Il faut aussi comprendre que le chef de cave porte sur ses épaules une responsabilité immense. Il est à la fois le garant de la qualité des vins de la maison et le gardien du style propre à cette maison. Ce qui donne une légitimité à une éventuelle rigueur, qui peut parfois tourner au despotisme.

Qui était Daniel Thibault ?
Chef de cave de Charles Heidsieck, il est mort emporté par la maladie en 2002. Son successeur, Régis Camus, raconte : « J’ai été son assistant pendant huit ans. J’étais le seul à le tutoyer. C’était un homme au caractère affirmé, c’est le moins qu’on puisse dire. Il avait le pouvoir extraordinaire que lui conférait le respect qu’il inspirait. Et il avait aussi la confiance de nos patrons. Et, donc, l’incroyable possibilité de faire ce qu’il voulait. C’est Joseph Henriot, à l’époque président de la maison, qui l’a engagé en 1974 en lui disant “Vous commencez aujourd’hui à 14 heures et vous me prenez la cave en main”. À 14 h 05, il avait viré tout le monde. Derrière les coups de gueule et la mauvaise humeur, il y avait une grande humanité. Pas forcément gentil, mais sympathique. Avec son grand manteau noir en cuir, il faisait peur, mais il savait rassembler et mener une équipe. D’ailleurs, il était assez fier qu’on le quitte pour aller dans une autre maison. À ses yeux, c’était comme une reconnaissance de son talent de formateur. » Alexandra Rendall, ex-dircom de Charles Heidsieck, précise : « C’était un type bien. Il ne changeait jamais d’avis, mais réfléchissait tout le temps. Il a décidé qu’il fallait profiter du millésime. »

Qu’est-il advenu du stock légendaire ?
La mise sur le marché a eu lieu en 2005. Dix ans de caves est la règle pour le Blanc des millénaires. Au bout de deux ou trois ans, même si les ventes marchaient bien, on avait l’impression qu’il y en avait toujours. « Il y a eu des années où pas une seule bouteille n’étaient vendue, il n’était plus question que de déstockage », précise un ancien cadre. Jusqu’à l’acquisition de la marque en 2011 par Christopher Descours. « Le nouveau propriétaire a bien redressé la marque. Aujourd’hui tout est en ordre. » Il en reste à peine quelques milliers qui font partie de la vinothèque de la maison. Elles serviront de mémoire pour les générations futures, de comparaison avec les nouveaux millésimes de la cuvée, ou encore elles seront servies lors de dégustations pour les grands clients ou la presse mondiale.

Qui possède des crayères à Reims ?
Seulement six maisons sont propriétaires de toutes les crayères de la colline Saint-Nicaise : Ruinart, Martel, Veuve-Clicquot, Taittinger, Charles Heidsieck et Vranken-Pommery.

BONUS
Après la parution de l’article, une haute figure de la maison m’a soufflé en confidence qu’il s’agissait en fait de 1 200 000 de bouteilles de ce Blanc des Millénaires 1995. Voilà le vrai chiffre. Dingue.

Le Grand Tasting Pro donne rendez-vous aux professionnels du vin le 11 avril

[Salon réservé aux professionnels du vin]

Vous êtes cavistes, sommeliers, restaurateurs, acheteurs vin, Michel Bettane et Thierry Desseauve ont le plaisir de vous inviter à la 9e édition du Grand Tasting Pro, le salon réservé aux professionnels du vin qui se déroulera le lundi 11 avril au Carreau du Temple à Paris.

Le Grand Tasting Pro, c’est..
La journée pour partir à la découverte d’une sélection de pépites, enrichir et diversifier votre offre, optimiser votre cave et répondre aux demandes de vos clients.

110 vignerons de 14 régions
Ce rendez-vous, aussi unique que convivial, vous permet de découvrir des vins sélectionnés par les experts Bettane+Desseauve. Les vignerons seront présents pour vous faire déguster leurs pépites et échanger avec vous dans un cadre idéal.

350 vins pour constituer ou renouveler votre cave
Toutes les régions, tous les prix, tout y est pour qu’en peu de temps vous ayez un panorama significatif de ce qu’il faut proposer dans votre cave et apporter à votre clientèle ce renouveau dont elle est si friande.

Pour une carte des vins TOP et PRO
Plus que jamais, Bettane+Desseauve souhaite donner à tous les bons vins la possibilité de s’exprimer et de se faire connaître. « Nous souhaitons pousser les professionnels à oser sortir des sentiers battus pour proposer une offre de vins diversifiée et de qualité pour tous les budgets. Nous avons la chance d’avoir en France un choix exceptionnel et varié de vins d’excellente qualité. Ce trésor doit être davantage proposé pour ravir les papilles de la clientèle » précise Thierry Desseauve.

Vous recherchez des pépites à un rapport prix plaisir intéressant ? On vous donne rendez-vous alors le lundi 11 avril au Grand Tasting Pro.

Dimanche 20 mars, tous à Nuits-Saint-Georges

Parmi les moments de l’année à ne pas manquer en Bourgogne, la vente des Hospices de NuitsSaint-Georges réunit les passionnés de grands vins de l’appellation. Pour la bonne cause

Rendez-vous est donné à 14 heures au clos de Vougeot pour la 61e vente des Hospices de Nuits-Saint-Georges. Similaire dans son principe à celle mondialement célèbre de Beaune, elle permet à cet hôpital-vigneron fondé vers 1270 – bien avant ceux de Beaune en 1443 – de continuer à fonctionner aujourd’hui grâce à la vente aux enchères des vins du domaine.

Douze hectares répartis essentiellement entre les crus de l’aire d’appellation nuits-saint-georges et constitués au cours des siècles par des donations. Les prix du foncier viticole raréfiant cette généreuse pratique, aucune donation n’a eu lieu depuis les années 1990.

En Magnum a dégusté quatre vins du millésime 2021 à retrouver au catalogue de cette vente. Le millésime renoue avec le classicisme bourguignon, retrouvé après les années chaudes qui se sont succédé depuis 2018. S’il s’annonçait généreux à la sortie des bourgeons, la production a été limité par le gel de printemps. La vente ne proposera d’ailleurs que 109 pièces contre 114 pour le millésime 2020, 123 en 2019 et 143 en 2018. Petite récolte donc et forte demande : les prix devraient grimper.

Domaine des Hospices de Nuits-Saint-Georges
Quatre premiers crus de Nuits-Saint-Georges à retrouver

Les Didiers 2021
Monopole du domaine, cette parcelle célèbre jouxte le climat des Saint-Georges considéré par beaucoup comme le grand cru potentiel de Nuits-Saint-Georges. Situé dans la commune de Premeaux-Prissey, les hospices y distinguent trois cuvées. Celle-ci provient de vignes plantées il y a 40 ans. Un vin exubérant en attaque qui se retend ensuite sur l’acidité naturelle du millésime. Il développe bien l’aromatique et la puissance d’un coteau exposé au sud.
94

Les Lavières 2021
Profondeur, finesse et onctuosité particulière pour ce vin typé vosne-romanée. Les deux parcelles assemblées dans cette cuvée sont proches du style de l’appellation. Grand fruit, ensemble souple et appétant dont on apprécie la fraîcheur. Élevage déjà intégré à ce stade. On apprécie la bouche franche et l’équilibre de ce joli cru.
94

Les Boudots 2021
Moins en nuances que les-lavières à ce stade, ce boudots le dépasse en complexité et en puissance avec un soupçon d’alcool supplémentaire. Style généreux, garde assurée.
95

Les Porrêts-Saint-Georges 2021
Dégusté avant la fin de la fermentation malolactique. Il provient de terroirs minéraux et cette sensation caillouteuse est bien visible. Rouge élancé, droit, en tension et racé. Une interprétation du millésime qui semble plus classique que celle livrée par les-boudots avec une sensation de chaleur moindre et davantage d’énergie.
95

La Wine School by Fabrice Sommier fête un an de bonheur

Née du confinement, cette école très spéciale aux portes de Mâcon offre un univers vinique exceptionnel

Après vingt ans de sommellerie chez Georges Blanc, « de l’autre côté de la Saône », Fabrice Sommier, Meilleur ouvrier de France 2007 et Master of Port 2010, mi-berrichon mi-solognot n’avait qu’une envie : démocratiser le vin. C’est chose faite avec l’ouverture le 15 mars 2021 de la Wine School by Fabrice Sommier qui propose des ateliers découverte, des leçons de cuisine, des visites commentées dans le Mâconnais qu’il affectionne tout particulièrement. Ce vignoble offre des « vins francs et honnêtes élaborés par des vignerons qui se battent et qui ne sont pas toujours reconnus. »

C’est en visitant cette belle demeure bourgeoise, bâtie au milieu d’un parc aux portes de la ville, que sa Wine School a pris naissance.  Le confinement l’a aidé à peaufiner sa réflexion. Il en tire une conclusion « les gens qui viennent ici pourront mettre des mots sur leurs émotions, poser autant de questions qu’ils veulent, reprendre les sujets qu’ils ont mal compris, etc. ». Dans le parc, le sommelier a planté des vignes pour se projeter dans l’avenir.

La deuxième année s’annonce sous le signe des séminaires d’entreprise qu’il compte développer avec sa compagne propriétaire de la Fabrique de Charlotte.

La Wine School reçoit déjà une pluie de compliments « Très belle expérience et l’accueil est charmant. » Le jovial et passionnant Fabrice Sommier a réussi le pari de réunir en un seul lieu tous les projets qui lui tenaient à cœur.

Par Mathilde Hulot

Légende photo : Fabrice Sommier propose des balades œnologiques limitées à 5 personnes à bord de ce British Black Cab, avec visites de vignerons et déjeuner. 

Le dernier jour du Laurent

Légende photo : C’est ça, le prochain Laurent ? Qu’on ne m’y attende pas.
(photo extraite du site Paris Society)

 

« Tout fout le camp » s’attristaient les habitués aux comptoirs des bistrots en sifflant, mélancoliques, un ballon de rouge aussi ennuyeux que les propos tenus. La nostalgie a-t-elle encore droit de cité ? Je dis oui.

J’étais la semaine dernière au Laurent, ce restaurant mythique des jardins des Champs-Élysées que je considérais, émerveillé, comme le meilleur de mon monde. C’était le dernier déjeuner, la fin d’une époque, la fin de tout. L’ambiance n’était pas venue, on pliait les gaules, on traînait les pieds, ce n’était pas d’une gaieté folle. La clientèle habituelle, un rien clairsemée ce jour triste, occupait les banquettes confortables de cette grande salle aux vastes baies vitrées qui envoient la plus belle lumière naturelle qui soit. Patrons du CAC 40, politiques, grands antiquaires de l’avenue Montaigne voisine, un entre-soi de bonne compagnie qui n’était pas la moindre des qualités du lieu. Cet endroit représentait une sorte de résumé parfait de ce que Paris pouvait être d’élégance, de simplicité chic, de mesure, de tout ce qu’on aimait dans notre capitale et qui a une fâcheuse tendance à s’effacer sous les coups de boutoir d’un villedeparisme, comme disait le regretté Laurent Bouvet, échevelé, hystérique, destructeur.

Je me souviens de la gastronomie d’Alain Pégouret, d’une rare justesse qui m’avait fait aimer l’endroit ; je me souviens de la meilleure sommellerie de Paris ; je me souviens de l’accueil de Philippe Bourguignon, de Ghislain, de Christian, des autres, tous les autres, du voiturier (un type formidable) au plus débutant des serveurs qui tous s’attachaient à produire le meilleur d’eux-mêmes dans un cadre unique et exigeant. Ici, on n’était pas assommé par une musique exagérée, on ne buvait pas de vins nature. Je me souviens, je regrette. Le printemps qui vient ne nous verra plus ravis sur la plus belle terrasse de Paris.

Le restaurant Laurent ferme.

Les murs appartiennent à la Ville de Paris, l’exploitation est concédée, la Mairie n’a pas retenu l’offre du concessionnaire historique, le groupe Partouche. C’est Paris Society dirigée par Laurent de Gourcuff qui prend la suite. Paris Society a créé une nébuleuse d’une vingtaine de restaurants « à la mode » à Paris, Courchevel, Megève, etc. Parmi lesquels Monsieur Bleu, la Maison Russe (devenue subitement, sottement, la Maison R. comme si le mot russe était devenu infréquentable, les imbéciles), Perruche et d’autres comme Apicius repris des mains fines et intelligentes de Jean-Pierre Vigato, on a vu ce qu’ils en ont fait, pas de quoi pousser des petits cris extatiques. Bref, tout ceci sent le branché et, pire, le festif. On y paiera trop cher une assiette approximative et une carte des vins à coefficient confiscatoire. À l’automne prochain, l’établissement fermera pour quelques mois, le temps des travaux. On va refaire la déco. Aïe. J’ai peur d’avance. La vulgarité nouvelle des Champs-Élysées gagne les jardins, n’en attendons rien de bon. J’avais déjà vécu pareille débâcle à la reprise de la Coupole à Montparnasse, nous avions beaucoup pleuré ce haut-lieu disparu.
Le monde change, vieux. C’est comme ça. Sans doute. Le monde pourra-t-il se passer de ses ancrages les plus brillants, les plus historiques ? Je ne crois pas. Je ne crois pas du tout.

Cela dit, le pire n’étant jamais certain, nous pourrions voir éclore une divine surprise.

Il y faudrait beaucoup d’humilité.

Demaison s’amuse, nous aussi

François-Xavier Demaison marie l’amour du vin et son métier de comédien. Acteur, auteur, vigneron à ses heures, son spectacle Di(x) Vin(s) a de l’allonge et du mordant

On ne l’avait pas vu seul en scène depuis un moment. Pour ce retour chez lui, dans son Théâtre de l’Œuvre, FX Demaison a choisi de rendre hommage au vin. Dans Di(x) Vin(s), chaque bouteille constitue une étape dans un cheminement qui lui permet de raconter cinq décennies de souvenir. Il en profite pour créer une amusante galerie de portraits. Le millésime 73 est celui de sa naissance. Pour fêter son Bac, en 1991, il évoque le dîner familial au Grand Véfour où son père avait commandé un ducru-beaucaillou 1986. Le jeune boutonneux à mèche de l’époque ne s’était pas fait prier pour en consommer largement. Un premier jalon mémorable dans un parcours qui va aussi lui faire apprécier les tokajs de Hongrie ou les vins du Roussillon. Le souvenir d’un danjou-banessy lui permet de croquer un de ces rugbymen catalans expansifs et bruyants. Il incarne aussi sa logeuse américaine du temps de sa vie d’avant. Elle boit un zifandel californien tellement « Oh my god » et raconte, avec l’accent, sa vie dissolue au temps du flower power.

La salle s’esclaffe sans arrêt dans ce spectacle rythmé dont l’écriture a été peaufinée avec Mickael Quiroga pendant les confinements. Au-delà des personnages exubérants, dont son incontournable boxeur avec qui il partage un gevrey-chambertin de Geantet-Pansiot, on sent que l’approche de la cinquantaine le pousse à être plus audacieux. Et parfois un peu nostalgique. Il a élargi son registre, comme un vin qui a bien vieilli. Il n’hésite pas à être plus mordant qu’avant et à jouer avec autodérision de son physique. Il fait dire à Giuseppe Quintarelli, vigneron vénétien, qu’il ressemble à un « petit cochonnet ».

Après avoir bondi sur la musique de Flashdance, un des moments les plus drôles, il passe parfois une tête au bar du théâtre. On peut y déguster des vins sélectionnés avec l’aide de son ami Gwilherm de Cerval, et surtout son vin. Cet épicurien a franchi le pas, dans la région de sa femme Anaïs. Avec le sommelier-conseil Dominique Laporte, ils ont acheté quelques hectares dans la vallée de l’Agly pour créer le domaine Mirmanda. Ils produisent 15 000 bouteilles de côtes-du-roussillon par an, en rouge et en blanc. Comme ce sont des garçons ambitieux, ils proposent aussi trois cuvées de négoce en vin de France. Ça représente désormais 60 000 bouteilles par an. Le-cibelle, goûté après le spectacle, est une base de grenache avec de la syrah et du viogner. Ce dernier apporte souplesse et fraîcheur. Une bonne façon de conclure la soirée ou de la prolonger.

FX Demaison, Di(x) Vin(s)
Au Théâtre de l’Œuvre (Paris 9e) jusqu’en mai
Réservations au 01 44 53 88 88.
Cibelle, disponible entre 15 et 18 euros.

Le mondovino de la semaine #153 tourne à fond

Soutien aux Ukrainiens • Le nouveau flagship parisien du saké • Beaujolais, la sélection de Montmartre  • Pages et cépages • Un clisson partagé entre équilibre et fraîcheur • Chaque jour du nouveau, en voici cinq

Dans le vignoble


Soutien aux Ukrainiens

Une vente aux enchères caritatives sera organisée du mercredi 30 mars au vendredi 8 avril sur le site idealwine.com à l’attention de Ukraine Amitiés, une association humanitaire qui collecte des dons et des médicaments pour les populations civiles. Les lots seront mis en vente au prix symbolique d’un euro. Une idée solidaire de Laurent Fortin, consul honoraire d’Ukraine en Nouvelle-Aquitaine et directeur général de Château Dauzac. « Quand j’ai accepté mes fonctions consulaires par amour pour ce beau pays si proche de la France, personne ne pouvait imaginer que la guerre serait à nos portes, avec ses cortèges de réfugiés et ses désastres humanitaires. A l’époque où on parle de responsabilité sociale et de RSE, j’en appelle à l’engagement citoyen de la filière pour soulager ce peuple ami en détresse ».

Vous pouvez contribuer à cet élan de générosité en envoyant des bouteilles et/ou des grands contenants directement au château Dauzac jusqu’au lundi 21 mars. La propriété se chargera de les envoyer à la plateforme du site d’enchères.

Château Dauzac
1 avenue Georges Johnston
33460 Labarde

Le nouveau flagship parisien du saké

Fraîchement rénovée par l’architecte Kim Leou, la Maison du saké et du whisky, située rue Tiquetonne en plein cœur de Paris, s’affirme comme l’adresse incontournable des amateurs de sakés et de spiritueux d’exception mais aussi pour les gastronomes et les passionnés de mixologie. Trois espaces de dégustation, de découverte et de restaurations rythment ce lieu qui met à l’honneur le Japon contemporain. 650 whiskies et spiritueux du monde entier ainsi que 100 références de sakés issues des meilleures brasseries japonaises sont disponibles à la vente.
lamaisondusake.com et whisky.fr

Beaujolais, la sélection de Montmartre

La première sélection de Montmartre des beaujolais et beaujolais-villages a eu lieu le samedi 19 février au restaurant La Bonne Franquette. Près de 160 vins ont été dégustés par un jury de sommeliers, des cavistes, des restaurateurs, des journalistes, des vignerons, et des amateurs, présidé par Jean-Luc Jamrozik, président de l’Association des sommeliers Paris – Île-de-France. Daniel Bulliat, président de l’InterBeaujolais et David Ratignier, président de l’ODG Beaujolais et Beaujolais-Villages étaient également présents.
Retrouvez la liste des 51 vins sélectionnés sur bigbouffe.com

Pages et cépages

Dans le Ve arrondissement de Paris, face à la Sorbonne, cette nouvelle librairie spécialisée sur le thème du vin et de la cuisine vient d’ouvrir ses portes au 54 rue des Écoles. Pages & Cépages est le fruit d’une rencontre entre deux amis de longue date. Édouard Sindler, caviste indépendant et Laurence de Cabarrus, libraire. « Nous souhaitons donner vie à un nouvel espace convivial et accessible autour du livre et du vin. Chaque amateur ou connaisseur puisse trouver le livre et la bouteille qui lui convient. »
Pages & Cépages, 54 rue des Ecoles

Dans le verre


  • Un clisson partagé entre équilibre et fraîcheur

Sur le papier, on est à Clisson en appellation muscadet-sèvre-et-maine au climat océanique. Ce vin est issu de vielles vignes de plus de 40 ans. Un 100 % melon de Bourgogne, cépage plus connu sous le nom de muscadet, comme le nom du vin qu’il produit. Dans le verre, nez complexe, minéralité, fraîcheur. On doit le plaisir de ce vin blanc à Hugues Brochard, talentueuse 4e génération de vignerons. Un vrai vin de plaisir à l’image de cette Loire accueillante.
Hugues Brochard, Clisson, muscadet-sèvre-et-maine 2015, 12 euros

Rémy Martin, un pas de plus sur la voie verte

Cette innovation tout droit sortie du cerveau fertile de ses concepteurs, propulse le cognac dans un univers gustatif tout neuf. Il était temps

Dans un numéro récent, En Magnum faisait le point sur la démarche vertueuse dans laquelle la maison cognaçaise Rémy Martin engageait, avec son partenaire de toujours et un peu d’avance sur ses concurrents, la viticulture à l’origine de ses eaux-de-vie. Accompagnement des viticulteurs, alternatives et prévention pour réduire les traitements, réduction des emballages, la marque insistait sur la dimension collective de cette nouvelle vision, incarnée par une équipe œnologique et agronomique talentueuse et soudée, en ordre de bataille derrière la partition magistrale livrée par Baptiste Loiseau, maître de chai génial. Pour concrétiser ce travail d’équipe, la maison a fait le choix audacieux et inhabituel de proposer à la vente une édition limitée baptisée non sans malice L’Étape. Fidèle au style maison, ce cognac Fine Champagne, assemblage d’eaux-de-vie des terroirs de Grande et Petite Champagne, est un nouveau venu dans l’univers du centaure. Pour l’élaborer, Baptiste Loiseau a fait confiance au travail de dix-neuf viticulteurs de la coopérative Alliance Fine Champagne. Historiquement associée à la maison, cette cave partage les ambitions nouvelles de Rémy Martin en matière de logique environnementale et s’est engagée dans une démarche d’agriculture durable depuis des années. Pour Baptiste Loiseau, ce nouveau cognac représente « une étape représentative de l’équilibre des pratiques » de la maison, entre « amélioration » et « excellence ». Surtout, le lancement de cette édition limitée, dont le principe est reconductible avec d’autres partenaires, est une manière de concrétiser les ambitions RSE du groupe Rémy Cointreau et de leur donner ce « cadre de développement sur le long terme, respectueux de son environnement » souhaité par Philippe Farnier, le directeur de Rémy Martin. Cette première « étape », présentée en flacon de 35 ml sans autre emballage qu’un papier de soie dans le but de limiter son impact carbone, est aussi une petite révolution dans le monde discret des vignerons de Cognac, puisque les prénoms des participants à ce projet sont mentionnés sur l’étiquette et leurs témoignages, disponibles via un QR Code. Une volonté de transparence et de reconnaissance du travail fait à la vigne qui nous semble être une manière nouvelle et enthousiasmante de concevoir le cognac en prenant en compte la qualité de son vignoble, l’un des plus importants de France en surface, tout en l’inscrivant de plain-pied (et sans le ménager) dans les attentes environnementales d’un marché français des vins et des spiritueux premium et ultra premium sensible à ces questions. Avec ce cognac engagé et accessible, on peut souligner aussi la démarche entreprise par la maison mère du cognac Louis XIII pour revenir au-devant des consommateurs français. Nous ne souhaitons rien d’autre.

Étape franchie ?
Comme toujours avec la maison, notre dégustation se concentre sur les équilibres des saveurs, toujours irréprochables sans jamais tomber dans la facilité du consensuel. Notes fraîches d’abricot et de coing, senteurs florales dans un registre d’intensité identique à celle des notes boisées. Suavité, gourmandise, énergie finale. Son harmonie évite toute sensation trop présente d’alcool. On entrevoit dans la tension de cette sélection d’eaux-de-vie la qualité des raisins qui les ont fait naître. Ce qui est assez rare pour être souligné. À servir un peu frais, à déguster comme un vin.

Rémy Martin, L’Étape, 65 euros, 35 cl,
Disponible chez Drinks & Co, rue Saint-Lazare (Paris 8e) et sur cognatheque.com