Grand entretien avec Philippe Faure-Brac, Président de l’union de la sommellerie française, dans lequel il annonce le lancement du concours du meilleur sommelier du Monde.
Après 34 ans d’attente, la 17e édition du concours qui décerne le titre de Meilleur sommelier du monde aura lieu à Paris du 7 au 12 février 2023. Environ 70 candidats de 67 pays s’affronteront pendant 14 jours. Leur connaissance des vins, des spiritueux et d’autres boissons produites à travers le monde seront évaluées. Leur qualité de service et leur capacité à conseiller et faire vivre des émotions aux clients seront aussi au centre des différentes épreuves. La finale aura lieu le 12 février à Paris La Défense Arena. Ce concours est organisé par l’Association de la sommellerie internationale et l’Union de la sommellerie française.
Plus d’infos sur le site de l’UDSF sommelier-france.org
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Cette maison historique vient d’être acquise des mains du groupe espagnol Freixenet par la grande coopérative Nicolas Feuillatte, intelligemment menée par Christophe Juarez qui lui assure un développement choisi. Si la maison…
Les grandes maisons du groupe AXA millésimes joue la continuité. Nous avions rencontré chacun d’entre eux il y a quelques mois. Retour sur les deux interviews
Château Pichon-Baron, par Michel Bettane et Thierry Desseauve
Jean-René Matignon, le Baron de Pichon
Jean-René Matignon, vous êtes à Pichon-Baron depuis combien de temps ?
Je suis arrivé en 1985. J’ai été embauché par la famille Bouteiller, ancienne propriétaire de Pichon-Baron. Quand Axa Millésimes a acheté, en 1987, j’ai rencontré Jean-Michel Cazes qui m’a gardé dans l’équipe.
À cette époque, la propriété n’avait pas le rayonnement qu’elle a aujourd’hui. C’était comment ?
Elle était un peu endormie, c’est vrai. Même s’il y avait des investissements, la motivation et des objectifs ambitieux faisaient peut-être un peu défaut. L’actionnariat de l’entreprise était assez dilué et éloigné de la vie de la propriété. Le développement de la propriété n’était pas la priorité. Dans les années 1980, il y eu un élan pour les grands crus de Bordeaux auprès du public nord-américain. La propriété, à l’époque, a un peu raté ce tournant important.
Le vin n’était pas à la hauteur ?
Il était élaboré de manière assez classique, mais manquait d’ambition pour soutenir un vrai développement. J’ai eu l’occasion de goûter des vieux millésimes de la propriété, produits entre les années 1930 et 1960. Certains étaient d’une très grande densité et d’une tonicité saisissante. Il y avait cette énergie fantastique que la propriété ne retrouvait pas dans les années 1980. Ces vieux millésimes prouvaient cependant que le potentiel était toujours là. Jean-Michel Cazes le savait au moment de l’achat par Axa. Avec cette reprise, il y a eu une nouvelle motivation pour les équipes et une restructuration complète. L’ambition était de redonner à la propriété son rang de deuxième cru classé.
C’est ce que vous avez cherché à apporter à Pichon-Baron ?
Mon objectif a toujours été d’avoir un outil de travail le plus sain et le plus satisfaisant possible, avec une hygiène irréprochable. C’est un travail de longue haleine mais c’est la base de la viticulture et de l’œnologie. L’arrivée d’Axa a permis de donner plus ambition aux vins et d’aller vers une caractérisation plus forte. Cet objectif passait par une meilleure viticulture, avec des rendements maitrisés et plus d’attention, mais aussi par une vinification plus ambitieuse, peut-être aussi plus extractive, à partir d’un raisin abouti. Il y a eu beaucoup de changements à ce moment-là.
L’arrivée de Christian Seely à la direction générale d’Axa Millésimes a permis de continuer sur cette lancée. Quelle est la vision du cru pour ses vins ?
C’est vrai, son arrivée a constitué un deuxième mouvement au début des années 2000. II a considérablement redéfini l’ambition de la propriété en recentrant son potentiel sur des sélections encore plus précises, avec une volonté d’avoir un vin plus régulier, avec plus de personnalité. Même dans les petits millésimes, nous voulons avoir un vin authentique et de qualité qui ne déçoit jamais le consommateur. C’est une ambition forte, qui passe par une identification des terroirs et des parcelles plus précises. Nous avons été plus précis dans notre viticulture et dans la vinification. Notre idée n’est pas de faire de la sélection pour faire de la sélection. On cherche à retranscrire le caractère particulier qui fait partie de l’ADN et qui soit le reflet de ses terroirs les plus qualitatifs. Ça passe par viticulture plus pointue et une meilleure adaptabilité de nos terroirs à chaque millésime.
En matière de notes, Pichon-Baron a aujourd’hui retrouvé son rang. Ça signifie que vous êtes pleinement satisfait de ce que vous avez mis en place ?
On est toujours dans l’incertitude quand on est dans l’élaboration de quelque chose. C’est le propre de l’artisanat. Nous ne sommes jamais sûr à 100 % de ce que nous faisons. Bien sûr, nous avons des analyses et des outils qui nous permettent de mieux maitriser la situation. Mais ça ne fait pas tout, c’est ce qui fait le charme de ce métier. Si je devais faire un bilan de mon travail aujourd’hui, je dirais que je travaille dans une certaine osmose avec tous ces paramètres. Mais je ne dirais pas que j’arrive à une forme de plénitude.
Bordeaux change et cherche à se réinventer là où le vignoble a besoin d’un second souffle. C’est vrai aussi pour le Médoc des crus classés ?
Je crois qu’il y a, en ce moment, un grand changement des vins dans le Médoc, notamment de la part des grands crus, qui va vers une exigence plus poussée. Il n’a d’ailleurs peut-être pas été initié dans la région. Dans les années 80, il y avait des gens comme Jean-Luc Thunevin à Saint-Emilion qui ont bousculé les codes et essayé de faire bouger les lignes. Cette attitude a permis à d’autres de se remettre en question. En tant que technicien, c’est quelque chose à laquelle je crois profondément. Après, bien sûr, il faut se donner les moyens pour mettre en œuvre ce changement. Ce n’est pas toujours facile. Dans les années 2000, cette volonté de changer est arrivée dans le Médoc avec beaucoup d’ambition, portée à son paroxysme aujourd’hui par les premiers crus classés. Ce sont eux qui ont permis à beaucoup d’autres d’être dans la compétition et de pouvoir affirmer leur position. C’est un modèle fondamental pour avoir les idées claires au niveau de l’ambition et de la qualité, sans diluer la cohérence de notre famille de crus.
On peut s’attendre à un éclatement du style des vins du Médoc où chaque propriété cherchera à créer sa propre idée de son niveau d’appellation ?
Il y a des choix techniques faits par les propriétés au sujet de la vinification et des élevages. Pour autant, elles ne cherchent pas à changer le style des vins. Ce qu’on peut modifier, c’est leur caractère, en fonction du millésime. Il faut le faire progressivement, par petites touches, pour éviter de perdre le consommateur. Par exemple, il faut travailler sans cesse pour améliorer la réception au chai des vendanges. Chez nous, ça passe par un chargement gravitaire, pour éviter la trituration et pour que le raisin s’exprime sainement lors de la vinification. On doit aussi limiter les intrants. Pourquoi trions-nous autant le raisin ? C’est pour utiliser moins de soufre. On ne veut pas adapter notre vinification à l’état sanitaire de la vendange, mais intervenir sur notre produit de la manière la moins négative possible. Nous avons une aide technologique formidable et beaucoup d’outils, d’éléments et d’informations pour faire nos choix. C’est une période où la nouvelle technologie, issue d’horizons très divers, nous aide à mieux comprendre notre métier.
Le débat actuel associe beaucoup les vins de Bordeaux à des questions d’élevage, l’incriminant souvent sur ce sujet.
C’est un point très important, c’est vrai. Nous ne souhaitons pas adopter de religion en matière d’élevage. Bien sûr, nos vins restent élevés en barrique. C’est notre identité. On ne peut pas tout modifier du jour au lendemain. Il faut rester sur des stratégies claires. Pour cette raison, en ce qui concerne le pourcentage de bois neuf, on peut décider, si le millésime le permet, d’être très proche de 100 %. Si les vins ont la structure nécessaire tout en ayant le besoin de s’ouvrir et de se patiner, le bois neuf aide la matière à se mettre en place. L’enjeu est de ne pas le percevoir de manière aberrante. Il faut garder beaucoup d’harmonie, c’est ça le plus difficile.
Au fond, votre démarche est assez cartésienne. Il faut douter de tout concernant ce qu’on a dans ses cuves. C’est une approche nouvelle chez vous ?
Peut-être qu’avec l’âge, on doute davantage. Je vois beaucoup de techniques évoluées, des modes qui passent et qui reviennent. Par le passé, il me semble quand même que les choses étaient plus formatées. Il y a 30 ans, le Médoc produisait des vins affirmés. Il fallait de la structure, plus encore à Pauillac qu’ailleurs. Seules quelques propriétés, comme le château Pichon-Comtesse, par exemple, suivaient une autre voie et réussissaient à avoir des styles de vins différents et réussis. C’est ce que nous essayons de faire, tout en gardant une ligne directrice dans notre technique. On teste beaucoup de nouvelles pratiques. On en utilise, on en abandonne. Parfois, elles fonctionnent bien chez nous et pas chez d’autres, ou l’inverse. Il faut rester ouvert. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises techniques. Le plus important, c’est la personne qui les utilise et la manière dont on elle s’en sert, avec quel type de vins, avec quel type de matière première, etc. Mais en même temps, Il faut aussi admettre la puissance et le caractère du terroir et rester humble, essayer de le caractériser sans rien renier. Avec le vieillissement, on sait très bien que le terroir revient.
Dernier point. Le consommateur plébiscite toujours les grands vins de Bordeaux. Le problème, c’est qu’il les consomme en les gardant en cave de moins en moins longtemps.
C’est un sujet qu’on aborde tout le temps avec les visiteurs. On nous fait presque parfois le reproche de faire des vins bons à boire dès à présent. Je suis issu d’une famille de vignerons originaire d’Anjou. J’ai le souvenir que mon père disait, de concert avec les consommateurs et les professionnels de l’époque : « Un grand vin, c’est bon tout le temps ». Il faut trouver une buvabilité instantanée et franche. Il y a des millésimes plus ouverts et gourmands que d’autres, c’est vrai, mais un grand vin doit pouvoir être apprécié tout au long de sa vie. Il y aura des périodes où il va se refermer, où le tannin va être un peu plus dur, et d’autres où il sera plus agréable, plus velouté. La plus important pour un grand vin, c’est de ne pas percevoir d’amertume, ni d’astringence marquée. La recherche d’une maturité du raisin très aboutie doit nous permettre d’éviter ces caractères. La vinification, quant à elle, vient mettre de l’ordre, équilibrer les choses et créer de l’harmonie.
Pierre Montégut, chercheur d’or liquide
Pierre Montégut, vous êtes directeur technique de la propriété. Comment êtes-vous arrivé à Suduiraut ?
Je m’occupe de la propriété depuis septembre 2004. Avant ça, je faisais déjà des liquoreux. J’ai passé un peu plus de sept ans dans la Loire, en Anjou, sur les prestigieuses appellations de quart-de-chaume et de bonnezeaux à travailler le chenin. Ensuite, j’ai passé huit ans à Buzet. Ça fait maintenant plus de 16 ans que je suis à Sauternes, à faire des liquoreux mais aussi des blancs secs.
Quand on vient de la vallée de la Loire, comment fait-on pour apporter sa vision à un cru classé de Sauternes à la réputation aussi établie ?
Au départ, j’ai fait mes deux stages d’ingénieur au château Léoville-Las-Cases, réputé pour sa qualité et sa rigueur depuis toujours. Ça m’a beaucoup marqué. J’ai appris là-bas que tout venait du raisin et de la connaissance des parcelles et des terroirs. Quand je suis arrivé à Suduiraut, c’est ce que j’ai immédiatement cherché à mettre en place avec les équipes. Travailler sur les parcelles, bien les isoler. Faire un ramassage plus précis que ce qui se faisait avant. À la propriété, nous vendangeons soit la parcelle entière soit des parties de parcelle en fonction des cuvées. Nous avons trois cuvées de liquoreux. Notre carte de ramassage est découpée de manière à ce qu’on puisse connaître celles qui entreront dans nos cuvées. C’est un découpage pointu. Nous cherchons le raisin et le terroir le plus en accord avec le style de chaque cuvée.
Et en quoi consiste ce travail d’identification ?
Le chef de culture et moi-même passons dans les vignes. Méthodiquement, tous les huit rangs, dans toutes les parcelles, nous goûtons les raisins. Nous faisons ensuite des séparations dans ce terroir, à l’aide de deux ou trois piquets pour encadrer les vignes qui serviront pour telle ou telle cuvée. C’est assez précis, le ramassage suit cette carte.
Cette vision implique aussi des changements quant au mode de culture ?
Selon notre volonté d’améliorer sans cesse la qualité, on fait un travail important sur les amendements et la fertilisation. Il ne s’agit pas d’engrais minéraux, mais d’amendements qui nous permettent de corriger le PH des sols, assez acides à la propriété. On utilise des matières naturelles comme le basalte, mais aussi de la tourbe et d’autres matières organiques qui nous permettent de réguler la vigueur de la vigne et d’avoir une production stable dans le temps. Nos vignes sont plus homogènes en ce qui concerne la vigueur. Les différences dans les raisins, c’est-à-dire ce qui nous permet de justifier leur sélection dans telles ou telles cuvées, se jouent donc uniquement sur le terroir, et à moindre mesure, sur le clone. Nous avons beaucoup allégé la stratégie phytosanitaire de la propriété, en utilisant plutôt des produits bios et des aides, comme, par exemple, des tisanes inspirées des pratiques de la biodynamie. Tout est fait avec la volonté d’avoir les raisins les plus sains possibles. C’est un effort qui prend du temps. Dans la culture de la vigne, tout est pensé à long terme. Aujourd’hui, on voit le résultat de notre travail.
Si on vous comprend bien, vous cherchez à mettre en place une viticulture de précision ?
Tout à fait. Autrefois, les vignerons de la région avaient tendance à se reposer uniquement sur la qualité de la pourriture noble. Je crois que ça permettait de se dégager de beaucoup de responsabilités. Pour beaucoup, c’était le botrytis cinerea qui faisait tout, peu importe l’état de la vigne ou la signature du terroir. On se disait trop souvent : « Si les raisins sont rôtis, ça sera forcément bien ». Le botrytis est un formidable accompagnateur pour révéler un potentiel. Mais il ne traduit pas la même chose, selon l’âge des vignes et la richesse du terroir. La taille a aussi beaucoup d’importance. Chez nous, elle a toujours été assez courte, et sur ce sujet aussi, on est allé encore plus loin dans le détail et la précision.
Ce qui marque l’entrée de la propriété dans une nouvelle ère. Vous nous dites un mot sur l’ancienne ?
En raison de la météo, le début des années 1980 était très difficile pour l’élaboration des vins liquoreux. Le marché n’est pas non plus facile. Ça ne s’est amélioré qu’à partir des millésimes 1989 et 1990. Il faut reconnaitre aussi qu’il y avait une pratique assez fréquente de la chaptalisation, aujourd’hui interdite, qui tendait à banaliser les vins. Quand je suis arrivé à Suduiraut, c’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup échangé avec Christian Seely. Nous nous sommes dit que le produit était tellement magique que nous ne pouvions pas laisser de la place à la banalisation et à la standardisation. Ce n’est pas une décision facile. Pour conserver cette éthique, il faut accepter d’avoir des années avec des très petits rendements. Financièrement, ce n’est pas une solution. La modèle de vinification a longtemps donné des vins plus élevés en alcool que ce qu’on fait aujourd’hui. Les vins avaient aussi beaucoup moins de sucres résiduels, si l’on considère cet équilibre avec l’alcool acquis. Les vignerons ramassaient moins riche au départ pour ne pas prendre de risques. Aujourd’hui, et c’est vrai de manière générale pour l’appellation, on va plus loin, on attend plus longtemps et on accepte cette notion de risque. Ça ne veut pas dire qu’on ramasse forcément des raisins beaucoup plus sucrés. On veut juste attendre des baies avec plus de potentiel de complexité, des baies où la pourriture noble a eu davantage le temps de travailler et de faire son effet. Il y a plus d’arômes, plus de glycérol, plus de création. À la dégustation, c’est bien là, on sent qu’il y a un gain fabuleux dans l’aromatique, permis par cette nouvelle manière de ramasser à l’œuvre dans les crus classés qui travaillent bien.
La société fait la guerre au sucre. À terme, cela signifie que les vins de Sauternes doivent s’alléger sur ce point ?
C’est très difficile à faire pour que ce soit vraiment bon. Quand on cherche moins de sucre, le goût du sauternes change vite et s’éloigne très rapidement des standards de l’appellation. Il y a un déséquilibre important avec les autres paramètres qui font la grandeur de nos vins. J’aime la typicité du sauternes et des liquoreux, c’est ce que nous essayons de protéger. Aujourd’hui, il y a des choses magnifiques dans beaucoup de vignobles. La concurrence est forte et il faut exister sur le marché. Malgré le contexte, les vins liquoreux restent souvent des petites perles que les gens font par passion.
Est-ce que la montée en puissance des blancs sec de Sauternes influence le style des liquoreux de l’appellation ?
Nous avons commencé à faire des blancs secs avec l’idée que le terroir de Sauternes était capable de produire de grands vins dans ce style. C’était en 2004, dès mon arrivée, un peu plus tard que Doisy-Daëne ou Yquem. À l’époque, la mode n’était pas au blanc sec. Aujourd’hui, beaucoup de propriétés en font alors que certaines étaient les premières à dire que l’idée n’était pas pertinente. Peut-être aussi qu’on en fait plus aujourd’hui par nécessité économique. Pour Suduiraut, dans une année normale, le marché du blanc sec représente 25 à 30 % de nos parts de marché. Il n’y a pas de quoi abdiquer notre foi dans les liquoreux. Mais nous sommes très fiers de ce que l’on fait dans la catégorie. Est-ce que ça a changé quelque chose pour les liquoreux ? Je ne pense pas. Le sec se travaille sans botrytis cinerea. Nous avons des parcelles sélectionnées pour faire nos blancs secs. Elles sont les mêmes depuis dix ans, isolées après un long travail d’identification. Il y aussi eu un travail important sur le bois de nos barriques et les volumes que nous souhaitions produire. Bref, toute cette recherche n’a pas bousculé ce que nous avions mis en place pour l’élaboration de nos liquoreux. En revanche, les secs bénéficient de toute la précision de notre viticulture et sont faits selon la philosophie de la maison qui consiste à vouloir faire des vins attractifs. C’est pour ça qu’on se concentre sur le sémillon. C’est la cépage roi de la propriété. Comme nous avons bien identifié nos terroirs, il a logiquement toute sa place dans nos assemblages. C’est un peu à contre-courant de ce qui est produit dans le Sauternais et je trouve un peu dommage de ne pas en voir davantage dans les assemblages des blancs secs, qui se remarquent dans le panorama du Bordelais. On est une appellation à part pour nos liquoreux, autant avoir également une identité à part pour nos blancs secs.
Les blancs secs n’ont pas le droit à l’appellation. Pour ou contre ?
C’est un débat houleux qui a mis à mal la cohésion de notre appellation et des crus classés. Les opinions sont très tranchées. Personnellement, je pense que les consommateurs auraient peut-être bien compris qu’on ait une appellation sauternes sec et sauternes. Cela demande une campagne importante de communication, pour expliquer les choses. En même temps, j’ai l’expérience de l’appellation vouvray où il n’y a qu’seule appellation et plusieurs types de vins, ce qui est aussi compliqué puisqu’il faut bien identifier et connaitre les cuvées. Les domaines vendent parfois la même étiquette avec des sucres résiduels différents selon les millésimes. Il y a du pour et du contre à avoir la même appellation pour deux styles différents. En tant que cru classé assez célèbre, nous capitalisons sur la connaissance qu’ont les gens de notre savoir-faire et de notre façon de travailler. Quand ils voient une cuvée avec notre nom, ils savent que ça vient du terroir de Suduiraut et que c’est fait par la même équipe, dans un esprit qui cherche la qualité à chaque millésime.
Bordeaux a besoin de marques fortes, Suduiraut en est une. Pour les blancs secs, les propriétés sont plus fortes qu’une possible appellation ?
Quand on décide de faire une appellation d’origine protégée, c’est qu’on a réussi à définir un certain cahier des charges et une certaine homogénéité de goût. Or, aujourd’hui, il y a des différences importantes. Tous les producteurs qui en produisent sont partis dans des directions très différentes en termes d’assemblage et de style, c’est donc compliqué de trouver une certaine unité. Chacun a son idée et sa vision du blanc sec, en fonction de ce qu’il peut faire avec ses terroirs. C’est une chance pour le consommateur. De là à dire qu’il y a une homogénéité qui permet de reconnaitre un sauternes sec, c’est plus compliqué.
Le meilleur sommelier du monde • Faire la fête • En toute transparence • Une belle syrah d’altitude • Un malepère singulier • Chaque jour du nouveau, en voici cinq
Dans le vignoble
Le meilleur sommelier du monde
Après 34 ans d’attente, la 17e édition du concours qui décerne le titre de Meilleur sommelier du monde aura lieu à Paris du 7 au 12 février 2023. Environ 70 candidats de 67 pays s’affronteront pendant 14 jours. Leur connaissance des vins, des spiritueux et d’autres boissons produites à travers le monde seront évaluées. Leur qualité de service et leur capacité à conseiller et faire vivre des émotions aux clients seront aussi au centre des différentes épreuves. La finale aura lieu le 12 février à Paris La Défense Arena. Ce concours est organisé par l’Association de la sommellerie internationale et l’Union de la sommellerie française. Plus d’infos sur le site de l’UDSF sommelier-france.org Facebook : facebook.com/asibestsomm/ Instagram : instagram.com/asibestsomm/
Faire la fête
Les 26, 27 et 28 mars 2022, le vignoble de Saint-Mont ouvre ses portes pour sa traditionnelle fête annuelle. Pendant trois jours, l’appellation célèbre le vin, un des piliers de l’art de vivre du Sud-ouest. 10 villages gersois vibreront au rythme des dégustations, des rencontres avec les vignerons, des démonstrations culinaires. Au programme :
– visites festives et conviviales des vignobles
– visite de la vigne inscrite aux monuments historiques et de la vigne préphylloxérique
– animations culinaires avec des produits locaux
– ateliers d’assemblage
– visite chez une vigneronne bio
– en avant-première, visite guidée du chai expérimental, à Saint-Mont Programme complet sur plaimont.com
En toute transparence
« Dans ma bouteille » est une appli qui permet de mieux comprendre le contenu des flacons des différentes boissons alcoolisées. Des informations sur le nom, l’appellation, les différentes certifications, les ingrédients, les analyses, les calories et les additifs de ces boissons sont dévoilées en installant l’appli et en scannant tout simplement l’étiquette. Cette démarche gratuite et indépendante a pour but d’offrir au consommateur des informations simples, claires, facilement compréhensibles et de profiter de sa boisson préférée en toute transparence. Plus d’infos sur dansmabouteille.com
Dans le verre
Une belle syrah d’altitude
Le vignoble de 30 hectares, conduit en agriculture biologique et perché sur son piton rocheux, est dominé par le village de Roquetaillade. Sur un terroir d’altitude et fortement venteux, Jean-Louis Denois élabore des vins d’une grande originalité. Cette syrah, issue de vielles vignes, en est un parfait exemple. Un nez fin d’épices et de violette. Une bouche ample marquée par le fruit et accompagnée d’une pointe d’acidité qui apporte de la fraîcheur. La syrah est là, avec des tannins soyeux. La finale est longue et salivante. JL Denois, Saint-Louis – Syrah 2018, vin de France 16 euros jldenois.com
Un malepère singulier
En 1997, Joëlle et Dominique Parayre reprennent les 10 hectares d’un domaine situé sur le siège d’un camp gallo-romain avec une vue imprenable sur la cité médiévale de Carcassonne. Après 15 ans d’inactivité viticole, ils entreprennent dix années de travaux qui s’achèvent en 2007 avec la création du chai. Ce malepère 2016 joue sur le raffinement de texture et la fraîcheur, jamais sur la puissance. Nez délicat, frais et mûr. Bouche dense, riche, sur les fruits noirs. Finale longue, savoureuse. Domaine de la Sapinière, Archibald 2016, malepère 16,50 euros chez-julien-carcassonne.fr
Cette histoire d’accords mets-vins est à prendre avec des pincettes. Bien sûr, pas question ici de remettre en cause le bien-fondé de l’intention. Oui, il y a des vins qui s’accordent mieux à tel plat et d’autres, moins ou pas du tout. Cela posé, il convient de se calmer un peu sur le sujet. Pendant des lustres, tout un chacun y allait de son coup de rouge avec le camembert sans que l’ordre du monde en soit dépeigné. Ces gens-là, dont j’ai été avec gourmandise, n’ont jamais été des iconoclastes et pas plus des ploucs sans goût, de cette engeance vilipendée qui « fume des clopes et qui roule au diesel ». Simplement des gens pas encore touché par la grâce de la connaissance en marche, par ce raffinement nouveau dont, d’ailleurs, ils se foutent avec beaucoup de bonne humeur sans enfiler un gilet jaune pour autant.
La même comédie se répète dans les grands établissements où, souvent, des sommeliers impérieux vous intiment de boire tel vin avec ce plat et tel autre avec le suivant. Et ainsi de suite comme disent les Québécois. Un maelstrom à vous faire perdre le nord et le goût de la fête. Et s’il me plaît à moi de boire du rouge avec mon poisson et du blanc avec ma viande ou si mon état général m’impose de ne pas trop mélanger les vins, quel sera mon châtiment ? Le plus grand péché étant, c’est désormais public, de boire du sauternes avec le foie gras. Là, c’est le bonnet de super-beauf qui vous guette. Pourtant, c’est un ravissement. Surtout avec des millésimes récents dont la sucrosité est moins patente et l’acidité plus présente. Si, comme moi, vous cuisez votre foie gras dans du vin de Sauternes, n’hésitez pas à finir la bouteille et ouvrez une seconde, voilà l’accord divin.
Vous qui lisez la presse, avez-vous jamais vu un critique gastronomique aborder le sujet des accords mets-vins ? Jamais. Déjà, ils mentionnent à peine l’existence d’une carte des vins et de la manière la plus floue.
Le petit vignoble porté par une poignée de vignerons est aujourd’hui une appellation qui affole les amateurs. on en parle et on y goûte
Cet article est paru dans En Magnum #25. Vous pouvez l’acheter sur notre site ici. Ou sur cafeyn.co.
En tout, 877 hectares. Une goutte d’eau dans le territoire viticole rhodanien et ses 68 000 hectares de vignes, nord et sud de la vallée confondue. À l’heure où les appellations font toujours office de marque, impossible pour cette AOC de poche de se faire un nom en s’appuyant sur sa taille. Ce qui tombe bien, Cairanne a des choses à dire. D’abord, elle peut raconter son histoire, liée évidemment à celle des côtes-du-rhône. Intégrée à l’aire d’appellation de la géante régionale, la commune a eu le droit de préciser son nom dès 1953, premier pas vers une reconnaissance du lieu comme facteur différenciant au sein d’une entité qui, à cette époque, manquait souvent de nuances. Rien de plus normal pour un village qui s’était déjà fait remarquer par sa viticulture, connue et répertoriée dès le XVe siècle. S’il faut attendre les XVIIIe et XIXe siècles pour que les choses s’accélèrent et que le vignoble grossisse, peu de choses ont changé sur la forme. Aujourd’hui, seul le « petit » territoire du village peut prétendre à l’appellation cairanne. Un frein pour les opérateurs de volume, une chance pour les propriétés, qui a permis à Cairanne de rester principalement un vignoble de domaines. Continuant cette démarche de reconnaissance, ce sont eux qui ont permis à l’appellation d’être, en juin 2016, officiellement reconnue comme cru, au même titre que Rasteau, Tavel ou Châteauneuf-du-Pape, pour ne citer qu’eux. Un travail de longue haleine, permis par une entente assez remarquable entre les différents acteurs, propriétaires, négociants ou coopérateurs. La plupart sont d’ailleurs tout à fait en phase avec cet “esprit village” peut-être plus visible ici que dans les appellations voisines. Un esprit encouragé par une présidence efficace et par une direction dynamique, pleine de projets intelligents et modernes pour faire connaître l’endroit.
Un village, trois terroirs
Peu de choses à dire sur le climat, sinon qu’il est méditerranéen, chaud et sec, et que le mistral entre dans les terres, remontant par le couloir rhodanien jusqu’à ce village surélevé du nord-ouest du Vaucluse. C’est surtout sa géologie qui donne à l’appellation sa spécificité. Aussi petite soit-elle, la zone compte trois terroirs différents. À l’ouest, au pied de la rivière qui sépare le vignoble des terres agricoles, les terrasses de l’Aygues sont un mélange de cailloutis et d’argiles posées sur des sables. Au nord, la “montagne du Ventabren”, certainement le secteur le plus qualitatif, offre des coteaux marno-calcaires intéressants pour leur fraîcheur et leur diversité d’expositions. Enfin, au sud, le grand plateau des garrigues, brûlant en été, permet aux cépages d’atteindre leurs maturités optimales. La plupart du temps, ces trois terroirs sont assemblés, mais de nombreux vignerons s’essayent au parcellaire, encouragés par le succès rencontré par certaines cuvées, comme L’Ebrescade du domaine Marcel Richaud. Inutile donc d’esquisser une hiérarchie entre eux, même si la question du stress hydrique, préoccupante sur les garrigues, et la fraîcheur des terroirs du nord du village impliquent des choix d’assemblage pour répondre à une tendance de consommation qui va vers des vins plus équilibrés. Ici, 26 % des surfaces sont en bio et une charte paysagère a été adoptée.
Le grenache est chez lui
Certes, le voisin sudiste châteauneuvois a de quoi accaparer le débat quand il s’agit d’évoquer le cépage grenache, exigeant à cultiver si on veut en tirer plus d’équilibre que d’alcool et plus de finesse que de lourdeur. Les conditions climatiques actuelles, combinées à la diversité des terroirs cairannais, font de l’appellation un lieu de prédilection pour ce roi du sud. Il doit d’ailleurs dominer les encépagements à hauteur de 50 %. Accompagné de syrah ou de mourvèdre, il s’exprime chez les meilleurs producteurs de l’appellation avec une classe toujours déconcertante, notamment dans le grain de son tannin, pur et civilisé. Cinsault et carignan sont admis par le cahier des charges. Intéressantes, les vieilles vignes de carignan peuvent apporter beaucoup de profondeur et de caractère structurant au vin, sans austérité ni caractère animal. Cette palette gagnerait peut-être à intégrer des cépages un peu oubliés, notamment la counoise, capable de garder beaucoup de fraîcheur. Plus compliqué à définir, le style des blancs est moins uniforme. La clairette, sûrement le cépage le plus intéressant ici, ne s’exprime pas partout avec la même réussite. Les terroirs frais et d’altitude de la montagne de Ventabren, par leur résurgence calcaire en certains endroits, semblent être le mieux adaptés. Doivent être introduits impérativement dans les assemblages grenache blanc et roussanne et, plus librement, bourboulenc, viognier, marsanne et picpoul. Pour les blancs aussi, un peu plus de souplesse dans les encépagements et dans les assemblages serait certainement bénéfique.
Nous publions ici notre sélection des vins rouges. Cette dégustation a été permise par le syndicat des vins de Cairanne et par Inter Rhône.
Brotte, Domaine Grosset 2018
Ensemble bien fait. Le fruit a été respecté et s’exprime assez naturellement. Gourmand. 90
Cave de Cairanne, Camille Cayran (Réserve) 2019
Matière ronde et juteuse, fruit frais et précis. Le tannin bien mûr a été parfaitement extrait. C’est très bon. 91
Dauvergne-Ranvier, Grand vin 2018
On apprécie la fraîcheur de son fruit et son amplitude en bouche. Le tannin encore serré demande un peu de patience. 91
Domaine Alary, La Jean de Verde
Beaucoup de potentiel dans ce vin aux tannins fins, qui soutiennent avec élégance un fruit éclatant et juteux. 92
Domaine Brusset, Les Travers 2019
Naturel dans son expression, avec beaucoup de jutosité, un fruit charmeur et une matière souple, voilà un vrai vin de plaisir. Ensemble frais. 90
Domaine de Cremone, Premier Violon 2016
Aromatique légèrement camphrée, on sent que le vin continue d’évoluer et d’affiner ses tannins. Un vin sérieux. 89
Domaine de l’Oratoire Saint-Martin, Haut-Coustias 2019
Structuré et puissant, avec une finesse aromatique évidente qui lui donne beaucoup de charme immédiat. Remarquable. 90
Domaine des Amadieu, Vieilles vignes 2019
Ensemble harmonieux, sans jamais de lourdeur dans son fruit, souple et caressant en bouche. Finale chaleureuse. 90
Domaine des Escaravailles, La Boutine 2018
Un grand cairanne racé, pur dans son fruit, complexe dans ses arômes et glissant dans son tannin. Finale éclatante et pleine de pep. 93
Domaine Les Grands Bois, Maximilien 2019
On retrouve les fondamentaux du style cairanne : fruit noirs frais, texture élégante, toucher de bouche caressant. L’élevage discret est superbe. 90
Domaine Les Grands Bois, Mireille 2019
Nez dominé par de petites notes épicées agréables, bouche dense, fraîche et sans sécheresse finale, même si le tannin est encore strict. À garder en cave. 91
Domaine Les Hautes Cances, Col du Débat 2015
On aime la précision, aussi bien au nez qu’en bouche. L’ensemble évolue bien et sans s’affaiblir. 90
Domaine Marcel Richaud, cairanne 2019
À l›aveugle, il domine immédiatement l›ensemble de la dégustation des 2019. Fruit croquant et plein, le tannin est une caresse, la finale est magnifique. Grand vin, élevé avec beaucoup d›intelligence et de respect. 94
Domaine Marcel Richaud, L’Ebrescade 2017
Goûté juste avant l’été. La plupart des 2017 dégustés entrent dans une phase de fermeture. Cet ebrescade, toujours aussi racé et complet, mettra du temps à se donner. Tout est en place, pour le meilleur. 95
Domaine Martin, cairanne 2019
Assez pur et juteux, bien fait, agréable par son fruit et sa souplesse, voilà un bon classique de l’appellation. 92
François-Xavier Nicolas, Entre Restanques et Garrigues 2019
Beaucoup d’harmonie et de naturel dans le toucher de bouche, du style et de la tension. Il ira loin dans le temps. 94
Loïc Massart, Métamorphose 2017
Expressif et puissant avec son nez de fruits noirs mûrs, il a su conserver beaucoup d’équilibre et de fraîcheur. Il plaira à coup sûr. 92
Pierre Amadieu, Les Hautes Rives 2019
L’ensemble est maîtrisé, dans un style classique, entre fruits noirs juteux et finesse de tannin. Une valeur sûre. 91
Pourquoi lui
Puisque la Corse connaît un renouveau de sa production sans précédent, quittons les chemins balisés et allons voir un peu chez les moins connus. Ce clos-alivu est une propriété d’une quinzaine d’hectares qui fait partie du domaine Poli, en appellation patrimonio…
Le cassoulet de l’Auberge Auberge Pyrénées Cévennes Elle nous enterrera tous… L’auberge peut changer de proprio ou de chef, elle ne sort pas de sa capsule temporelle : entoilage à grosses fleurs, poutres, collections de casseroles en cuivre et de plats à baeckeoffe, trophées de chasse, saucisson et jambon suspendus, serviettes pliées en éventail dans les verres. La carte est à classer entre L’Art de la Cuisine de Marie-Antoine Carême et le Grand Dictionnaire de Cuisine d’Alexandre Dumas : foie, blanquette, rognon et ris de veau, pâté en croûte, pied de porc, paris-brest, clafoutis… Tatin renversante. Lire la suite ici : https://www.lebey.com/les-adresses/bistrot/auberge-pyrenees-cevennes
Ce qu’en dit le Lebey : 3 cocottes
Où : 106, rue de la Folie-Méricourt, 75011
Métro : République
01 43 57 33 78
Le cassoulet de Christian Café Lignac La passation entre le tarn-et-garonnais Christian Constant et l’aveyronais Cyril Lignac s’est assurément fait dans la bonne humeur. La carte du nouveau chef comporte toujours le plat fétiche de Christian, son cassoulet avec tarbais, confit et saucisse de Toulouse. L’ambiance non plus n’a pas changé, toujours au beau fixe. Le Sud-Ouest a ce talent de mettre les hôtes à l’aise dans un quartier pourtant résidentiel, de garder en salle le sourire même en cas de surchauffe et de réunir autour du comptoir des bons vivants venus d’horizons souvent différents. Bref, c’est le genre de bistrot où il fait bon avoir son rond de serviette. L’arrivée de Cyril a permis la consécration d’un plat traditionnel jusque-là un peu oublié, le vol-au-vent. Ici, il bénéficie du savoir-faire de Benoît Couvrant, le chef pâtissier des boulangeries Lignac. La pâte feuilletée et sa garniture bien en phase avec la saison en font la star de la carte. Benoît signe également le formidable pain et les desserts, tarte Tatin ou baba au rhum à ne pas manquer. Pour revenir à la partie salée, elle est soignée avec, cependant, quelques détails qui dérangent : un artichaut tiède en surface et froid, presque glacé, en son intérieur, ou des tomates cerises en plein hiver dans la cassolette de ravioles de langoustines, au demeurant bien cuisinée. Des détails certes mais qui feraient tache à Montauban comme à Rodez.
Ce qu’en dit le Lebey : 2 cocottes
Où : 139, rue Saint-Dominique, 75007
Métro : École Militaire
0 1 47 53 73 34
Jeudi 10 février, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne a organisé son séminaire Vinosphère qui a réuni 250 participants. L’occasion de balayer les sujets qui préoccupent le vignoble, avec deux points forts : une étude sur les millenials et un plan d’action pour décarboner la région.
On a parlé de (presque) tout à Vinosphère, la Covid et son impact sur le marché, le dépérissement du vignoble, les enjeux du digital… Les participants ont même pu visiter le chantier de la Cité des Climats et des Vins de Bourgogne qui sort de terre à grande vitesse. Deux sujets ont retenu notre intérêt. Le premier, une étude lancée par le BIVB sur les millenials, ces jeunes consommateurs nés dans les années 80 et 90. Une première phase qualitative a été bouclée sous la direction de Manoel Bouchet qui préside la commission Marchés et Développements du BIVB, avec le concours de l’agence Kantar. L’occasion de poser les enjeux de la perception du vin par cette génération, et donc sa consommation ou pas. Le consommateur-type de vin, le boomer, est aujourd’hui retraité et vieillissant. Sa consommation baisse. La filière doit s’assurer que le consommateur de demain, et déjà d’aujourd’hui, sera bien au rendez-vous. L’enquête a été menée dans trois pays, France, Angleterre, États-Unis, 42 répondants par pays. Personne ne sera surpris d’apprendre que le vin est perçu par ces jeunes comme un univers nébuleux, figé et intimidant. De nombreuses études montrent que les jeunes consommateurs tendent à se détourner du vin pour aller vers des boissons perçues comme plus cool et moins chères, la bière, le cidre. Le BIVB prend les devants pour inciter les producteurs à réfléchir maintenant à ces questions, rester authentique tout en étant moderne et accessible. Ce qui met en valeur des repères clefs pour ces millenials, l’engagement environnemental, ses habitudes avec les réseaux sociaux pour principale source d’information. On n’a pas été surpris de voir surgir, au détour d’un slide Powerpoint, le visage d’Emile Coddens, nouvelle star des réseaux qui, avec 30 000 followers sur Instagram et plus de 520 000 sur TikTok, est une des figures qui parle à cette nouvelle génération.
Marc-André Selosse n’a pas hésité à marquer les esprits lors de son discours de conclusion, disant aux bourguignons « Je pense que le pinot noir ne poussera plus ici en 2100. Il faut penser évolutivement. »
L’autre gros sujet c’était un plan de décarbonation de la filière viticole bourguignonne avec le plan « Objectif Climat ». La commission technique du BIVB, présidée par Jean-Yves Bizot, travaille main dans la main avec Sophie Wolff de l’ADELPHE, association chargée du tri des déchets, et le consultant Didier Livio qui planche sur ces sujets depuis trente ans. Aujourd’hui le bilan carbone de la filière viticole bourguignonne c’est 372 000 tonnes par an, soit l’équivalent de la ville de Lens. L’idée est de se caler sur les engagements de la COP 21, ramener l’augmentation moyenne de la température à 1,5 degrés seulement à l’horizon 2050. Pour cela, il faut agir maintenant sur plusieurs leviers. Pour les producteurs de vins de Bourgogne, ce sont la bouteille, l’agroécologie, le fret, l’énergie et les déplacements. La bouteille représente par exemple 34 % de ces émissions de carbone. L’idée est évidemment de la rendre plus légère, et d’arrêter d’envoyer des bouteilles de 900 grammes à l’autre bout du monde. Mais aussi d’agir au niveau des producteurs de verre en privilégiant ceux qui font fonctionner leurs fours avec des énergies renouvelables. Toute la réflexion globale consiste à dire que ces enjeux seront déterminants demain. Plutôt que d’avoir à compenser des mauvais bilans carbones dans le futur, avec des droits à polluer qui seront de plus en plus chers, autant agir dès maintenant. Chaque euro investi aujourd’hui par la filière sera plusieurs euros économisés demain. L’objectif est d’arriver à un plancher de production de CO2 de 150 000 tonnes d’ici à 2035. L’autre versant du projet est de jouer sur la décarbonation, pour compenser ces 150 000 tonnes, notamment en entretenant au mieux les parcelles boisées des villages viticoles pour augmenter leur capacité à absorber le carbone. Le but de la Bourgogne est de faire école, son plan d’action pouvant être repris et appliqué dans d’autres régions. L’écologie est un enjeu majeur qui a été au cœur de la conclusion proposée par Marc-André Selosse, professeur au Museum d’Histoire Naturelle, et qui rejoint le premier sujet : parler aux générations qui seront aux commandes dans dix ou vingt ans, l’environnement sera au cœur de leurs habitudes de consommation. Et ceux qui polluent ne seront plus consommés.
Par Thierry Desseauve et Louis-Victor Charvet (Retrouvez Canard-Duchêne à Wine Paris Hall 3 Stand AB082)
Appartenant au groupe Thiénot, Canard-Duchêne a su intelligemment rajeunir son image en créant une gamme issue de la viticulture bio. La marque produit, grâce au talentueux chef de cave Laurent Fédou, des champagnes souples et apéritifs, tous bien constitués, dans un registre d’approche facile.
Découvrez Canard Duchêne en trois épisodes :
Épisode 1 : Le style de maison Canard-Duchêne et la dégustation de la cuvée P181
Épisode 2 : La dégustation de la cuvée Léonie
Épisode 3 : La dégustation de la cuvée V 2012
Très bien distribuées, les références sont faciles à trouver :
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