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Les 20 champagnes de ma vie

Un grand champagne laisse à celui qui a la chance de l’apprécier un souvenir inoubliable. Michel Bettane, qui a eu la chance d’en déguster beaucoup, se remémore ses plus extraordinaires émotions


Cet article est paru dans En Magnum #26 actuellement en kiosque. Vous pouvez également l’acheter sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.


Choisir vingt champagnes dans une vie de dégustateur oblige sans doute à de très nombreuses omissions, mais permet aussi de mieux comprendre ce qui passionne dans ce vin hors norme, fierté nationale, boisson mondiale, pourtant mésestimé, hélas, chez beaucoup d’amateurs. On l’accuse souvent d’être dans son principe une manipulation hors sol, un vin habilement marketé issu d’une viticulture honteusement productiviste. Certaines sensibilités ont contourné la question en opposant le vin de petit producteur, plus proche de la vérité du terroir, et celui des grandes ou moins grandes marques. Mais depuis près de quarante ans que je déguste, compare ou bois à chaque nouvelle récolte plusieurs centaines de vins, voire un bon millier, après avoir arpenté le vignoble dans tous les sens et rencontré au moins deux générations de chefs de cave, ce sont les vins issus d’assemblage qui restent le plus gravés dans ma mémoire. Je suis pourtant loin d’avoir négligé la production des récoltants-manipulants et fier d’avoir été un des premiers, sinon le premier, à avoir fait connaître le travail d’Anselme Selosse, de Francis Egly, de Xavier Gonnet et de tant d’autres. Cependant, à quelques exceptions près que j’ai le plaisir de partager avec nos lecteurs, je ne peux que confirmer qu’après un vieillissement suffisant, ce sont les cuvées de prestige issues d’assemblages exigeants de grandes maisons champenoises qui expriment avec le plus de force le don de la nature, interprété avec un immense savoir-faire humain.
Qu’il soit crayeux ou argileux, le terroir champenois reste, malgré le réchauffement climatique, une source de difficultés constantes : fortes pentes, aléas climatiques et, surtout, matière première différente de toutes les autres puisque c’est au cours de sa seconde fermentation en bouteille que le vin se crée et se distingue. Le fameux classement sur une échelle de 100 est trompeur pour juger du potentiel des vins puisqu’il inclut le village tout entier, haut, milieu, bas de pente, exposition sud, ouest, est, même nord, ce qui ne veut rien dire. Mais il est vrai qu’en cœur de grand cru ou de très bon premier cru, le vin atteint une finesse et une complexité supérieures si on sait assembler correctement le produit des différents cépages, des innombrables origines (souvent plus de cinquante pour les cuvées phares) et même de différents millésimes grâce au génie des vins de réserve. Ces assemblages augmentent au vieillissement le caractère du vin même s’ils le rendent plus difficile à comprendre à la naissance. Ce qui n’exclut pas l’importance de la viticulture, ni le caractère irremplaçable de quelques rares lieux-dits capables de produire un vin complet, se suffisant à lui-même, mais en quantité forcément réduite et incapable de rayonner dans le monde, sauf auprès de quelques richissimes spéculateurs.

Notre petit monde si prompt à la critique discute souvent de la question du dosage. Le dosage ou le non-dosage font partie intégrante du produit, c’est un choix esthétique plus qu’industriel. On soupçonne qu’il cache les défauts, mais on affirme en même temps qu’il les augmente, ce qui ne semble pas logique. De fait, avec l’expérience, un dosage proportionnel à la matière première, et donc plus faible aujourd’hui qu’hier en raison de la plus grande maturité des raisins, offre un petit volant de confort qui permet après huit ou dix ans d’allonger la saveur : quelques grammes de sucre, deux, trois, six au maximum suffisent. Les vins non dosés ont généralement une finale abrupte qui peut plaire à 9 heures du matin et moins à 16 heures. En effet, nous ne percevons pas les équilibres de la même façon au cours de la journée et, surtout, entre la dégustation pure et la dégustation gastronomique du vin à table. On imagine le casse-tête pour un bon chef de cave quand il faut faire les arbitrages nécessaires pour un usage universel du vin. Le dosage intelligent a permis de fidéliser des millions de consommateurs à travers le monde, à commencer par le signataire de ces lignes !

Pol Roger 1921
On est visiblement fier de ce millésime mythique chez Pol Roger qui en a conservé quelques bouteilles pour les grands moments. Je me souviens qu’au début des années 1980 chez Steven Spurrier, Christian Pol Roger l’avait mis en fin de dégustation. Le naïf que j’étais avait levé la main et demandé à Christian, l’élégance et la politesse incarnées, pourquoi les vins récents n’étaient pas aussi bons. Il avait souri et ne m’en a jamais voulu. Une autre viticulture, sans doute, l’œuvre du temps et la prodigieuse longévité permise par les grands terroirs champenois.

Bollinger, R.D. 1959
J’ai “appris” les champagnes dans les années 1970 avec Guy Adam, remarquable chef de cave de Bollinger. Il m’avait à la bonne et m’a généreusement initié au grand style de l’assemblage maison. Mais je ne comprenais pas la marque R.D. qui désignait bizarrement les assemblages les plus longuement vieillis sur pointe, sans aucun rapport avec un dégorgement récent. Je trouvais même que, juste après dégorgement, le vin était plus oxydatif que cinq ans plus tard. J’avais donc apporté vers 1981 un R.D. 1959, dégorgé en 1975, qui m’avait coûté une fortune chez Nicolas pour le comparer avec Guy au même 1959, mais dégorgé depuis six mois. Il n’y avait pas photo et on imagine à quel point j’étais fier que Guy partage mon point de vue. Je n’ai pas changé d’avis depuis, mais le somptueux 1959, s’il en reste, me survivra, R.D. ou pas R.D. !

Krug 1961
Krug et son grand style, de la Private Cuvée – devenue Grande Cuvée – qu’il faut au moins laisser vieillir trois ou quatre ans après dégorgement, jusqu’à tous les millésimes qui ont marqué ma vie de dégustateur et continuent à faire mon admiration. Je retiens le 1961 parce que Rémi Krug, il y a déjà plus d’un quart de siècle, l’avait mis au menu d’un grand déjeuner pour accompagner des ortolans, seule occasion jusqu’ici où j’ai pu en manger, avec le rite de la serviette couvrant la tête. Ce fut divin, mets, comme vin. Et aucun autre vin n’aurait pu faire mieux.

Lanson 1976 (en magnum)
Dans sa grande époque, fastueuse et sans doute un peu arrogante, rappelons-nous les clips baroques « Lanson l’enchanteur » quand on pouvait encore faire de la publicité sur un vin à la télévision, Lanson possédait un magnifique vignoble, qui enrichit maintenant Dom Pérignon. Les vins avaient une forte personnalité, liée à l’absence volontaire de fermentation malolactique, et une grande longévité. La maison a conservé quelques magnums de ce passé glorieux et les met parfois en vente. On pensait à sa naissance que le 1976, année de canicule et sécheresse, vieillirait mal. Quelle erreur. Il y a encore cinq ans, il développait un bouquet magnifique, tertiaire et grillé, mais sans faiblesse, avec une énergie qui prouve encore une fois que c’est la matière qui fait vieillir les blancs, et pas l’acidité. On souhaite aux vins récents le même destin.

Veuve Clicquot, Rosé 1978
Les chefs de cave classiques n’aimaient pas faire du rosé ou bien considéraient que la couleur ne devait pas faire le goût et que dans un verre noir personne ne devait faire de différence. Cela a évidemment bien changé et nous sommes accablés de cuvées plus ou moins abouties, sans unité de style. Mais le grand rosé n’est pas une création récente. Dotée d’un magnifique parcellaire à Bouzy, la maison Veuve Clicquot a toujours obtenu le vin rouge capable de transcender un assemblage et de donner un champagne aussi original que complexe, dans sa force aromatique, comme dans sa persistance. Les 1978 récemment remis en vente dans une petite série collection sont tout simplement prodigieux. Quelques grandes maisons continuent à raffiner leur élaboration, Veuve Clicquot en tête avec ses dernières cuvées La Grande Dame.

Krug, Clos du Mesnil 1979
Une grande maison, c’est avant tout une maison qui sait assembler cépages, terroirs et millésimes pour atteindre un certain idéal reproductible sur le long terme. Mais il y a des accidents qui vous conduisent dans une toute autre direction. Le monocru monomillésime, monoparcelle. À l’origine, les Krug achètent ce clos du Mesnil pour le mettre dans leur millésime, mais le caractère du vin est tel qu’il ne s’en laisse pas conter. Conservé à part, le 1979 enchante par sa vigueur, son raffinement et sa longueur en bouche. Le clos renaît, Tarin il fut, Mesnil il sera, et si de nombreux millésimes depuis égalent ce 1979, aucun ne l’a dépassé. Commercialement, c’est un bon garçon par sa rareté et son prix.

Dom Pérignon 1983
Il est de bon ton de faire l’indifférent ou de jouer au critique petit bras devant les millions de bouteilles de la cuvée phare du champagne. Tout juste admet-on que, depuis 2003, sous l’influence du génial Richard Geoffroy et de son concept haute couture sans couture, le vin aurait plus de classe. Mais lorsqu’on fait vieillir les vieux assemblages, et sans même leur donner une seconde vie, on s’aperçoit du parfait équilibre pinot-chardonnay que ses prédécesseurs, le duo Coulon-Foulon, avec la même adresse, avaient mis au point. On constate aussi les bienfaits d’une vinification réductive qui conserve intact l’élan de jeunesse trente-cinq ans plus tard. Je garde un souvenir ému de la dernière bouteille de ma cave dans ce millésime, d’une finesse et d’un éclat qu’aucun autre champagne du millésime n’a atteint.

Palmer & Co, Blanc de blancs 1985
Les caves coopératives jouent un rôle important et pourtant sous-estimé dans l’univers champenois, aussi bien les petites coopératives de communes que celles capables d’avoir créé leur marque et leur style. Aucune ne l’a fait avec une telle constance et une telle modestie que Palmer. 1985 fut un grand millésime de toute petite récolte et les grands vins abondent, mais dans une dégustation comparative qui m’a marqué, le blanc de blancs de cette coopérative modèle a tenu tête aux cuvées de prestige les plus réputées. Un admirable bouquet toasté, sans la lourdeur de ce qu’on appelle un peu perfidement« le goût anglais », et un éclat calcaire remarquable, bien que les chardonnays proviennent en bonne proportion de Trépail et Villers-Marmery, plus harmonieux que salins en principe. Il y avait à l’œuvre un grand chef de cave, Michel Davesne, passé depuis chez Deutz avec le succès que l’on sait.

Charles Heidsieck, Blanc des Millénaires 1985
L’autre grand blanc de blancs de ce millésime est incontestablement ce champagne issu des grands crus de la côte des Blancs, mais surtout élevé dans les crayères de Reims. Je suis persuadé que le caractère crayeux magnifique qu’on admire aussi bien dans cette cuvée que dans le Comtes de Champagne de Taittinger provient de ces crayères, de leur humidité et température, et du parfum de leur atmosphère, intimement lié au caractère du sol kimmeridgien des grands terroirs. Et quelle adresse dans le dosage du dosage, à l’opposé des bruts brutaux à la mode, qui allonge, raffine, habille, texture, ce qui ne serait sans lui que des bulles fantômes.

Salon 1985
Le génie du Mesnil, ce cru indomptable lorsqu’il provient des meilleures parcelles, n’a jamais été aussi éclatant que dans ce millésime de Salon. On y trouve les notes de fleurs blanches, et aussi de chanterelle et de beurre créées par la seconde fermentation, mais à partir des ferments et du style des vins tranquille de départ, et une énergie incroyable que je n’ai pas retrouvée depuis avec la même constance. On lui a dit adieu il y a deux ans, mais il doit en rester quelques bouteilles chez Delamotte !

Pierre Moncuit, cuvée Nicole Moncuit 1988
Toujours ce Mesnil si cher à mon cœur et, pour une fois, parcellaire, au fameux lieu-dit des Chétillons où ressurgit en bas de pente la marne incomparable de la côte. Une vieille vigne, une viticulture certainement pas bio mais attentive, une vinification sans tralala ni concept philosophique plus ou moins abscons, mais sans paresse ni routine. Pas de bois ni de langue de bois, mais de la race, concept évidemment non raciste qui définit l’intensité dans l’originalité des vrais grands terroirs. Et une main féminine qui tient les rênes, de grand-mère à petite fille.

Egly-Ouriet, Blanc de noirs grand cru
Encore une cuvée devenue culte et pourtant née accidentellement. Personne, au milieu des années 1980, ne revendiquait l’appellation pourtant officielle de blanc de noirs, en pleine mode ascendante des blancs de blancs et sans doute par peur de l’oxymore et de son interprétation raciste ou antiraciste. Mais chez Michel et Francis Egly, les vins issus du lieu-dit Les Crayères à Ambonnay était de trop fortes têtes qui ne voulaient s’assembler à rien et « traçaient », comme on dit là-bas. Alors ils les ont mis à part et, dès les premières dégustations, le succès planétaire est arrivé. Depuis, les blancs de noirs, même faits avec des meuniers, se multiplient, mais très peu atteignent cette excellence renouvelée depuis 1989, non millésimée (il s’agit toujours d’un assemblage de deux millésimes) et reconnue de tous, amateurs et professionnels. Le grand retour du pinot noir commence bien là.

Pommery, Cuvée Louise 1990
Il y a de grands assemblages qui ne demandent pas de chercher de midi à quatorze heures. Vous prenez les meilleures parcelles d’Aÿ, d’Avize et de Cramant, qui ont fait longtemps la gloire de Pommery et désormais allongent et raffinent Dom Pérignon, un chef de cave attentif, Thierry Gasco, inspiré par l’exemple de Guy de Polignac, et sans grande surprise vous composez un champagne d’une exquise finesse, qui n’exclut pas l’intensité, mais surtout qui frappe par la délicatesse des bulles, incomparable, et surtout leur texture crayeuse, tout autant que celle du liquide. En fait, une parfaite fusion des deux. Je crois savoir que la “recette” n’a pas changé, avec pratiquement les mêmes sources, et tant mieux car sans Louise la champagne ne serait pas ce qu’elle est.

Laurent-Perrier, Grand Siècle Itération n°17
Le curieux mot itération, répétition du même, est une idée marketing récente mais vraiment fondée sur le principe même de ce modèle de cuvée de prestige. Depuis sa création, et pour en maintenir la constance de style, la maison assemble trois millésimes de purs grands crus, moitié pinot, moitié chardonnay, et conserve évidemment des flacons de chaque assemblage. En les numérotant et en les remettant en vente en toute petite quantité, Laurent-Perrier veut montrer que c’est une combinaison gagnante, même si aujourd’hui les vins millésimés sont plus appréciés, ce que je regrette souvent. L’itération 17, magnifique, pour moi peut être la plus pure de toutes, assemble 1990, 1993 et 1995. Mais l’actuelle n°24 n’est pas mal non plus.

William Deutz, La Côte Glacière 2012
Encore une grande cuvée parcellaire, infiniment plus intense et racée que la plupart des autres, qui obéissent trop à une mode née d’une consommation immédiate et du modèle bourguignon, moins adapté à la Champagne. Cette « côte », qui jouxte les bâtiments de la maison, a la force de tous les cœurs de terroir grand cru, plus l’élégance inégalable des vins d’Aÿ, et se suffit à elle-même par son équilibre et surtout sa capacité à devenir de plus en plus complexe au vieillissement. Très vieille, la vigne entrait dans l’élaboration de la cuvée normale William Deutz, si estimée, à juste titre, de nos meilleurs sommeliers. Fabrice Rosset, le patron de la maison, souhaitait rendre cette cuvée encore plus exclusive et coller au plus près du terroir. Il y est parvenu.

Taittinger, Comtes de Champagne 1995
Je n’ai jamais caché mon faible pour cette cuvée, admirable par son style, sa constance et sa façon de donner une ampleur de texture et de saveur au chardonnay qui convient particulièrement à la grande gastronomie et ses produits les plus savoureux, du turbot au homard, de la Bresse à Challans. Ce que l’on sait moins, mais qui montre la force du terroir, c’est qu’une partie importante de la cuvée provient dès sa création en 1952 de parcelles idéalement situées de coopérateurs d’Avize, qui n’ont pratiquement jamais changé, évidemment vinifiées selon les critères de la maison et, surtout, élevées en crayères avec l’inimitable patine qu’elles apportent au vin. Le 1995 est à son apogée, une vraie merveille.

Jacquesson, Aÿ – Vauzelles Terme 1996
Les frères Chiquet ont progressivement conduit cette marque si chargée d’histoire au plus haut niveau de la production de vins de lieu et de caractère. Sur leurs petites parcelles d’Aÿ, ils élaborent parfois une cuvée fortement identitaire qui a trouvé en 1996 des conditions idéales dans l’équilibre maturité-acidité. Le terroir magique d’Aÿ s’y exprime au plus haut niveau de finesse, d’intensité et de complexité, avec ce caractère minéral si spécial qui fait se rejoindre dans le même élan salin pinot noir et chardonnay. Peu de 1996 ont vieilli avec la même constance, malgré tous les espoirs formulés à la naissance du millésime. De nos jours, la maison préfère le plus souvent intégrer le vin de ces parcelles à sa cuvée non millésimée, mais numérotée, pilier de la marque. Elle y gagne évidemment, mais sans jamais égaler l’originalité de l’Aÿ pur.

Piper Heidsieck, Rare 1998
On peut juger trop bling-bling le clinquant de la bouteille, fait pour plaire à une certaine clientèle, mais il ne faudrait pas que cela empêche d’admirer comme il le mérite ce vin de prestige, à la finesse aromatique transcendante. À de nombreuses reprises, en tant que juge, je lui ai donné à l’aveugle la plus haute note de mes dégustations de champagne, et je n’étais pas le seul à Tokyo pour ce 1998. Cette cuvée offre le type de réduction grillée, tendre mais intense, qui séduit l’amateur le plus blasé comme le consommateur moins connaisseur, mais sans préjugé, et on peut faire confiance à Régis Camus, le grand chef de cave de la maison, pour en perpétuer la rare perfection.

Philipponnat, Les Cintres 2008
Aucun vignoble champenois n’est plus spectaculaire que le clos des Goisses qui surplombe à Mareuil, de sa pente vertigineuse, le canal de la Marne. Grâce à son sol calcaire et son exposition idéale, le vin atteint une plénitude reconnue par tous depuis qu’il est vinifié à part. J’ai toujours considéré que le pinot noir était supérieur au chardonnay pour l’expression de la force du terroir et je suis heureux que Charles Philipponnat ait progressivement isolé quelques parcelles de pinot noir pur pour produire cette étonnante et rare cuvée, réunion des « petits cintres » et des « grands cintres », au cœur du clos. Rien n’égale en vin de champagne la puissance et la majesté de constitution de ces deux parcelles, apothéose du blanc de noirs. Apogée prévisible vers 2028.

Guiborat, De Caures à Mont-Aigu 2014
J’ai toujours eu un faible pour les vins de Cramant, merveilleux en vin tranquille, chez Roederer ou Dom Pérignon, avant assemblage. Beaucoup de déceptions cependant avec les vins d’autres marques, soit trop lourds, soit trop acides, sauf pour ceux assemblés avec des vins voisins de Cuis. Une nouvelle génération pratiquant une viticulture bien plus précise et moins productiviste leur redonne progressivement toute leur force. Richard Fouquet en fait partie et, à chaque nouveau millésime, affine le style de ses vins de Cramant. Montaigu, officiellement sur Chouilly, ne fait que prolonger au nord les coteaux de Cramant, dont le délicieux Caures, dont il égale et parfois surpasse la pureté minérale. Le côté cristallin de ce 2014, assemblage des deux lieux-dits, est proprement irrésistible et place la marque Guiborat – du nom de la grand-mère de Richard – au sommet de l’élite des récoltants-manipulants de la côte des Blancs. D’autant plus que même les vins d’entrée de gamme ont cette transparence.

Le mondovino de la semaine n°48 tourne à fond

Le rendez-vous des vins à leur apogée • Le champagne pour tous • Une grande dame • Tout d’un grand • Les quatre mousquetaires • Meilleurs accords du monde • Chaque jour du nouveau, en voici six

Le rendez-vous des vins à leur apogée

Trente quatre vignerons vous donnent rendez-vous le lundi 17 janvier au Pavillon Dauphine à Paris pour la 6e édition de Vinapogée. De 11h à 19h, les vignerons présents proposerons à la dégustation cent vins qui ont exclusivement plus de dix ans et qui sont donc à leur apogée. Des ateliers pédagogiques sont également au rendez-vous. Magnifique lieu, beaux vins et des conditions de dégustation adaptées au contexte sanitaire.

Informations et réservations vinapogee.com

Le champagne pour tous

Une série de douze vidéos, qui inclut la langue des signes française, vient d’être créée par Champagne De Sousa pour rendre accessible et partager sa passion du champagne ainsi de son savoir-faire avec les personnes sourdes et malentendantes. Le champagne devient plus inclusif grâce à cette initiative que nous encourageons.

La série est disponible sur https://www.youtube.com/channel/UCWhxxFRUDAWTJszVJLRD3Uw/videos

Une grande dame

Madame Clicquot ne s’était pas trompée en 1805 en disant que ses raisins noirs donnaient les meilleurs vins blancs. Avec ce grande-dame, la maison se tourne vers ses fondamentaux, affichant fièrement son goût pour les champagnes vineux et sa préférence pour le pinot noir issu des grands crus historiques, comme Aÿ, Verzenay, Verzy, Ambonnay et Bouzy. Le bel habillage est signé par l’artiste japonaise Yayoi Kusama.

Champagne Veuve Clicquot, La Grande Dame 2012, 190 euros

Tout d’un grand

Pichon-Baron possède la vigueur et la puissance des plus grands médocs. Dans ce coffret, il offre une initiation à l’esprit du domaine avec quatre millésimes de son deuxième vin : 2015, 2016, 2017 et 2018. Les raisins qui constituent l’assemblage de Tourelles proviennent essentiellement de la parcelle Sainte-Anne, plantée en majorité de merlot qui procure au vin de la souplesse et une belle plénitude.

Château Pichon-Baron, Quatuor Les Tourelles de Longueville, 200 euros

Les quatre mousquetaires

Dix cépages sont autorisés par l’AOC dans l’élaboration de l’Armagnac. Cependant, le baco (un cépage hybride qui apporte de la rondeur, de la suavité et des arômes de fruits mûrs), l’ugni-blanc (un cépage roi, fins et qualitatif), la folle blanche (le cépage historique aux notes florales et fruitées) et le colombard (le plus secret aux arômes épicés très appréciés) sont les quatre cépages qui font la diversité de cette eau-de-vie et la fierté du terroir gascon. L’armagnac s’apprécie en mono-cépage ou en assemblage.

Informations sur armagnac.fr

Meilleurs accords du monde

Si on ne présente plus Philippe Faure-Brac, on peut rappeler son palmarès. Meilleur jeune sommelier de France 1984, meilleur sommelier de France 1988, meilleur sommelier du monde 1992, MOF Honoris Causa 2015. Référence de la sommellerie française et propriétaire du Bistrot du sommelier depuis 1984, il signe cet ouvrage (Prix OIV 2021) joliment illustré qui met à l’honneur les classiques de la cuisine française et internationale enrichis de cent accords mets-vins créatifs et inattendus. Pour chaque produit, l’aspect pratique n’est pas mis  de côté. Sont proposés à chaque fois la fiche technique du vin, une recette, des alliances harmonieuses, voire des alternatives avec d’autres vins.

Philippe Faure-Brac, Accords Vins & Mets, Éditions EPA, 45 euros

Il n’y aura pas de dom-ruinart 2008

Frédéric Panaiotis, chef de caves de Ruinart à Reims, a décidé de ne pas millésimer 2008 dans la cuvée iconique dom-ruinart. Interview.

Vous êtes le chef de cave de la maison Ruinart à Reims. Il se trouve que vous avez décidé de ne pas millésimer 2008. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?

Il y a plusieurs raisons. En Champagne, les trois cépages ont vraiment des comportements différents d’une année sur l’autre. Un cépage peut bien réussir une fois et être en-dessous de nos attentes l’année d’après et inversement. C’est encore plus rare de voir les trois cépages bien marcher ensemble la même année. Je suis arrivé chez Ruinart en 2007, année où l’on a décidé de faire un millésimé. C’est intéressant parce que c’est un millésime considéré comme difficile et que ne suis pas d’accord avec cette affirmation. 2007 était une grande année pour les blancs, 2008 est un millésime avec des niveaux d’acidité assez élevés. Je me souviens de ma satisfaction d’avoir récolté des raisins parfaitement mûrs et qui conservaient ces niveaux d’acidité. Souvent, ça fait fantasmer certaines personnes en Champagne, des journalistes et des sommeliers, qui pensent que c’est le Graal d’avoir cette maturité haute en même temps que ce niveau d’acidité élevée, qui permet au vin de vieillir. D’après moi, on peut

 

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Maggie Henriquez quitte les champagnes Krug. Sa dernière interview ?

Maggie Henriquez a quitté la maison Krug il y a quelques jours. Nous l’avions interviewée en novembre 2019. Sa dernière interview ?

Vous avez repris la maison dans une période très difficile. En 2008, La crise des subprimes éclate pendant l’été aux États-Unis et arrive en France en septembre. On a raconté que la Champagne avait eu beaucoup de difficultés dès le premier trimestre 2009. Comment avez-vous eu le courage, ou l’inconscience, de reprendre une maison dans cet état ?
Je suis arrivée en 2009 sans connaître la situation de la maison, avec une expérience très marquée par les “turn around”. J’ai travaillé dans beaucoup de situations de crise, celle de 89 au Venezuela, celle du Mexique, celle de 2001 en Argentine. Je suis habituée à ces circonstances et à travailler dans des organisations très larges. J’arrive chez Krug qui est une petite maison avec cette perception de moi-même comme très experte dans la crise. 2009 était déjà une année très difficile pour la maison. Je me suis dit : « C’est petit, c’est facile ». C’est la formule des échecs. Ma première année fut l’année la plus difficile de ma carrière. À la fin de l’année 2009, on avait perdu déjà un volume important additionné à celui qu’on avait perdu en 2008. J’ai terminé l’année avec la sensation d’avoir échoué et de ne pas avoir pris les bonnes décisions.

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Le mondovino de la semaine n°47 tourne à fond

La relève de Cramant • Divin • Orange •  Formidable furmint • Mon Languedoc • Renaissance • Chaque jour du nouveau, en voici six

La relève de Cramant

Dans cette maison familiale d’Épernay, on fait du sur-mesure et de la haute couture. Porté par la jeune génération de la famille Lombard, la marque du même nom entame un formidable retour au premier plan. Un seul point d’arrivée : la recherche de la transcription la plus pure des terroirs champenois, par une approche parcellaire poussée, à l’image de la cuvée Les Bauves. Ce brut nature 100 % chardonnay grand cru d’une grande fraîcheur provient d’une parcelle de 26 ares de vignes presque soixantenaires.
Champagne Lombard, Cramant grand cru “Les Bauves”, 65 euros

Divin

La Chapelle, c’est la grande cuvée du château Sainte-Roseline, en appellation côtes-de-provence. Produite uniquement certaines années, et en petite quantité, ce vin rouge issu des meilleures parcelles est sélectionné avec attention. Aurélie Bertin, à la tête de la propriété, y apporte un soin particulier en plus de son savoir-faire. Un rouge de Provence taillé pour la gastronomie, frais dans ses arômes et structuré en bouche. Tendre et délicieux.
Château Sainte-Roseline, La Chapelle 2013, 89 euros le magnum boutique-sainteroseline.com

Orange

Villa Soleilla, c’est le nouveau venu parmi les grands vins de Gérard Bertrand. Un style particulier et une invitation au souvenir puisque ce vin orange rend hommage aux premiers vins élaborés en Géorgie il y a 4 500 ans. Un savoir-faire ancestral unique remis au goût du jour et proposé en caisse bois par une équipe talentueuse. (photo : Alexia Roux)
Gérard Bertrand, Villa Soleilla, 149 euros, gerard-bertrand.com

Formidable furmint

On se réjouit de retrouver ce grand cépage hongrois en version « dry », signée par le célèbre domaine Disznókő, propriété d’Axa Millésimes. Invitation au voyage et à une future escapade au bord du Danube, ce liquoreux de grande classe nous rappelle que ce style de vin est loin d’avoir dit son dernier mot, surtout quand ils sont faits comme ça.
Disznókő, Tokaji Dry Furmint 2020, 11,50 euros decantalo.com/

Mon Languedoc

Ambassadeur infatigable des vins du Languedoc et grand amoureux de l’art de vivre rural qui rythme son quotidien, Jean-Claude Mas souhaitait, à travers cet ouvrage, mettre en avant son mode de vie et son patrimoine architectural unique. Sous la plume de la journaliste du vin Laure Gasparotto et l’œil du photographe Aurelio Rodriguez, il se confie sur ses projets et l’avenir de ces domaines. Une vie en 224 pages, c’est dense.
Domaines Paul Mas, Le luxe rural en Languedoc (Glénat), 39 euros, cote-mas.fr

Renaissance

Dix ans de vieillissement ont donné à ce cognac XO son nez riche, délicat, aux notes boisées d’épices, de réglisse et d’écorce d’orange. Sa bouche toute en puissance est relevée par des notes de noisettes, de noix, de bois de cèdre et se prolonge sur des fruits confits. Un régal.
Cognac ABK6, coffret XO Renaissance, 159 euros, boutique.abecassis-cognac.com

Tous les styles de Didier Mariotti

Ce Corse, pilote d’avion amateur, a déjà quelques heures de vol aux commandes des cuves des grandes maisons de Champagne. Aujourd’hui, c’est Veuve Clicquot qui profite de ses talents de chef de cave


Cet article est paru dans En Magnum #25.


Chef de cave de l’une des plus importantes maisons de Champagne, c’est comment ?
Je suis Champenois d’adoption et chef de cave parce que ce vignoble me passionne. Grande maison ou pas, ce n’est pas une question de taille. Chez Veuve Clicquot, j’ai endossé ce rôle en 2019 sans expérience préalable au sein de la maison. Il a fallu que je comprenne le style, la manière dont les équipes dégustent. Il faut réussir à se mettre au diapason le plus vite possible. Même si la crise de la Covid et les différents confinements ont été douloureux, j’ai pu passer du temps avec les équipes et échanger avec eux. Je crois que ma sensibilité s’intègre bien au style de la maison. J’aime la précision, la justesse, les équilibres et les harmonies. L’excès ne m’intéresse pas.

Justement, ce style Clicquot s’est beaucoup réinventé.
La maison a deux critères principaux qui fondent le style de ses champagnes. Texture et structure. La structure correspond à la verticalité, à la tension, à l’intégration des amers et au côté salin. La texture, c’est l’horizontalité, le gras, la gourmandise, tout ce qui donne le volume en bouche.

C’est dans ce sens qu’elle adopte un parcours technique bien particulier ?
Une fois nos vinifications terminées, sur nos sites de Reims, Vertus et Verzy, entre 600 ou 700 vins sont à notre disposition. À ce moment-là, on fait ce qu’on appelle chez nous une dégustation d’approche de l’ensemble des cuves. L’idée de l’exercice est d’avoir une première impression de la vendange de l’année. C’est un peu le principe d’une dégustation primeur et cela nous permet de cartographier la cuverie avant la dégustation des vins clairs, à la fin de l’automne.

Et la vigne, comment vous l’approchez ?
On s’adapte. Tout commence à la vendange et à la dégustation des baies. Aujourd’hui, nos circuits de cueillette sont faits en fonction de la connaissance de nos terroirs, par exemple ceux qui intègrent le plus souvent les cuvées La Grande Dame ou Vintage. C’est un travail d’échange avec le directeur des vignobles. Bien se coordonner, partager notre vision œnologique, expliquer le type de vins qu’on cherche pour définir ensemble une stratégie de cueillette appropriée.

La maison accorde beaucoup d’importance aux vins de réserve.
Avant d’effectuer cette dégustation d’approche, on commence toujours par déguster à nouveau nos 400 vins de réserve pour bien se remettre en tête de ce qu’on a en cuverie et comment les vins ont évolué. De cette manière, une fois le profil des vins de l’année défini, on peut commencer à imaginer le futur assemblage. Entre les vins de réserve et les vins de la vendange, nous goûtons à peu près mille échantillons. Tous sont dégustés, précisément décrits et notés, selon leur secteur d’origine, toujours à l’aveugle. L’objectif est de répondre à une seule question. Dans quelle cuvée les utiliser ? Est-ce pour Yellow (la cuvée Carte Jaune, NDLR), y a-t-il le potentiel pour intégrer La Grande Dame ou Vintage ? Est-ce que cela fera un bon vin de réserve ?

Ce qui implique une gestion précise de tous ces vins ?
Je pense que la maison a potentiellement l’une des plus belles collections de vins de réserve. On garde tous nos vins de réserve par cru, par cépage et par millésime. Très souvent, au moment de l’assemblage, une partie ne passe pas l’étape du tirage. On la conserve. La richesse de la collection est essentielle. Quand un échantillon intègre le programme des vins de réserve, il n’est plus touché jusqu’à ce qu’il soit utilisé dans l’assemblage du Yellow.

L’âge de ces vins est aussi déterminant, non ?
C’est le deuxième élément. On identifie trois grandes familles de vins de réserve. D’abord, les “réserve” jeunes, qui ont entre un et trois ans de vieillissement et que l’on retrouve à peu près dans toutes les maisons et chez les vignerons. Quand ils ont entre quatre et dix ans de vieillissement, on les appelle des “réserve” s. À ce moment-là, le vin commence à avoir la complexité que l’on recherche. Après dix ans, on les appelle “les épices”. Il s’agit de tout petits volumes qui apportent, comme en cuisine, la touche que l’on souhaite pour donner encore plus de complexité à l’ensemble. Des notes de miel, d’abricot sec, de torréfaction, voire d’hydrocarbure, tout en donnant du gras et de la texture à la bouche. Jusqu’à ce qu’ils soient utilisés, les vins de réserve sont conservés en cuve sur lies fines. Le plus vieux date de 1988. Chaque fois qu’on les déguste, on cherche à savoir combien de temps ils vont encore pouvoir vieillir. Sont-ils à l’apogée ou en phase de complexification ? S’ils commencent à décliner, on les utilise avant qu’ils n’aillent vers l’oxydation. L’idée est vraiment d’utiliser les vins à leur optimum.

La maison est connue pour élaborer des champagnes au profil aromatique bien spécifique. Lequel ?
Le style Clicquot n’admet pas de notes oxydatives. Nous ne considérons pas que ce n’est pas bon, ce n’est pas du tout dans l’identité de la maison. Pour moi, la réduction donne plus de potentiel d’évolution au vin. Être en réduction veut dire qu’on est en déficit d’oxygène et, donc, en capacité d’absorber de l’oxygène pendant le vieillissement. Si je mets aujourd’hui des vins de réserve qui sont déjà légèrement oxydatifs, ils n’auront pas la même capacité d’absorption. En revanche, utiliser la réduction, ce n’est pas aussi simple. Lorsque les vignes sont plantées sur des sols en carence d’azote, ça peut déclencher des réductions désagréables. C’était essentiel pour nous de travailler sur ce point.

Pourtant, la réduction est un concept difficile à saisir pour le consommateur.
Il y a beaucoup de sortes de réductions. On veut absolument éviter la réduction soufrée, sur l’odeur d’allumette craquée et de pierre à fusil. Mais on recherche la réduction positive qui vient donner des notes grillées et de noisette. Pour suivre toutes ces possibilités au plus près, on vérifie chaque jour, pendant les fermentations, si nos cuves présentent déjà des réductions. On veut aussi éviter le beurré oxydatif, les fruits compotés, le lactique, les notes de caramel au lait, ce n’est pas du tout ce qu’on recherche.

Le bois est aussi au cœur des questions stylistiques d’aujourd’hui. Quel est la ligne de la maison à ce sujet ?
Nous avons quelques foudres dans lesquels sont vinifiés chardonnays et pinots noirs, exclusivement ceux de notre cuvée Vintage, soit entre 10 à 15 %. Le bois apporte quelque chose, c’est indéniable. La difficulté, selon moi, c’est d’arriver à trouver ce point d’équilibre entre l’apport du bois et le comportement de la matière première. Si celle-ci n’a pas suffisamment de charpente et de corps, le bois prendra le dessus. Par exemple, on sait maintenant que certains lots correspondants à certaines parcelles bien identifiées ne pourront pas résister à la barrique. Avec le foudre, on n’a pas ce problème-là. Après deux ans de vinification, le bois est très discret et on peut travailler sereinement sur la micro-oxygénation.

Mais le foudre induit un environnement où l’oxygène est présent ?
Il faut être vigilant. Évidemment, il y a plus d’apport d’oxygène dans un fût ou un foudre que dans une cuve inox. Ce qui compte, c’est que le vin ait la capacité de l’absorber. Il ne faut pas confondre micro-oxygénation et oxydation. L’oxydation résulte d’un apport important d’oxygène sur un moment très court. Le vin n’arrive pas à le supporter. La micro-oxygénation correspond à une alimentation régulière qui fait que le vin arrive à le digérer sans s’oxyder. Chez nous, on fait attention à limiter tout apport d’oxygène dans le temps. Les lies fines préservent de l’oxygène tout en donnant énormément de gras et de texture au vin pendant le vieillissement. Quand on décide qu’un vin a le potentiel pour devenir un vin de réserve, on ne touche plus à la cuve. Même si elle est au beau milieu de la cuverie et qu’elle nous gênera à la prochaine vendange.

Carte Jaune est à nouveau l’un des champagnes les plus intéressants de la catégorie brut sans année. Là-aussi, les vins de réserve y sont pour quelque chose ?
Quand on a des vins de réserve aussi vieux que les nôtres, il faut faire attention à ce chacun trouve sa place, sans dominer l’ensemble. Ils sont là pour construire la texture des milieux de bouches. Les vins de l’année, notamment les pinots noirs, apportent les amers. Le chardonnay confère de l’attaque et de la nervosité. Ce qui est intéressant, c’est qu’après trois ans de vieillissement, ce champagne garde toujours son registre de fruits frais tandis que les vins de réserve commencent à libérer leur aromatique toastée. On arrive à obtenir cette complexité sans utiliser de bois, ni dans l’assemblage, ni sur les vins de réserve. Toute la torréfaction et les notes d’évolution viennent des vins de réserve. Pour autant, l’ambition pour cette cuvée est d’aller chercher systématiquement de la délicatesse, de l’harmonie, de la fraîcheur et du pep. C’est un vin de plaisir apéritif. On s’oblige aussi à avoir un dosage qui respecte cette tension, cette précision, cette droiture.

Au sommet de la gamme, vos champagnes ont des profils bien différents.
Pour nous, il y a deux dimensions à prendre en compte dans l’élaboration de nos champagnes, la verticalité et l’horizontalité. La cuvée La Grande Dame, c’est un travail sur la verticalité où la tension, la droiture, les amers sont importants. Pour cette cuvée, on prend les pinots noirs situés au nord de la montagne de Reims. La cuvée Vintage est un travail sur l’horizontalité, sur la texture du vin en bouche, qui lui donne beaucoup de gourmandise et de rondeur. À l’inverse, ce champagne est issu de pinots noirs du sud de la Montagne. On joue sur la date de vendanges et la maturité pour obtenir plus de matière. Juste avec ces origines et proportions différentes, on arrive à avoir deux expressions complètement différentes. Pour le millésimé, on intègre parfois 1 ou 2 % de pinot meunier. Quant aux chardonnays, ceux d’Avize et du Mesnil-sur-Oger entrent régulièrement dans le grande-dame parce qu’ils ont cette salinité et ce côté minéral prononcé. Dans l’imaginaire des amateurs, un assemblage avec beaucoup de pinot noir sous-entend forcément beaucoup de puissance. Aujourd’hui, il y a 90 % de pinot noir dans la cuvée La Grande Dame quand le vintage n’en intègre que 65 %.

À ces profils correspondent deux instants de consommation distincts ?
Oui, nous voulions vraiment positionner ces vins pour des moments différents. Le vintage est plus un vin de gastronomie, par sa rondeur et sa gourmandise. Il a plus de polyvalence, notamment sur la cuisine japonaise. Le grande-dame est avant tout un vin d’apéritif qui peut être servi avec une entrée raffinée ou sur un grand poisson. C’est un vin qui doit à la fois être immédiatement rafraîchissant et qui doit se révéler petit à petit dans le verre. Quand on a construit le discours autour de cette cuvée, je voulais qu’on arrête de parler de puissance. Ça ne traduit pas son énergie et sa force. C’est peut-être plus compliqué à comprendre dans sa jeunesse, mais après dix ou quinze ans de vieillissement, le niveau de complexité d’un grande-dame devient exceptionnel. Tout est dans la nuance et dans les équilibres, dans l’harmonie. Aucun élément ne prend le dessus sur l’autre.

Photo : Mathieu Garçon

Château Angélus tourne le dos au classement de Saint-Émilion

La furia procédurale qui entoure ce classement depuis 2006, les tracasseries interminables dont Hubert de Boüard a été la cible depuis dix ans, sa récente condamnation à une amende pour avoir consacré une partie de sa vie et beaucoup d’efforts à la défense du bien commun, de son environnement immédiat, le village, les vins, l’appellation, ont eu…

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Le sens de la fête (suite)

Champagnes, blancs, rouges, la large sélection de notre classe de maître parue dans En Magnum#26 (disponible chez votre marchand de journaux et sur notre site) regarde dans toutes les directions, proposant à côté des grands flacons rares des vins abordables capables de jouer les premiers rôles. Nous vous avons dévoilé les 23 champagnes pour les fêtes. Voici les blancs et les rouges

Les vins blancs, les meilleurs sont là

Domaine Louis Sipp, Kirchberg de Ribeauvillé 2019, alsace grand cru
Il séduit par ses parfums floraux. En bouche, on aime son entame arrondie qui lui donne beaucoup de charme. Sec et élancé, voici un riesling à la finale pure et rafraîchissante. Cette intensité le place parmi les meilleurs du millésime.
25 euros

Domaine Trimbach, Clos Sainte-Hune 2017, alsace
C’est le sommet de notre dégustation de riesling alsacien, à retrouver en intégralité dans le Nouveau Bettane+Desseauve. Complexe et intense, floral et fruité, épuré en bouche, c’est sa tension citronnée vibrante qui impressionne dans ce millésime. La perfection.
200 euros

Domaine Zind-Humbrecht, Clos Windsbuhl 2019, alsace
Nez d’agrumes et d’abricot frais, on reconnaît la trame calcaire dans le sol, beaucoup de finesse et d’énergie dans cette bouche vibrante et d’une grande pureté. Un riesling déjà en forme sur l’un des plus grands terroirs d’Alsace.
70 euros

Joseph Drouhin, beaune 1er cru Clos des Mouches 2017
Élégance, précision, longueur, son équilibre se balance entre une délicate élégance et minéralité. Un chardonnay à la fois aérien et ancré dans le sol. Cette famille géniale sait tirer la quintessence de ce terroir iconique de Beaune.
104 euros

La Chablisienne, chablis 1er cru Les Lys 2018
Pur dans son fruit, avec un caractère traçant et pierreux superbe, ce terroir frais mérite qu’on s’y intéresse de près. Fruit pur, éclat final, beaucoup de style. La Chablisienne continue sa marche en avant, y compris sur ce premier cru injustement méconnu.
22 euros

Domaine Nathalie et Gilles Fèvre, chablis 1er cru Vaulorent 2019
La bouche exprime la puissance du cru, avec une force et une densité saline déjà en place. Splendide sur des volailles crémées aux champignons, sa persistance fera merveille. Au niveau d’un grand cru dans la définition de bouche. Ce duo attachant est à son meilleur niveau.
NC

Château La Nerthe, Clos de Beauvenir 2020, châteauneuf-du-pape
Réalisation magistrale du domaine avec ce vin proche de la perfection, harmonieux, séveux, porté par des notes de miel d’acacia splendides et une complexité florale qui lui donne une sacrée personnalité. Un vin hors norme et une référence.
85 euros

Domaine La Barroche, Pure 2020, châteauneuf-du-pape
Une 100 % clairette, dans un style qui rappelle les plus grands vins de Meursault, avec son large fruit, son caractère tendre et enrobant, le tout animé par une énergie considérable. Un vin à déguster au moins une fois dans sa vie.
NC

Baudry-Dutour, Château de Saint-Louans 2019, chinon
Beaucoup d’énergie et un changement de style avec moins d’élevage que par le passé. Ce chenin exprime dès à présent de la pureté et du plaisir dans sa finale anisée. Rares sur le marché, les chinons blancs valent le détour.
23 euros

Domaine Vial Magnères, Armenn 2018, collioure
Finesse, longueur, velouté et nerf, allonge pure et minérale relevée par des zestes d’agrumes confits, de la tension, de la complexité aromatique et de la persistance. Un collioure blanc dans nos pages, il était temps.
32 euros

E. Guigal, La Doriane 2019, condrieu
Toujours cette note boisée grillée propre à la maison qui donne un charme fou aux vins. Toucher caressant, on devine une maturité importante que l’élevage a bien contenue. Comme toujours, la cuvée évoluera bien dans le temps.
62 euros

Domaine de la Taille aux Loups, Les Hauts de Husseau 2019, montlouis-sur-loire
Ce parcellaire froid tire pleinement partie de ce millésime solaire. Le calcaire étire le charnu raffiné de la bouche. Fusion de tous les éléments, finale d’une parfaite pureté. Compter les secondes ne sert à rien, passons aux minutes.
22 euros

Domaine Luneau-Papin, Excelsior 2018, muscadet sèvre-et-maine
Le domaine, incarné par Marie et Pierre-Marie Luneau, est au sommet du Pays nantais et propose une gamme de muscadets capables de se comparer aux meilleurs blancs de l’Hexagone. Priorité absolue dans la gamme, cette cuvée enchante par sa trame cristalline et son potentiel de garde.
23 euros

Domaine de Chevalier 2018, pessac-léognan
Nez subtilement fruité et floral, bouche savoureuse, fondante, avec une chair dense, des arômes raffinés qui sont soutenus par une excellente vivacité et une touche de salinité. Énergique et racé, le grand vin blanc d’Oliver Bernard continue sa marche en avant.
116 euros

Plaimont Producteurs, Cirque Nord 2017, saint-mont
Une des meilleures parcelles de l’appellation, en forme d’amphithéâtre, donne ce grand blanc racé. Petit et gros manseng, avec un peu de courbu, c’est l’un des blancs les plus aboutis de ce secteur, entre expression minérale et puissance de fruit.
35 euros

Domaine Matthias Planchon, Les Herses 2019, sancerre
Bouche fringante et équilibrée. La finale saline lui donne une vraie dimension. Son auteur est un jeune vigneron prometteur dont le domaine hautement recommandable est notre grande découverte de l’année à Sancerre.
54 euros

Château Suduiraut 2017, sauternes
Tant que des crus comme celui-ci continueront d’afficher ce niveau incroyable de régularité, le Sauternais n’aura pas dit son dernier mot. Réjouissons-nous du caractère toujours pur et ciselé de ce liquoreux de grande classe. Grand millésime, grand vin.
68 euros

Domaine Huet, Clos du Bourg – Première Trie 2010, vouvray
Le calcaire souligne la densité du millésime tout en l’étirant et en sculptant une finale qui défiera le prochain demi-siècle. Sur la réserve, le nez s’ouvre progressivement, laissant échapper des flaveurs de safran, de mangue, de miel d’acacia. La bouche allie le gras à la tension.
50 euros


Vins rouges, ceux qu’il vous faut

Clos Lunelles 2018, castillon-côtes-de-bordeaux
Si Gérard Perse, l’homme derrière la réussite de château Pavie à Saint-Émilion s’est installé sur les terroirs de Castillon, ce n’était pas pour y faire de la figuration. Voilà le meilleur clos-lunelles jamais produit, grâce à une fraîcheur aromatique qui donne de l’énergie à l’intensité tannique et au soyeux de la texture. Finale fraîche et poivrée. Un délice. Que nos lecteurs s’emparent de tous les vins de Castillon. En plus d’être de grands rapports qualité-prix, ils sont aussi les concurrents les plus sérieux pour bon nombre de saint-émilions, pas toujours bon marché.
30 euros

Domaine Henri Rebourseau, charmes-chambertin 2019
La jeune génération de Surrel continue la remontada de ce domaine parmi l’élite de Gevrey-Chambertin. Méticuleux au possible, Bénigne et Louis ont concentré tous leurs efforts sur la viticulture et sur les élevages, signant une collection de grands crus parfaitement recommandables. Un charmes assez puissant, aux tannins veloutés et à la bouche racée. Bien élevé, sa finale saline et dense incitera à le garder, il le mérite. Un domaine à retrouver en masterclass lors du Grand Tasting Paris 2021.
175 euros

Domaine Grosbois, Clos du Noyer 2019, chinon
En dix ans, Nicolas Grosbois s’est construit une solide réputation, propulsant son domaine parmi les tous meilleurs de Chinon. Avec une gamme équilibrée entre vins de plaisir et vins plus sérieux, il signe sur cette parcelle de premier ordre un superbe clos-du-noyer, magnifique d’énergie dans le tannin, avec de la complexité et une fraîcheur bienvenue dans le soyeux de la texture, en phase avec le sol argilo-sableux qui donne naturellement plus de souplesse que l’argilo-calcaire.
29 euros

Domaines Gérard Bertrand, L’Hospitalitas 2019, la-clape
Aromatique intense et complexe, sa grande profondeur et son amplitude en bouche lui donnent beaucoup de potentiel. Vin magnifique et doté d’une énergie considérable. Une bonne piqûre de rappel à tous ceux qui voient Gérard Bertrand seulement comme un gros faiseur. À La Clape comme sur ces différents clos, il ne cesse de nous impressionner par sa régularité et par les progrès réalisés. Un grand vin du Sud à mettre entre toutes les mains.
47 euros

Château Batailley 2018, pauillac
Lors de nos dégustations à l’aveugle, on hésite souvent quand vient l’heure d’identifier ce cru. Paullacais par sa force de tannin, saint-julien par sa suavité de tannin, son onctuosité et sa délicatesse aromatique. Vin complet, associant puissance, finesse, haute maturité de raisin en même temps qu’une belle fraïcheur. Exemplaire du classicisme bordelais, à l’image de la famille qui le produit. Sur ce terroir de premier ordre mais parfois difficile, les Castéja ont tout bon.
60 euros

Château Beychevelle 2018, saint-julien
Sous l’impulsion de l’excellent directeur Philippe Blanc, ce cru grandiose de Saint-Julien retrouve le rang qui doit être le sien, compte-tenu de la finesse de son terroir. Sublime finesse et chair infiniment délicate dans un corps généreux, ce 2018 est le plus artiste et le plus complet des de l’histoire. Plus onctueux et plus crémeux que jamais, il joue dans la cour des plus grands.
120 euros

Domaine de Terrebrune 2017, bandol
Pur et minéral, avec cet éclat et cette énergie dans le fruit propre aux vins du domaine. L’élevage superbe renforce avec justesse sa profondeur et sa sève. Un style à part dans l’appellation entretenu avec succès par Jean d’Arthuys et Reynald Delille.
32 euros

Château de Mercues 2018, cahors
Propriété de la maison Georges Vigouroux, dont l’ambition est de signer des grands vins de malbec sur les terroirs cadurciens, ce mercuès 2018 impose son nez fumé, aux notes de fruits rouges et noirs. Bouche charnue et fruitée qui ne manque pas de fraîcheur en finale. C’est toujours aussi agréable à boire.
22 euros

Château Beaucastel 2018, châteauneuf-du-pape
L’un des sommets de notre dégustation annuelle, fidèle à son style et à la hauteur de sa réputation, monumental en bouche par sa texture et son corps corsé et épicé, beaucoup de mesure dans sa puissance et sa finesse de parfum toujours aussi spectaculaire. Beaucastel est au top.
83 euros

Château Mont-Redon, Le Plateau 2017, châteauneuf-du-pape
Palette aromatique florale immédiatement perceptible, presque déjà sur les notes de pot-pourri si recherchées, grande distinction et caractère racé du tannin. Magnifique travail réalisé par la famille Abeille-Fabre sur l’un des terroirs les plus réputés de l’appellation.
125 euros

Domaine d’Aussières 2018, corbières
Le vinificateur a su extraire l’intensité de la matière, la race sans faire ressortir les tannins. Ils sont parfaitement enrobés par un élevage judicieux qui apporte du fumé et des notes empyreumatiques dont beaucoup pourraient s’inspirer.
39 euros

Faiveley, corton grand cru Clos des Cortons Faiveley 2019
2019 confirme l’évolution du style de la maison et de la perception qu’elle a de ce cru. Sans rien renier de son origine, il se montre sous un jour tendre dans sa jeunesse, floral avec des tannins délicats et subtils. Le fleuron des Faiveley est toujours aussi grand.
190 euros

Maison Gabriel Meffre, Laurus, côte-rôtie 2018
Plutôt discret dans nos colonnes, ce négoce a pourtant toute sa place dans notre sélection de vins de fêtes. Un côte-rôtie séduisant et gourmand, porté par une bouche tout en rondeurs, un jus aux tannins enrobés par l’élevage mais sans marquage excessif d’arômes vanillés.
64 euros

Domaine Pierre Gaillard, Rose Pourpre 2019, côte-rôtie
On ne peut que s’attacher à cette famille vigneronne, aussi bien pour ses activités dans le Rhône que dans le Roussillon. Concentré et dense, son tannin délicatement extrait peut encore se fondre, sa finale caresse comme le velours. La cuvée tutoie ses brillantes réussites d’autrefois.
90 euros

Domaine de Montbourgeau, Poulsard 2019, côtes-du-jura
Magnifique par la finesse de son bouquet entre grand fruit à juste maturité, fleurs fanées, épices douces subtiles. Souplesse des tannins, gourmandise naturelle et élégance évidente. Ce poulsard racé est l’œuvre des Deriaux, l’une des familles vigneronnes les plus talentueuses du Jura.
15 euros

Château Citran 2018, haut-médoc
Cette marque médocaine a su se construire une solide réputation grâce à une distribution maîtrisée de bout en bout. Elle revient sur le devant de la scène dans un millésime particulièrement propice aux assemblages équilibrés. Puissant, large et enrobé dans ses tannins, Citran est l’ami des belles viandes.
20 euros

Château Clarke 2018, listrac-médoc
Ce cru Rothschild, branche Edmond, ne cesse de progresser dans sa démarche stylistique, proposant un vin typiquement bordelais, marqué par le terroir de Listrac, entre fermeté de tannins prêts à s’assouplir avec le temps et fraîcheur finale évidente. Plus facile à boire sur sa jeunesse qu’autrefois.
30 euros

Château d’Issan 2018, margaux
En faisant l’acquisition de quelques parcelles voisines bien situées, cette propriété de la famille Cruse a désormais toutes les armes pour jouer les premiers rôles dans la cour des grands margaux. Un 2018 conforme au style Issan, entre puissance civilisée, tannins particulièrement fin et raffinement des arômes.
70 euros

Domaine de l’Arlot, nuits-saint-georges 1er cru Clos de l’Arlot 2019
Nez sur la ronce et les fruits noirs. Son tannin fin et la qualité de la matière lui permettra de bien évoluer, l’une des constantes de ce clos en monopole. Preuve supplémentaire que le travail impeccable de Géraldine Godot, la directrice technique, donne de grands résultats.
90 euros

Château Lynch-Moussas 2017, pauillac
Ce cru classé de Pauillac, propriété de la famille Castéja, est un compromis idéal entre le pauillac sérieux taillé pour la garde et le bordeaux moderne tourné vers une consommation plus rapide. Jolies notes de cèdre et de menthol, profondeur des arômes, tannins déliés. C’est déjà excellent.
35 euros

Château Les Carmes Haut-Brion 2018, pessac-léognan
Guillaume Pouthier aura mené bien des révolutions, inspirant plus ou moins officiellement bon nombre de winemakers bordelais. Son exigence dans les tris de vendanges et sa maîtrise de la vinification en grappe entière ont fait de Carmes l’un des crus les plus recherchés de Pessac-Léognan. Un vin de lieu au cœur de la ville.
180 euros

Château Petit-Village 2018, pomerol
Belle référence, un 2018 subtil, harmonieux, avec un vrai cœur de bouche grâce à un soyeux juteux et une relance florale stylée. Déjà expressif, il pourra traverser le temps sans problème. Petit-Village tutoie à nouveau les meilleurs de son appellation. Grand rapport qualité-prix (pour Pomerol).
86 euros

Château Belair-Monange 2018, saint-émilion grand cru
Installé sur son terroir calcaire à l’entrée sud de Saint-Émilion, Belair-Monange appartient aux établissements Jean-Pierre Moueix. Ce 2018 étincelant a le niveau pour regarder les premiers du classement dans les yeux. Attaque délicate et crémeuse, bouche étirée, grain calcaire, fin de bouche magistrale.
240 euros

Château Pavie-Macquin 2018, saint-émilion grand cru
On lira, un peu plus tôt dans ces pages, le portrait que nous faisons de l’un des directeurs les plus attachants et les plus expérimentés de la Rive droite. Nous ne nous souvenons pas, cette dernière décennie, avoir rencontré un pavie-macquin en dessous de son potentiel. Grand vin, vibrant, longiligne et élancé. 90 euros

Le mondovino de la semaine n°46 tourne à fond

Confidentiel • Nouveaux habits • 1033 • En tête de peloton • Parfums du Sud • Grande champagne • Noval nouveau • Marc de Provence • Top chef • Chaque jour du nouveau, en voici neuf

Confidentiel

Sans sulfite ajouté, ce vin rouge est la dernière création du château de Lastours. Situé entre la Méditerranée et le massif des Corbières, ce domaine possède entre 850 hectares de garrigue un vignoble de 100 hectares et une oliveraie de 10 hectares. Optimus est une sélection de vieux carignans de plus de 50 ans qui proviennent de la parcelle La Combe blanche. L’accent est mis sur le fruit grâce à un élevage de douze mois en amphore.
Château Lastours, Optimus, 18 euros sur chateaudelastours.com

Nouveaux habits

Le blanc du château Malherbe change d’habits pour les fêtes. Ses nouvelles lignes, sobres et épurés mettent en avant la qualité de ce vin certifié bio. Rolle et sémillon, issus des meilleures parcelles, sont vendangés à la main, pressés délicatement, assemblés avant fermentation et élevés sur lies fines et sous bois. Avec sa robe brillante, son nez miellé et sa bouche généreuse, il a sa place à votre table de fête.
Château Malherbe 2016, Grand vin blanc, 48 euros sur chateau-malherbe.com

1033

Installé sur les contreforts des gorges du Verdon, le château Mentone s’étend sur 170 hectares dont 30 sont plantés en vignes d’un âge moyen de 30 ans. Une position idéale pour la production de beaux vins blancs. La clairette (90 %) complétée par un peu de rolle pour cette nouvelle cuvée 1033 rend hommage à l’origine de ce lieu. Joli nez de fleurs blanches, bouche suave et persistante.
Château Mentone, Cuvée 1033, 40 euros (cavistes), boutique-chateau-mentone.plugwine.com

Le calendrier de l’Avent

#champagne #vinrouge #cognac #porto #eaudevie #accessoire

Retrouvez ces cadeaux et 115 autres dans En Magnum Spécial Noël sur https://www.mybettanedesseauve.fr/…/les-cadeaux-sensibles/

En tête de peloton

Hors Catégorie est une collection d’assemblages uniques, en édition limitée et élevés au moins cinq ans en cave avec un dosage à 6 g/l. Chaque nouvelle édition est baptisée du nom d’un col de montagne mythique, classé hors catégorie dans le monde du cyclisme. Ce troisième opus est siglé CM 1993. En 2013, année de tirage de cette version, le peloton gravit pour la vingt-cinquième fois le col de la Madeleine, qui culmine à 1993 mètres.
Champagne Castelnau, Hors Catégorie CM 1993, 100 euros, boutique.champagne-castelnau.fr

Parfums du Sud

Un coffret composé d’une bouteille de rouge et une bouteille de rosé, une bouteille d’huile d’olive et d’un savon de Marseille. Niché au cœur d’une nature préservée s’étendant sur 1 100 hectares dont 110 de vignes et 60 d’oliviers, le château Calissanne produit des vins élégants et fins.
Château Calissanne, coffret de Noël, 61 euros, calissanneboutique.fr

Grande champagne

Pour la maison Frapin, l’année 1989 marque un changement de premier ordre. C’est le premier millésime vieilli en chai humide et non dans les greniers comme le voulait la tradition. Un cognac exceptionnel, issu du seul terroir de Grande Champagne, arrondi
et assoupli par le temps et l’atmosphère ombreuse des caves.
Cognac Frapin, Millésime 1989 – 30 ans, 175 euros, frapin.cognatheque.com

Noval nouveau

Produit en petite quantité, ce porto Tawny millésimé 2007 exprime avec précision et finesse le caractère du vignoble de Quinta do Noval, propriété d’Axa Millésimes. Style oxydatif accompli, notes d’épices et de réglisse accompagnées de saveurs d’amandes grillées, de fruits et d’agrumes, tout est en place pour illuminer un apéritif ou une fin de repas. Pour le plaisir des papilles, on osera l’accord avec un bleu ou un parmesan.
Quinta do Noval Colheita 2007, 64 euros, quintadonoval.com

 

 

Marc de Provence

Cette eau-de-vie, à la robe jaune paille lumineuse, est élaborée à partir des rafles des cépages cultivés au château de Saint-Martin. À déguster à l’apéritif, en digestif ou avec un sorbet de raisins.
Saint-Martin, eau-de-vie de marc, 55 euros, chateaudesaintmartin.com

 

Top chef

Maximiser le potentiel des ingrédients avec une cuisson juste et un minimum de stress infligé aux aliments, c’est la philosophie de cet outil formidable de cuisine. Inspiré par des méthodes ancestrales japonaises associées à des matériaux d’exception comme le graphite de carbone, il est complété par des technologies innovantes qui sublimeront les cuissons.
Anaori, 3,4 litres, 2 490 euros ; 5,1 litres, 4 290 euros, anaori.com

 

Philippe Cambie, le révélateur du grenache

Philippe Cambie nous a quitté trop tôt samedi 18 décembre chez lui, à Châteauneuf-du-Pape. Cet œnologue fin, prolixe, passionné aura profondément influé sur l’expression des grands vins de grenache, en particulier ceux de Châteauneuf. De son arrivée à l’Institut coopératif du vin à la fin des années 90 jusqu’à ces derniers jours, il a exercé la profession de consultant œnologique, aidant un nombre impressionnant de domaines et maisons à révéler la grandeur de leurs terroirs. Une bonne trentaine de domaines de Châteauneuf-du-Pape ont fait appel à ses talents de révélateur d’expression, et autant dans toutes les appellations du Vaucluse et du Gard, plusieurs autres en Languedoc ou dans des vignobles moins connus, jusqu’en Macédoine du Nord ou au Maroc. Son nom et son influence sont également intimement liés au travail de son ami Michel Tardieu, qu’il a accompagné tout au long de l’aventure brillante de la maison Tardieu-Laurent et dans d’autres missions de consulting faites ensemble. Il avait aussi créé avec un autre ami, Michel Gassier (Château de Nages en costières-de-nîmes), en tout petit volume, ses propres cuvées de Châteauneuf et d’autres appellations rhodaniennes sous le nom des Halos de Jupiter.

Je me souviens encore de l’éblouissement ressenti en dégustant, au début des années 2000, les vins qu’il avait conçu avec Sylvie Vacheron au Clos du Caillou. Un fruit d’une immense saveur, un corps voluptueux et ample, une générosité époustouflante qui se déclinaient en plusieurs cuvées d’ambition et de personnalité différentes, d’un délicieux côtes-du-rhône jusqu’au très riche Quartz. L’expression intensément épanouie et veloutée du grenache, dominant dans tous ces vins, s’y révélait avec une extraordinaire dimension et un naturel d’expression inédit. Philippe Cambie savait comme personne jouer avec la générosité et le naturel du cépage grenache ; il savait aussi transmettre à de très nombreuses vigneronnes et vignerons cette capacité d’expression en respectant le terroir et souvent le style de chacun. Il exerçait son art avec bonté, modestie et une immense sympathie.

A ses proches et à tous ses amis, nous adressons nos plus sincères condoléances. Adieu, cher Philippe.